Ne méprisons pas nos épreuves.3

Ne méprisons pas nos épreuves.3

Jésus nous montre le seul chemin de lumière : « Père, je remets mon esprit entre tes mains (Luc 23 v. 46) ». Signe d’un total abandon entre les mains de Dieu !

Nous avons vu dans les deux premiers volets que la vie chrétienne n’est pas un long fleuve tranquille ; et qu'être chrétien ne veut certainement pas dire absence d'épreuve, d'adversité et de souffrance, bien au contraire, mais qu’il y a une explication spirituelle à cela ! Nous avons vu quelques leçons essentielles, qui se cachent derrière nos épreuves ; et surtout un fait de Dieu très important, qui consiste à créer par moment des ténèbres dans nos vies pour un but pédagogique : « Je suis l'Éternel, et il n'y en a point d'autre. Je forme la lumière, et je crée les ténèbres, Je donne la prospérité, et je crée l'adversité ; Moi, l'Éternel, je fais toutes ces choses (Ésaïe 45 v. 6) ». Nous sommes donc invités à ne pas craindre ces moments de test, car la Bible nous confirme bien que c’est notre Dieu qui appelle à l'existence l'adversité et la souffrance, dans la vie de ses enfants. Voilà aussi pourquoi 2 Pierre 2 v. 9 nous dit que « le Seigneur sait délivrer de l'épreuve les hommes pieux ».

Nous avons vu pourquoi ces leçons sont si importantes pour notre croissance spirituelle, et pourquoi elles frappent si souvent à la porte de ceux et celles qui veulent marcher dans l’intégrité ; Dieu nous émonde afin que nous portions plus de fruit. Je ne parle pas ici du faire, mais du être ! D’une manière générale, les deux messages précédant mettent en lumière le fait que nos épreuves ont pour fonction de mettre à mort notre vieille nature, afin de nous donner la possibilité de nous revêtir de ChristNous sommes appelés à vivre une nouvelle vie d'obéissance en Lui : « En vérité, en vérité, je te le dis, quand tu étais plus jeune, tu attachais toi-même ton vêtement et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras vieux, tu étendras tes mains, et un autre te l’attachera et te mènera où tu ne voudras pas. Il dit cela pour indiquer par quelle mort Pierre glorifierait Dieu. Après avoir ainsi parlé, il lui dit : Suis-moi (Jean 21 v. 18 et 19) ».

Quelle belle invitation à renoncer à notre « moi » ; abandonner ce désir humain de toujours vouloir être maître de sa propre vie, d’accepter par la foi de renoncer à soi-même, et de porter tous les jours sa croix, par amour pour notre Maître. Que la lumière céleste éclaire puissamment nos cœurs, et nous aide à comprendre que nos épreuves nous indiquent par « quelle mort » nous pourrons, nous-aussi, glorifier Dieu : « La mort de notre vieille nature ». Ah, si ce message pouvait retentir tout à nouveau dans les familles chrétiennes. Ne plus vivre selon notre propre volonté, pour nous-mêmes, ramenant tout à soi pour notre propre jouissance ; ne plus privilégier nos sentiments et émotions, notre connaissance doctrinale ; mais laisser Christ vivre et régner en nous, afin d’expérimenter cette union parfaite avec notre Père : « Si nous sommes devenus une même plante avec Lui par la conformité à Sa mort, nous le serons aussi par la conformité à Sa résurrection (Romains 6 v. 5) ».

Notre union avec Christ implique que nous sommes des disciples crucifiés, morts, ensevelis, ressuscités, élevés, et assis dans les lieux célestes ; disciples d’un Christ crucifié, mort, enseveli, ressuscité, élevé, et assis dans les lieux célestes. Cette réalité ne peut venir de nos propres efforts, et doit être créé par le St-Esprit dans nos vies. C’est seulement après avoir été disciplinés par les épreuves que nous pourrons « suivre avec nos pieds des voies droites, afin que ce qui est boiteux ne dévie pas, mais plutôt se raffermisse (Hébreux 12 v. 13) ». Si nous désirons suivre le Christ à travers tous ces niveaux spirituels évoqués, et devenir de véritables disciples, alors la croix doit être opérante dans notre vie, car : « Quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suis pas, ne peut être mon disciple (Luc 14 v. 27) ».

