Études sur la Parole.32
Josué chapitre 7 à 24 - Ce chapitre nous montre Josué employé à l’œuvre par l’Éternel, qui lui ordonne de passer le Jourdain pour entrer au pays qu’Il a donné aux enfants d’Israël.
Josué chapitres 7
Le chapitre 7 expose les principes du gouvernement de Dieu ou ses voies au milieu de son peuple engagé dans le combat. La victoire amène de la négligence. On croit que l’œuvre est facile. À la suite de la manifestation de la puissance de Dieu, on a une certaine confiance, qui en réalité n’est que la confiance en soi-même, car elle néglige Dieu. Ce qui le prouve, c’est que Dieu n’est pas consulté. Aï n’était qu’une petite ville ; deux ou trois mille hommes devaient facilement s’en rendre maîtres ; on a reconnu le pays, mais Dieu est oublié. Nous allons en voir les conséquences. Si l’on avait consulté l’Éternel, ou bien il n’eût pas répondu à cause de l’interdit, ou il aurait signalé cet interdit. Mais on ne le consulte pas ; on va de l’avant, et l’on est battu. Le peuple de Dieu, entouré de ses ennemis, a perdu sa force et recule devant la plus petite ville du pays. Que fera-t-il maintenant ? C’est ce qu’il ne sait pas ; il est engagé dans le combat et ne peut pas vaincre. Que fait-il là, où la victoire seule peut le mettre en sûreté ? « Le cœur du peuple se fondit et devint comme de l’eau » (Josué 7 v. 5).
Josué crie à l’Éternel ; car dans un pareil cas, l’homme même qui a l’Esprit se trouve pris au dépourvu, n’ayant pas agi selon l’Esprit. Il faut se jeter à terre devant l’Éternel, car la position n’est pas normale, n’est pas selon l’Esprit, seul guide et seule sagesse de son peuple. Toutefois, Josué rappelle la puissance par laquelle Dieu avait fait traverser le Jourdain au peuple, et la met en contraste avec sa position actuelle, qui ne s’y accordait nullement : « Pourquoi donc as-tu fait passer le Jourdain à ce peuple, pour nous livrer en la main de l’Amoréen, pour nous faire périr ? Si seulement nous avions su être contents, et que nous fussions demeurés au delà du Jourdain ! Hélas, Seigneur ! que dirai-je ? »
C’était un état d’âme troublé : l’effet de l’incrédulité mêlée avec les souvenirs de ce qu’avait fait la puissance de Dieu, dont Josué rappelle les merveilles. Josué aime le peuple et il place devant Dieu la gloire de son nom ; mais avec un désir craintif d’être demeuré de l’autre côté du Jourdain (et que faire là ? car l’incrédulité raisonne toujours mal), hors du combat qui amenait ces désastres, désir qui trahissait l’incrédulité dont son cœur était troublé.
Tel est l’état de l’âme du croyant dans le combat où l’introduit le Saint Esprit, lorsque intérieurement cet état ne répond pas à la présence du Saint Esprit, seule force dans le combat. Il n’y a pas moyen d’en sortir. Sa position exige absolument la puissance ; mais la nature de celui qui agit se refuse nécessairement à l’emploi de cette puissance. On se plaint, on reconnaît la puissance, on craint l’ennemi. On parle de la gloire de Dieu ; mais on pense à sa propre frayeur et à son état à soi. Cependant la chose était fort simple : « Israël a péché ». L’homme, même celui qui est spirituel, regarde aux effets, parce qu’ils le touchent de près, tout en reconnaissant la puissance de Dieu et le lien entre lui et son peuple. Mais Dieu regarde à la cause et en même temps à ce qu’il est. Il est amour, il est vrai ; mais il ne veut pas sacrifier les principes de son être même, ni se renier lui-même dans les relations qui sont fondées sur ce qu’il est. Sa gloire est certainement liée par la grâce au bien-être de son peuple : mais il saura la revendiquer et même bénir son peuple à la fin, sans compromettre ses principes. La foi doit compter sur le résultat certain de sa fidélité, mais doit mettre le cœur, soumis aux voies de Dieu, en accord avec ces principes.
