Études sur la Parole.11

Études sur la Parole.11

Exode chapitre 29 à 33  - Le sujet général et caractéristique de l’Exode est la délivrance du peuple de Dieu ou son rachat effectué par l’Éternel, et son établissement comme un peuple qui lui appartient en propre.

Exode chapitre 29.

Pour leur consécration tous étaient lavés, Aaron aussi bien que ses fils (1). Aaron et ses fils réunis représentent toujours l’Église, non comme assemblée et constituant un corps (chose cachée dans l’Ancien Testament), mais envisagés dans de certaines positions qu’ils occupent individuellement devant Dieu. Il n’y a qu’une seule sanctification, la même pour tous, la vie divine. Christ, dans sa nature, en est la source et l’expression ; nous y participons, mais elle est une.

1. Aaron est toujours uni à ses fils dans ces types ; car Christ ne saurait être séparé des siens, qui dans ce cas cesseraient d’être spirituellement. Mais Aaron a été oint personnellement sans du sang, chose du reste qui s’est vérifiée par rapport à Christ, historiquement. Il fut oint sur la terre. Ses disciples ne l’ont été qu’après sa mort. Christ a reçu l’Esprit pour l’Église d’une manière différente qu’au jour où il fut oint lui-même (Actes 2 v. 33). Cela s’est accompli après qu’il a été ramené d’entre les morts par le sang de l’alliance éternelle ; car c’est selon l’efficace de ce sang, en faveur de son peuple, qu’il a été ressuscité, comme Chef et Tête de l’Église. Dans l’onction de Christ sur la terre, le Saint Esprit était le témoin de la justice propre et personnelle de Christ et du fait qu’il était le Fils ; pour nous, l’Esprit est le témoin que nous sommes nets par le sang de Christ, justice de Dieu en lui, et fils par adoption.

Mais si Aaron et ses fils sont lavés tous ensemble, Aaron est oint à part, sans sacrifice, sans du sang ; mais ses fils sont aspergés de sang sur l’oreille, le pouce de la main droite, et le gros orteil du pied droit ; l’obéissance, l’action et la marche, étant mesurées et gardées par le prix et selon la perfection du sang de Christ. Puis, ils sont aspergés de sang et de l’huile de consécration, c’est-à-dire mis à part par le sang et par l’onction du Saint Esprit. Le lavage d’eau représente l’œuvre de l’Esprit de Dieu dans la puissance sanctifiante de la Parole ; l’onction, la présence personnelle de l’Esprit, son énergie en intelligence et en puissance, en un mot, Dieu agissant en nous.

Il est important de remarquer ici que le sceau du Saint Esprit vient après l’aspersion du sang, non après le lavage d’eau. En effet, il faut que nous soyons régénérés ; mais ce n’est pas cette purification-là qui, par elle-même, nous place dans un état que Dieu puisse sceller de son sceau : le sang de Christ en est seul capable. Par ce sang, nous sommes parfaitement nettoyés, rendus blancs comme la neige, et le Saint Esprit vient rendre témoignage du prix que Dieu attache à cette effusion de sang. C’est pourquoi, aussi, tout était aspergé avec Aaron. Le sang de Christ et l’Esprit saint nous ont associés à Christ, là où il est, en vertu de son sacrifice parfait (c’était le bélier des consécrations), et là où sont la présence, la liberté, et la puissance de l’Esprit Saint.

Tous les sacrifices étaient offerts : le sacrifice pour le péché, l’holocauste de bonne odeur, le bélier de consécration (qui avait le caractère du sacrifice de prospérité), accompagné du gâteau. Ces sacrifices se trouvent expliqués dans le livre du Lévitique. Je ne fais qu’indiquer ici leur signification : 1) Christ fait péché pour nous, première nécessité de l’âme ; 2) Christ obéissant jusqu’à la mort, se dévouant pour la gloire de son Père et pour nous comme appartenant au Père ; 3) la communion de Dieu, du Sauveur, de l’adorateur et de toute l’Église ; et 4) Christ dévoué en sainteté de vie sur la terre, mais éprouvé même jusqu’à la mort.