Il n’y pas que l’appel de Dieu pour le service qui compte au cœur de Dieu, il y a aussi celui de mourir à soi-même ; l’un ne va pas sans l’autre. Ce n’est pas un sujet optionnel ou secondaire : Il est l'essence même de la vie chrétienne ; tout commence à la croix et tout termine à la croix. Personne ne peut suivre le Christ et prétendre à la vie de résurrection s'il n'est pas prêt à s’identifier à Christ crucifié ; s’il n’est pas disposé à crucifier son ancienne nature, sa propre volonté : « Celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n'est pas digne de moi (Matthieu 10 v. 38) ». Ne pas supporter l’adversité par la foi, avec la souffrance qui s’y rattache, équivaut à négliger sa propre croissance spirituelle. Nous sommes nombreux à vouloir régner avec Christ, mais sommes-nous prêts à souffrir avec Lui ? « Mon but est de le connaître, lui, ainsi que la puissance de sa résurrection et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort (Philippiens 3 v. 10) ».

Le Seigneur ne cesse de nous rappeler « que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu (même nos fournaises), de ceux qui sont appelés selon son dessein (Romains 8 v. 28) ». Toutes adversités concourent à mon bien, parce que toutes concourent à me rendre conforme à l’image de Christ. Je veux vous entretenir d’un danger qui nous guette tous :

La tentation de mépriser nos épreuves.

« Jésus s'étant mis à genoux, il pria, disant : Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe ! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne. Alors un ange lui apparut du ciel, pour le fortifier (Luc 22 v. 42 et 43) ». Lorsque Jésus parle ainsi : « Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe ! ». En fait, Jésus nous parle ici de nous-mêmes ; Il nous montre que dans notre humanité, nous ne sommes pas disposés à affronter la souffrance de la croix que notre Père dispose dans notre vie. « Éloigne de moi cette coupe », signifie que notre vieille nature fera tout ce qui est en son pouvoir, pour que la souffrance de la mort à soi-même soit écartée. Si notre évangile consiste à utiliser l’Esprit-Saint pour éviter l’œuvre de la croix, jamais nous ne parviendrons « à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ (Éphésiens 4 v. 13) ».

Jésus nous rappelle que notre humanité ne veut pas mourir ; et que toute notre vie sera confrontée à ce chemin d’opposition, entre la chair et l’esprit, entre notre volonté et celle de Dieu qui nous appelle au sacrifice de notre vie. Durant toute notre marche chrétienne, le Seigneur placera devant nous deux chemins, celui de la croissance spirituelle, et celui de la stagnation dans le désert de notre chair.

L'apôtre Paul priera trois fois pour être guéri d'une écharde dans sa chair ; il reçut comme réponse de la part de Jésus : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse (2 Corinthiens 12 v. 9) ». Il dû lui-aussi céder à l’œuvre de la croix dans sa vie, et particulièrement au sujet de sa santé. Il dut renoncer à sa propre volonté et accepter que cette écharde le discipline et l’affaiblisse, cela pour le préserver de l'orgueil. Affaibli par son Dieu, l'Apôtre Paul continua pourtant une œuvre d'évangélisation puissante à travers le monde, en toute humilité.

Nous voyons l’inutilité de chercher à manifester la puissance de Dieu pour le service, sans avoir au préalable été discipliné. Nous risquerions alors d’essuyer de grande pertes ; c’est toute la leçon de Matthieu 9 v. 17 : « On ne met pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement, les outres se rompent, le vin se répand, et les outres sont perdues ; mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le vin et les outres se conservent ». Dieu veut que tous ceux qui désirent Sa puissance pour Le glorifier soient d’abord affaiblis et vidés de leur chair ; comme Jacob lors de son combat contre l’ange.

