Tout est accompli ?
Fut-elle miraculeuse, une expérience ne tombe jamais de nulle part dans une vie, c’est toujours une conséquence.
S’il y a une chose que je fais facilement lorsque je prie : C’est revendiquer.
- « Comme tu l’as fait pour Moïse, fais-le aussi dans ma vie !! » C’est de cette manière que j’illustre souvent mes prières lorsque je souhaite que le ciel me tire d’une situation difficile. Je prends Dieu à témoin en lui rappelant l’œuvre qu’il a accompli dans le désert pour Moïse et son peuple. Je pense faire preuve de foi en demandant au Seigneur de m’offrir les bénédictions qu’il a offertes à Moïse. Je dis ‘’je pense’’ volontairement, nous verrons plus tard pourquoi. J’ai plus ou moins toujours prié ainsi. En m’appuyant sur les miracles du passé pour vivre ceux d’aujourd’hui.
A posteriori, je dois bien avouer que l’efficacité n’a jamais été vraiment au rendez-vous mais l’effet galvanisant de la proclamation suffisait à me redonner de l’espoir et de la force pour continuer sur le chemin. Mais ces derniers temps les choses ont évoluées, le Seigneur, dans sa légendaire gentillesse, a répondu avec tendresse à mes prières enflammées.
- « Tu veux telle ou telle partie de la vie de Moïse ? Tu fais bien ! Mais Moïse n’est pas arrivé par hasard. Le livre de l’Exode ne commence pas au chapitre 17. Tu veux l’expérience de Moïse, il faudra que tu aies la vie de Moïse … »
Eh oui, durant toutes ces années, je réclamais au Christ des conséquences sans causes, des résultats sans calculs, un salaire sans travail. Cela semble évident quand je l’écris aujourd’hui mais c’est un principe qui semble être présent chez tout chrétien. Fut-elle miraculeuse, une expérience ne tombe jamais de nulle part dans une vie, c’est toujours une conséquence. Mettre en évidence l’expérience d’un héros de la foi sans prendre en compte la vie entière de ce héros c’est oublier qu’avant de construire une maison en bois, il faut planter des arbres. Un réflexe humain nous laissant croire que Dieu a oublié son œuvre et qu’il a besoin de nous pour la lui rappeler. Et, comme je le fais si souvent, en utilisant l’exemple de Moïse faisant changer Dieu d’avis, nous expliquons tranquillement au créateur de l’univers comment il doit effectuer son travail.
Pour que Moïse, en haut de la montagne parvienne à discuter avec Dieu sans mourir, c’est bien qu’il était déjà mort : « car l'homme ne peut me voir et vivre » (Exode 33 v. 20). Donc, si je veux vivre cette expérience à mon tour, si je veux discuter avec Dieu sans crainte comme Moïse, il faut que j’accepte que cela ne vient pas de nulle part. Étrangement, je n’ai jamais réclamé à Dieu d’être abandonné dans un panier de roseau sur le Nil, ou d’être élevé de force dans une culture païenne étrangère, ou d’être obligé à fuir mon peuple pour m’isoler dans le désert, … Étrangement.
Je le répète, quelle gentillesse, quelle patience inouïe le Seigneur exerce-t-il pour ses enfants ! Rendons lui grâce pour cela.
J’aimerais calquer cette petite expérience de prière personnelle sur un sujet plus général et, je le crois, commun à nous tous. Il est une parole de Jésus que nous ne nous lassons pas de revendiquer lorsque nous prions, c’est celle-ci : « il dit : Tout est accompli. Et, baissant la tête, il rendit l'esprit » (Jean 19 v. 30).
J’ai l’impression que comme pour Moïse dans mon introduction, cette extraordinaire déclaration de Jésus sur la croix est devenue la revendication numéro une des chrétiens. Un peu comme une carte Joker. Vous savez, cette carte que vous pouvez sortir à n’importe quel moment du jeu et qui vous permet de gagner contre votre adversaire. Comme au Monopoly, lorsque l’on brandit fièrement la carte chance : Sortie de prison. Comme si, à elle toute seule, cette phrase avait le pouvoir de nous tirer d’affaire. Oui, nous croyons que la parole de Dieu est vivante, qu’au commencement elle était Dieu. Ce verset en devient-il magique pour autant ?
« Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu » (Jean 1 v. 1).
« Tout est accompli » : Qu’a vraiment voulu dire le Seigneur sur la croix ? Pour le comprendre, il faut remonter bien des millénaires dans le passé, à l’aube des temps. Lorsque Dieu eut achevé sa création, il s’exclama que tout était parfait. Rien n’était en trop ou en moins, tout était à sa place. Ainsi, déjà, tout était accompli : « Dieu vit tout ce qu'il avait fait et voici, cela était très bon » (Genèse 1 v. 31).
