L’appel apostolique
Paul ne cherche pas à convaincre les gens grâce à ses connaissances théologiques, ou parce qu’il est juif et jouit d’une certaine notoriété, mais parce qu’il possède en lui la vie, la puissance et l’autorité du Dieu qui envoie des hommes.
Discours à des étudiants dans un institut biblique.
Prière :
Seigneur, accorde-nous ta grâce pour ce que nous avons à dire et à entendre. Quelle que soit la teneur merveilleuse du message que tu veux nous communiquer, Seigneur, nous sommes à l’écoute, nous en connaissons la valeur et nous savons qu’il n’est pas donné à tous. Seigneur, nous prions que tu agisses librement et que tu te serves de nous. Que ta parole, mon Dieu, soit pour nous un événement marquant, un moyen d’action. Qu’elle continue d’habiter en nous et qu’elle nous guide dans tous les domaines. Permets, mon Dieu, que nous la portions dans nos cœurs, que nous la méditions, afin qu’elle nous révèle toutes les richesses que, de ton trône, tu répands sur nous. Accorde-nous le privilège de nous en délecter en l’écoutant. Nous te remercions et te louons pour ton grand amour, par lequel tu veilles jalousement sur nous et tu te soucies de nous, et qui nous rapproche toujours plus près de l’essence même des choses d’en haut, qui révèlent ta gloire, même dans cette ville, à cette heure. Dans le nom de Jésus, nous prions. Amen.
Que le Seigneur soit béni ! Le sujet que j’ai sur le cœur ce matin est l’apostolat.
Quelle intensité dans ce mot ! Je pense avoir mentionné le mot « apostolique » hier soir, en passant. Entendre ce mot devrait vous faire saliver, baver d’admiration… sinon, il y a quelque chose qui cloche ! Il faut redonner à ce terme son sens original, sinon nous continuerons à n’être que de simples charismatiques, mais Dieu veille sur nous jalousement, et il a bien plus de choses en réserve pour nous. Le mot grec « apostolos » signifie « envoyé » ; c’est ce mot qui est utilisé dans l’Ecriture pour désigner Moïse. C’est un mot extraordinaire, et son sens ne varie pas au cours des diverses dispensations de Dieu. Moïse était « apostolique » : Le mot n’est pas dans l’Ancien Testament, puisqu’il est grec, mais tout ce qui faisait de Moïse l’homme qu’il était, ainsi que l’origine de son appel, sa mission, est la définition même de ce qu’on peut appeler « l’appel apostolique », qu’il s’applique à une personne ou à une communauté. C’est ce sujet que nous allons examiner durant le temps qui nous est imparti.
En Actes 7, nous trouvons une magnifique allusion à cet appel, lorsque Étienne, dans le discours qui va lui coûter la vie, fait référence à Moïse (v. 25), qui « pensait que ses frères comprendraient que Dieu leur accordait le salut par sa main ; mais eux ne comprirent pas ». Nous voyons ici que celui que Dieu envoie, doit s’attendre aussi à être rejeté, cela fait partie de son mandat, et même par ceux vers lesquels Dieu l’envoie pour les délivrer. C’est un des « paradoxes » de la foi : Nous devons le comprendre et l’accepter.
Est-ce que vous me trouvez un peu trop compliqué ? Déjà ? Vous êtes un peu perplexes ? Vous froncez les sourcils ? Est-ce que mon anglais est trop « anglais » ? Je veux vous mettre à l’aise : Ne paniquez pas ! Je ne m’attends pas à ce que vous compreniez parfaitement ce message dès la première écoute. Heureusement, il sera enregistré, car ce message va être profond, dense, riche et compact. On devrait lui consacrer une série d’études et non un simple sermon dominical. Vous pourrez le réécouter, et d’ailleurs, si ce message est rempli de vie et d’Esprit, il marquera votre esprit, et vous le saisirez par votre intelligence. Par conséquent, ne paniquez pas ! Ne soyez pas crispés ! Car, si vous êtes crispés, vous allez empêcher l’Esprit de travailler en vous. Tirez donc de ce message ce que vous pouvez, et soyez assurés que s’il vient de Dieu, l’avenir le révèlera. Je dis souvent : « Mettez ce message sur une étagère et gardez-le pour plus tard, lorsqu’il sera d’actualité et prendra tout son sens. »
« Le jour suivant, il parut au milieu de certains d’entre eux qui se battaient, et il tâcha de rétablir la paix entre eux : Vous, dit-il, vous êtes frères ; pourquoi vous maltraitez-vous l’un l’autre ? Mais celui qui maltraitait son prochain le repoussa et dit : Qui t’a établi chef et juge sur nous ? (Actes 7 v. 26 et 27) ». Quarante années se sont écoulées, et nous lisons maintenant en Exode 3 v. 2 : « L’ange de l’Eternel lui apparut dans une flamme de feu au milieu d’un buisson ». Lorsque Moïse l’a vu, il s’est approché, et la voix de l’Eternel s’est faite entendre, disant : « C’est moi, le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob ». Alors Moïse s’est mis à trembler et voici que le Seigneur lui dit : « Ôte tes sandales de tes pieds, car l’endroit sur lequel tu te tiens est une terre sainte (v. 5) ». « J’ai bien vu la misère de mon peuple qui est en Egypte, … et à New York, et en Asie, et partout dans le monde, … et j’ai entendu son cri à cause de ses oppresseurs… (v. 7) ». « Je suis descendu pour le délivrer… (v. 8) ». « Maintenant va, je t’envoie vers Pharaon (v. 10) ». Voilà donc Moïse, celui que les Hébreux avaient rejeté en disant : « Qui t’a établi chef et juge sur nous ? ». C’est lui que Dieu a envoyé pour les guider et pour les délivrer, par la main de l’ange qui lui est apparu dans le buisson. Et Moïse a effectivement fait sortir le peuple d’Egypte.
