8.La perfection chrétienne : qu’est-ce que c’est ?
Fondamentaux bibliques.1 - Il y a peu d’étudiants réfléchis du Nouveau Testament qui n’aient pas, à un moment ou à un autre, été quelque peu hésitants quant à la véritable portée et à l’application du mot « parfait », qui revient fréquemment.
Ce mot est utilisé dans des contextes si divers qu’il est extrêmement important que nous sachions clairement ce que le Saint-Esprit entend par là, dans chaque cas particulier. Nous croyons que le contexte nous guidera, d’une manière générale, pour bien comprendre le sens et l’application du mot dans un passage donné. Nous savons que le sujet de la « perfection chrétienne », a donné lieu à de nombreuses querelles et controverses théologiques ; mais nous devons d’emblée assurer à nos lecteurs que nous n’avons nullement l’intention d’aborder la question de manière controversée. Nous nous contenterons de signaler les divers passages du Nouveau Testament où le mot « parfait » apparaît, avec quelques-uns des principaux exemples de son utilisation.
L’état de notre conscience.
Nous ne suivrons pas l’ordre dans lequel le mot apparaît, mais plutôt en fonction du besoin réel de nos vies. De cette façon, nous découvrirons que le premier grand aspect de la perfection chrétienne nous est présenté au neuvième verset du neuvième chapitre de l’épître aux Hébreux, et peut être appelé perfection, quant à l’état de la conscience.
« C'est une figure pour le temps actuel, où l'on présente des offrandes et des sacrifices qui ne peuvent rendre parfait sous le rapport de la conscience celui qui rend ce culte… » (v. 9). L’apôtre, dans ce passage, établit un contraste entre les sacrifices sous l’économie mosaïque et le sacrifice du Christ. Les premiers ne pouvaient jamais donner une conscience parfaite, simplement parce qu’ils étaient imparfaits en eux-mêmes.
Il était impossible que le sang d’un taureau ou d’un bouc ne puisse jamais donner une conscience parfaite. Il pouvait servir pendant un jour, un mois ou une année, mais pas plus longtemps.
Par conséquent, la conscience d’un adorateur Juif n’était jamais parfaite. Il n’avait pas, si nous pouvons employer cette expression, atteint son but moral quant à l’état de sa conscience. Il ne pouvait jamais dire que sa conscience était parfaitement purifiée, parce qu’il n’avait pas encore atteint un sacrifice parfait.
Mais pour le fidèle chrétien, c’est différent. Dieu soit béni. Il a atteint son but moral. Il est arrivé à un point, en ce qui concerne l’état de sa conscience, au-delà duquel il lui est absolument impossible d’aller au-delà du sang de Jésus-Christ. Il est parfait quant à sa conscience.
Tel est le sacrifice, telle est la conscience qui repose sur lui. Si le sacrifice est imparfait, la conscience le sera aussi. Ils tiennent ou tombent ensemble. Rien ne peut être plus simple, rien de plus solide, rien de plus consolant pour une conscience éveillée. Ce n’est pas du tout une question de savoir qui je suis ; c’est une question qui a été pleinement et pour toujours réglée.
J’ai été découvert, jugé et condamné en moi-même : « En moi, c’est-à-dire dans ma chair, n’habite aucun bien… » (Romains 7 v. 18). Je suis arrivé au bout de moi-même, et là, j’ai atteint le sang de Christ. Que pourrait-on ajouter à ce sang si précieux ? Rien. Je suis parfait quant à l’état de ma conscience. Je ne veux pas d'une ordonnance, d'un sacrement, d'une cérémonie pour parfaire l'état de ma conscience. Dire cela, penser cela, ce serait jeter le déshonneur sur le sacrifice du Fils de Dieu.
Le lecteur fera bien de saisir ce point de base. S’il y a quelques obscurités ou incertitudes à ce sujet, il sera totalement incapable de comprendre ou d’apprécier les divers aspects de la « perfection chrétienne », que nous allons maintenant passer en revue. Il est tout à fait possible que de nombreuses personnes pieuses, ne jouissent pas de l’ineffable bénédiction d’une conscience parfaite à cause de leur individualisme.
