La question du baptême.4
En terminant le thème du baptême, je voudrais encore parler du verset de 1 Corinthiens 15 v. 29 que beaucoup trouvent difficile à comprendre, mais qui souligne la signification simple du baptême.
11 - Le baptême en Matthieu 28.
En comparant la mission confiée par le Seigneur à ses disciples à la fin de l’évangile selon Matthieu avec celle de Marc 16, nous sommes frappés par le fait que la teneur et l’ordre des instructions particulières sont très différents. Commençons par Marc 16.
1. Allez dans tout le monde.
2. Prêchez l’évangile à toute la création.
Et alors, celui qui :
3. aura cru et qui...
4. aura été baptisé, sera sauvé...
On a là manifestement les étapes successives à caractère chrétien :
prêcher — croire — baptiser.
Il est indiscutable qu’il s’agit bien du baptême chrétien.
En Matthieu 28, le Seigneur Jésus donne un autre ordre de chose :
1. Allez donc,
2. Faites disciples toutes les nations
3. Les baptisant pour le nom du Père, du Fils et du Saint Esprit
4. Leur enseignant à garder toutes les choses que je vous ai commandées.
Les étapes successives sont simplement : Allez, faites disciples. Faire des disciples allait de nouveau avoir lieu par le baptême et par l’enseignement, comme nous l’avons vu. En outre cette mission est expressément limitée aux nations, tandis qu’en Marc 16 le Seigneur parle du monde entier et de toute la création. Matthieu 28 ne parle pas de repentance, ni de croire, ni même d’être sauvé. Bien plutôt, le Seigneur se borne à dire qu’ils doivent faire disciples toutes les nations en les baptisant et les enseignant.
De ces remarques, on peut tirer la conclusion que la pleine signification de la mission de baptiser en Matthieu 28 concerne une tâche qui sera effectuée par le résidu Juif à l’égard des nations après la fin du temps de la grâce. Il s’agit manifestement du baptême messianique qui aura lieu avant et pendant le règne de paix de mille ans de Christ sur la terre. Cette mission s’accompagnera d’un travail d’enseignement dont le contenu sera ce que le Seigneur a commandé à ses disciples — spécialement dans le sermon sur la montagne (Matthieu 5 à 7) : « ...leur enseignant à garder toutes les choses que je vous ai commandées (Matthieu 28 v. 20) ».
En contraste avec cela, le baptême chrétien est autant pour les Juifs que pour les nations. Par le baptême, ils perdent tous les deux leur position religieuse antérieure : ils sont introduits dans la mort de Christ, et par là dans la profession chrétienne. Le Juif cesse d’être un Juif, et le musulman cesse d’être un musulman.
12 - La formule prononcée au baptême.
Encore une remarque concernant les mots à utiliser en baptisant. Dans les Actes des apôtres, il est dit à plusieurs reprises que des gens ont été baptisés pour le nom ou au nom du Seigneur Jésus Christ.
Beaucoup en ont conclu que l’enseignement du Seigneur en Matthieu 28 de baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit était un enseignement dépassé pour nous, ou qui n’était pas reconduit. D’autres replaçant — à juste titre comme nous l’avons vu — les paroles de Matthieu 28 dans le cadre de la mission juive pour les derniers jours, en ont déduit que la formule baptismale de Matthieu 28 n’était pas appropriée pour le baptême chrétien.
Je voudrais répliquer ceci : On ne voit pas pourquoi les deux choses ne pourraient pas être liées. Il y a deux raisons à cela. D’abord les différents passages des Actes ne donnent directement aucune formule pour le baptême. C’est pourquoi je n’aime pas parler de « formule baptismale ».
Le Saint Esprit montre beaucoup plutôt l’occasion des baptêmes, pour qui (pour le nom de), par quelle puissance (au nom de), ou sur quelle base les baptêmes ont eu lieu. Cette dernière expression est celle d’Actes 2 v. 38 « que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ », littéralement « sur la base du nom de Jésus Christ ».
