Études sur la Parole.30

Études sur la Parole.30

Josué chapitre 1 à 3 - Ce chapitre nous montre Josué employé à l’œuvre par l’Éternel, qui lui ordonne de passer le Jourdain pour entrer au pays qu’Il a donné aux enfants d’Israël.

Josué chapitres 1

Ce chapitre nous montre Josué employé à l’œuvre par l’Éternel, qui lui ordonne de passer le Jourdain pour entrer au pays qu’Il a donné aux enfants d’Israël. Arrêtons-nous un instant sur cette commission directe de l’Éternel. Moïse tient ici la place, non du médiateur vivant, mais de la Parole écrite. Tout ce qu’il a commandé, l’ayant été de la part de Dieu, était, il est évident, la parole de Dieu pour Israël. Josué est l’énergie qui lui fait posséder les promesses.

Premièrement, nous avons le principe de la prise de possession. Ce n’est pas par le simple exercice de la puissance divine, comme cela aura lieu à la fin des temps, mais par l’énergie de l’Esprit et en rapport avec la responsabilité de l’homme. Les limites du pays de la promesse sont données, mais la connaissance des limites assignées de Dieu ne suffisait pas ; Dieu les avait tracées très exactement, mais la possession était attachée à une condition : « Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous le donne, comme je l'ai dit à Moïse » (Josué 1 v. 3). Il fallait y aller, surmonter les obstacles avec le secours et par la puissance de Dieu, et en prendre possession de fait. Sans cela, ils ne le posséderaient pas ; et, en effet, c’est ce qui est arrivé. Ils n’ont jamais pris possession de tout le pays donné de Dieu. Cependant, pour la foi, la promesse était sûre : « Nul ne tiendra devant toi, tant que tu vivras » (Josué 1 v. 5).

La puissance de l’Esprit de Dieu, de Christ par son Esprit, (vraie énergie du croyant) suffit à tout. Car elle est, en effet, la puissance de Christ, lui-même, qui a toute puissance. En même temps la promesse de n’être jamais délaissé ni abandonné conservait toute sa force. Voilà, dans le service du Seigneur, sur quoi l’on peut compter : sur une telle puissance de sa présence que nul ne subsistera devant son serviteur, puissance qui ne l’abandonne jamais. C’est avec un tel encouragement, que celui qui marche par l’Esprit est appelé à se fortifier et à être ferme (v. 6).

Vient ensuite, au verset 7, l’exhortation de l’Éternel : « Fortifie-toi seulement et aie bon courage, en agissant fidèlement selon toute la loi que Moïse, mon serviteur, t'a prescrite » (Voyez Deutéronome 31 v. 6, 8). La force et l’énergie spirituelle, le courage de la foi sont nécessaires, pour que le cœur ait assez de confiance pour obéir et soit libre des influences, des craintes et des motifs qui agissent sur l’homme naturel et tendent à détourner le croyant du chemin de l’obéissance, et qu’il puisse faire attention à la parole de Dieu.

Rien de si déraisonnable, dans le monde, que la marche présentée dans la Parole ; rien qui nous expose comme elle à la haine de son prince. Si donc Dieu n’est pas avec nous, rien de si insensé ; s’il y est, rien de si sage. Si l’on n’a pas la force de sa présence, on n’ose pas prendre garde à sa Parole, et dans ce cas il faut bien se garder de commencer la guerre. Mais, ayant le courage qu’inspire la toute-puissance de Dieu par sa promesse, on peut retenir la bonne et précieuse Parole de notre Dieu ; ses préceptes les plus sévères ne sont que la sagesse pour discerner la chair, et une direction pour la mortifier ; de sorte que la chair ne nous aveugle ni ne nous entrave.

Le chemin le plus difficile, celui qui nous mène aux plus rudes combats, n’est que le chemin de la victoire et du repos, nous faisant avancer dans la connaissance de Dieu. C’est le chemin dans lequel on est en communion avec Dieu, lui qui est la source de toute joie ; ce sont les arrhes et l’avant-goût du bonheur éternel et infini.