Ce ne serait pas maintenir sa gloire au milieu de son peuple, s’il permettait en lui des choses contraires à son caractère essentiel et usait de sa puissance pour maintenir le peuple dans un état qui renierait Sa nature ; la relation serait faussée et Dieu lui-même compromis, chose absolument impossible. Il y avait du péché, et la force de Dieu ne se trouvait plus là ; car Dieu ne veut pas s’identifier avec le péché.
Et souvenons-nous ici, qu’il y avait aussi du péché dans la négligence qui allait de l’avant sans consulter Dieu. Le cri de Josué n’amène pas tout de suite la délivrance, mais premièrement la découverte du péché, à l’égard duquel Dieu est très précis et très exact. Remarquez qu’il sonde tout et prend connaissance des plus petits détails quand il s’agit du gouvernement de son peuple (voyez le verset 11 de ce chapitre 7).
Aussi Dieu ne dit-il pas qu’ils continueraient à être faibles ; mais « ils ne pourront subsister ». Triste changement ! Auparavant, c’était : « Nul ne pourra subsister devant toi » ; maintenant ils ne pourront subsister eux-mêmes.
Quand il n’y a pas sainteté, Dieu laisse voir en pratique la faiblesse de son peuple ; car il n’y a de force qu’en lui, et lui ne veut pas sortir avec eux, ni donner ainsi sanction et encouragement au péché. Cependant remarquons ici, que souvent Dieu ne retire pas tout de suite sa bénédiction de ceux qui ne sont pas fidèles : il les châtiera d’un côté, et les bénira de l’autre. Il agit avec patience, il les instruit dans sa grâce ; il ne les bénit pas là où le mal se trouve, mais il agit avec une tendresse admirable et une parfaite connaissance de cause, se donnant la peine, pour ainsi dire, de suivre l’âme en détail, selon son état et pour son bien ; car il est plein de grâce. Que de fois il attend ainsi la repentance de son peuple ! Hélas, que de fois il l’attend en vain ! Mais ici, nous avons le grand principe sur lequel il agit, comme en Jéricho sa puissance exercée en faveur de son peuple, manifestant que tout est entièrement de lui.
Un autre principe important nous est présenté ici : le peuple de Dieu est solidaire, quant aux effets du péché qui s’y trouve. La présence de Dieu est au milieu de lui. Le péché s’y commet. Il y est. Or, puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, là, et un seul peuple, et que Dieu est offensé, Dieu ne peut agir, et tout le peuple en subit les conséquences, car Dieu est sa seule force. Le seul remède est d’ôter l’interdit.
Nous trouvons la même chose à Corinthe, modifiée selon les principes de la grâce : il faut que le méchant soit ôté. Sans cela, le peuple est solidaire du péché, jusqu’à ce qu’il l’ait ôté et se soit ainsi « montré pur dans cette affaire ». En le faisant, il prend le parti de Dieu contre le péché, et la relation entre le corps et Dieu se rétablit dans son état normal. Cependant tout cela ne manquera pas de produire certains effets pénibles. Lorsqu’il y a de l’interdit, bien que Dieu soit glorifié en ce que la perfection de ses voies est manifestée, de même que sa jalousie du mal, sa connaissance parfaite de tout ce qui se passe (car la confession d’Acan montrait la justice de Dieu et le peuple n’avait rien à dire), toutefois, quoique le péché ne soit plus nié, il faut que la discipline s’effectue. Acan, dont le péché avait été mis à découvert par l’obéissance du peuple ou de Josué aux directions de l’Éternel, ne fait que ratifier aux yeux de tous, par sa confession, le juste jugement de l’Éternel.