Une deuxième considération est que Dieu s’est pleinement révélé dans le christianisme, en tant que Dieu le Père, Dieu le Fils, et Dieu le Saint Esprit. Si donc pendant le règne millénaire on baptisera de manière correspondant à cette pleine révélation du nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, pourquoi ne le ferait-on pas déjà maintenant dans le christianisme ? En outre les paroles du Seigneur Jésus en Matthieu 28 donnent la seule « formule baptismale » certaine qu’on ait pour le baptême. Pourquoi ne pas l’utiliser ?
Je crois donc qu’il est convenable aujourd’hui de lier les deux choses, et de baptiser au nom du Seigneur Jésus pour le nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Personnellement j’ajoute encore volontiers « pour la mort du Seigneur Jésus (Romains 6 v. 3 et 4) ».
13 - Le baptême ne relève pas de l’Assemblée (ou Église).
Puis-je montrer encore une chose avec laquelle le baptême n’a rien à voir ?
• Il ne mène pas à la vie éternelle, il n’en est jamais une image.
• Il ne donne aucun pardon ou rémission des péchés, il n’est administré qu’en vue de cela.
• Il ne change pas ma position vis-à-vis du ciel ni de l’éternité ; il ne change ma position que vis-à-vis de la terre et pour le temps présent.
Ajoutons encore un autre point important :
• Le baptême n’est pas une affaire de l’assemblée de Dieu, mais une affaire personnelle entre le baptiseur et le baptisé.
Contrairement à l’admission à la Cène, ce n’est ni le devoir ni l’affaire de l’assemblée locale de baptiser quelqu’un et de l’introduire ainsi dans le royaume des cieux ou, selon le cas, dans la maison de Dieu. C’est une pensée foncièrement erronée que le baptême introduit dans l’Assemblée comme corps de Christ. C’est bien plutôt le sceau du Saint Esprit qui le fait. Paul était serviteur de l’assemblée (Colossiens 1 v. 24 et 25), mais Christ ne l’avait pas envoyé baptiser (1 Corinthiens 1 v. 17). La confusion ou l’amalgame du royaume de Dieu et de l’Assemblée de Dieu a eu des effets tout à fait désastreux. Au commencement les deux ont pu se recouvrir (les mêmes disciples constituaient l’un et l’autre), mais, tout simplement, ils n’ont pas la même signification.
Celui qui saisit cette différence, comprendra aisément que le baptême ne donne aucun droit à participer à la table du Seigneur, même si aucun non-baptisé ne doit y participer. Simon le magicien était baptisé, mais n’avait aucun droit à participer à la table du Seigneur ; il n’était pas un enfant de Dieu croyant.
Non l’assemblée ne baptise pas ; c’est un serviteur du Seigneur particulier qui le fait. Nous le voyons partout dans les Actes. Pierre a baptisé, Philippe a baptisé, Ananias a baptisé, Philippe a baptisé l’eunuque qui venait juste de devenir croyant au Seigneur Jésus. Il n’a tenu conseil avec personne, il ne le pouvait même pas. Il n’a pas non plus commencé par demander à l’assemblée ou aux apôtres à Jérusalem si c’était permis. Il est simplement dit : « Philippe le baptisa (Actes 8 v. 38) ». Un « simple » disciple, Ananias, a baptisé celui qui allait devenir l’apôtre des nations. Et il n’y avait que trois jours qu’il était venu à une foi vivante en Jésus de Nazareth, glorifié. Ces deux circonstances montrent aussi que le baptême se situe au commencement du chemin chrétien. C’est pourquoi on ne devrait pas réclamer toutes les vertus possibles, morales et spirituelles, des candidats au baptême.
Cependant, que le baptême soit effectué chaque fois que cela est possible, en relation avec l’assemblée locale, c’est une toute autre chose, qu’on ne peut qu’approuver. Qu’il est beau et convenable que les frères et sœurs de l’assemblée locale soient présents comme témoins ! Justement à cause des temps de faiblesse et de confusion où nous sommes, le serviteur du Seigneur saura se garder de faire cavalier seul, sûr de soi.
En outre, l’administration du baptême dans la sphère privée d’une maison suffit tout à fait, et devant Dieu, elle porte tout à fait le caractère public : Cela ressort des exemples de la marchande de pourpre et du geôlier de Philippe (Actes 16 v. 15 à 33). Des fêtes de baptême organisées en grand, avec des cérémonies festives et des vêtements de baptême, tout cela était étranger aux chrétiens du temps de l’apôtre. On ne peut être trop simple dans toutes ces choses.
