Les yeux de Hobab
Durant les premiers jours de voyage des Israélites dans le désert, il s'est produit une transaction étrange et notable entre Moïse et l'un de ses proches nommé Hobab. Imaginez un peu ! Moïse a embauché un guide pour conduire Israël à travers le désert !
Les circonstances étant ce qu'elles étaient, c'est quasiment incroyable, mais Moïse était un homme capable de faire des erreurs tout autant que nous autres. Et employer Hobab constituait une erreur sérieuse. Voici pourquoi.
« Moïse dit à Hobab, fils de Réuel, le Madianite, beau-père de Moïse : Nous partons pour le lieu dont l'Éternel a dit : Je vous le donnerai. Viens avec nous, et nous te ferons du bien, car l'Éternel a promis de faire du bien à Israël. Hobab lui répondit : Je n'irai point ; mais j'irai dans mon pays et dans ma patrie. Et Moïse dit : Ne nous quitte pas, je te prie; puisque tu connais les lieux où nous campons dans le désert, tu nous serviras de guide. Et si tu viens avec nous, nous te ferons jouir du bien que l'Éternel nous fera » ( Nombres 10 v. 29 à 32 ). « Quand le consolateur sera venu, l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité » (Jean 16 v. 13).
Dieu avait déjà dit à Moïse que lui-même conduirait Israël dans la terre promise : « Voici, j'envoie un ange devant toi pour te garder dans la voie et pour t'amener au lieu que j'ai préparé » ( Exode 23 v. 20 ). Dieu avait aussi donné la nuée et le feu merveilleux pour les guider ( Nombres 9 v. 15 à 23 ). De plus, dans le même chapitre où Moïse sollicite l'aide de Hobab, il est écrit : « Ils partirent donc de la montagne de l'Eternel et voyagèrent pendant trois jours. L'arche de l'alliance de l'Éternel les précéda durant ces jours afin de leur trouver un lieu de repos » ( Nombres 10 v. 33 ). Ainsi, par le biais de l'ange divinement établi, de l'arche et de la colonne de nuée, Dieu Lui-même guidait Israël à travers le désert. En quoi avaient-ils donc besoin des yeux de Hobab ?
Hobab n'était pas en faute pour sa part dans cette affaire étrange, mais sa présence n'ajoutait rien à la sécurité de l'armée en marche ; et il y a de bonnes raisons pour croire qu'il ait pu être une pierre d'achoppement spirituelle pour Moïse et la nation d'Israël. Plus ils se fiaient à Hobab, moins ils se fiaient à Dieu. Et les conséquences pour Israël en furent graves.
Conduit par l'Esprit de Dieu.
L'Eglise aussi a son Guide qui est établi pour la conduire dans son voyage terrestre : « Mais le Conseiller, le Saint Esprit, que le Père vous enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai enseigné » ( Jean 14 v. 26 ). « Car ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu sont les fils de Dieu » ( Romains 8 v. 14 ). Ces Écritures et un grand nombre d'autres nous assurent que nous sommes sous la surveillance directe du Saint Esprit. La sécurité et la fructification nécessitent seulement que nous acceptions la direction de Dieu. Les bénédictions se trouvent dans le chemin de la soumission et de l'obéissance.
Quel besoin avons-nous des yeux de Hobab ? Aucun, assurément. Et pourtant, l'Église a toute une armée de Hobabs sur lesquels elle s'appuie pour la guider et assurer sa direction. Le fait que Hobab n'ait rien à faire dans le plan divin ne semble avoir aucune importance. Le fait que Hobab soit un intrus, que ses yeux ne soient pas assez vifs pour trouver la bonne voie, qu'il soit totalement superflu et même gênant est négligé par pratiquement tout le monde. Dieu semble si lointain, la Bible est un si vieux livre, la foi impose à notre chair des exigences si sévères, alors qu' Hobab au contraire est tellement proche et tellement réel, et il est si facile de compter sur lui, que nous agissons en hommes terrestres et non en hommes célestes, et c'est à Hobab que nous prêtons oreille.
Qui donc est Hobab, et comment pouvons-nous l'identifier ? La réponse est simple. Hobab, c'est tout ce qui s'introduit sans cause dans l'œuvre sainte de Dieu, n'ayant pas d'autorité biblique pour justifier son existence. Initialement, cette nouveauté peut paraître assez innocente et sembler même une amélioration du modèle biblique ; et parce que c'est nouveau, c'est sur de trouver vite des adeptes et de se répandre rapidement parmi les églises.
Nous chrétiens nous retrouvons vite à suivre bêtement le dirigeant, à cortéger docilement Hobab en justifiant sa présence par sa popularité. Quelqu'un d'aussi renommé que Hobab ne peut pas avoir tort, aussi loin soit-il de la Parole de Dieu.
Hobab n'est pas un individu. Hobab, c'est tout ce qui détourne notre attention de la nuée et du feu ; c'est tout ce qui nous fait dépendre moins de Dieu et nous fier moins à la direction de l'Esprit.
Chacun de nous doit prendre garde contre lui dans notre propre vie et dans notre église. Et quand nous le découvrons, nous devons nous en débarrasser aussitôt.