Études sur la Parole.31

Études sur la Parole.31

Josué chapitre 4 à 6 - Ce chapitre nous montre Josué employé à l’œuvre par l’Éternel, qui lui ordonne de passer le Jourdain pour entrer au pays qu’Il a donné aux enfants d’Israël.

Josué chapitres 4

Mais si l’on est introduit dans une vie qui est au delà de la mort par la puissance de l’Esprit de Dieu, en tant que morts et ressuscités eu Christ, il faut se souvenir de cette mort par laquelle on a été délivré de ce qui était en deçà d’elle, de la ruine de l’homme tel qu’il est et de la création déchue à laquelle il appartient. Douze hommes, un de chaque tribu, devaient apporter des pierres du milieu du Jourdain, du lieu où les sacrificateurs s’arrêtaient de pied ferme avec l’Arche, pendant que tout Israël passait à sec. Le Saint Esprit apporte avec lui, pour ainsi dire, le mémorial émouvant de la mort de Jésus, par la puissante efficace de laquelle il a fait tourner en vie et en délivrance tout l’effet de la force de l’ennemi de nos âmes. La mort monte avec nous du fond de la tombe de Jésus, non plus maintenant comme mort ; elle est devenue vie pour nous. Ce mémorial devait être placé à Guilgal, circonstance dont la force sera considérée dans le chapitre suivant ; nous ne nous arrêtons ici que sur le mémorial même. Les douze pierres pour les douze tribus présentaient l’ensemble des tribus de Dieu. Ce nombre est le signe de la perfection dans les instruments humains, en rapport ici comme ailleurs avec le Christ, comme dans le cas des pains de proposition.

Ici encore l’Esprit nous assigne une place plus avancée, à nous chrétiens. Il y avait douze pains de proposition, et nous n’en formons qu’un seul dans notre vie d’union par le Saint Esprit avec Christ notre chef, vie qui est celle dont nous parlons ici. Or, c’est sa mort qui nous est rappelée par le mémorial que nous a laissé la tendre bonté du Seigneur, qui daigne attacher du prix à notre souvenir de son amour.

Je ne parle ici de ce mémorial que comme étant le signe de ce qui devrait toujours être une réalité. Nous mangeons sa chair, nous nous abreuvons de sa vie donnée pour nous. Étant un maintenant dans la puissance de notre union avec Christ ressuscité et glorifié, car je parle ici de notre position tout entière, étant morts au monde et au péché, c’est du fond du fleuve où Il est entré pour en faire le chemin de la vie pour nous, de la vie céleste, que nous rapportons le précieux mémorial de son amour et du lieu où il a accompli son œuvre. C’est un corps dont la vie par le sang est terminée, que nous mangeons, un sang versé que nous buvons ; et c’est pourquoi le sang était absolument interdit à Israël selon la chair ; car, comment boire la mort quand on est mortel ? Mais nous nous en abreuvons, parce que, vivant avec lui, nous vivons par la mort de Christ, et c’est en réalisant la mort de ce qui est mortel que nous vivons avec lui. Le souvenir du Jourdain, de la mort lorsque Christ y était, est celui de la puissance qui a assuré notre délivrance dans la dernière forteresse de celui qui avait l’empire de la mort. C’est le souvenir de l’amour qui y est descendu, afin que, quant à nous, elle perdît toute sa puissance, sauf pour nous faire du bien et nous être témoin d’un amour infini et immuable.

La puissance de la vie en résurrection ôte toute force à Satan : « ...celui qui est né de Dieu se garde lui-même, et le malin ne le touche pas » (1 Jean 5 v. 18). Dans notre vie terrestre, ayant la chair en nous, nous sommes exposés à la puissance de l’ennemi, quoique la grâce de Christ soit suffisante pour nous, sa puissance s’accomplissant dans l’infirmité, mais la créature n’a pas de force contre lui, lors même qu’elle ne serait pas entraînée dans un mal positif. Mais si la mort est devenue notre abri, nous faisant mourir à tout ce qui donne prise à Satan, celui-ci que pourrait-il faire ? Peut-il tenter un mort ou vaincre celui qui vit après la mort ? Or, si cela est vrai, le réaliser en pratique est nécessaire aussi. Vous êtes morts, c’est pourquoi mortifiez (Colossiens 3). C’est là ce que veut dire Guilgal. Bien plus, il nous faut toujours porter dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps (2 Corinthiens 4 v. 10).