La Bible désigne cela comme étant le brisement du grain de blé tombé en terre. L’objectif de la faiblesse de l’apôtre Paul, avec sa souffrance, a été d’ouvrir le passage à la puissance de Dieu à travers sa vie. Mourir à soi-même, c’est devenir une « outre neuve » par la puissance de résurrection du Christ. Lorsque meurt ma vieille nature, c’est comme la croute terrestre qui craquelle et qui s’ouvre petit à petit ; laissant apparaitre le magma embrasé, qui embrase tout sur son passage. Lorsque le grain de blé meurt, le feu de la Pentecôte est libéré sur la terre afin de répandre le royaume de Dieu.

Face au choix crucial entre la chair et l’esprit, Jésus prendra la décision de ne pas s’écouter : « Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne ». Le renoncement à soi-même est la clé de la victoire ; car tant que notre âme nous domine, avec sa propre volonté, sa connaissance intellectuelle, ses émotions, l’œuvre de la croix ne pourra pas nous entrainer dans la plénitude de la vie de résurrection. L'important pour les croyants n'est pas de disséquer et de théologiser l’œuvre de la crucifixion ; mais bien de la vivre jusqu’au tréfonds de leur âme, et d’être animé des mêmes pensées d’obéissance et de sacrifice de Jésus.

C’est cet engagement qui va nous permettre à nous-aussi d'accepter courageusement tous les « Gethsémané (pressoir à huile) », qui se présenteront à nous. Le Seigneur nous exhorte continuellement à accepter de porter chaque jour notre croix, durant toute notre vie ; à chercher auprès de Lui l’enseignement dont nous avons besoin, et à suivre son exemple afin qu’Il puisse nous transmettre Sa formidable victoire sur la malédiction héritée d’Adam et de Ève.

Voici une citation de Stephen Charnock

« La patience est la soumission à la souveraineté de Dieu. Subir l’épreuve simplement parce que nous ne pouvons l’éviter ou y résister n’a rien à voir avec la patience chrétienne. Par contre, se soumettre humblement parce que c’est la volonté de Dieu d’infliger l’épreuve, et demeurer silencieux à cause de la souveraineté de Dieu qui l’ordonne -voilà ce qu’est la vraie patience. L’âme humble cherche davantage à glorifier Dieu dans l’affliction plutôt que de chercher à en sortir ».

La tentation de mépriser la correction du Seigneur.

« Mon fils, ne méprise pas la correction de l'Eternel, Et ne t'effraie point de ses châtiments ; Car l'Eternel châtie celui qu'il aime, comme un père l'enfant qu'il chérit (Proverbes 3 v. 11) » ;
« Frères, je ne veux pas vous laisser ignorants que nos pères ont vécu sous la nuée, ont traversé la mer, qu’ils ont tous mangé de la même nourriture spirituelle et bu du même breuvage spirituel ; car ils ont bu d’un rocher spirituel qui les suivait et ce rocher était Christ (1 Corinthiens 10 v. 1) ». Malgré cela, Dieu n’était pas satisfait de la plupart d’entre eux et Il les envoya errer dans le désert. C’était les mêmes personnes dont Dieu dit ailleurs : « Ils n’entreront pas dans mon repos (Hébreux 4 v. 5) ». Dieu avertissait les Corinthiens que, vu l’état de leur cœur endurci, le désert du peuple d’Israël pouvait bien se répéter, et qu’ils risquaient de manquer le but prévu pour eux. Manquer le but de Dieu par désobéissance à Sa Parole, c’est cela le péché.

Hélas, nous constatons aujourd’hui une mécompréhension grandissante de ce qu’est exactement le péché ; un petit rappel s’impose. 1 Jean v. 4 nous dit que le péché est la transgression de la loi ; le péché est donc toute désobéissance à la volonté révélée de Dieu. Un chrétien pèche dans sa vie personnelle lorsqu’il modifie la volonté du Seigneur, en s’exaltant lui-même, et en remplaçant la volonté de Dieu par la sienne. La volonté de Dieu concerne les détails de la Bible, mais elle concerne également tous les détails de nos choix de vie ; et ne pas le considérer peut nous entrainer dans une certaine dureté de cœur et de révolte.