Elles se regardent en elles-mêmes et n’y trouvent rien sur quoi appuyer leur foi, qui ne l’a jamais fait ? Elles considèrent comme présomptueux de penser être parfaits sous quelque rapport que ce soit. C’est une erreur. C’est peut-être une erreur pieuse, mais c’est une erreur. Si nous devions parler de la perfection dans la chair (ce à quoi beaucoup, hélas, aspirent en vain), alors oui, en vérité, la vraie piété pourrait reculer avec horreur, devant cette chimère présomptueuse et stupide.
Mais grâce à Dieu, notre thème n’est pas la perfection dans la chair, par un quelconque processus d’amélioration morale, sociale ou religieuse. Ce serait un travail pauvre, ennuyeux et déprimant. Ce serait nous amener à chercher la perfection dans l’ancienne création (notre âme, notre vieille nature), où règnent le péché et la mort.
Chercher la perfection au milieu de la poussière de l’ancienne création serait une tâche sans espoir. Et pourtant, combien de chrétiens sont engagés dans cette voie. Ils cherchent à améliorer l’homme et à vouloir réparer le monde.
C'est là notre thèse, et nous voulons que le lecteur anxieux la comprenne dans sa simplicité, afin qu'il puisse voir le fondement solide de sa paix, posé par la main même de Dieu. Nous voulons qu'avant de mettre de côté ces quelques lignes, il entre dans la joie du sentiment de ses péchés parfaitement pardonnés, et de sa conscience parfaitement purifiée par le sang de Jésus.
Toute l'affaire tourne autour de la question du sacrifice. Qu'a trouvé Dieu dans ce sacrifice ? La perfection. Eh bien, cette perfection est pour toi, qui est soucieux dans ta conscience. Reçois là comme un don, et tu en jouiras immédiatement et pour toujours.
Rappelez-vous, la question n’est pas de savoir qui vous êtes, ni ce que vous pensez du sang de Christ. Non, la question est : « que pense Dieu du sang de son propre Fils ? » Cela rend tout très clair. Il faut que chacun détourne ses yeux de lui-même, pour les fixer sur l’œuvre de Christ.
Dites, est-ce clair pour vous ? Pouvez-vous maintenant vous y reposer ? Votre conscience est-elle libérée par le contact avec un sacrifice parfait ? Oh, qu’il en soit ainsi. Puisse l’Esprit de Dieu vous montrer maintenant la plénitude et la perfection de l’œuvre expiatoire de Christ, avec une telle clarté, une telle vivacité et une telle puissance, que tout votre être puisse être émancipé, et que votre cœur soit rempli de louanges et d’actions de grâces.
Le cœur du Seigneur saigne, à la pensée des milliers d’âmes précieuses maintenues dans les ténèbres et l’esclavage, alors qu’elles devraient marcher dans la lumière et la liberté qui découlent d’une conscience parfaitement purifiée.
Tant de choses ont été ajoutées au simple témoignage de la Parole et de l’Esprit de Dieu, quant à la valeur de l’œuvre du Christ, qu’il est totalement impossible au cœur d’être libéré. Vous recevrez un peu de Christ et un peu de vous-même ; un peu de grâce et un peu de loi ; un peu de foi et un peu d’œuvres.
Ainsi, l’âme est maintenue en suspens entre la confiance et le doute, entre l’espoir et la crainte, selon que l’un ou l’autre de ces ingrédients prédomine dans sa vie. Combien est rare, une présentation équilibrée du joyau du salut complet, gratuit, présent et éternel. Nous voudrions faire briller ce joyau de tout son éclat, divin et céleste, sous le regard du lecteur en cet instant.
Alors les chaînes de son esclavage spirituel tomberont. Si le Fils le rend libre, il sera réellement libre et pourra ainsi s’élever dans la puissance de cette liberté, et fouler le système juridique de la loi sous ses pieds.
Plus nous réfléchissons à la question qui nous occupe maintenant – et nous avons beaucoup réfléchi sur la question – plus nous sommes convaincus que le véritable secret de toute l’erreur, de la confusion et de la perplexité dans lesquelles tant de gens sont plongés à ce sujet, réside dans le fait qu’ils ne comprennent pas clairement la mort et la résurrection du Seigneur Jésus-Christ : la nouvelle naissance, la nouvelle création.
