Études sur la Parole.24

Études sur la Parole.24

Nombres chapitre 12 à 19 - Dans les Nombres, nous trouvons le service et la marche du peuple qui sont, en figure, le service et la marche des saints à travers ce monde : et par conséquent ce qui se rapporte aux Lévites, et à la traversée du désert.

Nombres chapitres 12.

Après cela (car quel prétexte la rébellion ne prendra-t-elle pas ?), Marie et Aaron parlent contre Moïse. La prophétesse et le sacrificateur (qui possèdent la parole de Dieu et l’accès auprès de lui, double caractère du peuple de Dieu), s’élèvent contre celui qui est roi en Jeshurun, et avec lequel Dieu parle comme avec un intime ami. En ceci, Moïse est à tous égards un type de Christ, qui est personnellement en dehors des droits que la grâce a conférés au peuple. Fidèle dans toute la maison de Dieu, il jouit de rapports intimes avec Lui. Marie et Aaron auraient dû avoir de la crainte. L’excuse des deux rebelles à leur acte, c’est que Moïse avait pris une femme éthiopienne, signe précieux pour nous de la souveraineté de la grâce, qui a introduit dans la bénédiction de Christ ceux qui n’y avaient aucun droit. Le peuple de Dieu, quels que fussent ses privilèges, aurait dû reconnaître cette souveraineté. Israël ne l’a pas voulu, et il a été frappé de lèpre. Toutefois, c’est dans son caractère de témoin ou prophète, que le peuple subit ce châtiment.

Aaron reprend sa place d’intercesseur, et parle humblement à Moïse : figure, je le pense, de l’humiliation d’Israël, fondée sur la valeur de l’intercession de Christ s’identifiant avec la position du peuple. Dieu répond que Marie doit être humiliée et châtiée, privée pour un temps de correspondance avec Lui, après quoi elle rentrera dans sa faveur. Le peuple attend sa réintégration. Souvenons-nous que l’Éternel rappelle ici le fait que la position la plus glorieuse pour Moïse appartenait au temps où il était séparé du peuple, c’est-à-dire lorsqu’il tendit la tente hors du camp, et l’appela « la tente d’assignation ». Le peuple ne l’avait que trop oublié. L’Église, de son côté, quand elle se prévaut, dans la pensée de se rendre spirituelle, de la gloire et de la position de ceux qui la composent, comme prophètes et sacrificateurs (caractères qui lui appartiennent effectivement), pour méconnaître les droits de Christ, roi en Jeshurun, ayant autorité sur la maison de Dieu, a lieu de considérer si elle ne se rend pas coupable de la rébellion dont nous parlons ici. Pour ma part, je le crois.

Chapitres 13 et 14.

Vient ensuite le mépris du pays désirable (chapitre 13). J’attirerai ici l’attention du lecteur sur quelques points mentionnés à ce sujet dans d’autres endroits de la Bible (1).

1. Voyez Deutéronome 1 v. 20 à 23.

L’Éternel a amené le peuple jusqu’à la frontière de Canaan ; Moïse lui dit de monter. Le peuple propose d’envoyer des espions ; Moïse y donne son consentement. Il paraît que Dieu l’a sanctionné ; ils y sont allés selon la parole de l’Éternel. Mais c’est par faiblesse et manque de foi que le peuple en a fait la demande. Il y a bien des choses que Dieu commande et que nous sommes tenus de faire, du moment qu’elles sont l’objet d’un commandement de sa part, car ses voies se manifestent dans leurs résultats, et cependant c’est notre manque de foi qui y a donné lieu. La conséquence en est que le résultat confirme abondamment la foi des fidèles, du Résidu ; mais l’infidélité moissonne ce qu’elle a semé. C’est ce qui a lieu ici. D’abord, le rapport que les espions font à Moïse est dans un bon esprit ; mais les difficultés se présentent sur-le-champ, et l’incrédulité les mesure selon l’homme, et non selon Dieu. Ensuite les témoins puisent leurs paroles dans les sentiments du peuple, et ils expriment un jugement fondé sur son incrédulité.

S’étant ainsi complètement détournés du Seigneur et étant tombés, par leur propre incrédulité, dans le courant de l’incrédulité du peuple, ils renient les convictions qu’ils avaient acquises lorsque la bonté de l’Éternel s’était déployée à leurs yeux. Ils en viennent à déclarer que le pays lui-même est mauvais, et finissent par se justifier en se plaignant de Dieu. Car maintenant ce n’est plus Moïse qui les a conduits ici, c’est Dieu lui-même ; ils l’en accusent. En outre, ils s’acharnent contre ceux dont le fidèle témoignage condamne leur incrédulité.