Mais il est bon de se souvenir ici, que la discipline chrétienne a toujours pour but de rétablir l’âme. Lors même que celui qui est en chute serait livré à Satan, c’est pour la destruction de la chair, afin que l’esprit soit sauvé dans le jour du Seigneur, raison de toute force pour exercer cette discipline selon la capacité spirituelle de ceux qui le font, au delà de laquelle ils ne sauraient aller. On pourra du moins toujours s’affliger devant Dieu, afin que le mal soit ôté. Être indifférent à la présence du mal dans l’Église, c’est être coupable de haute trahison envers Dieu ; c’est profiter de son amour pour nier sa sainteté, le mépriser et le déshonorer devant tous. Dieu agit en amour dans l’Église ; mais il agit avec sainteté et pour conserver la sainteté, sinon ce ne serait pas rechercher le bonheur des âmes.
Il est intéressant de voir que cette vallée d’Acor, témoin et mémorial du premier pas dans le péché d’Israël introduit au pays, soit donnée à ce peuple comme « porte d’espérance » (Osée 2 v. 15), lorsque la grâce souveraine de Dieu agira. Il en est toujours ainsi. Craignez le péché, mais ne craignez pas l’amertume de sa découverte, ni celle de son châtiment : c’est là que Dieu commence à reprendre le chemin de la bénédiction. Que son nom de grâce en soit béni ! Suivons l’histoire de ce rétablissement du peuple dans la faveur de Dieu. Hélas ! Shinhar (Babylone) et l’argent commencent bientôt leur influence dans les voies du peuple de Dieu ; il les trouve chez ses ennemis, et le cœur charnel les convoite. Remarquez aussi que, s’il y a fidélité et obéissance, Dieu ne manque jamais de montrer et d’ôter ce qui empêche la bénédiction de son peuple.
Chapitre 8
Le chapitre 8 nous montre le retour d’Israël à sa force en Dieu. Si tout le peuple a été compromis par le péché d’Acan, il faut qu’il soit rétabli dans la confiance d’une manière sensible, qu’il soit affermi, et que par conséquent il subisse ce qui est nécessaire pour son rétablissement. Il doit faire des expériences. On en éviterait beaucoup en marchant dans la simplicité et l’intégrité de la foi. Jacob en fit plus qu’Abraham, et c’est lors de ses infidélités qu’Abraham en a fait le plus, qu’il a fait au moins celles qui sont réellement senties comme exercice du coeur. Toutefois Dieu s’en sert pour que nous apprenions ce que nous sommes et ce qu’Il est, deux choses, si nous les ignorons, qui rendent les expériences nécessaires.
Le succès est maintenant certain ; mais il faut que tout le peuple monte à l’attaque de cette petite ville qui, à en juger selon la force humaine, pouvait être prise par deux ou trois mille hommes. L’orgueil et la fausse confiance reçoivent ici une sévère leçon. Que de peine Josué doit se donner ! Dresser une embuscade, feindre de fuir, tout cela pour prendre une petite ville, et pas beaucoup de gloire après tout. Il faut plus de peine pour revenir dans le chemin de la bénédiction, que pour se tenir loin du mal. Mais la simplicité de la foi et sa vigueur naturelle ne se retrouvent qu’après toute cette peine.
Cependant la puissance de Dieu l’accompagne et tout réussit, quoique la manifestation de cette puissance ne soit pas telle qu’à Jéricho. Enfin, par la direction de Dieu, Josué étend vers la ville le javelot qui était dans sa main. Il ne paraît pas que l’embuscade l’ait vu, ni que ce fût un signal convenu (*). Mais aussitôt qu’il est étendu, l’embuscade se lève, entre dans la ville et y met le feu. C’est ainsi que le Seigneur, agissant par son Esprit au moment opportun, produit de l’activité en ceux même qui ne savent peut-être pas pourquoi. À un moment donné, ils sont poussés en avant, et croient agir par des motifs qui leur sont propres, tandis que c’est le Seigneur qui dirige tous leurs mouvements, afin qu’ils correspondent à ce qui se fait ailleurs sous sa main, et amène ainsi la réussite de toute l’affaire.