Pris dans son sens strict, le mot péché est une traduction de l’hébreux « Hattat’t (ou Het’, Hatta’ah) » et du grecque « Hamartia » ; ce qui signifie « manquer le but, ou dévier d’une cible précise ». Généralement, nous utilisons le mot péché comme un terme générique très réducteur ; concernant bien souvent uniquement quelques événements grossiers comme le vol, le meurtre, l’adultère, etc. Nous oublions cependant qu’imposer au Seigneur sa propre volonté est tout aussi coupable, même lorsqu’il s’agit du sujet douloureux de l’épreuve.

Cette forme de péché se déguise en quelque chose de séduisant et de trompeur ; dans le sens où nous risquons fort bien, sans nous en apercevoir, de le traiter avec légèreté. L’indulgence que nous pouvons avoir vis-à-vis de nous-même peut endurcir notre cœur, et nous détourner de la volonté du Seigneur ; elle nous conduit vers la puissance séductrice du péché. En obligeant par exemple le Seigneur à arrêter nos tempêtes avant le temps fixé, et fuir ainsi la correction du Seigneur, nous pouvons très bien accepter le péché, c'est-à-dire, « manquer le but ou dévier de la cible ».

Si vous me demandez : « Négliger la discipline du Seigneur à travers l’épreuve, est-ce un comportement charnel ? ». Je vous répondrai oui ! Si vous me demandez : « En rejetant l’épreuve, un chrétien peut-il ralentir sa progression spirituelle dans les voies de Dieu ? », je vous répondrai encore une fois oui ! Si vous me demandez encore : « Vouloir urgemment et systématiquement que le Seigneur arrête nos tempêtes, est-ce de l’incrédulité, voire de la rébellion, à la volonté de Dieu ? », je vous répondrai toujours oui ! Certains demanderont : « Alors devons-nous aussi accepter ce qui peut provenir de la main de Satan ? ». Le principe est d'accepter de cœur tout ce que Dieu permet que nous subissions, même s’Il se sert de Satan. Ceci nous est montré par exemple en Luc 4 v. 5, lorsque Jésus est tenté par Satan.

Quant aux attaques marginales de Satan, nous devons bien sûr y résister, c’est une évidence, d’où l’importance de discerner l’origine de nos difficultés. En Nombre chapitre 22, « l'ânesse vit l'ange de l'Eternel, et elle s'abattit sous Balaam. La colère de Balaam s'enflamma, et il frappa l'ânesse avec un bâton (Nombres 22 v. 27) ». Balaam n’a pas discerner que Dieu désirait le corriger quant à ses intentions ; et que Dieu était en fait à l’origine de son problème. Ne ressemblons-nous pas souvent à Balaam ? Lorsque tout s’effondre au-dessous de nous, ne réagissons-nous pas comme lui ?

Voulant absolument par nos propres forces, obliger les circonstances ou les hommes à nous obéir, pour poursuivre nos projets ; quand ce n’est pas notre colère qui s’enflamme parce que les choses ne vont pas comme nous l’aurions souhaité ; nous oublions tellement facilement l’exportation Biblique : « Et vous avez oublié l'exhortation qui vous est adressée comme à des fils : Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur, et ne perds pas courage lorsqu'il te reprend (Hébreux 12 v. 5).

Supportez le châtiment : C'est comme des fils que Dieu vous traite ; car quel est le fils qu'un père ne châtie pas ? Mais si vous êtes exempts du châtiment auquel tous ont part, vous êtes donc des enfants illégitimes, et non des fils. D'ailleurs, puisque nos pères selon la chair nous ont châtiés, et que nous les avons respectés, ne devons-nous pas à bien plus forte raison nous soumettre au Père des esprits, pour avoir la vie ? Nos pères nous châtiaient pour peu de jours, comme ils le trouvaient bon ; mais Dieu nous châtie pour notre bien, afin que nous participions à sa sainteté. Il est vrai que tout châtiment semble d'abord un sujet de tristesse, et non de joie ; mais il produit plus tard pour ceux qui ont été ainsi exercés un fruit paisible de justice. Fortifiez donc vos mains languissantes et vos genoux affaiblis ; et suivez avec vos pieds des voies droites, afin que ce qui est boiteux ne dévie pas, mais plutôt se raffermisse (Hébreux 12 v. 7) ».