Combien souvent il en arrive ainsi. Les difficultés qui amènent au jour l’incrédulité du cœur, conduisent à dénigrer la position à laquelle Dieu nous a appelés et dont jadis nous avions goûté la bénédiction ! L’oubli de ce qu’est Dieu est cause de tout cela. Était-il, Lui, réellement semblable à une sauterelle, en comparaison des fils d’Anak ? Que faisait la hauteur des murs, s’ils tombaient au son d’une trompette ? Là-dessus, Dieu lui-même intervient. Ils vont enfin être traités selon leur foi ; ils périront dans le désert selon leur souhait ; les témoins fidèles et les enfants seront seuls introduits dans le pays, mais ce ne sera pas sans subir dans leurs marches les conséquences de l’infidélité de la masse du peuple. Toutefois, ils auront en partage d’autres espérances et d’autres consolations.

L’intercession de Moïse a pour effet d’obtenir que Dieu épargne le peuple ; mais voici sa déclaration : Il sera glorifié en jugement sur le peuple rebelle qui méprise les promesses, et la terre sera ainsi remplie de sa gloire (verset 21). Moïse en appelle ici à la révélation du nom de l’Éternel, d’après lequel il gouverne le peuple, et non aux promesses faites aux pères, et la réponse qui lui est faite est en rapport avec ce nom. Caleb préfigure le résidu fidèle. Josué n’est pas nommé (verset 24), car il représente Christ introduisant le peuple dans la terre de promesse.

Après les quarante ans passés dans le désert, Caleb a dû vaincre tour à tour les mêmes personnes qui avaient jeté l’effroi dans l’âme des espions. Quand, en opposition à l’incrédulité des autres, nous sommes appelés à jouir des effets de la promesse, cela ne nous fait pas échapper aux difficultés. Enfin, quand on a, comme Israël, jugé la folie de l’incrédulité et qu’on en voit les conséquences, il ne sert de rien d’entreprendre une œuvre pour chercher à les éviter. Dieu n’est pas avec nous, et, si nous persistons à monter, nous trouverons l’ennemi, tel que notre incrédulité nous l’a dépeint.

Chapitre 15.

Il est merveilleux de voir au chapitre 15, qu’après toute cette incrédulité du peuple, alors que Dieu avait déclaré que la terre serait remplie de sa gloire par le retranchement de l’assemblée rebelle, et qu’on aurait pu supposer que le pays serait à jamais perdu pour elle, l’Éternel rentre dans le calme parfait de ses conseils arrêtés d’avance et de son Être immuable, et donne des instructions pour le temps où le peuple sera entré dans le pays qu’Il lui a donné. Il parle des sacrifices de justice qu’Israël est invité à lui offrir de franche volonté, et du vin de joie dont ces offrandes seront accompagnées ; et comme il s’agit de grâce, l’amour de Dieu se répand au-delà d’Israël, rapproche l’étranger de son peuple, Il donne à l’un et à l’autre une même loi et une même ordonnance.

Les prémices Lui appartiennent. Les péchés d’ignorance sont pardonnés, moyennant le sacrifice exigé par la perfection des voies de Dieu. Le péché commis par fierté amène seul la destruction. Dieu ordonne que les robes soient bordées d’une frange avec un cordon de bleu, afin qu’on se souvienne de ses commandements, et qu’on soit gardé de ce qui les profanerait. Le principe céleste doit pénétrer dans les plus petits détails de notre vie, dans ceux qui sont même le plus près de la terre, si nous voulons éviter des maux sérieux qui attirent le jugement de Dieu.

L’introduction de l’étranger, dans ce chapitre, est du plus haut intérêt comme témoignage de grâce. Mais jusqu’à présent nous n’avons pas vu l’apostasie finale qui amène le jugement du ciel au moment même où elle est accomplie.

Chapitre 16.

Le chapitre 16 contient la rébellion ouverte de Dathan et d’Abiram, et spécialement la prétention du ministère en Israël de s’arroger à lui-même la sacrificature. Quelques-uns des chefs du peuple (et même, pour un moment, tout le peuple) ont, à la vérité, pris part à cette rébellion ; mais ils étaient entraînés par l’ambition d’un homme qui remplissait les fonctions du ministère. Le Nouveau Testament appelle cela « la contradiction de Coré », et c’est à lui que Moïse s’adresse tout premièrement. Le point principal du péché, sur lequel Moïse insiste, était que les fils de Lévi avaient pris une place qui ne leur appartenait pas. Coré entraîna les autres par la flatterie à s’associer à lui, dans le but de s’arroger la sacrificature officielle. Le cas de Dathan et d’Abiram était une question accessoire, relative à l’autorité de Moïse, à celle de la parole de Dieu par lui, et le jugement était une chose à part.

