
Pardonner comme Etienne
Je voudrais m’attarder sur la fin de ce texte, le pardon d’Etienne. M’y attarder afin de comprendre, dans la pratique, comment un disciple peut vraiment pardonner, concrètement.
« (Hommes) au cou raide, incirconcis de cœur et d'oreilles vous vous opposez toujours au Saint-Esprit, vous comme vos pères. Lequel des prophètes vos pères n'ont-ils pas persécuté ? Ils ont mis à mort ceux qui annonçaient à l'avance la venue du Juste, dont vous êtes devenus maintenant les meurtriers après l'avoir livré, vous qui avez reçu la loi sur l'ordre des anges, et qui ne l'avez pas gardée !...
En entendant cela, ils furent exaspérés dans leurs cœurs, et ils grinçaient des dents contre lui. Mais Étienne, rempli d'Esprit Saint, fixa les regards vers le ciel et vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. Il dit : Voici : je vois les cieux ouverts et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu. Ils crièrent alors d'une voix forte, en se bouchant les oreilles, et ils se précipitèrent tous ensemble sur lui, le chassèrent hors de la ville et le lapidèrent. Les témoins avaient déposé leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme appelé Saul. Ils lapidèrent Étienne, qui priait et disait : Seigneur Jésus reçois mon esprit ! Puis, il se mit à genoux et s'écria d'une voix forte : Seigneur, ne les charge pas de ce péché ! Et, après avoir dit cela, il s'endormit » (Actes 7 v. 51 à 60).
Quel texte n’est-il pas !?
Je voudrais m’attarder sur la fin de ce texte, le pardon d’Etienne. M’y attarder afin de comprendre, dans la pratique, comment un disciple peut vraiment pardonner, concrètement.
Ici, Etienne est fraichement choisi parmi les sept qui serviront aux tables. Luc nous dit qu’il était plein d’Esprit Saint et de sagesse. Il se fait accuser de blasphème et se retrouve devant le grand conseil pour se défendre (la Bible précise que son visage était comme celui d’un ange). Et, comme nous l’avons lu, sa défense leur est insupportable et il décide de le lapider. Nous pourrions nous étendre sur ce jugement hâtif et méchant mais n’oublions pas que pour ces hommes, c’est Dieu qu’ils défendent. Saul, qui deviendra Paul est déjà présent.
Je voudrais plutôt me focaliser sur l’attitude d’Etienne face à cette terrible injustice.
« Etienne est en train de se faire lapider. La lapidation, c’est une mise à mort de quelqu’un à coup de pierres (La tradition rabbinique fournit les renseignements suivants : dépouillé de ses vêtements, à l'exception d'un caleçon, le coupable était conduit sur une éminence ou placé sur un échafaud d'environ 3 m. Le premier témoin à charge le précipitait de cette hauteur. Le 2e témoin saisissait une grosse pierre et visait au cœur ou à la tête du condamné, que les assistants achevaient si la 1re pierre ne l'avait pas tué. Parfois, le cadavre était suspendu à un poteau jusqu'au coucher du soleil, ou brûlé (Deutéronome 21 v. 23 ; Josué 7 v. 25). La loi juive tardive interdisait de l'enterrer dans le tombeau de famille. On avait la coutume d'élever au-dessus du corps, ou de ses cendres, un monceau de pierres). » Nouveau Dictionnaire Biblique.
Voilà donc le drame qui se joue. Et comment Etienne réagit-il ? Il pardonne. Il est littéralement en train de pardonner à ses meurtriers pendant son propre meurtre. Mais en fait, et c’est cela que je voudrais détailler ici, il fait bien plus que pardonner. Il pratique là un pardon qui ferait rougir n’importe lequel d’entre nous qui pense avoir déjà pardonné. Il nous donne là une leçon de spiritualité et de vie de l’Esprit mémorable que nous ne pourrons plus négliger à partir d’aujourd’hui.
