
9.Persévérance finale : qu'est-ce que c'est ?
Fondamentaux bibliques.1 - La question de la persévérance finale, bien que très simple à notre avis, a laissé perplexe un grand nombre de personnes.
Nous sommes toujours heureux de faire profiter d’autres personnes de toute la lumière que le Seigneur peut nous avoir accordé, en ce qui concerne des sujets d’intérêt commun à tous les amoureux de la vérité. Que le Saint-Esprit soit notre maître et notre guide, et qu’il nous donne un esprit entièrement soumis à l’Écriture, afin que nous puissions former un jugement sain sur la question qui nous est maintenant posée.
Nous avons trois choses à faire :
- Premièrement, établir la doctrine de la persévérance finale, ou en d’autres termes, la sécurité éternelle de tous les membres du Christ.
- Deuxièmement, répondre aux questions, que nous considérons comme celles que posent habituellement ou fréquemment les adversaires de la doctrine.
- Troisièmement, exposer les critères dans lesquels beaucoup semblent trouver des difficultés considérables.
La doctrine de la persévérance finale.
Cette doctrine nous paraît extrêmement claire et simple, si nous la considérons en rapport direct avec le Christ lui-même. C’est en effet la seule façon de considérer une doctrine. Le Christ est l’âme, le centre et la vie de toute doctrine. Une doctrine séparée du Christ vivant devient un dogme sans vie, même si elle est correcte ; elle devient sans force, sans valeur, une simple idée dans l’esprit, un simple élément du credo.
C’est pourquoi nous devons considérer chaque vérité en rapport avec le Christ. Nous devons faire de lui notre seul point de réflexion.
Ce n’est qu’en restant tout près de lui, et en considérant toutes les questions à partir de ce grand point unique, que nous pouvons avoir une vue correcte sur n’importe quelle autre interrogation. Si, par exemple, je fais de mes propres raisonnements mon point de vue, en considérant la question de la persévérance finale, je suis sûr d’avoir une vue complètement fausse ; il ne pourrait s’agit alors que de ma persévérance personnelle. Nous savons que tout ce qui émane de la sagesse de notre vieille nature doit nécessairement être douteux.
Mais si, d’un autre côté, je prends Christ comme point de vue et que je considère le sujet à partir de lui, par la lumière de son Esprit, je serai sûr d’avoir une vue correcte. En fixant nos regards sur la persévérance du Christ, je suis tout à fait sûr de persévérer.
Aucune puissance du monde, de la chair ou du diable, ne pourra jamais empêcher sa propre persévérance divine de se manifester dans le salut de ceux qu’il a rachetés par son propre sang ; car « il peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui » (Hébreux 7 v. 25).
C’est là, assurément, la persévérance finale. Peu importe la difficulté ou la puissance hostile : « Il peut sauver parfaitement ». Le monde, avec ses dix mille pièges, est contre nous ; mais il en est incapable. Le péché qui habite en nous, avec ses dix mille opérations sournoises, est contre nous ; mais il en est incapable. Satan, avec ses dix mille ruses et tentations, est contre nous ; mais il en est incapable.
En un mot, c’est la capacité du Christ, non la nôtre. C'est la fidélité du Christ qui compte, non la nôtre ; c'est la persévérance finale du Christ qui compte, non la nôtre. Tout dépend de lui, dans cette affaire importante, et de la liberté que nous lui laissons, pour vivre sa propre vie céleste en nous.
Il a racheté ses brebis, et il les gardera sûrement du mieux qu'il peut ; et, vu que tout pouvoir lui a été donné dans le ciel et sur la terre, ses brebis sont parfaitement, et pour toujours, en sécurité : « Jésus, s'étant approché, leur parla ainsi : Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre » (Matthieu 28 v. 18).
Il est donc extrêmement important de considérer la question de la persévérance finale, en lien indissociable avec le Christ. En lui, les difficultés disparaissent, les doutes et les craintes sont chassés. Le cœur devient affermi, la conscience soulagée, l'intelligence éclairée. Il est impossible que celui qui fait partie du corps du Christ, ne puisse jamais périr.
Le croyant est celui-ci : « Nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os » (Éphésiens 5 v. 30). Chaque membre du corps du Christ était écrit dans le livre de l'Agneau immolé, avant la fondation du monde ; et rien ni personne ne peut jamais effacer cette écriture.