Regardons de près la première référence faite à cet appel extraordinaire qui a eu lieu, lors de cette rencontre avec le Dieu qui se trouvait dans le buisson ardent ; qui s’est révélé à Moïse d’une manière telle que ce dernier ne pouvait ni envisager ni comprendre ! Nous devons être capables de communiquer avec le Dieu véritable, et non avec l’image que nous nous sommes créée de lui, familière et superficielle, comme si Dieu ne servait qu’à satisfaire nos exigences – sinon Dieu ne nous enverra pas. Nous devons avoir conscience de sa toute puissance et de la façon dont il veut qu’on le fasse connaître.
Il n’y aura pas de sortie d’Egypte, il n’y aura pas de délivrance de l’esclavage, excepté pour ceux qui s’adressent aux hommes après avoir été dans la présence de Dieu, et qui auront fait connaître Dieu comme lui-même choisit de se révéler : Le Dieu dans le buisson ardent, qui brûle mais ne se consume pas.
Nous allons maintenant nous intéresser à l’endroit où est situé le buisson, car en fait, il est toujours au même endroit ! Il est sur la montagne de Dieu, à l’arrière-plan, dans le désert. Je vais vous dire une chose : Si Dieu ne vous trouve pas à cet endroit-là, vous n’avez aucune chance de le rencontrer, et donc il ne vous enverra nulle part. Voyez-vous, frères, vous êtes maintenant à la croisée des chemins, car, à cause de votre réussite, on vous sollicite et on vous attire vers le devant de la scène : C’est là que s’obtiennent la notoriété, les honneurs, et l’estime des hommes, même des hommes religieux. C’est un type de séduction extrêmement puissant, et si l’on n’y prend pas garde – et je pense que c’est la raison pour laquelle Dieu parle aujourd’hui – on se retrouve à l’endroit où il n’y a pas de montagne de Dieu. Cela ne veut pas dire que ceux qui travaillent dans ce lieu et qui y exercent leur ministère sont hostiles à Dieu.
Cela veut simplement dire qu’ils travaillent dans un lieu différent et à un niveau différent. J’insiste sur le fait que Dieu vous appellera uniquement dans le lieu qu’il a choisi et c’est de là qu’il vous enverra, sinon il n’y aura pas de délivrance pour ceux qui se trouvent maintenant en Egypte, occupés à construire des villes imposantes avec des briques fabriquées sans paille, et qui courbent l’échine devant des contremaitres le fouet à la main, mais qui ne savent pas qu’ils sont des esclaves. Je fais allusion aux foules innombrables qui travaillent durement, qui luttent, qui suent ; tous ces gens qu’on voit dans le métro, qui vont à l’école, qui veulent avoir une bonne situation, qui veulent réussir…Ils ne réalisent même pas qu’ils sont au service d’un « pharaon » sans pitié, qui n’a nullement l’intention de les sauver, mais qui veut simplement les broyer et en faire des produits de consommation. Il faut que quelqu’un aille vers eux, quelqu’un qui n’est pas sous ce joug, qui ne se bat pas pour réussir, même sur le plan spirituel, et qui est envoyé par Dieu pour délivrer les captifs, non seulement pour les faire sortir, mais pour les emmener dans un pays où coulent le lait et le miel.
