Le caractère central de la croix.4

Le caractère central de la croix.4

J'aimerais à présent parler de l'œuvre subjective de la croix, en tant que loi de vie au travers de la mort, qui nous permet de porter du fruit.

➲ La loi de la Vie au travers de la mort.

« En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit (Jean 12 v. 24) ». Nous devons entrer dans une véritable communion avec Christ dans Sa mort. Il existe une connaissance expérimentale de la croix. L'Esprit de Dieu nous fait concrètement passer par la mort de Christ, puis par la puissance de la vie de résurrection. Il commence à travailler au centre, puis à la circonférence. Sur le chemin de notre communion avec Sa mort, nous apprenons tout d'abord la libération de notre esprit, puis nous découvrons de quelle manière le Seigneur travaille dans le domaine de l'âme, en relation avec l'intellect, les émotions et la volonté, puis, enfin, de quelle manière Il œuvre au niveau du corps.

Je dois ajouter que le Seigneur ne travaille pas toujours dans cet ordre précis. Parfois, les Chrétiens passent par une étape plus avancée, pour revenir ensuite à des domaines plus élémentaires d'apprentissage de la vérité. Cela dépend beaucoup de leur environnement, et de la connaissance dont font preuve ceux qui les aident au début de leur vie chrétienne. En outre, le Seigneur peut travailler très rapidement avec certains. Il adapte Son action aux limites de notre âme, et Ses méthodes, comme Ses opérations, sont très variées (1 Corinthiens 12 v. 6). Nous ne pouvons Lui demander de nous faire tous passer par le même moule de l'expérience.

Revenons à Jean 12 v. 24 : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit ». Puis le Seigneur applique cet enseignement pratique à Ses disciples, tout en établissant dans le domaine spirituel une loi similaire à cette loi de la nature. Il leur dit : « Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. Si quelqu'un me sert, qu'il me suive ; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, le Père l'honorera (versets 25 et 26) ».

Manifestement, il ne s'agit pas du même aspect de la croix que celui de la mort au péché. La délivrance du péché, la mort au péché, la délivrance du monde et de la chair, ne sont pas des processus graduels. L'Esprit de Dieu exige une mise à mort complète de tout péché, et de toutes les œuvres de la chair. Dès que nous en sommes conscients, nous devons y renoncer complètement, et non pas « un peu aujourd'hui, et un peu demain » ! C'est pour cela que Romains 6 nous demande de nous « considérer comme morts au péché ». Tandis que Jean 12 v. 24 parle d'une loi graduelle et progressive de la mort, qui agit pour permettre au fruit de se développer.

Il s'agit, non plus de nous séparer de ce qui est mauvais (le péché), mais de nous séparer même de ce qui est licite, de notre vie propre, de tout ce dont nous avons hérité dans notre nature humaine. Satan dit à Dieu, à propos de Job : « Peau pour peau ! Tout ce que possède un homme, il le donne pour sa vie (Job 2 v. 4) ». C'est cette « vie personnelle » que le Seigneur nous demande de Lui abandonner, si nous voulons Le suivre, et si nous voulons passer par la mort pour porter du fruit. La vie que nous avons reçue dans notre nature humaine doit passer par la mort, afin que la vie de Dieu puisse nous faire porter Son fruit.

On le voit clairement dans le texte original de Jean 12 v. 25 : « Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle ». Les deux mots traduits par « vie » ne sont pas les mêmes en grec. Le premier mot grec (psuche) désigne la vie naturelle, celle que nous partageons avec le règne animal. Le deuxième mot (zoe) concerne la vie de Dieu, la vie éternelle, celle que le Seigneur nous donne à la nouvelle naissance, et qui nous rend participants de la nature divine. On peut donc lire ce verset de la manière suivante : « Celui qui aime sa vie (naturelle) la perdra (en perdra le fruit dans l'éternité), et celui qui hait sa vie (naturelle) la conservera (la sauvera d'une perte éternelle), pour (bénéficier de) la vie éternelle ».