Chapitre 5

Il ne s’agit pas encore de prendre des villes, de réaliser les magnifiques promesses de Dieu. Il faut auparavant la mortification de soi-même. Avant de vaincre Madian, Gédéon a dû renverser l’autel qui était chez lui. Remarquez ensuite que le désert n’est pas le lieu où s’accomplit la circoncision, lors même qu’on y a été fidèle. Le désert est le caractère que prend le monde quand nous avons été rachetés. C’est là que la chair qui est en nous est actuellement éprouvée. La mort et notre entrée dans les lieux célestes jugent toute la nature dans laquelle nous vivons dans ce monde. Mais alors, en vertu de notre mort et de notre résurrection avec Christ, la mort est appliquée pratiquement et la circoncision est l’application de la puissance de l’Esprit à la mortification de la chair chez celui qui a part à la mort et à la résurrection de Jésus. (Comp. 2 Corinthiens 4 v. 10 à 12). 

Ainsi, Paul dit : « Car les circoncis, c'est nous, qui rendons à Dieu notre culte par l'Esprit de Dieu, qui nous glorifions en Jésus-Christ, et qui ne mettons point notre confiance en la chair » (Philippiens 3 v. 3). Quant à la vie extérieurement morale, il l’avait déjà. Avait-il ajouté la vraie piété à sa religion de forme, la vraie crainte de Dieu à ses bonnes œuvres ?

C’était bien plus que cela. Christ avait tout remplacé en lui : premièrement, en fait de justice, ce qui est le fondement ; mais, de plus, l’apôtre dit : « Pour le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection… étant rendu conforme à sa mort, si en quelque manière que ce soit je puis parvenir à la résurrection d’entre les morts » (Philippiens 3 v. 11). Aussi, est-ce en courant vers le but qu’il attend la venue de Jésus, pour accomplir cette résurrection, quant à son corps. Dans l’épître aux Colossiens, chap. 2, il nous parle, de la circoncision de Christ. Est-ce seulement qu’il a cessé de pécher (effet certain, au reste, de cette œuvre de Dieu) ? Non ; car pour décrire cette œuvre de Dieu, il ajoute : « Étant ensevelis avec lui par le baptême, par lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l’opération de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts » (Colossiens 2 v. 12). Les conséquences de la vie céleste se trouvent au chapitre 3, verset 1, qui est en rapport immédiat avec le verset que nous venons de citer. Aussi l’œuvre est-elle ici couronnée par la manifestation des saints avec Jésus lorsqu’il paraîtra, non pas lorsqu’il viendra les enlever. La part céleste est omise dans les Colossiens, sauf que notre vie est cachée dans le ciel et que ce qui s’y trouve est un effet de l’espérance. Nous sommes rendus « capables d’y participer » et c’est précisément ce que notre passage nous présente.

Notre Guilgal est au verset 5. « Mortifiez donc … » Ce n’est pas : « Mourir au péché », « Mortifiez » est une puissance active. Cela repose sur la puissance de ce qui est déjà vrai pour la foi. Vous êtes morts, mortifiez donc. Étant dans cette position, on la réalise. « Tenez-vous vous-mêmes pour morts », dit l’apôtre (Romains 6), en parlant du même sujet (1*). C’est la force en pratique de la figure des pierres tirées du Jourdain. Elles étaient un signe de notre union avec Christ qui a été mort (2*). Mais nous sommes aussi ressuscités avec Lui (3*), comme étant morts avec lui. Mais il y a un autre aspect de la vérité : « Nous étions morts dans nos péchés » (Ephésiens 2 v. 5). Il descendit en grâce où nous étions, et descendant ainsi les expia. Dieu nous a ressuscités avec lui, nous ayant pardonné tous nos péchés (4*). Tout ce qu’il a fait était pour nous. Associé avec lui vivant, uni à lui par l’Esprit, je suis aussi assis en lui, mais pas encore avec Lui dans les lieux célestes (5*).