Mais cette prétention du ministère à s’arroger la sacrificature, est traitée comme une rébellion ouverte contre Dieu et l’autorité de sa parole portée par Moïse. Ce n’est pas toutefois la corruption du ministère dans l’enseignement de l’erreur elle-même, comme nous le voyons par la distinction que Jude en fait. Il nous montre la méchanceté naturelle chez Caïn ; la corruption religieuse dans l’enseignement, chez Balaam, qui prêchait l’erreur pour une récompense, et, chez Coré, la contradiction qui a pour conséquence la destruction. Souvenons-nous que Jude traite des résultats et de la fin réservés à la corruption et aux corrupteurs du christianisme. La contradiction de Coré est une révolte contre l’autorité de Christ, et contre le caractère distinctif (1) de sa sacrificature : une révolte excitée par un homme qui, occupant la position de serviteur, prétend être sacrificateur, et en faisant ainsi détruit la seule vraie céleste sacrificature de Christ.

1. C’est le mal ecclésiastique ; mais, en fait de rébellion, le mal allait plus loin. C’était la prétention du ministère à être la sacrificature. C’est là le mal signalé par Moïse, bien que Coré en ait fait approcher aussi d’autres que lui (verset 8 à 10).

Ruben était le fils aîné d’Israël, et Coré était de la famille la plus favorisée parmi les Lévites. La tribu de Ruben et la famille de Coré étaient voisines dans le camp, mais rien de ceci ne paraît dans les motifs qui les font agir.

C’était, en un mot, la rébellion ouverte et l’audace se présentant devant Dieu lui-même. Dieu en a bientôt fini avec leurs prétentions, car « qui s’est endurci contre lui et a prospéré ? » (Job 9 v. 4). Moïse en appelle à l’Éternel. Dathan et Abiram se prévalent du résultat de l’incrédulité de l’assemblée qui aurait pu déjà être en Canaan, pour en jeter le blâme sur Moïse. Quant à Coré, Moïse annonce que Dieu fera connaître quel est celui qui est saint et quel est celui qu’Il a choisi. Coré et les deux cent cinquante principaux de l’assemblée sont consumés ; Dathan, Abiram et les leurs, engloutis. Mais l’esprit de rébellion s’était emparé de toute l’assemblée. C’est maintenant que la sacrificature et l’intercession d’Aaron sont mises en évidence. Aaron se place avec un encensoir entre les morts et les vivants, et la plaie est arrêtée.

Nous verrons l’importance de cette dernière remarque dans ce qui va suivre, et quel est le seul principe sur lequel, vu l’existence des péchés et de la chair, Dieu peut faire traverser le désert à son peuple. Dans le désert, cette sacrificature, que Coré avait méprisée, est nécessaire ; mais c’est par la sacrificature seule que l’homme peut arriver au bout de la traversé du désert avec Dieu1. Moïse, en répondant à Coré, déclare que Dieu montrera qui Il avait choisi dans ce but ; c’est ce qu’Il va faire. Irrité du mépris et de l’injustice de Dathan et d’Abiram, Moïse en appelle à la justice et au jugement de Dieu. Dieu intervient par un jugement de complète destruction. Mais il y va de la gloire et de la maison de Dieu, lorsqu’il s’agit de savoir qui doit s’approcher de Lui.

Or l’autorité est impuissante pour conduire des gens tels que nous à travers le désert ; la chair est rebelle, et la dernière ressource de l’autorité est la destruction ; mais cela ne conduit pas un peuple à une bonne fin pour la gloire de Dieu, bien qu’Il soit glorifié en justice par cet acte. Moïse donc, dans ce caractère d’autorité qui frappe en justice, est impuissant pour introduire le peuple en Canaan. Dieu donne l’autorité sur son peuple rebelle à la sacrificature que sa rébellion avait tant méprisée. C’est Christ le sacrificateur, dans sa grâce et dans sa bonté, qui nous mène à travers le désert. Telle est la conclusion à laquelle nous arrivons à la fin du récit qui nous est fait de la marche du peuple de Dieu.