Écoutez ce que notre Seigneur Jésus-Christ dit en référence à ceux qui sont siens : « Mes brebis entendent ma voix ; je les connais, et elles me suivent... Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous ; et personne ne peut les ravir de la main de mon Père » (Jean 10 v. 27 et 29).
Nous avons donc ici, assurément, la persévérance finale, et de plus, non seulement la persévérance des saints, mais celle du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Oui, cher ami, c’est ainsi que nous voudrions que vous considériez cette grande question.
En fait, c’est la persévérance finale de la sainte trinité. C’est la persévérance du Saint-Esprit à ouvrir les oreilles des brebis. C’est la persévérance du Fils à recevoir tous ceux dont les oreilles sont ainsi ouvertes. Et enfin, c’est la persévérance du Père à garder, par son propre nom, le troupeau racheté par le sang dans le creux de sa main éternelle.
Cela est assez clair. Nous devons soit admettre la vérité – la vérité consolatrice et réconfortante de la persévérance finale – soit succomber à la proposition blasphématoire, selon laquelle, l’ennemi de Dieu et de l’homme peut faire valoir son autorité contre la sainte et éternelle trinité.
Nous ne voyons pas de terrain d’entente : « Le salut vient du Seigneur » (Psaume 37 v. 39), du début à la fin de notre marche chrétienne. C'est un puissant salut gratuit, inconditionnel et éternel. Il atteint le pécheur dans toute sa culpabilité, sa ruine et sa dégradation, et le porte jusqu'à Dieu dans toute sa sainteté, sa vérité et sa justice.
Il dure pour toujours. Dieu le Père en est la source, Dieu le Fils en est le canal, et Dieu le Saint-Esprit est la puissance d'application et de jouissance. Il est tout de Dieu, du commencement à la fin, de la fondation à la pierre angulaire, d'éternité en éternité. S'il n'en était pas ainsi, ce serait une folie présomptueuse de parler de persévérance finale ; mais, puisqu'il en est ainsi, ce serait une incrédulité présomptueuse de penser à une autre finalité.
Il est vrai que les difficultés sont nombreuses et variées, avant et après la conversion. Les adversaires sont nombreux et puissants, mais c’est précisément pour cette raison que nous devons garder la question de la persévérance finale entièrement séparée de nous-mêmes, et de tout système religieux, et la faire reposer essentiellement et simplement, sur Dieu.
Peu importent les difficultés ou les adversaires, car la foi peut toujours demander avec triomphe : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Romains 8 v. 31).
Et encore : « Qui nous séparera de l'amour de Christ ? Sera-ce la tribulation, ou l'angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l'épée ? Selon qu'il est écrit : C'est à cause de toi qu'on nous met à mort tout le jour, qu'on nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie. Mais dans toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Car j'ai l'assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (Romains 8 v. 35 à 39).
Ici encore, la persévérance finale nous est enseignée de la manière la plus claire et la plus forte possible : « Aucune créature ne pourra nous séparer… ». Ni notre moi, ni notre vieille nature sous toutes ses formes ; ni Satan, dans toutes ses ruses et ses machinations ; ni le monde, dans toutes ses séductions ou tout son mépris ; ne peuvent jamais séparer le « nous » de Romains 8 v. 39, et de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur.
Il est certain que des personnes peuvent être trompées et qu’elles peuvent tromper les autres. Des cas inexacts peuvent survenir ; des conversions contrefaites peuvent avoir lieu. Des personnes peuvent sembler bien se porter pendant un certain temps, puis s’effondrer. Les fleurs du printemps peuvent ne pas être suivies des fruits mûrs de l’automne.
De telles choses peuvent arriver ; et de plus, les vrais croyants peuvent se laisser distancer par beaucoup de choses, ils peuvent trébucher et s’effondrer dans leur course. Ils peuvent avoir de nombreuses raisons de se juger eux-mêmes et de s’humilier dans les détails pratiques de la vie.
Mais, en laissant la plus grande marge possible à toutes ces choses, la précieuse doctrine de la persévérance finale demeure inébranlable – oui, intacte – sur son propre fondement divin et éternel : « Je suis le bon berger. Je connais mes brebis, et elles me connaissent, comme le Père me connaît et comme je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis » (Jean 10 v. 14 et 15).