On ne peut pas offrir la liberté à d’autres si l’on ne vit pas soi-même cette liberté… S’il a fallu quarante années dans le désert à Moïse, qu’en est-il pour nous ? Quarante est un nombre symbolique : Israël a passé quarante ans dans le désert ; Jésus a passé quarante jours dans le désert. Ce nombre se trouve aussi certainement ailleurs et s’applique à des épreuves, à des événements, à des temps de préparation. Il est chargé symboliquement et il ne faut pas systématiquement le considérer dans son sens littéral. Ce que je veux dire c’est que vous n’allez pas passer quarante dans le Queens avant que Dieu vous envoie quelque part en tant que libérateurs ! Je pense que le Seigneur sera déjà revenu avant, quel que soit le temps qu’il mettra à vous préparer, à vous façonner, à faire table rase de vos ambitions comme il l’a fait pour Moïse.
Voyons les passages dans lesquels Moïse a « cafouillé ». En Exode 2 v 11 à 15, nous lisons : « En ce temps-là, Moïse devenu grand, se rendit auprès de ses frères et porta les regards sur leurs pénibles travaux. Il vit un Égyptien qui frappait un Hébreu d’entre ses frères. Il se tourna de côté et d’autre et, voyant qu’il n’y avait personne, il frappa l’Égyptien (à mort) et le cacha dans le sable. Il sortit le jour suivant ; et voici deux Hébreux qui se querellaient. Il dit à celui qui avait tort : Pourquoi frappes-tu ton camarade ? Il répondit : Qui t’a établi chef et juge sur nous ? Parles-tu pour me tuer, comme tu as tué l’Égyptien ? Moïse eut peur et se dit : Sûrement l’affaire est connue. Le Pharaon apprit ce qui s’était passé et chercha à tuer Moïse. Mais Moïse prit la fuite loin du Pharaon et vint résider dans le pays de Madian. Il s’assit près d’un puits ».
L’histoire de Moïse est l’histoire d’un échec et je tiens à vous dire que je crois de tout mon cœur que pour être un véritable apôtre, il faut d’abord connaître l’échec. Il ne s’agit pas de l’échec qui découle de décisions stupides, ni de l’échec causé par un manque de sérieux dans le domaine spirituel, mais plutôt d’un échec lié à l’attrait pour les choses de Dieu. Moïse était un homme animé de bonnes intentions, mais il ne comprenait pas qu’aucun des avantages qui étaient les siens, ne pouvait l’appeler à l’apostolat : Le fait d’être juif, d’être un lévite et un enfant aimé et doué, d’avoir été élevé comme un prince d’Égypte et d’avoir bénéficié des avantages de deux cultures – judaïque et égyptienne – cette dernière étant une des plus brillantes civilisations de son temps ! C’était plutôt un handicap ! Il en est de même pour nous : Nous devons mettre de côté nos spécificités culturelles et ethniques, et nos connaissances humaines…
C’est un processus douloureux qui a lieu uniquement dans le désert, un lieu aride et inhospitalier, qui n’a rien pour attirer nos regards, un endroit désolé. Mais Moïse s’est montré fidèle et a guidé le troupeau de Dieu dans le désert. Et selon moi – quel que soit l’attrait que suscite le devant de la scène, et sa séduction – c’est en réalité la nourriture fournie par les lieux arides, là où le berger de Dieu va conduire ses brebis, qui va permettre au peuple de Dieu de se préparer pour les derniers jours, en non pas que toutes ces choses superficielles, vaines et clinquantes que l’on trouve sur le devant de la scène religieuse.
Est-ce que vous comprenez la façon dont je m’exprime ? Tout est symbolique, intense, chargé de sens. Si je devais développer tout cela point par point et le développer, cela occuperait tout le temps dont nous disposons. Quand il est question de prophéties, il faut s’efforcer de saisir ce que Dieu dit : Soyez certains que rien n’a changé, que toutes les choses auxquelles Moïse a été confronté – et auxquelles nous sommes confrontés – sont éternelles ; et nous devons faire un choix. Nous ne nous trouvons pas dans le désert, nous ne sommes pas obligés d’y être.
Non, c’est un choix personnel, et ce n’est pas facile pour des jeunes hommes de prendre une telle décision. Vous devez prier pour vos pasteurs, pour les responsables d’églises, pour tous ceux qui ont de l’autorité, un pouvoir quelconque, que le diable veut séduire en les attirant là où ils seront reconnus et honorés par les hommes, là où ils feront partie de tous ces jeunes qui ont tellement de succès – je veux parler de ce mouvement extraordinaire qui a pris naissance à New York. Il va vous falloir une volonté incroyable, surhumaine, pour résister à cette séduction et rester dans le désert, anonyme, invisible, sans aucune reconnaissance de la part des hommes, si vous voulez trouver Dieu, et si vous voulez qu’il vous trouve : Ce même Dieu qui a appelé Moïse et qui veut vous appeler.
