Études sur la Parole. 28
Deutéronome chapitre 17 à 27 - Nous voici arrivés au livre du Deutéronome, livre tout plein d’intérêt dans ses avertissements moraux quant au témoignage, mais offrant moins de sujets pour l’interprétation et l’exégèse que ceux dont nous avons essayé de donner un résumé.
Deutéronome chapitres 17.
Si une affaire était trop difficile à juger, les sacrificateurs et les juges devaient en prendre connaissance et le peuple était tenu de leur obéir.
Le cas où le peuple désirerait un roi est prévu. Il devait être d’entre leurs frères et ne pas agir de manière à entraîner des relations avec l’Égypte, ni à attirer le peuple à l’idolâtrie ; mais il devait écrire de sa main une copie du livre de la loi et y lire tous les jours de sa vie, y étant soumis de manière à ce que son cœur ne s’élevât pas au dessus de ses frères.
Chapitre 18.
La part des sacrificateurs et de toute la tribu de Lévi leur est assignée. Il est défendu d’agir selon les abominations à cause desquelles les nations qui habitaient le pays en seraient dépossédées de devant Israël, ni de consulter ceux qui pratiquaient la divination. L’Éternel susciterait un prophète semblable à Moïse, que le peuple devrait écouter. Ces ordonnances prévoient chez le peuple le manque de foi nécessaire pour marcher simplement avec l’Éternel. Christ seul est la vraie et unique réponse. Le peuple ne devait pas craindre un prophète qui donnerait un signe qui ne s’accomplirait pas ; c’était la preuve que l’Éternel n’avait pas parlé.
Un mot ici sur la part des sacrificateurs.
Premièrement, l’état normal du peuple était d’être conduit par les sacrificateurs et, en cas de besoin, par des juges extraordinairement suscités, et de demeurer sous la garde de Dieu dans le pays, jouissant de Sa bénédiction. C’était la théocratie proprement dite. Les lois de Dieu dirigeaient le peuple ; le peuple jouissait de la bénédiction de Dieu ; les sacrificateurs décidaient les questions qui venaient à surgir ; un juge était suscité dans des cas exceptionnels.
Les sacrificateurs ici sont introduits en rapport avec ce qui était nécessaire pour la jouissance du pays, et non comme un moyen de s’approcher de Dieu. Ils étaient là pour accomplir leur ministère devant Dieu, et ils avaient droit à une certaine part.
Il n’était parlé du roi qu’au cas où le peuple le demanderait pour être semblable aux autres nations, et dans ce cas il devait rester, autant que possible, dans la simplicité au milieu d’Israël, afin que la loi de Dieu eût toute son autorité. Le peuple est toujours censé être lui-même responsable devant Dieu et jouir du pays sous cette responsabilité, quoi qu’il fût, pour cette raison, soumis aux décisions des sacrificateurs. Il avait reçu le pays de la part de Dieu. Il ne s’agit pas ici de s’approcher de Lui, mais de reconnaître sa délivrance et sa bonté, comme on le voit dans les fêtes que nous avons considérées.
Ainsi celui qui montait au lieu que l’Éternel avait choisi, mangeait avec sa famille et quelquefois aussi avec le Lévite, l’étranger, etc., les dîmes de chaque année (la troisième année il y en avait pour le Lévite et le pauvre), les premiers-nés du bétail et du troupeau, les vœux, les offrandes volontaires et les offrandes élevées, le tout devant l’Éternel. Mais, tout en en faisant l’offrande à l’Éternel, celui qui la faisait en jouissait (voyez chapitre 14 v. 23 à 29 ; 12 v. 7 à 17), tandis qu’au chapitre 18, le sacrificateur avait une certaine partie d’un sacrifice, les prémices du froment, du vin et de l’huile, et les prémices de la toison des brebis.