Si seulement cette parole du Dieu souverain se fait entendre : « Ne t’en écarte ni à droite ni à gauche, afin que tu prospères partout où tu iras » (v. 7), quelle joie pour celui qui, par la grâce, se met en avant pour faire l’œuvre de Dieu !

Puis l’Éternel l’exhorte à l’étude assidue de ce Livre de la loi, « alors tu feras réussir les voies, et alors tu prospéreras ». Voilà donc les deux grands principes de la vie et de l’activité spirituelles :  l° La présence assurée de la toute puissance de Dieu, de sorte que rien ne pourra subsister devant son serviteur ;  2° la réception de sa Parole ; la soumission à sa Parole ; l’étude assidue de sa Parole, la prenant pour guide absolu du chemin, ayant le courage de le faire à cause de la promesse et de l’exhortation de Dieu.

En un mot, l’Esprit et la Parole sont le tout de la vie spirituelle. Munie de cette force, la foi va en avant, fortifiée par la parole encourageante de notre Dieu. Dieu a un chemin dans le monde où Satan ne peut nous atteindre. C’est le chemin où Jésus a marché. Satan est le prince de ce monde, mais il y a un chemin divin pour le traverser et il n’y en a pas d’autre. C’est là qu’est la puissance de Dieu. La Parole en est la révélation. Ce fut ainsi que le Seigneur lia l’homme fort.

Il agit par la puissance de l’Esprit et se servit de la Parole. On ne saurait séparer l’Esprit et la Parole, sans tomber dans le fanatisme d’un côté, ou dans le rationalisme de l’autre, sans se mettre hors de la dépendance et de la direction de Dieu. La raison s’emparerait des uns, l’imagination des autres.

Au reste, rien de plus imaginatif que la raison dépourvue d’un guide ! Comme résultat, l’ennemi des âmes s’emparerait des uns et des autres. On aurait l’homme sous l’influence de Satan, à la place de Dieu. Triste échange, dont l’incrédule se console en se flattant qu’il n’y a rien au-delà de sa portée, parce qu’il réduit tout aux limites de sa propre intelligence. J’avoue que rien ne me paraît plus mesquin que cette incrédulité qui prétend qu’il n’y a rien dans la sphère morale et intellectuelle au-delà des pensées de l’homme, et qui refuse à l’homme la capacité de recevoir des lumières d’une intelligence plus excellente, seule chose qui élève l’homme au-dessus de lui-même tout en le rendant moralement excellent, en lui donnant de l’humilité par le sentiment de la supériorité d’un autre.

Béni soit Dieu de ce qu’il s’en est trouvé qui ont profité de la grâce qui a communiqué à l’homme de sa sagesse parfaite ! Lors même que le vase imparfait qui l’a reçue en a altéré un peu les traits et la perfection, néanmoins ils en ont profité pour se mettre à leur place. Heureuse place devant la présence de Celui dont la connaissance est la joie infinie et éternelle !

Il y a encore une règle pratique importante à reconnaître dans ces paroles, 1 v. 9 : Ne t’ai-je pas commandé ? Si l’on n’a pas la conscience de faire la volonté de Dieu ; si, avant de commencer d’agir, on ne s’en est pas assuré auprès de Lui, jamais on n’aura de courage dans l’exécution. Peut-être bien que ce qu’on fait est la volonté de Dieu ; mais, n’en ayant pas la conscience, on agira avec hésitation, sans courage et sans joie ; on reculera devant la moindre objection. Tandis que, lorsqu’on est assuré d’être dans la volonté de Dieu, et qu’Il a dit : Ne t’ai-je pas commandé ? rien, par la grâce, ne saurait nous effrayer.

J’ajoute cependant un mot, ou plutôt j’attire l’attention du lecteur sur ce que Dieu dit. Car, bien que le commandement de Dieu inspire un courage qu’on n’aurait pas eu sans cela, aucune révélation n’est par elle-même la force pour agir ; mais Dieu ajoute : « Ne te laisse point terrifier, et ne sois point effrayé ; car l’Éternel, ton Dieu, est avec toi partout où tu iras ». Nous avons dans le Nouveau Testament un exemple frappant du principe dont je viens de parler. L’apôtre Paul monte dans le troisième ciel, où il entend des choses dont il n’est pas permis à l’homme de parler. Est-ce que cela a été sa force dans le combat ? Sans doute cela donnait à ses vues une portée intérieure qui réagissait sur toute son œuvre, mais ce n’était pas sa force dans l’œuvre. Au contraire, cela tendait à alimenter la fausse confiance de la chair. Au moins la chair en aurait profité pour s’enorgueillir.

