
7. Sermons choisis
Chap: 4 - La résurrection spirituelle - Le sujet que j’ai à cœur de méditer avec vous n’est point la résurrection de Christ, du moins peut-on dire qu’il s’y rapporte dans une certaine mesure. Ce sujet le voici : La résurrection spirituelle de l’homme pécheur et perdu.
« Lorsque nous étions morts en nos fautes Dieu nous a vivifiés ensemble avec Christ » (Éphésiens 2 v. 5). C’était aux chrétiens d’Éphèse, vous le savez, que l’Apôtre adressait les paroles de mon texte ; mais elles s’appliquent avec non moins de vérité à tous ceux qui, à une époque ou à une autre et dans quelque lieu que ce soit de la terre habitable, ont été élus en Jésus-Christ, rachetés par son sang, justifiés par sa grâce. D’eux aussi, il est vrai de dire que morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, ils ont été vivifiés par l’Esprit de Dieu.
Mes frères, quel spectacle solennel que celui d’un cadavre ! Quand, hier soir, j’essayai de me placer, par l’imagination, en face des réalités de la mort, mon âme, je l’avoue, recula d’épouvante. Je fus comme anéanti ! « Quoi ? me disais-je, est-il donc vrai que ce corps où je sens palpiter la vie sera bientôt un festin pour les vers ! Qu’en dehors et en dedans de ces orbites où maintenant mes yeux étincellent, ramperont d’immondes créatures, progéniture de la corruption ! Que ces membres, aujourd’hui pleins de vigueur, étendus dans la froide immobilité, dans l’abjecte impuissance de la mort, deviendront un objet d’invincible dégoût, pour ceux qui me chérissent le plus, en sorte qu’ils s’écrieront avec Abraham : Ôtez mon mort de devant moi !… »
Peut-être, mes frères, ne parvenez-vous pas encore à réaliser, dans toute son horreur, ce lugubre tableau.
Dites : ne semble-t-il pas étrange, ne semble-t-il pas incroyable, que vous qui, ce matin, êtes venus dans ce lieu de culte, serez un jour portés dans le sépulcre ; que ces regards qui en ce moment même sont fixés sur moi, seront voilés d’une obscurité éternelle que ces langues qui, tout à l’heure, faisaient , entendre une sainte harmonie, bientôt ne seront plus qu’un peu de boue ; que vous enfin, mon cher auditeur, que je vois en cet instant devant moi, dans toute la force de l’âge et de la santé, serez incapable de mouvoir un muscle, d’articuler un son, et deviendrez une masse inerte, fille de la fosse et sœur de la corruption ?…
Sans doute, nul n’ignore ces sombres vérités ; nul ne peut les révoquer en doute ; mais n’est-il pas vrai que lorsque, par la pensée, l’on essaie de se les appliquer à soi-même, on est presque tenté de les déclarer impossibles ?
Ah ! C’est que la mort exerce sur notre enveloppe terrestre de si épouvantables ravages ; elle met en pièces, d’une façon si hideuse, cette admirable organisation, chef-d’œuvre du Créateur, que c’est à peine si notre intelligence étonnée peut la suivre dans son œuvre de vandalisme !
Toutefois, mes chers amis, efforcez-vous de vous faire une idée aussi exacte que possible de ce qu’est un cadavre, et lorsque vous y serez parvenus, dites-vous, je vous prie, chacun en particulier, que c’est là l’image employée dans mon texte pour représenter la condition de votre âme par nature. Et en vérité, l’Apôtre n’eût pu faire usage d’une métaphore plus juste ; car de même qu’un cadavre est passif, inerte, insensible, prêt à se décomposer, ainsi est toute âme humaine si elle n’a été vivifiée par la grâce de Dieu.
Nous sommes morts dans nos fautes et dans nos péchés ; la mort habite en nous, et ce germe de mort est susceptible de se développer graduellement, de telle sorte que, laissés à nous-mêmes, nous tous qui sommes ici, pourrions devenir avec le temps des objets véritablement hideux, hideux par nos vices et notre corruption morale, tout comme le cadavre est rendu hideux par la corruption matérielle. Voilà, mes frères, ce que nous enseigne l’Écriture, touchant l’état moral de l’homme. Dans toutes ses pages, elle nous dit que depuis la chute, l’enfant d’Adam par nature est mort ; qu’être perdu et dégradé, il est dans un sens spirituel absolument privé de vie.