Il est à remarquer que lorsque Aaron et ses fils furent oints, ses fils et leurs vêtements furent oints avec lui, non les vêtements de ces derniers avec eux ; tout se rapporte au chef. Aaron et ses fils mangent les choses avec lesquelles l’expiation avait été faite. Telle est notre portion en Christ, la viande de Dieu par laquelle nous demeurons en Christ et Lui en nous. Ensuite vient, attachée à cette sacrificature, la perpétuelle bonne odeur du sacrifice, dans laquelle le peuple se présente devant Dieu, bonne odeur qui était continuellement au milieu du peuple, et selon l’efficace de laquelle il était donné à celui-ci de se tenir autour de Dieu. L’holocauste était offert à la porte du tabernacle d’assignation : là, Dieu se rencontrait avec le peuple.

Sur l’arche il se rencontrait sans voile avec le médiateur, et lui donnait ses commandements pour les enfants d’Israël, selon sa propre perfection. À l’entrée du tabernacle, il se met au niveau du peuple, tout en parlant au médiateur. Cette demeure de Dieu au milieu du peuple est sanctifiée par sa gloire. Le tabernacle, l’autel, les sacrificateurs sont sanctifiés, et Dieu habite au milieu du peuple qui l’entoure. C’est dans ce but même qu’il l’avait fait sortir d’Égypte : précieux tableau de la manière, bien meilleure et plus élevée, dont Dieu habite au milieu de nous. Observons encore que Dieu n’habita jamais avec l’homme avant que la rédemption fût accomplie ; il n’habita ni avec Adam innocent, ni avec Abraham, ni avec d’autres. Mais dès que la rédemption est accomplie, Dieu dit : « Et ils sauront que moi, l’Éternel, je suis leur Dieu, qui les ai fait sortir du pays d’Égypte, pour habiter au milieu d’eux  (chapitre 29 v. 46) ».

Chapitres 30 et 31.

La sacrificature étant ainsi établie, et les relations du peuple avec Dieu qui demeurait au milieu de l’assemblée, réglées, le chapitre 30 nous présente aussitôt l’intercession de Christ en grâce (toutes ses perfections s’élevant vers L’éternel comme un parfum de bonne odeur), et son service pour faire briller la manifestation de Dieu par l’Esprit (verset 7). Le peuple était identifié avec ce service par l’effet du rachat (verset 11 à 16). Il ne pouvait ni entrer là, ni servir (1) ; mais ceux qui faisaient partie du peuple y étaient tous représentés dans leur qualité de rachetés.

1. Les places étaient marquées, mais non pas notre entrée dans ces places, avec tout ce qu’implique la déchirure du voile.

Puis, nous avons la cuve d’airain, entre l’autel d’airain et le tabernacle, la purification (1) pour la communion avec Dieu et pour son service dans le tabernacle : premièrement, le lavage de tout le corps, puis celui des mains et des pieds (pour nous, des pieds seulement, puisqu’il ne s’agit que de notre marche ici-bas), chaque fois qu’on prenait part au service.

1. C’était le lavage d’eau par la Parole, la purification du cœur de l’homme pour faire de lui un adorateur, en nature d’abord (mais ce n’était pas la cuve : les sacrificateurs étaient lavés tout entiers pour être tels, mais l’Écriture ne dit pas qu’ils le fussent dans la cuve, comparez Jean 13), et ensuite en pratique, selon la pureté de la vie divine par l’Esprit, par la parole, et particulièrement lorsque l’adorateur avait failli dans sa marche ; car la communion exige non seulement l’acceptation de la personne, mais la purification. Sans cette purification, la présence de Dieu agit sur la conscience, non pas en nous faisant jouir de sa communion, mais pour convaincre de péché.

