Le vrai disciple.1

Le vrai disciple.1

Cet opuscule a pour objet d’exposer quelques-uns des principes qui déterminent le statut de celui qui se veut disciple de Jésus-Christ selon le Nouveau Testament.

I. Les conditions à remplir pour être disciple

Le christianisme authentique consiste à s’en remettre entièrement et en toute chose au Seigneur Jésus-Christ. Le Sauveur n’est pas à la recherche d’hommes et de femmes disposés à Lui consacrer quelques-unes de leurs soirées — ou leurs week-ends — ou leurs dernières années lorsqu’ils seront parvenus à l’âge de la retraite. Ce qu’il veut, ce sont des gens prêts à Lui donner la première place dans leur vie.

« Il cherche aujourd’hui, comme il l’a toujours fait d’ailleurs, non pas à être suivi par des foules qui se contentent de dériver dans son sillage, mais des individus, hommes et femmes, dont la fidélité inaltérable témoignera du fait que ce qu’il veut ce sont des gens disposés à marcher dans le chemin de la renonciation à soi-même sur lequel il les a précédés ».
— Evan H. Hopkins

Seule une consécration totale peut être considérée comme une réponse suffisante au sacrifice de Jésus au Calvaire. Un amour aussi grand que le sien exige en retour le don de notre âme, de notre vie et de tout ce que nous sommes.

Le Seigneur Jésus a adressé de très rudes injonctions à ceux qui voudraient être ses disciples — injonctions qui ne sont plus guère prises en considération de nos jours où la vie est devenue si facile. Nous avons pris l’habitude de voir dans le christianisme un moyen d’échapper à l’enfer et d’entrer à coup sûr dans le ciel. En dehors de cela, nous avons l’impression que nous avons parfaitement le droit de jouir au maximum de ce que cette vie peut avoir à nous offrir. Nous savons bien qu’il existe des versets impérieux dans la Bible concernant la vie du disciple, mais nous éprouvons des difficultés à les faire cadrer avec l’idée que nous nous faisons du christianisme.

Nous trouvons normal que des soldats donnent leur vie pour des raisons patriotiques. Nous ne trouvons pas étrange que des communistes meurent pour des motifs politiques. Mais que « le sang, la sueur et les larmes » doivent marquer la vie de l’homme qui fait profession de suivre le Christ, c’est plus que nous ne pouvons admettre.

Et pourtant, les paroles du Seigneur Jésus sont suffisamment éloquentes. Elles ne peuvent prêter à confusion si nous sommes prêts à les accepter comme elles ont été dites. Voici donc les conditions posées par le Sauveur du monde pour quiconque veut devenir son disciple.

1. Aimer Jésus-Christ par-dessus tout

« Si quelqu’un vient a moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple  (Luc 14 v. 26) ».

Ceci ne signifie nullement que nous devions avoir des sentiments d’animosité envers les membres de notre famille ; cela veut dire que notre amour pour Christ devrait être si grand que toutes les autres affections, en comparaison, pourraient sembler être de la haine.

Quant a l’expression « et même sa propre vie », elle est certainement la proposition la plus difficile à accepter. L’amour de soi est en effet un des principaux obstacles à la capacité de vivre en disciple. Ce n’est que lorsque nous sommes prêts a mourir pour Christ que nous sommes dans les dispositions où il veut que nous soyons.

2. Renoncer à soi-même

« Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même…  (Matthieu 16 v. 24) ». Renoncer à soi-même ce n’est pas du tout la même chose que s’imposer des renoncements — par exemple renoncer à certains aliments, à certains plaisirs, à certaines acquisitions. Renoncer à moi-même signifie me soumettre si complètement à la seigneurie de Christ que le moi n’a plus aucun droit ni aucune autorité. Cela signifie que le moi accepte de descendre de son trône. Henry Martyn a exprimé cette disposition par ces paroles :

« Seigneur, ne permets pas que ma volonté se fasse, ni que je considère mon vrai bonheur comme dépendant dans la plus faible mesure de quelque chose qui puisse m’arriver de l’extérieur, mais comme consistant entièrement dans l’accomplissement de ta volonté ! »

