La perfection chrétienne.2

La perfection chrétienne.2

Pourquoi la grande majorité des chrétiens ne parviennent-ils pas à la parfaite sanctification ?

« Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait (Matthieu 5 v. 4) ». Pourquoi la grande majorité des chrétiens ne parviennent-ils pas à la parfaite sanctification ? Dans mon précédent discours, j'ai commencé d’en indiquer les causes ; je me propose aujourd'hui d'y insister davantage.

Si ces causes sont en Dieu, qui ne nous aurait pas donné une révélation suffisante, ou dont l'Esprit-Saint ne serait pas capable de sanctifier son peuple en ce monde, il faut que nous le sachions, afin de ne pas nous fatiguer à poursuivre l'impossible.

Si elles sont en nous, nous devons le savoir aussi, afin de ne pas les attribuer injustement à Dieu ; car il faut que nous soyons préservés même de toute pensée qui représenterait à tort le Seigneur comme requérant de nous une œuvre pour l'accomplissement de laquelle il ne nous attrait pas fourni les moyens nécessaires.

I. Si l’Église n'est point sanctifiée, j'en trouve la cause tout d'abord dans le fait que l'on cherche la sanctification par les œuvres et non par la foi.

La religion des œuvres revêt des formes très diverses. Il est instructif de passer en revue ces formes qui se reproduisent sans cesse.

1. Plusieurs se proposent de vivre de telle sorte que Dieu ne puisse les condamner sans injustice.

C'est la religion des pharisiens. Ceux qui la suivent se tiennent souvent en dehors de l’Église et sont disposés parfois à confesser qu'ils ne sont jamais nés de nouveau. Mais d'après la façon dont ils parlent d'eux-mêmes et de leurs œuvres, il est évident qu'ils se croient beaucoup trop bons pour être condamnés éternellement.

2. D'autres cherchent à se recommander par leurs œuvres à la miséricorde de Dieu.

Ils savent qu'ils méritent la condamnation éternelle, mais ils savent aussi que Dieu est miséricordieux, et ils pensent que s'ils vivent honnêtement, exerçant la bienfaisance, ils se recommanderont à la miséricorde de Dieu qui leur pardonnera leurs péchés et les sauvera. C'est la religion de la plupart de nos honnêtes gens.

Vivant sous la dispensation évangélique, ils savent qu'ils ne peuvent être sauvés par leurs œuvres et cependant ils pensent que s'ils suivent le culte, s'ils contribuent à l'entretien du pasteur et font toutes sortes de bonnes œuvres, la miséricorde divine leur en tiendra compte et finalement les sauvera. Autant que je puis le savoir, ce doit être la pensée des Unitaires de nos jours. Ils mettent de côté l'expiation de Christ ; ils ne s'attendent point à être sauvés par sa justice, et n'en espèrent pas moins recevoir le pardon de leurs péchés et le salut éternel, grâce à leur bonne conduite et à leurs actes de bienfaisance.

3. Nous remarquons une autre forme de la religion des œuvres chez ceux qui tâchent de se préparer à recevoir Jésus-Christ.

Ils comprennent qu'il n'y a de salut que par Jésus-Christ ; mais ils ont entendu le récit des expériences d'autres personnes qui ont passé par beaucoup de luttes et d'angoisses avant de se soumettre à Christ et de trouver la paix dans ta foi ; aussi pensent-ils qu'un travail préparatoire est nécessaire et qu'ils doivent faire beaucoup de prières, fréquenter beaucoup de réunions religieuses, passer beaucoup de nuits blanches, avoir beaucoup d'angoisses et tomber peut-être dans le désespoir, avant d'être en état d'accepter Christ.

C'est là l'état d'âme de beaucoup de gens convaincus de péché, peut-être de plusieurs personnes ici présentes.

Vous n'osez pas venir à Christ exactement tels que vous êtes, vous avez fait si peu de prières, assisté à si peu de réunions, éprouvé si peu d'angoisse Au lieu d'aller tout droit au Sauveur pour tout ce dont vous avez besoin, comme un pauvre pécheur perdu, vous remettant sans réserve entre ses mains, vous mettez votre esprit à la torture, vous essayez de le plonger plus avant dans sa conviction de péché et dans ses détresses, afin, pensez-vous, de le rendre plus propre à accepter Jésus-Christ. Il y a à peu près autant de gens dans ce cas qu'il y a de pécheurs convaincus de péché.