Christ, même comme homme, possédait par nature cette pureté, et il s’y maintenait par les paroles de la bouche de Dieu. Quant à nous, il nous faut être rendus participants de cette pureté présentée par la Parole, et aussi faire usage habituellement de la Parole pour nous purifier. L’idée et la mesure de la pureté sont les mêmes pour Christ et pour nous : « Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme Lui a marché » ; « il se purifie, comme lui est pur ». Pour les relations ordinaires du peuple, considéré comme peuple d’adorateurs, avec l’Éternel, il y avait la génisse rousse (Nombres 19). Ses cendres étaient mises dans l’eau vive ; ce qui veut dire que le Saint Esprit applique par la Parole les souffrances de Christ pour le péché, au cœur et à la conscience de l’homme, dans le but de le purifier.

Ces souffrances pouvaient avoir toute leur force morale de purification, puisque le souvenir démontrait que le péché avait été consumé, quant à l’imputation, par le feu du jugement de Dieu, dans le sacrifice de Christ lui-même. Le sang de la génisse avait été mis par sept fois devant la porte du tabernacle, lieu où nous venons de voir que Dieu se rencontrait avec le peuple ; mais pour rendre culte et servir Dieu, il faut posséder une purification qui soit selon la mesure de Christ (autant du moins que nous réalisons cette mesure), afin que la conscience ne soit pas mauvaise, et qu’ainsi il y ait progrès.

Enfin, nous avons l’huile et l’encens. L’huile odoriférante n’était que pour les sacrificateurs ; l’homme, dans sa nature d’homme, vu dans sa condition naturelle dans la chair, ne pouvait y participer. Le parfum aromatique est le type des grâces précieuses qui se trouvent dans la personne de Christ, la saveur des grâces divines manifestées, et une bonne odeur dans l’homme. Lui seul répond à ce type.

L’institution et l’obligation du sabbat (1) étaient associées au tabernacle d’assignation, comme un signe entre Dieu et le peuple, ainsi que cela était arrivé pour chaque forme nouvelle de relation que Dieu avait établie entre lui et son peuple, car ce qui distingue le peuple de Dieu, c’est d’avoir part à son repos.

1. Voyez pour le sabbat : Genèse 2 v. 2 et 3 ; Exode 16 v. 5, 22, 30 ; 20 v. 8 ; 31 v. 12 à 17 ; 34 v. 21 ; 35 v. 2 ; Lévitique 23 v. 3 ; 19 v. 3, 30 ; Nombres 15 v. 32 ; Deutéronome 5 v. 12 ; Lévitique 24 v. 8 ; Ésaïe 58 v. 13 ; Ézéchiel 20 v. 12 ; Néhémie 9 v. 14.

Enfin, Dieu donne à Moïse les deux tables de la loi.

Chapitre 32.

Pendant que Dieu préparait les choses précieuses qui se rattachaient à ses relations avec son peuple (1), celui-ci, qui ne portait pas ses pensées au-delà de l’instrument humain de délivrance, abandonne complètement l’Éternel : chute triste et précoce, mais certaine, du moment qu’Israël avait fait, de son obéissance à la loi, la condition de la jouissance des promesses. Aaron tombe avec eux.

1. Le tabernacle avait une double signification. Il était la manifestation des choses célestes (Hébreux 9 v. 20 à 23), et le moyen pour un peuple pécheur de se rapprocher là de Dieu. Mais il est intéressant d’envisager le tabernacle sous un autre point de vue. Premièrement, il signifie les cieux mêmes, car Christ n’est pas entré dans le tabernacle, mais dans le ciel même. L’univers lui-même, dans un certain sens, est la maison de Dieu. Mais, de plus, l’unité de l’Église, comme édifice céleste, est représentée par le tabernacle de Dieu en Esprit. C’est le corps de Christ. Ces deux sens, l’univers et l’Église comme maison, sont liés étroitement au commencement du chapitre 3 de l’épître aux Hébreux.

