Le temps où nous vivons.1

Le temps où nous vivons.1

Nous désirons voir ce que les livres de Daniel, d'Esdras, de Néhémie et d'Esther ont à nous dire, ces livres sont donc bien actuels, et ils gardent toute leur signification pour nous.

Le fondement sur lequel nous nous tenons aujourd'hui est beaucoup plus positif que celui dont jouissaient les saints de l'ancienne alliance, car notre espérance repose sur l'œuvre triomphante du calvaire. Et cependant, la situation et les conditions de l’Ancien Testament sont aussi une image fidèle de notre propre temps et de nos conditions spirituelles. Je pense au contenu des livres de la Bible, et non à des textes isolés.

Sa Parole dit : « Or, tout ce qui a été écrit d'avance l'a été pour notre instruction, afin que, par la patience, et par la consolation que donnent les Écritures, nous possédions l'espérance » (Romains 15 v. 4). Nous voyons donc que Dieu veut que ces livres nous parlent aussi.

Esdras 8, un appel au peuple de Dieu.

Captivité spirituelle.

Voyons ensemble ce que représentent ces livres, et comment ils concernent notre temps. Il y a en eux des facteurs communs. Premièrement, leur arrière-plan général et historique est un : Le peuple de Dieu est en captivité en Chaldée, à cause de son déclin spirituel.

Sans entrer dans toute la signification que peuvent avoir Babylone et la Chaldée, nous prenons comme avéré le fait que, lorsque le témoignage de Dieu s'affaiblit parmi Son peuple, il en résulte un état de captivité spirituelle ; spirituellement, le peuple de Dieu est sorti de la sphère où Dieu a établi Son témoignage.

En ce qui concerne l'adoration, le peuple d'Israël était entré dans un ordre de choses terrestre, dans un ordre extérieurement établi par les hommes, mais derrière lequel il y avait la main de Satan, le dieu de ce siècle. (Babylone représente quelque chose de beaucoup plus absolu, quant à la domination d'un ordre religieux constitué par l'homme, ou d'un ordre de choses terrestre apporté dans le domaine de l'adoration, gouverné par le dieu de ce siècle à travers les hommes.)

Mais il y avait, au milieu de ces conditions, ceux qui étaient restés attachés au Seigneur, ceux qui ne s'étaient pas compromis avec elles ; ils n'étaient pas satisfaits, et ils se révoltaient intérieurement contre l'état des choses.

Un fardeau du cœur.

C'est là ce que représentent ces quatre livres ; et nous trouvons que dans chacun d'eux, l'instrument qui y est mentionné à un très grand fardeau concernant le témoignage de l'Éternel, ses intérêts, son nom, et pour son peuple, qui est associé à ce nom. C'est là le second facteur commun. Nous nous arrêterons ici pour un instant, car c'est ici que commence le ministère.

Aujourd'hui, nous ne trouvons pas, habituellement, parmi son peuple, la pensée entière et la conception du Seigneur. Le témoignage du Seigneur a largement décliné ; et la grande multitude de ceux qui se réclament de son nom sont gouvernés et contrôlés par quelque chose qui, religieusement, est de la terre et non des cieux, qui est de l'homme et non du Saint-Esprit. Et il faut en arriver à voir que l'on ne peut pas accepter cet état de choses.

C'est une chose que de reconnaître cela comme un fait, mais c'en est une tout autre que d'être en relation avec la volonté du Seigneur, qui doit recouvrer pour lui ce qui est selon sa pensée. On peut être sans cesse préoccupé du triste état des choses, le déplorer, amener les autres à se lamenter, et cependant n'arriver à rien... Cela ne suffit pas ; il y avait, je pense, beaucoup de gens qui se lamentaient en Chaldée, et qui regrettaient « le bon vieux temps ! »

Il est très facile de faire cela, et d'être en un sens des mécontents religieux ; mais ce n'est pas être actif avec le Seigneur, dans sa volonté de rétablissement. Le Seigneur veut agir à l'égard de cette situation, et il agit. Le livre d'Esdras commence par rappeler cette souveraine activité de Dieu.

Esdras 1 v. 1.