Je m’approprie, ou plutôt, Dieu m’attribue tout ce qu’il a fait, comme si cela me fût arrivé à moi-même ; il est mort au péché, en Lui je suis mort au péché. Alors, je « mortifie » ; ce qu’on ne saurait faire comme étant encore vivant dans la chair. Où était la vie et la nature dans laquelle on pouvait le faire ? Dans les Colossiens, je suis ressuscité avec lui, et aussi assis en lui dans les lieux célestes, mais cette épître ne nous présente pas la doctrine des Éphésiens au sujet du dessein et des conseils de Dieu, doctrine qui nous fait voir, comme conséquence de l’exaltation de Christ à la droite de Dieu, le simple acte de puissance divine qui nous prend, lorsque nous étions morts dans nos péchés, pour nous placer en lui. Dans les Colossiens nous trouvons, pour ainsi dire, les opérations par lesquelles nous passons, comme ayant été vivants (non pas morts) dans nos péchés, pour être amenés, par la mort, dans une vie meilleure en Christ. L’autre côté, celui des Éphésiens, est également vrai, ce qui me fait en parler, mais les Colossiens nous parlent du changement, d’un changement essentiel, mais subjectif, quant à la mort et à la résurrection. Il correspond à ce que nous enseigne en type le livre de Josué.

(1*) Cette progression présente trois degrés : 1° Le jugement de Dieu : « Vous êtes morts ». 2° L’acceptation de ce jugement par la foi : « Tenez-vous vous-mêmes pour morts ». 3° Enfin sa réalisation en pratique : « Portant toujours partout dans le corps la mort de Jésus ».

(2*) L’épître aux Romains ne nous sort pas du désert, mais nous parle de la position que la mort de Christ nous y a donnée. La foi accepte cette position : la mort au péché et la vie à Dieu dans ce monde. Cette vie à Dieu est la conséquence du fait que nous avons été sauvés par sa mort et baptisés pour elle ; mais l’épître aux Romains ne parle pas de notre résurrection, car cette dernière nous sort du désert. C’est le sujet de l’épître aux Colossiens et du Jourdain.

(3*) L’épître aux Colossiens ne va pas au-delà.

(4*) L’épître aux Colossiens ne va pas au-delà, seulement elle ne nous considère pas comme morts dans nos péchés, mais comme ayant vécu dans le péché et étant maintenant morts et ressuscités.

(5*) C’est l’enseignement de l’épître aux Éphésiens. C’est l’acte souverain de la puissance divine qui nous a pris lorsque nous étions morts dans nos péchés et nous a placés en Christ.

Or, la circoncision étant l’application pratique de la mort de Christ, au péché, à tout ce qui est appelé « le corps de la chair » (Colossiens 2 v. 11), et qui s’oppose à notre condition d’hommes ressuscités avec Christ, nous nous souvenons de la mort de Jésus, et la mortification de nos membres qui sont sur la terre s’accomplit par la grâce, dans la conscience de la grâce. Autrement, ce ne serait que l’effort d’une âme sous la loi, et dans ce cas on aurait une mauvaise conscience et point de force. C’est ce qu’ont essayé des moines sincères ; mais la grâce, Christ et sa force n’étaient pas dans leur tentative. S’il y avait de la sincérité, il y avait aussi la misère spirituelle la plus profonde. Pour mortifier, il faut la vie ; et si nous avons la vie, nous sommes déjà morts en Celui qui est mort pour nous.

C’étaient des pierres prises au fond du Jourdain qui étaient posées en Guilgal, et le Jourdain était déjà passé avant qu’Israël fût circoncis. Le mémorial de la grâce et de la mort comme témoignage d’un amour qui a accompli notre salut, en s’occupant en grâce de nos péchés, se trouvait là où la mort au péché devait avoir lieu. Christ mort pour les péchés, en amour parfait, en efficace immanquable, et sa mort au péché, nous donnent la paix par son sang au sujet du péché et des péchés, mais aussi nous rendent capables, par grâce, de nous tenir nous-mêmes pour morts au péché, et de mortifier nos membres qui sont sur la terre.

