Le travail final opéré chez Job.7

Le travail final opéré chez Job.7

Nous allons trouver dans le ministère d’Élihu deux grands éléments, savoir : « la grâce et la vérité ». Il donne au patriarche et à ses trois amis l’assurance qu’il ne sait pas flatter l’homme.

La voix de la vérité touche l’oreille. La vérité met chaque chose à sa propre place ; cela étant, elle ne peut faire entendre aucune flatterie au pauvre mortel coupable. L’homme doit être amené à voir et à confesser son véritable état ; ce qu’il est réellement. C’était justement, là aussi, ce dont Job avait besoin. Il ne se connaissait pas, et ses amis ne pouvaient lui donner cette connaissance. Il lui était nécessaire de passer par les lieux profonds, mais ses amis étaient incapables de l’amener à cela.

Présenter Dieu à l’âme.

Élihu commence pourtant à lui annoncer la vérité. Il lui présente le vrai caractère de Dieu. Précisément ce que les trois amis n’avaient pas su faire. Ils en avaient appelé à Dieu, il est vrai ; mais leurs allusions étaient sombres, inexactes et fausses. Nous le verrons distinctement en lisant au chapitre 42 v. 7 et 8, ces mots : « L’Éternel dit à Éliphaz, le émanite : Ma colère s’est enflammée contre toi et contre tes deux compagnons, car vous n’avez pas parlé de moi comme il convient, comme mon serviteur Job. Et maintenant, prenez pour vous sept taureaux et sept béliers, et allez vers mon serviteur Job, et offrez un holocauste pour vous ; et mon serviteur Job priera pour vous : car, lui, je l’aurai pour agréable, afin que je n’agisse pas avec vous selon votre folie ; car vous n’avez pas parlé de moi, comme il convient, comme mon serviteur Job ». Leur faute consistait en ce qu’ils n’avaient pas présenté Dieu à l’âme de leur ami, et n’avaient ainsi pas amené Job à se juger.

Élihu : ministère de grâce (et de vérité).

Élihu, par contre, fait agir la lumière de la « vérité » sur la conscience de Job ; mais il répand en même temps le précieux baume de la « grâce » dans son cœur, lorsqu’il lui dit : « Mais toutefois, Job, je te prie, écoute ce que je dis, et prête l’oreille à toutes mes paroles. Voici, j’ai ouvert ma bouche, ma langue parle dans mon palais. Mes paroles seront selon la droiture de mon cœur, et ce que je sais mes lèvres le diront avec pureté. L’Esprit de Dieu m’a fait, et le souffle du Tout-Puissant m’a donné la vie. Si tu le peux, réponds-moi ; arrange des paroles devant moi, tiens-toi là ! Voici je suis comme toi quant à Dieu, je suis fait d’argile, moi aussi. Voici, ma terreur ne te troublera pas, et mon poids ne t’accablera pas » (Job 33 v. 1 à 7).

Par ces expressions le ministère de la « grâce » se révèle d’une manière puissante et aimable au cœur de Job. Le service des trois amis était dépourvu de ce principe excellent. Ils ne se montraient que trop disposés à « accabler de leur poids » le pauvre Job pour le terrasser. Sévères censeurs, ils avaient pu voir d’un œil sec les plaies de leur ami désolé. Ils considéraient les ruines de sa maison, et en tiraient la dure conclusion que la perte de tout son avoir était une conséquence de sa mauvaise conduite. Ils se montraient des juges pleins de partialité. Ils méconnaissaient les voies de Dieu et ne comprenaient nullement que Dieu éprouve le juste. En un mot, ils se trompaient totalement. Leur point de vue était faux, et par conséquent leur jugement imparfait. Ils jugeaient Job sans le convaincre, tandis qu’ils auraient dû le convaincre afin qu’il se jugeât.

Comprendre que Dieu est plus grand que l’homme. C’est Lui qui déclare ce qui est juste.

Le procédé d’Élihu présente ici un contraste évident avec le leur. Il annonce à Job la vérité ; il n’appesantit point sa main sur lui. Il connaissait la puissance de la grâce qui soumet l’âme et attendrit le cœur. Job s’était permis des expressions procédant d’une racine à laquelle il fallait appliquer le tranchant de la vérité. « Certainement dit Élihu, tu as dit à mes propres oreilles, et j’ai entendu le son de tes discours : Moi, je suis net, sans transgression ; je suis pur, et il n’y a pas d’iniquité en moi »  (v. 8 et 9).