(*) Il paraît d’autant plus que ce n’était pas un signal convenu et que cet acte a le sens que je lui donne ici, que Josué ne retira pas le javelot, jusqu’à ce qu’on eût entièrement défait les habitants d’Aï, à la façon de l’interdit, ce qui ne s’accorde pas avec l’idée d’un simple signal.
Il est d’un grand intérêt de voir le Seigneur être ainsi le ressort caché de toute l’action, donnant l’impulsion à l’activité des siens qui, en détail, ignorent ce qui les met en mouvement, quoique en général ils aient la révélation des pensées de Dieu, comme Israël avait la direction générale de Josué. Lorsque Christ étend le javelot, tout se met en mouvement pour accomplir les desseins de sa sagesse et amener les résultats voulus de sa puissante grâce. Que nous ayons seulement de la foi pour le croire !
Il nous reste encore dans ce chapitre deux autres points importants a considérer. Le Seigneur avait déjà montré dans la prise de Jéricho, que c’était sa puissance seule qui faisait remporter la victoire, ou plutôt qui mettait tout dans les mains d’Israël, le prince de ce monde n’ayant aucune force contre lui ; et que, l’or et l’argent étant à l’Éternel, le peuple ne devait pas chercher dans le monde conquis les trésors qu’il contenait, ni s’enrichir de ses dépouilles. En général cependant Israël, ayant exterminé entièrement ses ennemis, s’empare de tout comme du pays de promesse.
Maintenant que ces deux grands principes sont posés, savoir que la puissance de Dieu est avec son peuple, et qu’il veut que la sainteté et la consécration à lui soient conservées dans le camp, Josué prend formellement possession de tout le pays comme appartenant à l’Éternel.
Ce n’est pas ici célébrer le mémorial de leur délivrance par le sang de l’Agneau, ni se nourrir du cru du pays céleste dans le lieu du repos où l’on se souvient en paix de la grâce et de la perfection de Christ et de l’œuvre de rédemption qu’il a accomplie. Le peuple traite le pays même, comme appartenant de droit à l’Éternel, selon la puissance de la force spirituelle qui est en activité, pour faire valoir ses droits, et qui les reconnaît lors même que la conquête du pays n’est encore que commencée. À Jéricho on participait (en figure,) à la croix et aux choses célestes, sans qu’il fût question de combattre.
Ici, les conditions du combat posées, on déclare d’avance publiquement que le pays est à l’Éternel. Quoique Satan soit encore en possession du terrain contesté de la puissance spirituelle, de droit il appartient à l’Éternel. Voici deux faits par lesquels Josué le constate. Il fait descendre de la potence le corps du roi d’Aï, avant le coucher du soleil. C’était l’ordonnance de Deutéronome 21 v. 21 à 23 : « Son cadavre ne passera pas la nuit sur le bois ; mais tu l’enterreras sans faute le jour même, car celui qui est pendu est malédiction de Dieu ; et tu ne rendras pas impure la terre que l’Éternel, ton Dieu, te donne en héritage ». La victoire d’Israël était complète. La malédiction pesait sur les ennemis qui étaient les ennemis de Dieu. Ils étaient faits malédiction et signalés comme tels. Or, selon la foi de Josué, la terre était déjà tellement donnée à Israël de par l’Éternel, qu’elle ne devait point être souillée, de sorte qu’il fit descendre le corps mort de la potence pour qu’elle ne le fût pas en effet.
Le second fait c’est que Josué bâtit l’autel sur la montagne d’Ébal. Ayant pris possession de Canaan comme terre consacrée, ils reconnaissent l’Éternel comme le Dieu d’Israël, en l’adorant sur celle terre. L’autel était là, comme témoignage et comme lien entre le peuple et l’Éternel qui lui avait donné le pays. En étudiant le Deutéronome, il a déjà été fait mention de l’emplacement de cet autel ; je n’y reviens pas (Deutéronome 27 v. 4 à 8). Je laisse au lecteur à juger si Josué eût mieux fait de dresser cet autel, aussitôt après avoir passé le Jourdain. Quoi qu’il en soit. ce n’est pas toujours à Dieu que nous pensons premièrement, lorsque nous jouissons des effets de sa puissance. C’est bien notre folie, soit pour ce qui concerne la joie, soit pour ce qui tient à la sûreté.