Elle nous enseigne, en outre, que s’il obtient la vie, ce ne peut être que grâce à une véritable résurrection opérée dans son âme par l’Esprit de Dieu, et que cette résurrection, il la devra, non à aucun mérite qui pût être en lui, mais uniquement au bon plaisir du Père, à un effet tout gratuit de sa miséricorde infinie et souveraine.
Voilà, je le répète, la doctrine qui ressort de la Bible tout entière ; et c’est sur cette doctrine, formulée avec une remarquable précision dans les paroles de mon texte, que je désire, mes chers auditeurs, appeler votre attention pendant quelques instants. Je ferai mon possible pour rendre mes développements intéressants en même temps que clairs. Dans l’espoir d’atteindre ce double but, j’illustrerai, en quelque sorte, mon sujet d’une manière qui, au premier abord, vous paraîtra, sans doute un peu étrange.
Vous vous souvenez que pendant son séjour sur la terre, le Seigneur Jésus accomplit trois résurrections : Je ne sache pas qu’il en ait accompli d’autres. En premier lieu, il ressuscita une enfant de douze ans, la fille de Jaïrus, qui, étendue sans vie sur sa couche, se leva incontinent, dès que Jésus eut prononcé cette seule parole : « Talitha cumi ! » En second lieu, le Seigneur ressuscita le fils de la veuve de Naïn, qui, couché sur sa bière, était transporté au tombeau, et qu’il réveilla de son sommeil de mort par ces mots : « Jeune homme., je te le dis, lève-toi ! »
Enfin, la troisième et la plus mémorable résurrection opérée par Jésus, fut celle de Lazare, lequel n’était plus ni sur son lit, ni en chemin vers la tombe, mais dont la corruption avait déjà fait sa proie, lorsque le Seigneur, par le verbe de sa toute-puissance ; le rappela à la vie, en criant à haute voix : « Lazare, sors dehors ! »
Ces trois faits, mes chers amis, je les transporterai, pour ainsi dire, dans le domaine spirituel, et je les emploierai comme des types ou des images pour représenter successivement, d’abord les différences extérieures qui existent entre les âmes inconverties, quoique leur condition soit au fond là même ; en second lieu les différents moyens de grâce employés pour vivifier les pécheurs, quoique la vie ne procède que d’un seul et même agent ; enfin, les différentes manifestations de cette vie, qui pourtant est une dans un sens absolu.
J’ai dit qu’il existe certaines différences extérieures entre les âmes inconverties, mais que leur condition n’en est pas moins là même ; j’ajoute que celle condition, commune à tous, c’est la mort. Approchez-vous, mes frères, par la pensée, de la fille de Jaïrus. Voyez-la étendue sur son lit : ne dirait-on pas que la vie est encore en elle ? Les lèvres de sa mère effleurent encore son front, la main de son père presse encore sa main, et c’est à peine si ce père, si cette mère, peuvent se persuader que leur enfant est morte ; mais il n’est que trop vrai elle est morte, aussi morte qu’elle peut jamais d’être.
Voyez maintenant ce jeune homme qu’on porte en terre. Il est plus que mort, passez-moi l’expression ; il commence à se corrompre ; déjà les teintes livides, précurseurs de la dissolution, sont répandues sur son visage. Et cependant, quoique la mort soit plus apparente chez lui que chez l’enfant, à proprement parler, il n’est pas plus mort qu’elle, car il n’y a point en réalité de degrés dans la mort.
Mais voici un troisième cas où la mort se révèle avec plus d’évidence encore ; c’est celui de Lazare, de Lazare, dont Marthe, faisant usage de mots non couverts, pouvait dire : « Seigneur, il sent déjà mauvais, car il est là depuis quatre jours ». Toutefois, remarquez-le mes frères, la fille de Jaïrus n’était pas moins morte que Lazare. Il y avait différence quant à la manifestation extérieure de la mort, mais non point quant à la mort elle-même.
Ainsi en est-il des âmes qui, n’ont point été vivifiées par la grâce de Dieu. J’ai, sans nul doute, en cet instant devant moi quelques-unes de ces créatures favorisées que l’œil se plaît à contempler. Elles sont belles à voir de toutes manières, belles par leurs qualités morales, aussi bien que par leurs charmes extérieurs. Il semble en vérité qu’elles réunissent tout ce qui est bon et désirable ; et pourtant, si elles sont irrégénérées (notez bien ceci), elles sont mortes, complètement mortes !