14 - Le baptême pour les morts.
En terminant le thème du baptême, je voudrais encore parler du verset de 1 Corinthiens 15 v. 29 que beaucoup trouvent difficile à comprendre, mais qui souligne la signification simple du baptême.
« Autrement que feront ceux qui sont baptisés pour les morts, si les morts ne ressuscitent absolument pas ? Pourquoi aussi sont-ils baptisés pour eux ? (1 Corinthiens 15 v. 29) ».
Que signifie « être baptisé pour les morts » ? Certains commentateurs ont pensé que les croyants de Corinthe étaient tombés dans l’erreur de croire que quand l’un des leurs mourrait sans avoir été baptisé, il fallait qu’un autre soit baptisé à sa place, et que Paul voulait contrer cette pensée. Il n’y a pourtant dans les paroles de l’apôtre ni condamnation ni approbation. Si on comprend que les versets 20 à 28 sont une parenthèse, on verra alors que l’apôtre fait la liaison avec le verset 19, et que le verset 18 explique le verset 29, tandis que le verset 19 explique les versets 30 à 32.
Il y avait à Corinthe des gens qui niaient la résurrection. L’apôtre argumente donc de la manière suivante : S’il n’y a pas de résurrection des morts, alors « ceux qui se sont endormis en Christ sont perdus… Que feront donc ceux qui sont baptisés pour les morts ? ». C’est comme s’il demandait : Qui prendra leur place dans les rangs en bataille, et qui bravera le péril à toute heure comme les soldats à la guerre, si de toute façon les morts ne ressuscitent pas ? Quel sens y avait-il pour Paul d’avoir combattu contre les bêtes sauvages à Éphèse si les morts ne ressuscitent pas ? Avec les expressions « braver le péril à toute heure » et « combattre », il met en avant les périls encourus par ceux qui, comme des soldats à la guerre, prennent leur place dans les rangs de bataille du Seigneur et qui combattent le combat de la foi.
Il n’y a rien de mystique dans les mots « baptisés pour les morts ». Ils signifient simplement que d’autres ont pris la place de ceux qui, entre temps, se sont endormis. Mais ce qui nous intéresse spécialement ici, c’est par quel moyen ont-il pris la place des décédés ? Par le baptême. Cela souligne la signification du baptême telle que nous l’avons vue précédemment. En se laissant baptiser, ils entraient publiquement dans le domaine du christianisme : ils étaient baptisés pour les morts, au sens de : à la place des morts.
À l’époque, le christianisme n’était point une religion d’état, et il ne s’était pas dégradé pour devenir une forme vide ; la puissance des ténèbres du paganisme se dressait contre lui. Se faire baptiser signifiait alors, qu’on prenait la place d’un combattant pour la vérité de Dieu, et qu’on assumait tous les dangers qui s’y rattachaient. Avons-nous pensé quelquefois à ce côté des choses, en rapport avec notre baptême ?
15 - Le baptême d’eau n’est pas le baptême du Saint Esprit.
J’ai déjà indiqué ce avec quoi le baptême d’eau n’a rien à voir. Un point reste encore à ajouter à la liste :
• Le baptême d’eau ne doit pas être mélangé ni confondu avec le baptême du Saint Esprit.
Il peut arriver, et il arrive (il faut le dire), que des gens sont baptisés d’eau sans avoir passé par la nouvelle naissance. Nous avons déjà vu cette question. Par contre, le privilège d’être baptisé du Saint Esprit (Actes 2 v. 4), et le privilège de recevoir le Saint Esprit (Actes 2 v. 38 ; Romains 8 v. 15) (*), ne sont partagés que par des gens qui possèdent déjà la vie éternelle par la foi au Seigneur Jésus, et qui s’appuient entièrement avec foi sur Son œuvre de propitiation.