Quelles paroles téméraires pour un pauvre mortel pécheur ! Lors même que la « vraie lumière » dans laquelle nous marchons, n’eût pas encore lui dans l’âme du patriarche, un tel langage doit exciter notre étonnement. Mais que s’ensuit-il ? Si Job était à ses propres yeux pur, net et sans iniquité, il fallait qu’il en vînt à dire de Dieu : « Voici, il trouve des occasions d’inimitié contre moi, il me considère comme son ennemi ; il a mis mes pieds dans les ceps, il observe toutes mes voies » (v. 10 et 11).

Voici un conflit manifeste. Comment un être juste et saint pourrait-il considérer comme son ennemi un homme pur et net ? Ou Job se trompait, ou Dieu était injuste. Cependant Élihu, le serviteur de la vérité, donne la solution de ceci, en disant : « Voici, je te répondrai qu’en cela tu n’as pas été juste, car Dieu est plus grand que l’homme » (v. 12). Quelle vérité simple ! Si Dieu est plus grand que l’homme, alors il lui appartient et non à l’homme de déclarer ce qui est juste. Le cœur incrédule n’admet pas cela, de là vient sa tendance continuelle à juger les œuvres, les voies, les paroles de Dieu, et Dieu lui-même. L’homme dans sa folie impie, ose décider ce que Dieu doit dire ou faire. Quelle présomption !

Si nos cœurs se rangent sous l’empire de cette vérité que Dieu est plus grand que l’homme, nous sommes alors capables de discerner le but des voies de Dieu par rapport à nous. Il faut certainement qu’Il ait le dessus : « Pourquoi contestes-tu avec lui ? Car d’aucune de ses actions il ne rend compte. Car Dieu parle une fois, et deux fois, et l’on n’y prend pas garde, dans un songe, dans une vision de nuit, quand un profond sommeil tombe sur les hommes, quand ils dorment sur leurs lits : alors il ouvre l’oreille aux hommes et scelle l’instruction qu’il leur donne, pour détourner l’homme de ce qu’il fait ; et il cache l’orgueil à l’homme ; il préserve son âme de la fosse, et sa vie de se jeter sur l’épée »  (v. 13 à 18).

Comprendre que Dieu s’occupe de nous.

Toutes les fausses conclusions de Job provenaient de ce qu’il n’avait pas reconnu le caractère de Dieu. Il ne voyait pas que Dieu l’éprouvait, qu’il était derrière la scène et se servait de divers instruments pour l’accomplissement de ses desseins de miséricorde et de sagesse. Satan lui- même, l’un de ces instruments dans la main de Dieu, ne pouvait pas dépasser d’un cheveu la limite qui lui était prescrite. Dès qu’il eut exécuté l’œuvre à lui assignée, il fut congédié et nous n’entendons plus parler de lui. Dieu s’occupait de Job. Il l’éprouvait pour l’instruire, pour lui découvrir ce qui était au dedans de lui et pour briser l’orgueil de son cœur. L’intelligence de ces choses lui aurait épargné un combat et un chagrin immenses. Au lieu d’être fâché contre les hommes et contre les choses, il se serait jugé et incliné devant Dieu, dans l’humilité et dans une vraie contrition.

Ceci est important pour nous tous. Nous oublions si facilement que Dieu éprouve le juste : « Il ne retire pas ses yeux de dessus le juste » (Job 36 v. 7). Nous sommes constamment dans ses mains et sous ses yeux. Nous sommes les objets de son amour profond, tendre et invariable, mais nous sommes aussi les objets de son sage gouvernement. Son intention est de nous enseigner, de prévenir le mal ou de le guérir. Il détruit nos chimères, dissipe nos rêves dorés, et traverse quelque plan favori dont notre cœur est épris, mais dont la réussite serait notre ruine : « Voilà, Dieu opère toutes choses deux fois, trois fois, avec l’homme, pour détourner son âme de la fosse, pour qu’il soit illuminé de la lumière des vivants » (v. 29).

