Toronto », vrai réveil, ou apostasie.1

Toronto », vrai réveil, ou apostasie.1

Même si le « réveil » de Toronto semble aujourd'hui dépassé, l'esprit qui l'a animé n'a pas disparu, et se manifeste toujours sous des formes sans cesse nouvelles.

Dans cet article, transcription d'une conférence donnée en 1994, l'auteur analyse le « réveil » de Toronto, et le compare aux véritables réveils qui ont eu lieu dans le passé. S'il est possible de ne pas toujours partager complètement toutes les analyses de l'auteur, nous reconnaissons toutefois la rigueur biblique de son raisonnement, et l'équilibre global de sa pensée. Même si cet article date du début du réveil de Toronto, il est toujours d'actualité, car il posait les vrais problèmes et envisageait déjà les conséquences de ce mouvement, telles que nous pouvons les voir aujourd'hui. Nous avons fait suivre cet article d'un commentaire personnel.

Introduction

Mon objectif essentiel aujourd'hui est d'exprimer mon inquiétude concernant l'honneur du nom du Seigneur et la croissance de Son peuple. Des événements extraordinaires sont en train de secouer l'Eglise. Le flambeau de la vérité, qui jetait autrefois une vive lumière, a été traîné dans la boue. Des organisations et des groupes qui brandissaient autrefois ce flambeau avec zèle l'ont mis de côté, pour se saisir d'une « nouvelle » découverte spirituelle. Les uns après les autres, des mots autrefois chargés de sens ont été neutralisés. Nous savons tous de quelle manière certains mots ont vu leur sens complètement modifié, comme « Chrétien », ou « Catholique ». Cela fait longtemps qu'ils n'ont plus leur sens originel. Mais aujourd'hui, même le mot « évangélique » ne signifie plus ce qu'il voulait dire originellement.

Par exemple, le Dictionnaire Chambers donne cette définition du mot « évangélique » : « École qui insiste particulièrement sur la totale dépravation de la nature humaine non régénérée, sur la justification du pécheur par la foi seule, sur l'offre gratuite de l'Evangile pour tous, et sur la pleine inspiration et l'autorité exclusive de la Bible ». Même un dictionnaire « officiel » comme le Dictionnaire Chambers reconnaît ces vérités ! Pourtant, aujourd'hui, je lis dans les journaux que les « évangéliques » se roulent à terre en riant de manière hystérique, au beau milieu d'un culte d'adoration du Dieu Tout-Puissant. Quelle que soit la vraie nature de ce phénomène, il ne s'agit certainement pas d'une manifestation « évangélique » ! Être « évangélique », d'après la signification du mot grec correspondant, signifie « avoir une bonne nouvelle à proclamer ». Aujourd'hui, beaucoup d'évangéliques n'ont même plus de message à proclamer ! Ils n'ont qu'une expérience, qui n'est même plus une expérience chrétienne !

En 1994, les journaux ont écrit qu'un réveil chrétien était en train de se produire en Grande-Bretagne. On raconte que ce réveil a éclaté dans une insignifiante église de Toronto, au Canada, et s'est répandu en Grande-Bretagne, au milieu des églises établies. « La fièvre du Saint-Esprit atteint Londres ! » Ainsi titrait en première page le magazine paroissial de l'Eglise de la Sainte Trinité de Brompton, dans le Knightsbridge. Le 18 juin 1994, le Times lui-même publia un reportage intitulé : « Une nouvelle lubie hystérique inquiète l'Eglise ». Ce rapport disait : « Il s'agit d'une folie religieuse venant du Canada. Des foules entières tombent et sont saisies d'un rire hystérique. En traversant l'Atlantique, ce mouvement inquiète de plus en plus l'Eglise d'Angleterre ». Cet article ajoutait que le vicaire d'une grande église de Londres a été obligé d'annuler un service de communion, parce qu'un « grand nombre de ses paroissiens étaient étendus au sol ! »

Apparemment, ce service « s'était terminé en véritable chaos. Des dizaines de personnes s'étaient mises spontanément à rire ou à pleurer, à trembler et à tomber à terre ». Vous auriez pu penser que seules certaines églises ont succombé à cette vague de prétendu réveil. En fait, il s'est étendu à toutes les églises Vineyard, créées par John Wimber, aux communautés Ichthus, créées par Roger Fosters, au Mouvement Oasis, lancé par le célèbre évangéliste Steve Chalke, et à un grand nombre d'églises de l'Eglise d'Angleterre, les plus célèbres étant l'Eglise de la Sainte Trinité de Brompton, l'Eglise Saint Michael le Belfry à York, l'Eglise Baptiste de Queens Road, et un grand nombre d'autres églises charismatiques et pentecôtistes. J'ai reçu un appel téléphonique de la correspondante pour les affaires religieuses de la BBC à Leeds, qui m'a dit que beaucoup de choses étaient en train de se passer dans les églises de Leeds et de Bradford. Aujourd'hui, j'ai eu l'occasion de lui parler à nouveau, et elle m'a dit que ce mouvement était bien plus étendu qu'elle ne l'avait d'abord pensé. J'ai personnellement reçu de nombreux rapports d'autres églises dans tout le pays.

Quelle doit être notre attitude ?