Josué fait lire ici non seulement les malédictions attachées comme menaces aux violations de la loi, mais aussi tout ce qui parlait des voies de Dieu dans son gouvernement du peuple.
Chapitre 9
Mais si une telle position proclame les droits de Dieu et manifeste la confiance du peuple, elle amène bientôt les combats. L’ennemi ne consent pas à ce qu’on s’empare du territoire qu’il a usurpé, et à ce que tout soit envahi. Mais les ruses de l’ennemi sont plus à craindre que sa force, et même elles sont toutes à craindre ; car dans sa force il rencontre le Seigneur ; dans ses ruses il trompe ou cherche à tromper les fils des hommes. Si l’on résiste au diable, il s’enfuit ; mais, pour parer à ses ruses, il faut toutes les armes de Dieu. Christ répond à ses ruses par la Parole, et lorsque l’ennemi se déclare, il lui dit : « Va-t’en, Satan ».
Les habitants de Gabaon feignent d’être venus de loin. Les principaux d’Israël usent de la sagesse humaine, au lieu de consulter Dieu. Cette fois ce n’est pas confiance dans la force, mais dans la sagesse de l’homme. Les principaux, accoutumés à réfléchir et à diriger, sont plus portés à donner dans ce piège. Tout méchant qu’il soit, dans son incrédulité, le peuple, désireux du résultat, est souvent plus près de la pensée de Dieu, pour qui le résultat est sûr. Le doute s’est présenté à l’esprit des principaux, de sorte qu’ils sont sans excuse : en apparence c’était beaucoup gagner que d’avoir des alliés là où il y avait tant d’ennemis. Les Gabaonites les flattent comme étant le peuple de l’Éternel. Il y avait tout ce qui était nécessaire pour tranquilliser l’esprit de l’homme.
Satan peut parler religion, aussi bien qu’un autre ; mais il ne trompe que lorsqu’on prend sur soi de conduire les affaires et qu’on ne consulte pas l’Éternel. Il faut la communion avec lui pour discerner que ces gens sont du pays, des ennemis qui n’osent pas l’être ; mais avoir la paix avec de telles gens, c’est se priver d’une victoire et du droit de faire valoir le jugement et la gloire de Dieu, pour posséder sans mélange le pays de bénédiction. Des alliés ne font que mettre de côté la seule dépendance de Dieu et la pureté des relations morales, qui se trouvent dans Ses rapports avec les siens, lorsqu’il n’y a que sa puissance qui les soutienne. On épargne l’ennemi, et le nom de l’Éternel qui a été introduit, oblige son peuple à conserver un piège continuel au milieu de lui.
Quatre siècles plus tard, au temps de Saül, cela a porté ses tristes fruits. Pour un cœur spirituel, la présence des Gabaonites était toujours un mal. Enfin quel besoin Israël avait-il d’alliés ? L’Éternel ne leur suffirait-il pas ? Qu’il nous donne de nous assurer en lui, de le consulter toujours, de n’avoir que lui et de marcher dans sa soumission. Ce sera la victoire assurée sur tous ses ennemis, et le pays sera tout à nous, peuple de Dieu.
Chapitre 10
Du reste, cette paix avec les Gabaonitcs ne fait qu’attirer sur Israël de nouvelles attaques. Mais ici tout est simple. L’Éternel dit à Josué : « Ne les crains pas, car je les ai livrés en ta main ». Voilà tout ce que veulent dire les combats pour celui qui marche devant Dieu selon l’Esprit. Il faut bien le combat, mais combat n’est que victoire. C’est l’Éternel qui a livré les ennemis entre nos mains ; aucun d’eux ne subsistera devant nous.