Christ, Dieu, a bâti toutes choses ; or nous sommes sa maison. Il remplit tout en tous, mais demeure dans l’Église ; ce sont deux cercles concentriques, quoique bien différents dans leur nature. Comparez aussi la prière d’Éphésiens 1 v. 21 et 22, qui lie ces deux choses sous Christ Chef, et encore plus clairement Éphésiens 2 v. 16 à 21. En Éphésiens 1, nous avons Christ Chef, non pas sa demeure, quoique la relation soit la même. Comparez Éphésiens 4 v. 4 à 6, quoi qu’ici ce soit sous la forme de l’Esprit, du Seigneur, et de Dieu, ce qui ne signifie pas simplement demeurer.

Ce qui répond le plus complètement à cette pensée, c’est la prière d’Éphésiens 3, où « la largeur et la longueur, la profondeur et la hauteur » ne se rapportent pas à l’amour, mais à la scène tout entière de la gloire de Dieu, au centre de laquelle nous avons notre place, parce que Christ qui est le centre demeure en nous. Sous un autre point de vue, la personne et la plénitude de Christ lui-même se trouvent représentées par le tabernacle ; car Dieu était en Christ, et ainsi le déchirement du voile est appliqué par l’apôtre à la chair de Christ, ou si l’on veut le voile lui-même : « à travers le voile, c’est-à-dire sa chair ». Il est évident que la demeure de Dieu est l’idée centrale de ces choses, comme un homme demeure dans sa maison, dans sa propriété.

Puisque tel est l’état du peuple, Dieu dit à Moïse de descendre ; et, dès cette heure, tout est mis sur un autre pied. Dieu a vu le peuple, non seulement selon ses conseils de grâce lorsqu’il était dans l’affliction, mais aussi selon ses propres voies : c’était un peuple de cou roide. Dieu dit à Moïse de le laisser faire, qu’il détruira ce peuple et fera de lui, Moïse, une grande nation. Moïse prend la place du médiateur, et, fidèle à son amour pour le peuple, en tant que peuple de Dieu, et à la gloire de Dieu, manifestée dans son peuple, avec un renoncement qui le rend uniquement attentif aux intérêts de cette gloire, écartant toute pensée personnelle, intercède dans ce magnifique plaidoyer qui en appelle à la nécessité de maintenir la gloire de l’Éternel et aux promesses sans condition faites aux pères (1). L’Éternel se repent. Le caractère de Moïse reluit ici dans toute sa beauté ; il est distingué parmi ceux que le Saint Esprit s’est plu à rappeler. La précieuse grâce de Dieu aime à décrire les exploits de son peuple et les fruits qu’il a portés, quoique Lui-même en soit seul la source.

1. L’appel aux promesses inconditionnelles faites aux pères, quand il s’agit du rétablissement du peuple de Dieu, est un principe général. Salomon, Néhémie, Daniel ne remontent pas à ces promesses inconditionnelles, mais s’arrêtent à Moïse, ce qu’il est important de remarquer pour avoir l’intelligence des voies de Dieu envers Israël.

Mais c’en était fait de l’alliance de la loi, d’après laquelle le peuple avait pris l’engagement de n’avoir d’autre Dieu que l’Éternel. Le premier et fondamental chaînon, celui de n’avoir pas d’autres dieux, venait d’être brisé du côté du peuple. Les tables de l’alliance n’entrèrent même jamais dans le camp sur le simple terrain de la loi. Le peuple avait rompu complètement avec Dieu.