1 Il n’est question ici ni d’union avec Christ (elle était encore un mystère), ni même d’être des fils ; il s’agit de pèlerins traversent le désert. Dans ce caractère de pèlerins, nous sommes envisagés comme étant à part et distincts de Christ (tel est le caractère de l’épître aux Hébreux). J’ajoute ici qu’il y a une différence entre la sacrificature et l’intercession de l’Avocat (Hébreux et 1 Jean). Dans l’épître aux Hébreux, nous avons la sacrificature afin que nous recevions miséricorde et que nous trouvions grâce pour avoir du secours au moment opportun ; tandis que l’intercession de l’Avocat est destinée à rétablir la communion lorsque nous avons péché.

Chapitre 17.

Du chapitre 17 au chapitre 20, ce sujet est exposé avec les circonstances qui s’y rapportent. Premièrement, l’autorité d’Aaron est établie par des signes, produits par la puissance de Dieu, dans sa verge placée avec les autres près de Dieu, source de toute autorité. La puissance de vie et de bénédiction se montre avec une rapidité qui manifeste la présence de Dieu. Les boutons, les fleurs et les fruits croissent sur un bois sec : la sacrificature vivante et victorieuse de la mort par l’efficace divine (1) doit conduire le peuple ; l’autorité de Dieu est placée entre ses mains.

1. C’est la grâce. Le juste jugement pouvait détruire, non conduire à travers le désert : la grâce seule en est capable.

Le peuple charnel qui se fourvoie toujours, hardi naguère en face de la majesté de Dieu, s’effraye de sa présence, maintenant que sa grâce se manifeste, et dit qu’il ne peut s’approcher de Lui. Ceci donne occasion à des vues encore plus approfondies sur la position de la sacrificature en général.

Chapitre 18.

Au chapitre 18, la position de la sacrificature est clairement définie, aussi bien que celle des Lévites. Les sacrificateurs seuls s’approchent du sanctuaire ; eux seuls sont capables de cette intimité avec Dieu. Mais, en conséquence de leur position, il y a, comme effet de cette proximité, des péchés, de l’iniquité, qu’ils sont appelés à porter, et qui ne seraient pas remarqués chez ceux de dehors. Ce qui ne convient pas à la présence et au sanctuaire de Dieu, ne convient pas à ses sacrificateurs. Ils portent l’iniquité du sanctuaire. Si le peuple désobéissait à la loi, sans doute il était puni ; mais ce qui souillait le sanctuaire tombait sur Aaron et sur ses fils. Quelle est donc la mesure de sainteté donnée aux enfants de Dieu, qui seuls sont les vrais sacrificateurs ! Le service des Lévites et les Lévites eux-mêmes étaient donnés en pur don aux sacrificateurs. La sacrificature aussi était un pur don à Aaron et à ses fils. À cause de l’onction, les choses saintes leur étaient données à manger, ce qui était un privilège spécial des sacrificateurs. Il en est de même pour nous.

Ce qu’il y a de précieux sous tous les rapports dans l’offrande de Christ, dans sa vie et dans sa mort ; dans ce pain descendu du ciel, contemplé dans sa vie de dévouement et de grâce ici-bas, et dans sa mort pour nous, tout cela est la nourriture de nos âmes, dans cette communion avec Dieu, dans laquelle nous sommes nous-mêmes gardés dans notre sacrificature. Les sacrificateurs seuls mangeaient les choses saintes, et ils les mangeaient dans un lieu saint. Ce n’est que dans le sentiment de la présence de Dieu et sous l’efficace d’une huile qui n’est jamais placée sur la chair, que nous pouvons vraiment réaliser ce qui est précieux dans l’œuvre de Christ.

Le verset 10 du chapitre 18 présente quelque chose de très remarquable, car ce qui est dit ici, c’est qu’ils devaient les manger dans le lieu très saint. Il est vrai que l’on peut traduire : « comme des choses très saintes ». Mais si le sens est bien « dans le lieu très saint », il ne se rapporte qu’à l’antitype, savoir, que c’est dans la pensée et devant le trône du Dieu souverain lui-même, que nous pouvons réellement goûter cette précieuse nourriture. Historiquement les sacrificateurs n’y étaient pas ; ils seraient ici censés y être, étant dans le sanctuaire de Dieu.