Il ne s'agit plus ici de différences d'opinions sur le fait de savoir si nous devons lever les bras en l'air ou non quand nous louons le Seigneur, ou si nous devons choisir tel ou tel recueil de cantiques. Les choses que nous considérons en ce moment vont bien au-delà de ces éléments relativement superficiels. Nous devons avant tout, dans cette affaire, exercer le discernement des esprits. Les promoteurs de cette « bénédiction de Toronto », comme ils l'appellent, affirment que ce qui se passe dans leurs églises est tout à fait semblable aux grands réveils qui se sont passés au 17e et au 18e siècles en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Je ne suis pas ici pour déverser de l'eau froide sur les flammes d'un véritable réveil. Loin de moi cette pensée ! S'il y a un désir que je souhaite vivement voir satisfait aujourd'hui, c'est que nous puissions tous comprendre parfaitement en quoi consiste un véritable réveil, afin que nous puissions désirer plus ardemment le voir se produire !

Je vous propose d'étudier très sérieusement cette question avec moi. Nous allons étudier un grand nombre d'exemples. Il y a tant de choses que je désire partager avec vous sur ce sujet. Il a fallu que je condense un grand nombre de choses pour les faire passer dans ce message. Mais je crois qu'il s'agit d'informations vitales. J'espère donc que vous aurez la patience de me suivre.

Il va falloir que je dise beaucoup de choses que certains d'entre vous vont peut-être trouver très négatives. Je pense en particulier aux responsables de l'Eglise. Vous savez, le Seigneur S'est parfois montré très négatif quand Il S'adressait aux conducteurs religieux de Son temps. Car ils auraient dû avoir un meilleur discernement… Mais je vais aussi citer beaucoup de choses positives, en décrivant la nature d'un véritable réveil. C'est un sujet magnifique. Mais il se prête à beaucoup de malentendus et d'interprétations excessives, si nous ne veillons pas à rester solidement fondés sur la vérité de la Parole de Dieu, ou si nous n'avons pas une compréhension d'ensemble de l'histoire de l'Eglise.

Je vous propose d'étudier avec moi trois sujets principaux. En premier lieu, nous examinerons quelles sont les caractéristiques des véritables réveils. Nous étudierons ensuite le problème des manifestations physiques et émotionnelles tout au long de l'histoire des réveils, et de quelle manière ces manifestations étaient considérées et traitées. Enfin, nous examinerons quelles sont les origines et les racines véritables du Mouvement de Toronto.

Les caractéristiques des véritables réveils.

J'ai relevé sept caractéristiques de tous les véritables réveils. J'ai pensé que c'était un bon chiffre. Mais vous pourriez probablement relever vous-mêmes bien d'autres caractéristiques. Les véritables réveils ont toujours été caractérisés par le succès incontestable de la prédication de l'Evangile.

Lorsque je parle de « réveil », je pense que nous avons tous une certaine idée commune de ce que signifie ce mot. Mais je ne suis pas du tout certain qu'il s'agit du meilleur mot pour décrire la situation que nous sommes en train d'étudier. En effet, tout au long du 20e siècle, on a souvent utilisé ce mot pour décrire toutes sortes de mouvements qui n'étaient pas des vrais réveils. Nous devons donc comprendre que ce mot de « réveil » peut se prêter à toutes sortes d'interprétations, et qu'on peut lui faire dire tout ce que l'on veut.

En 1754, un pasteur écossais, John Gilles, écrivit un ouvrage monumental, récemment réimprimé sous le titre : « Récits historiques concernant les réveils ». Mais ce n'était pas le titre d'origine. Le titre originel de cet ouvrage était : « Récits historiques concernant des remarquables périodes de succès de l'Evangile ».

En fin de compte, c'est cela qui caractérise les vrais réveils : Le succès de l'Evangile ! En fait, vous pourriez appliquer ce critère pour juger tous les réveils, pour savoir s'ils sont vrais ou faux. Pouvons-nous affirmer que le Mouvement de Toronto constitue un merveilleux exemple du remarquable succès de l'Evangile ?

Dans le Livre des Actes, si vous étudiez les réveils qui se sont produits au cours des premières années de l'Eglise, vous verrez que deux expressions sont constamment utilisées. La première expression est : « La Parole de Dieu », ou « l'enseignement du Seigneur », ce qui est fondamentalement la même chose. Cette expression caractérise l'annonce de l'Evangile. La seconde expression que l'on retrouve souvent est : « Ils crurent ». Il y avait, d'un côté, ceux qui répandaient l'Evangile du Seigneur, qui prêchaient l'Evangile, et, d'un autre côté, ceux qui croyaient parce qu'ils avaient accepté l'Evangile. Je vais prendre quelques exemples :

« Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; et, en ce jour-là, le nombre des disciples s'augmenta d'environ trois mille âmes (Actes 2 v. 41) ». « Cependant, beaucoup de ceux qui avaient entendu la parole crurent, et le nombre des hommes s'éleva à environ cinq mille (Actes 4 v. 4) ». « La parole de Dieu se répandait de plus en plus, le nombre des disciples augmentait beaucoup à Jérusalem, et une grande foule de sacrificateurs obéissaient à la foi (Actes 6 v. 7) ». « La main du Seigneur était avec eux, et un grand nombre de personnes crurent et se convertirent au Seigneur (Actes 11 v. 21) ». « Alors le proconsul, voyant ce qui était arrivé, crut, étant frappé de la doctrine du Seigneur (Actes 13 v. 12) ». « Les païens se réjouissaient en entendant cela, ils glorifiaient la parole du Seigneur, et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent (Actes 13 v. 48) ». « La parole du Seigneur se répandait dans tout le pays (Actes 13 v. 49) ». « Plusieurs d'entre eux crurent, ainsi que beaucoup de femmes grecques de distinction, et beaucoup d'hommes (Actes 17 v. 12) ». « C'est ainsi que la parole du Seigneur croissait en puissance et en force (Actes 19 v. 20 ».