À voir la fille de Jaïrus, qui eût dit qu’elle n’était plus qu’un cadavre ? Une main tendre et pieuse n’avait pas encore fermé ses yeux ; dans son regard brillait encore comme un dernier reflet de lumière. Pareille à un lis à peine détaché de sa tige, elle n’avait rien perdu de sa grâce. Le ver n’avait pas commencé à creuser sa joue ; les couleurs de la vie ne s’étaient pas flétries sur son front elle paraissait encore appartenir au monde des vivants.
Et vous de même, chères jeunes âmes dont je viens de parler, vous possédez tout ce que le cœur peut désirer, sauf la véritable chose nécessaire ; il ne vous manque absolument rien, si ce n’est le souffle divin, l’amour du Sauveur ; vous n’êtes pas unies à Jésus par une foi vivante ; c’est pourquoi, je vous le dis avec douleur, mais je dois vous le dire, vous êtes mortes ! vous êtes mortes ! aussi mortes que les derniers des pécheurs, quoique votre mort ne soit pas aussi apparente. Mais à côté de ces filles de Jaïrus, il est certainement aussi, dans cet auditoire, des êtres qui ont fait un pas de plus, dirai-je, dans la mort spirituelle. Il y a encore en eux, je le reconnais, quelques restes de bons sentiments, mais ils ont commencé à céder à leurs inclinations mauvaises. Ils ne sont pas encore des intempérants sans pudeur, des blasphémateurs sans frein ; leur inconduite n’est pas encore assez scandaleuse pour que leurs semblables n’en puissent tolérer la vie. Comme chez le jeune homme de Nain, la corruption qui couve au-dedans d’eux n’a pas encore ouvertement éclaté au-dehors.
Mais, qu’ils ne s’abusent point : quoiqu’ils ne soient pas descendus au dernier degré de la dépravation, quoique le monde ne les rejette pas de son sein, ils sont morts ! ils sont morts ! tout aussi morts que les derniers des pécheurs ! Et n’y a-t-il point aussi parmi ceux qui m’écoutent, de ces derniers, de ces plus avilis des hommes, véritables Lazare spirituels, chez qui la mort revêt son plus hideux aspect ? Semblables à des cadavres dans leur sépulcre, leur âme est en pleine putréfaction. Leurs mœurs sont abominables ; leur conduite inspire l’horreur la plus profonde ; ils sont mis à l’index de toute société qui se respecte : la pierre est en quelque sorte roulée sur leur tombeau.
Ils ont si complètement perdu tout sens moral que ceux qui les connaissent ne veulent plus soutenir aucune relation avec eux, et semblent s’écrier à leur manière : « Ôtez ce mort de devant nous, car nous n’en saurions supporter la vue ! » Et cependant, mes frères, j’insiste sur ce point, ces âmes si corrompues, si perverties, ne sont pas en réalité plus mortes que les autres âmes irrégénérées, de même que Lazare n’était pas plus mort que la jeune fille à qui il ne manquait que le souffle. Les fruits de la mort sont plus visibles, il est vrai, chez les unes que chez les autres ; mais toutes également sont privées de vie ; toutes ont un égal besoin d’être vivifiées par Jésus-Christ.
Mais permettez-moi, mes amis, d’entrer dans quelques détails, et de vous indiquer les traits principaux qui constituent la différence existant entre les trois classes d’âmes dont je viens de parler. Pour cela, continuons notre rapprochement, et revenons d’abord à la fille de Jaïrus. Voici donc cette jeune fille : regardez-la de nouveau. Loin de vous repousser, sa vue, n’est-il pas vrai ? vous attire. Elle est morte, et pourtant, elle est encore belle. Quoique privée de vie, elle est pleine de charmes et de grâces. Quel contraste avec le jeune homme ! toute beauté a disparu ! De sur ses traits ; on devine que le ver est déjà à l’œuvre ; toute sa gloire s’est évanouie. Quel contraste surtout avec Lazare ! Il n’est plus qu’un foyer de corruption !