Il y avait des choses qui appartenaient à la famille sacerdotale, mais qui n’étaient pas mangées comme celles du verset 10 dans le caractère sacerdotal, telles que des offrandes élevées, des offrandes tournoyées ; les filles en mangeaient comme les fils ; tous ceux qui étaient nets dans la maison sacerdotale pouvaient y participer. Ainsi, dans les joies des enfants de Dieu, il y en a qui leur appartiennent comme formant une famille. Nous jouissons des bénédictions qui nous sont accordées, et de tout ce qui est offert par l’homme à Dieu. C’est une joie pour l’âme. Tout ce que l’Esprit de Christ opère à la gloire de Dieu, même dans ses membres, et encore plus ce qu’il fait en Christ lui-même, est la nourriture de l’âme des gens de la maison de Dieu et les fortifie.

Nos âmes ne jouissent-elles pas de ces prémices, le meilleur du moût et du froment, les premiers fruits de cette belle récolte de Dieu, le produit de sa semence sur le terrain de son élection ? Oui, nous en jouissons en y pensant. Mais les sacrifices pour le péché, pour le délit, les gâteaux, tout ce en quoi nous prenons part en esprit dans l’œuvre profonde de Christ, ne se mange que dans le caractère et dans l’esprit du sacrificateur. Il nous faut entrer, selon l’efficace de cette œuvre de Christ, dans l’esprit dans lequel il se présente lui-même à la suite de son sacrifice, mus par son amour parfait, en la présence du Très-Haut ; il nous faut participer aux sentiments d’amour, de dévouement, dans la conscience de la sainteté de Dieu ; en un mot, il nous faut entrer dans les sentiments avec lesquels Christ se présente comme sacrificateur devant Dieu, afin de lier, par l’amour et l’efficace de son offrande, la sainteté de Dieu à la bénédiction de celui qui a péché, afin de réaliser ce qui est précieux en Christ dans cette œuvre, et afin d’y prendre part (car il en est ainsi) en grâce. En effet, cela n’a lieu que dans le lieu très saint, dans la présence de Dieu, où Christ comparaît pour nous.

Enfin, soit les joies familiales de la maison de Dieu, soit cette sainte participation en esprit à l’œuvre de Christ, tout ce dont nous venons de parler appartient à la sacrificature. Les Lévites mêmes devaient reconnaître, en tout ce que Dieu leur donnait comme étrangers sur la terre de promesse, les droits et l’autorité des sacrificateurs.

Or, si l’on veut distinguer, tous les chrétiens sont sacrificateurs : les ministres, en tant que ministres, ne sont que des Lévites. Leur service consiste à fournir à la joie de la sacrificature et à vaquer au service des saints devant Dieu (il n’est pas question ici de service vis-à-vis du monde, parce que l’économie judaïque ne le comportait pas). Notre service, à nous, recevra sa récompense dans le ciel ; notre place, comme sacrificateurs, sera la proximité de Dieu et la joie en Lui.

Il est évident que participer en esprit (car on ne peut y participer réellement) au sacrifice de Christ pour le péché, en en mangeant comme sacrificateur, est une chose très sainte, un privilège dont on jouit dans un lieu très saint : tout est spécialement sainteté ici.

Chapitre 19.

Mais si, d’un côté, la sacrificature doit conduire le peuple à travers le désert, et si la verge de l’autorité de Moïse ne le peut pas, car elle ne peut que frapper ; de l’autre, il faut, en rapport avec la sacrificature, un moyen d’ôter les souillures qui auront lieu pendant la traversé du désert, afin que la communion du peuple avec Dieu ne soit pas interrompue ; c’est pourquoi le sacrifice de la génisse rousse est placé ici à part de tous les autres, parce qu’il était ordonné en vue des souillures du désert. Mais si, considérer Christ, (lors même que ce soit Christ offert pour le péché, et la participation à son œuvre sacerdotale, en rapport avec ce sacrifice) était une chose très sainte, réalisée dans la communion du lieu très saint ; s’occuper du péché, même dans son frère, quoique ce fût en vue de le purifier, souillait ceux mêmes qui n’en étaient pas coupables.

Tels sont les sujets du chapitre 19. Ce qui suit est l’ordonnance donnée à cette occasion : Toucher un corps mort, c’était, en effet, être souillé par le péché, car le péché est considéré ici sous le point de vue de la souillure qui empêchait l’entrée dans le parvis du tabernacle. Christ est présenté, dans la génisse rousse, comme n’étant pas entaché du péché et n’en ayant jamais non plus porté le joug ; mais il est mené hors du camp, comme étant tout entier un sacrifice pour le péché. Le sacrificateur qui menait la génisse ne la tuait pas ; mais elle était égorgée en sa présence. Il était là pour prendre connaissance de l’acte.