Et encore : « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle » (Matthieu 16 v. 18). Les gens peuvent argumenter comme ils le veulent, fonder leurs arguments sur des cas qui leur sont venus à l’esprit ; mais, en considérant le sujet d’un point de vue divin et en basant nos convictions sur la parole sûre et infaillible de Dieu, nous maintenons que tous ceux qui appartiennent au « nous » de Romains 8, aux « brebis » de Jean 10, et à « l’Église » de Matthieu 16, sont aussi en sécurité que le Christ peut les assurer.
Nous concevons que c’est là la somme et la substance de la doctrine de la persévérance finale qui ne périra jamais.
Voici maintenant la réponse à quelques questions.
1. « Un croyant sera-t-il sauvé, quelle que soit la voie du péché dans laquelle il tombe et dans laquelle il meurt ? »
Un vrai croyant sera infailliblement sauvé ; mais nous considérons que le salut comprend, non seulement la délivrance complète des conséquences futures du péché, mais aussi de la puissance et de la pratique présente de celui-ci. Et donc, si nous trouvons une personne vivant dans le péché, et pourtant parlant de son assurance du salut, nous la considérons comme un « antinomiste » (doctrine qui enseigne, au nom de la suprématie de la grâce, l'indifférence à l'égard de la loi), et non comme une personne sauvée du tout :
« Si nous disons que nous sommes en communion avec lui et que nous marchons dans les ténèbres, nous mentons et nous ne pratiquons pas la vérité » (1 Jean 1 v. 6). Le croyant peut tomber, mais il sera relevé ; il peut être défait, mais il sera restauré ; il peut errer, mais il sera ramené, parce que Christ est capable de sauver jusqu'au bout, et aucun de ses petits ne périra.
2. « Le Saint-Esprit demeurera-t-il dans un cœur où les pensées mauvaises et impies sont présentes ; le corps du croyant étant le temple du Saint-Esprit (1 Corinthiens 6 v. 19) ? »
Cette précieuse vérité est le fondement de l’exhortation à la pureté et à la sainteté du cœur et de la vie. On nous exhorte à ne pas attrister le Saint-Esprit : « N'attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption » (Éphésiens 4 v. 30). Les pensées mauvaises et impies ne font pas du tout partie de la marche chrétienne. Le chrétien peut être assailli, attristé et harcelé par des pensées mauvaises, et dans un tel cas, il n’a qu’à regarder à Christ pour avoir la victoire.
La marche chrétienne appropriée est ainsi exprimée dans la première épître de Jean : « Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche point ; mais celui qui est né de Dieu se garde lui-même, et le malin ne le touche pas » (1 Jean 5 v. 18).
C’est le côté divin de la question. Hélas ! nous savons qu’il y a aussi le côté humain ; mais nous jugeons le côté humain par le divin. Nous n’abaissons pas le divin pour faire plaisir à l’humain, mais nous visons toujours le divin malgré l’humain.
Nous ne devrions jamais nous contenter de quelque chose de moins que ce que dit 1 Jean 5 v. 18. C'est en gardant ce vrai standard que nous pouvons espérer élever notre moralité. Parler d'avoir l'Esprit, de parler des profondeurs de l’Esprit, et pourtant, avoir des pensées mauvaises et impies, c'est, à notre avis, l'ancien nicolaïsme (Apocalypse 2 v. 6 et 15), ou l'antinomisme moderne (doctrine fausse selon laquelle les chrétiens sont libérés par la grâce, de la nécessité d'obéir à la loi mosaïque).
3. « S’il en est ainsi, les hommes ne diront-ils pas qu’ils peuvent vivre comme ils veulent ? »
Eh bien, comment un vrai chrétien aime-t-il vivre ? En ressemblant au maximum, par le Saint-Esprit, à Christ. Si quelqu’un avait posé cette question à Paul, quelle aurait été sa réponse ? 2 Corinthiens 5 v. 14 et 15 et Philippiens 3 v. 7 à 14, nous fournissent la réponse.
« Car l'amour de Christ nous presse, parce que nous estimons que, si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts ; et qu'il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux ».