Si cette grande vérité était seulement saisie avec puissance, elle clarifierait tout quant à l’état de la conscience. Tant que je cherche à apaiser ma conscience en m’efforçant de m’améliorer moi-même, je serai soit malheureux, soit trompé moi-même. Peu importe le moyen que j’adopte pour mener à bien ce processus ; le résultat doit être le même.
Si je tente d’embrasser la profession de foi chrétienne dans le but de m’améliorer – d’améliorer ma vieille nature ou de réparer ma condition dans l’ancienne création – je suis totalement ignorant sur la béatitude d’une conscience parfaite : « Toute chair est comme l’herbe… » (1 Pierre 1 v. 24).
L’ancienne création (notre vieille nature) est sous l’influence desséchante du péché et de sa malédiction. Le Christ ressuscité est le chef de la nouvelle création : « la tête du corps de l'Eglise » ; « le commencement de la création de Dieu » ; « le premier-né d'entre les morts » (Colossiens 1 v. 18).
Voilà bien la perfection de la conscience. Que me faut-il de plus ? Je vois celui qui fut pendu à la croix, chargé de tout le poids de mes péchés, couronné de gloire et d’honneur à la droite de Dieu, au milieu de la majesté du ciel. Que puis-je ajouter à cela ? Ai-je besoin d’ordonnances, de rites, de cérémonies ou de sacrements ? Certainement pas. Je n’ose rien ajouter à la mort et à la résurrection du Fils éternel de Dieu. Les ordonnances du baptême et de la sainte cène symbolisent et célèbrent cette grande réalité spirituelle.
Mais quand, au lieu d’être utilisées pour symboliser et célébrer la mort et la résurrection, elles sont utilisées pour les remplacer – utilisées comme des béquilles pour le vieil homme (notre vieille nature) – elles doivent être considérées comme un piège et une malédiction.
Nous aimerions insister sur ce premier point en raison de son importance immense à notre époque, d’ordonnances, de religion traditionnelle et de perfectionnement personnel à coup de doctrine. Nous aimerions le méditer, l’élaborer, l’illustrer et le mettre en valeur, afin que le lecteur puisse en avoir une compréhension claire, complète et audacieuse.
Nous attendons de Dieu le Saint-Esprit, qu’il accomplisse son propre travail dans ce domaine ; et s’il amène gracieusement le cœur sous la puissance de la vérité qui a été si faiblement dévoilée, alors il y aura à la fois la capacité et le loisir d’examiner le deuxième grand aspect de la perfection chrétienne, à savoir la perfection quant à l’objet du cœur.
Ici encore, nous sommes introduits dans la nouvelle création. Le Christ est mort pour me donner une conscience parfaite. Il vit pour me donner un objet parfait. Mais il est très clair que tant que je n’aurai pas goûté à la profonde béatitude de la première, je ne pourrai jamais m’occuper convenablement de la seconde.
Il me faut une conscience parfaite avant que mon cœur puisse se consacrer librement à la recherche de la personne du Christ. Combien peu d’entre nous goûtent réellement la douceur de la communion avec un Christ ressuscité. Combien peu d’entre nous connaissent cette fixation du cœur sur lui comme notre objet suprême, absorbant et indivisible. Nous sommes si souvent occupés par nos propres affaires, selon nos propres raisonnements.
Le monde s’insinue, d’une manière ou d’une autre ; nous vivons dans notre vieille nature ; nous respirons l’atmosphère – l’atmosphère sombre, lourde et trouble – de l’ancienne création ; nous nous laissons aller à notre moi ; et ainsi, notre vision spirituelle s’obscurcit. Nous perdons notre sens de la paix, l’âme est troublée, le cœur détraqué, le Saint-Esprit attristé, la conscience troublée.
Dès que notre œil se détourne du Christ, l’obscurité s’installe inexorablement. Une obscurité qui, d’une certaine manière, peut souvent être ressentie. Ce n’est que lorsque l’œil est saint que le corps est rempli de lumière. Et qu’est-ce qu’un œil unique et saint, sinon avoir le Christ pour unique objet ?
