
2. Chrétien et heureux ?
Chap: 2 - Une foi de prix - L’apôtre sait que le moment de déposer sa tente approche. Pour accomplir le mandat que le Seigneur lui avait confié : « Fortifie tes frères », il leur écrit cette seconde et dernière épître.
Bien que Pierre destine sa seconde épître aux mêmes personnes que la première, il s’adresse à elles différemment. Dans la première lettre, il voit les croyants, issus du peuple juif, comme « ceux de la dispersion ». Effectivement, ils étaient des étrangers sous un double aspect. D’une part, en tant que Juifs vivant dispersés parmi les nations, ils étaient des étrangers ; et, d’autre part, du fait qu’ils avaient cru au Seigneur Jésus, ils étaient devenus des étrangers aux yeux de leur propre peuple qui le rejetait.
Par conséquent, ils avaient besoin de consolation et d’encouragement pour le chemin dans un environnement étranger. Pierre les leur dispense (et à nous) par sa première épître.
Mais maintenant, l’apôtre entrevoit un autre devoir. Il sait que le moment de déposer sa tente approche. Pour accomplir le mandat que le Seigneur lui avait confié : « Fortifie tes frères », il leur écrit cette seconde et dernière épître. Il veut leur rappeler encore une fois des choses importantes (1 v. 12), les rendre capables de s’en souvenir (v. 15), et réveiller leur pure intelligence par ce rappel (3 v. 1).
Aussi choisit-il une formule adaptée à ce but et dit : « À ceux qui ont reçu en partage une foi de pareil prix avec nous, par la justice de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ » (v. 1).
Belle description d’un chrétien. Les destinataires de sa lettre étaient des chrétiens qui avaient reçu en partage, avec les apôtres et les croyants habitant à Jérusalem, une foi de pareil prix. Pierre aime le mot « précieux » (ou : « de prix »).
Dans sa première épître, il parle du sang précieux de Christ (1 v. 19), de la pierre précieuse (2 v. 4 à 6) et mentionne que ce « prix » de Christ, nous a été révélé à nous croyants (v. 7). Ici, dans sa seconde épître, il qualifie la foi de précieuse, et, quelques versets plus bas, les promesses (v. 4). Si la parole de Dieu, plutôt économe en qualificatifs, désigne une chose comme étant précieuse, elle l’est effectivement.
Que faut-il comprendre par une foi de pareil prix ? Manifestement, Pierre parle de la foi chrétienne en contraste avec le judaïsme : donc de la doctrine chrétienne, objet de la foi. De même qu’en Jude versets 3 et 20, il s’agit ici de ce qui est cru.
Dans son Fils Jésus-Christ – nous pouvons aussi dire : dans le christianisme – Dieu s’est pleinement révélé. Les croyants d’entre les Juifs avaient été introduits dans ce système « par la justice de Dieu ».
Avant d’examiner de plus près cette expression intéressante, j’aimerais souligner que la vérité chrétienne ne peut être comprise que par la foi au Seigneur Jésus ; il l’a lui-même dit à ses disciples autrefois : « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi » (Jean 14 v. 1). Ils le posséderaient non pas physiquement, mais par la foi. C’est ainsi qu’ils devaient jouir de lui et de tout ce qui se rattache à lui.
Nous avons là une caractéristique de toute l’époque de la grâce. Nous possédons tout par la foi en lui : toute vérité chrétienne, toute bénédiction spirituelle. Il est le centre, il est l’objet de la foi. Aussi, cette foi revêt-elle un pareil prix, qu’elle soit reçue par un apôtre ou par un simple chrétien.
Toutefois, le prix que nous attachons personnellement à la foi chrétienne est une tout autre question. En jouissons-nous ? Sommes-nous prêts à la défendre si elle est mise en question ?
Relevons encore un point important : On ne peut pas séparer la foi (comme ensemble de la doctrine chrétienne) de la foi personnelle (comme vertu morale).
Ces deux aspects de la foi sont bien distincts, mais ils forment un tout. S’il n’y a rien à croire, la foi personnelle est inutile ; et si la foi personnelle n’est pas active, les éléments de la foi ne peuvent pas être compris. Ainsi l’un suppose l’autre.
La foi précieuse du christianisme était devenue la part des croyants issus d’entre les Juifs « par la justice de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ ». Remarquons l’ordre ici : par la justice de Dieu à la foi. En Romains 3, nous trouvons l’inverse : par la foi à la justice de Dieu (v. 22 à 26). Nous pouvons en déduire qu’en 2 Pierre 1, il n’est pas question du salut, de la justification.
L’expression « justice de Dieu » doit plutôt être comprise ici dans le sens de « fidélité de Dieu ». Grâce à la fidélité de Dieu envers ses promesses données aux pères, le résidu du peuple d’Israël a pu entrer dans les bénédictions du christianisme.
Israël est le seul peuple sur la terre, en qui, à chaque moment de son existence, Dieu trouve un résidu croyant, « un résidu selon l’élection de la grâce » (Romains 11 v. 5). Tel est aussi le cas pendant la dispensation de la grâce ; seulement ce résidu est aujourd’hui absorbé dans l’Assemblée de Dieu. C’est dans ce sens que les Juifs croyants étaient « ajoutés » au début de la période chrétienne (Actes 2 v. 41 à 47).
Mais l’expression qui nous occupe offre encore une particularité que je désire relever. Le texte grec comporte un article commun devant « Dieu » et « Sauveur Jésus-Christ ». Cela signifie qu’aux yeux de l’auteur « Dieu » et le « Sauveur Jésus-Christ » forment un seul objet de considération.
Non pas que les deux noms doivent forcément concerner la même personne. Ce n’est pas le sens de cette construction avec un article commun. Néanmoins une telle façon de s’exprimer serait impossible si Christ n’était pas Dieu. Nous trouvons des expressions semblables en 2 Thessaloniciens 1 v. 12 et Tite 2 v. 13.
Quelqu’un dira peut-être : « Je n’ai pas besoin de ce genre de preuve concernant la divinité de mon Seigneur. J’y crois de toute manière ! »
C’est juste. Mais si nous nous souvenons que l’auteur véritable de l’expression qui nous occupe est Dieu le Saint-Esprit, nous ne restons pas insensibles au choix et à la forme des mots employés. Nous entendrons encore beaucoup parler de la connaissance de Dieu et de Jésus, notre Seigneur, dans le verset qui suit déjà.
Il est d’autant plus important de nous rappeler dès le début à quelle personne nous avons à faire quand il s’agit de notre Seigneur Jésus : il est Dieu, exactement comme le Père et le Saint-Esprit. Nous touchons là un point qui constitue finalement notre bonheur le plus profond. Nous y reviendrons plus loin.
Les livres de Christian Briem en Pdf