En demeurant dans un pareil état et en suivant un pareil chemin, il est clair que l'on ne devient pas meilleur ; car il n'y a là ni amour pour Dieu, ni foi, ni religion ; c'est pure moquerie à l'adresse de Dieu, hypocrisie et péché. Beaucoup de sentiments peut-être, mais ils ne servent de rien ; ils ne rapprochent pas de Christ ; ils laissent toujours à faire ce par quoi l'on aurait dû commencer et que l'on pouvait faire au début tout aussi bien que plus tard.

Maintenant supposez que celui qui fait profession de piété se mette dans l'esprit que c'est là le chemin à suivre pour devenir saint, ne sera-ce pas tout aussi absurde ? Cet homme-là pourra multiplier ses œuvres de propre sagesse et de propre justice, ses « œuvres mortes », il n'en approchera pas davantage de la sainteté, au contraire. Le premier acte de la sainteté est de croire, de saisir Christ par la foi. Et si un homme, assez réveillé pour sentir le besoin de la sanctification, s'imagine qu'il doit passer par un travail préparatoire d’œuvres, de luttes et d'angoisses qu'il se crée lui-même, cette pensée est tout aussi absurde en lui qu'elle peut l'être chez le pécheur convaincu de péché.

4. Une autre forme de la religion des œuvres est celle qui consiste à accomplir des œuvres pour produire la foi et l'amour.

La classe précédente (N° 3) était composée de ceux qui se préparent à venir à Christ. Ici nous parlons de gens qui sont venus au Sauveur, qui l'ont accepté, qui sont chrétiens, mais qui se sont relâchés, et qui se sont mis de leur propre, mouvement à accomplir beaucoup d’œuvres afin de produire en eux la foi, l'amour et tous les sentiments désirables. Cette forme de la religion des œuvres est aujourd'hui l'une des plus communes et des plus subtiles.

Elle est tout à fait absurde. Elle a la prétention de produire la sainteté par le moyen du péché. Il est clair, en effet, que si les sentiments ne sont pas ce qu'ils doivent être, les actes sont mauvais. En d'autres termes, si les actes ne procèdent pas de la foi et de l'amour ; quels qu'ils puissent être, ils ne sont que péchés. Quelle pensée ténébreuse ! s'imaginer qu'en multipliant les péchés, on produira la sainteté ! Et notez qu'il n'y a rien de plus ordinaire ; constamment, en effet, nous rencontrons des personnes qui s'imaginent pouvoir produire la sainteté par une ligne de conduite qui n'est que péché.

On n'agit point sous l'impulsion de la foi qui opère par l'amour et purifie le cœur ; on agit sans foi, sans amour, et cela dans la pensée de produire ces affections !

Il est très vrai que lorsque l'amour et la foi existent, ils se fortifient par l'exercice, en vertu d'une loi bien connue,  comme tout autre sentiment et toute faculté de l'âme. Il faut donc que la foi et l'amour se traduisent au dehors. Mais le cas qui nous occupe est tout autre ; il s'agit de gens qui ont perdu leur amour, et qui maintenant, sans foi et sans amour, se donnent du mouvement, évangélisent, exhortent leurs frères et font toute espèce d’œuvres semblables, dans la pensée que c'est là le moyen de se réveiller, de devenir saints et d'entrer dans l'état d'âme que Dieu requiert.

Rien de moins philosophique, rien de plus absurde même et de plus, pernicieux, que de vouloir réveiller la foi dans l'âme où elle n'existe pas, en accomplissant des actes extérieurs qui proviennent d'une autre impulsion que celle de la foi. Je vous montrerai plus tard d'où provient cet aveuglement et comment il se fait qu'on n'ait jamais songé à un pareil mode de sanctification. Pour le moment, notons ceci qui est trop évident pour avoir besoin de preuves, bien loin d'être apte à produire quelque bien, une telle méthode de sanctification ne peut que contrister le Saint-Esprit.

Elle est entièrement semblable à la conduite des pécheurs convaincus de péché dont je parlais tout à l'heure. Mais entre ceux-ci et les chrétiens dont il s'agit maintenant, il y a une différence. En dépit de toute sa méchanceté, le pécheur peut apprendre peu à peu quel est son état de perdition, et renoncer à faire ses propres œuvres, voyant enfin que son refus continuel d'aller à Christ, bien loin de le préparer à recevoir ce Sauveur, l'en éloigne toujours plus et lui fait accumuler péché sur péché. Mais il n'en est pas de même de ceux qui se tiennent pour chrétiens.

Il a été constaté souvent, par de bons observateurs, que ceux qui abondent en actes religieux, tels que les pasteurs et autres conducteurs d'églises, sont loin d'être toujours les plus spirituels d'entre les chrétiens. Le fait est que lorsque ce ne sont point la foi et l'amour qui agissent, plus l'homme abonde en actes religieux extérieurs, plus il est endurci, froid et plein d'iniquité. Et s'il arrive à l'excitation dans cette voie-là, il donnera le spectacle de la religion la plus, factice, la plus superficielle et la plus dénuée de sainteté.