Il y avait donc deux activités qui se passaient ici : Tout d'abord l'Evangile était proclamé par les disciples, puis ceux qui recevaient ce message se convertissaient, parce qu'ils avaient cru. La foi vient de ce que l'on entend ! Il s'agit d'une activité rationnelle, qui concerne l'intelligence. C'est ce même processus qui a constitué le solide fondement de tous les véritables réveils, dès la fondation de l'Eglise de Jésus-Christ sur cette terre.

Toutefois, dans tous les récits que j'ai pu lire de ce prétendu réveil de Toronto, ou dans tout ce que j'ai pu moi-même observer directement, je n'ai jamais entendu une puissante prédication de l'Evangile biblique. Au mieux, on a pu entendre quelques extraits de la Bible, ou quelques versets tirés de leur contexte. Il en a toujours été ainsi dans toutes les réunions auxquelles j'ai pu personnellement assister, et où l'on encourageait les phénomènes dont nous entendons parler aujourd'hui. Vous n'entendez pas prêcher l'Evangile dans toute sa puissance !

Il n'y a aucune présentation des grandes vérités de l'Evangile, contrairement à tous les réveils du passé : La chute de l'homme, la dépravation universelle de la nature humaine, le fait que, à cause de notre nature non régénérée, nous ne méritons que la colère de Dieu, l'incarnation du Fils de Dieu, l'expiation accomplie à la croix, où Christ subit à notre place la colère de Dieu et la punition de nos péchés, Sa résurrection d'entre les morts, et Son ascension dans les lieux célestes. Nous sommes réconciliés avec Dieu par la foi en Christ, de sorte qu'il n'y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Christ. C'est tout cela qui constitue la source de notre joie. Mais l'Evangile, c'est aussi l'annonce des jugements qui viennent, des ténèbres extérieures éternelles pour ceux qui refusent d'obéir à l'Evangile et qui ne connaissent pas Dieu. C'est la vie éternelle pour ceux qui ont humblement accepté la volonté de Dieu, et qui ont accepté Son pardon par Jésus-Christ.

C'est la prédication de ces vérités éternelles de l'Evangile qui a déclenché tous les véritables réveils qui se sont passés tout au long de l'histoire de l'Eglise.

Quand trois mille âmes ont été sauvées le jour de la Pentecôte, quel a été le facteur essentiel de cet événement ? Était-ce quelque expérience mystique dans laquelle on avait conduit ces gens ? Est-il écrit que cette foule a été saisie d'un rire hystérique semblable à ce que nous voyons aujourd'hui ? Pas du tout ! Quelle a été la réponse de tous ces gens à la parole qui leur a été prêchée ? Le seul signe qu'il a plu à la Parole de Dieu de mettre par écrit fut le suivant : « Après avoir entendu ce discours, ils eurent le cœur vivement touché, et ils dirent à Pierre et aux autres apôtres : Hommes frères, que ferons-nous ? (Actes 2 v. 37) ». C'est une phrase que tous les évangélistes aimeraient entendre ! Ces gens ont eu le cœur vivement touché, et ils ont demandé à Pierre et aux apôtres ce qu'ils devaient faire. Que leur a répondu Pierre ? Leur a-t-il dit : « Approchez-vous, et je vais vous frapper le front pour que vous receviez la puissance de l'Esprit ! A-t-il dit : « Chantez des chœurs sans arrêt pendant 45 minutes, jusqu'à ce que vous soyez tellement enivrés que je n'aurai plus besoin de vous dire ce que vous devez faire ! »

Les gens n'ont pas besoin d'expériences mystiques ! Ils ont besoin de connaître la vérité, la vérité qui les affranchira ! Annoncer l'Evangile, cela exige une formulation verbale, et une réponse intelligente qui fait appel à nos facultés mentales. Quand ces gens ont demandé à Pierre ce qu'ils devaient faire, celui-ci a répondu : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit (Actes 2 v. 38) ».

C'est ce genre de message qui réveille l'âme !

Quand nous lisons les récits des véritables réveils du passé, nous constatons qu'ils ont suivi ce même modèle, et qu'ils ont témoigné du succès de l'Evangile. Par exemple, quand nous lisons ce qui s'est passé lors du réveil de Lowestoft, dans le Suffolk, en 1921, nous découvrons le même schéma. Je cite : « La caractéristique essentielle de ce mouvement spirituel était la prédication de l'Evangile ». En ce qui concerne Douglas Brown, qui était le principal prédicateur lors de ce réveil, on a écrit : « Il exposait simplement les vérités fondamentales de la foi chrétienne dans l'Ecriture. La croix était le thème central de tous ses messages ». « Douglas Brown prêche la vérité d'une manière claire et sans équivoque », a écrit Hugh Ferguson. « La ruine entraînée par la chute, la rédemption par le sang expiatoire, la régénération et le renouvellement par le Saint-Esprit, l'onction du Saint-Esprit pour le service, une vie sanctifiée, dans l'attente du retour du Seigneur Jésus-Christ. Telles sont les doctrines éternelles de la prédication apostolique, celles qui, Dieu merci, produisent des résultats ! » Voilà ce qui se passait à Lowestoft.