C’est ainsi que la lumière divine se déverse en nous, jusqu’à ce que chaque chambre de notre être moral soit illuminée, et que nous devenions des lumières pour les autres.
De cette façon, l’âme est heureusement préservée de l’obscurité, de la perplexité et de l’anxiété. Elle trouve toutes ses sources dans le Christ. Elle est indépendante du monde et peut avancer en chantant :
« Dans ce nom se trouvent le salut, un remède à mon chagrin, à mes soucis et à ma culpabilité ; un baume guérisseur pour chaque blessure : tout, tout ce que je veux est là ! »
Il est impossible de décrire avec des mots la puissance et la bénédiction d'avoir Jésus, toujours présent à notre cœur comme objet. C'est la perfection, comme nous le voyons dans Philippiens 3 v. 15, où l'apôtre dit : « Nous tous donc qui sommes parfaits, ayons cette même pensée ; et si vous êtes en quelque point d'un autre avis, Dieu vous éclairera aussi là-dessus » (Philippiens 3 v. 15).
Lorsque Christ se tient dans notre cœur comme notre seul sujet de recherche, absorbant et satisfaisant, nous avons atteint notre but moral en ce qui concerne un objet. Comment pourrions-nous aller au-delà de la personne du Christ, en qui habite corporellement toute la plénitude de la Divinité, et en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance ?
Impossible. Nous ne pouvons pas aller au-delà du sang du Christ pour la conscience, ni au-delà de la personne du Christ pour le cœur ; nous avons donc atteint notre but moral dans les deux cas ; nous avons la perfection quant à l’état de la conscience et quant à l’objet du cœur.
Ici donc, nous avons à la fois la paix et la puissance, la paix pour la conscience et la puissance sur nos affections. C’est lorsque la conscience trouve un doux repos dans le sang, que nos affections peuvent trouver leur pleine liberté dans la personne de Jésus.
Qui peut dévoiler les puissants résultats moraux de la contemplation du Christ ? « Nous tous qui, le visage découvert, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l'Esprit » (2 Corinthiens 3 v. 18).
Avez-vous noté ? « En contemplant… nous sommes transformés ». Il n’y a pas d’esclavage religieux, pas d’efforts incessants, pas de labeur anxieux. Nous regardons, et regardons encore, et, que se passe-t-il alors ? Tandis que nous regardons, nous devenons moralement assimilés à l’objet béni, par la puissance transformatrice du Saint-Esprit. L’image du Christ est gravée dans notre cœur et se reflète de mille façons dans notre vie, dans tout notre être, jour après jour.
Lecteur, souviens-toi que c’est là la seule idée vraie du christianisme. C’est une chose d’être religieux, c’en est une autre d’être chrétien. Paul était religieux avant sa conversion, mais il est devenu chrétien après. Il est bon de le concevoir. Il y a beaucoup de religion dans l’Église, de courants de pensées, mais hélas, combien peu de vrai christianisme. Et pourquoi ? Simplement parce que le Christ n’est pas connu comme il le devrait. Il n’est pas aimé par notre obéissance à ses commandements, il n’est pas pris sérieusement en considération. Il n’est pas recherché comme un trésor, comme il se doit.
Et même là où l’on croit à son œuvre pour le salut – là où l’on fait confiance à son sang pour le pardon et la paix – combien on le connaît ou on pense à lui plus que le minimum vital. Nous sommes tout à fait prêts à accepter le salut par la mort de Jésus, mais combien nous nous éloignons après de sa personne bénie, dans une consécration fade de nos vies.
Combien peu il occupe sa véritable place dans nos cœurs.
C’est une perte grave. En effet, la pâle lumière vacillante des chrétiens moderne est le fruit de l’éloignement « Laodicéen » du Christ, lui, le soleil central du christianisme. Comment peut-il y avoir de la lumière, de la chaleur ou de la fécondité, si nous errons dans les voûtes sombres et les tunnels obscurs des plaisirs de ce monde, de sa philosophie de vie et de ses divertissements ?
Et même lorsque nous faisons du salut notre objectif – lorsque nous sommes occupés par notre condition spirituelle, nous nourrissant de nos expériences et prenant soin de nos structures religieuses – nous devenons faibles et vils, dans la mesure où ces choses ne sont certainement pas la représentation et la manifestation de la personne vivante de Christ.
