Une ressource commune.1
La relation entre la vie de l’Esprit et le plan de Dieu à propos de l’Église, c’est-à-dire la représentation de Dieu dont nous parlons n’est pas seulement individuelle mais commune et collective.
La première est celle de 1 Corinthiens 12 v. 12 : « de Christ » « comme le corps est un… il en est de même de Christ ». Voilà la définition la plus complète de l’Église. La deuxième est dans Éphésiens 2 v. 15 : « …un homme nouveau ». Les deux premières sont résumées dans une troisième : « L’Église qui est son Corps ». Dans l’esprit de Paul, le corps est Christ symbolisé de manière collective ; c’est encore et toujours l’homme nouveau. Tout est concentré dans ces deux définitions : Christ et l’homme nouveau en une entité commune, l’Église. Nous avons beaucoup parlé de l’esprit de filiation chez l’individu chrétien, mais cet esprit est encore plus présent au sein de l’Église. C’est en un seul et même Esprit que nous sommes baptisés dans un corps, l’Esprit de filiation. Ceci veut dire que l’importance de l’individu dépend du corps, dans le corps.
« Par la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun de vous de ne pas avoir une trop haute opinion de lui-même, mais de revêtir des sentiments modestes, selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun. Car, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n’ont pas la même fonction, ainsi nous, qui sommes plusieurs, nous sommes un seul corps en Christ, et nous sommes chacun en particulier les membres les uns des autres, ayant toutefois des dons différents, selon la grâce qui nous a été donnée. Soit la prophétie pour l’exercer selon la mesure de la foi ; soit le ministère pour s’y attacher ; soit l’enseignement pour s’y appliquer ; soit l’exhortation pour la pratiquer. Celui qui distribue les aumônes, qu’il le fasse avec simplicité ; celui qui préside, qu’il le fasse avec soin, celui qui exerce les œuvres de miséricorde, qu’il le fasse avec joie » (Romains 12 v. 3 à 8).
« Il y a diversité de dons, mais un même Esprit. Il y a aussi diversité de ministères, mais un même Seigneur ; il y a aussi diversité d’opérations, mais c’est le même Dieu, qui opère tout en tous. Or, la manifestation de l’Esprit est donnée à chacun pour l’utilité commune » (1 Corinthiens 12 v. 4 à 7). « Il a mis toutes choses sous ses pieds et l’a donné pour chef suprême de l’Église, qui est son Corps et la plénitude de celui qui remplit tout en tous » (Éphésiens 1 v. 22 et 23).
« Mais que, professant la vérité dans l’amour, nous croissions en toutes choses dans celui qui est le chef, Christ ; de qui, tout le corps, bien coordonné et étroitement uni, par le concours de toutes les articulations, tire son accroissement, selon la force accordée à chaque membre, afin qu’il soit édifié lui-même dans l’amour » (Éphésiens 4 v. 15 et 16).
« C’est lui qui est la tête du corps de l’Église : Il est le commencement, le premier né d’entre les morts, afin qu’il tienne le premier rang en toutes choses » (Colossiens 1 v. 18). « … Dont tout le corps, joint et étroitement uni par les articulations et les liens, s’accroît d’un accroissement selon Dieu » (Colossiens 2 v. 19). « Ne néglige point le don qui est en toi, qui t’a été donnée par prophétie, par l’imposition des mains du conseil des anciens » (1 Timothée 4 v. 14).
« C’est pourquoi je te rappelle de ranimer le don de Dieu qui t’a été transmis par imposition de mes mains » (2 Timothée 1 v. 6). L’Apôtre le souligne en déclarant : « Par la grâce de Dieu qui m’a été donnée, j’exhorte chaque être humain à ne pas avoir une trop haute opinion de lui-même, parce que nous sommes tous membres les uns des autres ». L’individu ne doit pas être placé au-dessus du corps. Le membre a son importance, l’apôtre le dit clairement, mais il n’est pas prédominant. Ce qui nous amène à un autre aspect de la vérité du corps de Christ, qui est présenté dans la Parole de Dieu.
Le Saint-Esprit et l’ordre au sein du corps.
La vision de Paul sur le corps est si surprenante qu’elle semble impossible. Il présente l’Église, corps de Christ, comme un organisme complet dès le départ et déjà en marche. Il en parle au présent. « Tout le corps bien coordonné et étroitement uni… fait croître… ». Le corps est un, Paul ne parle jamais de l’Église comme si elle allait être unie et coordonnée : « Le chef, Christ… de qui le corps bien coordonné et étroitement uni… fait croître ».