Mais chez la fille de Jaïrus, il existe, je le répète, une beauté extérieure. Il en est de même de beaucoup de ceux qui m’écoutent en ce moment. N’est-elle pas, en effet, pleine de grâce, cette jeune âme dont le souffle impur du péché semble avoir respecté la candeur ? Qui pourrait ne pas l’aimer ? N’est-elle pas aimable, n’est-elle pas belle entre toutes ? N’est-elle pas digne d’être admirée, souvent même d’être imitée ? Ah ! sans doute, elle est tout cela ; elle est plus encore peut-être, je suis le premier à en convenir ; mais, hélas ! hélas ! Dieu le Saint-Esprit n’a pas encore soufflé sur elle, elle n’a pas reconnu Jésus pour son Sauveur, ni imploré son pardon ; elle possède tout, excepté la vraie religion ; et dès lors, elle est morte, morte malgré toute sa beauté, malgré tous ses attraits !
Oh ! ma sœur, ma chère sœur, pourquoi faut-il qu’il en soit ainsi ? pourquoi faut-il que toi si douce, si aimable, si tendre, si compatissante, je sois obligé de te compter au nombre de ceux qui sont morts dans leurs fautes et dans leurs péchés ? Comme mon Maître pleura jadis sur le jeune riche, qui avait gardé tous les commandements, mais à qui il manquait une chose, ainsi je pleure aujourd’hui sur toi ! Oui, je pleure à la pensée que toi, ornée de qualités si précieuses, de tant de dons du cœur et de l’esprit, tu n’en es pas moins plongée dans la mort ! car, ne te fais point illusion, tu es morte aussi longtemps que tu n’as pas la foi en Christ. Ta bonté, ta vertu, ton excellence ne te serviront de rien : tu es morte, et tu ne saurais vivre si Jésus ne te donne, la vie.
Remarquez, en outre, que la fille de Jaïrus est encore entourée d’amis. Elle vient d’exhaler le dernier soupir et sa mère la couvre de tendres baisers. Oh ! se peut-il bien qu’elle soit morte ?
Les caresses qu’on lui prodigue ne parviendront-elles pas à la ranimer ? Et les larmes brûlantes qui pleuvent sur elle ne suffiront-elles pas à féconder cette terre froide, il est vrai, mais assez riche encore, semble-t-il, pour que la vie jaillisse de son sein ? Hélas ! non : ces caresses, ces larmes sont stériles ; la semence de la vie manque ; l’enfant ne respire plus ; néanmoins, c’est à qui se pressera autour d’elle, c’est à qui la comblera de témoignages d’amour. Quel contraste avec le jeune homme ! Il est étendu sur sa bière ; personne ne le touchera plus, et si quelqu’un le touchait, il serait souillé.
Quel contraste surtout avec Lazare ! Une pierre est scellée sur lui. N’en est-il pas de même de vous, chères âmes auxquelles je me suis déjà adressé ? n’êtes-vous pas entourées de l’amour de tous ? Le peuple de Dieu lui-même vous chérit d’une affection cordiale ; il vous recherche, il vous estime, il vous approuve. Votre pasteur prie souvent pour vous. Admises dans les assemblées des enfants de Sion, vous vous asseyez avec eux comme si vous étiez des leurs, vous entendez ce qu’ils entendent, vous chantez ce qu’ils chantent. Et pourtant, pourtant hélas ! vous le dirai-je ? vous êtes encore dans la mort.
Il ne vous manque absolument qu’une chose, mais c’est la seule qui puisse vous sauver ; il ne vous manque qu’une chose, mais cette chose c’est là vie.
En vain les enfants de Dieu vous ouvrent-ils leur sein, en vain vous accueillent-ils dans leur compagnie ; ils ne sauraient allumer en vous cette étincelle sacrée de la vie ; et si jamais vous l’obtenez, sachez-le, vous devrez vous joindre au plus grand des pécheurs pour répéter avec l’Apôtre : Lorsque nous étions morts dans nos fautes et dans nos péchés, Dieu nous a vivifiés avec Christ.
Mais considérons encore la jeune fille. Voyez elle n’est point revêtue des insignes de la mort. Ni le suaire ni le linceul ne l’enveloppent. On ne l’a point dépouillée de ses habillements ordinaires. Elle est vêtue exactement comme elle l’était le jour où, ressentant les premières atteintes de sa maladie, elle s’étendit sur sa couche. On ne l’a point livrée définitivement à la mort. Il n’en est pas de même du fils de la veuve : l’appareil de la sépulture l’environne ; ni de Lazare : il est lié pieds et mains. Mais je le répète, la fille de Jaïrus est encore revêtue du costume des vivants. Ainsi en est-il de l’âme simple et ingénue dont je parle.