Ainsi, la première caractéristique des réveils authentiques a toujours été le succès incontestable de la prédication de l'Evangile. C'est la prédication de la Parole qui se répand. Des multitudes recevaient la Parole et croyaient. Au lieu de dire : « S'agit-il bien d'un réveil ? », nous devrions plutôt dire : « Est-ce que ce mouvement représente un succès incontestable de la prédication de l'Evangile ? Est-ce que les gens ont réellement cru ? »

Examinons à présent la seconde caractéristique des véritables réveils.

Les véritables réveils produisent toujours une conscience aiguë du péché. Cette conscience aiguë du péché a toujours été le premier signe de tout réveil authentique ! Une conviction profonde de péché. Tous les témoins dignes de foi ont attesté que la toute première réponse à la prédication de l'Evangile et à l'action du Saint-Esprit dans les cœurs, a toujours été la prise de conscience de notre propre péché, devant l'infinie sainteté de Dieu ! Dans un article sur la théologie du réveil, Jim Packer a écrit : « Dans un réveil, on reconnaît que Dieu Se manifeste à Son peuple, dans le sens où Il manifeste Sa sainte présence au milieu des Siens, de sorte que cette réalité devient incontournable et inévitable. En même temps, on réalise clairement la laideur infinie et la pollution de notre péché, ainsi que notre néant et notre culpabilité ».

Lisez simplement ce récit du réveil de Corée de 1907, tel que l'a écrit M. Lee :

« Les uns après les autres, les gens présents de levaient, confessaient leurs péchés et éclataient en sanglots. Certains se jetaient à terre et frappaient le sol de leurs poings, dans l'agonie d'une profonde conviction de péché. Mon propre cuisinier tenta de faire une confession, mais il éclata en sanglots au milieu de sa confession, et s'écria devant tous : « Pasteur, dites-moi s'il y a encore de l'espoir pour moi ! Puis-je encore être pardonné ? » Puis il se jeta à terre et pleura amèrement ! Il hurlait presque de douleur. Parfois, après une confession, c'est tout l'auditoire, des centaines d'hommes, qui se mettait à prier à haute voix. C'était quelque chose d'indescriptible.

Ensuite, après une nouvelle confession, tous éclataient en sanglots d'une manière incontrôlable. Nous pleurions tous. Nous ne pouvions pas nous en empêcher. La réunion se poursuivit ainsi jusqu'à deux heures du matin, au milieu des confessions, des sanglots et des prières. Chacun était face-à-face avec Dieu. J'entends encore le bruit effrayant que faisaient ces centaines d'hommes qui suppliaient Dieu de leur faire grâce et miséricorde. Ce cri se répandit dans toute la ville, jusqu'à ce que tous les païens soient dans la consternation ».

Voilà un réveil authentique ! Des centaines d'hommes qui supplient Dieu de leur faire grâce et miséricorde ! Voici encore un court récit du réveil qui s'est passé en 1859 à Tregaron, dans le Pays de Galles. Dès la fin du mois de mars de cette année, près de 400 membres nouveaux s'étaient joints à cette église. Deux d'entre eux étaient très connus pour leur vie de péché. Je cite :

« Un soir que le capitaine Williams priait au cours d'une réunion qui se tenait dans une salle de l'école, l'un des pécheurs les plus réprouvés de cette ville entra dans la salle, pris de boisson. L'atmosphère solennelle de la réunion brisa net son insolence. Il écouta et observa ce qui se passait pendant quelques minutes, puis se mit brusquement à genoux, en s'écriant d'une voix pleine d'amertume : « Oh Dieu ! Fais miséricorde à « Dave le voyou » ! « Puis il s'approcha du devant de la salle, et mêla ses supplications à celles du capitaine. Il se mit ensuite à prier pour sa femme : « Tu sais, Seigneur, que Betty est à la maison ! Seigneur, va vers elle ! Si la porte est fermée, ôte-la de ses gonds, et sauve Betty, oh Seigneur ! » Peu de temps après, Betty se précipita dans la salle et s'écria aussitôt : « Seigneur, aie pitié de moi, la plus grande pécheresse de Tregaron ! » Leur conversion a été durable ».

Voyez-vous la différence entre ces récits de réveils, et ce que nous voyons et entendons aujourd'hui ? « L'atmosphère solennelle de la réunion brisa net son insolence ». Y a-t-il une telle atmosphère solennelle dans les églises où se répand le phénomène auquel nous assistons aujourd'hui ? Je voudrais encore vous lire un extrait d'une lettre écrite à l'église écossaise de Rotterdam, datée de mai 1754 :

« Lorsque le réveil a commencé, en ce même jour du Seigneur, l'église était bien plus remplie que d'habitude. J'étais stupéfait, et je regardais cette multitude. Mais il y avait aussi une tranquillité et un calme merveilleux. Au cours de l'après-midi, les cœurs ont fondu, et beaucoup de larmes furent versées. Je croyais que le Seigneur allait certainement agir, mais sans savoir comment, ni de quelle manière. Il commença à agir tout d'abord dans la salle de classe, où environ 25 personnes étaient réunies pour étudier, jeunes et vieux ensemble. Ils manifestaient une grande détresse par leurs attitudes corporelles.