3. Choisir délibérément la croix

« Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix… (Matthieu 16 v. 24) ».
La croix dont il est question n’est pas quelque infirmité du corps ou tension de l’esprit — incommodités communes à tout le genre humain. La croix est un sentier sur lequel on a choisi de marcher. « C’est un sentier qui, aux yeux du monde actuel, est déshonorant, méprisable ! » C.A. Coates. La croix symbolise, en effet, la honte, la persécution et les outrages que le monde a amassés sur le Fils de Dieu et qu’il ne manque pas d’entasser sur tous ceux qui veulent faire face à la marée. Il est toujours possible au croyant d’échapper à la croix. Il lui suffit de se conformer au monde et de suivre ses voies.

4. Passer sa vie à suivre Christ

« Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive  (Matthieu 16 v. 24) ». Pour comprendre ce que cela signifie, il suffit de se poser la question : Qu’est-ce qui a caractérisé la vie du Seigneur Jésus ? Ce fut une vie d’obéissance à la volonté de Dieu. Ce fut une vie vécue dans la puissance du Saint-Esprit. Ce fut une vie de service désintéressé pour les autres. Ce fut une vie de patience et d’endurance devant les plus graves injustices. Ce fut une vie de zèle, de don de soi, de tempérance, de douceur, de bonté, de fidélité et de piété (Galates 5 v. 22 et 23). Pour être ses disciples, nous devons marcher comme Il a Lui-même marché. Nous devons porter les fruits de la ressemblance à Christ (Jean 15 v. 8).

5. Aimer ardemment tous ceux qui appartiennent à Christ

« À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres  (Jean 13 v. 35) ». Cet amour-là, est celui qui considère les autres comme meilleurs que soi-même. C’est l’amour qui couvre une multitude de péchés. Cet amour est patient, plein de bonté, point envieux. Il ne se vante point, ne s’enfle point d’orgueil. Il ne fait rien de malhonnête, il ne recherche point son propre intérêt, il ne s’irrite point, il ne soupçonne point le mal. Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout (1 Corinthiens 13 v. 4 à 7). Sans cet amour, la vie du disciple ne serait qu’une ascèse rigide et froide.

6. Persévérer sans défaillance dans sa Parole

« Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples  (Jean 8 v. 31) ». Pour être réellement un disciple, il faut de la persévérance. Il est facile de prendre un bon départ, de se lancer auréolé de gloire. Mais le seul critère du vrai disciple, c’est la persévérance jusqu’à la fin . — « Quiconque met la main à la charrue, et regarde en arrière, n’est pas propre au royaume de Dieu  (Luc 9 v. 62) ». Obéir aux Écritures d’une façon épisodique, intermittente, ne suffit pas. Christ veut des hommes qui désirent Le suivre dans une attitude d’obéissance permanente et sans réplique.

« Garde-moi de retourner en arrière ;
Les poignées de ma charrue sont mouillées de larmes,
La rouille en a rongé les socs. et pourtant, pourtant.
Mon Dieu ! Ô mon Dieu !
Garde-moi de retourner en arrière »

7. Renoncer à tout pour Le suivre

« Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède ne peut être mon disciple  (Luc 14 v. 33) ». C’est peut-être la plus déplaisante de toutes les conditions mises par le Christ pour être son disciple ; il se pourrait même que ce soit le verset le plus décrié de toute la Bible.

De bons théologiens pourraient avancer mille raisons pour vous prouver que ce verset ne signifie pas ce qu’il dit, mais les simples disciples le reçoivent tel quel avec empressement, en pensant que le Seigneur Jésus savait ce qu’il disait. Que signifie renoncer à tout ? Cela signifie faire abandon de tous les biens matériels que l’on possède et qui ne sont pas absolument indispensables et qui pourraient être employés pour la diffusion de l’Évangile.

Celui qui renonce à tout n’en devient pas pour autant un perpétuel vagabond ; il travaille pour pourvoir aux besoins de sa famille et aux siens propres. Mais puisque la passion de sa vie est de faire avancer la cause de Christ, il investit dans l’œuvre du Seigneur tout ce qui dépasse le nécessaire et laisse à Dieu le soin de l’avenir. En cherchant d’abord le royaume de Dieu et sa justice, il croit qu’il ne manquera jamais ni de la nourriture ni du vêtement.