Toutes choses sont à notre disposition. Le soleil s’arrête et la lune suspend sa marche, témoins de la puissance de Dieu et de l’intérêt qu’il met à bénir son peuple. Nous pouvons être assurés que là où l’Esprit veut aller, les roues y vont (voyez Ézéchiel 1 v. 20). Josué battit donc tous ses ennemis, parce que l’Éternel, le Dieu d’Israël, combattait pour Israël. Ici il y a fidélité ; point de paix. Qu’avaient à faire des Cananéens dans la terre de l’Éternel ? Satan a-t-il droit au pays de promesse ? C’est ainsi que Josué considère toujours la terre de Canaan (chap. 10 v. 27). Mais, après la victoire, Israël retournait au camp à Guilgal. Nous avons déjà expliqué ce qu’était Guilgal.
Mais ce retour dans ce lieu des vainqueurs des rois de Canaan, contient la leçon instructive, que, quelles que soient nos victoires et nos conquêtes, il nous faut toujours revenir à la place qui nous convient devant Dieu, dans l’anéantissement de nous-mêmes ; à l’application de la connaissance que nous avons de Dieu, la résurrection de Christ nous ayant introduits dans le pays céleste ; au jugement et à la mortification de la chair à la circoncision spirituelle, qui est la mort de la chair par la puissance de la résurrection. Il y a un temps pour agir et un temps pour l’inaction en se tenant devant Dieu pour que nous soyons propres à agir. L’activité, la puissance qui nous accompagne, le succès, tout tend à nous éloigner de Dieu, ou du moins à distraire nos cœurs légers.
Mais le camp, le point de départ pour la victoire, est toujours Guilgal. Ce n’est pas là que l’ennemi nous attaque si nous sommes fidèles. Les attaques partent de notre côté, quels que soient les mouvements de nos adversaires.
Remarquons aussi que, malgré tous les manquements du peuple et de Josué, en résultat tout a bien tourné. Il y a eu des fautes, et ces fautes ont reçu leur châtiment, comme dans le cas de Gabaon et celui d’Aï. Mais la marche du peuple étant fidèle au fond, Dieu fait tout concourir au bien. Ainsi la paix avec Gabaon amène la victoire sur les rois qui l’attaquent. Dans les détails, il y a sujet d’humiliation et de châtiments ; dans l’ensemble, la main de Dieu paraît avec la dernière évidence.
Il est rare que chaque pas de notre course soit un pas que la foi et la dépendance de Dieu aient dirigé. On s’en humilie justement ; mais lorsque le but est celui du Seigneur, le Seigneur va en avant et conduit tout pour faire triompher son peuple dans cette sainte guerre, qui est la sienne. Seulement nos fautes peuvent porter leurs fruits pendant longtemps.
Chapitre 11
Les victoires d’Israël appellent de nouveau la guerre sur lui ; mais la confédération de ses ennemis ne sert qu’à les livrer tous ensemble entre ses mains. Si Dieu ne permet pas la paix, c’est qu’il veut la victoire. Ici un nouveau principe nous est présenté. Dieu ne veut absolument pas que le siège d’influence pour le monde le devienne pour son peuple, car son peuple ne relève que de lui. La conséquence naturelle de la prise de Hatsor eût été d’en faire le siège du gouvernement de Dieu, en sorte que cette ville fût pour Dieu ce qu’elle avait été auparavant pour le monde, car « Hatsor avait été la capitale de tous ces royaumes ». Mais c’est tout le contraire ; Hatsor est détruite totalement. Dieu ne veut pas laisser une trace de l’influence qui auparavant gouvernait ; il veut faire toutes choses entièrement nouvelles. La capitale et l’influence seront siennes, entièrement et exclusivement siennes : leçon bien importante pour ses enfants, s’ils veulent garder leur intégrité spirituelle.