« Mais ces choses qui étaient pour moi des gains, je les ai regardées comme une perte, à cause de Christ. Et même je regarde toutes choses comme une perte, à cause de l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur, pour lequel j'ai renoncé à tout, et je les regarde comme de la boue, afin de gagner Christ, et d'être trouvé en lui, non avec ma justice, celle qui vient de la loi, mais avec celle qui s'obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi, afin de connaître Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort, pour parvenir, si je puis, à la résurrection d'entre les morts.
Ce n'est pas que j'aie déjà remporté le prix, ou que j'aie déjà atteint la perfection ; mais je cours, pour tâcher de le saisir, puisque moi aussi j'ai été saisi par Jésus-Christ. Frères, je ne pense pas l'avoir saisi ; mais je fais une chose : oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ ».
Il est à craindre que les personnes qui posent de telles questions ne connaissent que peu de choses du Christ vivant et ressuscité. Nous pouvons tout à fait comprendre qu’une personne se laisse empêtrer dans les mailles d’un système théologique unilatéral, et soit perplexe devant les dogmes contradictoires de la divinité systématique ; mais nous croyons que l’homme qui invoque la liberté, la souveraineté et la stabilité éternelle de la grâce de Dieu, pour continuer à pécher librement, ne connaît rien du christianisme. Il n’a aucune part ni aucun lot dans cette affaire, mais il se trouve dans une condition vraiment terrible et dangereuse.
« … afin que vous puissiez distinguer ce qui est saint de ce qui est profane, ce qui est impur de ce qui est pur, et enseigner aux enfants d'Israël toutes les lois que l'Eternel leur a données par Moïse » (Lévitique 10 v. 10 et 11).
« Ils enseigneront à mon peuple à distinguer ce qui est saint de ce qui est profane, ils lui feront connaître la différence entre ce qui est impur et ce qui est pur » (Ézéchiel 44 v. 23).
« Tout m'est permis, mais tout n'est pas utile ; tout m'est permis, mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit » (1 Corinthiens 6 v. 12).
J’ai entendu citer un cas : celui d’un jeune homme qui entendit un ministre déclarer dans son sermon : « Enfant une fois, enfant toujours ! », et qui saisit cette occasion pour s’enfoncer et continuer à pécher ouvertement…
Nous croyons que le ministre avait raison dans ce qu’il disait, mais que le jeune homme avait tort dans ce qu’il faisait. Juger les paroles du premier par les actes du second est totalement faux. Que penserais-je de mon fils s’il disait : « Fils une fois, fils toujours, et par conséquent, je peux briser les vitres de mon père et faire toutes sortes de méfaits » ?
Nous jugeons la déclaration du ministre par la Parole de Dieu et la déclarons vraie. Nous jugeons la conduite du jeune homme par la même règle et la déclarons fausse. La question est tout à fait simple. Nous n’avons aucune raison de croire que le malheureux jeune homme ait jamais réellement goûté la vraie grâce de Dieu, car s’il l’avait fait, il aimerait, cultiverait et manifesterait la sainteté.
Le chrétien doit lutter contre le péché par la force de Christ en lui, lutter contre lui et s'y complaire sont deux idées totalement différentes. Dans le premier cas, nous pouvons compter sur la sympathie et la grâce du Christ ; dans l'autre, nous blasphémons en fait son nom en insinuant qu'il est le ministre du péché.
Nous considérons comme une grave erreur de vouloir juger la vérité de Dieu par les actions des hommes. Tous ceux qui agissent ainsi arrivent forcément à une fausse conclusion.
La vraie voie consiste simplement à inverser l’ordre. Saisissez d’abord la vérité de Dieu, puis jugez tout selon elle. Établissez la norme divine et testez tout par elle. Établissez la balance publique et pesez-y la charge de chacun. La balance ne doit pas être réglée selon la charge de chacun, mais la charge de chacun doit être testée par la balance.
Même si dix mille professeurs devaient tomber, vivre et mourir dans le péché, cela n’ébranlerait pas notre confiance dans la doctrine divine de la persévérance finale. La même parole qui prouve que la doctrine est vraie, prouve qu’elle est fausse : « Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n'étaient pas des nôtres ; car s'ils eussent été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous, mais cela est arrivé afin qu'il fût manifeste que tous ne sont pas des nôtres » (1 Jean 2 v. 19).
