Le feu étranger.1

Le feu étranger.1

Le feu étranger, c’est rejeter le feu de l’alliance. C’est revenir à l’Éden pour manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

Je vous invite à ouvrir vos Bibles dans le livre du Lévitique. Nous allons commencer à la fin du chapitre 9, au verset 23, et continuer avec les premiers versets du chapitre 10 : « Moïse et Aaron entrèrent dans la tente de la rencontre. Lorsqu’ils en sortirent, ils bénirent le peuple, et la gloire du Seigneur apparut à tout le peuple. Un feu sortit de devant le Seigneur et consuma sur l’autel l’holocauste et les graisses. Tout le peuple le vit, poussa des cris de joie et tomba face contre terre. Nadav et Abiou, fils d’Aaron, prirent chacun une cassolette, y mirent du feu, placèrent de l’encens dessus et présentèrent devant le Seigneur un feu profane, qu’Il ne leur avait pas ordonné. Alors, un feu sortit de devant le Seigneur et les dévora. Ils moururent là, devant le Seigneur ».

Dans nos dernières méditations, notamment la dernière, nous avons parlé de l’autel des parfums. Ici, il nous est parlé du premier sacrifice offert au moment où le tabernacle fut construit, lorsque le peuple d’Israël était en train de le dédicacer, c’est-à-dire de le présenter à Dieu et de l’inaugurer.

En hébreu, « dédicace » se dit « Hanoukka ». C’est la fête de la dédicace. Vous verrez dans l’Évangile que Jésus se trouvait dans le temple, sous les portiques de Salomon, pendant la fête de la dédicace, appelée « Hanoukka ». « Hanoukka » signifie donc « dédicace » en hébreu. Je ferme cette parenthèse.

Le feu qui était sur l’autel ne devait jamais s’éteindre. Les prêtres devaient toujours l’alimenter afin qu’il reste constant, le même feu, présent à la fois sur l’autel des sacrifices et sur l’autel des parfums. Que voyons-nous ici ? À l’inauguration, Moïse et Aaron, le sacrificateur et symbole prophétique du Messie en Moïse, entrent dans la tente de la rencontre, c’est-à-dire le tabernacle. Quand ils en sortent, la gloire de Dieu apparaît à tout le peuple.

Alors, le feu de Dieu, appelé « Lifné Adonaï » – ce qui signifie « devant la face de Dieu » (« Lifné » vient de « Panim », le visage, la face) – descend.

Dans la tradition juive, notamment du temps du temple, on parlait d’un personnage appelé « Malakh Panim », « l’ange de la face ». Cet ange de la face n’est autre que le Messie. Pourquoi l’appelle-t-on ainsi ? Parce qu’il est celui qui tourne sa face vers celle de l’Éternel, le seul digne d’être face à face avec Dieu. Ce feu apparaît donc de la face de l’Éternel pour consumer l’holocauste et les graisses. Il y a là de l’adoration, des louanges et le sacrifice sanglant de rachat.

Parlons un peu du feu.

Nous allons constater qu’il existe deux sortes de feu pour l’Éternel. Il y a le feu que l’Éternel allume, celui par lequel il approuve un sacrifice, comme nous venons de le lire. Il approuve l’holocauste offert sur l’autel et le consume par son feu. Ici, le feu représente l’alliance – nous y reviendrons dans un instant.

Mais il y a aussi un autre feu : le feu du jugement. C’est pourquoi Jean-Baptiste disait du Messie : « Il vous baptisera d’Esprit et de feu » (Luc 3  v. 16). Cela signifie qu’il vous donnera un esprit de vie, mais qu’il y aura aussi le feu du jugement, capable de consumer tout ce qui, en vous, n’est pas de Dieu.

Le feu est très symbolique. Du temps d’Abraham – nous en avons déjà parlé, mais il est bon de se rafraîchir la mémoire – lorsque l’Éternel a conclu une alliance avec lui, il l’a scellée. Pour cela, il a demandé à Abraham de couper en deux trois animaux, tandis que les oiseaux devaient rester vivants. Le signe de cette alliance, la signature de cet engagement, était que l’Éternel passait sous la forme d’un feu entre ces animaux.