Il y a beaucoup de gens qui se sont retirés du monde, qui ont abandonné ses fêtes perverses, ses théâtres, ses expositions, ses concerts, ses expositions de fleurs, ses évènements sportifs, ses innombrables et innombrables vanités ; et qui, pourtant, n’ont pas trouvé leur but dans un Christ ressuscité et glorifié.
Ils se sont retirés du monde, mais se sont repliés sur eux-mêmes. Ils cherchent un but dans leur religion et non pas en Christ. Ils s’adonnent à des formes de piétisme émanant de leur propre sagesse. Ils se nourrissent des œuvres d’une conscience morbide ou d’un esprit superstitieux ; ou bien, ils sont nostalgiques de leurs expériences d’hier.
Or, ces personnes sont tout aussi éloignées du bonheur, aussi éloignées de la vraie idée du christianisme, que les pauvres chasseurs de plaisirs de ce monde. Il est tout à fait possible de renoncer à la chasse aux plaisirs et de devenir un religieux morose, un mystique morbide et mélancolique, un pessimiste spirituel.
Qu’est-ce que je gagne à changer ? Rien ; à moins que ce ne soit une énorme illusion. Je me suis retiré du monde qui m'entoure, pour ne pas trouver grand-chose dans le monde intérieur du christianisme légaliste : « un pauvre et faible échange ! »
Quelle différence avec le vrai chrétien ?
Il est là, une conscience apaisée et le cœur libéré, les yeux fixés sur un seul objet, Christ vivant en lui, qui absorbe toute son âme, toute son énergie.
Parlez-lui des plaisirs de ce monde, même légitime ? Demandez-lui s'il est allé à tel ou tel spectacle, même chrétien ; s’il a fait tel ou tel voyage ; s’il a gagné quelques coupes sportives ? Que vous répond-il avec calme et dignité ? Vous montrera-t-il seulement le péché et le mal dans telles ou telles choses ? Non !
Il vous dira : « J'ai tout trouvé en Christ. J'ai atteint mon but moral. Je ne veux plus d’autre chose que Christ. Je suis satisfait, rassasié, pleinement désaltéré aux sources de la vie : « celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura jamais soif, et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle » (Jean 4 v. 14) ! »
Telle est la réponse du véritable chrétien. C'est une bien mauvaise affaire que de parler du mal de ceci ou de cela. Il arrive souvent que les personnes qui parlent ainsi ne s'occupent pas de Christ, mais de leur propre réputation, de leur caractère, de leur cohérence avec eux-mêmes.
À quoi bon tout cela ? N'est-ce pas une occupation charnelle, après tout ? Ce qu'il faut, c'est garder les yeux fixés sur Christ, le contempler ; alors le cœur suivra les yeux et les pieds suivront le cœur. De cette façon, notre chemin sera comme une lumière resplendissante, brillant de plus en plus jusqu’à se perdre dans l’éclat du jour de gloire parfait et éternel.
« Que Dieu, dans son infinie miséricorde, accorde à l’écrivain et au lecteur de ces pages, de connaître davantage ce que c’est que d’être parvenu à la plénitude, tant pour notre conscience que pour notre cœur ! »
En considérant le sujet de la perfection chrétienne, il pourrait sembler suffisant de dire que le croyant est parfait dans un Christ ressuscité : « Vous avez tout pleinement en lui (vous êtes rendus accomplis en lui), qui est le chef de toute domination et de toute autorité » (Colossiens 2 v. 10).
Cela comprend certainement tout. Rien ne peut être ajouté à la perfection que nous avons en Christ. Tout cela est heureusement vrai ; mais n’est-il pas vrai que les auteurs inspirés utilisent le mot « parfait » de diverses manières ? Et n’est-il pas important que nous comprenions le sens dans lequel ce mot est utilisé ?
Nous présumons que cela ne sera à peine remis en question. Nous ne pouvons pas supposer un seul instant qu’un lecteur sérieux avec la Bible, se contenterait de rejeter la question, sans chercher dans la prière à comprendre la force exacte et la juste application du mot dans chaque passage particulier où il apparaît.