En chaque circonstance il faut donc se souvenir qu’on est mort et se dire : Si je suis mort par la grâce, qu’ai-je à faire du péché, qui suppose que je vis encore ? C’est dans cette mort qu’est Christ dans la beauté et dans la puissance de sa grâce, c’est la délivrance même, et moralement l’introduction dans une condition qui nous rend capables de participer au lot des saints dans la lumière. Quant au progrès, l’apôtre dit : « Ce n'est pas que j'aie déjà remporté le prix, ou que j'aie déjà atteint la perfection; mais je cours, pour tâcher de le saisir, puisque moi aussi j'ai été saisi par Jésus-Christ » (Philippiens 3 v. 12). Mais ce n’est pas le sujet qui nous occupe.

Ainsi, en étant mort, et seulement ainsi, l’opprobre d’Égypte sera ôté. Tout signe du monde est un opprobre pour celui qui est céleste. L’homme céleste seul qui est mort avec Christ, se débarrasse de ce qui tient à l’Égypte. Or, la vie de la chair y tient toujours ; mais le principe de la mondanité est déraciné chez celui qui est mort et ressuscité avec Christ, et qui vit d’une vie céleste. Il y a dans la vie de l’homme vivant comme tel dans ce monde (Colossiens 2 v. 20), un lien nécessaire avec le monde tel que Dieu le voit, c’est-à-dire pécheur et corrompu ; il n’y en a plus chez un mort. La vie d’un ressuscité n’est pas de ce monde, elle n’a pas de lien avec lui. Celui qui la possède peut le traverser et faire bien des choses que d’autres font. Il mange, travaille, souffre ; mais, quant à sa vie et à son but, il n’est pas du monde, comme Christ n’était pas du monde. C’est Christ, ressuscité et monté en haut, qui est sa vie. Il mate sa chair, il la mortifie ; car elle est de fait ici-bas , mais lui ne vit pas en elle. Le camp était toujours à Guilgal. C’est là qu’après ses victoires et ses conquêtes, se rendait le peuple, armée de l’Éternel. Si nous ne le faisons pas, nous serons faibles, la chair nous trahira et nous serons livrés à l’ennemi au moment du combat, et même du combat sincèrement engagé dans l’œuvre de Dieu. C’est à Guilgal qu’est élevé le monument des pierres du Jourdain ; car, si la conscience d’être mort avec Jésus est nécessaire pour pouvoir mortifier la chair, c’est dans cette mortification qu’on parvient à connaître pratiquement ce que c’est qu’être ainsi mort.

On ne réalise pas la communion intérieure (je ne parle pas maintenant de la justification), la douce et divine jouissance de la mort de Jésus pour nous, avec une chair non mortifiée. Cela ne se peut pas. Mais, si l’on revient à Guilgal, à la mortification bénie de notre propre chair, on y trouve toute la douceur (et elle est infinie), toute la puissante efficace de cette communion avec la mort de Jésus, avec l’amour qui s’y est manifesté. « Portant toujours partout », dit l’apôtre, « dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps » (2 Corinthiens 4 v. 10). Ainsi nous ne restons pas dans le Jourdain ; mais il reste dans le cœur tout ce qu’il y a de précieux dans cette œuvre magnifique, œuvre que les anges désirent sonder, qui est pour nous, et que Christ nous approprie dans son amour. Il se trouve avec nous à Guilgal, endroit sans apparence ni victoire qui ait de l’éclat devant les hommes, mais où celui qui est la source de toute victoire, se trouve dans la force et la communion qui nous rendent capables de vaincre.

Mais il y avait encore douze pierres posées au milieu du Jourdain ; et, en effet, si nous appliquons la puissance de la mort de Christ à la mortification de la chair, le cœur exercé et jouissant pleinement des choses célestes aime à retourner vers le Jourdain, là même où Christ est entré en puissance de vie et d’obéissance, pour contempler cette Arche de l’alliance, qui a été là et a bridé ces eaux impétueuses jusqu’à ce que le peuple fût passé. On aime, en considérant la force de la mort dans toute son étendue, y contempler Jésus qui y est entré, mais qui en a détruit la puissance pour nous. Dans le débordement des nations, Christ sera la sûreté et la délivrance d’Israël ; mais il a été notre sûreté et notre délivrance à l’égard d’ennemis plus terribles encore. Le cœur aime à se placer au bord de ce fleuve déjà traversé, et à réaliser, en étudiant ce que Jésus a été, l’œuvre et l’amour étonnant de celui qui y est entré seul, jusqu’à ce que tout fût accompli. Mais, dans un sens, nous y étions ; les douze pierres montrent que le peuple se rattachait à cette œuvre, quoique l’Arche seule y ait été. lorsqu’il s’est agi de brider le fleuve.