À cette époque, on appelait cela « couper une alliance ». On coupait un animal en deux, et lorsque les termes du contrat étaient validés par les deux parties, elles passaient ensemble entre les morceaux pour sceller l’acte, comme un engagement notarié. Que signifiait cela ? « Si je ne tiens pas ma parole dans cet engagement pris avec toi, qu’il me soit fait comme à ces animaux ! »

C’était un engagement sérieux. Dans ce cas précis, seul Dieu s’était engagé, car Abraham ne passa pas entre les animaux – seul le feu de Dieu le fit.

On retrouve cette notion d’engagement dans le premier mot de la Torah (Pentateuque), « Béréshit ». Les deux premières lettres (Bet et Resh) et les deux dernières (Yod et Tav) forment le mot « Brit », qui signifie « alliance ».

Les deux lettres du milieu, « Aleph et Shin », forment le mot « Esh », « feu ». Dès le premier mot de la Torah, nous avons cette idée du feu qui passe entre les animaux pour sceller l’alliance. Que s’est-il passé ici ? L’Éternel rappelle à son peuple, aux descendants d’Abraham : « J’ai scellé avec votre ancêtre une alliance éternelle. Je la démontre en cet instant. J’agrée le sacrifice, et c’est mon feu qui vient consumer cet holocauste sur l’autel. Je vous demande d’entretenir ce feu, le feu de l’alliance ! »

Évidemment, lorsque le peuple a vu cela, non seulement ils ont été témoins de la gloire de Dieu, mais aussi du fait que Dieu a agréé cette alliance avec Israël. Il a montré qu’il était leur Dieu, que l’Éternel était leur Dieu et qu’eux étaient le peuple de l’Éternel.

Alors, ils crièrent de joie, poussèrent des exclamations et tombèrent face contre terre pour adorer Dieu.

Mais un problème survint.

Ceux qui étaient appelés à la sacrificature, Nadav et Abiou, fils d’Aaron, pris dans cet élan émotionnel, vinrent avec un autre feu. Ils prirent chacun une cassolette – un encensoir ou un récipient pour les braises – y mirent du feu et jetèrent dessus le parfum de l’autel.

Rappelez-vous ce que nous avons dit la dernière fois au sujet de ce parfum. Il était composé d’aromates, d’épices odoriférantes qui produisent une bonne odeur. Il y avait le « stacté » (Nataf en hébreu), qui signifie « goutte » ou « rosée », mais aussi « esprit de prophétie » ou « faire couler ».

Il y avait l’ « onyx » (Shekhelet), lié à « Shaaral », rugir, symbolisant le lion. Il y avait aussi la « khelbena », dont la racine « Khev » signifie « entrailles » ou « graisse », évoquant l’obéissance et le meilleur, ce qui renvoie au sacrifice parfait de Christ, le Roi d’Israël, le Lion de Juda. Ce parfum représente le Messie, qui s’est offert dans l’obéissance jusqu’à la mort, jusqu’à la croix. C’est ce parfum de bonne odeur. Et il nous est demandé de faire cessation, un shabbat, pour entrer dans cette œuvre accomplie en Christ.

Mais ici, quelque chose de terrible s’est produit. Ce n’était pas le feu de l’Éternel, le feu de l’alliance, qui a consumé ce parfum. C’était un feu de la chair, un feu d’émulsion émotionnelle, un feu de bons sentiments. Cela pose un problème, car à ce moment-là, les deux fils d’Aaron n’ont pas sanctifié le nom de l’Éternel devant le peuple.

Que signifie sanctifier le nom de l’Éternel ?

Cela veut dire que, par notre obéissance, par ce parfum versé sur l’autel avec le feu de l’Éternel, nous sanctifions son nom dans notre vie. Nous montrons à tous que nous sommes enfants de Dieu, rachetés par grâce en Jésus-Christ. Par notre obéissance, nous démontrons que l’Éternel est séparé de son ennemi et de tout ce que celui-ci produit dans ce monde. Notre obéissance nous fait sortir de la logique du monde, conduit par Satan, pour entrer dans l’obéissance à la loi de l’Éternel en Jésus-Christ.