Adam est arrivé à la fin de ce travail. Il a commencé son existence en se reposant dans l’œuvre de Dieu. Voyez-vous doucement arriver le rapport avec notre sujet ? Une œuvre parfaite, rien à changer. Vraiment ? Même l’arbre de la connaissance ? Même le serpent ? Franchement, si c’était à refaire, ne vaudrait-il pas mieux convenir de quelques ajustements ? Admettons que la création initiale n’était pas si parfaite et proposons à Dieu de revoir un peu son travail avec lui. C’est ce qu’Adam a fait lorsque les choses ont commencé à dégénérer ; remettre la faute sur une création pas aussi parfaite que prévue.
Oui, je le dis avec force ici, la création de Dieu était parfaite en toutes choses, avec l’arbre, avec le serpent, avec l’homme. Dire le contraire revient à manquer de foi. Dans les premières lignes, j’ai expliqué que je pensais faire preuve de foi en proclamant les œuvres passées de Dieu pour qu’il agisse dans ma vie. Voilà pourquoi ce n’était en fait pas le cas. « Tout est accompli », soit on y croit, soit on n’y croit pas.
- « Justement (pourriez-vous répondre), si je proclame cette parole, c’est bien que j’y crois, c’est bien par la foi !! »
Je veux répondre à cela en citant deux exemples qui me sembles riches de sens.
« Maître, ne t'inquiètes-tu pas de ce que nous périssons ? » (Marc 4 v. 38).
C’est ce que les disciples ont criés à Jésus lorsqu’ils faisaient face à une terrible tempête. Quelle belle mise en preuve de foi ! Courir sans attendre au pied de Jésus pour remettre notre vie dans ses mains et réclamer son secours ! C’est cette foi que nous apprenons aujourd’hui. C’est elle que nous transmettons à nos enfants avec l’espoir qu’ils l’expérimentent au plus tôt.
N’allons pas trop vite dans nos conclusions. Qu’a répondu Jésus aux disciples ? « Pourquoi avez-vous ainsi peur ? Comment n'avez-vous point de foi ? » (Marc 4 v. 40).
Comment Jésus peut il leur reprocher un manque de foi alors qu’ils ont justement (à nos yeux) fais preuve de foi ? Ce pourrait-il que la foi qui veut sauver notre vie soit autre chose en vérité ? « Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra » (Marc 8 v. 35). Nos besoins ? Nos envies ? Quelle est la cible de notre foi ? On dit que pécher c’est manquer la cible, cela donne à réfléchir.
« Sinon » (Daniel 3 v. 18). Il y a surement beaucoup de « sinon » dans la Bible et ils sont certainement très intéressants. Celui-ci, dans le livre de Daniel, me semble tout bonnement extraordinaire. Il est une clé qui ouvre des portes qui plus jamais ne se refermeront. Ce « sinon » est prononcé avec une foi authentique et désintéressée par Schadrac, Méschac et Abed-Nego devant Nebucadnetsar et une fournaise très ardente. Ces trois hommes vont expliquer au Roi qu’ils renoncent à adorer des statues d’or et que le Dieu qu’ils adorent est capable de les délivrer. Jusqu’ici, c’est une déclaration de foi relativement classique. Toutefois, ce qui lui donne une réelle valeur, pour eux à l’époque et pour nous aujourd’hui, c’est la suite. Ils poursuivent en déclarant que même si leur Dieu choisissait dans sa souveraineté de ne pas leur accorder une délivrance (qu’ils n’avaient même pas directement réclamée) ils Lui resteront fidèles.
C’est fabuleux.
Voyez-vous, lorsque nous suggérons (comme Adam et Eve) à Dieu des modifications dans notre vie en proclamant qu’il a tout accompli, c’est comme si nous parlions une langue sans la comprendre. C’est un non-sens spirituel. En demandant à Dieu de changer son plan, nous sous-entendons qu’il s’est trompé, que le plan initial n’est pas si parfait. Dire à Dieu qu’il s’est trompé tout en proclamant que son œuvre est parfaite, ce n’est pas de la foi, c’est de l’incompréhension. Peut-être nous faut-il désapprendre certains réflexes spirituels afin de (re)découvrir que Jésus a vraiment tout accompli.
Nous croyons que Dieu fait les choses parfaitement. Cela inclut ce qui nous déplait. C’est une chose dure à comprendre, plus encore à accepter et parfois terrible à vivre. Les choses négatives de notre vie font partie intégrante de la création parfaite de Dieu pour nos vies. Les choses négatives de notre vie ne sont pas là pour que le Seigneur montre sa gloire en les traitants, elles font partie de la gloire de Dieu.
Pour aller plus loin, rappelons deux choses que la Bible nous enseigne.