Les Psaumes nous donnent particulièrement à contempler ainsi le Seigneur, maintenant que nous sommes en paix au delà du fleuve. Oh ! si l’Église savait s’asseoir là, et y étudier Jésus, descendu seul dans la mort qui « regorgeait par-dessus tous ses bords », atteint par son aiguillon et par la puissance du jugement divin qui en était la conséquence ! En doctrine, les Psaumes montrent aussi la liaison entre la mort de Jésus et le passage du fleuve de tribulation par Israël aux derniers jours.

Voilà donc le peuple hors d’Égypte et en Canaan, selon la vérité de la promesse de Dieu, mais ne possédant actuellement rien en Canaan et n’ayant encore remporté aucune victoire. Nous avons ici un type de ce que les Colossiens nous enseignent : « Rendus capables de participer », mais n’ayant encore « le lot des saints dans la lumière » qu’en espérance (*), non seulement racheté d’Égypte, mais introduit en Canaan, l’opprobre d’Égypte étant ôté et le peuple de Dieu ayant pris sa place à Guilgal, cette vraie circoncision du cœur dont nous avons parlé.

(*) L’état de Christ (il est vrai, déjà ressuscité) entre sa résurrection et son ascension, nous aide à comprendre cela. Il appartenait évidemment au ciel et non pas à ce monde, quoiqu’il ne fût pas dans le ciel.

Israël campait à Guilgal.

Le caractère de la communion du peuple avec Dieu est signalé avant ses victoires. Il célèbre la Pâque dans les campagnes de Jéricho. L’Éternel leur a dressé une table en présence de leurs ennemis. Ce n’était plus comme en Égypte, le sang mis sur le linteau et les deux poteaux, afin qu’Israël fût à couvert de la vengeance, et garanti du juste jugement qui mettait la frayeur où n’était pas le sang.

Nous avons besoin du sang de Christ de cette manière, étant dans le domaine du péché et de Satan, quoique appelés de Dieu à en sortir. La justice de Dieu et nos consciences l’exigent. Ce n’est plus cela ici ; c’est le mémorial d’une délivrance accomplie. Ce n’est pas non plus la participation par la grâce à la puissance de la mort et de la résurrection de Christ. C’est la communion du cœur, c’est le doux souvenir spirituel d’une œuvre toute de lui, de sa mort comme Agneau sans tache. Nous en mangeons, comme étant son peuple racheté, dans la jouissance de cette position dans le pays de promesse et de Dieu, pays qui nous appartient à la suite de ce rachat et de notre résurrection avec Christ. On ne jouit ainsi de la mort de Jésus qu’au delà dit Jourdain, étant ressuscité avec lui. Alors, en paix, dans sa communion et avec un sentiment ineffable d’action de grâces, on revient à la mort de l’Agneau, on le contemple, on s’en nourrit ; le bonheur et l’intelligence célestes ne font qu’ajouter à son prix.

Dès le lendemain de la Pâque, le peuple mangea du cru du pays. Ainsi ressuscités et assis en espérance dans les lieux célestes, c’est un Christ céleste qui nourrit et entretient l’âme dans la vigueur et dans la joie (*). Dès lors aussi, la manne cesse. Ceci est d’autant plus remarquable, que Christ, nous le savons, est la vraie manne ; mais Christ ici-bas, Christ selon la chair, adapté à l’homme et à ses besoins dans le désert, bien qu’il ne soit jamais oublié comme tel. Je contemple avec adoration Jésus (Dieu manifesté en chair), je nourris mon âme des attraits puissants de sa grâce dans son humiliation, je jouis du précieux témoignage de l’amour de Celui qui a porté nos langueurs et s’est chargé de nos douleurs ; j’apprends à n’être rien en suivant Celui qui a pris la dernière place. C’est de cette manière que sont entretenues les douces affections du coeur pendant notre passage ici-bas. Toutefois, dans cet état, il restait seul. Le grain de froment doit tomber en terre et y mourir, sinon il reste seul.

