Affirmations climato-sceptiques

Affirmations climato-sceptiques

Réponses aux affirmations climato-sceptiques du scientifique chrétien Etienne Vernaz - On ne sait pas ce qu’Etienne Vernaz entend par « science honnête » ou encore « vraie science », mais l’emploi de certains adjectifs est à double tranchant, il faut faire attention.

Cet article est important, surtout dans les ressources hypertexte. Le lecteur pressé (c’est-à-dire probablement 99% des internautes) passera son chemin, ce qui est bien compréhensible. Les autres seront édifiés, tant par une bonne partie du message d’Etienne Vernaz que par les réponses d’A Rocha et Science et foi.
Dans le cadre du dernier congrès « Bible et Science Mulhouse 2022 », qui s’est déroulé à l’église de la Porte Ouverte, le scientifique chrétien Etienne Vernaz a tenu une conférence dont le titre était « une réflexion au-delà des données scientifiques », suivi d’une interview dans laquelle il a mis en doute les travaux du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). L’orateur est ancien directeur de Recherche au CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives) en France, et pasteur d’une église de la famille Destinée-Francophonie.

Il fait partie du comité francophone Bible et Science, « qui rassemble des scientifiques chrétiens de tout bord qui croient qu’il n’y a pas d’opposition entre la Bible et une science honnête. Des gens qui n’ont pas peur de questionner le narratif officiel car nous croyons que la science qui ne peut pas être remise en question n’est pas la vraie science, mais de la propagande » (citation Etienne Vernaz).

Codes sémantiques.

Cette contribution assez claire à la défiance contre la Science « officielle » s’inscrit (probablement involontairement) dans le grand mouvement post-moderne de notre société, qui consiste à remettre en question toute vérité établie, communément admise. C’est ce même mouvement qui est à la fois la source et la dynamique de la déchristianisation, et ses effets n’épargnent aucune forme d’autorité établie. Il ne s’agit pas ici de dire que la science a raison dans tout ce qu’elle dit, mais de rappeler les effets désastreux d’une remise en question de principe, qui va alimenter une défiance qui n’est pas étrangère au fait que 16% des jeunes interrogés (16-24) pensent que la terre est plate — et donc que la Science leur ment.

On aura noté au passage la nature de la phraséologie d’Etienne Vernaz : il s’agit de « questionner le narratif officiel » et de remettre en cause le consensus scientifique mondial (par exemple sur le réchauffement climatique), taxé « de propagande », donc de manipulation — donc de mensonge. En reprenant les codes sémantiques complotistes, Etienne Vernaz se place en position de nous donner des infos sûres, vraies, parce qu’elles sont à la fois scientifiques et chrétiennes.

Plusieurs réponses de scientifiques chrétiens à Etienne Vernaz.

Face à un certain nombre d’inexactitudes, d’erreurs, qui posent de graves questions, un autre collectif de scientifiques chrétiens « Science et foi », a décidé de répondre à Etienne Vernaz au travers de plusieurs articles argumentés, qui peuvent être consultés ici.

On peut trouver également la réponse détaillée de plusieurs scientifiques du réseau de l’association chrétienne de protection de l’environnement A Rocha (voir la composition du comité en note[1]), réponse coordonnée par Jean-François Mouhot, directeur d’A Rocha France.

Extrait : « L’association A Rocha France – qui partage les convictions chrétiennes du conférencier – encourage les chrétiens à prendre soin de la création selon les enseignements de la Bible. Tout comme Etienne Vernaz nous croyons nous aussi en un Dieu créateur de l’Univers qui continue à s’intéresser à sa création et à ce que font les êtres humains. A l’exception d’une des signataires (qui signe en tant que présidente d’A Rocha), nous sommes également universitaires et avons publié des articles et/ou ouvrages sur le réchauffement climatique et la crise écologique.

Nous trouvons regrettable que la responsabilité humaine dans le changement climatique actuel ainsi que son caractère gravissime soient niés dans les propos tenus dans cette conférence. La majorité des propos exprimés à cette occasion sur le changement climatique sont faux, tel que nous le démontrons dans ce document réfutant point par point certains arguments employés. Ces arguments trompeurs nous paraissent susceptibles d’égarer les auditeurs et c’est pourquoi A Rocha se mobilise pour les démentir. Il n’y a pas de position neutre concernant la crise écologique actuelle ».

Réflexion globale.

On ne sait pas ce qu’Etienne Vernaz entend par « science honnête » ou encore « vraie science », mais l’emploi de certains adjectifs est à double tranchant, il faut faire attention. La Science d’aujourd’hui (comme hier) repose sur le fondement du rationalisme, tandis que la foi évolue, elle, dans l’irrationnel. Leur rapprochement est possible jusqu’à un certain point, mais leurs natures sont fondamentalement irréconciliables. Pour la Science profane, seul ce qui peut être expérimenté peut devenir une source fiable de savoir sur le monde, par opposition justement aux « révélations » et affirmations religieuses et toutes autres formes de savoirs (traditions, superstitions, coutumes). Le propos de la Science moderne, ce à quoi elle prétend, c’est de décrire le monde tel qu’il est vraiment (selon ses critères). Un chrétien ne pourra jamais être en accord avec une telle intention ni bien sûr avec ses conclusions. La Science ne peut pas être « vraie » selon les critères de la foi, mais elle prétend être « vraie » selon les critères du rationalisme.