II. Une autre raison du fait que tant de chrétiens ne sont pas sanctifiés est celle-ci : Ils ne reçoivent pas Jésus-Christ, dans toutes les relations qu'il veut soutenir avec eux.

La plupart des chrétiens sont entièrement dans l'erreur à cet égard, et ils n'avanceront pas dans la sanctification tant qu'ils ne l'auront pas reconnu. Quand un homme est convaincu de péché, il voit que Dieu pourrait justement l'envoyer en enfer, et qu'il n'a par lui-même aucun moyen d'échapper à ce châtiment. On lui dit alors que Jésus a satisfait à la justice divine, et que Dieu justifie celui qui croit en Jésus ; il reconnaît l'excellence de cette bonne nouvelle, il voit que c'est exactement ce dont il a besoin et il se confie en Jésus-Christ pour être justifié. Il accepte donc Christ pour sa justification ; mais c'est tout ce qu'il comprend de l’Évangile.

Or la plupart des pécheurs convaincus de péché ne vont pas plus loin. Leur besoin le plus pressant est satisfait ; après cela, vous ne réussirez guère à attirer leur attention sur ce que Christ doit être encore pour eux. Dites-leur tout ce que vous voudrez de Jésus-Christ, « sagesse, sanctification et rédemption » du croyant ; insistez sur ce point fondamental que Christ est le « Sauveur du péché » ; leur soif de sainteté ne va pas jusqu'à le leur faire accepter comme tel.

C'est ainsi qu'on a des convertis qui se réjouissent de se sentir en paix avec Dieu, qui sont reconnaissants envers un Sauveur qui se tient entre eux et leur Juge, et qui marchent pour un temps peut-être dans la voie de l'obéissance aux commandements de Dieu. Mais bientôt ils découvrent la loi du péché qui est dans leurs membres : leur orgueil invaincu, leur mauvais caractère, leur tempérament naturel, enfin toute sorte d'ennemis les assaillent, intérieurement et extérieurement, et ils ne sont pas préparés pour ce combat. Ils ont saisi Christ comme le Sauveur de l'enfer ; mais ils ne l'ont point encore reçu comme le roi qui doit régner sur leurs cœurs avec pouvoir absolu sur tous leurs sentiments, toutes leurs pensées, toutes leurs volontés.

La raison pour laquelle les convertis succombent à la tentation se trouve donc dans le fait qu'au lieu d'avoir soumis toutes leurs volontés à Christ, comme à leur Roi, ils ont au contraire gardé leur volonté propre sur un ou plusieurs points.

Pareillement, nous observons qu'il se commet dans l’Église une multitude de péchés d'ignorance qui ne devraient jamais s'y produire. Les chrétiens se plaignent qu'ils ne comprennent pas la Bible et qu'il s'y trouve beaucoup de choses au sujet desquelles ils sont toujours dans le doute. C'est qu'ils ont encore à recevoir Christ comme leur sagesse, comme la source de la lumière et de la connaissance.

Qui d'entre vous a une idée nette et complète de cette parole : « Nous sommes dans le Christ Jésus, qui nous a été fait de la part de Dieu sagesse, justice, sanctification et rédemption ? » Il ne nous est pas dit seulement que Christ est celui qui justifie, qui enseigne, qui sanctifie, qui rachète ; mais qu'il est pour nous sagesse, justice, sanctification, rédemption. Tant que les chrétiens ne savent pas ce que cela signifie, comment l’Église serait-elle sanctifiée ? L’Église est pareille aujourd'hui à un sarment qui a été détaché du cep : « À moins que vous ne demeuriez en moi, vous ne pouvez porter du fruit (Jean 15 v. 4) ». Lorsque par une pleine foi les chrétiens seront un avec Christ dans tous ses offices, ils sauront ce que c'est que la sanctification.

Et pourquoi les chrétiens ne reçoivent-ils pas Christ dans tous ses offices ? J'en donnerai quelques raisons.

1° Ils peuvent n'avoir pas les convictions particulières qui sont nécessaires pour ressentir vivement le besoin du Sauveur dans tous ses offices.

Si quelqu'un n'est pas profondément convaincu de sa propre dépravation, s'il n'en a pas fait l'expérience intime et s'il n'a pas constaté qu'il ne peut par lui-même vaincre la puissance du péché, il ne recevra jamais Jésus-Christ comme Roi dans son âme. S'il entreprend de vaincre par lui-même et s'il a confiance en ses propres forces pour résister à ses ennemis spirituels, il ne reçoit point Christ pleinement.