(*) Remarquons aussi que la simplicité et la sincérité chrétienne, la sainteté pratique de la vie chrétienne, le pain sans levain (qui se mangeait le lendemain de la Pâque) est une chose céleste. Rien en deçà du Jourdain ne peut l’être : c’est du cru de ce pays-là ; aussi se lie-t-il à Jésus et à la paix de sa mort comme à une chose qui précède.

Mais, tout en connaissant ce qu’il a été, c’est un Christ assis là-haut, descendu du ciel, mort et ressuscité, remonté où il était auparavant, que je connais maintenant. Le mémorial de sa mort dont nous avons parlé, est bien sans doute la base de tout. Rien de plus précieux. Mais c’est maintenant à un Christ céleste que nous avons affaire.

Nous contemplons, en cherchant à l’imiter, ce précieux modèle qu’il nous a donné comme homme céleste sur la terre. Mais, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit. Il s’est sanctifié lui-même pour nous, afin que nous soyons sanctifiés par la vérité. Nous trouvons nos délices dans la contemplation de toute sa grâce ici-bas, et nos affections sont attirées par un Sauveur souffrant. Rien de plus précieux que de voir le Fils de Dieu gagner la confiance du cœur des hommes envers Dieu, par son amour pour eux quand ils étaient encore entièrement éloignés de Lui. Mais notre communion actuelle est avec un Christ dans le ciel. Et le Christ que nous connaissons sur la terre est un Christ céleste, et non un Christ terrestre, comme les Juifs le connaîtront plus tard. C’était sans doute le pain sur la terre, mais le pain descendu du ciel, et c’est une considération très importante. En traversant le désert (et nous le traversons), Christ, comme manne, nous est infiniment précieux. Son humiliation, sa grâce nous consolent, nous soulagent aussi et nous soutiennent : nous sentons qu’il a passé par les mêmes épreuves ; et le cœur est soutenu par cette pensée, que ce même Christ est avec nous. C’est le Christ dont nous avons besoin pour le désert, le pain descendu du ciel.

Mais, comme peuple céleste, c’est Christ comme appartenant au ciel et les choses célestes qui sont notre nourriture, en tant qu’associés avec lui, « le vieux blé du pays » ; car c’est à Christ assis en haut que nous sommes unis ; c’est là qu’il est notre vie. En un mot, nous nous nourrissons des choses célestes, de Christ là-haut, de Christ humilié et mort comme doux souvenir, de Christ vivant comme puissance actuelle de vie et de grâce. Nous nous nourrissons du souvenir de Christ sur la croix : c’est la Pâque. Mais nous célébrons la fête avec un Christ, centre des choses célestes (Colossiens 3 v. 1 et 2), et en nous nourrissant de tout ce qui se trouve en elles. C’est le cru du pays dans lequel nous sommes entrés, car Christ est du ciel.

Ainsi, avant de livrer le combat, devant les murs mêmes de Jéricho, signe de la puissance de l’ennemi, Dieu nous donne de jouir du fruit du pays comme étant tout à nous. On se souvient de la mort de Jésus comme d’un rachat dès longtemps accompli, et l’on se nourrit du cru du pays et des choses célestes comme nous appartenant actuellement. Car, étant ressuscités avec Christ par sa grâce, tout est à nous.

Après ce beau tableau de la position et des privilèges du peuple de Dieu, qui, selon les droits de Dieu lui-même, pouvait jouir de tout avant de livrer un seul combat, ces combats doivent ensuite arriver. Or une chose est nécessaire pour entrer en guerre et conquérir les bénédictions.