Il est clair que le mot « parfait » dans Hébreux 9 v. 9 n’est pas appliqué de la même manière que dans Philippiens 3 v. 15. Et n'est-il pas juste, n'est-il pas profitable de chercher par la lumière de l’Esprit, à comprendre cette différence ? Pour notre part, nous ne pouvons la mettre en doute ; et dans cette confiance, nous pouvons heureusement poursuivre notre examen du sujet de la perfection chrétienne, en appelant l'attention du lecteur, en troisième lieu, sur la perfection dans le principe de notre marche.
Cela nous est révélé dans Matthieu 5 v. 48 : « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait ». Comment pouvons-nous être parfaits comme notre Père céleste ? Comment pouvons-nous atteindre un niveau aussi élevé ? Nous pouvons comprendre que nous sommes parfaits quant à notre conscience, dans la mesure où cette perfection est basée sur ce que Christ a fait pour nous, et non pas sur nous-même.
Nous pouvons également comprendre que nous sommes parfaits quant à l'objectif de notre cœur, dans la mesure où cette perfection est basée sur ce que Christ est pour nous. Mais être parfaits comme notre Père céleste, semble entièrement au-dessus de nos forces.
Nous pouvons affirmer que le Seigneur ne nous demande pas des choses impossibles, n’est-ce pas ? Il ne nous donne jamais un ordre sans nous donner la grâce nécessaire pour l'accomplir. C'est pourquoi, lorsqu'il nous demande d'être parfaits comme notre Père, il est évident qu'il nous confère un saint privilège, qu'il nous investit d'une haute dignité, et c'est à nous de chercher à comprendre et à nous approprier l'un et l'autre.
Que signifie alors le fait que nous soyons parfaits comme notre Père céleste ? Le contexte de Matthieu 5 v. 48 fournit la réponse : « Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes… Soyez donc parfaits, comme votre Père qui est dans les cieux est parfait ».
Nous avons ici une belle démonstration de la perfection chrétienne, à savoir la perfection dans le principe de notre marche. Nous sommes appelés à marcher dans la grâce envers tous, et ce faisant, à devenir des imitateurs de Dieu comme des enfants bien-aimés. Notre Père envoie son soleil et ses pluies même sur ses ennemis. Il agit avec grâce envers tous, c'est notre modèle. Sommes-nous alors fermement formés sur lui ?
Cherchez et voyez. Êtes-vous parfait dans ce même principe dans votre marche chrétienne ? Agissez-vous avec grâce envers vos ennemis et ceux qui vous sont redevables ? Ou alors, exigez-vous fermement vos droits ? Ou alors, prenez-vous par principe, votre prochain à la gorge et dites-vous : « Paye-moi ce que tu me dois » (Matthieu 18 v. 28). Si c’est le cas, vous n’êtes pas « parfait comme votre Père ».
Il agit avec grâce avec vous, et vous agisseriez avec justice pour les autres ? S’il agissait à votre égard comme vous agissez pour votre prochain, le jour de la grâce se terminerait et le jour de la vengeance s’ouvrirait. S’il avait agi envers vous comme vous le faites maintenant envers les autres, vous seriez depuis longtemps dans une situation de désespoir.
Réfléchissons à cela. Veillons à ne pas dénaturer notre Père céleste. Aspirons à la perfection dans le principe de notre marche quotidienne. Cela nous coûtera quelque chose, bien sûr. Cela videra peut-être notre porte-monnaie, mais remplira notre cœur ; cela rétrécira peut-être nos ressources pécuniaires, mais cela élargira notre cercle spirituel.
« Si quelqu'un veut plaider contre toi, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Si quelqu'un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui » (Matthieu 5 v. 40).
Cela nous rapprochera de notre Père céleste. Si seulement nous en ressentions plus profondément la valeur. Si seulement nous ressentions davantage la dignité qui nous est conférée par notre appel à représenter, dans ce monde mauvais, égoïste et ténébreux, notre Père céleste, qui déverse avec profusion ses bénédictions sur les ingrats et les impies.