De telles révélations rendaient l’humiliation nécessaire, et amenaient de la part de Dieu, non de nouvelles grâces (quoique tout fût grâce), mais ce qui humiliait et rendait l’apôtre infirme et méprisable selon la chair. Alors, étant faible, la force lui est donnée autrement : non dans l’emploi, ni dans la conscience des révélations, cela l’aurait rendu faible en prêtant à l’élévation de la chair, mais dans la grâce et la force de Christ qui agissait dans cette infirmité. Là était sa seule force ; et il se glorifie de cette infirmité dans laquelle la puissance de Christ s’accomplissait en lui, qui était l’occasion de la manifestation de cette puissance, et qui, en démontrant que Paul était faible, démontrait que Christ lui-même était dans l’œuvre avec Paul. Il nous faut toujours une force immédiate de Christ, agissant de sa part, force qui s’accomplit dans l’infirmité, pour faire son œuvre, force constante ; hors de lui nous ne pouvons rien faire. Souvenons-nous de cette vérité.

Je n’ajoute qu’un mot sur la fin du chapitre. Il est des chrétiens (je ne puis dire approuvés de Dieu) qui s’arrangent en deçà du Jourdain (c’est-à-dire en deçà de la puissance de la mort et de la résurrection appliquées à l’âme par l’Esprit de Dieu). Le territoire où ils s’établissent n’est pas l’Égypte ; il est au delà de la mer Rouge ; il est dans les limites du pays d’Israël ; hors d’Égypte et en deçà de l’Euphrate, fleuve babylonien. Mais ce n’est pas Canaan. C’est un pays qu’ils ont choisi pour leur bétail et pour leurs possessions ; ils y établissent leurs enfants et leurs femmes. Ce n’est pas Josué qui a conquis ce pays-là ; ce n’est pas le lieu du témoignage de la puissance de l’Esprit de Dieu, ce Canaan qui est au-delà du Jourdain.

Cependant, lors même qu’on peut y placer ses enfants et les siens, il faut, bon gré malgré, que les hommes de guerre prennent part aux combats des enfants de Dieu, qui ne veulent du repos que là où se trouve la puissance de Dieu, c’est-à-dire en Canaan, dans les lieux célestes, tous les ennemis en ayant été chassés. Aussi, lorsque le péché d’Israël, et la faiblesse qui en était la suite, ont exposé le peuple aux attaques triomphantes de leurs ennemis, des ennemis de Dieu, ce pays est tombé le premier en leur pouvoir. « Savez-vous que Ramoth de Galaad est à nous ? » (1 Rois 22 v. 3) n’a pas porté bonheur au peuple mécontent de sa perte. Pour le moment tout allait bien, c’est-à-dire aussi longtemps que Ruben, Gad et la demi-tribu de Manassé demeuraient sous l’autorité de Josué, et que, par lui, la puissance de Dieu conduisait le peuple. Eux aussi, disent à Josué ce que Dieu lui avait dit : « Fortifie-toi et sois ferme ».

Que de fois, au milieu des enfants de Dieu, il s’introduit une marche on un principe inférieur à l’excellence de l’œuvre qui se fait dans l’intention de Dieu ; qui, aussi longtemps que la puissance de Dieu agit selon cette intention, ne se dégage pas, pour ainsi dire, de l’œuvre, pour se mettre en relief et y produire de l’affliction et du malaise ! Mais, lorsque le fleuve divin baisse à la suite de l’infidélité de l’homme, alors paraissent des fruits amers : des pertes spirituelles, de la faiblesse, de l’amertume de cœur, de ces divisions qui résultent de l’impossibilité de concilier ce qui est spirituel avec ce qui est charnel, et de conserver un témoignage spirituel en se conformant à la marche du monde. Or, ce témoignage est au-delà du Jourdain. Que les deux tribus et demie suivent ce chemin, à la bonne heure ; mais on ne peut sortir de Canaan pour prendre place avec elles. Hélas ! ces belles prairies, propres à nourrir le bétail, n’ont trouvé que trop de Lot et de tribus d’Israël pour s’y arrêter en pure perte. Les bas-fonds qui se rencontrent dans notre voyage chrétien se traversent sans danger peut-être à la marée haute ; mais, lorsque la marée est basse, il faut des pilotes habiles pour les éviter et flotter toujours dans le plein courant de la grâce de Dieu, dans le lit qu’elle s’est creusé elle-même, et pour elle-même ; mais il en est un sûr et constant, et nous y sommes en sûreté si nous sommes contents de le suivre. Dieu nous a donné ce qu’il faut pour cela. Peut-être faudra-t-il se contenter d’un petit canot, le pilote infaillible y sera.