Mais ils étaient parfaitement conscients de ce qui se passait. Ils ne faisaient que pleurer, sangloter et prier, en raison de leur état de perdition et de leur péché, et du besoin qu'ils avaient de Christ. Cela dura de huit heures du soir à minuit, dans la maison du pasteur et dans la salle de classe, puis cela se poursuivit tout au long de la semaine. Tous demandaient avec une grande détresse ce qu'ils devaient faire pour être sauvés ! C'était leur cri unanime. Le dimanche suivant, sept personnes commencèrent à être travaillées dans l'église. D'autres personnes furent extrêmement touchées, parmi celles qui, peu auparavant, s'étaient moquées du réveil et l'avaient ridiculisé. Elles se mirent à crier d'une voix forte et à se lamenter à cause de leurs péchés, dans la crainte d'être condamnées ! »

Si divers phénomènes bizarres ont pu se passer au cours de ces réveils, ils étaient causés par cette profonde conviction de péché. J'en reparlerai dans un moment… Il est vrai que cette conviction de péché qui accompagne les vrais réveils a provoqué de nombreuses manifestations physiques. Les partisans de ce « réveil » de Toronto affirment que ce qui se passe aujourd'hui dans leurs églises est comparable à ce qui se passait au cours des grands réveils du passé. Mais les phénomènes que nous observons aujourd'hui sont très différents des phénomènes qui ont pu être observés, au cours des réveils authentiques, par les vrais serviteurs de Dieu qui les conduisaient. En ce qui concerne le réveil de Rotterdam dont je viens de parler, voici un nouvel extrait de ce qui se passait :

« Quand ils prirent conscience qu'ils se trouvaient en présence d'un Dieu Saint et Juste, et qu'ils étaient en route vers l'éternité et l'Enfer, ils furent saisis d'une grande détresse, à la fois dans leurs pensées et dans leurs corps. Leurs troubles physiques étaient causés par la découverte de leur péché, et par leur conviction qu'ils étaient perdus. Les réactions étaient diverses. Certains prenaient conscience de leur vie de péché, en ayant la certitude que s'ils mouraient dans cet état, ils n'auraient rien d'autre à espérer que l'Enfer et la damnation éternelle ! D'autres se rendaient compte de tous les péchés qu'ils avaient commis dans leur vie, de leurs manières impies, de leur ivrognerie, de leur passion pour le jeu, et d'autres péchés semblables. D'autres réalisaient à quel point ils avaient eu une conduite impie, tant dans leur vie privée que dans leur vie publique. D'autres comprenaient qu'ils s'étaient comportés en ennemis de Dieu, de Ses voies et de Son peuple. Certains confessaient leur rébellion et leur incrédulité devant la Parole de Dieu, d'autres réalisaient leur dissimulation et leur hypocrisie, etc… Chacun prenait non seulement conscience de ses nombreux péchés, mais aussi de sa nature de péché. Le fait qu'ils étaient nés dans le péché suffisait à les convaincre qu'ils ne méritaient que la mort et la condamnation ! »

Ce récit décrit aussi comment certaines de ces personnes se sont évanouies en réalisant la grandeur et la miséricorde de Dieu :

« Quand il plut au Seigneur de Se révéler à eux, comme un Dieu qui promet de Se réconcilier avec eux par Jésus-Christ, ils s'évanouirent, en réalisant leur propre indignité et la souveraineté du Seigneur, se demandant comment le Seigneur avait eu la bonté de S'intéresser à eux, des créatures misérables, des pécheurs aveugles. Lorsqu'ils revinrent à eux, ils se sentaient toujours écrasés par le sentiment de leur péché et de leur indignité, tout en étant confus de voir qu'il avait plu au Seigneur de jeter Ses regards sur eux, dans l'état où ils se trouvaient. Ils désiraient ardemment être avec Christ et entrer en Christ. Ils craignaient de se séduire eux-mêmes, et criaient continuellement : « Sonde-moi ! Éprouve-moi ! » Ils préféraient connaître la vérité sur la réalité de leurs motivations, si elles étaient fausses, plutôt que de se séduire eux-mêmes ».

Mes amis, quand le Saint-Esprit nous ouvre le cœur, et nous révèle notre dépravation et notre impureté devant Dieu, est-il étonnant que nous ne puissions rester debout devant Lui ? Même certains Chrétiens ou croyants fidèles se sont retrouvés dans cette situation, comme Ezéchiel, les apôtres Pierre et Jean, et bien d'autres. Ils sont tombés comme morts, saisis d'un sentiment d'horreur. Lorsqu'il fut confronté à la réalité de la puissance divine de Christ, Pierre s'écria, dans l'agonie de son âme : « Retire-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ! »

Nous lisons de même, dans ce récit du réveil de Camberslane en Ecosse : « Conscients de la présence solennelle de Dieu, profondément convaincus de la culpabilité de leur péché, et amèrement persuadés de leur propre impuissance, hommes et femmes tremblaient et pleuraient. Certains s'écroulèrent comme morts ». McFarlane a dit fort justement : « Il est parfaitement naturel que l'on se mettre à pleurer, et même que l'on soit plongé dans une vive agitation corporelle, quand on vient de comprendre que l'on se trouve dans une situation qui semble complètement désespérée ».