Il est même précisé que Dieu ne leur avait pas ordonné cela. Il ne leur avait jamais demandé d’apporter un tel feu et d’y jeter l’encens réservé à l’autel des parfums. Cela a dû jeter un froid dans l’assemblée. Le peuple a dû se dire : « Attends, je ne comprends pas. Le Seigneur a attesté qu’il agréait l’holocauste. Il a fait sortir un feu de devant lui pour le consumer. Et tout de suite après, un feu de jugement arrive ? Pourtant, Seigneur, on ne comprend pas. Les fils d’Aaron sont venus, pétris de bons sentiments. Ils voulaient t’honorer, t’adorer. C’étaient de bonnes émotions pour Dieu. Pourquoi as-tu été si sévère ? Du feu de l’alliance, on est passé au feu du jugement en une fraction de seconde. Pourquoi, Seigneur ? »

Pourtant, ils ont fait quelque chose de grave. Dans nos traductions françaises, on ne peut pas toujours s’en rendre compte. Il faut aller chercher dans l’hébreu et examiner les mots clés de ce passage pour comprendre. Le feu étranger ou feu profane, s’appelle « Esh Zara ». « Zara » vient de la racine « Zar », qui signifie littéralement « étranger », « étrange », « autre », ou même « barbare ».

Dans la Bible, le terme « profane » fait référence à ce qui est commun, non sacré ou séculier, par opposition à ce qui est saint ou consacré à Dieu. Les choses profanes sont souvent vues comme impures ou dégradées, car elles ne sont pas sanctifiées pour un usage sacré. Être « profane » peut également désigner un manque de respect pour ce qui est saint, impliquant une attitude irrévérencieuse ou sacrilège. Ainsi, dans le contexte biblique, le profane représente une séparation d'avec le divin et les pratiques religieuses. Cela contraste fortement avec le sacré, qui est réservé et honoré dans la foi.

Cela désigne quelque chose d’illégitime, de pervers. On utilise aussi ce terme pour parler d’une prostituée, quelqu’un qui se détourne et rend profane. Ils ont donc apporté devant l’assemblée quelque chose de profane, qui s’apparente à une prostitution, quelque chose d’étranger au tabernacle, de barbare, d’illégitime. On ne comprend pas le symbole de cela. C’est un feu qui prend la place d’un autre, un feu illégitime.

Il est dit que les fils d’Aaron « mirent » (samou en hébreu) sur ce feu « Zara ». « Samou » signifie « accorder », « permettre », « consentir »,     « dévouer quelque chose à une chose ». Ils ont apporté un feu étranger, un feu profane, un feu de prostitution. En y mettant le parfum, ils ont consenti à changer l’alliance, à remplacer une personne par une autre, un « autre ». Ils ont ainsi introduit un feu de perversité et d’illégitimité.Examinons les noms des fils d’Aaron. Nadav semble positif au premier abord : il signifie « bonne volonté », « sacrifice volontaire », montrer qu’on est prêt à agir. Cela donne l’impression que ce feu et le fait d’y mettre le parfum étaient animés de bonnes intentions. Mais ce nom signifie aussi   « inciter », forcer quelqu’un à faire quelque chose qu’il ne veut pas forcément, l’obliger à entrer dans une dimension contraire à sa volonté.

  Quant à Abiou, son nom signifie « Dieu est Père » ou « Dieu mon Père ». Regardez ce qu’ils font : ils apportent un feu profane et y jette quelque chose de très saint, le parfum. C’est comme s’ils disaient : « Nous vous donnons la permission, nous vous accordons, nous vous incitons, nous vous forçons à adorer quelqu’un d’autre, et ce sera lui, Dieu le Père ! »

Cela nous rappelle quelque chose : le veau d’or. Ils étaient en train de reproduire le même péché que celui du veau d’or, dans le sanctuaire, au moment de la dédicace, la « Hanoukka ». Ils ont incité le peuple à entrer dans cela. Dieu n’a pas pu faire autrement que de juger très sévèrement ce qui venait de se produire. Pourquoi ?