Au premier moment, Moïse n’avait pas été satisfait de la proposition des deux tribus et demie. La chose était permise sans doute. Mais, en général, les premières pensées de la foi sont les meilleures ; elles n’envisagent que les promesses, le plein effet des promesses et des pensées de Dieu. Les considérations qui viennent après ne se rapportent pas à cela.

 

Chapitre 2

Nous avons ici l’histoire intéressante de Rahab. Qu’il est beau de voir la grâce de Dieu plaçant, dès le commencement ses jalons pour que les yeux de la foi aient une direction sûre à mesure que Dieu est obligé de rétrécir ses voies à l’égard de l’homme, et de se limiter dans ses relations avec lui, jusqu’à ce que le précieux sang de Christ ait donné à cette grâce tout son essor et sa liberté. Semence de la femme, semence d’Abraham, semence de David, cela se rétrécit toujours plus. Les promesses même, quant au gouvernement de Dieu, font place à la loi, jusqu’à ce qu’un petit résidu d’Israël devienne le vase, orgueilleux en proportion de sa misère, d’un encore plus petit résidu de fidèles qui attendaient la rédemption d’Israël.

Et que de pensées bornées, quoique vraies, se trouvèrent dans le cœur de ces précieux fidèles, comparées à l’attente d’un Abraham et aux déclarations solennelles d’un Énoch ! Le Seigneur, toujours parfait, toujours précieux, a bien pu dire (on le comprend, quoique les profondeurs de son cœur aient été infiniment au delà de notre courte sonde) : « Il est un baptême dont je dois être baptisé, et combien il me tarde qu'il soit accompli » (Luc 12 v. 50). Mais il y a toujours eu de ces jalons pour la foi. Si Dieu agit, il va au-delà des bornes qui limitent ses voies gouvernementales du moment, et dépasse ses relations établies avec les hommes.

C’est ainsi que la nature divine de Jésus et les droits divins de sa personne se manifestent. Il n’est envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. Voilà les limites de ses relations formelles avec les hommes. Mais si la foi saisit la bonté de Dieu, est-ce que cette bonté peut se nier, ou se borner à ceux qui, pour le moment, servent de cadre à ses voies de gouvernement ? Non, Christ ne saurait dire : Dieu n’est pas bon ; je ne suis pas bon comme vous le supposez. Comment Dieu se renierait-Il ? La syrophénicienne obtient ce qu’elle demande. Précieuse prérogative de la foi qui sait connaître et reconnaître Dieu à travers tout, qui l’honore tel qu’Il est et le trouve toujours ce qu’Il est.

En quoi se manifeste la foi de Rahab que l’apôtre cite comme exemple ? démonstration admirable que la manière dont Dieu agit en grâce est avant et au-dessus de la loi, que la grâce franchit la limite imposée aux hommes par la loi, tout en maintenant son autorité ; autorité toutefois qui ne se fait jour qu’en condamnation. Quelle est, dis-je, cette foi de Rahab ? C’est la foi qui reconnaît que Dieu est avec son peuple, tout faible et tout petit qu’il soit, ne jouissant pas de son héritage, errant sans patrie sur la terre, mais aimé de Dieu.