Il ne peut en conscience retenir de quoi constituer une épargne quand des âmes périssent faute de connaître l’Évangile. Il ne veut pas gaspiller sa vie à accumuler des richesses qui tomberont aux mains du diable lorsque Christ reviendra pour prendre ses saints avec Lui. Il veut obéir aux injonctions du Seigneur contre le danger d’amasser des trésors sur la terre.

En renonçant à tout, il offre ce que, de toute manière, il ne pourrait pas conserver et qu’il a cessé d’aimer. Voici donc les sept conditions à remplir pour être un vrai disciple. Elles sont claires et sans équivoque. L’auteur se rend compte, après les avoir exposées, qu’il s’est condamné lui-même et mérite d’être considéré comme un serviteur inutile. Mais la vérité de Dieu devrait-elle être étouffée à cause des manquements du peuple de Dieu ? N’est-il pas vrai que le message est plus grand que le messager ? Ne convient-il pas que Dieu soit reconnu pour vrai et tout homme comme menteur ? Ne serait-il pas bon de comprendre ce que disait un grand homme : « Que ta volonté soit faite même si je ne l’ai pas faite » ?

En confessant nos échecs passés, sachons faire face courageusement aux exigences de Christ sur nos vies et chercher à être désormais ses vrais disciples.

« Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède ne peut être mon disciple  (Luc 14 v. 33) ». Pour être disciple du Seigneur Jésus, il faut renoncer à tout. C’est bien cela — et sans aucune possibilité d’erreur — que signifient les paroles du Sauveur. Ce que nous pourrions avoir à objecter à une demande aussi « extrême » importe peu, pas plus que ce que nous pourrions avancer à l’encontre d’une politique aussi « inadmissible » et « insensée » ; reconnaissons simplement que c’est la Parole du Seigneur qui l’ordonne et qu’Il dit bien ce qu’il a voulu dire.

Avant toute chose, nous devrions regarder en face ces vérités irréductibles :

a. Jésus n’a pas exigé cela d’une certaine classe de chrétiens, d’hommes choisis pour entrer dans l’œuvre. Il a déclaré : « Quiconque d’entre vous… »

b. Il n’a pas dit que nous devions simplement avoir l’intention de renoncer à tout. Il a dit : « Quiconque d’entre vous ne renonce pas ».

c. Il n’a pas dit que nous ne devions renoncer qu’à une partie de nos richesses. Il a dit : « Quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède ».

d. Il n’a pas dit qu’une forme atténuée de vie de disciple pourrait être envisagée en faveur de celui qui continuerait à s’accrocher à ses trésors. Jésus a dit : « … il ne peut être mon disciple ».

En fait, nous ne devrions pas être surpris par l’absolu de cette demande comme si c’était le seul passage du Nouveau Testament où il en soit question. Jésus n’a-t-il pas dit : « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel  (Matthieu 6 v. 19 et 20) ? »

Comme Wesley l’a dit très justement : « Amasser des trésors sur la terre est tout aussi clairement défendu par notre Maître que l’adultère et le meurtre ».
Jésus n’a-t-il pas dit : « Vendez ce que vous possédez, et donnez-le en aumônes…  (Luc 12 v. 33) ? » N’a-t-il pas ordonné au jeune homme riche : « Vends tout ce que tu as, distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis, viens, et suis-moi !  (Luc 18 v. 22) ? »

S’il n’avait pas l’intention de dire exactement ce qu’il a dit, que voulait-il donc dire ? Les croyants de l’église primitive ont pris ses paroles à la lettre : « Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun  (Actes 2 v. 45) ». De même, à travers les âges, beaucoup de saints renoncèrent littéralement à tout pour suivre Jésus.

Anthony Morris Groves et sa femme, missionnaires pionniers à Bagdad, étaient convaincus « qu’ils devaient cesser d’amasser des trésors sur la terre et qu’ils devaient consacrer la totalité de leurs revenus, pourtant très substantiels, au service du Seigneur ». Les réflexions de Groves sur ce sujet sont contenues dans son ouvrage Consécration Chrétienne.