Dans le 12ème chapitre aux Hébreux, nous voyons que nous devons recevoir la discipline de la main du Père de trois manières. Nous ne devons pas la « mépriser », comme si sa main et sa voix n’y étaient pas ; nous ne devons pas « perdre courage » sous cette discipline, comme si elle était insupportable et n’était pas le précieux fruit de l’amour de Dieu ; enfin nous devons être « exercés » par ce moyen, et recueillir en son temps « le fruit paisible de la justice ».

Or, si notre patriarche avait compris que Dieu s’occupait de lui ; qu’il l’éprouvait pour son profit ultérieur ; qu’il employait les circonstances, les hommes et même Satan comme instruments pour cela ; que ses grandes afflictions, la perte de tout ce qu’il possédait, et ses souffrances n’étaient que des opérations merveilleuses de Dieu pour venir à bout de ses sages et miséricordieux desseins ; en un mot, si Job avait perdu de vue toutes les circonstances, pour ne regarder qu’à l’amour de Dieu ; s’il avait tout accepté de sa bonne main, il aurait certainement bientôt compris les dispensations de Dieu envers lui.

Tel est précisément ici l’écueil où notre navire va se briser d’ordinaire. Nous regardons aux circonstances et aux hommes, et nous les mesurons à l’estimation de notre meilleure force. Nous ne les traversons pas avec Dieu ; nous permettons plutôt aux circonstances de nous dominer. Au lieu de voir Dieu entre nous et les circonstances, nous voyons les circonstances entre Dieu et nous. Par là nous perdons le sentiment de sa présence, la lumière de sa face et l’heureuse assurance que nous sommes entre ses mains. Nous devenons grondeurs, impatients et irritables, nous nous éloignons toujours plus de la communion de Dieu ; nous tombons dans toutes sortes d’erreurs ; nous jugeons les autres, mais pas nous-mêmes, jusqu’à ce qu’enfin Dieu nous saisisse par la main pour briser notre cœur, abaisser notre esprit et nous ramener à Lui par son ministère puissant et immédiat. C’est là « la fin du Seigneur ».

Résultat des propos d’Élihu et de Dieu sur Job.

L’espace de ce traité ne nous permet pas de nous étendre davantage sur le service béni d’Élihu. Nous laissons le lecteur sérieux méditer lui-même les chapitres qui restent, et nous dirigeons notre attention vers le moment où Dieu lui-même commence à s’occuper directement de son serviteur (Job 38 v. 41). Afin de faire sentir à Job sa propre petitesse, Dieu en appelle aux œuvres de la création qui font voir sa puissance et sa sagesse. Nous ne voulons pas citer ici des fragments de ces magnifiques passages ; il faut les lire à la suite. Ils n’ont pas besoin d’explication. Le travail de l’homme ne ferait que ternir leur éclat. Ainsi nous essayerons seulement de diriger le regard du lecteur sur l’effet puissant que ce ministère merveilleux et immédiat du Dieu vivant produisit dans le cœur de Job.

Cet effet fut triple. Il eut lieu par rapport à Dieu, à Job lui-même et à ses amis ; le redressement eut lieu dans tous les sens où Job s’était trompé. Par rapport à Dieu, Élihu avait signalé l’erreur de Job en ces mots : « Job n’a pas parlé avec connaissance, et ses paroles ne sont pas intelligentes ; je voudrais que Job fût éprouvé jusqu’au bout, parce qu’il a répondu à la manière des hommes iniques ; car il a ajouté à son péché la transgression ; il bat des mains parmi nous, et multiplie ses paroles contre Dieu… Penses-tu que ceci soit fondé, que tu aies dit : Je suis plus juste que Dieu ? » (Job 34 v. 35 à 37 ; 35 v. 2).

Remarquez ici le changement. Écoutez le soupir d’un esprit repentant, l’expression forcée et pourtant si pleine d’un vrai jugement de soi même : « Et Job répondit à l’Éternel et dit : Je sais que tu peux tout, et qu’aucun dessein n’est trop difficile pour toi. Qui est celui-ci qui, sans connaissance, voile le conseil ? J’ai donc parlé, et sans comprendre, de choses trop merveilleuses pour moi, que je ne connaissais pas. Écoute, je te prie et je parlerai ; je t’interrogerai, et toi, instruis-moi. Mon oreille avait entendu parler de toi, maintenant mon œil t’a vu » (Job 42 v. 1 à 5).