Si Abraham a cru Dieu lorsqu’il n’y avait point de peuple, Rahab s’est identifiée avec ce peuple, lorsqu’il n’avait autre chose que Dieu. Elle savait bien que l’héritage était à ce peuple ; elle comprenait, quelle que fût la puissance de ses ennemis, malgré leurs villes murées et leurs chariots de fer, que leur cœur s’était fondu. C’est toujours le cas des instruments de l’ennemi, quelles que soient, du reste, les apparences, lorsque le peuple de Dieu est sous la conduite de l’Esprit de Dieu dans le chemin de l’obéissance que Dieu lui a tracé.

Ainsi, au milieu des gentils, cette pauvre pécheresse, membre méchant et méprisé d’une race maudite et vouée à la destruction, est sauvée, et son nom est un témoignage à la gloire de Dieu. Sa maison reconnue à cette marque assurée, le cordon de fil écarlate, devient la retraite et la sauvegarde de tous ceux qui s’y retirent ayant la foi à la parole donnée.

 

Chapitre 3

Maintenant le peuple va entrer dans la terre de la promesse. Mais comment y entrer ? Voilà le Jourdain, au plus fort de la crue de ses eaux, qui se présente comme une barrière devant le peuple de Dieu, gardant les domaines de ceux qui s’opposent à ses espérances. Or, le Jourdain représente la mort, mais la mort envisagée plutôt comme terme de la vie humaine et signe de la puissance de l’ennemi, que comme fruit et témoin du juste jugement de Dieu. Le trajet de la mer Rouge était bien aussi la mort, mais le peuple était là comme participant à la mort et à la résurrection de Jésus (en figure), comme accomplissant son rachat et les libérant pour toujours de l’Égypte, lieu de leur esclavage, c’est-à-dire de leur place dans la chair et ainsi de toute la puissance de Satan, comme le sang sur les linteaux des portes les avait délivrés du jugement de Dieu (*). C’est alors que le peuple entrait dans le pèlerinage du désert.

(*) Il est important de considérer d’abord Jésus seul, soit dans la vie, soit dans la mort. C’est là que nous voyons dans sa perfection la position chrétienne. Il est également important de savoir que Dieu nous voit comme ayant été en lui dans la mort et que sa position exprime la nôtre, que Dieu nous voit comme étant en lui dans sa vie, et que telle est notre place actuelle devant Dieu. Mais nous sommes aussi appelés à prendre de fait et par la foi cette position en Esprit. La mer Rouge vient en premier lieu : c’est la mort, mais la mort de Christ. Le Jourdain est notre entrée dans la mort avec Christ. La mer Rouge était la délivrance d’Égypte, le Jourdain, l’entrée en Canaan ou plutôt un état subjectif qui s’y rapporte spirituellement. Ce n’est pas la possession du pays, tel que Christ ressuscité seul nous l’a acquise, mais cette possession réalisée par la foi en ceux qui sont maintenant ressuscités avec Christ.

Être assis dans les lieux célestes est une chose entièrement distincte, établie sur un pied distinct, comme étant absolument l’œuvre de Dieu.

La mer Rouge était la condamnation du péché dans la chair en Christ fait péché et mort pour le péché et pour nous la délivrance quand elle est connue par la foi. De fait, cette délivrance est le Jourdain, seulement ce dernier va plus loin : il nous amène, comme ressuscités avec lui, dans l’état qui convient à ceux qui ont part à l’héritage des saints dans la lumière. En traversant le Jourdain, le peuple suivait l’arche, mais cette dernière restait au milieu du fleuve, y déployant sa puissance contre la mort jusqu’à ce que tout le peuple eût passé.

Le rachat, le salut parfait qui a été acquis par le précieux sang de Jésus, introduit le chrétien dans ce pèlerinage. Avec Dieu, il ne fait que traverser le monde comme une terre déserte, altérée et sans eau. Cependant ce pèlerinage, tout en étant la vie d’un racheté, n’est que la vie ici-bas.