C.T. Studd décida de donner toute sa fortune à Christ et de saisir ainsi l’occasion merveilleuse qui lui était offerte de faire ce que le jeune homme riche avait refusé de faire . Il s’agissait pour lui d’une simple obéissance à ce qui était écrit noir sur blanc dans la Parole de Dieu. Après avoir distribué des centaines de milliers de francs pour l’œuvre du Seigneur, il mit de côté une somme très importante qu’il réservait à sa jeune épouse. Celle-ci ne voulut pas être en reste sur son mari.

— Charles, lui dit-elle, qu’est-ce que le Seigneur a commandé au jeune homme riche de faire ?

— De tout vendre.

— Eh bien, alors nous allons nous mettre en règle avec le Seigneur dès le début de notre mariage.

Et l’argent s’en alla vers les champs de mission !

Le même esprit d’entière consécration animait Jim Elliot en Équateur. Il écrivait dans son journal : « Père, fais que je devienne faible pour que je cesse de me cramponner aux choses passagères. Ma vie, ma réputation, mes biens, fais, Seigneur, que je perde la tension de la main qui s’y agrippe. Je voudrais même, Père, perdre l’amour de ce qui me fait plaisir. Combien souvent n’ai-je pas relâché mon étreinte, mais tout en retenant pourtant ce qui me plaisait le plus, ce que j’aimais en secret.

Ouvre-moi donc la main pour y planter le clou du Calvaire, tout comme l’était la main de Christ — afin qu’ayant tout abandonné, je puisse me sentir libéré, détaché de tout ce qui me lie encore. Jésus n’a pas considéré le ciel, ni même d’être égal avec Dieu, comme une proie à arracher. Qu’ainsi, Seigneur, je relâche mon étreinte ! »

Nos cœurs partagés voudraient nous faire croire qu’il est impossible d’accepter les paroles du Seigneur dans leur sens littéral. Si nous abandonnions tout, nous marcherions sûrement à la catastrophe. Après tout, ne devons-nous pas faire des économies pour assurer notre avenir et celui de ceux qui nous sont chers ? Si chaque chrétien abandonnait tout, qui financerait l’œuvre du Seigneur ? Et si quelques chrétiens n’étaient pas très riches, comment les couches supérieures de la société pourraient-elles être évangélisées ? Et ainsi de suite … les arguments tombant comme de la pluie — tout cela pour démontrer que le Seigneur ne pouvait avoir voulu dire ce qu’il a dit.

Le fait est, pourtant, que l’obéissance au commandement du Seigneur fait mener l’existence la plus saine et la plus raisonnable qui se puisse concevoir, celle aussi qui procure les plus grandes joies. L’Écriture et l’expérience rendent témoignage au fait qu’aucun de ceux qui vivent une vie offerte en sacrifice pour Christ ne manque ni ne manquera de rien. Lorsqu’un homme obéit a Dieu, le Seigneur prend soin de lui.

Celui qui abandonne tout pour suivre Christ ne devient pas un vagabond vivant aux dépens des autres chrétiens.

1. Il est laborieux. Il travaille courageusement pour pourvoir à ses besoins et à ceux de sa famille.

2. Il est frugal. Il vit aussi économiquement que possible afin de pouvoir investir dans l’œuvre du Seigneur tout ce qui dépasse ses besoins immédiats.

3. Il est prévoyant. Au lieu d’amasser des richesses sur la terre, il place son trésor dans le ciel.

4. Il fait confiance à Dieu pour l’avenir. Au lieu de passer le plus clair de sa vie à constituer des réserves pour assurer sa vieillesse, il donne le meilleur de lui-même pour le service de Christ et Lui fait confiance pour le reste. Il croit que s’il cherche premièrement le royaume et la justice de Dieu, la nourriture et le vêtement ne lui feront jamais défaut (Matthieu 6 v. 33).