- Il pardonne sans que personne ne lui ait demandé pardon (combien sommes-nous retissant à pardonner sans demande de pardon)
- Il fait plus que pardonner (combien sommes-nous retissant à pardonner et oublier la faute)
- Il fait plus qu’oublier (combien oublie en espérant que Dieu face justice, s’ils ne paient pas ici-bas, ils paieront là-haut …)
- Il fait plus que de s’attendre à la justice de Dieu
En fait, Etienne pardonne comme Jésus : « Seigneur, ne les charge pas de ce péché ! » (Actes 7 v. 60). Il demande à Dieu de ne pas compter, de ne pas comptabiliser, de ne pas retenir contre eux le péché qu’ils sont en train de commettre.
Voyez-vous ici la profondeur de ce dont nous sommes en train de parler ? J’ai bien conscience que je devrais être à genoux pour vous parler de ce sujet. Mais permettez-moi de questionner la qualité de notre pardon. Le pardon qui libère, c’est le pardon d’Etienne. Le pardon miracle, c’est le pardon d’Etienne. Avons-nous envie de pardonner ainsi ? Avons-nous envie de marcher sur ce chemin ?
Je vous parle de ceci aujourd’hui car la Bible nous montre un chemin. Un chemin bien précis pour parvenir à vivre dans le pardon miracle. Ce chemin, nous pouvons le découvrir dans un passage de l’Evangile de Jean.
« Le soir de ce jour, qui était le premier de la semaine, les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient fermées, par la crainte qu'ils avaient des Juifs ; Jésus vint, et debout au milieu d'eux, il leur dit : Que la paix soit avec vous ! Quand il eut dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples se réjouirent en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : Que la paix soit avec vous ! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie. Après ces paroles, il souffla sur eux et leur dit : Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés, et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus » (Jean 20 v. 19 à 23 ).
Voilà encore un texte incroyable. Je dis cela pour chaque texte que je lis mais le fait de les voir s’articuler ainsi me donne toujours une joie incroyable.
Jésus est ressuscité, il apparaît aux disciples. Il leurs dit : « Que la paix soit avec vous ! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jean 20 v. 21). Mais c’est sur la dernière chose que nous allons trainer un peu : « Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés, et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus ». Sommes-nous bien d’accord pour dire que c’est bien ce qu’Etienne a fait !? Il a pardonné les péchés. Prenons quelques instants pour expliquer un peu plus en détails :
Pardonner les péchés ? Jésus n’est pas en train de donner aux hommes son propre pouvoir. La Bible dit bien que le seul qui pardonne le péché, c’est Dieu au travers de l’œuvre de Jésus. En fait, Dieu est capable de pardonner car les péchés sont commis contre lui. C’est lui qui est premièrement offensé par le péché des hommes, même s’il est dirigé contre moi. Ce que Jésus dit ici, c’est finalement ce qu’Etienne a fait : vous voilà capable de pardonner le péché qui est fait contre vous de la même manière que je pardonne le péché qui est fait contre moi.
Un pardon comme celui d’Etienne (sans demande, sans justice, sans oublie, …) un pardon total, comme celui du Christ.
Le texte que nous avons lu dit qu’Etienne a vu Jésus dans le ciel. Il dit : « Voici : je vois les cieux ouverts et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu » (Actes 7 v. 56). C’est d’ailleurs ce qui a rendu fou les religieux. Il voit le Christ, il ne peut donc pas faire autrement que de faire comme lui. Ça n’est même plus de l’obéissance, c’est un don de Dieu.
« Lorsqu'ils furent arrivés au lieu appelé le Crâne, ils le crucifièrent là, ainsi que les deux malfaiteurs ; l'un à droite, l'autre à gauche. Jésus dit : Père pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font. (…) » (Luc 23 v. 33 et 34).