Parce que s’il n’avait pas réagi immédiatement, cela aurait signifié : « Vous pouvez faire ce que vous voulez. Vous n’êtes pas obligés de suivre mes ordonnances. Agissez selon vos émotions, vos sentiments, vos envies ! »

Cela revient à dire : « Jugez vous-mêmes de ce qui est bon et de ce qui est bien. Continuez à manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Soyez des « Élohim (Dieu) », ceux qui décident par eux-mêmes de ce qui est bon ou mauvais. Faites comme vous voulez, vous n’êtes pas obligés d’obéir ! »

Si Dieu n’avait pas réagi, il aurait dû accepter cela. Il aurait dû accepter le contraire de ce qu’il est par nature : un Dieu trois fois saints.

C’est pourquoi Moïse dit à Aaron : « Ils n’ont pas sanctifié le nom de l’Éternel devant le peuple ». Ils ont incité le peuple à se prostituer, car ce n’était pas le feu de l’alliance qui consumait le parfum. Le parfum, c’est Christ, le sacrifice de Christ. Ils ont détourné le feu de l’alliance pour en faire un feu de prostitution, qui met à l’honneur quelqu’un d’autre que le Messie, tout en le nommant Messie.

Ils ont dit : « Regardez, ce parfum, c’est celui commandé par l’Éternel, et nous le jetons sur notre feu à nous ! » Cela fait penser à quelqu’un qui se fera passer pour le Messie et dira : « Je suis Dieu ! » Vous voyez la gravité de ce qui s’est produit ? Ils ont incité le peuple à adorer un autre dieu, Lucifer, à faire alliance avec un autre dieu. Tout cela est le résultat d’une effervescence émotionnelle et sentimentale.

Je ne dis pas qu’on ne peut pas manifester des sentiments ou des émotions par l’Esprit de Dieu – c’est une évidence. Mais je mets cela entre guillemets, car il nous faut faire très attention. Si nous vivons selon nos sentiments et nos émotions, surtout au début de notre marche chrétienne, il n’est pas surprenant que le Seigneur nous parle de manière plus ostensible. On ressent des choses. Je me souviens très bien – permettez-moi de partager quelques mots de témoignage.

Quand je me suis converti, le 2 janvier 1992 – on se souvient de ce genre de dates – c’était comme des vagues d’amour, des vagues de l’Esprit qui se déversaient sur moi, vague après vague, pendant plus d’une heure.

Il était trois heures du matin, et je ressentais physiquement la présence de Dieu. C’était tellement fort que j’ai réveillé mon épouse en lui disant :  « Prie pour moi, je crois que le Seigneur me visite ! » Elle, réveillée en pleine nuit, ne savait pas ce qui se passait. Elle m’a vu comme un fou furieux et a cru que le Seigneur revenait, elle a attrapé mon bras en disant : « Je pars avec toi ! »

Vous voyez un peu le tableau. C’était du ressenti, quelque chose de très réel. Pendant un temps, je marchais ainsi : il fallait que je ressente le Seigneur physiquement, que je l’entende presque audiblement pour comprendre et croire. Cela produisait de bons sentiments, mais je ne marchais pas par la foi.

Mais quand le Seigneur semblait se taire – je dis « semblait », car il ne nous quitte jamais – j’étais perdu. Je passais d’une grande joie à une grande dépression, une vie chrétienne en yoyo. Pourquoi ? Parce que je marchais au rythme de mes sentiments et émotions.

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« Il a sacrifié son trône et sa couronne ; il a donné sa vie et son sang ; sa justice, son Esprit, sa gloire, son trône même, tout, tout est à nous. Et c'est dans cet amour sans réserve qu'il nous invite à demeurer tous les jours de notre vie. »

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