« Néanmoins, le solide fondement de Dieu reste debout, avec ces paroles qui lui servent de sceau : Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent ; et : Quiconque prononce le nom du Seigneur, qu'il s'éloigne de l'iniquité » (2 Timothée 2 v. 19).
Examen de différents passages.
Nous allons maintenant examiner les divers passages de l’Écriture qui sont généralement invoqués par ceux qui cherchent à renverser la doctrine de la persévérance finale. Mais, avant de le faire, nous estimons important d’établir le principe fondamental suivant, qui, à notre avis, sera très utile pour l’interprétation de l’Écriture en général. Le principe est très simple.
Aucun passage de l’Écriture sainte ne peut, en aucune façon, en contredire un autre. Si donc il y a une contradiction apparente, elle doit provenir de notre manque d’intelligence spirituelle. Ainsi, par exemple, si quelqu’un citait Jacques 2 v. 24 pour défendre la doctrine de la justification par les œuvres, je ne serais peut-être pas en mesure de lui répondre.
Il est tout à fait possible que des milliers de personnes, comme Luther, aient été tristement perplexes devant ce passage. Ils peuvent ressentir la plus complète et la plus claire assurance qu'ils sont justifiés, et cela non par des œuvres qu'ils auraient faites, mais simplement « par la foi en Jésus-Christ », et pourtant être totalement incapables d'expliquer ces paroles de Jacques : « Mes frères, que sert-il à quelqu'un de dire qu'il a la foi, s'il n'a pas les œuvres ? La foi peut-elle le sauver ? »
Or, comment peut-on faire face à une telle difficulté ? Nous ne comprenons pas vraiment l’apôtre Jacques. Perplexe devant la contradiction apparente entre Jacques et Paul, que doit-on faire ? Nous devons simplement appliquer le principe énoncé ci-dessus. Aucun passage de l’Écriture ne peut en contredire un autre.
Nous pouvons tout aussi bien appréhender une collision entre deux corps célestes, alors qu’ils se déplacent sur leurs orbites divinement désignées, que deux écrivains inspirés pourraient s’opposer dans leurs déclarations.
Je lis dans Romains 4 v. 5 des mots aussi clairs que ceux-ci : « … à celui qui ne fait point d'œuvre, mais qui croit en celui qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée à justice ». Ici, je trouve que les œuvres sont entièrement exclues comme base de justification, et que seule la foi est reconnue. De même, dans Romains 3 v. 28, je lis : « Car nous pensons que l'homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi ».
Et encore : « Etant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ » (Romains 5 v. 1).
L'enseignement de l'épître aux Galates est exactement semblable, car nous y lisons des paroles aussi claires que celles-ci : « Néanmoins, sachant que ce n'est pas par les œuvres de la loi que l'homme est justifié, mais par la foi en Jésus-Christ, nous aussi nous avons cru en Jésus-Christ, afin d'être justifiés par la foi en Christ et non par les œuvres de la loi, parce que nulle chair ne sera justifiée par les œuvres de la loi » (Galates 2 v. 16).
Dans tous ces passages, et dans bien d’autres qui pourraient être cités, les œuvres sont soigneusement exclues comme fondement de la justification, et cela, dans un langage si clair que nous ne pouvons pas nous tromper.
Si donc nous ne pouvons pas expliquer Jacques 2 v. 24, nous devons soit nier son inspiration, soit recourir à notre principe, à savoir qu’aucun passage de l’Écriture sainte ne peut en contredire un autre. Ainsi, nous demeurons avec une confiance inébranlable et un repos imperturbable, nous réjouissant de la grande vérité fondamentale de la justification par la foi seule, indépendamment de la loi et des œuvres.
Après avoir attiré l'attention du lecteur sur le célèbre passage de Jacques 2, il ne serait peut-être pas superflu de lui offrir, en passant, un mot ou deux d'explication qui l'aideront à le comprendre.
Il y a un petit mot au verset 14 qui fournira la clé de tout le passage. Le mot important « dire » élimine complètement toute difficulté et dévoile, de la manière la plus simple possible, le point que l’apôtre a à l’esprit. Nous pourrions le remplacer par : « Que sert-il à quelqu’un de dire qu’il a dix mille livres sterling par an, s’il ne les a pas ? »
Or, nous savons que le mot « dire » est constamment omis dans les citations de Jacques 2 v. 14. Certains ont même osé affirmer qu'il ne figure pas dans l'original. Mais quiconque sait lire le grec n'a qu'à regarder le passage, et il verra le mot « legee (dire) » placé là par le Saint-Esprit ; et laissé là par tous nos principaux rédacteurs et critiques bibliques.
