
10. L’Esprit du Christ
« L'Esprit de prière (19) » - « Le Saint-Esprit et la conscience (20) ». La vérité divine est dépouillée de sa force quand l’intelligence humaine s’en saisit sans le secours de l’Esprit.
L'Esprit de prière (19).
« De même aussi l’Esprit nous aide dans notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il nous convient de demander dans nos prières ; mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables et celui qui sonde les cœurs connaît quelle est la pensée de l’Esprit parce que c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints » (Romains 8 v. 26 et 27).
De tout ce qu’opère le Saint-Esprit, c’est son intervention comme Esprit de prière qui nous fait le mieux comprendre la place qu’il occupe dans l’économie de la grâce et dans le mystère de la sainte Trinité.
C’est au Père que nous adressons nos prières, et c’est lui qui les écoute. C’est au nom du Fils que nous prions ; c’est par le Saint-Esprit que nous prions, lui-même priant en nous par des soupirs si inexprimables qu’il faut que Dieu sonde les cœurs pour savoir quelle est la pensée de l’Esprit. L’intercession de l’Esprit au-dedans de nous est l’œuvre de Dieu aussi bien que l’intercession du Fils dans le ciel.
Quelle merveilleuse lumière les paroles de notre texte jettent sur ce saint mystère. Dans la vie de foi et de prière, l’action de l’Esprit vient éclairer la Parole de Dieu et nous la fait comprendre. Notre foi sait alors exprimer ce dont elle a besoin et le demander, mais l’action de l’Esprit s’étend plus loin encore. Au-delà des pensées et des sentiments, il touche les cordes secrètes de la vie et de l’existence, que Dieu seul peut connaître et pénétrer.
C’est alors que se manifeste une véritable soif de trouver Dieu lui-même, le Dieu vivant, de connaître ainsi « l’amour qui surpasse toute connaissance », et « d’être rempli de toute la plénitude de Dieu » (Éphésiens 3 v. 19).
C’est alors qu’on apprend à compter sur celui « qui peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et que nous pensons » (Éphésiens 3 v. 20), et qui révèle « ces choses qui n’étaient point venues dans l’esprit de l’homme » (1 Corinthiens 2 v. 9).
Quand ces aspirations-là s’emparent de nous, nos prières demandent réellement des choses inexprimables. Ce qui fait notre force alors, c’est de savoir que l’Esprit lui-même intercède, avec ses compassions infinies dans nos vies, et avec un langage connu de celui seul qui sonde les cœurs.
Souvenons-nous que dans le sanctuaire intime de notre être, dans la sphère des choses qui ne se peuvent ni concevoir ni exprimer, le Saint-Esprit prie en nous, demandant ce que nous ne connaissons pas, ce que nous ne pouvons pas exprimer.
Plus nous saisirons par la foi la divine présence de cet Esprit-Saint en nous, plus aussi nous constaterons que la soif qu’il nous inspire pour les choses d’en haut surpasse toute conception de notre intelligence.
Quel privilège que celui d’être le temple d’où le Saint-Esprit crie sans cesse : « Abba », intercédant par des aspirations trop intimes pour qu’elles puissent s’exprimer par des paroles. Quelle bénédiction de savoir que l’Esprit éternel vient habiter dans notre chair déchue pour nous inciter à nous adresser à Dieu, comme autrefois il habitait dans la chair de Jésus de Nazareth, lorsque le Fils s’entretenait avec le Père.
Qui ne voudrait se placer sous la haute direction de cet Esprit divin et prendre ainsi part à cette grande œuvre d’intercession qui prépare le royaume de Dieu ? La voie est ouverte à tous. Laissez le Saint-Esprit prendre entièrement possession de vous. Qu’il vous remplisse de sa présence. Qu’il soit votre vie. Vivez donc de manière à témoigner que pour vous les choses qui surpassent toute intelligence, vous sont devenues vérité et vie et que l’intercession de l’Esprit fait habituellement partie de votre vie en Christ.
« Dieu très saint ! De nouveau, je me prosterne en ta présence pour t’adorer et te remercier de nous avoir accordé le privilège de la prière. Je te remercie particulièrement des grâces que tu nous accordes, non seulement par l’intercession de ton Fils dans les cieux, mais encore par l’intercession de ton Esprit au-dedans de nous. Je te supplie de me montrer tout ce qui l’empêche encore de prendre entièrement possession de moi et de me remplir de l’assurance qu’il est là ! »
Amen
Le Saint-Esprit et la conscience (20).
« Je dis la vérité en Christ, je ne mens point, ma conscience m’en rend témoignage par le Saint-Esprit » (Romains 9 v. 1). La plus grande gloire de Dieu est sa sainteté ; c’est en vertu de cette sainteté qu’il hait et détruit le mal, qu’il aime et opère le bien. Chez l’homme la conscience agit de même. Elle condamne le péché et approuve ce qui est bien.