Il ne sert à rien de prêcher la grâce si nous ne la mettons pas en pratique. Il ne sert à rien de parler de la miséricorde de Dieu qui agit avec patience, si nous agissons avec une justice autoritaire. « Mais aimez vos ennemis, faites du bien, et prêtez sans rien espérer. Et votre récompense sera grande, et vous serez fils du Très-Haut, car il est bon pour les ingrats et pour les méchants » (Luc 6 v. 35).
Mais certains diront peut-être : « Comment pourrions-nous appliquer un tel principe ? Nous serions volés et ruinés. Comment pourrions-nous faire des affaires si nous ne faisions pas valoir nos droits ? Nous serions exploités et pillés par des gens sans scrupules et des intrigants ! »
Ce n’est pas ainsi que nous parviendrons à une conclusion juste sur le point que nous traitons. Un disciple obéissant ne dit jamais : « Comment ou pourquoi ? » La question est : « Le Seigneur Jésus m’appelle-t-il à être parfait comme mon Père céleste est parfait ? » Assurément. Eh bien, est-ce donc ce que j’espère, lorsque je convoque mon prochain devant la justice ? Est-ce être comme mon Père ? Est-ce comme cela qu’il a agi ? Non ; béni soit son nom !
Il est sur un trône de grâce. Il réconcilie le monde. Il n’impute pas les offenses. C’est assez clair. Il suffit d’une soumission totale du cœur. Inclinons nos âmes sous le poids de cette vérité très glorieuse. Puissions-nous contempler cet aspect le plus charmant de la perfection chrétienne et chercher à y parvenir. Pour cela, il est vrai qu’il nous faut toute la grâce de Dieu.
Si nous nous arrêtons pour raisonner sur les conséquences, nous n'atteindrons jamais la vérité. Ce dont nous avons besoin, c'est d’un cœur qui possède pleinement la puissance et l'autorité de la Parole. Alors, même s'il peut y avoir des échecs dans les détails, nous avons toujours une pierre de touche pour tester nos voies, et une norme à laquelle rappeler notre cœur et notre conscience.
Mais si nous raisonnons et argumentons, si nous nions que c'est notre privilège d'être parfait au sens de Matthieu 5 v. 48, nous ne pourrons jamais être affranchis par la vérité. Notre Père, lui, n’a pas recours à la justice, mais agit dans la grâce la plus absolue. Trop souvent, dans les petites ou plus grandes choses de nos vies, nous nous privons de ce modèle parfait, sur lequel notre caractère et nos voies devraient toujours être formés.
Que Dieu le Saint-Esprit nous permette de comprendre ce principe parfait, de nous y soumettre et de le mettre en pratique par sa force, dans notre vie de tous les jours. Il est très déplorable de voir les enfants de Dieu adopter dans la vie quotidienne, une ligne de conduite qui est à l’opposé de celle adoptée par leur Père céleste.
Nous devons nous rappeler que nous sommes appelés à être ses représentants vertueux. Nous sommes ses enfants par la régénération spirituelle, mais nous sommes appelés à être ses fils par l’assimilation morale à son caractère : « Faites du bien à ceux qui vous haïssent… afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ».
Des paroles frappantes. Pour que nous soyons moralement et typiquement les fils de Dieu, nous sommes appelés à faire du bien à nos ennemis. C’est ce qu’il fait, et nous sommes appelés à lui ressembler.
Le temps et l’espace nous manqueraient pour nous attarder, comme nous le voudrions, sur cette partie profondément pratique de notre sujet. Nous devons donc passer, en quatrième lieu, à l’examen de la perfection dans le caractère de notre service.
« Sois vigilant, et affermis le reste qui est près de mourir ; car je n'ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu » (Apocalypse 3 v. 2). Le lecteur doit être informé que le mot rendu ici par « parfait » n'est pas le même que celui utilisé dans les trois passages déjà mentionnés.
Il est généralement traduit par « accompli » ou « fini ». Son utilisation en référence aux œuvres de l'église de Sardes nous enseigne une leçon profondément solennelle, et qui nous fait réfléchir. Les œuvres n'étaient pas accomplies sous l'œil immédiat de Dieu. Il n'y a rien de plus dangereux pour un chrétien.