C'est cette expérience qui constitue véritablement le fait d'être « terrassé dans l'esprit » (« slain in the spirit », en anglais). C'est complètement différent de ce que l'on appelle « être dans le repos de l'esprit ». Cela n'a rien à voir avec tous ces gens qui tombent mécaniquement, empilés les uns sur les autres, à chaque réunion, ou dès qu'ils sont soumis à une musique hypnotique, ou quand on leur demande « de ne pas résister et de se laisser aller ». Je voudrais vous lire ce compte-rendu d'une réunion dans l'église Vineyard du Sud-Ouest de Londres :

Lorsque notre réunion démarra, et que notre orchestre commença à jouer, la première personne qui commença à agiter sa main en l'air fut la femme du pasteur. Immédiatement, un certain nombre de gens se mirent à danser dans les allées. Je vis le jeune homme qui se trouvait devant moi commencer à vibrer de tout son corps. Il était manifestement en train d'être saisi par une sorte d'ivresse spirituelle, et il finit par se mettre à trembler et à sauter sur place. Presque tous les participants étaient saisis d'une manière ou d'une autre : les uns tombaient à terre, les autres se tenaient tout raides. D'autres tremblaient, sanglotaient, grimaçaient, ou secouaient leurs bras devant eux. Je me retournai, pour voir, à l'arrière de la salle, au-delà des chaises vides et des corps éparpillés à terre, d'autres personnes qui bavardaient tranquillement en buvant un café, comme si rien ne se passait, alors que des gens étaient étendus à leurs pieds, arborant des sourires béats ou des expressions de parfaite paix céleste ».

Mes amis, je vous le demande : Ces phénomènes résultaient-ils d'une puissante prédication de l'Evangile apportée par le pasteur ? Les cœurs avaient-ils été vivement touchés par cette prédication ? Pas du tout ! Cette situation avait été entièrement provoquée par une combinaison de musique particulièrement enivrante, par le recours à une forme de suggestion mentale, et par l'ouverture passive des intelligences à une expérience extatique. On nous affirme pourtant, je cite, que « cette vague de phénomènes vécus dans cette église est en train de prendre les caractéristiques d'un réveil semblable à ceux que nous avons connus au 18e siècle ». Ceux qui affirment cela ne font que prouver leur totale ignorance de l'histoire des réveils authentiques. Voici ce qu'écrivait George Whitfield, peu après avoir prêché à Camberslane :

« Lundi matin, j'ai prêché à une foule aussi grande qu'auparavant. Mais il se produisit une profonde agitation que je n'avais jamais vue auparavant. Ce fut un mouvement qui se propagea comme l'éclair d'un bout à l'autre de l'auditoire. Vous pouviez voir des milliers de personnes dont le visage était baigné de larmes. Certains se frappaient aussi les mains. D'autres tombaient presque en défaillance, alors que d'autres encore pleuraient et se lamentaient en invoquant Celui qui avait été percé pour les sauver ! »

Ils « se lamentaient en invoquant Celui qui avait été percé pour les sauver ! » S'ils pleuraient et se lamentaient ainsi, c'est parce qu'ils comprenaient que c'étaient leurs péchés qui avaient conduit Jésus-Christ à éprouver ces atroces souffrances sur la croix. Aujourd'hui, des foules de Chrétiens évangéliques « engagés » ne croient même plus à l'idée biblique de l'Enfer ni au jugement éternel. Pourquoi trembleraient-ils en pensant à ces choses, puisqu'ils n'y croient même plus ? Dans les réveils authentiques du passé, les gens manifestaient divers phénomènes physiques parce qu'ils étaient accablés par la conscience de leurs péchés.

Certains sont même passés par d'affreuses agonies physiques. Cela n'avait pas de quoi surprendre, quand vous comprenez que pécher ne consiste pas seulement à avoir fait quelques mauvaises actions, mais que la nature humaine est complètement plongée dans le péché, dès l'instant de sa conception. Le psalmiste a pu dire : « Ma mère m'a conçu dans le péché ! » L'évangéliste Asahel Nettleton a ainsi témoigné qu'une femme est presque morte des souffrances physiques que lui procurait sa conviction de péché. Cela se passait au 19e siècle. Voici ce que raconte un témoin oculaire :

Quand Nettleton arriva, une femme se mit à éprouver une agonie telle qu'elle ne pouvait rester dans aucune position. Elle s'asseyait et s'agenouillait sans cesse, tout en s'exclamant d'une manière pitoyable : « Jeunes gens, je vous préviens, ne faites pas ce que j'ai fait ! » Les témoins avaient le sentiment que cette femme ne pourrait plus longtemps supporter les tourments qu'elle éprouvait. On appela un docteur, mais il ne put que l'observer, en admettant son impuissance. Reconnaissant qu'il était incapable de traiter ce genre de maladie, le médecin regarda Asahel et lui demanda s'il pensait qu'elle allait bientôt mourir. Trois jours plus tard, le cauchemar de cette femme cessa. Elle reçut une complète assurance de son salut en Christ, et se réjouit en son Sauveur ».