Jusqu’à présent, elle semble n’avoir aucune habitude coupable, aucun mauvais penchant déclaré ; et tandis que tel jeune homme est déjà emprisonné dans le linceul de son inconduite, et que tel pécheur vieilli dans le vice est lié pieds et mains par ses passions désordonnées, cette âme se pare de tous les ornements extérieurs de la piété. Elle agit comme les chrétiens, elle parle comme eux ; sa conduite semble pure, digne d’éloges, irrépréhensible : c’est à peine si l’on pourrait y discerner quelques taches…
Hélas, hélas ! chère âme, pourquoi faut-il qu’une si belle parure, des apparences si aimables ne recouvrent que la mort ? Vainement as-tu orné ton front du brillant joyau de la bienfaisance ; vainement as-tu ceint tes reins des chastes robes de la pureté extérieure, hélas ! ma sœur, il faut bien que je te le dise, si tu n’es pas née de nouveau, tu es encore dans la mort ! Ton excellence s’évanouira comme la teigne ; tes prétendus bonnes œuvres s’en iront en fumée, et, au jour du jugement, tu seras pour jamais séparé des justes, à moins que Dieu ne te donne la vie. Oh ! je gémis, je gémis amèrement sur cette foule de jeunes âmes qui semblent avoir été préservées jusqu’ici de toute souillure du monde, mais qui n’en sont pas moins sans vie et sans salut ! Oh ! plût à Dieu, jeune homme, plût à Dieu, jeune fille, que de vos premières années, vous fussiez vivifiés par l’Esprit !
Veuillez, mes frères, observer un détail encore. Dans le cas de la jeune fille, la mort était, pour ainsi dire, une chose secrète. C’était dans sa chambre que l’enfant avait rendu le dernier soupir ; c’était dans sa chambre que son corps inanimé reposait, et rien probablement ne laissait soupçonner au dehors, le douloureux mystère que recelait cette maison de deuil. Il n’en était pas ainsi du jeune homme, car on l’avait transporté jusqu’aux portes de la ville, et beaucoup de gens l’avaient vu ; ni de Lazare, car des Juifs étaient venus de Jérusalem pour pleurer sur sa tombe. Mais la mort de la fille de Jaïrus n’avait point ce caractère de publicité, et il en est de même des âmes dont je l’ai prise pour type. Jusqu’à présent, leur péché se cache dans l’ombre ; il est tout intérieur.
La convoitise a bien conçu dans leur cœur, mais, le péché n’est pas encore enfanté ; le germe des passions existe en elles, mais ce germe impur ne s’est point manifesté par des actes.
Le jeune homme n’a point encore porté à ses lèvres la coupe enivrante, quoique souvent une voix séductrice lui en ait vanté les douceurs ; la jeune fille n’a point abandonné les sentiers de la vertu, quoique souvent elle ait prêté l’oreille aux suggestions de la vanité : en un mot, leurs mauvais penchants n’ont point franchi les limites du for intérieur ; personne peut-être n’en soupçonne l’existence. Hélas, mon frère ! hélas, ma sœur ! qu’elle est triste la pensée que vous, dont la vie extérieure est si louable, vous cachez pourtant de secrètes souillures d’ans la chambre de votre cœur, et que dans les replis les plus intimes de votre être, vous portez la mort spirituelle, mort aussi véritable, quoique moins évidente, que celle du pécheur le plus scandaleux.
Oh ! Dieu veuille que vous puissiez vous écrier aujourd’hui même : « Malgré toutes nos justices, malgré toutes nos vertus, nous étions morts, comme les autres, dans nos fautes et dans nos péchés, mais Dieu nous a vivifiés ! » Mes amis, mes chers amis, souffrez que j’insiste encore sur ce point. Il y a des âmes dans cet auditoire, au sujet desquelles j’éprouve les plus vives appréhensions.