Dans un certain sens, la conquête du pays semblait complète, c’est-à-dire qu’il n’y avait pas de force extérieure qui subsistât et qui formât un royaume. Mais il restait bien des ennemis d’Israël dans le pays, ennemis qui ne le troublaient guère, il est vrai, pendant qu’il était fidèle ; mais qui cependant introduisaient le peuple dans des voies qui, plus tard, devaient amener sa ruine. On avait divisé le pays conquis ; il était tranquille, sans avoir de guerre. Lorsque tout est fini, on peut compter ses victoires, mais non auparavant ; jusque-là il s’agit plutôt d’en remporter d’autres.
Nous pouvons remarquer ici, que la faute commise avant l’attaque d’Aï, s’était comme effacée dans le résultat des voies de Dieu, et même avait contribué au développement de ses plans. Précédemment, cela avait retardé et avait été puni ; mais Dieu s’appliquait à restaurer moralement Israël dans la confiance de la foi, et cela ne retardait nullement le grand résultat des voies de Dieu. Ce n’est pas une excuse, mais c’est une douce et puissante consolation qui porte d’autant plus à l’adoration. La faute commise à l’occasion des Gabaonites me paraît plus grave. Elle ne retardait pas la marche ; mais comme acte de Josué et des principaux, elle faussait pour toujours leur position vis-à-vis de ceux qu’ils épargnaient.
Le chapitre 11 termine la première partie du livre, c’est-à-dire l’histoire des victoires de Josué ; soit, en type, celle de la puissance du Seigneur par l’Esprit, pour mettre son peuple en possession des promesses.
Chapitre 12
Le chapitre 12 n’est qu’un résumé des résultats obtenus. Or, le Saint Esprit ne nous donne pas seulement de remporter la victoire sur nos ennemis, il nous fait saisir et reconnaître toute l’étendue du pays, et définit la possession dont chacun jouit en particulier, nous donnant le détail de tout ce qui s’y trouve, des parfaits arrangements de Dieu pour que tout soit bien approprié à la distribution des tribus de son peuple, de manière à produire un ensemble bien ordonné, un et parfait dans toutes ses parties selon la sagesse de Dieu. Mais nous en venons ici à la réalisation de la distinction maintenue dans le Nouveau Testament, entre les dons de Dieu et la jouissance des choses données. « Pour vous, l'onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n'avez pas besoin qu'on vous enseigne ; mais comme son onction vous enseigne toutes choses » (1 Jean 2 v. 27). « Nous sommes assis dans les lieux célestes » (par la même puissance qui y a placé Christ en le ressuscitant d’entre les morts, et l’a placé au-dessus de tout nom qui se nomme). Hélas ! que de choses terrestres restent encore non vaincues chez les chrétiens ! Mais le Saint Esprit prend connaissance de cet état, en vue et par rapport à ce qui leur appartient de droit : c’est ce qui fait comprendre la seconde partie de ce livre.
Chapitre 13 à 22
Quoiqu’il restât une assez grande partie du pays, Josué partage le tout entre les tribus selon le commandement de l’Éternel, qui déclare que lui-même chassera les habitants devant Israël. Mais le peuple n’a guère répondu à cette promesse. Les villes des Philistins ont bien été prises, mais leurs habitants n’ont pas été exterminés ; ils sont restés et ont bientôt retrouvé leurs forces. Ici, on peut remarquer que, là où il y a de la fidélité, il y a du repos. L’œuvre de Josué eut pour effet que le pays fut tranquille sans avoir la guerre. Même résultat pour celle de Caleb (14 v. 15). Dans la distribution des villes aux Lévites, on retrouve cette même vérité (21 v. 43 et 44). Dans les détails il n’en est pas ainsi ; toute l’étendue du pays est donnée à Israël, et chaque tribu a sa part ; aussi ce qui est échu à chaque tribu lui est donné en plein droit par l’Éternel lui-même. Les limites en sont marquées, car l’Esprit de Dieu prend connaissance de tout pour distribuer tout l’héritage spirituel, et à chacun selon les pensées de Dieu. Rien n’est incertain dans les arrangements de Dieu. Mais on trouve que pas une tribu n’a chassé de son domaine tous les ennemis de Dieu, pas une seule n’a réalisé la possession de tout ce que Dieu lui avait donné.
