
12. L’Esprit du Christ
« Le temple du Saint-Esprit (23) » - « L'Esprit et la chair (24) ». La vérité divine est dépouillée de sa force quand l’intelligence humaine s’en saisit sans le secours de l’Esprit.
Le temple du Saint-Esprit (23).
« Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Corinthiens 3 v. 16). Pour nous faire comprendre que Dieu habite en nous par le Saint-Esprit, l’Écriture nous compare à un temple. Cherchons donc à voir quelle analogie peut exister entre le temple de Jérusalem et nous-même.
Le temple avait été construit d’après le modèle qu’en avait vu Moïse sur le mont Sinaï, il était ainsi le reflet des vérités spirituelles et divines qu’il symbolisait, et au nombre de ces vérités se trouve la triple nature de l’homme.
L’homme avait été créé à l’image de Dieu ; le temple ne signifie donc pas seulement ici un lieu où l’homme puisse aller chercher Dieu et se rapprocher de lui ; il symbolise également l’entrée de Dieu en l’homme, de Dieu faisant sa demeure en lui.
La division du temple en trois parties nous est bien connue : le parvis extérieur, visible à tous, dans lequel tout Israélite pouvait entrer et où se faisait une partie du service de Dieu. Le lieu saint dans lequel les prêtres seuls entraient pour offrir à Dieu le sang ou l’encens, le pain ou l’huile qu’ils apportaient du premier parvis. Enfin, le souverain sacrificateur seul entrait une fois par an dans le lieu très saint, pour faire mieux comprendre l’impossibilité pour tout autre de pénétrer derrière le voile, jusqu’à ce que celui-ci fut déchiré et enlevé.
L’homme est le temple de Dieu. En lui aussi se retrouvent ces trois divisions. Son corps est le premier parvis. C’est là que se manifeste sa vie extérieure, c’est là que toute sa conduite doit être réglée par la loi de Dieu. En outre l’homme a une âme qui vit d’une vie intérieure, qui possède intelligence, sentiment et volonté. Pour l’homme régénéré l’âme est le lieu saint où les pensées, les affections et les désirs vont et viennent comme jadis les prêtres du sanctuaire, lorsqu’ils faisaient devant Dieu le service requis.
Enfin vient derrière le voile le sanctuaire intime, caché à tout regard, à toute lumière terrestre, « le secret » du Très-Haut, où Dieu habite et où l’homme ne peut pénétrer jusqu’à ce que le voile ne soit déchiré par l’ordre même de Dieu. L’homme possède non seulement un corps et une âme, il a encore un esprit.
Au-delà du domaine de l’âme existe en lui une nature spirituelle qui le relie à Dieu. Chez le croyant, c’est là que le Saint-Esprit vient habiter, c’est de là qu’il accomplit son œuvre glorieuse, sanctifiant et l’âme et le corps pour le Seigneur.
Ce n’est que lorsque le croyant apprend par la foi à trembler en présence de ce merveilleux mystère : « Vous êtes le temple de Dieu parce que l’Esprit de Dieu habite en vous », qu’il se consacre à sa haute vocation avec le saint respect et la joyeuse confiance qu’il doit avoir. Prenons la peine de croire que Dieu veut réellement faire ce qu’il nous dit, et répétons-nous : Je suis un temple, un temple semblable à celui qui fut construit jadis par l’ordre de Dieu.
Dieu veut que je voie là ce que je suis moi-même. Le lieu très saint en formait le point central, essentiel. Longtemps il resta voilé aux regards et plein de mystère, objet de la foi des prêtres et du peuple, jusqu’au moment où le voile tomba. En moi aussi le lieu très saint reste invisible et caché ; ma foi seule en reconnaît l’existence.
Plus cette pensée remplira le cœur, plus aussi la foi à cette présence invisible deviendra ferme, et bientôt, le lieu saint recevra le reflet vivifiant du lieu très saint. Toute notre âme alors, avec ses pensées et ses sentiments, avec ses affections et ses aspirations, en viendra à faire sa soumission devant la divine puissance qui règne au-dedans de nous.
« Ô Dieu très saint, je me prosterne devant toi et je t’adore à l’écoute de ce mystère de ta grâce : mon esprit, mon âme et mon corps sont ton temple. En silence et avec adoration, je reçois ce que tu daignes me révéler, c’est qu’en moi existe un lieu très saint où ta gloire est cachée. Ô mon Dieu, pardonne-moi de l’avoir si peu compris jusqu’à présent. Esprit-Saint ! Toi qui enseignes, toi qui sanctifies, tu es en moi. C’est à toi que je m’attends tout le jour. Je t’appartiens. Oui, prend possession de mon être tout entier pour le Père et pour le Fils ! »
Amen
L'Esprit et la chair (24).