Pour lui, il n’est pas raisonnable d’accumuler des biens pour les jours à venir et il voudrait s’en justifier en faisant valoir ce qui suit :

1. Comment pourrions-nous, en conscience, constituer des réserves financières quand cet argent pourrait être utilisé immédiatement pour sauver des âmes ? « Si quelqu’un possède les biens du monde, et que, voyant son frère dans le besoin, il lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ?  (1 Jean 3 v. 17) » ; « Considérez de plus ce que comporte ce grand commandement : Tu aimeras ton prochain comme toi-même  (Lévitique 19 v. 18) ».

Pouvons-nous, en vérité, prétendre aimer notre prochain comme nous-mêmes, si nous le laissons périr d’inanition alors que nous avons ce qu’il nous faut et même de quoi thésauriser ? Je pourrais en appeler à quiconque a fait expérience de la joie de connaître le don ineffable de Dieu et lui demander : « Seriez-vous prêt a échanger cette connaissance contre l’univers tout entier ? » Ne retenons donc pas les moyens par lesquels d’autres pourraient parvenir à cette connaissance qui sanctifie, à cette consolation céleste » — A. N. Groves.

2. Si nous croyons vraiment que le retour de Christ est imminent, nous devons avoir a cœur d’utiliser notre argent dans l’immédiat. Autrement, nous courons le risque de voir tomber aux mains du diable des fonds qui auraient pu être utilisés pour procurer des bénédictions éternelles.

3. Comment pourrions-nous en conscience prier pour que le Seigneur pourvoie aux besoins de son œuvre si nous sommes précisément les détenteurs de cet argent que nous refusons d’utiliser a cette fin ? Abandonner tout pour Christ nous préserve de l’hypocrisie lorsque nous prions.

4. Comment pourrions-nous prétendre enseigner aux autres toutes les lois de Dieu s’il est des domaines, comme celui-ci, où nous avons négligé d’obéir ? Dans ce cas, notre façon de vivre nous réduirait au silence.

5. Dans le monde, les gens intelligents s’emploient à constituer des réserves en vue de l’avenir. C’est ce qui s’appelle agir selon le bon sens et non par la foi. Le chrétien est appelé à vivre dans la dépendance de son Dieu. S’il se met, lui aussi, à amasser des trésors sur la terre, en quoi est-il différent des gens du monde ?

L’argument selon lequel nous devons assurer l’avenir de nos familles sous peine d’être pires que des infidèles est très fréquemment avancé. Les deux versets utilisés pour défendre cette thèse sont les suivants :

« … Ce n’est pas, en effet, aux enfants à amasser pour leurs parents, mais aux parents pour leurs enfants  (2 Corinthiens 12 v. 14) » ; « Si quelqu’un n’a pas soin des siens, et principalement de ceux de sa famille, il a renié la foi, et il est pire qu’un infidèle (1 Timothée 5 v. 8) ».

Un examen attentif de ces versets montre qu’ils traitent des besoins de chaque jour et non pas d’éventualités a venir. Dans le premier passage, Paul parle ironiquement. Lui-même représente les parents, et les Corinthiens sont ses enfants. Il ne leur a pas imposé de charges financières, bien qu’il en ait eu le droit comme serviteur du Seigneur. Après tout, il était leur père en la foi, et ce sont les parents qui, d’ordinaire, pourvoient aux besoins de leurs enfants et non l’inverse. Il n’est absolument pas question de parents qui économisent pour assurer l’avenir de leurs enfants. Tout ce passage est écrit en fonction des besoins présents de l’apôtre et non de l’éventualité de difficultés futures.

Dans 1 Timothée 5 v. 8, Paul discute du sort des veuves qui sont dans le besoin. Il insiste sur le fait que les membres de leur parenté doivent prendre soin d’elles. Si elles n’ont pas de famille ou si ces familles manquent à leur devoir, alors c’est à église locale qu’incombe la responsabilité de leur entretien. Mais, ici encore, il est question des besoins de l’heure et non des nécessités de l’avenir.

L’idéal, selon la Parole de Dieu, serait que les membres du corps de Christ s’occupent des besoins immédiats de leurs frères en la foi : « Il s’agit, non de vous exposer à la détresse pour soulager les autres, mais de suivre une règle d’égalité : Dans la circonstance présente votre superflu pourvoira à leurs besoins afin que leur superflu pourvoie pareillement aux vôtres, en sorte qu’il y ait égalité, selon qu’il est écrit : Celui qui avait ramassé beaucoup n’avait rien de trop, et celui qui avait ramassé peu n’en manquait pas  (2 Corinthiens 8 v. 13 à 15) ».