Les enfants du Seigneur sont surtout concernés par la victoire sur le péché, et il est nécessaire qu'ils le soient. Mais, quand ils connaissent le chemin de la victoire sur le péché, ils oublient souvent qu'il existe, sur ce chemin, une étape plus profonde de la croix. Il ne s'agit plus alors simplement du péché, mais de la vie naturelle qui anime leur existence et leurs actions. Comme on a pu le dire, la vie naturelle de l'homme n'a aucune puissance sur le plan spirituel. C'est pour cette raison que certains Chrétiens se fatiguent tellement, sans jamais produire beaucoup de fruit.

Ils connaissent la victoire sur le péché, mais ils continuent à être animés par leur vie naturelle, et à faire usage de leurs facultés naturelles. Leur intellect, leurs affections et leurs émotions continuent à être sous le contrôle de leur vie naturelle. Il n'y a, en soi, rien de mal à employer notre intellect ou à laisser s'exprimer nos émotions. Mais ces « qualités » proviennent de la vie de la nature, et non de la « vie de Dieu » que nous avons pourtant reçue en nous. C'est la vie naturelle qui continue à animer de tels Chrétiens, au lieu que ce soit la vie de Dieu qui demeure en eux. Cela signifie que ces Chrétiens sont impuissants dans un conflit spirituel.

Un ennemi spirituel ne peut être combattu par « l'homme naturel », ni par des armes naturelles. Par conséquent, dans la mesure où nous sommes animés par la vie naturelle, nous sommes sans puissance dans notre combat contre les puissances des ténèbres. Ce sont des puissances surnaturelles. On ne peut les affronter que par une puissance spirituelle. Même si nous pouvons avoir la victoire sur le péché, dans la limite où nous en sommes conscients, nous avons vraiment besoin d'apprendre comment « haïr », ou rejeter, la vie de notre nature humaine, comme le Seigneur Lui-même a offert Son âme sans péché au Calvaire.

« Si quelqu'un me sert, qu'il me suive », a dit le Seigneur (Jean 12 v. 26). Il parlait de cette loi spirituelle qui fait jaillir la vie de la mort, et de la nécessité d'offrir en sacrifice notre vie naturelle, pour que puisse se manifester la vie de Dieu, et qu'elle produise du fruit. Au Calvaire, le Seigneur a remis Son Esprit entre les mains du Père. Mais Il a aussi livré Son âme à la mort, et même à la mort de la croix. De même, l'Esprit de Dieu nous conduit sur un chemin où nous aussi, nous devons livrer la vie naturelle de notre âme à la mort, en communion avec notre Seigneur au Calvaire.

C'est ce qui se passe quand Dieu nous prend par la main, et nous conduit dans des expériences où nous cessons de dépendre de tout ce dont nous sommes conscients par nos sens. Par exemple, nous cessons de « ressentir » la présence consciente de Dieu d'une manière sensible. Au point qu'il nous semble parfois que nous ayons « perdu » toute notre vie spirituelle. Il ne nous reste plus alors que la possibilité de dire : « Je fais confiance à Dieu d'une manière absolue, sans le secours d'aucune émotion, ni d'aucune expérience sensible. Je marche seulement par la foi ! »

« Je vous ai établis afin que vous portiez du fruit (Jean 15 v. 16) », a dit le Seigneur à Ses disciples. Ainsi, au moment favorable, lorsque nous connaissons la victoire sur le péché, le Saint-Esprit nous conduit sur un chemin où notre vie naturelle et émotionnelle s'éteint progressivement, et où, dans une certaine mesure, notre pénible activité intellectuelle perd aussi sa vaine puissance. Le Seigneur emploie différents moyens pour agir dans la vie d'un Chrétien désireux de porter beaucoup de fruit et de suivre l'exemple de son Seigneur, tel un grain de blé tombé au sol pour y mourir !