Ainsi donc, s’il n’y a pas d’appel, il n’y a pas d’envoi, et si l’on n’est pas envoyé, qu’est-ce qu’on est ? Qu’est-ce qu’on a ? Quelle puissance avons-nous ? Quelle autorité avons-nous ? Il est intéressant de noter que lorsque l’appel retentit sur le sol sacré de la consécration, « Ôte tes sandales, car le sol sur lequel tu te tiens est saint ». Ce n’est pas parce qu’il s’agit du Sinaï, mais parce qu’il s’agit de l’endroit où Dieu se révèle tel qu’il est, le Dieu qui envoie, et qui est de fait le Grand Prêtre et l’Apôtre de notre foi. A cet endroit précis a lieu la vocation suprême de Moïse : Moïse entend Dieu l’appeler par son nom, « Moïse, Moïse »… Et la réponse de Moïse est celle d’un véritable apôtre. Il répond « Hineni », qui veut dire en hébreu « Me voici ». Combien d’entre nous ont répondu ainsi au Seigneur ? Pas de contraintes, pas de questions du genre : « Qu’est-ce qui va se passer si j’y vais ? » : « Comment je vais faire dans le Minnesota ? » : « Quel temps il fait là-bas ? » : « Et comment je vais être sûr que… ». La seule chose dont vous serez sûrs c’est que vous avez été appelés par votre nom, par le Dieu qui envoie.
Vous n’aurez pas besoin d’en savoir plus – si vous êtes réellement appelés – vous n’avez pas savoir à l’avance, car le Dieu qui vous appelle, déclare : « Je serai avec toi ». Ce n’est pas moi qui le dis ! C’est écrit ! Les versets 11 et 12 sont explicites ; tout le texte est explicite. Comment voulez-vous que je termine dans les temps ? Verset 10 : « Maintenant va, je t’enverrai auprès de Pharaon… ». Vous remarquerez que Dieu n’envoie pas Moïse vers un personnage subalterne, comme l’Égyptien que Moïse avait dissimulé dans le sable. Dieu l’envoie vers le Pharaon, dans l’antre de Satan, entre les griffes de la puissance des ténèbres qui réduit les hommes en esclavage et les tient prisonniers depuis toujours. Il ne s’agit plus ici de questions secondaires, de problèmes matériels à traiter : Dieu envoie Moïse au cœur même de l’action.
Il est temps, frères, que les puissances des ténèbres déclarent : « Jésus, je le connais, Paul, je le connais… et toi qui es-tu ? ». Voyez-vous, on peut se laisser convaincre par des hommes, parce qu’ils font des choses formidables, on peut adhérer à des causes et accomplir de grandes choses, car c’est vrai qu’il y a une foule de choses qui doivent être faites, et des peuples que l’on doit atteindre. Cependant, l’essentiel c’est l’appel, ce ne sont pas les choses secondaires. En effet, Dieu n’a pas envoyé Moïse au motif que ce dernier aurait entendu les cris de son peuple ; c’est le Seigneur qui déclare : « J’ai entendu leurs cris, j’ai vu leurs souffrances, pas toi ». On ne s’engage pas à servir Dieu sur la base de nos propres sentiments, ou parce qu’on s’identifie au peuple parce qu’on est juif. On y va pour une seule et unique raison : C'est Dieu qui nous envoie !
J’ai passé deux ans dans un institut biblique où j’ai vu des étudiants le cœur brisé ; la plupart étaient des jeunes appartenant à des milieux aisés. Ils avaient véritablement à cœur la pauvreté, notamment en Amérique Latine, et étaient passionnés par des causes diverses, et s’y investissaient avec larmes à tel point qu’ils devenaient totalement inutiles.
Ecoutez-moi, chers frères : Le véritable piège pour les chrétiens dans les derniers jours, est le fait de s’engager dans des activités ici et là en tentant de répondre aux besoins… « Qu’est-ce qui ne va pas, Art », me direz-vous, « ce n’est pas bien ? » Ce qui ne va pas, c’est que le fait de se soucier des bonnes choses détourne votre attention des choses parfaites ! Partout dans le monde, il existe des besoins ; à quels besoins allez-vous tenter de répondre ? C’est là que se situe la différence fondamentale entre « aller » et « être envoyé ».