Imaginez-vous un instant à la place d’Etienne, vous voyez Jésus apparaître dans le ciel, comment imaginez-vous la suite de l’histoire ? Les habitués de la Bible ne peuvent s’attendre qu’à une délivrance merveilleuse. Un enfant de Dieu est au supplice, Jésus apparaît, il est présent comme il l’avait promis, c’est le meilleur moment pour faire éclater sa gloire. Mais les habitués de la Bible ne seront pas choqués de constater que Jésus ne va rien faire de tout cela. D’ailleurs, Etienne ne va rien demander du tout. Quelle leçon !
Lorsque la Bible parle du pardon ; c’est un pardon qui est inaccessible aux non croyants. On ne peut pardonner ainsi qu’en ayant été nous-même pardonné de la sorte. « Montre-moi comment tu pardonnes, je te dirai si tu as vécu le pardon de Dieu ».
Nous voyons donc que Jésus donne cette capacité aux disciples, c’est un don de Dieu, je le répète. Forcer quelqu’un à pardonner ne me semble pas être le bon chemin lorsque je lis ce texte. Mais alors comment ? Comment est-ce possible ? Le texte le dit aussi et c’est la deuxième chose que je veux en tirer.
Après ces paroles, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l'Esprit Saint » (Jean 20 v. 22). Je tombe parfois sur des vidéos de pasteurs qui soufflent sur les gens pour je ne sais qu’elle expérience étrange. Ça n’est pas de cela dont il est question. Que fait Jésus ici ? Les Evangiles nous disent que Jésus est un imitateur de Dieu son père : « Jésus leur répondit donc : En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire par lui-même, mais seulement ce qu'il voit faire au Père ; et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait également » (Jean 5 v. 19). Il fait donc ce qu’il a vu. Lisons Genèse 2 v. 7 : « L’Éternel Dieu forma l'homme de la poussière du sol ; il insuffla dans ses narines un souffle vital, et l'homme devint un être vivant ».
Voilà donc ce que fait Jésus ici. Il transforme ses disciples en être vivants. Il les fait renaître. Il les fait naître de nouveau. Il fait ce qu’il avait annoncé à Nicodème quelques temps plus tôt : « Jésus lui répondit : En vérité, en vérité je te le dis, si un homme ne naît de nouveau il ne peut voir le royaume de Dieu » (Jean 3 v. 3).
Mes amis, lorsque nous sommes nés de nouveau, Jésus a soufflé son Esprit en nous et nous a donné, entre-autres merveilleuses choses, la capacité de pardonner comme Lui, comme Etienne. Mon message aujourd’hui parle du pardon, mais en fait il parle du St Esprit. Je veux donc rappeler l’importance d’être remplis du St Esprit. Sans lui, nous ne pourrons pardonner réellement. Ce que nous pensons être le pardon ne l’est pas.
Je ne sais pas si vous vous êtes déjà fait lapider, peut-être êtes-vous en train de le vivre ou peut-être le vivrez-vous bientôt. Les parents, les amis, le travail, l’église. L’injustice est partout et la nécessité de pardonner réellement n’est jamais loin. Le St Esprit en nous peut faire cela.
C’est d’ailleurs à ces choses-là que vous pouvez réellement reconnaître un réveil spirituel. Être rempli de l’Esprit, ce n’est pas une atmosphère. Parfois, nous entendons des gens dire, j’aime tel ou tel endroit parce que la présence de Dieu est palpable. Mes amis la présence de Dieu ne se palpe pas, la présence de Dieu elle pousse les gens qui se font tuer à pardonner leurs meurtriers.
Vous connaissez ce chant ? « Quand l’Esprit de Dieu habite en moi, je chante, je loue et je danse comme David ». Pourquoi pas, mais je trouve cela tellement réducteur. Pourquoi ne rajoute-t-on pas une strophe « Quand l’Esprit de Dieu habite en moi je pardonne comme Etienne ». Vous voulez un réveil spirituel dans votre vie personnelle ? Regardez comment vous réagissez lorsqu’on vous lapide.