« Avez-vous tellement perdu le sens qu’après avoir commencé par l’Esprit, vous finissiez maintenant par la chair ? » (Galates 3 v. 3). « La chair » est le terme qu’emploie l’Écriture pour désigner notre nature déchue, soit le corps, soit l’âme. Quand l’âme céda à la tentation des sens, elle rompit avec l’Esprit et tomba sous la domination du corps, elle devint ainsi « chair ».
À présent la chair, non seulement est privée de l’Esprit, mais elle lui est hostile : « la chair a des désirs contraires à ceux de l’Esprit » (Galates 5 v. 17). La chair est en lutte avec l’Esprit de deux manières : tout d’abord en péchant contre la loi de Dieu, mais aussi en cherchant à servir Dieu. Quand l’âme a cédé aux sollicitations de la chair, elle s’est confiée en elle-même au lieu de se confier en Dieu auquel la rattachait l’Esprit.
Le moi prévalut ainsi sur la volonté de Dieu ; le moi devint le principe dominant, et maintenant le moi est si subtil et si puissant, qu’il conserve son empire, non seulement en péchant directement contre Dieu, mais encore en cherchant à le servir (Galates 3 v. 3). Si on ne s’est pas entièrement soumis à l’Esprit, si on ne continue pas de jour en jour à tout attendre de lui, avec humilité et docilité, on passe très vite de la confiance au Saint-Esprit à la confiance en la chair.
C’est ainsi que tout effort de la chair pour servir Dieu devient la force même du péché. Ceci peut paraître paradoxal, mais n’en est pas moins vrai. Les pharisiens avec leur propre justice en sont un exemple. Par leur religion charnelle, ils étaient devenus la proie de l’orgueil et de l’égoïsme, les esclaves du péché.
Pour pouvoir renoncer au moi, dans nos rapports avec le prochain, pour pouvoir triompher de l’égoïsme, de la colère et du manque de charité, il faut commencer par renoncer au moi dans nos rapports avec Dieu. C’est là que l’âme, le siège du moi, doit apprendre à s’incliner devant l’Esprit qui vient de Dieu. Jésus-Christ crucifié est « la sagesse de Dieu ».
Quand la confiance en la chair s’allie à la doctrine qui glorifie Christ, elle compte sur sa propre sagesse. Alors, c’est surtout en recourant à la force de l’intelligence qu’on étudie l’Écriture, que l’on l’écoute et que l’on croit ce qu’elle dit ; tandis que l’on insiste très peu sur l’absolue nécessité de recevoir l’enseignement direct de l’Esprit. Quand nous recevons Christ en nous par le Saint-Esprit, nous avons non seulement la sagesse de Dieu, mais aussi sa force.
Écoutez, mon frère, ce que la Parole de Dieu vous dit aujourd’hui. C’est la confiance en la chair qui vous a empêché de vous glorifier en Jésus-Christ. C’est votre moi qui a voulu faire ce que l’Esprit seul peut faire, c’est votre âme, l’ensemble de vos facultés et de votre intelligence, qui a pris la main en vous, espérant que l’Esprit viendrait seconder ses efforts.
Tandis que c’est à l’Esprit qu’il fallait laisser la direction suprême, et tout attendre de lui. Vous avez voulu suivre Jésus sans « renoncer à vous-même » (Matthieu 16 v. 24). Ici je dois insister de nouveau sur la vérité divine que tout ce livre cherche à faire comprendre : Glorifiez-vous en Jésus-Christ. Glorifiez-vous en lui, parce qu’il est lui-même le Christ glorifié qui baptise du Saint-Esprit.
Avec confiance et simplicité, croyez qu’il a déjà envoyé son Esprit en vous. Croyez en ce don. Croyez que le Saint-Esprit habite en vous, et voyez là le secret de toute vie de Christ en vous. Je dois me glorifier en un Sauveur dont le Saint-Esprit révèle en moi la présence et la gloire. Et par là, je renvoie la chair à sa place, sur la croix, la place de tout ce qui est déchu et maudit.
Voilà ce qui met fin à toutes les œuvres de la chair. Toute ma religion consistera donc à ne plus me confier en la chair, mais à me glorifier en Jésus-Christ, à adorer et servir Dieu par son Esprit en moi. Vous, croyant, qui avez commencé par l’Esprit, continuez, persévérez à marcher par l’Esprit. Que votre mot d’ordre soit : « Défiance de la chair ! »
Que cette défiance de vous-même, jointe à la crainte d’attrister le Saint-Esprit en marchant selon la chair, vous maintienne dans la plus grande humilité devant Dieu.
Demandez à Dieu de vous envoyer l’Esprit de révélation pour vous faire voir que c’est Jésus qui est tout, qui accomplit tout, que c’est lui-même qui règne et garde, qui guide et vivifie, et que par la présence du Saint-Esprit en vous une vie divine doit remplacer votre ancienne vie.
Amen
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