Pensons un moment à ce qui se passe pour ce grain, en transposant cet exemple à la vie du Chrétien. Ce grain de blé peut avoir une très belle écorce, mais elle est dure. Le germe de vie est enfermé à l'intérieur, et ne peut pas sortir. Enfermé à l'intérieur de cette écorce, il reste stérile. Le seul moyen de permettre à ce grain de produire du fruit, et de former d'autres grains, est de s'enfoncer dans les ténèbres de la terre. Là, il perd son enveloppe extérieure et sa beauté. Il ne jouit plus de la lumière du soleil, dont il jouissait avec les autres grains, quand il était sur l'épi.

Alors, la « vie » était belle ! Le grain perd tout en se détachant de l'épi et en tombant dans la terre. Si vous le sortiez de terre après quelque temps, vous ne verriez plus rien de sa belle écorce polie, mais vous apercevriez un petit germe de vie qui commence à pointer. Si ce grain est laissé en terre, pour y livrer toute sa vie, il permettra à une vie nouvelle de sortir de terre pour s'épanouir au soleil. Plus tard, un nouvel épi sera formé, qui produira à son tour trente ou soixante grains.

Si souvent, les enfants de Dieu reculent devant cette vérité de l'Évangile ! Ils veulent « porter du fruit », mais ils refusent de s'engager sur le chemin qui leur permettra justement de porter du fruit. Dans leurs expériences spirituelles, ils refusent de se séparer de la vie naturelle de leur âme. Pourtant, je voudrais vous dire que notre esprit régénéré est constamment plongé dans la vie de Dieu. Tandis que les expériences spirituelles qui sont vécues au niveau de l'âme ou de « l'homme naturel » dépendent des circonstances et de toutes sortes de facteurs extérieurs.

Mais quand le Chrétien, tel un grain de blé qui tombe en terre, accepte de mourir à toutes les réalités extérieures, non seulement il peut porter du fruit, mais son esprit pénètre dans une union plus profonde avec Dieu. Quand la vie de l'esprit est fermement établie en Dieu, nous avançons dans la vie spirituelle comme les planètes avancent sur leur orbite autour du soleil. Cette « vie cachée avec Christ en Dieu (Colossiens 3 v. 3) » est une vie divine immuable. Aucun Chrétien ne peut véritablement la connaître s'il ne se sépare pas des activités de sa nature humaine.

Remarquez encore de quelle manière agit la loi de multiplication dans la fructification du grain de blé. Sur le plan naturel, le Chrétien peut gagner des âmes une à une dans le service de Dieu. Une telle action ne doit pas être méprisée ni rejetée. Mais quand nous permettons à la vie de Dieu d'agir en nous, elle déclenche une loi de multiplication, qui lui permet de produire trente à soixante fois plus de résultats.

Cette multiplication ne dépend pas de nos activités propres. C'est la vie de Dieu en nous, quand elle est libérée par la mort de notre vie naturelle, qui donne vie à tout ce qu'elle touche. Quelqu'un a pu comparer cette action avec celle d'une « teinture ». Mettez par exemple une seule goutte d'encre ou de lait dans un verre d'eau, et elle « teindra » toute l'eau qu'il contient. De même, si nous avons la vie de Dieu dans notre esprit, et si la vie de notre nature humaine a été mise à mort, toutes les paroles que nous prononcerons seront empreintes de cette vie divine. Même si nous ne prononçons que quelques paroles simples, elles porteront du fruit. Nous pourrons aussi accomplir un acte très simple, mais ce simple acte laissera une empreinte éternelle sur tous ceux qu'il touchera.

Oh ! Que nous puissions vivre de sorte que tout ce que nous dirons ou ferons soit imprégné de la vie de Dieu ! C'est bien plus précieux pour Dieu et pour les hommes, bien plus fécond pour nous-mêmes, que l'expérience « sensible » la plus merveilleuse, qui ne produit rien d'autre qu'une joie personnelle éphémère. C'est cela qui remplit la vie la plus ordinaire de la présence divine !