Le fait de se dire : « Est-ce qu’on ne devrait pas faire quelque chose ? Il y a tant de gens qui ont besoin de nous, est-ce qu’on va rester les bras croisés ? Nous nous sentons coupables, notre conscience nous rappelle à l’ordre… nous devons faire quelque chose ! ». C’est ce désir puissant de faire quelque chose qui nous fait perdre de vue la volonté parfaite de Dieu. Ce désir impérieux d’agir et d’être vu en train d’agir, et d’être reconnu grâce à nos actions, s’est consumé et a disparu au cours des quarante années passées dans le désert. Il ne restait pas grand-chose de Moïse au moment où Dieu lui est apparu dans le buisson ardent. Vous allez me dire : « Mais comment tu le sais, Art ? ». Parce que lorsque Dieu appelle Moïse, celui-ci répond : « Qui je suis, pour que tu m’envoies ? ».
Est-ce que vous voulez savoir quels sont les critères pour recevoir cet appel apostolique : « Qui je suis, pour que tu m’envoies ? ». Mais qu’était-il arrivé à Moïse, au fait qu’il était juif, lévite de surcroit, un membre éminent du peuple hébreu, sauvé de la noyade dans le Nil… Et son éducation à la cour d’Egypte, où il avait appris la philosophie et les sciences ? Tout cela n’avait aucune valeur ! « Qui je suis ? ». Et qu’est-ce que Dieu lui a répondu ? Il n’a pas discuté avec Moïse et ne lui a pas dit : « Ne sois pas aussi négatif, tu as de grandes connaissances… »
Mes chers frères, même si nous avons de grandes connaissances sur le plan humain et religieux, aucune d’entre elles n’est suffisante pour nous permettre d’accomplir ce pourquoi Dieu nous envoie. Qui est capable d’accomplir ces choses à New York, cette Babylone où règne l’esprit de l’anti-Christ, qui a fait de l’homme un bien de consommation ? Est-ce que vous allez délivrer les captifs et les amener dans le pays où coulent le lait et le miel ? Vous pourrez faire ces choses, uniquement si Dieu est avec vous. C’est cela qui donne tout son sens au mot « apostolique ». Prenez garde aux faux apôtres qui disent des choses intelligentes et agréables à entendre, qui aiment bien citer Paul et qui semblent avoir une capacité étonnante à résoudre les problèmes et à faire des concessions, etc.
Mais qu’en est-il de l’homme qui s’est tenu dans la présence de Dieu et que cela a totalement consumé : Je ne parle pas de son être charnel ni de son péché… cela appartient au passé, y compris ses bonnes intentions concernant les choses de Dieu. Ce sont ces choses qui doivent disparaître car elles constituent un énorme obstacle et nous empêchent de sentir véritablement la présence de Dieu, son appel, et ce que nous allons faire pour lui. « Qui je suis pour que tu m’envoies ? ». Moïse avait au moins une qualité – et nous devons l’admettre – c’est que lorsqu’il s’est trouvé près du buisson ardent, il s’en est approché et s’est demandé pourquoi le buisson ne se consumait pas. Dieu a vu que Moïse s’était approché pour voir ce qui se passait, et il lui a parlé du milieu du buisson, en disant : « Moïse, Moïse », et Moïse a répondu « Me voici ». C’était l’instant critique, et je vous demande de réfléchir à la question suivante : « Pourquoi Dieu a-t-il attendu de voir Moïse se tourner vers le buisson ? ». Je précise qu’il ne s’agissait pas là d’une simple curiosité, mais plutôt d’une soif intense, « apostolique », de vérité, un désir d’obtenir quelque chose, quel qu’en soit le prix, quelles qu’en soient les difficultés.
Les gens de cette génération sont superficiels : On n’a pas pris la peine de s’intéresser au « buisson ardent » qui s’applique à notre temps. Avons-nous réfléchi à ce qui se passe ? Les ouragans, les émeutes à Los Angeles et à Oakland, les incendies en Californie, et toutes les catastrophes naturelles et les problèmes de société. C’est comme si toutes ces choses étaient dues au hasard ! Où est Dieu ? Quel est le rapport entre ces catastrophes de plus en plus fréquentes qui s’abattent sur les hommes – les sécheresses, les incendies, les inondations, les troubles sociaux – et le fait que ces choses arrivent conformément à la volonté de Dieu et à ses plans ? Qui est capable de considérer les choses sous cet angle ? Qui comprend la relation qui existe entre tous ces événements et Dieu ? Qui est capable de comprendre que ce sont des jugements préliminaires destinés à attirer l’attention des hommes vers un Dieu dont personne ne cherche la face ? que personne ne s’arrête pour voir ? Chacun continue à vivre conformément à ses idées, à ses convictions religieuses, tandis que le monde est en train de brûler.