Je répète qu’un tel pardon est un don. Je ne sais pas dans quel état d’esprit vous met ce genre de prédication. Peut-être êtes-vous énervés comme les religieux avec Etienne. Peut-être êtes-vous tristes comme le jeune homme riche, baissant la tête de culpabilité et disant : « et voilà, encore une nouvelle chose à faire, encore une nouvelle preuve de mon incapacité. Tu n’es pas à ma place, tu parles de pardon mais c’est au-delà de mes forces ». Je sais, c’est normal, c’est bien ! Il faut aller au-delà de ces sentiments (colère ou culpabilité) pour comprendre qu’il nous faut nous remettre en marche. Entendre Jésus nous dire aujourd’hui ; « il te manque encore quelque chose » (Luc 18 v. 22). Cette chose n’est pas un nouveau commandement, c’est un don, c’est une véritable vie de l’Esprit.
Il s’agit d’un cercle vertueux dans lequel Dieu nous fait entrer. Le St Esprit est la source de ce grand miracle (le pardon). Et le grand miracle (le pardon) confirme la puissance de la source (le St Esprit).
Attention, Dieu va causer les situations qui vont nous permettre de mettre en pratique ce don ; des situations dans lesquelles nous n’aurons d’autre choix que de le laisser pardonner à notre place. Et, bien sûr, vous comprenez que je ne parle pas uniquement du pardon ici. Si cela vous touche, tant mieux, mais vous pouvez l’appliquer à toute votre vie. Prenons l’exemple des relations de couple. La Bible demande au mari d’avoir un esprit de sacrifice pour sa femme et à la femme d’avoir un esprit de soumission.
Si moi, en tant que mari, je me rends compte que je ne vis pas dans cet esprit de sacrifice et que je demande l’assistance de Dieu, il ne va pas ôter de ma vie les situations qui vont me demander un sacrifice, c’est même tout le contraire. De même pour les femmes. De même pour n’importe quelle autre situation.
Lisons un dernier texte. C’est Paul qui écrit cela, celui qui a vu Etienne pardonner trente ans plus tôt : « Pour vous, vous n'êtes plus sous l'emprise de la chair, mais sous celle de l'Esprit, si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, il ne lui appartient pas. Et si Christ est en vous, le corps, il est vrai, est mort à cause du péché, mais l'esprit est vie à cause de la justice. Et si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ-Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous » (Romains 8 v. 8 à 11 ).
Si nous sommes unis à Jésus Christ, l’Esprit de celui qui l’a ressuscité d’entre les morts habite en nous. Tu ne peux pas pardonner comme Etienne mais l’Esprit de celui qui a ressuscité Christ lui, il le peut. Vous connaissez ce petit cantique ? « Puisque le même Esprit qui ressuscita Christ est en nous. Il nous rend fort, vainqueur de la mort, puisqu’il vit dans nos corps ». J’avoue que je préfère celui-ci.
Ou comment Dieu révèle son œuvre par son œuvre
À l’instar d’un père hissant son enfant sur ses épaules pour lui permettre de mieux voir, Benjamin Gabelle, doté de solides connaissances scientifiques, analyse des éléments de la création et en tire des enseignements spirituels pour la vie personnelle, familiale et ecclésiale du croyant.
En découvrant ce parallèle entre nature et principes bibliques, le lecteur sera, tout à la fois, captivé, émerveillé, instruit et enrichi. Sa lecture achevée, il n’aura de cesse de louer son Créateur et cherchera à le connaître plus et mieux !
Benjamin a 31 ans et enseigne les Sciences de l’Ingénieur au lycée, il est l’un des prédicateurs de son Église locale en Alsace. Marié à Claire et père de trois enfants, il est né dans une famille chrétienne et expérimente la vie avec Dieu depuis son enfance.