La première partie de ces ordonnances est d’autant plus remarquable que, dans le livre des Nombres (chapitre 18), les premiers-nés, les offrandes élevées, toutes les sortes d’offrandes pour le péché, et les offrandes de gâteaux, sont donnés aux sacrificateurs, et les dîmes aux Lévites. On peut remarquer ici la différence entre ce qui, dans ce cas, appartenait aux sacrificateurs, et ce qui, dans le Deutéronome, est donné au peuple, et dans les autres livres aux lévites. Nous avons déjà signalé la différence de position. Dans les trois livres précédents, ce dont il s’agit c’est de s’approcher de Dieu, et les sacrificateurs seuls sont censés pouvoir le faire ; et ainsi, dans leur caractère de sacrificateurs, ils mangeaient dans le lieu saint tout ce qui était offert. Eux seuls étaient près de Dieu, et ce qui était offert à Dieu (selon la force du mot (1), ce qu’on approchait de Dieu), était à eux comme étant près. Les sacrificateurs étaient tous comme une seule compagnie dans le camp, et leur position était essentiellement typique.
1. Le mot traduit par « offrande » (ou « corban »), vient d’un mot qui signifie s’approcher, et approcher.
Ainsi tous les arrangements du tabernacle étaient faits pour un peuple qui se trouvait dans le désert et y était étranger ; et il est à remarquer que, dans l’épître aux Hébreux, Paul ne parle jamais d’autre chose que du tabernacle, et nulle part du temple. Les relations dont il parle sont des relations de pèlerins avec Dieu.
Dans le Deutéronome, il n’en est plus ainsi. La demeure du peuple dans la terre promise y est considérée, et par conséquent le peuple n’est pas censé avoir à apprendre comment il doit s’approcher de Dieu, mais nous est présenté comme goûtant, de la part de Dieu, les résultats de sa promesse en sa présence et devant Lui, en sorte que le peuple a une part directe aux sacrifices. Il jouit des promesses, en la présence de Dieu, et réalise, dans la communion de l’Éternel, tous les moyens par lesquels on jouit de cette présence ; il participe enfin à tout ce qui est offert à Dieu comme signe de la rédemption qui lui a acquis cette jouissance.
Il en est autrement des prémices du pays, c’est-à-dire de ce qu’il produit. Jouissant des fruits de la bonté de Dieu, le peuple lui en rendait les prémices, en témoignage que tout venait de Lui, que tout était à Lui, et que sa grâce leur en avait fait part (voyez chapitre 26). Ainsi, ce n’était pas au peuple à manger les prémices : il les offrait à Dieu, mais il mangeait de tout le reste. Ainsi il reconnaissait Dieu tout en participant à ses bénédictions. Les prémices donc étaient offertes à Dieu, et tombaient ainsi dans les mains des sacrificateurs comme étant leur part.
Chapitres 19 et 20.
Au chapitre 19 commencent des ordonnances qui supposent que le peuple a pris possession du pays et en jouit ; il devait les observer afin qu’en les suivant la terre ne fût pas souillée et que le peuple marchât avec la force de l’Éternel.
Trois villes de refuge sont ordonnées ; celui qui tue son prochain, sans le haïr, est distingué du meurtrier : principe important, quant au sort de la nation juive, et qui distingue, entre ceux qui ont pris part volontairement à la mort du Seigneur ou qui s’y joignent de cœur à la fin, et ceux qui l’ont fait par ignorance. Les ordonnances de justice contre les faux témoins sont aussi données dans ce chapitre.
Au chapitre 20, nous avons les ordonnances relatives à la guerre.
Chapitre 21.
Au chapitre 21, nous trouvons trois cas intéressants, comme étant des principes qui s’appliquent aux voies de Dieu envers Israël : le cas de l’homme trouvé tué dans les champs ; celui du fils de la femme haïe ; et celui du fils rebelle. Il faut que la terre de l’Éternel soit gardée exempte de souillure. Israël devra faire cette confession et se libérer du sang du Messie aux derniers jours. Si le cas des deux femmes s’applique à Israël sur la terre, il s’applique encore plus à Christ (chef des gentils) et à l’Église, avec laquelle il héritera de toutes choses, bien que sur la terre Israël soit la femme bien-aimée. Cependant Israël, comme un fils rebelle sous l’ancienne alliance, est condamné et retranché, tandis que, pour les rachetés, la malédiction de la loi est tombée sur un autre. L’application des derniers versets de ce chapitre est trop connue des lecteurs de la Bible, pour que j’y insiste. Cette question est traitée ici au point de vue de la souillure du pays que l’Éternel avait donné en héritage au peuple ; la dureté de cœur des sacrificateurs en appliquant ce précepte, dans les circonstances de la mort du Seigneur, est effrayante, mais naturelle.