Cet auteur dit aussi que ces expériences qui précédaient la conversion étaient considérées par Nettleton et ses collaborateurs comme « l'action de la loi », ou « la conviction de péché donné par le Saint-Esprit ». Ces expériences pouvaient considérablement varier en nature et en intensité. Mais presque tous ceux qui ont reçu le salut au cours du Second Grand Réveil ont plus ou moins connu ces blessures et souffrances de l'âme, avant d'être guéris par le baume de l'Evangile. Paul dit dans Romains 7 que « les commandements de la loi l'ont conduit à la mort ».

Les convertis du jour de la Pentecôte, comme le geôlier de Philippes, ont aussi connu cette expérience. Ils ont été « mis à mort par la loi » C'est cela la véritable « mise à mort » ! Au cours des réveils authentiques, les gens tombaient en écoutant la prédication, parce qu'ils étaient « mis à mort par la loi » ! C'est la première œuvre du Saint-Esprit dans un cœur ! Il est venu convaincre le monde de péché. La loi de Dieu déclare que tout homme et toute femme sont coupables de transgression, et qu'ils ne méritent que la mort éternelle.

Il y a une très grande différence entre ce que l'on appelle aujourd'hui le « repos de l'esprit », tel qu'on l'a vu se répandre depuis un siècle dans un grand nombre d'églises, et le phénomène que l'on a appelé « la mise à mort par la loi », résultant d'une profonde conviction de péché. La principale raison pour laquelle des gens s'évanouissaient, dans les vrais réveils du passé, était due au fait que les gens réalisaient avec horreur qu'à moins d'être sauvés, ils seraient éternellement séparés de Dieu. Ils prenaient soudain conscience de cette mort éternelle, et c'est cela qui les faisait s'évanouir.

Je vais vous lire le compte-rendu très imagé d'un sermon prêché par John Flavel dans son église de Dartmouth, dans le Devon. Je ne sais pas si vous connaissez les œuvres de John Flavel. Elles ont été publiées en six volumes. Elles viennent de faire l'objet d'une réédition. Ce sont des ouvrages réellement réconfortants, et je recommande chaudement leur lecture, spécialement aux pasteurs. Dans l'introduction de l'un de ces sermons, Flavel s'adresse en ces termes à ses paroissiens :

« Je me réjouis que certains parmi vous aient été persuadés d'aimer Christ et de l'accepter comme Sauveur. Mais, hélas ! J'ai suffisamment de raisons de craindre que certains parmi vous n'ont jamais pleinement accepté les arguments que j'ai employés pour leur représenter Christ. Ni leur intellect ni leurs sentiments n'ont été touchés. Après tout ce que je vous ai dit de Lui, vous persistez à ne pas vouloir L'aimer. Hélas, il me faut donc changer de ton. Il me faut vous donner un message que j'ai horreur de donner. Mais mon Seigneur et mon Maître exige que je vous donne tout le conseil de Dieu. Il s'agit du terrible message de 1 Corinthiens 16 v. 22 : « Si quelqu'un n'aime pas le Seigneur, qu'il soit anathème ! » Cela signifie : « Qu'il soit maudit par Dieu ! » Il ne lui reste plus qu'à attendre le jugement de Dieu ».

Le compte-rendu ajoute : « En entendant ces paroles, toute l'assemblée fut visiblement frappée d'une profonde consternation. Il y avait un homme distingué, riche et connu, qui tomba de son banc comme mort, en proie à une intense détresse de son âme ». Plus tard, il reprit ses esprits et fut sauvé. C'est cela que j'appelle être réellement « terrassé par l'Esprit ». Le Saint-Esprit commence par vous « terrasser » par la loi de Dieu, devant laquelle toute bouche est fermée, et le monde entier se retrouve coupable devant Dieu. Mais il faut souligner que ces phénomènes physiques et corporels n'étaient absolument pas généralisés. Tandis que si vous allez visiter une église qui a accepté la « bénédiction de Toronto », presque tout le monde manifeste des phénomènes physiques.

Presque tous les gens sont à terre. Ce n'est nullement parce qu'ils éprouvent l'agonie d'une conviction de péché. Mais ils sont sous l'emprise d'une sorte de transe, de tremblement incontrôlable. Ils semblent croire que dans les réveils du passé tout le monde tombait, comme dans leur faux « réveil ». En réalité, au cours des réveils authentiques, il n'y avait que relativement peu de personnes qui tombaient. Écoutez ce récit fait par un pasteur hollandais nommé Kuipers. Ce récit date du 16 novembre 1749. Il décrit une puissante visitation du Seigneur, qui s'est produite alors qu'il prêchait sur le verset 16 du Psaume 72. Voici ce qu'il raconte :

« La plupart des auditeurs fondirent alors en larmes. Ces larmes s'écoulaient abondamment de leurs yeux. Vers la fin de la réunion, on pouvait entendre des pleurs et des lamentations dans toute la salle. Quand cette bénédiction a commencé à se produire, plusieurs personnes tombèrent à terre en tremblant. Elles étaient tellement troublées qu'elles tombèrent à terre, en raison de l'agonie de leur esprit. Elles prenaient profondément conscience des besoins de leur âme, ce qui provoquait en elles de puissantes impressions. J'invitai certaines de ces âmes troublées chez moi, pour les écouter et converser avec elles. Je découvris rapidement que le Seigneur leur avait donné une révélation de leur complète perdition ».