On en est stupéfait au point de se poser des questions et d’en tirer certaines conclusions. Le fait est que, comme nous le constatons, le corps est loin d’être coordonné et uni ; il est même écartelé et désordonné. Ce n’est que très rarement que nous pouvons affirmer que l’Église est unie et parfaitement coordonnée. C’est surtout le contraire ! Même deux personnes parfaitement unies en Christ font partie des exceptions. Et pourtant Paul affirme que c’est l’état de l’Église.
Paul l’a écrit il y a des siècles de cela, comme si l’Église était dans cet état-là, et nous devons examiner les circonstances du temps de Paul pour voir que sa conception était en contradiction avec la situation d’alors. Ce n’est pas une situation impossible. Si nous avions vu les choses comme Paul, nous aurions dit la même chose. Ce que Paul voyait sur l’Église, corps de Christ était bien évidemment une vision spirituelle et pas naturelle. Il voyait l’Église d’en haut et non d’en bas.
Il ne considérait pas le côté humain des croyants et ce qui provoquait conflits et tensions, la division et le manque d’adaptabilité, de communion et d’unité, il voyait le lien intime. C’est une des choses les plus difficiles à expliquer. Nous pouvons bien voir ce que Paul veut montrer, et il y a une clé à cela. La clé est que Christ est une unité. Il n’y a ni conflit, ni tension, ni division, ni esprit de parti, mais une parfaite harmonie, une vie ordonnée.
Le Saint-Esprit, qui est l’Esprit de Christ, distribue Christ à tous ses membres. Ce qu’ils sont en eux-mêmes est une chose, mais ce que Christ est en eux, c’est autre chose. En venant au sein du conflit de notre humanité, il n’a pas abandonné sa nature et n’a perdu ni sa parfaite harmonie ni son unité. Ce qui est de Christ en nous produit une chose, d’une seule manière dans un seul but pour accomplir un plan bien défini. Il y a une unité parfaite et une relation parfaite. Ce qui vous est donné est un aspect des choses, une caractéristique de Christ, alors qu’à moi est donné un autre aspect, et à un troisième encore un autre aspect. Cependant, toutes ces caractéristiques forment un seul homme parfait et sont nécessaires dans ce but.
Si nous vivons dans l’Esprit, si notre vie est dans l’Esprit, malgré tout ce que nous sommes par nous-mêmes, il y a en nous toute la parfaite unité de Christ ; il y a quelque chose de Christ à l’œuvre en chacun qui, reliée à tout ce qui est de lui dans tous les autres, accomplit toute la manifestation de Christ. C’est ce que Paul a vu, et c’est ce que nous devons voir. C’est ainsi que l’Apôtre évalua la situation à Corinthe. L’un disait : « Je suis de Paul ! » ; un autre : « Je suis d’Apollos ! » ; encore un autre : « Je suis de Pierre ! » Paul rétorque :
« Christ est-Il divisé ? » Il veut dire : « C’est vous, ce n’est pas Christ. Vous violez la vérité, vous détruisez la réalité. La réalité est que Christ demeure un. Parce que vous vivez en vous-mêmes, vous êtes en contradiction, mais le fait demeure que Christ est un. Si vous abandonnez cette façon de penser, et venez sur le terrain de Christ, vous entrerez dans cette réalité ».
Ainsi Paul vit comme d’en haut, tout ce que nous voyons sur ce qui se présente à nous en tant qu’Église, corps de Christ et peuple du Seigneur. Paul a vu l’Église sous une perspective céleste et il en enseigna la vérité ; laquelle ? Christ est un et, bien qu’il puisse se livrer à nous par le Saint-Esprit sous divers aspects de sa personne. Il n’est pas divisé. Même si nous, les enfants de Dieu, nous sommes divisés, l’unité de Christ demeure malgré tout. Mais Paul a perçu et vu plus que cela. Il a compris son fonctionnement.
Il a dit des choses qui nous concernent et nous a dit de considérer cela pour manifester autant que possible la réalité du corps. Cette réalité nous n’en sommes pas responsables et nous ne pouvons rien y changer. Rien dans l’univers ne peut enlever le fait que Christ est un. Rien ne peut détruire ni diviser Christ pour l’éparpiller en de multiples fragments disparates. Rien ! La tête est aux cieux, puissance universelle de victoire sur chaque pouvoir de division dans l’univers ; rien ne peut affecter l’unité absolue de Christ.