Le mot « châtiment », en grec « Paideia », unit toute la formation et l’éducation des enfants liés à la culture de l’esprit et de la morale. Dieu utilise également sous la nouvelle alliance des ordres, des remontrances, des réprimandes et des punitions. L’éducation inclue également l'exercice et le soin du corps ; ainsi que tout ce qui a trait à l'âme chez les adultes, surtout en corrigeant les fautes et en bridant les passions. C’est grâce à elles que les chrétiens atteignent la maturité spirituelle, et qu’ils participent à la Sainteté de Dieu. Encore une fois, le châtiment que Dieu nous inflige est une conséquence directe de notre péché, mais il vise la correction et non le jugement : « Celui qui aime la correction aime la science ; celui qui hait la réprimande est stupide (Proverbes 12 v. 1) ».

Nos maladies, nos échecs et autres problèmes, peuvent être des façons pour Dieu de nous faire entrer en nous-mêmes, comme pour le « fils prodigue » ; de nous aider réfléchir à notre comportement, afin de nous aider à prendre les bonnes décisions. Ne perdons pas courage devant notre épreuve, car Dieu nous l’inflige pour nous affaiblir afin de démontrer Sa puissance ; pour démolir quelque chose en nous afin d’édifier Son Christ.

Nous allons voir maintenant différentes réactions.

Lorsque nous sommes éprouvés, Satan et notre chair viendront toujours essayer de nous tenter à prendre notre destin en main. Ils ne veulent pas de la croix, ils nous inciteront à fuir nos épreuves, prétextant des attitudes de foi ou de compassion. Bien souvent, comme les disciples dans la barque, nous rendons même spirituelles nos penchants émotifs et impressionnables. Les inquiétudes nous poussent souvent à réveiller le Seigneur dans nos tempêtes, et à Lui imposer de les arrêter à notre gré : « Ils le réveillèrent, et lui dirent : Maître, ne t'inquiètes-tu pas de ce que nous périssons ? (Marc 4 v. 38) ». Nous avons à faire là à un christianisme humain qui incite les hommes à utiliser le Seigneur pour leur propre satisfaction. Je vous propose maintenant quelques textes Bibliques pour décrire trois attitudes différentes que j’ai pu rencontrer personnellement, face à l’épreuve.

1. Première étape : Le refus catégorique.

« Et Job prit un tesson pour se gratter et s'assit sur la cendre. Sa femme lui dit : Tu demeures ferme dans ton intégrité ! Maudis Dieu, et meurs ! (Job 2 v. 9) ». À ma sortie « d’Égypte », jeune converti, combien de fois j’ai réagis de cette manière lorsque je me suis retrouvé dans une grande difficulté. Dans mon esprit en colère, « Maudis Dieu, et meurs ! », voulait dire : « Eh bien, si Dieu veut me faire souffrir, à quoi bon être intègre. Il vaut mieux tout rejeter et penser à autre chose » ; ou alors : « Dieu est-il avec moi oui ou non ; s’Il est avec moi, je vais prendre les choses en main ? » ; ou encore comme les enfants d’Israël bloqué par la mer rouge, et voyant pharaon se rapprocher dangereusement d’eux : « Puisque c’est comme ça, autant retourner en Égypte… ».

Mon mécontentement exprimait les mêmes murmures que les Hébreux qui n’ont pas pu résister à la morsure du désert, celle de l’épreuve. Certainement que le Seigneur Jésus pensait à moi lorsqu’Il a dit : « Que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, il y trouve une occasion de chute (Matthieu 13 v. 21) ». Je ne savais pas encore que le secret de la victoire se situait dans une inaction et un silence de foi : « L'Eternel combattra pour vous ; et vous, gardez le silence (Exode 14 v. 14) ». Encore aujourd’hui, le Saint-Esprit doit me le rappeler souvent, tant ma nature profonde est prompte à se révolter.