Mes amis, si ces gens sont tombés, c'est qu'ils avaient compris qu'ils étaient de grands pécheurs, de la plus vile espèce. Ils ne sont pas tombés parce qu'ils éprouvaient une sorte d'extase, ni parce qu'on les avait suggestionnés, en les entraînant à lancer leurs bras en l'air, en abandonnant tout contrôle d'eux-mêmes. Ceux qui tombaient, au cours de ces vrais réveils, le faisaient à cause de l'agonie de leur âme, lorsqu'ils se voyaient comme Dieu les voyait. Kuipers ajoute aussi quelque chose de très intéressant :

« On venait me chercher de partout, et ma propre maison était continuellement remplie de gens qui venaient anxieusement me demander conseil, pour sortir de leur misérable situation ». Pour ne pas trop étendre son récit, Kuipers poursuit : « Il suffit de vous dire que le nombre de ceux qui désiraient recevoir le salut grandissait chaque jour. Il y avait des gens de tout âge, même des enfants, beaucoup de jeunes, et un grand nombre d'hommes et de femmes à la fleur de l'âge, ainsi que des personnes fort âgées. Nous suivions cette œuvre spirituelle avec beaucoup de tendresse, tout en prodiguant nos conseils et nos avis pour maintenir ce mouvement dans des limites convenables. Certaines personnes éprouvaient toutefois de grands troubles corporels, que je mettais sur le compte de la grande détresse de leur âme. Certains eurent même des attaques, d'autres s'évanouirent ou eurent de fortes convulsions ».

Mais il ajoute quelque chose de très important :

« Toutefois, ceux qui conservaient leur maîtrise de soi étaient de loin les plus nombreux. Près de neuf personnes sur dix, parmi toutes celles qui étaient travaillées par le Seigneur, n'ont pas manifesté ces troubles. Si certains me semblaient aller trop loin dans ce domaine, je m'efforçais avec douceur de les calmer. Dès que le cœur de ces personnes commença à s'ouvrir à l'action de l'Evangile, elles cessèrent d'elles-mêmes de s'agiter ».

N'est-ce pas très différent de ce que nous voyons et entendons aujourd'hui ? Neuf personnes sur dix ne manifestaient aucun comportement physique anormal, malgré l'agonie de leur âme.

Quand nous aurons fini d'étudier les caractéristiques des vrais réveils, nous examinerons quelle était l'attitude des conducteurs vis-à-vis des manifestations physiques. Ces conducteurs se préoccupaient beaucoup de la manière dont le réveil progressait. J'ajouterai simplement quelques remarques concernant ces phénomènes. Quand nous comparons ces vrais réveils à ces cirques que l'on appelle « réveils » aujourd'hui, nous observons qu'ils constituent deux mondes complètement opposés, en ce sens que les causes et les effets sont aujourd'hui inversés, d'une manière inexcusable. Dans les authentiques réveils, quand les gens tombaient, il ne s'agissait que d'une conséquence de l'agonie de leur âme, parce qu'ils se tenaient devant un Dieu Juste et Saint et comprenaient qu'ils étaient pécheurs. La cause était le fait d'être confronté à l'Esprit de Dieu. La conséquence était la chute ou un phénomène physique. La chute n'était que la conséquence de l'agonie de l'âme.

Dans les « réveils » modernes, le processus est inversé. La chute devient une expérience causale, dans laquelle on pousse les gens. Cette chute engendre ensuite d'autres effets. En d'autres termes, ce qui était autrefois un simple effet devient aujourd'hui une cause. Au lieu d'avoir un processus de conversion véritable, qui pouvait provoquer une chute, la chute devient elle-même un processus en soi. C'est le fait de tomber qui fait de vous un converti !

Comprenez-vous ce que j'essaye de vous dire, mes amis ? Il s'agit d'une inversion complète de la réalité ! Cela commence par quelque chose de subtil, mais c'est ce qui se passe en réalité. Vous le comprenez clairement quand vous étudiez ce qui se passe. Il se peut que vous tombiez, si vous passez par un processus de conversion. Mais, aujourd'hui, dans ces réveils « nouvelle vague », on fait les choses à l'envers. C'est le fait de tomber qui fait de vous un converti ! Quand de telles choses se passent, on quitte le domaine du christianisme pour pratiquer un rite païen. On peut même dire qu'il s'agit d'une véritable initiation occulte.

Si vous désirez tomber dans une transe, pour être baigné dans l'Esprit, pouvez-vous me dire de quel esprit il s'agit ? Je répondrai plus loin à cette question ! Pour résumer, je dirai donc que la seconde caractéristique d'un véritable réveil est une profonde conviction de péché. Cette conviction est si forte, dans certains cas, qu'elle peut vous terrasser, face contre terre. Vous êtes terrassé par la loi !

 

 Arthur KatzUn message de Alan Morrison
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