Obstacles doctrinaux

Obstacles doctrinaux

Les chemins vers la puissance.5 - La connaissance de la vérité ne suffit pas ; on doit se conformer à la vérité si on veut connaître, par une expérience réelle, la félicité qui est décrite dans ce petit livre.

N'importe quel homme, qui observe à l'occasion la scène religieuse aujourd'hui, sera frappé par deux choses : Premièrement, l'on rencontre très peu le sens du péché parmi les inconvertis. Deuxièmement, le chrétien moyen vit une vie si mondaine et si insouciante, qu'il est difficile de faire la distinction entre lui et l'inconverti. La puissance qui apporte la conviction au pécheur, et rend le chrétien capable de surmonter la tentation dans sa vie de tous les jours, est entravée quelque part en cours de route. 

Il faudrait avoir un esprit simpliste pour ne considérer qu'une seule chose comme étant la cause de cette situation, car plusieurs éléments nous empêchent de réaliser pleinement nos privilèges néo-testamentaires. Il existe cependant une catégorie d'obstacles qui ressort si manifestement, que nous ne courons aucun danger en lui attribuant une très grande part de nos problèmes. Je veux parler ici des fausses doctrines et de l'importance exagérée que l' on accorde à de bonnes doctrines. Je désire signaler quelques-unes de ces doctrines, et le faire en espérant sincèrement que cela ne suscitera aucune controverse, mais que cela nous amènera à faire un examen respectueux de la position dans laquelle nous nous trouvons.

De nos jours, le christianisme fondamentaliste est profondément influencé par cet ancien ennemi de la doctrine qui a pour nom « antinomie ». Le crédo de l'adepte de l'antinomie est simple. Nous sommes sauvés par la foi seule, les œuvres n'ont pas leur place dans le salut, notre façon de nous conduire constitue des œuvres, et pour cette raison, n'a donc aucune importance. Ce que nous faisons n'a pas d'importance, aussi longtemps que nous croyons de manière correcte. Le divorce entre la foi et la conduite est absolu et sans appel. Le problème du péché est réglé par la croix, la conduite se trouve en dehors du cercle de la foi et ne peut s'interposer entre le croyant et Dieu. 

C'est là, en peu de mots, ce qu'enseigne l'antinomie. Et cet enseignement a tellement pénétré l'élément fondamentaliste au sein du christianisme moderne, qu'il est accepté par les masses religieuses comme étant la pure vérité de Dieu. 

L'antinomie est la doctrine de la grâce, poussée jusqu'à l'absurde par une logique non corrigée. Elle prend l'enseignement de la justification par la foi et la déforme en la tordant. Elle a tourmenté l'apôtre Paul dans l'église primitive et a provoqué certaines de ses dénonciations les plus pittoresques. Quand la question est posée : « Demeurerions nous dans le péché, afin que la grâce abonde ? » (Romains 6 v. 1), il répond non avec cet argument puissant que nous trouvons dans le sixième chapitre de son Épître aux Romains : « Loin de là ! Nous qui sommes morts au péché, comment vivrions-nous encore dans le péché ? »  (v. 2).

Ceux qui, de nos jours, se font les défenseurs de l'antinomie méritent notre respect pour au moins une chose, leur intention est bonne. L'erreur qu'ils commettent provient de leur désir d'exalter la grâce et la liberté de l'Évangile. Ils partent du bon pied, mais se permettent d'aller au-delà de ce qui est écrit, en adhérant de façon servile à une logique indisciplinée. 

Il est toujours dangereux d'isoler une vérité et de la pousser à ses limites, sans égard pour les autres vérités. Les Écritures ne nous enseignent pas que la grâce nous rend libres de pécher. Mais, elle nous rend plutôt libres de faire le bien. Il y a un abîme immense entre ces deux conceptions de la grâce. 

Il serait bon de formuler comme un axiome du système chrétien que quelle que soit la chose qui rend le péché acceptable, cette chose est ennemie de Dieu et des âmes. 

Tout de suite après la Première Guerre mondiale, on a vu éclater une épidémie d'évangélisation populaire mettant l'accent sur ce qu'on appelait alors, l'évangile positif. Les mots d'ordre étaient « croire », « programme », et « vision ». Le point de vue présenté était entièrement objectif. Les hommes fulminaient contre tout ce qui était devoir, commandements, et ce qu'ils qualifiaient avec mépris de « décalogue des interdits ». Ils parlaient d'un « grand » et « charmant » Jésus, qui était venu pour nous aider à obtenir la victoire, nous les pauvres mais bien intentionnés pécheurs. 

On présentait Jésus comme un « exauceur » de prières puissant, mais pas trop exigeant. Le message était fait pour encourager une attitude de mendicité passive à l'égard de Christ. La partie du Nouveau Testament qui nous encourage à vivre une vie sainte avait été soigneusement laissée de côté. On la qualifiait de « négative », et par conséquent, on ne la tolérait pas. Des milliers de gens cherchaient de l'aide, sans pour autant vouloir tout laisser pour suivre le Seigneur. On interprétait la volonté de Dieu de la façon suivante : « Viens, et reçois ». Christ était donc devenu un pourvoyeur utile, mais son droit incontestable à la Seigneurie sur le croyant était éliminé de façon tacite. 

Une grande partie de tout cela fait maintenant partie de l'histoire. L’aise économique des années 1930 y a mis fin, en organisant des réunions monstres qui ont proclamé que ce n'était pas profitable. Mais ses mauvais fruits demeurent. Le courant de la pensée évangélique avait été pollué, et ses eaux sont toujours boueuses. Une des choses qui restent comme un dangereux reliquat de ces jours de gala, c'est l'habitude réconfortante que nous avons prise de jeter tout le blâme sur le diable. 