À travers l’épreuve, Dieu souhaitait m’apprendre la foi, l’obéissance, et voulait me préparer au combat. Quand Il veillait sur moi et multipliait Ses dons sur ma vie, tout allait bien ; mais dès qu’Il me plaçait dans une citation inconfortable, mon réflexe premier était de murmurer à Son sujet. Je n’allais pas vers le Seigneur pour essayer de comprendre, ou pour être enseigné sur ce qui m’arrivait, je fuyais le face à face. Dans ma désobéissance, je murmurais plutôt dans « ma barbe », avec des reproches à peine voilés : « Ils murmurèrent dans leurs tentes, Ils n'obéirent point à sa voix (Psaume 106 v. 25) ». Croyant peut-être que Dieu n’y prendrait point garde.

Au lieu d’accepter « toutes choses sans murmures ni hésitations (Philippiens 2 v. 14) », je me plaignais de mon sort, et marchait selon mes raisonnements religieux. Se plaindre ainsi, c’est en effet rester centré sur soi, sur son désir immédiat de bien-être et de bonheur, sur sa volonté propre ; sans entrer dans le renoncement à soi-même, ce qui caractérise le vrai disciple. J’ai compris que ce n’est pas forcement ce qui nous arrive qui a de l’importance aux yeux du Seigneur ; c’est surtout notre manière de réagir.

Quelques années plus tard, le Seigneur m’a fait la grâce de m’apprendre, par les Ecritures et l’expérience, le bienfondé de l’épreuve et de ses conséquences en terme de croissance spirituelle. C’est à ce moment-là que j’ai compris que murmurer en n’acceptant pas l’épreuve, c’est se priver de découvrir les trésors de la « terre promise » ; c’est se priver de certaines bénédictions. Refuser les épreuves, c’est donc nous punir nous-mêmes en nous empêchant d’accéder à ce qui nous est offert !

2. Deuxième étape : La tentation de descendre de la croix.

Il nous faut bien comprendre que la base de notre vie et de toute croissance spirituelle se situe dans cette parole de Jean 14 v. 10 : « Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? ». Voici le seul fondement sur lequel nous devons demeurer pour pouvoir rencontrer l’ennemi. Lorsqu’un chrétien accepte de monter sur la croix, lorsqu’il accepte l’épreuve, Satan multipliera les tentatives pour le tromper ; à la fois directement ou par le moyen des hommes, pour le pousser à utiliser sa propre volonté pour y descendre ; et ainsi, lui ravir sa glorification.

C’est exactement ce qui s’est passé pour les disciples dans la tempête. La peur et l’incrédulité les ont poussés à demander au Seigneur d’arrêter leur épreuve. C’est souvent ce qui nous arrive aussi ; lorsque les vents paraissent trop fort, nous prions de la même manière : « Maître, ne t'inquiètes-tu pas de ce que nous périssons ? (Marc 4 v. 38) ». Alors le Seigneur arrête notre tempête dans Sa grâce, et nous ne nous apercevons pas alors, que c’est notre incrédulité qui nous a fait descendre de notre croix et désobéir au Seigneur ; car Lui voulait qu’on navigue jusqu’à l’autre bord du lac. Comprenons-nous l’importance capital de chercher la grâce de Dieu afin de pouvoir nous soumettre volontairement à la volonté de Dieu, quelle qu’elle soit, sans être rebelle ?

« …sauve-toi toi-même ! Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix ! (Matthieu 27 v. 40) ». À travers les hommes, nous entendons souvent la voix de Satan qui tente le chrétien à agir par lui-même, par ses propres forces ou en utilisant celles de Dieu. Dans tous les cas, la finalité restera toujours la même : « Que nous descendions de la croix pour couper notre relation de résurrection avec Dieu ! ».

Le principal objectif de Satan est donc de chercher par tous les moyens à corrompre cette union du chrétien avec Christ sur la croix. Pour cela, il veut pénétrer cette puissante relation divine, chercher à séparer, à amener le chrétien à se mouvoir spirituellement sur une autre base que la croix. En Luc chapitre 4, Jésus fut conduit par l’Esprit dans le désert où il fut tenté par le diable. La signification profonde de ces tentations se trouve dans le fait qu’elles étaient une tentative de faire agir Jésus indépendamment du Père.