On ne voit donc pas en quoi le fait d’accuser la Science moderne de malhonnêteté pourrait faire avancer le débat.

La Science sans Dieu appartient à un mode de pensée que la Bible considère comme mort (spirituellement), ce qu’elle ne peut évidemment pas entendre. En luttant contre la « propagande » de la Science profane, on lutte bien pour la vérité (la nôtre), et contre des doctrines mensongères, mais la victoire est-elle possible ? Le combat n’est pas sans une certaine utilité, mais nos contemporains ont davantage besoin du cœur du message de l’Évangile, c’est-à-dire de la personne du Seigneur ressuscité, que de la dissection de ses miracles ou la compréhension de la parthénogénèse[2].

L’impasse du témoignage de la science chrétienne.

Dans les années 80, on parlait beaucoup de la structure numérique de la Bible, dont les chrétiens de l’époque se sont beaucoup servi dans leurs échanges avec des non-chrétiens. C’était mon cas. Pensez : la signature de Dieu cachée dans les Écritures se révélait grâce à un logiciel, ainsi que des codes secrets qui éclairaient le passé, et l’avenir ! Une aubaine pour le témoignage, portant le cachet de la science. Une décennie plus tard, la bombe s’est retrouvée transformée en pétard mouillé. Et aujourd’hui, tout le monde a oublié.

Parce qu’il n’y a qu’un seul chemin (Jésus) qui mène au salut de tous ceux qui sont perdus, quelle que soit l’ampleur de leur science. Nicodème était un théologien reconnu, une référence de son époque, mais il était perdu en dépit de son savoir et sa connaissance religieuse. Il lui fallait accepter Jésus, reconnaître Jésus, intégrer Jésus, croire Jésus, et non pas assimiler de nouvelles connaissances ou découvrir de nouveaux thèmes, embrasser une nouvelle approche, même de nouvelles révélations.

Aujourd’hui, on pourrait se demander si Jésus, Paul, ou Pierre feraient de conférences sur le créationnisme, sur l’âge de la terre ou sur le déluge … et si nous trouvons une tel espace pour ça dans notre culture chrétienne contemporaine, c’est parce que nous avons un vide à combler.

Le commencement de la vraie Science, dit Proverbes 1 v. 7, c’est la crainte de l’Éternel. Et la volonté de Dieu, c’est de croire en celui qu’il a envoyé (Jean 6 v. 29).

[1] Signataires de la réponse d’A Rocha : Professeur Antoine Bret, Université de Castille-La Mancha, auteur de 119 articles scientifiques dans des revues à comité de lecture, fréquemment Professeur Invité à l’Université de Harvard, enseignant universitaire sur le thème énergie climat depuis 2004 et auteur d’un livre de cours sur le sujet (The Energy-Climate Continuum: Lessons from Basic Science and History, Springer 2014), et ambassadeur d’A Rocha.

Professeur Thierry Dudok de Wit, Université d’Orléans et International Space Science Institute (Berne), auteur de plus de 150 articles scientifiques dans des revues à comité de lecture, dont 6 en lien avec le forçage radiatif solaire et son rôle dans le réchauffement climatique. Co-éditeur du livre Earth’s climate response to a changing Sun (EDP Sciences, 2015) et ambassadeur d’A Rocha.

Dr. Joël White, vice-président d’A Rocha France, maître de conférences à l’Université Toulouse III (EDB UT3-CNRS-IRD). Chercheur en écologie, auteur de 30 articles scientifiques dans des revues internationales à comité de lecture dont Nature Ecology & Evolution, Proceedings of the National Academy of Science USA, Proceedings of the Royal Society, etc.

Rachel Calvert, Présidente d’A Rocha France, engagée depuis une vingtaine d’années dans un travail d’implantation d’Églises et d’accompagnement pastoral au sein d’une union d’Églises protestantes évangéliques ; diplômée en histoire (Université d’Oxford), Études bibliques et interculturelles (All Nations Christian College) et titulaire d’un master professionnel en missiologie et implantation d’Eglises (FLTE).

Dr. Jean-François Mouhot, directeur d’A Rocha France, ancien enseignant et chargé de recherche aux Universités de Georgetown, Birmingham et Lille, auteur de « Des Esclaves énergétiques », réflexions sur le changement climatique et co-éditeur de « Evangile et changement climatique » et de plusieurs articles publiés dans des revues scientifiques à comité de lecture sur le changement climatique.

[2] La parthénogenèse (des mots grecs παρθένος, parthénos, vierge, et γένεσις, génesis, naissance) est la division à partir d’un gamète femelle non fécondé.
© Diffusé avec l'aimable autorisation de Jérôme Prekel - www.lesarment.com

 

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