Quand ces chrétiens ont essayé de se garder eux-mêmes par leur propre vigilance et leurs propres efforts, s'engageant à l'obéissance envers Dieu par toutes sortes de résolutions et de serments, et qu'en dépit de tout cela, ils ne trouvent en eux, comme toujours, que dépravation, ils commencent alors à sentir leur misère et à se demander ce qu'ils doivent faire. Ce qu'ils doivent faire, la Bible l'enseigne suffisamment, et si l'on voulait la croire, les nouveaux convertis connaîtraient dès le premier moment et leur propre impuissance et le besoin qu'ils ont d'un Sauveur qui les sauve du péché lui-même.

Mais c'est un fait que les chrétiens ne croient ni ne reçoivent la Bible sur ce sujet, tant qu'ils n'ont pas essayé de poursuivre d'eux-mêmes l’œuvre de leur sanctification et que cet essai ne les a pas amenés à reconnaître qu'ils ne peuvent absolument rien sans Christ. Aussi ne reçoivent-ils Jésus comme le Sauveur de tout péché (si toutefois ils le reçoivent jamais comme tel), qu'après avoir perdu beaucoup de temps, nombre d'années souvent, en vaines tentatives d'accomplir eux-mêmes l’œuvre de leur sanctification ni commencé par l'Esprit, ils s'efforcent d'arriver à la perfection par la chair.

Mais c'est un fait que les chrétiens ne croient ni ne reçoivent la Bible sur ce sujet, tant qu'ils n'ont pas essayé de poursuivre d'eux-mêmes l’œuvre de leur sanctification et que cet essai ne les a pas amenés à reconnaître qu'ils ne peuvent absolument rien sans Christ. Aussi ne reçoivent-ils Jésus comme le Sauveur de tout péché (si toutefois ils le reçoivent jamais comme tel), qu'après avoir perdu beaucoup de temps, nombre d'années souvent, en vaines tentatives d'accomplir eux-mêmes l’œuvre de leur sanctification ni commencé par l'Esprit, ils s'efforcent d'arriver à la perfection par la chair.

2° D'autres, après avoir constaté leur impuissance, n'en reçoivent pas davantage Christ comme le Sauveur du péché parce qu'après tout, ils ne sont pas décidés à abandonner tout péché. Ils ont quelque idole qu'ils ne sont pas décidés à sacrifier.

3° D'autres encore, après avoir fait l'expérience de leur impuissance, et bien que désireux d'être délivrés de tout péché, ne se confient point pour cela en Christ, ne sachant pas ce qu'ils ont droit d'attendre de lui à cet égard.

Beaucoup de gens se croient dans la fatale nécessité de pécher toujours. Jusqu'à la tombe, pensent-ils, le péché sera pour eux « une croix » ( !) À cela, pas de remède : C'est ainsi qu'ils ont compris la Bonne Nouvelle de l’Évangile.

Dieu serait la faute, car il n'aurait pas su parer à la cruelle nécessité dont on parle. Ces chrétiens pensent qu'en fin de compte l'expiation de Christ sera assez efficace pour couvrir tous leurs péchés, que Dieu les leur pardonnera tous, et, qu'après tout, ils seront sauvés tout aussi complètement que s'ils avaient été sanctifiés dès ici-bas, L’Évangile est ainsi réduit au pardon des péchés ; il n'est plus la puissance de Dieu détruisant dans le pouvoir même du péché.

Aussi fait-on fort peu de cas des promesses. Ces  très grandes et précieuses promesses, données exprès pour que nous devenions « participants de la nature divine (2 Pierre 1 v. 4) », demeurent à peu près inutiles. Dieu les a proportionnées à nos besoins ; nous n'avons qu'à compter sur lui toujours, et nous aurons tout ce qui est nécessaire à notre sanctification : « Quoi que ce soit que vous demandiez en priant, dit Jésus, croyez que vous le recevez (texte grec), et vous le verrez s'accomplir (Marc 11 v. 24) ».

Mais les chrétiens ne croient pas réellement à beaucoup de choses qu'affirme la Bible. Supposons que vous vous trouviez face à face avec Dieu ; vous savez que c'est Dieu qui vous parle, et Dieu vous tend un livre qu'il vous dit de prendre. Il vous déclare que ce livre contient de très grandes et précieuses promesses, qui assurent la satisfaction de tous vos besoins : résistance à la tentation, victoire sur le péché, sanctification parfaite, préparation pour le ciel.