C'est tellement simple, que celui qui connaît cette vie ne pense plus qu'à être « fidèle dans les plus petites choses », et ne pense même plus à être « utilisé » par Dieu ou non ! Il ne recherche plus la « puissance », ni « plus de puissance ». Il ne s'intéressera plus qu'à demeurer dans la mort de Christ. Alors, sans même qu'il s'en rendre compte, la vie de Dieu, qui peut librement se manifester en lui, va imprégner tout ce qu'il fait, et produire un fruit éternel.

« Produire beaucoup de fruit » !

Silencieusement, discrètement, la vie du grain de blé se manifeste dans le monde des hommes, exactement de la manière qui est toujours celle de Dieu. Le Seigneur ne sonne jamais de la trompette pour proclamer ce qu'Il fait. Il ne clame pas tout haut ce qu'Il a accompli, ni ce qu'Il va accomplir. Si vous Lui demandez quelque chose dans la prière, Il ne va pas vous envoyer un message pour vous dire qu'Il va vous exaucer ! Cela se passe tranquillement, et le monde n'en sait rien ! Oh ! La beauté de ces merveilleuses œuvres silencieuses de Dieu ! Les hommes aiment faire du bruit, et aiment sonner de la trompette.

Mais pensez donc à ces faibles enfants de Dieu qui sont dans ce monde comme des grains de blé, qui conduisent à Dieu des âmes à Son image, qui influencent le monde en silence, simplement par ce qu'ils sont, et qui marchent avec Dieu ! Tout ce qu'ils touchent est touché par la vie de Dieu. Leur exemple n'est-il pas bien plus digne de Dieu que celui de ceux qui font des choses spectaculaires, parce que cet exemple est complètement opposé à la manière d'agir des hommes ?

Il y a toujours un certain danger à voir les Chrétiens produire des œuvres « merveilleuses », parce qu'elles risquant d'attacher les gens à leur personne. Même sur le plan spirituel, il vaut tellement mieux avoir l'air « ordinaire », et même complètement insignifiant, en raison de notre manque de puissance « visible », tout en laissant Dieu accomplir en silence Son œuvre au travers de nous, et en portant du fruit comme le grain de blé tombé en terre ! Ainsi, nous n'attirerons jamais la moindre gloire sur nous-mêmes et sur notre « merveilleuse » personnalité !

Nous devons savoir où vont nos affections, quand nous parlons de livrer notre vie naturelle à la mort. Il est facile de renoncer à tout, mais moins facile de renoncer à sa propre vie : « Celui qui aime sa vie la perdra ! » Cela signifie que nous n'en garderons rien dans l'éternité. Nous pouvons avoir la victoire sur le péché, et en être heureux. C'est très bien, mais si nous « aimons notre vie », même si nous avons renoncé au péché, nous ne disposons pas de cette puissance de vie qui produit du fruit. Nous n'avons pas de puissance pour toucher les autres, et pour les attirer dans la vie céleste. Nous restons attachés à une vie terrestre qui ne peut se multiplier et produire du fruit pour l'éternité. C'est là l'explication de la stérilité et du manque de puissance divine de tant d'églises dans le monde. Elles s'accrochent à leur vie terrestre, à leur vie naturelle, avec tous ses désirs personnels, notamment ses désirs personnels d'un gain quelconque. Une telle vie est incapable de produire du fruit en abondance.

Que faire donc, une fois que nous avons compris ceci ? Nous sommes des êtres responsables. Nous sommes confrontés à un choix. Dieu agit en fonction de nos choix. Il vous suffit de dire : « Seigneur, je choisis Ta vie. Et je Te fais confiance pour la manifester en moi ». C'est très simple ! « Je choisis de Te livrer ma propre vie, pour laisser la place à Ta vie ! » C'est alors que vous conserverez votre vie « pour la vie éternelle ». Faites cette transaction avec Dieu, et ne revenez jamais en arrière. Il vous conduira sur le chemin, comme Lui seul peut vous conduire ! Mais il s'agit de bien plus qu'un choix de la volonté. Nous devons revenir au Calvaire.