Un chrétien qui éprouve le besoin d’amasser en vue de l’avenir se trouve confronté à un problème difficile : celui de savoir ce qu’il doit considérer comme suffisant. Il passe dès lors sa vie à se constituer un capital d’un montant indéterminé et se refuse le privilège de donner le meilleur de lui-même au Seigneur Jésus-Christ. Il arrive ainsi à la fin d’une vie gaspillée pour découvrir qu’il aurait de toute manière été pourvu à ses besoins s’il avait vécu de tout son cœur pour le Seigneur.

Si tous les chrétiens prenaient à la lettre les paroles de Jésus, il n’y aurait pas de déficits dans les finances de l’œuvre du Seigneur. La bonne nouvelle serait portée avec une force croissante et atteindrait des masses encore ignorantes.

Si quelque disciple était dans la détresse, ce serait une joie et un privilège pour les autres de partager avec lui ce qu’ils auraient sous la main. L’argument selon lequel il doit y avoir des chrétiens fortunés pour atteindre les classes supérieures de la société n’est pas à prendre en considération. C’est alors qu’il était prisonnier que Paul eut l’occasion d’évangéliser « ceux de la maison de César  (Philippiens 4 v. 22) ». Si nous obéissons à Dieu, nous pouvons être certains qu’il ordonnera Lui-même toutes choses.

La conduite du Seigneur Jésus devrait être considérée comme un exemple en la matière. Le serviteur n’est pas plus grand que son Maître : « Il ne convient pas au serviteur de chercher à devenir riche, grand et honoré dans ce monde où son Seigneur a été pauvre, sans apparence et méprisé » — Georges Muller.

« Les souffrances de Christ incluaient la pauvreté (2 Corinthiens 8 v. 9) ». Bien sûr, la pauvreté ne doit pas être confondue avec la saleté et le débraillé, mais elle se manifeste par l’absence de réserves et des moyens de vivre dans le luxe… Andrew Murray faisait remarquer que le Seigneur et ses apôtres n’auraient pu accomplir leur œuvre s’ils n’avaient été pauvres. Celui qui veut en relever un autre, doit s’abaisser, comme le Samaritain ; l’infinie majorité du genre humain a toujours été et est encore pauvre » — A. N. Groves.

On allègue qu’il est des biens matériels indispensables à la vie domestique. C’est vrai. On allègue que les hommes d’affaires chrétiens doivent disposer d’un certain capital pour la marche de leurs entreprises. C’est vrai. On allègue qu’il est même des biens matériels, comme la possession d’une automobile par exemple, qui peuvent être utilisés à la gloire de Dieu. Ceci est vrai aussi.

Mais par-delà ces nécessités légitimes, le chrétien devrait vivre frugalement et comme offert en sacrifice pour l’avancement de l’évangile. Son mot d’ordre devrait être : « Travailler dur, consommer peu, donner beaucoup — et tout pour Christ » — A. N. Groves. Chacun de nous est responsable devant Dieu de la manière d’obéir à son ordre de tout abandonner. Un croyant ne peut en régenter un autre ; chacun doit agir après s’être placé lui-même devant le Seigneur. C’est une question personnelle, lourde de conséquences.

Si, à la suite d’un tel examen, le Seigneur devait amener un croyant à un degré de consécration inconnu jusqu’ici, il ne devrait pas y avoir là matière à orgueil spirituel. Quelque sacrifice que nous fassions ne nous paraît plus un sacrifice quand nous le considérons dans la perspective du Calvaire. En fin de compte, nous ne faisons que donner au Seigneur ce que, de toute façon, nous ne pouvons conserver et que nous avons cessé d’aimer.

« Celui qui donne ce qu’il ne peut conserver pour gagner ce qu’il ne peut pas perdre, est un sage » — Jim Elliot.

 

Arthur KatzUn message de William Mac Donald
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