Je l’ai déjà dit, elles possèdent tout ce que le cœur peut souhaiter, mais il leur manque une chose : elles n’aiment pas mon Maître. Ô vous, jeunes gens, qui fréquentez assidûment les parvis du Seigneur, et dont les murs sont irréprochables, pourquoi faut-il que votre piété soit comme une plante sans racine ? Ô vous, vierges de Sion, qu’on voit toujours dans la maison de prières, pourquoi faut-il que vous n’ayez point la grâce de Dieu dans le cœur ?
Prenez garde, je vous en supplie, vous, âmes simples, naïves, aimables, innocentes aux yeux des hommes ! Lorsque viendra le grand jour où le Seigneur séparera les vivants d’avec les morts encore une fois, je vous le déclare avec douleur, si vous n’avez été converties, régénérées, vivifiées par l’Esprit de Dieu, malgré toute votre excellence, vous serez rangées parmi les morts !
Mais il est temps que nous quittions la jeune fille, pour passer au fils de la veuve de Naïn. Avant tout, observez, mes frères, qu’il n’est pas plus mort que l’enfant ; seulement, il est parvenu, si je puis ainsi parler, à une phase plus avancée de la mort. Venez, approchons-nous du funèbre cortège ; arrêtons la bière ; contemplons le corps qui y est couché. Vous frémissez, n’est-il pas vrai ? Vous détournez vos regards.
Le visage de la petite fille était plein et coloré, mais ici, la joue est creuse, le teint livide. Et l’œil ?… oh ! quelle noirceur l’environne !
Ne pressent-on pas que le ver va bientôt paraître, que la décomposition est au moment de se faire jour ? Ainsi en est-il d’une certaine classe de mes auditeurs. Ils ne sont plus ce qu’ils étaient dans leur première jeunesse, alors que leurs mœurs étaient à l’abri de tout reproche. Peut-être viennent-ils de tomber dans le filet de la femme étrangère ; ils commencent à se lancer dans la carrière du libertinage : leur corruption est en voie d’éclater. Ils ne sont plus, disent-ils, des enfants à la lisière ; n’est-il pas temps qu’ils s’émancipent ?
Que d’autres se soumettent, si bon leur semble, à l’absurde esclavage des lois de la morale ; quant à eux, ils sont libres, ils veulent l’être, ils entendent mener joyeuse vie et ainsi, ils se précipitent dans un tourbillon de plaisirs bruyants et charnels, en sorte que les signes de la mort spirituelle se manifeste en eux avec toujours plus d’évidence. De plus, remarquez, mes chers amis, que si jeune fille était entourée de caresses, par contre, personne ne touche le jeune homme : il est étendu sur sa bière, et quoique des hommes le portent sur leurs épaules, il n’en est pas moins vrai qu’il inspire à tous les vivants une instinctive répulsion. Jeune homme ! ne te reconnais-tu point à ce trait ?
Ne sais-tu pas que depuis quelque temps les gens pieux, que dis-je tes amis eux-mêmes se tiennent à distance de toi ? Hier encore, les larmes de ta mère n’ont-elles pas coulé en abondance, tandis qu’elle exhortait ton jeune frère à fuir ta société, à pas suivre ton exemple ? Ta sœur, ta propre sœur, qui en t’embrassant, ce matin, a peut-être instamment supplié le Seigneur de te faire recevoir du bien dans cette maison de prières, ta sœur elle-même a honte de toi : ta conduite devient si légère, tes propos si déplacés qu’elle rougit en te voyant. Il y a aussi des maisons chrétiennes où tu étais naguère le bienvenu ; tu fléchissais le genou avec la famille assemblée, ton nom était mentionné dans la prière commune ; mais à présent, tes visites dans ces maisons deviennent de plus en plus rares, car lorsque tu y vas, on t’accueille avec réserve.
Le père de famille ne voudrait à aucun prix que son fils se liât avec toi, car il sait que tu pourrais le souiller. Il ne vient plus lui-même, comme autrefois, s’asseoir à ton côté pour s’entretenir de choses saintes ; s’il te reçoit encore chez lui, c’est simplement par politesse ; mais il ne peut plus te traiter avec son ancienne cordialité, car il sent qu’entre son âme et la tienne, il n’existe plus aucun lien sympathique. Le peuple de Dieu pareillement te témoigne de la froideur ; il ne te repousse pas encore d’une manière ouverte, mais il y a dans ses rapports avec toi une contrainte qui prouve clairement que ton état de mort lui est bien connu.