Je résumerai maintenant rapidement les sujets que nous avons parcourus depuis le verset 18 du chapitre 16. Nous y trouvons, en fait d’autorité, les moyens employés de Dieu pour maintenir le peuple dans ses voies et dans la connaissance de sa volonté, afin qu’il jouisse en paix de la terre. Des juges et des magistrats devaient être établis et juger avec droiture. Le sacrificateur et le juge suscité extraordinairement devaient communiquer au peuple, en cas de besoin, quelle était la sentence et la volonté de Dieu ; le peuple devait leur obéir. Si le peuple désirait avoir un roi, les directions sont données pour sa conduite.
Des directions sont données pour les Lévites qui se voueraient au service de l’Éternel, au lieu qu’Il aurait choisi pour sa demeure. Le peuple cherchant à connaître la volonté de Dieu, ne devait pas consulter les devins : l’Éternel susciterait un prophète. Ensuite il est pourvu à ce que la terre ne soit pas souillée par le sang ; les anciens des villes devaient prendre connaissance du fait, afin de déterminer si le meurtrier avait tué sans dessein prémédité.
Les villes de refuge présentent un beau type de l’état d’Israël quant au péché d’avoir mis à mort le Seigneur Jésus, que ce soit par ignorance (ainsi que la grâce de Dieu l’envisage par rapport à ceux qui se repentent), que ce soit sciemment (et la persévérance à le rejeter sera la preuve qu’il en est ainsi) : tel est le principe d’après lequel Dieu les jugera. Aussi le peuple était placé, à ce dernier point de vue, sous la sévérité inquisitive de la loi.
Au chapitre 20, il est pourvu à ce que la jouissance du pays et la bénédiction de Dieu, soit individuelle, soit en cas de conquête, ne soient pas interrompues quand une guerre survient ; puis des directions sont données pour assurer au peuple la présence de la puissance de Dieu, et pour lui montrer comment Dieu veut que les ennemis soient traités ; toute miséricorde envers les nations de Canaan est défendue, afin qu’Israël n’apprenne pas les abominations dont elles sont coupables.
Le chapitre 21 fait connaître une autre ressource pour éviter au pays d’être souillé par le sang, tout en déclarant, comme en d’autres passages, que la vie appartient à Dieu et qu’il ne fermera pas les yeux si l’on attente à ses droits. On ne peut manquer de voir que le sang de Christ est, par-dessus tout, le sang dont Israël est ici (chapitre 21) coupable (Voir Psaumes 51) ; et le sang de Jésus est la seule expiation pour le péché qui l’a verset. Les anciens auront à s’excuser en alléguant leur ignorance de ce qui a été fait. Il en sera de même pour Israël, et c’est ainsi que Paul allègue aussi sa propre ignorance. Cependant il n’y a que le sang d’une génisse qui n’a jamais porté de joug, qui puisse effacer le péché. C’est ainsi que la culpabilité du sang innocent sera ôtée de dessus le peuple.
Les directions qui suivent sont bien des directions pratiques pour Israël ; mais elles me semblent contenir en même temps quelques-uns des principes de Dieu envers son peuple. C’est ainsi qu’Israël sur la terre et l’Église dans le ciel, ont été l’un et l’autre les vrais premiers-nés que Dieu ne veut pas déshériter, et le fils rebelle présente aussi Israël dans sa désobéissance finale à Dieu.
Chapitre 22.
Le chapitre 22 renferme des ordonnances établies pour empêcher le peuple de manquer à la bienveillance et à la miséricorde, et le garder de ce qui offenserait la sensibilité naturelle, quant à la tendresse ou à la pureté. De même aussi, tout mélange est défendu quant au labourage et aux semailles. Les mêmes égards sont exigés au sujet des femmes ; elles sont protégées contre le déshonneur que pourrait leur infliger un mari brutal et sans procédés, mais l’impureté est punie de mort.
Chapitres 23 et 24.