Et Dieu vous dit que toutes les fois que vous aurez besoin de quelque chose en vue de cette fin, vous n'aurez qu'à saisir la promesse qui correspondra à ce besoin et qu'il l'accomplira. Eh bien, n'est-il pas certain qu'après avoir reçu ce livre de la main même de Dieu, après avoir reconnu que Dieu l'a écrit pour vous, vous ne voudriez pas ne pas le croire ; n'est-il pas certain que vous le liriez beaucoup plus que vous ne lisez la Bible ? Ne seriez-vous pas avide de connaître tout son contenu et prompt à vous appliquer ses promesses au moment du besoin ? Vous vous répéteriez souvent ces promesses d'un bout à l’autre, de sorte que leur contenu vous serait parfaitement familier et que vous seriez toujours prêt à en faire usage. Eh bien, la Bible est ce livre-là ; et, par elle, le chrétien peut toujours obtenir tout ce dont il a besoin pour sa vie spirituelle.

Jésus est un Sauveur complet : « Toutes (1) les promesses de Dieu sont oui et amen en lui, à la gloire de Dieu le Père (2 Corinthiens 1 v. 20) ». Il faut que les chrétiens comprennent ces promesses, qu'ils se les appliquent en toute circonstance, avec plénitude de foi, pour leur entière sanctification. Quels que soient leurs besoins en fait de sagesse, de justice, de sanctification et de rédemption, qu'ils aillent à Dieu tenant ferme à sa promesse, et leurs besoins seront comblés.

(1) Celles de l'Ancien Testament comme celles du Nouveau (Note du traducteur).

4° Une autre raison du fait que les chrétiens ne reçoivent pas Christ dans tous ses offices.

C'est qu'ils sont trop orgueilleux pour abandonner toute confiance en leur propre sagesse et en leur propre volonté, et pour renoncer à tout usage qu'ils en pourraient faire. Qu'il est pénible au cœur orgueilleux de l'homme d'abandonner toute sagesse propre, toute science, idée et volonté propre entre les mains de Dieu ! J'ai trouvé que c'était la plus grande de toutes les difficultés ; et certainement, tous le trouvent ainsi. Voici l'objection que l'on ne manque pas de faire :

Notre raison nous a été donnée pour nous en servir, en religion comme ailleurs ; or, qu'en ferons-nous, si nous ne devons plus nous fier à elle, ni faire ce qu'elle nous dit ? Mais il y a ici une importante distinction à faire. Notre raison nous a bien été donnée pour nous en servir dans les choses de Dieu ; mais son affaire n'est pas de demander si ce que Dieu dit est raisonnable ; elle est de nous montrer qu'il est infiniment raisonnable de croire tout ce que Dieu dit, soit que nous en discernions la vérité, soit que notre ignorance et notre aveuglement nous la cachent.

L'apôtre Paul dit : « Si quelqu'un pense qu'il sait quelque chose, il ne sait encore rien comme il faut savoir (1 Corinthiens 8 v. 2) ». Cette parole a un sens très profond ; elle signifie que celui qui ne reçoit pas Christ seul comme sa sagesse, ne connaît encore rien en religion. « Personne ne connaît le Père, si ce n'est le Fils et celui auquel le Fils le voudra révéler, dit Jésus (Matthieu 11 v. 27) ». Celui qui a appris cette leçon, sent qu'il ne possède pas un iota de connaissance religieuse ayant quelque valeur, en dehors de ce que Jésus-Christ lui a enseigné : « Ils seront tous enseignés de Dieu (Jean 6 v. 45) », est-il écrit.

Remarques

1. Vous voyez de quelle prédication l’Église a besoin aujourd'hui.

Elle a besoin d'être sondée à fond et qu'on lui montre la grandeur de ses plaies. Elle a besoin d'être convaincue de péché et de regarder du côté où se trouve la force. Avec leur perpétuelle parade d’œuvres mortes, les chrétiens ont besoin de voir combien ils sont pauvres : « Tu dis : Je suis riche, je suis comblé de biens et je n'ai besoin de rien, et tu ne sais pas ce que tu es malheureux, et misérable, et pauvre, et aveugle, et nu (Apocalypse 3 v. 17) ». Tant que les chrétiens ne verront pas leur pauvreté, le vide infini et l'abominable méchanceté de leurs œuvres mortes, tant qu'ils ne verront pas où est le remède, et qu'il n'est que par la foi seule, ils ne pourront jamais être sanctifiés ; l’Église s'éloignera toujours plus de Dieu, jusqu'à ce qu'elle n'ait plus absolument que les formes de la piété, « ayant renié ce qui en fait la force ».

2. Toutes les fois que vous verrez le chrétien pauvre à quelques égards, vous pourrez être sûr qu'il a besoin de recevoir plus pleinement Christ dans celui de ses offices qui correspond aux lacunes que vous aurez constatées.