(*) Je fais ici la différence entre être baptisé du Saint Esprit et recevoir le Saint Esprit. Le baptême du Saint Esprit, au sens strict, ne se rapporte qu’à ce qui a eu lieu au jour de la Pentecôte, c’est-à-dire à la descente du Saint Esprit sur les 120 à Jérusalem. Aujourd’hui nous « recevons » le Saint Esprit, nous sommes « abreuvés » du Saint Esprit (1 Corinthiens 12 v. 13), nous sommes « scellés » du Saint Esprit (Éphésiens 1 v. 13). Fondamentalement, il s’agit cependant de la même bénédiction, comme le montrent clairement les passages cités.
Nous le voyons tout à fait clairement par l’exemple du centurion romain Corneille en Actes 10. Cet homme pieux était préparé depuis longtemps dans son cœur pour la bonne nouvelle du Seigneur Jésus, mais il n’osait pas la revendiquer pour lui du fait qu’il faisait partie des nations. Il n’est pas douteux qu’il possédât déjà la vie divine avant d’avoir vu la vision divine. Pensons seulement à ce que Dieu dit de lui ! Il est impossible de « prier Dieu continuellement » et de ne pas avoir la vie divine ! Mais quand il put entendre avec les siens que quiconque croit en Lui reçoit la rémission des péchés par Son nom, le Saint Esprit tomba sur tous ceux qui entendaient la Parole tandis que Pierre prononçait ces paroles (Actes 10 v. 43 et 44 ; 11 v. 15). Manifestement ils entendaient avec foi, selon ce qu’il faut comprendre de ce passage et de plusieurs autres du Nouveau Testament (par exemple Jean 5 v. 25 ; 10 v. 27). Et alors, sur l’ordre de Pierre, ils furent baptisés d’eau : « Quelqu’un pourrait-il refuser l’eau afin que ceux-ci ne soient pas baptisés, eux qui ont reçu l’Esprit Saint comme nous-mêmes ? ».
C’est d’ailleurs la suite normale pour nous aujourd’hui, qui faisons aussi partie des nations : d’abord la réception du Saint Esprit, et ensuite le baptême d’eau. La foi au Seigneur Jésus et à Son œuvre est suscitée dans l’homme par l’annonce de la Parole de Dieu dans la puissance de l’Esprit. Si l’Esprit est parvenu à opérer cela dans l’âme, Il scelle le croyant pour le jour de la rédemption (Éphésiens 1 v. 13 ; 4 v. 30). Et si les choses se passent normalement, il arrive bientôt un moment où surgit chez le croyant le désir de, désormais, se mettre aussi extérieurement du côté du Seigneur et Sauveur, et de partager avec Lui la place de rejet. Par le baptême d’eau, on entre extérieurement dans le domaine du christianisme, et on professe être à Christ mort. Cela est certes très important, mais cela ne concerne que notre position sur la terre.
Cependant, par le baptême du Saint Esprit, un organisme céleste — l’assemblée, le corps de Christ — a été créé à la Pentecôte, il y a 2000 ans. Quiconque reçoit aujourd’hui le Saint Esprit est lié à ce corps comme un membre vivant : « Car aussi nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit hommes libres ; et nous avons tous été abreuvés pour l’unité d’un seul Esprit (1 Corinthiens 12 v. 13) ».
Cependant cela n’est pas qu’une profession extérieure pour la terre, mais c’est une relation intérieure, éternelle et pour le ciel. Or ce qui me réjouit tellement est ceci : Qu’il s’agisse du royaume ou du corps, c’est Christ, et Christ seul, qui donne à l’un comme à l’autre son contenu et son caractère. Que Son Nom soit haut élevé et loué !
Lecture conseillée : « Le baptême chrétien » par Christian Briem
À propos de Actes 2 v. 37 à 41 ; spécialement Actes 2 v. 38.
Le mot grec pour baptiser est « baptizo », qui, dans le langage ordinaire, signifie « immerger », « plonger, laver, mouiller, arroser ». Le baptême du Seigneur Jésus lui-même et celui de l’eunuque d’Éthiopie (Actes 8) montrent bien, autant l’un que l’autre, que le baptême était effectivement pratiqué par immersion. Dans les deux cas, il est parlé du baptisé remontant hors de l’eau (Matthieu 3 v. 16 ; Actes 8 v. 39).