Au chapitre 23 le peuple apprend quels sentiments lui conviennent selon Dieu, par rapport aux nations, en cas de guerre, tout en tenant compte de leur manière de faire. Ensuite vient une instruction sur les convenances, quant à la pureté du camp pendant la guerre, car Dieu était là. Il en est de même à l’égard de toute sorte de choses : tel le cas de l’esclave qui se serait sauvé de chez son Maître ; ou des choses moralement impures ; il y a même des prescriptions sur l’usage de la vigne du voisin. Nous trouvons enfin au chapitre 24, une chose plus sérieuse, le divorce et tout ce qui y a trait, puis la délicatesse envers les pauvres, les gages des ouvriers, ce qui restait à glaner pour les pauvres.
L’esprit de toutes ces ordonnances est très instructif, ainsi que la bonté et la tendresse de Dieu, car il daigne prendre connaissance de toutes ces choses et enseigne à son peuple la délicatesse, les convenances, la considération d’autrui, la sensibilité, des sentiments qui bannissent la brutalité et amollissent la dureté du cœur de l’homme, et forment ses voies selon la charité dont l’Esprit de Dieu se revêt lorsqu’il agit dans le cœur de l’homme. Ici, il est vrai, tout est imparfait. Il y a des choses considérées comme permises et servant de base à ces ordonnances, que la pleine opération de l’Esprit de Christ annulerait entièrement : le divorce, par exemple, et d’autres choses supportées par la loi et devant leur existence à la dureté du cœur de l’homme. Mais les limitations et les conditions que la loi de Dieu y apporte, mettent un frein à la méchanceté de cette volonté, qui s’endurcit elle-même en opprimant les autres.
Chapitre 25.
Le chapitre 25 ajoute des ordonnances qui font suite à ce que nous avons déjà lu. Les membres du peuple doivent prendre garde qu’aucun de leurs frères ne soit rendu méprisable à leurs yeux, qu’aucune famille ne périsse du milieu de son peuple, et que la pureté et la droiture soient maintenues.
Quant aux ennemis invétérés de Dieu et de son peuple, Israël ne devait jamais chercher la paix avec eux. L’amabilité humaine est souvent inimitié contre Dieu. Cette ordonnance est d’autant plus remarquable (verset 17 à 19), qu’elle vient à la suite de tant d’autres qui veillaient à ce qu’on eût des égards même pour un oiseau. L’Éternel avait pris soin qu’un Égyptien pût trouver entrée dans l’assemblée de Dieu (chapitre 23 v. 7 et 8) ; mais ces affections devaient être en exercice envers les Égyptiens pour le bien de l’âme des Israélites eux-mêmes. Ils ne devaient pas s’endurcir contre ceux au milieu desquels ils avaient séjourné. Mais épargner les Amalékites, qui étaient venus à la rencontre des fils d’Israël pour leur barrer le chemin, et détruire les faibles d’entre eux, c’était oublier ce qui était dû à Dieu qui ramenait son peuple. Quant au peuple, les épargner aurait été l’indifférence du cœur au mal, et non l’épanchement d’une affection naturelle ; ce n’était pas non plus céder à des souvenirs dont la charité pouvait user pour le bien, en poussant à l’oubli des maux subis autrefois. Quand il y a quelque noblesse de sentiments, des hommes qui se connaissent, tout en s’étant fait du mal, tiendront à renouer leurs relations lorsque le mal est passé.
Mais il y a un esprit qui ne soulève que le dégoût : le tolérer n’est que s’épargner soi-même et admettre ce même esprit dans son cœur, en sorte qu’on y participe. Il n’est pas ici question de juger, mais il s’agit de l’état de notre propre cœur. L’éloignement de Dieu d’un Égyptien était reconnu ; mais s’il avait été en relation avec Lui pendant trois générations, pourquoi serait-il tenu à distance, pourquoi resterait-il un étranger ? Amalek, lui, ne craignait pas Dieu, ne le reconnaissait pas. Que pouvait-on donc reconnaître dans un pareil peuple ? Il nous faut introduire Dieu dans nos affaires, dans nos relations : la charité, la fermeté, la justesse dans nos jugements, se trouveront toutes à leur place et se reproduiront dans toutes nos voies.
Chapitre 26.
Pour clore cette suite d’ordonnances, nous avons (chapitre 26) un tableau de toute beauté du culte à la suite de la jouissance du pays, selon les promesses de Dieu, tableau rempli d’instruction pour nous aussi. Premièrement, le grand sujet de ce livre y reparaît comme partout ; Israël se trouve dans le pays que Dieu lui avait donné comme héritage.