Le Seigneur se présente comme chef de l’armée de l’Éternel : c’est lui-même qui nous conduit. Il est là, une épée nue à la main. Dans les choses célestes, la foi ne connaît pas de neutralité (*). Josué demande : « Es-tu pour nous, ou pour nos ennemis ? Et il dit : Non, car c’est comme chef de l’armée de l’Éternel que je suis venu maintenant » (v. 14). Or, la présence du Seigneur comme chef de l’armée exige la sainteté et le respect, autant que lorsqu’il descend pour la rédemption de son peuple (Ex. 3), dans la sainteté et la majesté divines, manifestées selon leurs justes exigences dans la mort de Jésus, qui s’est donné afin de les relever et de les assurer pour toujours. Tel qu’était Celui qui s’appelle « Je suis », lorsqu’il est ainsi descendu en justice et en majesté, tel est-il lorsqu’il se place au milieu de son peuple pour le bénir et le conduire dans le combat.

(*) Je dis dans les choses célestes, parce que le cœur peut bien reconnaître de belles qualités dans la créature. Le Seigneur a aimé le jeune homme riche. lorsqu’il a entendu ses réponses. Mais lorsqu’il s’agit de suivre un Sauveur rejeté, et monté en haut, la volonté se dessine toujours pour ou contre. La foi le sait ; elle connaît aussi les droits de Dieu et les maintient.

La toute-puissance de Dieu est avec l’Église dans ses combats : mais sa toute-sainteté y est aussi, et Dieu ne fera pas valoir sa puissance si sa sainteté est compromise par les souillures, la négligence et l’insouciante légèreté des siens, par le manque du sentiment qui convient à la présence de Dieu lui-même ; car c’est Dieu lui-même qui est là.

Chapitre 6

Dans le chapitre 6, nous trouvons les principes sur lesquels sont basées les conquêtes des Israélites. L’œuvre est tout entière de Dieu. Il peut bien exercer son peuple dans le combat, mais c’est lui qui fait tout. Chacun monte devant soi. Il y a là soumission à l’emploi des moyens, contentement à suivre une marche absurde et sans but aux yeux du monde, mais qui proclame hautement la présence de l’Éternel au milieu de son peuple, une entière dépendance de Dieu, une parfaite confiance en lui, qui déclare en face de tous qu’on a à faire ce qu’il dit.

La promesse est sûre ; on agit en obéissance ; voilà le principe. Josué, type de l’énergie et de l’intelligence du Saint Esprit dans un homme qui jouit de la communion du Seigneur, est assuré de la réussite, et dans cette conviction de foi il agit sans hésitation. Effectivement toute la puissance de l’ennemi tombe sans l’emploi d’aucun moyen dont il puisse se rendre compte.

Un autre principe, c’est qu’il ne peut y avoir aucune communion quelconque avec ce qui fait la puissance de l’ennemi de Dieu, avec le monde et ce qui en fait la force : tout est interdit. Il en est de même avec nous dans ce monde. Si le monde de Sodome avait enrichi Abraham, Abraham aurait été dépendant de ce monde ; il lui aurait dû quelque chose ; il n’aurait pas été libre de ce monde pour être entièrement à Dieu. Si l’on prend de l’interdit, on devient « interdit ». Dieu peut employer ces choses en se les consacrant, s’il le veut : mais si l’homme, si le chrétien s’en mêle, le Seigneur le jugera. Les murs qui montent jusqu’au ciel, les plus grands obstacles ne sont rien ; comment peut-il y avoir un obstacle pour Dieu ? mais la sainteté, la séparation complète du monde, parce que la puissance est de Dieu, voilà ce qui est la condition de la force.

Jéricho, expression de la force et des armes de l’ennemi, en tant que première ville placée comme barrière pour arrêter la marche du peuple de Dieu, est mise pour toujours en interdit, et un jugement est prononcé contre celui qui la relèverait. (Voyez 1 Rois 16 v. 34). Les principes abstraits de la force de Dieu et de la puissance de l’ennemi, sont présentés par cette ville dans leur évidence et leur contraste. Or, si Dieu est là, et le monde entièrement condamné, sa grâce retire de ce monde un peuple qui par la foi est sauvé de ses abominations, et Rahab, une pauvre pécheresse indigne, est sauvée de ce jugement, prend place avec le peuple de Dieu et en fait partie. De plus, elle entre dans la lignée royale du Seigneur (Matthieu 1 v. 5).

 

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