La puissance en action
Les chemins vers la puissance.1 - La connaissance de la vérité ne suffit pas ; on doit se conformer à la vérité si on veut connaître, par une expérience réelle, la félicité qui est décrite dans ce petit livre.
Le plus grand événement de l'histoire a été la venue de Jésus-Christ dans le monde pour sauver la race humaine. Le deuxième événement le plus important a été la vocation de l'Église pour concrétiser la vie de Christ et pour répandre la connaissance de son salut sur toute la surface de la terre.
La tâche qui attendait l'Église, à son retour de la chambre haute, n'était pas facile.
Continuer l'œuvre d'un homme que l'on savait être mort, comme un criminel, et plus encore, persuader les autres que cet homme était ressuscité des morts et qu'il était le Fils de Dieu et le Sauveur, cette mission était, par sa nature même, vouée à l'échec dès le commencement. Qui ajouterait foi à une histoire aussi fantastique ? Qui aurait confiance en quelqu'un que la société avait condamné et crucifié ? Laissée à elle-même, l'Église aurait dû disparaître, comme l'avaient fait avant elle une multitude de sectes infructueuses ; et elle n'aurait laissé aucun souvenir aux futures générations.
C'est entièrement grâce à l'élément miraculeux qui était en elle que l'Église n'a pas disparu. Cet élément a été fourni par le Saint-Esprit, qui est venu à la Pentecôte pour revêtir l'Église de l'autorité nécessaire pour accomplir sa tâche. En effet, l'Église n'était pas seulement une organisation, ni un mouvement, mais l'incarnation vivante d'une énergie spirituelle. En l'espace de quelques courtes années, elle a accompli de tels prodiges de conquête morale, qu'on ne peut les expliquer autrement que par l'intervention de Dieu. En peu de mots, l'Église a commencé dans la puissance, a marché dans la puissance, et a continué à marcher aussi longtemps qu'elle a eu de la puissance.
Quand elle n'a plus eu de puissance, elle s'est retranchée dans la sécurité et a cherché à conserver ce qu'elle avait gagné. Mais ses bénédictions ont été comme la manne : quand les Israélites ont essayé de la garder jusqu'au lendemain, elle a produit des vers et s'est infectée. C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés avec le monachisme, le scolastique, et l'institutionnalisme.
Ils ont tous été l'indice d'un seul et même phénomène : l'absence de puissance spirituelle. Dans l'histoire de l'Église, chaque retour à la puissance néo-testamentaire a marqué une nouvelle avance quelque part, une proclamation toute fraîche de l'Évangile, une montée de zèle missionnaire ; et toute diminution de puissance a vu se lever quelque nouveau mécanisme de conservatisme et de défense.
Si cette analyse est assez juste, alors nous sommes aujourd'hui dans un état d'énergie spirituelle très bas. On ne peut nier, en effet, que l'Église moderne s'est retranchée dans ses positions jusqu'aux oreilles, et combat désespérément pour défendre le peu de territoire qu'elle détient. Il lui manque la perception spirituelle pour savoir que sa meilleure défense, c'est l'offensive. S'il est vrai qu'elle a la connaissance, elle est trop épuisée pour la mettre en application.
Si nous voulons avancer, nous devons avoir de la puissance. Le paganisme encercle lentement l'Église, et la seule réponse de celle-ci se traduit par d'occasionnelles « campagnes » pour l'une ou l'autre chose, habituellement de l'argent, ou par une croisade bruyante, mais timide, pour améliorer la moralité des films. De telles activités ne sont rien de plus que la contraction musculaire d'un géant trop endormi pour réagir.
Il est vrai que ces efforts font parfois la manchette des journaux, mais ils accomplissent peu qui soit durable, et on les oublie très vite. L'Église doit avoir de la puissance, elle doit devenir imposante, une force morale avec qui compter, si elle veut regagner ce qu'elle a perdu, c'est-à-dire sa position d'influence spirituelle, et si elle veut que son message redevienne ce qu'il a déjà été : révolutionnaire et victorieux.
Étant donné que « puissance » est un mot employé à tort et à travers, permettez-moi de vous expliquer ce que j'entends par là. Tout d'abord, je veux parler d'énergie spirituelle ayant suffisamment de voltage pour produire une fois encore de grands saints. La race de chrétiens anémiques et inoffensifs qu'a vu grandir notre génération n'est qu'un pauvre échantillon de ce que la grâce de Dieu peut accomplir lorsqu'elle agit avec puissance dans un cœur humain.
L'acte sans émotion que l'on pratique parmi nous, et qui s'appelle « accepter le Seigneur », n'a qu'une vague ressemblance avec les conversions bouleversantes de jadis. Nous avons besoin de la puissance qui transforme, qui remplit l'âme d'une douce griserie, une puissance qui fera d'un ancien persécuteur un homme « qui ne se possède plus rien de lui-même », étant possédé par l'amour de Christ.
Aujourd'hui, nous avons des saints théologiques qui peuvent, et doivent prouver qu'ils sont saints, conformément à la pensée originale grecque. Mais il nous faut des chrétiens dont la vie proclame leur sainteté, et qui n'ont pas besoin de se précipiter sur une concordance pour établir leur authenticité.
Deuxièmement, je veux parler d'une onction spirituelle qui revêtira d'onction céleste notre adoration, qui fera de nos lieux de réunion un endroit baignant dans la douceur de la présence divine. Dans un endroit saint de cette nature, il n'y aura pas de place pour des sermons grandiloquents, ni pour des personnalités stylisées, qui sont une vraie tristesse pour le Saint-Esprit. L'accent sera mis là où il doit être, sur le Seigneur lui-même et sur son message à l'humanité.