Mais, quant au culte, il ne s’agit pas ici de s’approcher de Dieu dans le sanctuaire, par des sacrifices qui, supposant le péché, ouvraient le chemin pour que le peuple se trouvât en présence de l’Éternel. Il jouit de la promesse et se présente en adorateur, rendant des actions de grâce comme ayant cette jouissance. En présentant les prémices du pays de la promesse, il fallait se rendre dans le lieu où l’Éternel avait placé son nom.
Quel était donc l’esprit de ce culte ?
Premièrement, il était basé sur la confession ouverte que le peuple était en pleine jouissance du résultat de la promesse de Dieu. « Je déclare aujourd’hui à l’Éternel, ton Dieu, que je suis arrivé dans le pays que l’Éternel a juré à nos pères de nous donner ». C’est là le premier trait de ce culte, la profession véritable d’être dans la jouissance du résultat de la promesse. C’est reconnaître la fidélité de Dieu dans la communion actuelle de sa bonté. Là-dessus, l’offrande était présentée.
Puis, dans la présence de l’Éternel, l’adorateur faisait confession de la rédemption et de la délivrance du peuple. Un Syrien qui allait périr avait été son père, puis après, quand ses enfants opprimés par les Égyptiens avaient crié à l’Éternel, l’Éternel les avait exaucés, les avait délivrés à bras étendu, et les avait fait entrer, en déployant sa puissance, dans le pays dont ils jouissaient.
Le second trait de leur culte est donc la confession de ce que leur misère avait été, de leur impuissance dans le passé, et que leur rédemption avait été accomplie par l’Éternel seul, à qui ils étaient redevables de toutes ces bénédictions. Là-dessus, l’adorateur s’adressait directement à l’Éternel en lui offrant les prémices de ces bénédictions. C’était reconnaître Dieu dans les bénédictions (effet infaillible d’une œuvre de Dieu dans le cœur), seul moyen d’en jouir vraiment, car les bénédictions de Dieu détournent le cœur de Lui, si leur premier résultat n’est pas de le tourner vers Lui. C’est là l’histoire d’Israël, et mille fois, hélas ! celle de nos propres cœurs dans les détails de notre vie. Avant de jouir de la bénédiction, le cœur pieux y reconnaît Dieu lui-même. La conduite d’Éliézer, serviteur d’Abraham, envoyé pour chercher une femme à Isaac, nous en offre un bel exemple.
Ensuite il est ajouté : « Et tu te réjouiras de tout le bien que l’Éternel, ton Dieu, t’aura donné ». Ils devaient en jouir avec Dieu. Remarquez ici que, par conséquent, l’esprit de grâce se manifeste tout de suite dans cette joie : « Toi et le lévite et l’étranger qui est au milieu de toi ». On ne peut se réjouir vraiment de la bénédiction de Dieu devant Lui, sans que l’esprit de grâce y ait sa place ; sans rendre la bénédiction pour la malédiction, sachant que nous sommes appelés à hériter de Sa bénédiction. On retrouve la même vérité encore dans les dîmes de la troisième année, données aux pauvres, au lévite, etc., selon l’esprit dont nous venons de parler.
Un autre trait de l’état du cœur du vrai adorateur, était la sainteté, en consacrant avec droiture de cœur à l’Éternel, ce qui lui était dû selon la grâce. On ne devait rien lui dérober en se l’appropriant ; on ne devait rien profaner en l’appliquant à soi-même, à un usage souillé ou intéressé.
En un mot, la conscience quant à la consécration à l’Éternel était bonne, à l’égard des choses par lesquelles l’adorateur le reconnaissait comme vrai et seul auteur de toutes les bénédictions du peuple. Et si l’Éternel en était l’auteur, le fidèle, en communion avec Lui, en jouissait dans l’esprit de sainteté, de consécration à Dieu, et dans l’esprit de bonté et de grâce qui était en Lui, envers ses pauvres et ses délaissés. Le caractère de Dieu se retrouve continuellement dans ce passage, et Son nom est mentionné dans ce qui est reconnu comme étant en communion avec son peuple ; si cela était oublié, le peuple était coupable et souillé, en ce qu’il avait profané le nom de l’Éternel. Cette sainte consécration à Dieu et cette expression de sa bonté sont de toute beauté. Ensuite l’adorateur implorait la bénédiction du Dieu qui s’intéressait à tout son peuple, non sur lui-même, mais sur tout Israël, sur le pays qui était la preuve de Sa fidélité et des richesses de Sa bonté.