Moïse, qui n’avait pas demandé à Dieu ce qu’il fallait faire de la loi, descend. Son oreille, exercée et prompte à discerner les dispositions morales du peuple, perçoit sa joie profane et légère. Peu après, il voit le veau d’or qui avait été élevé dans le camp avant même le tabernacle de Dieu, et, mû d’une sainte indignation, il brise les tables au pied de la montagne. Comment, en effet, placer la loi de Dieu à côté d’un veau d’or ? Et, n’ayant pas consulté Dieu, que pouvait-il en faire ? Naguère, zélé pour le peuple auprès de Dieu, par dévouement à sa gloire, et dans la conscience du lien qui existait entre Israël et cette gloire, parce que c’était le peuple de Dieu, le même sentiment le porte actuellement à être zélé pour Dieu auprès du peuple. Car la foi voit plus que le fait que Dieu est glorieux, chose que chacun reconnaît. La foi lie le peuple de Dieu à la gloire de Dieu lui-même ; dès lors, elle compte sur Dieu pour la bénédiction de son peuple en tout état de choses, car cette bénédiction est dans l’intérêt de Sa propre gloire, et elle insiste sur la sainteté, coûte que coûte, conformément à cette gloire, afin que celle-ci ne soit pas foulée aux pieds parmi ceux qui sont identifiés avec elle.

Lévi répondant à l’appel de Moïse, dit de ses frères et des enfants de sa mère : « Je ne vous ai point connus », et se consacre à l’Éternel. Moïse, maintenant plein de zèle pour lui, mais non point selon la connaissance, et agissant d’une manière que Dieu a permise pour notre instruction, propose au peuple de monter de nouveau sur la montagne, dans la pensée qu’il lui sera permis, peut-être, de faire expiation pour ce péché. Il demande à Dieu d’être rayé de son livre, plutôt que de voir son peuple exclu du pardon. Mais Dieu refuse, et quoi qu’il épargne Israël à cause de la médiation qui lui est offerte, et le place sous le gouvernement de sa patience et de son long support, il ne laisse pas de placer, en même temps, chaque membre du peuple sous le fardeau de sa responsabilité envers Lui, c’est-à-dire sous la loi, déclarant qu’il effacerait de son livre l’âme qui aurait péché.

Ainsi, la médiation de Moïse était valable en ce sens, que Dieu, comme Souverain de son peuple, lui pardonne et le réintègre sous son gouvernement, dont nous aurons bientôt l’occasion d’étudier les principes ; mais cette médiation était sans valeur pour faire l’expiation du péché des Israélites, pour les mettre à l’abri de ses effets et les soustraire au glaive de la loi (1). Dieu ordonne à Moïse de conduire le peuple au lieu dont il avait parlé, et il ajoute que soit ange irait avec lui.

1. C’est pourquoi cette révélation de Dieu, quoique le caractère qui y est proclamé soit si riche en bonté, est appelée par l’apôtre le ministère de mort et de condamnation (2 Corinthiens 3 v. 3, 7, 9). Car si le peuple était encore sous la loi, plus Dieu était bon, plus le peuple était coupable.

Remarquons, en passant, quelle différence entre l’œuvre de Moïse et celle de notre précieux Sauveur ! Le Christ descend, du lieu de sa demeure dans le sein du Père, pour faire Sa volonté ; et tout en gardant la loi (au lieu de détruire les tables, signes de cette alliance, aux exigences de laquelle l’homme était incapable de satisfaire), c’est lui qui porte la peine de son infraction. Puis, ayant accompli l’expiation avant de retourner en haut, au lieu de monter, avec sur les lèvres, un triste peut-être que la sainteté de Dieu fait évanouir immédiatement, il monte en haut avec son précieux sang, signe que l’expiation est accomplie et que l’alliance nouvelle est confirmée ; et la valeur de ce sang ne pouvait être douteuse aux yeux du Dieu devant qui il allait le présenter. L’Église, hélas ! n’a que trop imité la conduite d’Israël, pendant l’absence du vrai Moïse : elle a attribué à la providence ce qu’elle avait façonné de ses propres mains, parce qu’elle voulait avoir sur la terre quelque chose sur quoi elle pût arrêter ses regards.

Chapitre 33.