Relisons Romains 6 v. 5. Vous y verrez la même vérité présentée sous une autre forme. Elle vous montre clairement comment un tel « échange de vies » se produit au Calvaire. Dans Jean 12 v. 24, le Seigneur parle avant tout de Lui-même, mais la même loi s'applique pour Christ et pour les membres de Son Corps. Relisons Romains 6 v. 5 : « En effet, si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection ». Cela signifie littéralement que nous sommes devenus participants d'une union vitale, comme le greffon reçoit la vie de la plante sur laquelle il est greffé. Nous retrouvons ici le secret de la vie qui jaillit du grain de blé, dans cette union du Chrétien avec Christ dans Sa mort. « Nous avons été greffés ». Qui a fait cette greffe ? Nous ne pouvons pas nous greffer nous-mêmes. C'est l'œuvre du Saint-Esprit. Nous avons été greffés dans la mort de Christ.

Que fait le jardinier quand il greffe une plante ? Il fend l'écorce du support, et glisse le greffon à l'intérieur de l'écorce fendue. Il la fixe avec un lien, qu'il laisse pendant un certain temps. Quand il ôte le lien, que s'est-il passé ? Le support et le greffon sont unis dans une même vie. C'est exactement ce que doit faire le Saint-Esprit pour nous. Nous devons être greffés en Christ dans Sa mort, pour que nous puissions vivre de Sa vie, de Sa propre Vie de Résurrection, celle qu'Il a reçue après Sa mort. Nous devons être rendus participants de cette union vitale, dans laquelle Sa vie devient la nôtre. Mais, pour cela, nous devons livrer notre vie naturelle à la mort.

Romains 11 v. 17 nous offre un autre exemple similaire : « Mais si quelques-unes des branches ont été retranchées, et si toi, qui étais un olivier sauvage, tu as été enté à leur place, et rendu participant de la racine et de la graisse de l'olivier ». C'est ce que Paul écrit aux Gentils qui se sont convertis à Christ. « Si toi, tu as été coupé de l'olivier naturellement sauvage, et greffé contrairement à ta nature sur l'olivier franc, à plus forte raison eux seront-ils entés selon leur nature sur leur propre olivier » (verset 24). Il en est de même pour chaque Chrétien, spirituellement. Nous avons été greffés sur Christ, contrairement à notre nature humaine, afin que nous puissions participer à Sa vie de résurrection, et vivre sur cette terre une vie qui est également « contre nature ». Nous sommes appelés à vivre sur cette terre une vie que notre « vieille nature » est incapable de vivre. Nous le faisons en étant greffés en Christ d'une manière tellement étroite, que nous « participons à la racine et à la graisse » de Sa vie, qui est la nôtre en Lui.

Permettez-moi de souligner que le fait d'avoir été greffé en Christ dans Sa mort n'est nullement une théorie. Cela ne signifie pas que le Chrétien pourra continuer à vivre de sa vie naturelle et humaine, en appelant cela une « vie de résurrection ». Certains Chrétiens, réduits à la plus extrême faiblesse, sont ainsi obligés de prouver la réalité de la vie de Dieu qui les anime. Quand notre existence physique dépend littéralement de notre connaissance de cette réalité de la vie de Dieu en nous, c'est alors que nous savons que Dieu est un Dieu Vivant ! Si la Parole de Dieu n'était pas vraie, et si la puissance de résurrection de Christ n'était pas une réalité, nous ne serions plus vivants ! C'est cela que signifie pour certains : « vivre une vie contre nature », en puisant dans les richesses et la graisse de l'Olivier, Jésus-Christ Ressuscité.