Combien de personnes parmi nous se sont posé des questions au sujet de la Shoah, qui, il y a plus d’un demi-siècle, a causé la mise à mort systématique de six millions de Juif, dans les chambres à gaz. La destruction de ces millions de personnes n’est pas le fait d’une nation cruelle et sauvage, non, elle a été perpétrée par un des peuples les plus civilisés sur la surface du globe ! Il s’agit du pays qui a vu naître Goethe, Schopenhauer, Schiller, Brahms, Beethoven et Wagner… C’est ce pays qui a annihilé de manière systématique le peuple de l’alliance. Bien sûr, ils ont depuis payé des réparations, sinon Israël n’aurait jamais pu devenir ce qu’il est aujourd’hui.
Mais, est-ce que cela suffit comme explication, mes frères ? Combien parmi nous font le lien entre la création de l’Etat d’Israël et toutes ces tombes, et tous ces ossements, et disent, « Mais pourquoi ? »
Je tiens à dire aujourd’hui que si je suis sauvé, c’est parce que je me suis posé cette question. J’ai grandi à Brooklyn, à une époque où l’on a commencé à entendre parler de l’extermination de mon peuple, et moi, comme la plupart des Juifs, j’admirais la culture allemande. D’ailleurs, nous, les Juifs, on l‘admirait tellement, qu’elle incarnait pour nous le Messie et représentait ce qui nous apparaissait comme étant l’ère messianique au cours de laquelle le monde entier deviendrait hautement civilisé, conformément au modèle allemand. Mais voilà que le Seigneur a frappé – est-ce que c’était l’œuvre du Seigneur ? Est-ce que c’était uniquement l’œuvre d’un fou nommé Hitler, ou bien est-ce que c’était simplement une aberration, un moment dans l’histoire où les choses deviennent délirantes ? Ou bien alors, y a-t-il un sens plus profond, une chose que nous devons comprendre mais à laquelle nous n’avons pas prêté attention parce que nous n’avons pas le courage de faire face à ce qui « brûle » ?
Je ne le comprends pas, chers frères, mais je sais que ce qui caractérise l’appel de Dieu c’est le fait que Dieu veut des gens qui s’arrêtent pour voir – un simple petit buisson qui brûle – mais on risque de passer à côté sans le voir, parce qu’il n’a rien qui attire le regard. Ce que je veux vous dire ce matin, c’est que c’est là, dans ce petit buisson, que l’on voit les événements qui jalonnent notre vie : Les mariages ratés, les enfants qui prennent un mauvais chemin, tout ce qui ne va pas, les problèmes qu’on ne veut pas affronter, qu’on essaie de contourner… Dieu est là, et il attend qu’on s’approche de lui.
S’il y a bien une chose qui justifie ma présence parmi vous – et que nous avons en commun – c’est notre amour pour la vérité ; il ne s’agit pas de se débarrasser de quelque chose, ou de changer les apparences. Mais lorsqu’on regarde la diversité qu’offre ce monde, sur le plan ethnique, dans le reste du monde, sur le plan culturel et sociétal, la violence, le sang versé, la mort, tout ce qu’on subit … tout cela nous pousse à réfléchir, à essayer de comprendre quelles sont les origines et le sens de ces choses. Et Dieu, quant à lui, a ses regards sur ceux qui s’arrêtent pour regarder. Je fais une parenthèse ici pour citer les rabbins… Savez-vous ce qu’ils disent à ce propos ? : « Ce que Dieu a vu et qui a fait qu’il a appelé Moïse à accomplir une mission apostolique, est le fait que l’homme qui s’arrête pour voir une chose inhabituelle, ayant de graves implications dès lors qu’on s’y s’intéresse, ne pourra plus faire machine arrière et poursuivre sa vie d’avant. »
Et oui ! Vos certitudes « charismatiques » pourraient voler en éclat ! Tout ce que vous pensiez à propos de Dieu, tout ce que vous compreniez à propos de l’Eglise, les objectifs que vous vous étiez fixés, plus rien n’aura le même sens. Un changement brusque a eu lieu ; nos idées conventionnelles – et d’ailleurs parfois correctes – n’attendent qu’une chose : Un bouleversement radical causé par le feu divin et qui vous transforme de façon définitive !