En effet, les lacunes, quelles qu'elles soient, ne seront jamais comblées à moins que le croyant ne voie la relation qu'il y a entre Christ et le côté de son caractère qui laisse à désirer ; et que, par la foi, il ne saisisse le Sauveur comme remédiant à ce qui lui manque. Supposons qu'un homme soit naturellement avare et égoïste et ait de la peine à agir d'une manière désintéressée ; il ne remédiera à ce mal qu'en recevant Christ comme son modèle, et l'égoïsme ne sera chassé de son cœur que par l'effusion de l'infinie tendresse de Christ qui viendra le remplir. Il en sera de même pour tout autre mal.

3. Vous voyez combien il est nécessaire que les pasteurs aient une connaissance profonde des choses de Dieu.

Il est facile, même pour quelqu'un de charnel, de prêcher de manière à produire chez ses auditeurs la conviction de péché ; mais à moins que le niveau de la sanctification ne soit grandement relevé parmi les pasteurs, il ne faut pas s'attendre à ce que la piété s'accroisse beaucoup dans l’Église. Ceux des chrétiens qui connaissent ces choses par expérience doivent prier en tout temps pour que Dieu « purifie les fils de Lévi » que les conducteurs de l’Église saisissent Christ pour leur propre sanctification ; après cela, ils sauront ce qu'ils devront, dire aux autres sur le sujet de la sanctification.

4. Beaucoup cherchent la sanctification par les œuvres et ne savent pas qu'ils la cherchent de cette façon-là.

Ils font, profession de la poursuivre par la foi seule. Ils prétendent savoir très bien qu'il est vain de la chercher par nos propres forces : Cependant les résultats montrent, et de la façon la plus concluante, qu'ils la cherchent par les œuvres et non par la foi. Aussi est-il de la plus grande importance que vous appreniez à reconnaître si vous cherchez la sanctification par les œuvres ou si vous la cherchez par la foi. Toute recherche par les œuvres est absurde et ne conduira jamais à un bon résultat.

Revenons au cas du pécheur convaincu de péché. Pécheur, comment cherches-tu le salut ? « Par la foi, cela va sans dire, car chacun sait que nul ne peut être sauvé par les œuvres ». Je réponds : Non, tu cherches le salut par les œuvres. Et comment le montrerai-je ? Écoutez encore :

Pécheur, crois-tu en Christ ? « Oui. » Mais, te donne-t-il la paix avec Dieu ? « Oh ! Non, pas encore, mais je m'efforce d'acquérir une plus grande conviction de péché, de prier davantage, d'être plus sérieux dans la recherche du salut, et j'espère qu'il me donnera la paix, si je persévère ». Ici tout chrétien reconnaîtra tout de suite que, malgré toutes ses allégations contraires, ce pécheur cherche le salut par les œuvres. Il compte sur une préparation, sur un progrès à accomplir avant de faire l'acte de foi qui sauve. Il n'est pas disposé à accepter Christ maintenant et il en a conscience, mais il a la prétention de s'amener lui-même à de meilleures dispositions. C'est la religion des œuvres.

Et maintenant voyez combien cette même erreur est fréquente parmi les chrétiens qui font profession de rechercher la sanctification. Ils disent qu'ils doivent mortifier leurs membres qui sont sur la terre, et pour cela ils entreprennent une préparation toute de propre justice, qui, pensent-ils, les recommandera auprès de Jésus-Christ et leur fera obtenir de lui la bénédiction qu'ils cherchent ; au lieu de venir tout droit à Christ, tels qu'ils sont, c'est-à-dire comme des pécheurs absolument dénués de toute ressource, comme des mendiants, pour recevoir tout de suite toute la bénédiction dont ils ont besoin. Aucun de vos propres efforts ne peut vous rendre meilleurs.

Semblables à un homme qui se débattrait au fond d'un bourbier fangeux, chaque effort que vous faites de vous-même vous enfonce plus profondément dans la boue. Toutes les entreprises, toutes les œuvres que vous faites de votre propre mouvement, au lieu de vous rapprocher de Christ, vous enfoncent toujours davantage dans les ténèbres et le péché, toujours plus loin de Dieu.

Le pécheur mort dans ses fautes et ses péchés est aussi éloigné de la vie spirituelle et de la sainteté, qu'un cadavre l'est de la vie et de la santé ; il n'a qu'une chose à faire : cesser ses propres œuvres, venir à Christ maintenant, exactement tel qu'il est, et se soumettre à lui. Aussi longtemps qu'il croit avoir quelque chose à faire auparavant, il ne voit pas que le moment présent est le moment donné de Dieu pour le salut de son âme. De même pour le chrétien : aussi longtemps qu'il cherche la sanctification dans le chemin de ses propres œuvres, il perd de vue que le moment présent est le moment de Dieu pour recevoir de Lui la victoire sur le péché.