Étudions brièvement comment cette loi de la vie jaillissant de la mort a imprégné toute l'existence de Paul et tous ses écrits. Si vous relisez ses épîtres dans cette lumière, vous verrez quelle était la vie intérieure de Paul. Vous comprendrez la signification de tout ce qu'il a dit et fait, parce que vous connaîtrez vous-mêmes quelque chose de la vie qui l'animait.

La vie de Paul fut merveilleuse, et il est possible que tout Chrétien en apprenne le secret. Qu'il plaise à Dieu que, suite à cette Conférence, Dieu appelle certains à aller travailler comme Paul a travaillé, sans se soucier de leur vie propre. Paul était véritablement « greffé » dans la mort de Christ, et il a livré sa vie pour les frères. Chacun de nous peut faire de même. Peu importe si nous sommes jeunes ou vieux, cultivés ou non. Peu importe si nous sommes diplômés de l'université ou non, cette vie qui jaillit de la mort produira ses fruits en nous, et au travers de nous.

C'est alors que nous porterons du fruit pour Dieu, partout où nous irons. Personne ne contestera avec une telle personne, car sa vie sera son témoignage. Les hommes ne contestent pas avec ceux qui vivent de la vie de Christ, dans le sacrifice de leur propre vie. Mais nous avons besoin d'ouvrir les yeux, pour comprendre qu'une telle vie ne peut être manifestée en nous que par la mort de Christ au Calvaire. Nous devons comprendre que la vie hors de la mort est une loi universelle, une loi qui sous-tend l'univers entier. C'est la loi du sacrifice substitutif.

Relisons ce remarquable passage de 2 Corinthiens, où Paul décrit ce que peut être la vie d'un grain de blé passé par la mort : « Nous portons ce trésor dans des vases de terre, afin que cette grande puissance soit attribuée à Dieu, et non pas à nous. Nous sommes pressés de toute manière, mais non réduits à l'extrémité ; dans la détresse, mais non dans le désespoir ; persécutés, mais non abandonnés ; abattus, mais non perdus ; portant toujours avec nous dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps. Car nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle. Ainsi la mort agit en nous, et la vie agit en vous (2 Corinthiens 4 v. 7 à  12) ».

N'est-ce pas tout à fait clair ? Greffé dans la mort de Christ, le Chrétien est chaque jour « livré à la mort », afin que la vie de Jésus soit manifestée en lui. L'un des effets de cette « mort » est le suivant : Nous perdons une certaine dureté extérieure, que nous possédons en général dans notre être naturel. Car l'argile constituant le vase de terre agit comme un écran qui masque la vie véritable qui se trouve à l'intérieur. Trop souvent, ceux qui nous entourent ont affaire avec le « vase de terre » extérieur, et pas avec la vie de Jésus qui se trouve à l'intérieur. Mais, quand l'enveloppe du grain de blé se brise et disparaît, nous pouvons manifester une simplicité de comportement et abandonner notre réserve naturelle, permettant ainsi à la vie intérieure de se manifester.

Les autres peuvent alors s'approcher de vous sans crainte. Oh ! Combien ce pauvre monde qui nous entoure, ainsi que toutes ces âmes solitaires dans l'Église, ont besoin de ce « parfum divin » dans la vie des enfants de Dieu ! Certains disent qu'il y a une « barrière » entre patrons et employés. Mais il y a aussi une barrière entre les Chrétiens et ceux qui sont perdus. Cette barrière ne devrait pas exister. Nous ne pouvons pas gagner à Christ ceux que nous voulons gagner, parce que nous gardons cette « enveloppe extérieure », cette « réserve » qui vient de notre coquille charnelle. Nous voulons serrer cordialement les mains, mais nous ne savons pas comment le faire.