Mais, ainsi que nous avons vu, il y a la vie céleste, les combats qui se livrent dans les lieux célestes, en même temps que la traversée du désert. Quand je dis en même temps, je ne veux pas dire dans le même moment, mais dans la même période de notre vie naturelle en ce monde. Autre chose sont les moments où nous traversons ce monde fidèlement ou infidèlement dans les circonstances de chaque jour, sous l’influence de l’espérance d’une meilleure patrie ; autre chose est de livrer des combats spirituels pour la possession des promesses et des privilèges célestes. Cela suppose que nous sommes réellement nés de nouveau (Romains 8 v. 29 et 30). Le voyage du désert après Sinaï suppose le fait de cette position chrétienne, mais sa réalité individuelle y est mise à l’épreuve. C’est à cela que se rapportent tous les « si » du Nouveau Testament. Ils envisagent le chrétien comme étant en chemin pour atteindre le pays céleste, mais ayant la promesse certaine, s’il est dans la foi, d’être gardé jusqu’à la fin. Les « si » nous gardent dans la dépendance, mais dans celle de la fidélité infaillible de Dieu quand il s’agit de remporter la victoire sur le pouvoir de Satan. Il n’y a pas de « si » pour la rédemption ou pour la position actuelle de ceux qui ont été scellés. Nous sommes des hommes déjà morts et ressuscités, comme n’étant absolument plus de ce monde. Ces deux choses se réalisent dans la vie chrétienne. Or, c’est comme mort et ressuscité en Christ qu’on est dans le combat spirituel. Pour faire la guerre en Canaan, il faut avoir passé le Jourdain.

Le Jourdain est donc la mort et la résurrection avec Christ, considérées dans leur puissance spirituelle, non dans leur efficace pour la justification du pécheur, mais dans le changement de position et d’état opéré en ceux qui ont part à la mort et à la résurrection pour réaliser la vie en rapport avec les lieux célestes où Christ est entré. La comparaison de Philippiens 3 et Colossiens 2 et 3 montre la liaison de la mort et de la résurrection avec le vrai caractère de la circoncision de Christ. En Philippiens 3, le retour de Christ est introduit comme devant mettre la dernière main à l’œuvre par la résurrection du corps. Nous ne sommes pas considérés comme étant maintenant ressuscités avec lui, mais dans les Philippiens nous sommes engagés pratiquement dans la course vers le but, ayant en vue Christ et la résurrection qui caractérisent cette épître. On n’y trouve pas ce que la foi affirme au sujet de notre position, mais la course présente, en vue de l’atteindre et de la posséder.

Cet état est donc objectif en ce sens qu’il n’est pas question d’être en Christ ou même avec lui, mais de gagner Christ et la résurrection d’entre les morts. Paul avait fait la perte de toutes choses à cause de l’excellence de cette connaissance et il désirait connaître la puissance de la résurrection de Christ. Même la justification est considérée dans cette épître comme étant à la fin de la course. Dans l’un et l’autre passage, il y a une application du moment actuel à la vie céleste, mais il y a séparation complète, même ici-bas, entre le pèlerinage et cette vie céleste, quoique cette dernière influe puissamment sur le caractère de notre vie de pèlerinage, et cela introduit un sujet très important, mais que je ne puis traiter à fond ici : le rapport entre la vie, en tant que manifestée ici-bas, et les objets qu’elle poursuit. « Ceux qui sont selon l’Esprit » ont leurs pensées « aux choses de l’Esprit ». La vie nouvelle découle de ce qui est divin et céleste, de Christ (et ceci est le sujet spécial de l’enseignement de Jean) ; de là vient qu’elle appartient à l’état de résurrection en gloire, où elle a sa place et son plein développement. Notre « bourgeoisie » est céleste, ce qui fait de nous des pèlerins, la vie céleste appartient au ciel : « Le second homme est venu du ciel » (1 Corinthiens 15 v. 47). Le plein développement de cette vie ne comporte pas le pèlerinage ; nous sommes chez nous, dans la maison du Père, comme Christ, tandis qu’ici-bas cette vie se développe dans notre pèlerinage et a le caractère de son origine céleste. Son développement est croissant, croissante son intelligence de ce qui est céleste. (Voyez 2 Corinthiens 3 v. 3, 17 et 18 ; Éphésiens 4 v. 15 ; 1 Jean 3 v. 2 et 3 et beaucoup d’autres passages).