5. Beaucoup de chrétiens font fausse route parce qu'ils ont vu des églises antinomiennes de l'ancienne école, églises complètement mortes, réveillées d'une certaine façon, et qu'ils supposent que toutes les églises doivent être réveillées de cette façon-là.

Dans quelques-unes de ces églises, les chrétiens, nourris de doctrines abstraites, étaient devenus à peu près aussi stupides que les bancs sur lesquels ils étaient assis ; et ils se sont réveillés lorsqu'on les a poussés au travail. Ce n'est pas qu'il y eût aucune religion dans l'activité de semblables chrétiens ; mais la nécessité de travailler leur a fait sentir tout ce qui leur manquait, et combien ils étaient indignes d'être membres d'une église. Par là leur conscience a été réveillée.

C'est ce qui arrive quelquefois quand un pécheur insouciant est mis en demeure de prier. Chacun sait qu'il n'y a aucune valeur religieuse dans la prière d'un tel homme ; mais l'obligation de prier peut attirer l'attention de cet homme sur les choses de Dieu et donner au Saint-Esprit l'occasion d'arracher son âme au sommeil.

Le cas serait tout autre s'il s'agissait d'un homme qui aurait eu l'habitude de prier dès son enfance et qui par ses prières formalistes aurait été rendu aussi froid qu'une pierre. L'obligation de prier une fois de plus ne l'amènerait pas à la conviction de péché ; pour l'amener à cette conviction, il faudrait au contraire l'arrêter dans ses prières impies et lui en montrer le vrai caractère.

Pour en revenir aux églises, je dis que le moyen de réveiller telle d'entre elles où tout était dans l'immobilité, a pu être d'en pousser les membres à avertir les pécheurs du danger qu'ils courent ; parce que l'attention de ces mêmes membres a été ainsi attirée sur le sujet du salut et que le Saint-Esprit a saisi cette occasion pour en amener plusieurs à la repentance. Mais en tirer la règle que pour réveiller une église, il faut toujours la pousser à l'action, c'est faire preuve d'une complète inintelligence.

Il faut distinguer entre les églises, suivant les habitudes qu'elles ont eues. Si vous avez affaire à une église qui passe pour « avoir de la vie », ayant eu l'habitude des réveils et des réunions prolongées, vous n'aurez aucune peine à la réveiller pour l'action, je veux dire que vous la déciderez facilement à se donner du mouvement et à faire du bruit. Mais, règle générale, à moins qu'on ne procède à son égard avec une grande sagesse et une grande fidélité, chaque nouveau réveil en rendra les chrétiens plus superficiels ; bien loin d'arriver à cet état où le cœur est brisé et où le croyant est mort avec Christ, ils arriveront par leurs efforts et leur activité à être plus endurcis que jamais. Dites alors à ces chrétiens qu'ils sont dans la propre justice qu'il n'y a rien du Saint-Esprit dans toute leur activité, ils répondront en vous regardant d'un air étonné : « Ne savez-vous donc pas que le moyen de se réveiller est de se mettre à l’œuvre ? »

En résumé, nous disons que l'on ne peut pas procéder avec une église qui a l'habitude de l'activité comme on ferait avec une église qui ne l'a pas. Ses membres ont besoin tout d'abord d'être mis à l'épreuve et sondés à fond, de sentir ensuite leurs plaies et leurs lacunes, puis d'être amenés au pied de la croix, humbles et croyants, pour obtenir la sanctification.

Quand j'étais évangéliste, je travaillai dans une église qui avait eu beaucoup de réveils, et rien n'était plus facile que de décider ses membres à se mettre à la recherche des pécheurs et à les amener aux assemblées ; mais il n'y avait, chez ces gens, aucune profondeur dans les sentiments : Ils n'avaient pas une foi vivante. Le pasteur vit qu'en continuant dans la voie de l'activité extérieure, l'église courait à sa ruine ; que chaque réveil obtenu dans cette voie-là ne faisait que rendre les chrétiens plus superficiels ; et qu'à moins de faire un retour sur eux-mêmes et d'obtenir la sanctification, ces chrétiens perdraient bientôt toute lumière et s'endurciraient tout à fait.

Nous prêchâmes en conséquence, et l'église en fut bouleversée. Notre prédication allait tellement à l'encontre de toutes les idées que ces gens-là s'étaient faites sur la manière de répandre l’Évangile, que plusieurs en furent extrêmement irrités. Ils voulaient bien courir à droite et à gauche, parler à tort et à travers, mais ils ne voulaient rien faire d'autre. Cependant, après de terribles journées, plusieurs d'entre eux furent entièrement brisés et devinrent aussi humbles et aussi dociles que de petits enfants.