Comme membres de Christ, nous pouvons tous connaître le conflit le plus violent, mais nous ne pouvons rien faire contre cette unité. L’expression et la manifestation de cette unité, c’est une autre histoire et c’est là que commence notre responsabilité. En voyant le contexte et la réalité de cette unité, Paul avait des choses à partager sur notre responsabilité relative à la manifestation de l’unité au milieu de nous.
Nous en verrons certains points. Il ne s’agit pas de faire un exposé sur des grands thèmes, de grandes idées sur l’unité. L’unité a un rapport avec le plan de Dieu pour cet univers, Dieu manifesté en « homme corporatif ». C’est notre appel, notre destinée, ce pour quoi nous vivons, quelque chose où nous allons passer à côté si nous ne la reconnaissons pas.
Nous n’avons ni une connaissance ni une compréhension exacte de ce que Dieu fait et pourquoi Il agit ainsi avec nous, tant que nous ne voyons pas clairement le plan de Dieu qui est d’être conforme à l’image de son Fils, le produit d’un homme collectivement parlant au sein de l’univers, qui est la plénitude de Christ.
La croissance a besoin d’ordre.
Premier point : Le corps (l’homme nouveau, collectivement parlant) grandit et croît dans l’ordre. L’apôtre le dit clairement : Quand le corps est bien et étroitement coordonné, il grandit dans la croissance divine, chaque membre opérant selon sa mesure. L’ordre et la croissance vont de pair. Le parallèle avec le corps physique est logique ; pas de croissance, pas de développement, pas d’épanouissement sans que le corps soit en ordre de marche, une bonne coordination et un fonctionnement harmonieux.
La création de Dieu dans le monde physique est une merveille ; chaque élément est à sa place pour le but qu’il doit atteindre. Essayez n’importe quel autre fonctionnement dans la disposition des membres du corps et vous verrez combien vous serez handicapés. Sans vouloir faite de l’humour, supposons que notre pouce se situe de l’autre côté de notre main et qu’on doit travailler ainsi, imaginons les limites que cela nous impose.
Ainsi donc, le Seigneur a un ordre qui, s’il est respecté et reconnu et s’il fonctionne, nous amènera à un haut niveau de croissance et à la réalisation du plan divin. Nous ne pouvons davantage réaliser le Plan de Dieu sans respecter l’ordre divin, que nous ne pouvons exploiter nos capacités physiques avec un corps malade.
Le facteur déterminant de cet ordre, c’est l’autorité de Christ, et bien sûr, notre attachement à son autorité : « Attachés à la Tête d’où le corps tout entier dépend… » L’autorité de Christ et notre soumission à elle est inhérente à la croissance spirituelle. Chaque élément est relié et centré sur Lui, la tête. Aucune partie du corps ne peut fonctionner si la tête est séparée du corps, indépendamment de lui. Un problème neurologique ou une fracture osseuse, et le corps entier ne fonctionne plus bien.
Tout est dépendant de la tête. Donc, l’autorité de Christ est essentielle à l’ordre du corps, l’Église. Quand nous parlons de l’autorité de Christ, c’est de la direction du Saint-Esprit venant de la part de Christ, la tête. Symboliquement, si l’huile répandue sur la tête ne descend pas de la tête vers le corps (en référence à l’huile qui coulait de la tête sur la barbe et les vêtements d’Aaron), elle n’a aucune utilité. Ici, le Saint-Esprit répandu sur la tête se répand sur tous les membres du corps, plaçant tous les membres sous l’autorité de la tête et sous une seule onction.
Nous sommes tous baptisés d’un seul Esprit dans un seul corps, sous une autorité unique, parce que l’huile d’onction est donnée à la tête. Il s’agit bien du gouvernement du Saint-Esprit. Il nous faut maintenant aborder le fonctionnement individuel des membres du corps. En tant que telle, la question de notre fonction propre n’est pas prioritaire. La relation avec les autres n’est pas une question qui devrait nous poser un problème moral.
Ce qui est primordial, c’est de nous placer sous l’onction et sous la direction du Saint-Esprit. L’ordre en résultera. Quand le membre reconnaît l’autorité de Christ en toutes choses, il fonctionne spontanément avec chaque membre, expression de Christ. L’harmonie s’installe de manière aussi spontanée.