La conscience est ce qui reste de l’image de Dieu dans l’homme ; elle est en lui ce qui approche le plus de la divinité, elle est le gardien de l’honneur de Dieu au milieu des ruines de la chute. Il en résulte que c’est par la conscience que doit toujours commencer en lui toute œuvre de rédemption divine.
Le croyant qui désire être rempli du Saint-Esprit et éprouver pleinement les grâces qu’il apporte, doit avant tout avoir soin de rendre à la conscience la place et l’honneur qui lui appartiennent. La fidélité à écouter la conscience est le premier pas à faire pour entrer dans la voie qui conduit à la sainteté divine, aussi toute vraie spiritualité commence par le réveil de la conscience ; la conscience est chargée de veiller à nous rendre droit devant Dieu à l’égard du devoir.
On peut comparer la conscience à la fenêtre d’une chambre qui laisse entrer la lumière du soleil, et qui permet aussi de regarder au dehors et de voir briller tout l’éclat du jour. Dans son œuvre de renouvellement, le Saint-Esprit ne crée pas en nous de nouvelles facultés ; il restaure et sanctifie celles qui existent déjà.
La conscience est en nous la voix de l’Esprit du Créateur, et quand cet Esprit entre en nous comme l’Esprit du Rédempteur, son premier soin est de restaurer ce que le péché avait souillé et gâté. Ce n’est qu’en réveillant la conscience qu’il ramène le croyant à vivre dans la pleine lumière des grâces de Dieu.
Ce n’est que lorsque la fenêtre de notre cœur a été nettoyée, ce n’est qu’autant qu’elle est maintenue propre, que nous pouvons « marcher dans la lumière ».
Par le moyen de la conscience, l’Esprit fait d’abord briller dans le cœur la lumière de la loi divine. Quand les foudres du Sinaï viennent à sillonner le cœur mondain de leurs éclairs, la conscience s’éveille enfin, prête à faire reconnaître et subir la condamnation méritée. Soit la loi, soit l’Évangile, font appel à la conscience en invitant à la repentance et en donnant la conviction de péché. Il faut que la conscience commence par dire amen à toute conviction de péché et d’incrédulité, pour que le pécheur puisse en être affranchi.
C’est aussi par le moyen de la conscience que l’Esprit fait briller en nous la lumière du pardon. Quel besoin nous avons du sang de Christ pour laver et purifier notre conscience. Le précieux sang de Christ a été versé pour atteindre la conscience, pour la nettoyer, pour réduire au silence ses accusations et l’amener à témoigner que toute souillure est ôtée. « Un cœur purifié d’une mauvaise conscience » doit être le privilège de tout croyant (Hébreux 9 v. 14 ; 10 v. 2 et 22).
La conscience purifiée par le sang de Christ doit se maintenir pure en obéissant à tout ce que lui signale la lumière divine. Il faut que le croyant puisse en venir à dire avec Paul : « Ce qui fait notre gloire c’est ce témoignage de notre conscience que nous nous sommes conduits dans le monde avec sainteté et pureté devant Dieu » (2 Corinthiens 1 v. 12). Comparez Actes 23 v. 1 ; 24 v. 16 ; 2 Timothée 1 v. 3.
La faiblesse de notre foi vient avant tout de ce que notre conscience n’est pas nette. Remarquez comme la conscience et la foi marchent de pair dans les passages suivants : « Une charité venant d’un cœur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sincère ».
« Conservant la foi et une bonne conscience à laquelle quelques-uns ayant renoncé, ils ont fait naufrage en ce qui regarde la foi ».
« Qu’ils conservent le mystère de la foi avec une conscience pure » (1 Timothée 1 v. 5, 19 ; 3 v. 9).
La conscience est le siège de la foi. Si l’on veut que la foi s’affermisse, si l’on veut « avoir de l’assurance devant Dieu », il faut savoir que l’on doit faire « ce qui lui est agréable » (1 Jean 3 v. 21 et 22). Jésus a dit très clairement que c’est à ceux qui l’aiment et qui gardent ses commandements qu’est promis le Saint-Esprit, aussi bien que la présence du Père et du Fils.
Comment pouvoir dire chaque jour devant Dieu et devant les hommes : « Je dis la vérité en Christ, je ne mens pas, ma conscience m’en rend témoignage par le Saint-Esprit ? » (Romains 9 v. 1). Voici la première chose à faire : Humiliez-vous sincèrement à chaque reproche de votre conscience.
Souvenez-vous que l’obéissance volontaire aux paroles de Christ est la seule manière de lui montrer votre résolution d’être à lui, et de chercher par la grâce de Dieu à « avoir constamment une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes » (Actes 24 v. 16).
Si vous avez la volonté sincère d’être enseigné de Dieu, soyez certain que son Esprit vous enseignera. À mesure que vous écouterez avec humilité les reproches de votre conscience, vous acquerrez davantage la certitude qu’il est possible d’avoir « une conscience sans reproche », car alors le Saint-Esprit viendra témoigner de tout ce que Christ peut et veut faire en vous.
Amen
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