Voyons maintenant ce qui s’est passé du côté du peuple et de celui de Moïse, témoin fidèle et zélé, comme serviteur de Dieu dans sa maison. Ici, nous trouverons une médiation nouvelle que Moïse opère en tranquillité, pour ainsi dire, en pesant saintement et par la foi les relations entre la miséricorde et la justice de Dieu. Ce n’est plus chez Moïse l’indignation et la sainte colère qui étaient bien à leur place, à la vue du péché, tout en ne sachant que faire, car comment placer la loi de Dieu à côté du veau d’or ? L’Éternel déclare qu’il enverra un ange et que Lui-même n’ira pas au milieu du peuple, de peur de le détruire en chemin, vu qu’il est un peuple de cou roide. La suite des faits qui ont donné lieu à cette nouvelle intercession, est d’un touchant intérêt.

Dieu, après avoir annoncé son intention de se rendre au milieu des enfants d’Israël pour les détruire, leur prescrit d’ôter leurs ornements, ajoutant qu’il saurait ensuite ce qu’il aurait à faire : grâce sainte de Dieu, qui doit frapper s’il a devant les yeux l’insolence du péché, mais qui veut que le peuple s’en dépouille, et (pour parler le langage des hommes) lui laisse le temps de réfléchir au traitement qui convient au péché d’un peuple humilié de l’avoir abandonné !

Toutefois, Dieu n’abandonne pas le peuple. Moïse entre par l’Esprit, saintement et consciencieusement, dans la pensée de Dieu ; et, avant que le tabernacle fût dressé, il quitte le camp et établit en dehors une place pour Dieu ; il prend une tente et la dresse, l’éloignant de ce lieu où le peuple avait mis un faux dieu à la place de l’Éternel, et avait changé sa gloire en la ressemblance d’un veau qui mange le foin. Il donne à cette tente le nom de « tente d’assignation », pour indiquer que c’est le lieu de rencontre entre Dieu et ceux qui le rechercheront (1). Ce nom en lui-même est déjà important, parce que l’idée qu’il présente n’est plus simplement celle de Dieu au milieu d’une assemblée reconnue ; cette idée était une de celles qui se liaient au tabernacle, ainsi que nous l’avons fait remarquer. Moïse étant hors du camp, Dieu déclare maintenant qu’il ne montera pas au milieu des enfants d’Israël, de peur de les détruire en chemin comme il les en avait menacés.

1. Jaloux pour la gloire de Dieu, Moïse anticipa le tabernacle qui devait être dressé selon les pensées et les ordonnances de Dieu, et qu’il avait vu, étant en communication avec lui sur la montagne. C’était bien au fond la même chose ; mais ce tabernacle était hors du camp, et, aux yeux des hommes, il présentait une espèce de désordre, n’ayant ni la forme ni l’arrangement ordonné de Dieu. Dieu n’avait pas même prononcé une parole pour dire à Moïse de le faire. Toutefois, Dieu manifestait là sa présence, et la foi y trouvait ce qu’elle venait y chercher : une tente où Dieu se faisait voir et où il voulait qu’on vînt le rencontrer. On peut même dire que la construction de cette tente fut, pour la foi, une occasion de se montrer avec plus d’évidence que lorsque le tabernacle fut dressé régulièrement. Alors la colonne de nuée descendit comme un témoignage à la foi de Moise.

Moïse commence son intercession, maintenant qu’il a pris une position individuelle, la seule compatible avec la fidélité à Dieu ; mais, par cela même qu’elle le place plus près de lui, en le mettant plus exclusivement à part en sa présence, cette position a pour effet de l’attacher plus fortement au peuple. C’est là ce que produit la séparation, quand elle est dictée par la fidélité, et qu’elle a pour objet la gloire de Dieu, et qu’elle nous rapproche de Lui.

Il faut remarquer ici que Dieu a pris le peuple sur parole. Le peuple, agissant selon sa foi, ou plutôt son manque de foi, avait dit « Ce Moïse qui nous a fait monter d’Égypte » ; Dieu dit : « Le peuple que tu as fait monter d’Égypte s’est corrompu ». C’est pourquoi, Dieu dit à Moïse : « tu », s’adressant au médiateur. Moïse dit : « Ton peuple » (chapitre 32 v. 1, 7, 12 à 34). Cependant ensuite, quand le peuple s’est dépouillé de ses ornements et que Moïse a pris la position de médiateur, Dieu dit au chapitre 33 v. 1 : « Toi et le peuple que tu as fait monter (1) ». Tout se lie maintenant au médiateur.