Oh ! Puissions-nous être greffés dans la mort de Jésus, afin que la vie même de Jésus, et Son cœur rempli d'amour pour les âmes, puissent être manifestés en nous et au travers de nous ! Puissions-nous éprouver Son amour pour toutes les âmes que nous rencontrons, et même pour tous ceux que nous côtoyons dans notre travail quotidien ! Un tel amour ne nous conduira jamais à les « forcer » ou à les « pousser », ni à ignorer leurs problèmes, ce que nous faisons quand nous sommes préoccupés par nos propres problèmes.

N'est-il pas merveilleux que le Christ du Calvaire soit d'abord venu vivre la vie qu'Il veut que nous vivions ? « Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. Ayez-en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel, existant en forme de Dieu, n'a point regardé comme une proie à arracher d'être égal avec Dieu, mais s'est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme, il s'est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix (Philippiens 2 v. 4 à  8) ».

Jésus S'est dépouillé de Sa gloire. Il est né sur cette terre comme un simple homme. Par Sa mort, et par notre mort en Lui, Il désire nous faire vivre comme Il a vécu, comme pour dire à tous ces pauvres hommes qui vivent dans les ténèbres : « En regardant vivre Mes enfants, vous Me comprendrez, car ils sont animés par le même Esprit qui était en Moi ! »

Nous pouvons à présent comprendre pourquoi Paul était capable de dire : « Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous ; et ce qui manque aux souffrances de Christ, je l'achève en ma chair, pour son corps, qui est l'Église (Colossiens 1 v. 24) ». Ou encore : « Et même si je sers de libation pour le sacrifice et pour le service de votre foi, je m'en réjouis, et je me réjouis avec vous tous. Vous aussi, réjouissez-vous de même, et réjouissez-vous avec moi (Philippiens 2 v. 17 et  18) ».

Vous réjouissez-vous quand d'autres « servent de libation » pour vous, par amour pour Christ ? « Oh non ! « Pourriez-vous dire, « je veux bien servir de libation, mais je ne veux pas que quelqu'un serve de libation pour moi ! » Mais il faut beaucoup de grâce pour que certaines personnalités très indépendantes acceptent que quelqu'un « serve de libation » pour elles ! Paul a bien dit : « Et même si je sers de libation pour le sacrifice et pour le service de votre foi, je m'en réjouis… Vous aussi, réjouissez-vous de même… »

Ni Paul, ni personne d'autre, ne doivent être privés de leur fruit, quand ils désirent offrir leur propre vie pour les autres. Quelle souffrance, quand ceux qui ont besoin d'être aidés ne veulent rien recevoir des autres ! Veillez donc à ne pas laisser le « moi » vous contrôler dans une telle situation ! Christ, en vue de la joie qui Lui était réservée, a souffert la croix. Il y a une joie divine dans un sacrifice librement consenti pour les autres. Jésus a dit : « Je vous donne ma joie ! » Il leur a dit cela la veille de mourir au Calvaire ! C'est un chemin très concret. Voulez-vous le suivre ? Si vous répondez « Oui ! », laissez alors le Saint-Esprit vous diriger, et diriger les circonstances de votre vie. Il saura vous conduire sur Son chemin !

En conclusion.

Permettez-moi de vous raconter en quelques mots une expérience personnelle. J'étais encore un bébé dans la vie de consécration, quand Dieu a commencé à m'enseigner ces choses. Je me rappelle avoir été un jour littéralement malade de la joie d'avoir été utilisée par Lui pour gagner une âme. Cette joie était si grande que j'ai dit à Dieu : « Seigneur, je ne peux pas la supporter ! » Il me répondit doucement : « Comment pourrais-Je donc t'utiliser pour gagner 500 âmes ? » Puis Il ajouta : « Acceptes-tu de renoncer à cette « joie » qui t'épuise, et de Me laisser t'utiliser sans rien recevoir pour toi-même ? »

Je compris la sagesse de ces paroles, et je répondis : « Oui, Seigneur ! » Par la suite, j'ai pu voir le Seigneur m'utiliser pour bénir merveilleusement les autres, ce qui auparavant m'aurait complètement submergé de « joie », alors qu'à présent, je ne ressentais plus aucun épuisement de ma fragile constitution ! Bref, le secret d'une vie qui porte du fruit consiste à bénir les autres sans rien désirer pour nous-mêmes, en nous livrant complètement entre les mains de Dieu, sans plus nous soucier de ce qui peut nous arriver.