Satan voulait amener le Seigneur à se mouvoir sur sa propre base humaine ; il voulait que Jésus agisse par sa propre volonté, il poussait Jésus à faire son propre choix, ce qui l’aurait immanquablement désolidarisé d’avec Son Père. L’ennemi savait très bien que s’il pouvait le faire agir de la sorte, il accomplirait avec le dernier Adam ce qu’il avait accompli avec le premier. L’attitude du Seigneur nous montre le chemin de la victoire, c’est comme s’il nous disait : « Je refuse de me servir de Dieu à mes fins personnelles ».

Lorsque cette étape me fut enseignée, j’ai commencé à comprendre tout l’enjeu de supporter l’humiliation de l’épreuve. Le ciel s’est ouvert d’avantage et ma vision du Christ crucifié et glorifié est devenu moins floue… : « Heureux l'homme qui supporte patiemment la tentation ; car, après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l'aiment (Jacques 1 v. 12) ».

3. Et puis il y a la troisième étape.

Lorsque nous avons compris qu’il nous faut accepter notre croix, et surtout prendre garde de ne pas y descendre, nous rencontrons une tentation encore plus subtile : Le soulagement dans l’épreuve.

Nous lisons ceci dans l’évangile de Matthieu : « Pierre, l’ayant pris à part, se mit à le reprendre, et dit : À Dieu ne plaise, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas… ! Matthieu 16 v. 22) ». Voici un chrétien qui exprime sa sincérité envers quelqu’un qui souffre ; la croix rebute, et si nous pouvions la faire éviter aux hommes, nous le ferions sans ménager nos forces. Mais c’est une sincérité d’homme charnel et non d’homme spirituel. Il montre ses sentiments les meilleurs en faveur de son Seigneur, mais dans une incompréhension totale du plan de Dieu.

Il y aura ainsi toujours des chrétiens qui, nous voyant sur la croix, chercheront à nous en soulager. À leurs yeux, ils ont l’impression que nous défaillons, et c’est vrai que quelque chose en nous se brise. Ils ont l’impression que nous sommes vaincus, et c’est vrai que nous sommes vaincus par Christ ; ils nous voient sincèrement comme emprisonnés et subissant injustement les évènements négatifs. Comme Pierre, ils ne cessent de nous répéter qu’un chrétien ne doit pas accepter ce genre de chose. « Cela ne t’arrivera pas… ! ». Ne comprenant pas la nécessité de l’œuvre de la croix dans la vie d’un enfant de Dieu, leur premier réflexe est charnel, sentimental, émotionnel. Ils désirent nous soulager en nous proposant quelque chose qui ressemble à du « vin mêlé de fiel » : « Ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel (Matthieu 27 v. 34) ». Il y aura toujours quelqu’un pour tendre une coupe d’étourdissement à ceux qui acceptent la croix. Notre amour les uns pour les autres ne doit pas nous empêcher de discerner la Pensée de l’Esprit.

Ce « vin mêlé de fiel », ce vinaigre, peut être également un mélange de vin et de myrrhe à la saveur âcre et désagréable. C’était la boisson que les Romains proposaient généralement aux condamnés à mort pour les enivrer, ou les assoupir et alléger leurs souffrances. Il représente tellement bien tout cette formidable contradiction entre la pensée de l’homme et la Pensée de Dieu au sujet de la croix. Vous savez, ce que Pierre a désiré épargner à Christ, c’est, en fin de compte, ce que l’on voudrait s’épargner soi-même ! Mais ce que les hommes appelle injustice est souvent justice de Dieu : « Pour nous, c'est justice », disait l’un des deux brigands en Luc 23 verset 41 ; la croix devient justice pour notre vieille nature corrompue.

« Ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel ; mais, quand il l'eut goûté, il ne voulut pas boire. (Matthieu 27 v. 34) ». Le croyant qui comprend le but de l’épreuve acceptera les difficultés comme venant de son Dieu ; il montera sur la croix sans y descendre, et n’acceptera jamais le moindre soulagement. Il sait voir en toute chose la main de Dieu conduire les choses. Il sait que sa place est sur la croix afin que Christ règne en lui.