Nous ne pouvons pas concevoir un mot d’une importance plus vitale dans un passage. Son influence, croyons-nous, se fait sentir dans tout le contexte dans lequel il apparaît : « Il ne sert à rien qu’un homme dise simplement qu’il a la foi ; mais s’il l’a vraiment, cela lui « profite » pour le temps et l’éternité. Cela, dans la mesure où ceci le relie au Christ et le met en possession complète et inaliénable de tout ce que le Christ a fait et de tout ce qu’il est pour nous devant Dieu ! »
Ceci nous amène à un autre point, qui contribuera grandement à dissiper la contradiction apparente entre les deux apôtres inspirés, Paul et Jacques. Il y a une différence très importante entre les œuvres de la loi et les œuvres de la vie. Paul exclut jalousement les premières, Jacques insiste tout aussi jalousement sur les secondes. Mais, notons bien que Paul exclut seulement les premières, tout comme Jacques insiste sur les secondes.
Les actes d’Abraham et de Rahab n’étaient pas des œuvres de la loi, mais des œuvres de la vie. C’étaient les véritables fruits de la foi, sans lesquels ils n’auraient possédé aucune vertu justificatrice.
Il est digne de remarquer que, dans l’histoire qui s’étend sur quatre mille ans, le Saint-Esprit a choisi deux œuvres telles que celle d’Abraham dans Genèse 22 et celle de Rahab dans Josué 2. Il ne cite pas quelques actes de charité ou de bienfaisance, bien qu’il aurait pu certainement en choisir beaucoup parmi la masse immense de documents qui lui étaient présentés.
Mais, comme s’il anticipait l’usage que l’ennemi ferait du passage qui nous est maintenant présenté, il prend soin de choisir deux illustrations de sa thèse qui prouvent, sans l’ombre d’un doute, qu’il insiste sur les œuvres de la vie et non sur les œuvres de la loi. Il laisse entièrement intacte la doctrine inestimable de la justification par la foi, en dehors des œuvres de la loi.
Enfin, si quelqu’un se sent disposé à s’interroger sur la différence entre les œuvres de la loi et les œuvres de la vie, la réponse est simple : « les œuvres de la loi sont celles qui sont faites pour obtenir la vie ; les œuvres de la vie sont les fruits authentiques de la vie que nous possédons ! »
Comment obtenons-nous la vie ? En croyant au Fils de Dieu : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie » (Jean 5 v. 24).
« Nous devons avoir une vie abondante avant de pouvoir faire quoi que ce soit ; et nous obtenons la vie, non pas en « disant » que nous avons la foi, mais en l'ayant réellement ; et quand nous l'aurons, nous en manifesterons les précieux fruits, à la gloire de Dieu ! »
Ainsi, non seulement nous croyons implicitement que Paul et Jacques doivent s’harmoniser, mais nous pouvons clairement voir qu’ils le sont vraiment. Après avoir ainsi cherché à définir et à illustrer notre principe, nous vous laisserons le soin de l'appliquer dans les divers cas de difficulté et de perplexité qui se présentent aux lecteurs dans l'étude des Écritures.
Autres passages.
1. La première citation est tirée de la deuxième épître de Pierre : « Il y a eu parmi le peuple de faux prophètes, et il y aura de même parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses, et qui, reniant le maître qui les a rachetés, attireront sur eux une ruine soudaine » (2 Pierre 2 v. 1).
La difficulté de ce passage vient, supposons-nous, de l’expression : « reniant le maître qui les a rachetés ». Mais il n’y a en réalité aucune difficulté dans ces mots. Le Seigneur a un double droit sur chaque homme, femme et enfant, qui se trouve sous la voûte céleste. Il a un droit fondé sur la création, et un droit fondé sur la rédemption.
C’est à ce dernier que l’apôtre fait référence. Les faux docteurs ne renieront pas simplement le Seigneur qui les a créés, mais même le Seigneur qui les a rachetés. Il est important de comprendre cela.