« C'est lui qui, dans les jours de sa chair, ayant présenté avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé à cause de sa piété, a appris, bien qu'il fût Fils, l'obéissance par les choses qu'il a souffertes » (Hébreux 5 v. 7 et 8).
« Le disciple n'est pas plus que le maître ; mais tout disciple accompli sera comme son maître » (Luc 6 v. 40).
Lorsque nous cherchons à esquiver notre vie, nous trichons. En plus de tricher, nous perdons une formidable occasion d’apprendre. Si Jésus lui-même a appris par la souffrance, croyez-vous que nous passerons à coté ? Sommes-nous plus grand que Lui, moins concerné ?
Si nous voulons tirer directement notre enseignement du Seigneur, il nous faut observer comme il priait. Comme nous, il commence par demander ce dont il a envie : « Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe ! » (Luc 22 v. 42). Mais il conclut toujours en réclamant ce dont il a besoin : « Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne ». La quête de notre vie doit être de renoncer à nos envies au profit de nos besoins, et seul notre père céleste connait nos besoins. La Bible n’a jamais promis une vie remplie de délivrances et de miracles pour satisfaire nos envies, elle promet le Saint-Esprit de répondant à nos besoins.
Je me refuse de faire de ce texte une apologie de la souffrance. Comme si elle était la chose ultime à rechercher ou à provoquer. Non, jamais. Dieu ne veut pas que nous recherchions la souffrance, il veut que nous l’acceptions comme étant parfaite, dans son plan.
La dernière fois que Jésus a entendu un homme l’interpeller sur sa divinité, sur sa capacité à faire un miracle, il était sur la croix, en train d’accomplir le plus grand parmi les plus grands des miracles. Voici ou cela nous mène. Lorsque nous demandons à Dieu un miracle pour satisfaire notre envie, nous l’empêchons d’accomplir celui qui va satisfaire nos besoins. En lui réclamant d’agir dans ma vie comme dans celle de Moïse sans me faire traverser la vie de Moïse, c’est comme si je lui demandais de descendre de la croix.
- « Descend de cette croix si tu es vraiment le fils de Dieu !! » (Matthieu 27 v. 40).
Et, dans son immense gentillesse, le Seigneur veut te répondre aujourd’hui :
- « Ne vois-tu pas que c’est justement parce que je suis Dieu que je vais rester sur cette croix ».
Car, pour ressusciter et vaincre la mort, il y bien une chose que l’on n’en peut pas éviter, c’est mourir. La solution est là, sous nos yeux depuis le premier chapitre de la Genèse. Aucun homme de Dieu sur cette terre ne peut dire avec honnêteté qu’il a pu apprendre l’obéissance autrement que par les choses qu’il a souffertes.
Voilà ma proposition. Changeons de paradigme. Changeons de prières. Changeons de revendications. Arrêtons de tricher. Arrêtons d’esquiver. Devenons des hommes faits : Ayons la foi ! Dans notre situation, aujourd’hui, tentons une nouvelle approche. Au lieu de provoquer Dieu (même sans arrière-pensées négatives), demandons-lui de se servir de nos difficultés comme d’un outil, parfait et utile, pour nous expliquer l’un des mots de cette extraordinaire déclaration : « TOUT EST ACCOMPLI ».
Prière.
Seigneur, face à ma situation d’aujourd’hui, je te demande de me donner la foi. La foi d’accepter qu’aussi difficile soit-elle, cette situation fait partie de ton plan parfait pour ma vie. Sers-toi de cet instant pour m’expliquer ton œuvre. Sers-toi de cet instant pour me faire progresser. Afin que, sous ta tutelle, mes progrès soient évidents pour tous. Donne-moi cette grâce et cette joie que je ne comprends pas encore de communier à tes souffrances.
« Réjouissez-vous, au contraire, de la part que vous avez aux souffrances de Christ, afin que vous soyez aussi dans la joie et dans l'allégresse lorsque sa gloire apparaîtra » (1 Pierre 4 v. 13).
Un message de Benjamin Gabelle
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Ou comment Dieu révèle son œuvre par son œuvre
À l’instar d’un père hissant son enfant sur ses épaules pour lui permettre de mieux voir, Benjamin Gabelle, doté de solides connaissances scientifiques, analyse des éléments de la création et en tire des enseignements spirituels pour la vie personnelle, familiale et ecclésiale du croyant.
En découvrant ce parallèle entre nature et principes bibliques, le lecteur sera, tout à la fois, captivé, émerveillé, instruit et enrichi. Sa lecture achevée, il n’aura de cesse de louer son Créateur et cherchera à le connaître plus et mieux !
Benjamin a 31 ans et enseigne les Sciences de l’Ingénieur au lycée, il est l’un des prédicateurs de son Église locale en Alsace. Marié à Claire et père de trois enfants, il est né dans une famille chrétienne et expérimente la vie avec Dieu depuis son enfance.