Notez qu'aujourd'hui une multitude de gens, dans l’Église, répètent sans cesse que le moyen d'être sanctifié, c'est de se mettre à l’œuvre. Ils pensent qu'à force de mouvement, ils produiront la chaleur de l'amour divin dans les cœurs. Tout cela est faux. L'agitation, le mouvement et le bruit ne produiront jamais la sanctification ; surtout pas chez ceux qui sont accoutumés à cette activité extérieure.

6. Vous qui avez l'habitude d'accomplir beaucoup de devoirs religieux et qui n'avez pas la sainteté, vous pouvez maintenant être au clair sur votre propre cas.

Vous vous êtes jeté dans l’œuvre afin de vous réveiller, au lieu de vous jeter tout d'abord aux pieds du Seigneur Jésus, et de lui faire l'abandon absolu de toute votre personne, pour qu'Il devînt votre sanctification. Ce n'est qu'après cela que vous deviez vous mettre à l’œuvre, sous son ordre et sous sa direction. Mais vous vous êtes mis au travail afin d'avoir la vie, au lieu d'aller à l’œuvre poussé par un principe de vie déposé dans votre cœur. Vous avez entrepris de gagner la sainteté petit à petit par un long travail, semblable en cela au pécheur convaincu de péché qui se prépare à venir à Christ.

Mais le malheur est que vous êtes loin d'avoir la persévérance de ce pécheur, parce que vous n'avez pas sa frayeur. Quant à lui, poussé par la crainte de l'enfer, il poursuivra ses efforts jusqu'à ce qu'il soit à bout de forces et de ressources ; accablé alors par le sentiment de sa misère, il se jettera dans les bras de Christ. Mais vous, vous croyez être chrétien, vous pensez être sauvé de l'enfer, et vous estimez pouvoir aller au ciel sans la sanctification. C'est pourquoi on ne vous voit pas, dans vos efforts pour acquérir la sainteté par vos œuvres, persévérer jusqu'à ce qu'ayant épuisé toutes vos ressources, vous vous jetiez dans les bras de votre Sauveur devenu votre unique espérance de sanctification.

Vous dites au pécheur qui cherche le salut par les œuvres : « Pourquoi n'abandonnes-tu pas tes propres efforts, pour venir, tel que tu es, à Christ, recevoir de lui le salut qu'il t'a acquis ? Il est prêt à te recevoir maintenant ». Et pourquoi ne le faites-vous pas vous-même ? Quand apprendrez- vous enfin la première leçon de la religion, à savoir que vous ne pouvez rien faire hors de Christ ?

Vous dites au pécheur qui cherche le salut par les œuvres : « Pourquoi n'abandonnes-tu pas tes propres efforts, pour venir, tel que tu es, à Christ, recevoir de lui le salut qu'il t'a acquis ? Il est prêt à te recevoir maintenant ». Et pourquoi ne le faites-vous pas vous-même ? Quand apprendrez- vous enfin la première leçon de la religion, à savoir que vous ne pouvez rien faire hors de Christ ?

7. Qu'une Église croisse en activité, ce n'est pas un signe certain qu'elle croisse en sainteté.

Si l'église croît en sainteté, elle croîtra en œuvres. Mais il peut arriver que les œuvres religieuses croissent et se multiplient, tandis que la puissance que donne le Saint-Esprit décroît rapidement. Il arrive souvent qu'une église, perdant sa puissance spirituelle, multiplie ses œuvres ; mais ces efforts n'arrêteront pas son déclin, jusqu'à ce qu'elle s'humilie et vienne aux pieds du Sauveur.

Je le vois, je devrai reprendre ce sujet. Oh ! Que ne puis-je convaincre tous les chrétiens qu'ils n'ont besoin d'autre chose que de Christ ! Qu'il s'agit seulement de venir à Christ, pour recevoir immédiatement tout ce dont ils ont besoin ; pour le recevoir lui-même comme leur sagesse, leur justice, leur sanctification et leur rédemption ! Comme alors tous leurs besoins seraient vite comblés par sa plénitude infinie !

 

Arthur KatzUn message de Charles Finney
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« Dieu nous montre que notre puissance n'est pas une chose ; c'est simplement Christ. Notre puissance n'est pas la force pour faire des choses ; c’est plutôt une Personne. C'est Christ qui se manifeste en nous, plutôt que d’utiliser Christ pour afficher nos bonnes œuvres... »

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