Ce culte était donc un lien entre le peuple et Dieu dans la communion avec Lui, en reconnaissant ce qu’Il était et en y rendant témoignage. Ainsi, selon les commandements de l’Éternel, considérés comme les conditions de ce lien, Dieu avait en ce jour-là reconnu le peuple, et le peuple avait reconnu l’Éternel pour son Dieu.
Après cela vient la sanction, c’est-à-dire ce qui donne vigueur à sa loi, dans les conséquences, (malédiction ou bénédiction) qui devaient correspondre à l’obéissance ou à la désobéissance. Le chapitre 27 et les deux suivants traitent de ce sujet.
Chapitre 27.
Le chapitre 27 toutefois est à part, et il est d’une assez grande portée pour l’intelligence de la parole de Dieu. Si la piété individuelle s’exprimait ainsi que nous l’avons vu au chapitre précédent, les relations publiques du peuple avec Dieu se basaient sur les menaces de la loi. Lorsque le peuple aurait traverse le Jourdain pour prendre possession de la terre promise (idée que nous retrouvons toujours dans ce livre), on devait, ayant dressé de grandes pierres et les ayant enduites de chaux, y écrire toutes les paroles de la loi. Cette loi renfermait les conditions de la jouissance du pays.
Le peuple devait se séparer en deux compagnies de tribus, une partie étant placée sur la montagne de Garizim pour bénir, l’autre sur la montagne d’Ébal pour maudire. Sur cette dernière on devait élever un autel à l’Éternel ; on y offrirait, non des sacrifices pour le péché, mais des holocaustes et des sacrifices de prospérité, culte qui supposait un peuple juste, en communion avec l’Éternel, mais placé sous la malédiction s’il violait la loi. Là-dessus, les malédictions sont prononcées, se terminant avec celle qui pèserait sur quiconque ne persévérerait pas en tout ce qui était écrit dans la loi. Mais les bénédictions de Garizim manquent entièrement.
Il n’est pas nécessaire d’insister sur l’importance de cette lacune. « Tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de loi (1) sont sous malédiction », dit l’apôtre ; « car il est écrit : Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites dans le livre de la loi ». Impossible d’échapper. Personne, sinon le Seigneur Jésus, n’a accompli la loi ; et Lui, si l’on ose parler ainsi, n’a pas élevé un autel d’holocauste, un autel d’adoration pour l’homme juste qui avait accompli la loi, c’est-à-dire pour lui tout seul ; mais il s’est offert pour nous sur la montagne de malédiction, en sacrifice pour le péché, et a fait taire pour l’éternité toutes ces menaces et ces malédictions. La bénédiction de Garizim, par conséquent, ne suffit pas non plus. Le ciel, et de plus, pour Lui, le trône du Père, sont la seule digne réponse et récompense pour ce qu’il a accompli en souffrant pour nos péchés.
1. Il ne s’agit pas dans cette expression de notre conduite, mais du principe sur lequel nous sommes placés devant Dieu. Ceux qui sont de la foi sont bénis avec le croyant Abraham ; ceux qui sont des œuvres de loi sont sous la malédiction, car la loi dit : Maudit, etc.
Le rapport entre les principes du chapitre 26 et ceux du chapitre 27 est d’un grand intérêt : l’accomplissement de la promesse dans la jouissance du pays, base des actions de grâces et du culte qui a sa source dans la rédemption ; puis l’autel, le service à rendre à Dieu, service attaché à Sa loi dont la violation, en un seul point, amenait la malédiction ; telle était la condition de la jouissance du pays.
C’est à ce point de vue, le seul qui touchât au fond de la question, que l’apôtre l’envisage. C’est sur le pied de cette alliance du Deutéronome, que le peuple devenait le peuple de l’Éternel à son entrée dans le pays (Comparez verset 9 et 10, et chapitre 28 v. 69).
Un message de John Nelson Darby.
© Reproduction gratuite autorisée en indiquant l'auteur et la source bible-foi.com.