1. La première année de Cyrus, roi de Perse, afin que s'accomplît la parole de l'Éternel prononcée par la bouche de Jérémie, l'Éternel réveilla l'esprit de Cyrus, roi de Perse, qui fit faire de vive voix et par écrit cette publication dans tout son royaume. Non seulement Dieu agit de l'extérieur et souverainement, mais il y a quelque chose qui doit précéder Son activité, qui la rend possible, et qui fait intervenir la souveraineté de Dieu.

Tous ceux qui représentent l'instrument de son intervention dans une certaine situation ont été des hommes pour lesquels cette situation même est devenue un lourd fardeau. Dieu n'a pas pu se servir d'eux, dans aucune situation, avant qu'ils n'en aient le fardeau sur le cœur.

Nous voyons Esdras se donnant à Dieu avec une telle détresse, que le peuple se rassemble autour de lui, et, lorsque les Israélites voient sa douleur et son désespoir au sujet de l'état des choses, ils sont si profondément émus que, dès qu'Esdras a terminé sa prière, ils s'avancent vers lui avec le désir de mettre toutes choses en ordre. Ainsi, nous voyons Esdras à Jérusalem, avec un lourd fardeau pour le témoignage de l'Éternel.

Au loin, à Babylone, Néhémie lui aussi a ce même fardeau. Car il a questionné Hanani et ses amis au sujet de la situation à Jérusalem, et à l'annonce des mauvaises nouvelles qu'il reçoit, il est si accablé que ses traits en sont altérés. Bien qu'il sache que sa vie est en jeu, il a encore le visage triste lorsqu'il se présente devant le roi (car il était criminel d'entrer en la présence du roi avec un air sombre). Mais il ne pouvait qu'éprouver un profond chagrin dans son cœur à l'égard des intérêts et du témoignage de l'Éternel, et pour le peuple qui portait son nom.

Esther, un autre instrument choisi de l'Éternel, est, elle aussi, prête à donner sa propre vie pour sauver son peuple, ce peuple dont la vie représente sur la terre les intérêts et le témoignage de Dieu. C'est ainsi que Dieu attend de nous que nous nous saisissions de ses intérêts, avec lui, sur la terre.

Daniel est, lui aussi, un homme ayant un fardeau ; il prie trois fois par jour, puis durant trois semaines entières. Et quelle prière que la sienne ! Elle ébranle le ciel et la terre ! Il est un homme qui a un fardeau ; c'est là que commence le réel ministère. Dieu doit avoir un vaisseau, un instrument, qui soit amené dans une communion si intime avec Lui, que l'état de déclin et de faillite qui l'environne soit pour lui la cause d'une souffrance poignante, d'une véritable agonie.

Paul connaissait quelque chose de ces « souffrances pour vous ... des afflictions du Christ pour son corps... ». C'est cela que nous devons envisager ! La chose qui compte pour Dieu, c'est la part que nous prenons à son fardeau.

On présente trop souvent le service chrétien comme un beau poème ; c'est là une simple gloriole. On a tout l'enthousiasme et l'intérêt pour une activité chrétienne organisée. Mais ce qui compte, ce n'est pas ce que nous sommes aux yeux des hommes, c'est ce que nous sommes en présence de Dieu, dans le secret, lorsque nous avons à cœur le témoignage du Seigneur.

Avons-nous un fardeau, une passion ? Le déclin du témoignage du Seigneur sur la terre, parmi ceux qui portent son nom, brise-t-il notre cœur ? Nous n'arriverons jamais à rien avant que, en une certaine mesure, nous ne soyons entrés dans son fardeau. Le ministère, dans sa valeur réelle, permanente et éternelle, dépendra de la mesure où nous sommes entrés dans son fardeau.

Le temps où nous vivons demande que nous soyons en labeur, que ce soit pour les âmes perdues ou bien pour le peuple du Seigneur. Toute activité spirituelle véritable est issue de la souffrance ; ceux qui, de tout temps, ont été le plus employés par Dieu, ont été des hommes et des femmes qui avaient cette douleur du Seigneur dans leur cœur, dans leur vie cachée avec Dieu. Connaissons-nous cela ? Peut-être dirons-nous non. Demandons alors au Seigneur de nous faire entrer dans le souci de ses intérêts ; présentons-nous devant Dieu, afin qu'Il mette en nous son fardeau pour le temps où nous vivons.