1. Ici Moïse représente réellement Christ, mais non pas Christ hors du camp.

Moise ayant pris place hors du camp, Dieu se révèle à lui comme il ne l’avait jamais fait auparavant. Les enfants d’Israël voient que Dieu s’arrête à l’entrée du pavillon que Moïse avait dressé, et ils se prosternent chacun devant sa tente.

L’Éternel parle à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami. On verra que c’est à cet entretien que Dieu fait allusion, lorsqu’il parle de la gloire de Moïse (1) (Nombres 12 v. 8), et non à ses entretiens sur la montagne de Sinaï. Moïse, comme médiateur de témoignage, va dans le camp ; mais Josué, chef spirituel du peuple (Christ en Esprit), ne bouge pas de la tente. Moïse reconnaît maintenant l’ordre que Dieu lui avait donné de faire monter ce peuple. Il est auprès de lui le médiateur de qui tout dépend. Mais il n’ose aborder la pensée de monter seul, sans savoir qui serait avec lui. Dieu l’a pleinement reconnu en grâce, et il désire connaître qui ira devant lui. Il demande donc, puisque Dieu lui fait grâce (car Dieu le lui avait dit), de connaître son chemin, le chemin de Dieu, et non pas seulement d’avoir un chemin qui le conduise lui, Moïse, en Canaan, mais « ton chemin » ; ainsi il connaîtra Dieu, et dans Son sentier et Sa marche il trouvera grâce devant ses yeux.

Dieu répond que Sa face ira, et qu’il donnera du repos à Moïse : les deux choses dont le médiateur avait besoin pendant sa traversé du désert. Moïse alors introduit la pensée du peuple et dit : « Ne nous fais pas monter », et : « que nous ayons trouvé grâce, moi et ton peuple ! » C’est ce que l’Éternel accorde aussi. Et maintenant Moïse désire pour lui-même de voir la gloire de l’Éternel. Mais cette face qui doit aller pour conduire Moïse et le peuple, Dieu ne peut pas la faire voir à Moïse. Dieu prendra soin de se cacher pendant son passage, et Moïse le verra par derrière (après).

1. Il est de tout intérêt de voir que, quelle que fût la gloire dans laquelle Dieu s’est manifesté à Moïse sur la montagne, avant la chute du peuple, ou quelle que fût celle qui lui a été révélée plus tard, comme bases du gouvernement de Dieu, c’est à la suite de sa séparation du camp corrompu (séparation accomplie par la foi, parce que la conscience l’exigeait), que l’intelligence des voies de Dieu, l’intimité que lui a value cette intelligence, et par conséquent la gloire, lui ont été accordées. C’est dans cet état de séparation qu’elles se réalisent ; séparation, souvenons-nous-en, qui découle du sentiment de la gloire de Dieu.

On ne peut pas rencontrer Dieu dans Son chemin, comme si l’on était indépendant de lui, et qu’on fût capable de se faire, à son sujet, des idées qui ne seraient pas fournies par la révélation de sa gloire et de ses perfections, révélation qui se trouve dans ses voies : une fois qu’il est passé, on voit toute la beauté de celles-ci. Qui aurait pu prendre l’initiative pour proposer une chose telle que la croix ? Quand Dieu a fait cette chose à lui seul, sa perfection tout entière y éclate et rejaillit sur le cœur.

Dieu pose donc deux principes, savoir : sa souveraineté, qui lui permet d’agir en bonté envers le méchant (car en justice il aurait retranché tout le peuple), et les conditions de son propre gouvernement, sous lesquelles il place le peuple, son caractère se donnant à connaître dans ses voies à son égard.

 

Arthur KatzUn message de John Nelson Darby.
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