Juda et Joseph prennent possession de leurs portions ; nous savons qu’ils sont toujours restés à la tête d’Israël, accomplissant ainsi les conseils de Dieu, quant à la royauté pour Juda et au droit d’aînesse échu en grâce à Joseph (chap. 15-17 ; voyez 1 Chroniques 5 v. 2) ; le tabernacle de Dieu est aussi posé en paix (chap. 18) ; mais une fois en repos, les tribus sont bien lentes à prendre possession de ce qui leur appartient, histoire trop constamment réalisée du peuple de Dieu. Ayant trouvé du repos, il néglige ce que Dieu a promis. Cependant, comme nous l’avons vu, l’Esprit de Dieu n’a pas manqué de désigner au peuple, en détail, tout ce qui lui appartient. Nous avons déjà pu voir toute la portée de ce commandement, mais nous voulons encore faire remarquer ici que non seulement nous trouvons en figure, devant Jéricho, le titre à la possession de toutes choses selon l’Esprit, les droits du Seigneur maintenus dans le cas du roi d’Aï et au mont Ébal, comme étant la base de la possession actuelle, mais nous voyons encore qu’il a été pourvu à la restauration de la jouissance de l’héritage dans ses détails, lorsque cette jouissance serait perdue pour un temps. Ce qui s’applique en figure au peuple dans les derniers jours.
Les villes de refuge sont établies (chap. 20), c’est-à-dire la terre étant à l’Éternel, il est pourvu à ce qu’elle ne soit pas souillée, et à ce que chacun puisse retrouver son héritage, lorsqu’il en aura été éloigné pour un temps par sa faute, parce que sans préméditation il avait tué quelqu’un.
L’établissement des deux tribus et demie de l’autre côté du Jourdain, donne lieu à des difficultés et à des soupçons ; toutefois ces tribus étaient fidèles au fond. Elles ont souffert de leur position, l’égoïsme ayant tant soit peu gâté l’énergie de leur foi ; mais la fidélité de l’Éternel se trouvait en elles.
Chapitres 23-24
Enfin Josué place le peuple, par voie d’avertissement, sous la malédiction ou la bénédiction, selon sa désobéissance ou son obéissance et puis il lui raconte son histoire, comment ses pères avaient été idolâtres, et que ses voisins l’étaient toujours.
Mais le peuple ayant encore la conscience de la puissance de Dieu, qui l’avait béni, déclare qu’il ne suivra que l’Éternel. Il est placé ainsi sous les conséquences de sa conduite, et entreprend d’obéir, comme condition de sa jouissance du pays et de l’effet de la promesse de Dieu. Ils sont laissés là en paisible possession de tout, il est vrai, mais sous la condition d’obéissance, après qu’ils ont déjà permis à ceux qui auraient dû être exterminés, de rester dans le pays, et quand, dès le début, ils n’avaient pas réalisé du tout ce que Dieu leur avait donné. Quel tableau de l’Église dès le temps des apôtres !
Il y a encore une remarque à faire. Lorsque Christ reviendra dans la gloire, nous posséderons toutes choses, Satan étant lié. Or l’Église, par le Saint Esprit, devrait réaliser la puissance de cette gloire. Mais il y a des choses célestes proprement dites qui sont à nous, comme étant notre demeure, notre position, notre vocation ; d’autres qui sont la sphère d’exercice de la puissance dont nous jouissons, et qui nous sont assujetties. Ainsi les limites de la demeure d’Israël étaient plus étroites que celles du territoire qu’il était en droit de posséder. Le Jourdain était la limite de sa demeure, l’Euphrate celle de sa possession. Les choses célestes sont à nous. Mais la manifestation de la puissance de Christ sur la création et la délivrance de cette création nous est accordée. Elle sera délivrée lorsque Christ lui-même exercera cette puissance.