Ici commence la rétractation de Job. Il signale maintenant toutes ses allégations précédentes à l’égard de Dieu et de ses voies, comme des paroles sans intelligence. Quelle confession ! Quel moment dans la vie d’un homme lorsqu’il découvre qu’il a eu tort jusque-là ! C’est un moment qui laisse, dans l’âme, une impression ineffaçable. Juger sainement de Dieu est le point de départ pour juger sainement de toutes choses. Si je me trompe, relativement à Dieu, je me trompe aussi relativement à moi-même, aux autres et à toutes les circonstances qui m’entourent. Ainsi en était-il de Job. Ses nouvelles pensées sur Dieu sont aussi accompagnées de nouvelles pensées sur lui-même. Sa vanterie passionnée était disparue, elle avait fait place à cette expression : « J’ai horreur de moi » (v. 6).

Tel est le vrai terrain sur lequel il nous faut tous nous tenir ; mais, comme Job, nous avons trop souvent besoin de beaucoup de temps avant d’y parvenir. Plusieurs d’entre nous se figurent avoir rompu avec le « moi », quand ils ont découvert et jugé quelques traces de la corruption humaine dans leur conduite extérieure. Mais, hélas ! un petit nombre peut-être, parmi nous, connaissent réellement la pleine vérité relativement à eux-mêmes. Il est aisé de dire : « Nous sommes méchants » ; mais un cœur abaissé en la présence de Dieu peut seul dire : « Je suis méchant ». Les paroles : « Maintenant mon œil t’a vu », et : « J’ai horreur de moi » vont ensemble. Lorsque la lumière de Dieu luit sur moi, l’horreur de moi-même est une chose réelle. Le vrai secret pour avoir un cœur brisé et contrit consiste à demeurer en la présence de Dieu.

Ensuite, nous voyons que Job, aussitôt qu’il juge sainement de Dieu et de lui-même, prend encore la place convenable vis-à-vis de ses amis ; il prie pour eux. Oui, il pouvait prier pour les « consolateurs fâcheux », pour ces hommes qui l’avaient si vivement contrarié : « Et l’Éternel rétablit l’ancien état de Job, quand il eut prié pour ses amis » (v. 10). C’était le fruit excellent de l’activité divine. Qu’il est touchant de voir les amis de Job substituer à leur expérience, à leur tradition et à leur légalisme, un précieux « holocauste », et d’entendre le patriarche prononcer une douce prière d’amour, au lieu d’amères invectives !

Tout est changé. Les combattants sont dans les bras les uns des autres, et comme dans la poussière devant Dieu. La dispute de mots a pris fin ; nous ne trouvons plus que les larmes du repentir, l’odeur agréable de l’holocauste, l’embrassement de l’amour. Quelle magnifique scène ! Quel fruit du travail de Dieu ! Que manque-t-il encore ? Rien, si ce n’est que Dieu mette la dernière main à ce saint édifice.

C’est aussi ce qui arriva, puisque nous lisons : « Et l’Éternel donna à Job le double de tout ce qu’il avait eu » (v. 10). Job est moralement sur un nouveau terrain. Il a de nouvelles pensées sur Dieu, sur lui-même, sur ses amis, sur les circonstances ; bref, toutes choses sont faites nouvelles : « Et tous ses frères, et toutes ses sœurs, et tous ceux qui l’avaient connu auparavant vinrent à lui, et mangèrent le pain avec lui dans sa maison ; et ils sympathisèrent avec lui et le consolèrent de tout le mal que l’Éternel avait fait venir sur lui, et lui donnèrent chacun un késita, et chacun un anneau d’or. Et l’Éternel bénit la fin de Job plus que son commencement.
… Et, après cela, Job vécut cent quarante ans, et il vit ses fils, et les fils de ses fils, quatre générations. Et Job mourut vieux et rassasié de jours » (v. 11 à 17).

Note de la rédaction.

Telle est la vie chrétienne qui cherche Dieu de toutes ses forces et de toute son âme ; qui veut la vérité plus que tout. Dieu lui fait grâce, Il travaille en elle pour que les bénédictions de sa fin lui soit multipliées à profusion. Être seulement d'accord avec la Parole ne suffit pas, il nous faut nous offrir à Dieu totalement, et Lui permettre d'accomplir en nous l’œuvre de la croix. Pourquoi nous briser ? Afin que seul Son Fils Jésus-Christ soit vu de tous. Pourquoi mourir à nous-même ? Pour la propre satisfaction de notre Dieu !

 

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