Est-ce que vous êtes prêts pour ce changement ? Le monde est à l’agonie, frères, est-ce que vous le comprenez ? Les gens meurent peu à peu à cause de leur légèreté, ils meurent parce qu’ils ne se remettent pas en question, ils meurent parce qu’ils ne se posent pas les questions fondamentales concernant leur existence. Ils se contentent de leur train-train quotidien, se nourrir, satisfaire leurs désirs sexuels, rembourser le crédit de la voiture, et puis mourir… L’humanité vit un mensonge et personne ne prend la peine de dire aux gens que leur éternité se joue sur la terre, que la vie proprement dite, le fait de perpétuer l’espèce, de se nourrir, de s’en sortir, tout cela n’est que mensonge, c’est la mort ! Quelqu’un a déclaré, « Vivre sans réfléchir n’en vaut pas la peine ».
J’aimerais vous poser une question : Est-ce que, en tant que chrétiens, vous réfléchissez, vous vous posez des questions sur votre vie ? Est-ce que vous vous posez des questions sur la foi ? Est-ce que vous vous posez des questions sur les événements qui surviennent au cours de votre vie ? Lorsque vous traversez un échec, est-ce que vous continuez, comme si de rien n’était, ou bien est-ce que vous avez le désir de vous tourner vers ce « buisson ardent », pour que Dieu vous aide à mettre le doigt sur l’influence subtile de l’orgueil, de la rébellion, du moi, de la jalousie, de la crainte et du trouble sur votre vie, sur toutes ces choses que nous devons absolument identifier ? Car Dieu est le Dieu de vérité, et parce que l’Eglise est le fondement et le pilier de la vérité… ou alors ce n’est pas l’Eglise !
Je me demande combien il y a de « buissons ardents » dans cette salle, de petits buissons qui passent inaperçus ou que l’on ignore… Mais il y a là un Dieu qui attend qu’on le trouve ; il y a là une révélation et un Dieu qui nous appelle de cet endroit précis et son appel ne se fera pas entendre ailleurs. Dieu est le feu au milieu du buisson. Mais nous, nous cherchons à fuir, nous ne voulons pas entendre parler de choses douloureuses et difficiles… pourtant c’est dans ces choses et dans les circonstances quotidiennes de notre vie que Dieu désire qu’on le trouve.
C’est une terre sainte, et nous devons ôter nos sandales afin de sentir ce sol sous nos pieds. Savez-vous que les prêtres ne portaient jamais de sandales ? Ils portaient un costume élaboré mais ils étaient pieds nus ! il était essentiel pour un prêtre d’avoir un contact direct avec la terre ferme, avec le concret, avec les choses telles qu’elles sont, sinon comment aurait-il pu saisir les choses d’en haut, éternelles et pures ? Nous devons, nous aussi, fouler cette terre ferme, nous devons faire face à la Shoah, faire face à notre propre vie, à nos problèmes personnels, à ceux de notre époque, et les considérer sérieusement et permettre à Dieu de nous les montrer et de les affronter.
Si nous n’agissons pas ainsi, nous continuerons de vivre dans la légèreté, à faire semblant, à être des gens religieux, et nous ne recevrons jamais l’appel apostolique. Moïse a été confronté à une situation qui l’a obligé à prendre la fuite ; malgré ses intentions louables d’aider ses compatriotes, il s’est retrouvé dans le désert. En ce qui vous concerne, frères, vous devez prendre une décision difficile ce matin, non pas parce que vous êtes forcés de rester dans le désert…
En réalité, vous êtes constamment invités à participer à toutes sortes d’activités, à vous tenir sur le devant de la scène – à suivre l’exemple de…comment s’appelle-t-il déjà ? pour avoir du succès, pour être connu ou reconnu… Est-ce vous êtes prêts à prendre la décision de vous tenir en retrait ? Etes-vous capables de choisir l’obscurité, l’anonymat, de rester dans cet anonymat, sans qu’on reconnaisse vos mérites, sans qu’on vous encense ? Allez-vous permettre à Dieu de vous dépouiller de vos convictions religieuses, de vos idées préconçues, de vos ambitions et de vos bonnes intentions concernant le service pour Dieu, comme Moïse durant ses quarante années dans le désert ? Il ne restera plus après qu’un homme disant : « Je ne vaux pas grand-chose, mais me voici »… « Qui je suis pour que tu m’envoies ? »
Bon, il va falloir conclure.