Bien des professeurs sont tombés à cause de leur réputation. Bien des serviteurs utiles ont été détruits à force de s’efforcer de conserver leur réputation. Si je me suis fait une réputation dans un domaine quelconque – comme évangéliste actif, enseignant doué, écrivain clair et attrayant, homme de prière, homme de foi, personne d’une sainteté remarquable ou d’un grand dévouement personnel, personne bienveillante – bref, je suis en danger imminent de faire naufrage.
L’ennemi me conduira de toutes ses forces à faire de ma réputation et de ma popularité, mon objectif, au lieu de placer Christ dans la pleine lumière. Je m’efforcerai de conserver un nom, un système, une dénomination, au lieu de la gloire de Christ. Je m’occuperai des pensées des hommes au lieu d’accomplir tout mon travail sous l’œil immédiat de Dieu.
Tout cela exige une vigilance intense, et une censure rigoureuse de ma part, sur l’activité de ma vieille nature religieuse. Je peux accomplir les œuvres les plus excellentes, mais si elles ne sont pas accomplies dans la sainte présence de Dieu, elles se révéleront être un véritable piège du diable. Je peux prêcher l’Évangile, visiter les malades, aider les pauvres, entreprendre toute la gamme des activités du christianisme, et ne jamais être en présence véritable de Dieu. Je peux le faire pour une dénomination, pour ma propre satisfaction. Je peux le faire parce que d’autres le font ou s’attendent à ce que je le fasse. C’est très grave.
Cela exige une prière réelle et sincère, un renoncement à soi-même sans équivoque, une proximité et une dépendance envers Dieu de chaque instant ; un objectif unique et une sainte consécration à Christ. Notre moi s’immisce continuellement en nous, nous devons le savoir, surtout dans nos activités pour Dieu.
Oh ce moi, ce moi non crucifié, qui veut gouverner et organiser, même dans les choses les plus saintes ; et pendant tout ce temps, nous pouvons donner l’apparence d’être très actifs et très dévoués. Misérable illusion. Nous ne connaissons rien de plus terrible que d’avoir un nom religieux sans vie spirituelle, sans Christ, sans le sentiment de la présence de Dieu qui possède toute notre vie.
Lecteur, examinons cela de près. Commençons, continuons et terminons notre travail sous le regard de Jésus-Christ. Cela donnera à notre service une pureté et une élévation morale inestimables. Cela ne paralysera pas notre énergie, mais tendra à élever et à intensifier notre action. Cela ne nous coupera pas les ailes, mais guidera nos mouvements.
Cela nous rendra indépendants des pensées des hommes et nous délivrera complètement de l'esclavage de la recherche d'un nom ou d'une réputation. Misérable et dégradant esclavage que cela ! Que Dieu nous en accorde une pleine délivrance : « Qu'il nous donne la grâce d'accomplir nos œuvres, quelles qu'elles soient, peu ou beaucoup, petites ou grandes, en sa présence bénie ! »
Après avoir dit tout cela à propos du caractère de notre service, nous terminerons par quelques lignes sur la perfection de notre équipement de service. « Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre ». L’homme qui connaît la Parole de Dieu et qui s’y soumet est prêt « à toute bonne œuvre ». Il n’a pas besoin d’aller se renseigner pour trouver une occasion favorable, de consulter ses autorités, de se faire une opinion sur tel ou tel sujet.
Il est prêt maintenant. Si une personne tourmentée vient, il est prêt ; si une personne curieuse vient, il est prêt ; si un sceptique vient, il est prêt ; si un infidèle vient, il est prêt. En un mot, il est toujours prêt. Il est parfaitement équipé par Dieu pour chaque occasion : « Il est propre à toute bonne œuvre ».
Que le Seigneur soit loué pour tous ces aspects de la perfection chrétienne. Que voulons-nous de plus ? La perfection dans la conscience ; la perfection dans l’objet ; la perfection dans la marche ; la perfection dans le caractère du service ; la perfection dans notre équipement.
Que reste-t-il ? Qu’attendons-nous ? Rien que cela : la perfection dans la gloire, la parfaite conformité en esprit, en âme et en corps, à l’image de notre chef glorifié dans le ciel.
Que le Seigneur travaille dans nos cœurs par son Esprit, produisant ce qui est agréable à ses yeux, afin que nous puissions demeurer « parfaits et accomplis dans toute la volonté de Dieu ! »
Amen.