Tout cela représente donc ceux qui portent dans leur cœur un fardeau tel, qu'ils ont été amenés au point où leurs propres intérêts sont devenus tout à fait secondaires pour eux ; ils sont prêts à donner leur vie, et considèrent toutes choses au point de vue des intérêts du Seigneur et de son témoignage ; ils sont prêts à tout pour Dieu.

Cela devient un fardeau du cœur qui pèse sans cesse, et qui est plus que le souci du ministère. Oh ! Que le Seigneur mette en nous ce fardeau, afin que, où que nous nous trouvions, nous ne soyons jamais trouvés négligents. Cela est nécessaire pour tout vrai ministère. Non pas que nous devions donner l'impression que nous sommes malheureux. Il y avait chez ces serviteurs de Dieu une confiance et une foi qui créaient en eux ce paradoxe étrange mais bien réel : « Comme attristés, mais toujours joyeux ».

Bien-aimés, c'est l'un des facteurs d'émancipation dans toute vie d'avoir un fardeau. Le moyen d'être délivré de soi-même et d'une introspection malsaine, c'est de prendre part au fardeau du Seigneur. Si l'on pouvait parler de sa propre expérience, sans tenir compte de la situation telle qu'elle est, des besoins pressants et du souci désespéré de répondre aux besoins, l'on pourrait chaque jour être lié par des problèmes personnels.

La libération de soi nous est donnée à mesure que nous sommes saisis par les intérêts du Seigneur. Nous pouvons être oppressés par nos propres problèmes spirituels ; le moyen d'en sortir, c'est de prendre sur nos cœurs le fardeau de tout le peuple de Dieu. C'est cela même qui crée le ministère ; cela signifie pour nous la force ; cela demande la prière. C'est une chose qui nous émancipe que de prendre le fardeau du Seigneur.

L'avons-nous saisi, ou bien négligeons-nous ces choses, « jouant avec de petits cailloux sur la plage, au lieu de gagner le large » ? Sommes-nous engagés avec Dieu dans les intérêts suprêmes de son royaume ? Sommes-nous simplement intéressés par notre travail, ou bien sommes-nous désespérément saisis par son fardeau ? Faisons-nous simplement ce qui nous plaît, ou bien portons-nous réellement sur nos cœurs le fardeau de Dieu pour son peuple ? En sommes-nous arrivés là ?

Le grand besoin du Seigneur : Un instrument.

Le Seigneur doit avoir un instrument, un Daniel, qu'il soit personnel ou bien collectif, qui se meut avec Dieu pour son témoignage. Il doit avoir un Néhémie, dont le cœur souffre pour son peuple, à cause du témoignage. Il doit avoir un Esdras, qui ne se compromet pas pour un instant avec ce qui est contraire à la volonté de Dieu. Il doit avoir un instrument comme Esther, qui s'élance contre le vent et, mettant sa vie en jeu, va assiéger le trône pour sauver la vie de son peuple, pour délivrer le peuple de Dieu des menaces de l'ennemi.

Oh ! Ce que ces prières ont accompli ! Et il faut, bien-aimés, que le fardeau du Seigneur vienne dans nos cœurs de la même manière, pour que nous soyons des instruments utiles au Seigneur, dans son activité en ce temps de la fin ; il faut que nous soyons exercés d'une manière très profonde pour les intérêts de Dieu. Il faut que nous ne retenions rien qui puisse servir le Seigneur et ses intérêts. Nous serions surpris de voir ce que le Seigneur peut accomplir si nous le laissions faire.

Il faut, pour commencer, que nous en arrivions à reconnaître qu'il y a un besoin et que le fardeau en soit sur nos cœurs. Lorsque, pressés par le Saint-Esprit, nous sommes réellement entrés dans ce fardeau, les traits communs que nous trouvons dans ces instruments de l'Ancien Testament seront ciselés en nous ; nous serons alors un peuple consacré à cette SEULE CHOSE : Le fardeau du Seigneur, et le souci de son cœur à l'égard de son témoignage parmi son peuple.

 

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