La mort de Christ n’est jamais l’acte de la sacrificature. La génisse était entièrement brûlée hors du camp, même son sang, sauf ce dont on faisait aspersion sur le devant du tabernacle d’assignation, c’est-à-dire là où le peuple devait se rencontrer avec Dieu. C’était là qu’on faisait aspersion du sang par sept fois (parce que c’était là que Dieu se rencontrait avec son peuple), témoignage parfait aux yeux de Dieu de l’expiation faite pour le péché. En venant donc à la porte du tabernacle, on trouvait toujours la vertu de ce sang, dont l’aspersion avait été faite.

Le sacrificateur jetait dans le feu du cèdre, de l’hysope et de l’écarlate, c’est-à-dire tout ce qui était de l’homme, ainsi que sa gloire humaine dans le monde. « Du cèdre jusqu’à l’hysope » est l’expression de la nature depuis sa plus haute élévation jusqu’à son abaissement le plus profond. L’écarlate est la gloire extérieure (le monde si l’on veut). Tout cela était brûlé dans le feu qui consumait Christ, sacrifice pour le péché.

Puis, si quelqu’un se souillait, ne fût-ce que par négligence, Dieu tenait compte de la souillure, n’importe par quel moyen elle était contractée. Pour purifier celui qui s’était souillé, on prenait de l’eau vive, on y mettait les cendres de la génisse, et l’homme était aspergé le troisième et le septième jour ; alors il était net. Cela signifie que l’Esprit de Dieu, sans appliquer de nouveau le sang à l’âme, prend les souffrances de Christ (preuve que le péché et tout ce qui est de l’homme naturel et du monde ont été consumés dans sa mort expiatoire), et lui en fait l’application.

C’est la preuve, la conviction intime que rien n’est ni ne peut être imputé. Sous ce rapport, le péché était complètement ôté par le sacrifice dont les cendres (témoignage que le sacrifice avait été consumé) sont appliquées maintenant. Mais cela donne au cœur la conviction profondément douloureuse de s’être souillé malgré la rédemption, et par les péchés pour lesquels Christ a souffert en accomplissant celle-ci. Notre volonté a trouvé son plaisir, ne fût-ce que pour un moment, dans ce qui fut la cause de ses douleurs, mais, hélas ! dans l’oubli de ses souffrances, même pour ce péché aux mouvements duquel nous nous sommes laissés aller si légèrement maintenant. Ce sentiment est beaucoup plus profond moralement que celui de l’imputation de nos péchés ; car c’est en réalité le nouvel homme, avec ses meilleurs sentiments, qui juge par le Saint Esprit et selon Dieu, et qui prend connaissance des souffrances de Christ, et du péché, comme il est vu en Lui sur la croix.

Le premier sentiment est l’amertume, quoique sans la pensée d’imputation ; l’amertume, précisément parce qu’il n’y a point d’imputation, que nous avons péché contre l’amour aussi bien que contre la sainteté, et qu’il nous faut nous soumettre à cette conviction. Mais à la fin (et c’est, me semble-t-il, pourquoi il y avait une seconde aspersion) c’est la conscience de cet amour et de la profonde grâce de Jésus, et la joie d’être parfaitement nets, par l’œuvre de cet amour. La première partie de la purification était le sentiment d’horreur d’avoir péché contre la grâce ; la seconde, l’esprit entièrement délivré du péché par la grâce, surabondant là où le péché abondait.

Nous pouvons remarquer que, comme il n’est question que de la purification nécessaire pour la marche, rien d’autre n’est ajouté ; point de sacrifices, comme dans le cas du lépreux. Ce dernier cas nous montrait l’homme s’approchant de Dieu selon la valeur de l’œuvre de Christ, après avoir été purifié du péché. Ici nous avons le relèvement pratique et intérieur de l’âme. Il n’y a pas d’aspersion du sang : la purification est par l’eau, la mort de Christ étant pleinement introduite dans sa puissance par le Saint Esprit. Les détails montrent la rigidité de Dieu quant à ces souillures, bien qu’il nous en purifie. Ils montrent aussi que tous ceux qui s’occupent du péché d’autrui, même par devoir, pour le purifier, sont souillés ; non comme le coupable, il est vrai, mais on ne peut avoir affaire avec le péché sans se souiller. La valeur de la grâce et de la sacrificature est aussi mise en évidence.

 

Arthur KatzUn message de John Nelson Darby.
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