Suite à cet enseignement qui a duré plusieurs années, j’ai compris que, comme Christ, j’avais la liberté d’accepter ou de ne pas accepter la croix, pour accomplir la volonté de Dieu ; mais je sais aussi que les conséquences ne sont pas les mêmes. Aujourd’hui lorsqu’une épreuve frappe à la porte de ma vie, mon premier réflexe est celui-ci : « Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe ! (Luc 22 v. 42) ». Mais je sais que le chemin de la victoire se trouve dans cette autre Parole de Jésus : « Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! »

En conclusion.

Relisons notre texte, et je voudrais terminer par cette pensée très importante : « Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne. Alors un ange lui apparut du ciel, pour le fortifier (Luc 22 v. 42) ». C’est bien souvent pour accomplir notre propre volonté que nous souhaitons être fortifié par le Seigneur, n’est-ce pas ! Quand Jésus a accepté la croix, qu’Il a librement pris la décision de ne pas agir selon Sa volonté, c’est là que l’ange est apparu, c’est là qu’Il fut fortifié, pour accomplir les projets de Son Père ; à l’image aussi de tous ces chrétiens de foi d’Hébreux 11 qui « furent livrés aux tourments, et n'acceptèrent point de délivrance, afin d'obtenir une meilleure résurrection (Hébreux 11 v. 35) ».

Combien l’intégrité est magnifique aux yeux de Dieu lorsqu’elle a été sanctifiée par la fournaise de la croix. Ainsi en a-t-il été aussi pour Schadrac, Méschac et Abed-Nego, la providence Divine a donné des droits à la fournaise pour les éprouver. Mais là aussi, nous voyons au chapitre 3 de Daniel qu’un ange est venu les fortifier et les délivrer ; et la figure du quatrième homme ressemblait à celle d’un fils des dieux. Reculer ou faire du surplace devant l’adversité équivaut à se détourner du Dieu vivant. Rien ne justifiera de fuir la souffrance, les désillusions, et les privations endurées pour Christ.

Le dessein magnifique de la providence divine est de mettre en place dans nos vies tout ce qui concerne la satisfaction et la volonté de Dieu. Pour S’assurer que Ses objectifs soient atteints, Dieu dirige les affaires des hommes en agissant à travers l’ordre naturel des choses. Les lois de la nature ne sont que le reflet de l’action de Dieu dans l’univers. Elles n’ont aucune puissance inhérente et ne fonctionnent pas par elles-mêmes ; ce sont les règles et principes que Dieu a mis en place pour diriger le fonctionnement des évènements afin de nous discipliner. Mais attention, nous ne sommes pas pour autant déresponsabilisés des conséquences de nos choix.

Jésus nous montre le seul chemin de lumière : « Père, je remets mon esprit entre tes mains (Luc 23 v. 46) ». Signe d’un total abandon entre les mains de Dieu ! Rien ne peut introduire la gloire de Dieu dans la vie de Ses enfants, aussi bien que leur abandon total au Seigneur : « L'Eternel combattra pour vous ; et vous, gardez le silence (Exode 14 v. 14) » ; et puis : « Car ainsi a parlé le Seigneur, l'Eternel, le Saint d'Israël : C'est dans la tranquillité et le repos que sera votre salut, c'est dans le calme et la confiance que sera votre force (Ésaïe 30 v. 15) ». Jésus-Christ prépare les matériaux pour la Nouvelle Jérusalem qui descendra du ciel et, toutes les pierres vivantes dans le Saint Temple auront connues la soumission à la croix.

« Celui qui aime la correction aime la science ; celui qui hait la réprimande est stupide (Proverbes 12 v. 1) ».

Soyez richement bénis !

 

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« Reconnaissons une fois pour toutes, que la Croix n’est pas une partie d’un enseignement, une part de Vérité, un message isolé du reste ou mal interprété, mais le centre de gravité de l’univers. Elle ne parle pas seulement de la crucifixion de Jésus, mais aussi de la mort, de la Résurrection, de Son Ascension sur le Trône, et de la relation souveraine avec Lui qui est à notre disposition. »

- Théodore Austin-Sparks

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