Je dois aussi beaucoup aux livres de Madame Guyon, et à la manière dont elle nous parle de la vie en Dieu. La première fois que j'ai lu le récit de sa vie, j'ai été profondément émue. Je me trouvais dans le presbytère de Richmond, dans le Surrey, dans la chambre de Madame Evan Hopkins. J'étais alors une toute jeune chrétienne. Je n'avais jamais entendu parler de Madame Guyon. Mais là, dans cette chambre, j'ai pris ce livre, et j'ai demandé si je pouvais l'emprunter pour le lire. Je venais de faire la glorieuse expérience du baptême dans le Saint-Esprit.

La gloire de la présence consciente et sensible de Dieu était pour moi d'une douceur indicible, à tel point qu'il m'était très difficile d'intéresser mon intellect aux affaires ordinaires de la vie. Mais, en lisant ce livre, j'ai clairement compris le chemin de la croix, et tout ce qu'il devait signifier. Tout d'abord, je repoussai le livre, en disant : « Non ! Je ne marcherai pas sur ce chemin, parce je perdrai ma glorieuse « expérience » ! »

Mais, le lendemain, je repris le livre, et le Seigneur me dit doucement : « Si tu veux vivre une vie plus profonde, et avoir une communion ininterrompue avec Moi, engage-toi sur ce chemin ! » Je me dis : « Le ferai-je ? Non ! » Et je repoussai le livre. Le troisième jour, je repris encore le livre. Le Seigneur me parla à nouveau : « Si tu veux porter du fruit, engage-toi sur ce chemin ! Je ne te prendrai pas cette joie consciente que tu éprouves en ce moment. Tu peux la garder si tu le désires. Mais tu dois choisir entre cette joie, que tu garderas pour toi-même, et le fruit. Que choisis-tu ? »

Alors, par Sa grâce, je répondis : « Je choisis le chemin de la mort, pour porter du fruit ». Toute expérience consciente cessa aussitôt. Pendant un temps, je marchai dans d'épaisses ténèbres. Madame Guyon appelle ces ténèbres « les ténèbres de la foi ». Il me semblait même que Dieu n'existait plus. J'ai pu dire au Seigneur, là encore, par Sa grâce : « Oui, je n'ai que ce que j'ai accepté d'avoir ! » Et j'ai continué à avancer. Je ne savais pas qu’elle allait être la conclusion de ces choses, jusqu'à ce que je participe à quelques réunions. Là, j'ai vu le « fruit ». C'était comme si les gens étaient plongés dans un fleuve de vie venant du Ciel !

Ce n'était plus une seule personne qui était bénie, mais tous ont été littéralement submergés par la vie abondante de Dieu, qui les a vivifiés, libérés, et introduits dans une vie nouvelle. Je n'ai pas eu besoin de leur parler personnellement. Il me semblait que je n'avais rien d'autre à faire, que d'annoncer le message que Dieu m'avait donné. Et le Saint-Esprit a fait le reste.

À partir de ce moment, j'ai compris, et j'ai su, d'une manière intelligente, que c'était la mort, et non l'activisme, qui pouvait produire du fruit spirituel. Puisse Dieu ouvrir nos yeux pour que nous discernions le chemin, et que nous consentions à suivre Christ, à répondre à Son appel à L'accompagner dans la terre et à y mourir, afin de porter du fruit qui demeurera pour l'éternité !

 

Arthur KatzUn message de Jessie Penn-Lewis
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