Notre objet étant dans le ciel, cela fait nécessairement de nous des étrangers et des pèlerins ici-bas, déclarant dans la mesure de notre fidélité que nous recherchons une patrie (Hébreux 11 v. 14), la patrie à laquelle notre vie appartient. En vertu de cela cette vie se forme pour représenter Christ ici-bas ; elle s’adapte à la scène que nous traversons, y a des devoirs, une obéissance, un service. Le point de départ de cette vie se trouve en ce que, sous un aspect, nous sommes morts et ressuscités avec Christ, et que, sous l’autre, nous sommes assis en lui dans les lieux célestes.

Le second aspect n’est pas notre sujet ici ; il touche à la doctrine des Éphésiens, tandis que le premier est plutôt la doctrine des Colossiens. Christ, comme homme dans ce monde, quoiqu’il fût lui-même cette vie et sa manifestation ici-bas durant le pèlerinage, avait cependant des objets : « À cause de la joie qui était devant lui, il a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et est assis… » (Hébreux 12 v. 2), et cela est d’un profond intérêt. Sa vie, Dieu lui-même, est davantage la doctrine de Jean ; elle était ce qui devait être exprimé, exprimé dans son adaptation à la terre qu’il traversait ; mais, étant un vrai homme, il marchait, ayant des objets devant lui qui agissaient sur sa conduite.

Le fait qu’il était cette vie et que, pour la vivre, il n’avait pas à mourir à lui-même, comme nous avons à mourir à notre mauvaise nature, rend son cas plus difficile à saisir ; mais l’obéissance (et il l’a apprise), la souffrance, la patience, tout cela se rapportait à sa position ici-bas ; la compassion, la grâce envers ses disciples et tous les traits de sa vie (bien qu’elle fût divine et qu’il pût dire : le fils de l’homme qui est dans le ciel) toutes ces choses étaient le développement de la vie céleste et divine ici-bas. Son influence était absolue et parfaite dans le cas du Seigneur Jésus. Mais sa vie en relation avec les hommes, bien qu’expression toujours parfaite de l’effet de sa vie de communion céleste et de nature divine, en était évidemment distincte. La joie de la vie céleste mettait absolument de côté tous les motifs d’agir de la vie terrestre ; et, amenant les souffrances de sa vie terrestre en relation avec l’homme, produisait la vie de patience parfaite devant Dieu. En lui tout était sans péché, mais sa joie elle-même était ailleurs, sauf en agissant en grâce au milieu de l’affliction et du péché, une joie divine. Dans le chrétien, aussi, rien n’est commun entre ses deux vies. La nature n’entre nullement dans celle d’en haut. Dans celle d’ici-bas, il est des choses qui tiennent à la nature et au monde, non dans le mauvais sens du mot monde, mais en tant que création. Rien de cela n’entre dans la vie de Canaan.

Christ seul a pu traverser la mort, épuisant sa force en se tenant là pour répandre le sang de l’alliance éternelle, et a pu en ressortir dans la réalité de la puissance de la vie qui était en lui, « car en lui était la vie » (Actes 17 v. 28). Mais cela eut lieu par une puissance divine propre. Dieu a ressuscité Christ d’entre les morts en témoignage de la pleine acceptation de son œuvre. Christ étant Dieu pouvait dire : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai » (Jean 2 v. 19). Et : « Il n’était pas possible qu’il fût retenu par la mort » (Actes 2 v. 24), mais ce n’est pas par aucune puissance, de vie spirituelle comme homme, qu’il s’est ressuscité lui-même ; quoique nous sachions que, comme il laissa sa vie lui-même, il la reprit, et cela par le commandement qu’il avait reçu de son Père. En sorte qu’en ceci nous ne pouvons séparer la déité et l’humanité. Je parle de l’acte et non de la personne. Il avait le pouvoir de reprendre sa vie, mais c’était toujours l’obéissance. C’est ainsi que nous sentons à chaque pas que nul ne connaît le Fils sinon le Père. Il a frayé ce chemin. Il a fait de la mort une puissance qui détruit cette chair qui nous entrave, et une délivrance de ce qui, en nous, donne prise à l’ennemi avec lequel nous avons à combattre, étant dès lors introduits en Canaan. C’est pour cela que l’apôtre dit : « Toutes choses sont à vous,… soit vie, soit mort » (1 Corinthiens 3 v. 22). Or, tout vrai chrétien est mort et ressuscité en Jésus ; le savoir et le réaliser, c’est autre chose. Mais la parole de Dieu nous présente les privilèges du chrétien selon leur vraie force en Christ.