Un autre point de dissemblance entre le fils de la veuve et l’enfant de Jaïrus, c’est que tandis que celle-ci était encore revêtue du costume des vivants, l’autre était déjà enveloppé dans les vêtements de la mort. Et toi aussi, jeune homme ; tu es comme enveloppé dans tes habitudes vicieuses. Tu sais que le diable, de sa main de fer, étreint ton âme toujours plus fortement, il y eut un temps où tu pouvais encore te dégager de cette étreinte ; tu étais maître de tes plaisirs, disais-tu : maintenant, tes plaisirs sont tes maîtres. Jeune homme ! j’en appelle à ta conscience, tes voies ne sont-elles pas des voies d’iniquité ?
Tu n’oserais le nier ! Sans doute, tu n’es point arrivé aux dernières limites de l’immoralité et de l’infamie ; mais, en vérité, en vérité, je te le dis, mon frère : tu es mort ! tu es mort ! Et si l’Esprit de Dieu ne te vivifie, tu seras jeté dans la vallée de la géhenne, pour être en pâture au ver qui ne meurt point, mais qui dévore les âmes pendant l’éternité. Ah jeune homme, jeune homme, je pleure sur toi, car si la pierre du sépulcre ne te recouvre pas encore, si ta corruption morale n’est pas tellement avancée que tu sois pour tes alentours un objet d’horreur et d’épouvante, cependant, tu as déjà fait plusieurs pas dans la carrière du vice, et qui peut dire où tu t’arrêteras ? Prends garde ! Le péché est une pente glissante, et ne s’arrête pas qui veut sur cette pente… Lorsque le ver du sépulcre a commencé ses ravages, peut-on placer son doigt dessus, et lui dire : « Arrête-toi ? » Non, il poursuit son œuvre de destruction jusqu’au bout… Oh ! jeune homme, Dieu veuille te vivifier avant que tu sois parvenu à cette consommation de la mort que l’enfer soupire de te voir atteindre, et à laquelle le ciel seul peut te faire échapper !
Une dernière observation au sujet du fils de la veuve de Naïn. La chambre de la jeune fille, avons-nous dit, était seul témoin de sa mort ; mais dans le cas de celui-ci, la mort, au contraire, se montrait au grand jour, puisque Jésus rencontra le convoi aux portes de la ville. C’est ainsi que chez la première classe d’âmes que j’ai essayé de décrire, le péché est plus ou moins secret ; mais chez toi, jeune homme, il est patent, il est manifeste. Tu ne crains pas de pécher à la face du soleil, à la face de Dieu même. Tes dérèglements ne sont un mystère pour personne ; aussi bien, tu ne tiens plus à sauver les apparences.
« Je ne suis point un hypocrite ! » dis-tu d’un ton de bravade, « je n’ai aucune prétention à la sainteté ; je ne rougis pas de quelques écarts de jeunesse ! »
Ah ! jeune homme, jeune homme ! tandis que tu tiens ce langage, qui sait si ton père ne s’écrie pas dans l’amertume de son cœur : « Plût à Dieu que je fusse mort avant d’avoir vu mon fils se conduire comme il le fait ! Plût à Dieu que lui-même eût été couché dans la tombe, avant de s’être ainsi engagé dans les sentiers du vice !
Plût à Dieu que le jour même où je le contemplai pour la première fois, où mes yeux furent réjouis par la vue de mon fils, il eût été soudainement frappé par la maladie et la mort ! Oh ! oui, plût à Dieu que son âme enfantine eût été retirée au ciel, et qu’il n’eût pas vécu pour faire descendre avec douleur mes cheveux blancs au sépulcre ! »
Jeune homme, tu le sais : ton inconduite avouée ; ton inconduite qui s’étale, pour ainsi dire, aux portes de la ville, jette le trouble dans la maison de ton père, abreuve de douleur le cœur de ta mère. Oh ! Je t’en conjure, arrête-toi ! Oh ! Seigneur Jésus, touche la bière en cet instant même ! Arrête quelque pauvre âme qui chemine dans la voie de la perdition, et crie-lui : « Lève-toi ! » Alors cette âme, ressuscitée en nouveauté de vie, pourra s’écrier avec nous tous, qui par ta grâce jouissons déjà de la vie : « nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus à la vie avec Christ c'est par grâce que vous êtes sauvés ! » (Éphésiens 2 v. 5).
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