Ne croyez pas que le fait d’échouer est déshonorant. Je suis, en quelque sorte, « abonné » à l’échec. Je ne parle pas des échecs dus à un manque d’intelligence ou à l’égoïsme. Je veux parler des échecs auxquels on est confronté quand on veut faire quelque chose de bien pour Dieu. Il est inévitable qu’on échoue ou qu’on soit déçu. Et c’est précisément suite à ces échecs que l’on se sent brisé, et que l’on éprouve le désir de prendre soin du troupeau de Dieu. Dans ce lieu obscur où l’on va s’approcher du buisson ardent au moment choisi par Dieu : C’est là que Dieu va nous appeler et nous investir d’une mission. Un bon nombre d’entre nous n’ont pas encore expérimenté ces échecs, parce que nous n’avons pas pris de risque. Nous vivons une vie tranquille, sans surprise. Nous sommes confortablement installés dans l’anonymat de la communauté. Mais avec Dieu, il faut prendre des risques !
Hier soir nous parlions des dix années passées au sein de notre communauté. Avons-nous commis des erreurs ? Mon Dieu ! Du commencement à la fin, nous avons commis toutes les erreurs possibles. Mais, pouvait-il en être autrement ? Nos prédécesseurs ont fait les mêmes erreurs ; il est inévitable que l’on chancelle et que l’on finisse par tomber, même en étant animés des meilleures intentions, on ne peut éviter de blesser des gens, de leur faire de la peine.
Pourtant, c’est ainsi que Dieu nous façonne et forme ses enfants et son peuple. Qu’est-ce que l’Eglise, d’après vous ? Une succession de bonnes œuvres ou un lieu de souffrances avant la gloire ? On doit impérativement se débarrasser de cette vision romantique et idéaliste de l’Eglise et des serviteurs de Dieu, remplis de foi et de puissance. C’est un mythe, ça prouve qu’on n’a pas les pieds sur terre. Comment peut-on délivrer les captifs, quand on est soi-même pétris de notions « romantiques » et idéalistes qui sont fausses ? Il faut passer par l’échec ! L’échec est la conséquence logique de l’engagement avec Dieu, et ce, même lorsqu’on est animé des meilleures intentions. Mais c’est à ce moment-là qu’ont lieu l’expérience dans le désert, la rencontre avec Dieu dans le buisson ardent, l’appel et la mission.
C’est en quelque sorte un « processus » : Ce n’est pas seulement un événement ponctuel, c’est aussi une représentation des moyens que Dieu utilise pour appeler ses serviteurs, à chaque époque, et en particulier dans notre génération. Dieu a appelé un homme qui s’était contenté de tuer un Egyptien ; il l’a envoyé vers Pharaon, là où la puissance de Dieu allait se manifester dans toute sa force, en disant simplement à Moïse : « Je-serai-avec-toi ».
Souvenez-vous que quand vous vous trouvez face à Pharaon, et que vous vous sentez misérables et sans force, ce qui est d’ailleurs le cas, c’est Dieu qui vous envoie – et qui est en vous, et c’est par sa puissance que vous vous tenez devant Pharaon. Ce n’est pas par une quelconque puissance charismatique qui viendrait de vous. Vous êtes en fait « vidés » de vous-mêmes, de sorte que vous puissiez être remplis de la vie de Celui qui vous envoie, le Grand Prêtre et l’Apôtre par excellence de notre foi.
Un feu va se répandre sur la terre, mes frères, il est déjà là ; les jugements préliminaires de Dieu sont destinés à attirer l’attention des gens vers le Dieu qu’ils ne se sont pas arrêtés pour voir. Chaque péché, chaque catastrophe survenant sur cette humanité brisée et sur cette terre agonisante, en sont le résultat. Il faut que quelqu’un aille vers eux, quelqu’un qui a expérimenté la présence de Dieu, pour leur expliquer, leur faire comprendre ce que ce feu signifie, avant que le jugement ne soit définitif : Le Jugement dernier lors duquel la terre sera détruite par le feu.
« Ayant une crainte profonde de Dieu, je tâche de convaincre les gens », déclare Paul. Il ne cherche pas à convaincre les gens grâce à ses connaissances théologiques, ou parce qu’il est juif et jouit d’une certaine notoriété, mais parce qu’il possède en lui la vie, la puissance et l’autorité du Dieu qui envoie des hommes qui savent ce qu’il faut savoir : « Qui je suis pour que tu m’envoies ? ».
Je voudrais prier pour vous tous. Vous êtes à la croisée des chemins, et vous allez connaître une certaine notoriété dans les milieux chrétiens, ce qui constitue pour vous un danger. Je suis sûr que Christianity Today et d’autres revues souhaitent publier des articles sur vous, interviewer votre pasteur et les responsables des différents groupes. Et donc, vous ne serez plus « dans le désert » mais plutôt sur le devant de la scène.
Il n’y a rien à redire à cela, sinon le fait que ce n’est pas là précisément que le véritable appel retentit.
Un message de Arthur Katz
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