Et puis, je veux parler de cette qualité céleste qui donne à l'Église sa marque d'appartenance divine. La plus grande preuve de notre faiblesse, de nos jours, c'est qu'il n'y a plus rien de terrible ni de mystérieux à notre sujet. On a expliqué l'Église ; voilà bien la plus sûre preuve de sa faillite.
Nous avons très peu de choses que la psychologie et les statistiques ne peuvent expliquer. Dans l'Eglise primitive, ils se réunissaient sous le portique de Salomon, et le sentiment de la présence de Dieu était si grand « qu'aucun des autres n'osait se joindre à eux » (Actes 5 v. 13). Le monde a vu le buisson embrasé, et personne n'a osé s'en approcher ; mais des cendres ne font peur à personne. Aujourd'hui, les gens osent s'approcher sans problème, sans éprouver aucune appréhension, aussi près que le cœur leur en dit.
Ils vont même jusqu'à donner des tapes dans le dos de l'épouse déclarée de Christ, et sont d'une familiarité indécente. Si jamais nous voulons de nouveau faire impression sur les hommes perdus, grâce à une peur saine du surnaturel, nous avons besoin, une fois encore, de la dignité du Saint-Esprit. Nous devons à nouveau connaître ce mystère impressionnant qui descend sur les hommes et les églises, quand les uns et les autres sont remplis de la puissance de Dieu.
Encore une fois, j'entends par « puissance » cette énergie efficace que Dieu a, à l'époque biblique et post-biblique, envoyée dans l'Église et dans les circonstances qui l'entouraient. Puissance qui l'a rendue fructueuse dans ses labeurs et invincible devant ses adversaires. Des miracles ? Oui, quand et là où ils étaient nécessaires. Des réponses aux prières ? Des grâces spéciales ? Oui, tout cela, et bien plus.
L'évangéliste Marc résume cela de cette façon : « Et ils s'en allèrent prêcher partout. Le Seigneur travaillait avec eux, et confirmait la parole par les miracles qui l'accompagnaient » (Marc 16 v. 20). Le livre des Actes au complet et les chapitres les plus nobles de l'histoire de l'Église, depuis l'époque néo-testamentaire, ne sont qu'un prolongement de ce verset.
Des paroles comme celles qui apparaissent dans le deuxième chapitre de l’épître aux Hébreux, tiennent lieu de réprimande envers les chrétiens incrédules de notre époque : « ... Dieu appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges, et divers miracles, et par les dons du Saint-Esprit distribués selon sa volonté » (Hébreux 2 v. 4). Une église tiède est obligée d'interpréter et de déformer un tel langage.
Elle n'y participe pas et doit donc trouver à se justifier. On ne peut faire autrement que de jongler, de faire quelques déclarations sans fondement scripturaire. Par conséquent, on fera appel à n'importe quoi pour sauver la face, et pour justifier notre condition d'église à moitié morte. Cette exégèse défensive n'est qu'un refuge pour une orthodoxie incrédule, une cachette pour une église trop faible pour se tenir debout.
Aucun homme qui est au courant des faits ne peut nier le besoin d'une aide surnaturelle pour le travail de l'évangélisation mondiale. Nous sommes si complètement surclassés par la force supérieure du monde, que la seule alternative que nous avons, c'est l'aide de Dieu ou la défaite certaine. Le chrétien qui sort sans avoir foi dans les « miracles », rentrera sans fruits. Personne ne s'avisera de pousser l'imprudence jusqu'à tenter l'impossible, sans avoir d'abord été investi de la puissance du Dieu de l'impossible. « …la puissance du Seigneur se manifestait par des guérisons » (Luc 5 v. 17), telle est notre garantie pour la victoire.
Finalement, par « puissance », j'entends l'impulsion divine qui touche le cœur et convainc l'auditeur de se repentir et de croire en Christ. Il ne s'agit pas d'éloquence, ni de logique, ni d'argumentation. Il ne s'agit d'aucune de ces choses, quoiqu'elles puissent les accompagner toutes, ou en partie. C'est plus pénétrant que la pensée, plus troublant que la conscience, plus convainquant que la raison. C'est le « miracle » subtil qui suit la prédication bénie par l'onction. C'est une action mystérieuse de l'Esprit sur l'esprit. Une telle puissance doit être présente jusqu'à un certain degré, avant que n'importe qui puisse être sauvé. C'est l'ultime pouvoir d'action, sans lequel le plus sérieux des chercheurs ne peut que passer à côté de la vraie foi qui sauve.
Toutes choses égales, nous aurons autant de succès dans l'œuvre chrétienne que nous avons de puissance, ni plus ni moins. L'absence prolongée de fruits dénote un manque de puissance, aussi sûrement que les étincelles s'élèvent au-dessus du brasier.
Bien que des circonstances extérieures puissent être un obstacle momentané, rien, toutefois, ne peut longtemps résister à la pure puissance de Dieu. Autant essayer de combattre l'éclair sinueux, que de s'opposer à cette puissance lorsqu'elle descend sur un homme. C'est une puissance qui sauve, ou qui détruit, qui donne la vie, ou qui sème la mort.
« …vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins » (Actes 1 v. 8). Telle est la promesse de Dieu et aussi la provision de Dieu. Le reste dépend de nous.