Cela aidera à dissiper de nombreuses difficultés. Le Seigneur Jésus a un droit acquis sur chaque membre de la famille humaine. Le Père lui a donné pouvoir sur toute chair. De là, le péché de ceux qui le renient. Ce serait un péché de le nier comme Créateur ; c'est un péché plus grand de le nier comme Rédempteur.
Il ne s'agit pas du tout de régénération. L'apôtre ne dit pas : « Reniant le Seigneur qui les a vivifiés ». Ce serait en effet une difficulté, mais tel que le passage est rédigé, il laisse entièrement intacte la vérité de la persévérance finale.
2. Le deuxième passage se trouve à la fin du même chapitre, aux versets 20 et 22 : « En effet, si, après s'être retirés des souillures du monde, par la connaissance du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, ils s'y engagent de nouveau et sont vaincus, leur dernière condition est pire que la première… Il leur est arrivé ce que dit un proverbe vrai : Le chien est retourné à ce qu'il avait vomi, et la truie lavée s'est vautrée dans le bourbier ».
La diffusion de la connaissance des Écritures et de la lumière évangélique, exerce souvent une influence étonnante sur la conduite et le caractère de personnes, qui n’ont jamais connu le salut de l’Évangile du Christ. En fait, il est difficile de prêcher un Évangile gratuit, sans produire des résultats qui se révéleront être bien loin de la vérité issue de la nouvelle naissance.
On peut abandonner bien des habitudes grossières, mettre de côté bien des souillures charnelles, sous l’influence d’une connaissance intellectuelle du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ ; et en même temps, avoir un cœur qui n’a jamais été réellement atteint en profondeur de manière salutaire. Or, on constatera invariablement que, lorsque les personnes se débarrassent de l’influence de la lumière de Dieu, elles sont sûres de plonger dans des profondeurs de mal plus grandes, et dans des excès de mondanité et de folie plus grands que jamais ; « leur fin est pire que la première ».
D’où l’urgente nécessité d’insister auprès de tous ceux avec qui nous avons affaire, sur l’importance de faire en sorte que la connaissance de la vérité n’affecte pas seulement leur conduite extérieure, mais atteigne surtout le cœur ; et leur communique cette vie qui, une fois possédée, ne peut jamais être perdue.
Il n’y a rien dans ce passage qui puisse effrayer les brebis de Christ ; mais surtout pour avertir ceux qui, même s'ils peuvent revêtir pendant un temps l'apparence extérieure de moutons, n'ont jamais été, intérieurement, autre chose qu’un pécheur qui doit se repentir.
3. Ézéchiel 18 v. 24 et 26 : « Si le juste se détourne de sa justice et commet l'iniquité, s'il imite toutes les abominations du méchant, vivra-t-il ? Toute sa justice sera oubliée, parce qu'il s'est livré à l'iniquité et au péché ; à cause de cela, il mourra… ».
« Si le juste se détourne de sa justice et commet l'iniquité, et meurt pour cela, il meurt à cause de l'iniquité qu'il a commise ». Nous pouvons relier à cela votre référence à 2 Chroniques 15 v. 2 : « L'Eternel est avec vous quand vous êtes avec lui ; si vous le cherchez, vous le trouverez ; mais si vous l'abandonnez, il vous abandonnera ».
Ces passages de l’Écriture, ainsi que d’innombrables autres passages de l’Ancien Testament, ainsi que des passages similaires du Nouveau Testament, nous dévoilent le sujet profondément important du gouvernement moral de Dieu. Or, être simplement un sujet du gouvernement de Dieu est une chose ; être un sujet de sa grâce immuable en est une autre. Nous ne devrions jamais les confondre.
Développer ce point et renvoyer aux divers passages qui l’illustrent et le renforcent demanderait un volume entier. Nous ne voulons ici qu’ajouter notre pleine conviction que personne ne peut comprendre la Parole de Dieu, s’il ne fait pas une distinction précise entre l’homme sous le gouvernement, et l’homme sous la grâce.
Dans le premier cas, on le considère comme marchant ici-bas, dans la position de responsabilité et de danger ; dans l’autre, on le considère comme associé au Christ dans la position de privilège inaliénable et de sécurité éternelle. Ces deux passages de l’Ancien Testament sont entièrement gouvernementaux, et, par conséquent, n’ont rien à voir avec la question de la persévérance finale.