L’Arche de l’Éternel passait devant le peuple qui devait laisser la distance de deux mille coudées entre elle et lui, afin qu’il connût le chemin où il devait marcher ; car il n’avait pas ci-devant passé par ce chemin-là. Qui, en effet, a traversé la mort pour ressusciter au delà de sa puissance, avant que Christ, vraie arche de l’alliance, ait frayé ce chemin ? L’homme innocent et l’homme pécheur n’y pouvaient rien. Ce chemin leur était également inconnu, ainsi que la vie céleste qui en est la suite. Celle-ci, dans sa propre sphère, et dans les exercices dont il est parlé ici, est tout entière au delà du Jourdain ; les scènes des combats spirituels n’appartiennent pas à l’homme dans la vie d’ici-bas, bien que, comme nous l’avons vu, la réalisation des choses célestes dans lesquelles nous sommes introduits, agisse sur le caractère de notre marche, et que les afflictions et les épreuves que nous rencontrons, tendent, par la grâce de Dieu, à nous rendre plus claire la vision de la gloire que nous espérons. (Voyez Romains 5 v. 2, 5, et comment le v. 5 revient à l’espérance du v. 2). Toute l’expérience du désert, quelque fidèle qu’elle soit, n’y entre directement pour rien, bien que les grappes de Canaan puissent encourager sa marche. Mais Christ a détruit pour les siens toute puissance de mort, en tant que puissance de l’ennemi et symbole de son empire ; elle n’est que le témoin de la puissance de Jésus. C’est bien la mort mais, comme nous l’avons dit, c’est la mort de ce qui nous entrave.

J’ajouterai quelques courtes remarques. C’est le titre de « Seigneur de toute la terre », que Josué répète comme étant celui que Dieu prend ici (7) ; car c’est en témoignage de cette puissante vérité que Dieu avait planté Israël en Canaan. Aussi il établira en puissance selon ses conseils ce qui avait été placé entre les mains d’Israël, pour qu’il le gardât selon sa responsabilité. Ce dernier principe est la clef de toute l’histoire de la Bible, quant à l’homme, à Israël, à la loi et à tout ce dont elle s’occupe. Toutes choses sont d’abord confiées à l’homme qui faillit toujours, et alors Dieu les accomplit en bénédiction et en puissance, mais avec une gloire infiniment supérieure, selon ses conseils dans le second Adam, avant la création du monde.

Ainsi ce chapitre nous fournit des indices très clairs de ce dont Dieu assure l’accomplissement dans les derniers jours, lorsqu’il se montrera en effet Seigneur de toute la terre, en Israël ramené en grâce par sa puissante efficace. Et il faut être attentif à ce témoignage rendu au but de Dieu en établissant Israël dans sa terre. Le temps de la moisson viendra et la force de l’ennemi débordera. Mais comme chrétien on est déjà au delà. La force de l’ennemi a franchi toute limite dans la mort de Jésus, et l’on ne dit pas maintenant : « Seigneur de toute la terre », mais : « Il a toute puissance dans les cieux et sur la terre ».

Remarquons encore comment Dieu encourage son peuple. Il faut combattre, il faut que la plante des pieds soit posée en chaque lieu de la terre de promesse pour la posséder, et que dans les combats on sente et la force de l’ennemi et l’entière dépendance de Dieu. Mais quand on combat franchement pour lui, Dieu veut aussi qu’on sache que la victoire est assurée. Les espions disent à Josué : « Oui, l’Éternel a livré tout le pays en nos mains, et aussi tous les habitants du pays se fondent devant nous ». Voilà ce qu’on sait et ce qu’on éprouve par le témoignage du Saint Esprit, si différent de celui de la chair, apporté par les dix hommes qui étaient revenus avec Caleb et Josué.

 

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« La valeur de la réussite d'un prédicateur ne dépend pas de ses dons mais du nombre de successeurs qu'il a engendré ! »

- Pierre truschel

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