4. Matthieu 12 v. 45 : « Il s'en va, et il prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui ; ils entrent dans la maison, s'y établissent, et la dernière condition de cet homme est pire que la première. Il en sera de même pour cette génération méchante ».
La dernière phrase de ce passage explique parfaitement tout le contexte. Notre Seigneur décrit la condition morale du peuple juif. L’esprit d’idolâtrie avait quitté le peuple juif, mais seulement pour un temps, et pour revenir avec une énergie et une intensité sept fois supérieures, rendant leur dernier état pire, de loin, que tout ce qui s’est produit jusqu’à présent dans leur histoire la plus merveilleuse.
Ce passage, pris d’une manière secondaire, peut être très intelligemment appliqué à un individu qui, après avoir subi un certain changement moral et montré une certaine amélioration dans sa conduite extérieure, retombe ensuite en arrière et devient plus ouvertement corrompu et vicieux que jamais.
5. 2 Jean 1 v. 8 et 9 : « Prenez garde à vous-mêmes, afin que vous ne perdiez pas le fruit de votre travail, mais que vous receviez une pleine récompense. Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n'a point Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils ».
Au verset 8, l'apôtre exhorte la dame élue et ses enfants à prendre garde à eux-mêmes, de peur qu'il ne perde, d'une manière ou d'une autre, quelque chose du fruit de son ministère.
Ils devaient faire partis de sa récompense au jour de gloire à venir, et il désirait les présenter sans faute, en présence de cette gloire, afin que sa récompense soit complète.
Le verset 9 n'a pas besoin d'explication, il est solennellement clair. Si l'on ne demeure pas dans la doctrine de Christ, nous n’avons rien. Laissez échapper la vérité concernant Christ, et vous n’avez aucune sécurité pour quoi que ce soit. Le chrétien a très certainement besoin de marcher avec vigilance, afin d’échapper aux multiples pièges et tentations qui l’entourent.
Mais est-ce que cette vigilance est mieux favorisée en posant ses pieds sur le sable mouvant de ses propres actions, ou en les fixant fermement sur le roc du salut éternel de Dieu ? Suis-je dans une position plus favorable pour exercer la vigilance et la prière, tout en vivant dans le doute et la crainte perpétuels, ou en me reposant dans une confiance naïve dans l'amour immuable de mon Dieu Sauveur ?
6. Apocalypse 3 v. 11 : « Je viens bientôt. Retiens ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne ».
Deux choses doivent être considérées ici, à savoir, premièrement, qu'il s'agit d'un discours à une assemblée ; et, deuxièmement, il n'est pas dit : « Que personne ne prenne ta couronne de vie ! »
Un serviteur peut perdre sa récompense ; mais un enfant ne peut jamais perdre sa vie éternelle. Si l’on tient compte de cela, on élimine une foule de difficultés. La filiation est une chose ; le discipulat* en est une autre. La sécurité en Christ est une chose ; le témoignage pour Christ en est une autre.
*NDLR : « Un disciple se définit par le fait de marcher sur les traces d'un d'autre, qui adhère à sa vision par toute sa vie, et qui l'aide à la répandre. Le discipulat chrétien est le processus par lequel les disciples du Seigneur Jésus-Christ apprennent à ressembler davantage à leur Maître. Ils sont équipés par le Saint-Esprit, qui demeure dans leur cœur, pour résister aux pressions et épreuves de la vie présente. Pour cela, nous devons nous soumettre à l'appel du Saint-Esprit à examiner nos pensées, nos paroles et nos actes à la lumière de la Parole de Dieu. Nous devons porter notre croix et renoncer à nous-même : « Alors Jésus dit à ses disciples : Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive » (Matthieu 16 v. 24) ! »
Si notre sécurité dépendait de notre témoignage, notre filiation de notre discipulat, où serions-nous ? Il est vrai que plus je connais ma sécurité et que je jouis de ma filiation, plus mon témoignage sera efficace et plus mon discipulat sera fidèle, mais ces choses ne doivent jamais être confondues.
En conclusion, que le Seigneur établisse nos âmes de plus en plus fermement dans sa propre vérité, et nous préserve dans son royaume céleste, à la gloire de son saint nom !
Amen.