Personne ne devait se sentir coupable de quoi que ce soit. C'est le diable qui était responsable, par conséquent, pourquoi blâmer le pécheur pour les méfaits du diable ? 

Celui-ci est ainsi devenu le bouc émissaire universel, étant responsable du moindre acte de méchanceté commis depuis Adam jusqu'à nos jours. On en a déduit que nous, pécheurs aimables et charmants, ne sommes pas réellement mauvais. Disons que nous sommes plutôt détournés du droit chemin par les flatteries de ce méchant vieux gredin qui hante les lieux célestes. Nos péchés ne sont pas l'expression de notre volonté rebelle, ils ne sont que des ecchymoses ornant les endroits où le diable nous a bourré de coups. Dans ces conditions, il est normal que les pécheurs ne sentent aucune culpabilité, puisqu'ils se voient plutôt comme les victimes de la méchanceté d'un autre. 

Avec ce genre d'enseignement, on ne risque pas de se condamner soi-même, mais, en revanche, on risque, et cela se fait, de beaucoup s'apitoyer sur soi-même au sujet du sale coup que nous a fait, à nous pauvres pécheurs, ce méchant diable. Il faut dire qu'aucun étudiant ne sous-estimera les sinistres agissements de Satan, mais le rendre responsable de nos péchés, c'est nous leurrer mortellement et systématiquement. Et l'illusion la plus dure à éliminer est celle que l'on s'impose soi-même.

Il y a une autre doctrine qui entrave l'œuvre de Dieu, et que l'on entend presque partout, c'est que les pécheurs ne sont pas perdus parce qu'ils ont péché, mais parce qu'ils n'ont pas accepté Jésus : « Les hommes ne sont pas damnés parce qu'ils ont tué ; ils ne sont pas envoyés en enfer parce qu'ils mentent, ou volent, ou blasphèment, non ! Ils sont précipités en enfer parce qu'ils rejettent un Sauveur ». Ce genre de prédication à courte vue retentit constamment à nos oreilles, et rares sont ceux qui la contestent. 

Un argument semblable serait targué de stupide, mais personne, semble-t-il, ne le remarque : « Cet homme atteint de cancer se meurt, mais ce n'est pas le cancer qui est responsable de sa mort, c'est le fait qu'il n'accepte pas de traitement ». N'est-il pas évident que la seule raison pour laquelle cet homme a besoin d'un traitement, c'est que le cancer l'a déjà marqué pour mourir ? 

La seule raison pour laquelle j'ai besoin d'un sauveur, en sa qualité de Sauveur, c'est que je porte déjà la marque de l'enfer à cause des péchés que j'ai commis. Le fait de refuser de croire en Christ est un symptôme d'une plus grande méchanceté dans ma vie, de péchés non confessés et de mauvaises voies non abandonnées. La culpabilité réside dans les actions du péché, la preuve de cette culpabilité se voit dans le rejet du Sauveur. 

Si quelqu'un était tenté d'écarter mes paroles, et de n'y voir qu'une dispute de mots, qu'il prenne le temps de réfléchir d'abord. La doctrine qui voudrait que le seul péché mortel soit le rejet de Jésus, est définitivement une cause qui contribue à notre faiblesse présente et au manque de force morale. Elle n'est qu'un sophisme théologique habile, que le chrétien moderne est arrivé à identifier à de l'orthodoxie. C'est pourquoi elle est très difficile à corriger.

À cause de son apparence inoffensive, elle est l'une des croyances les plus préjudiciables, parce qu'elle détruit notre sens des responsabilités en ce qui concerne notre conduite morale. Elle enlève au péché toute son horreur et fait du « mal » une simple question technique. Or, là où le péché n'est pas traité, la puissance de Dieu ne peut pas affluer.

Un autre obstacle doctrinal est celui qui consiste à enseigner que les hommes sont tellement faibles de nature, qu'ils sont incapables de respecter la loi de Dieu. On nous enfonce notre incapacité morale dans la tête, à coups de sermons, jusqu'à ce que le découragement nous prenne et que, désespérés, nous abandonnions la partie. Et par-dessus tout cela, on nous dit que nous devons accepter Jésus, afin que nous puissions être sauvés de la malédiction de la loi ! 

Quoi que puisse dire l'intellect, le cœur humain ne pourra jamais accepter l'idée que nous sommes tenus pour responsables d'avoir violé une loi qu'il nous est impossible de respecter. Dites-moi, est-ce qu'un père songerait à placer sur le dos de son petit garçon de trois ans un sac de blé pesant 225 kilos, pour ensuite le battre parce qu'il serait incapable de le porter ? De deux choses l'une, ou bien les hommes peuvent plaire à Dieu, ou bien ils ne le peuvent pas. S'ils ne le peuvent pas, alors ils ne sont pas moralement responsables, et n'ont rien à craindre. En revanche, si les incroyants peuvent plaire à Dieu mais ne le veulent pas, alors ils sont coupables, et leur destination finale, en tant que pécheurs coupables, sera l'enfer. 

C'est, sans aucun doute, cette deuxième conclusion qui est la réalité. Si l'on permet à la Bible de parler pour elle-même, elle enseignera avec force la doctrine de la responsabilité personnelle de l'homme pour les péchés qu'il a commis.

Certains enseignants de la Bible se sont servis du témoignage de Paul au septième chapitre de son Épître aux Romains pour en sortir la doctrine de l'incapacité morale. 

Cependant, quelle que soit la façon d'interpréter le combat intérieur de Paul, le fait de croire qu'il a systématiquement été un violateur de la loi et un transgresseur des dix commandements, va à l'encontre de toute la vérité connue. Il a témoigné de façon particulière qu'il a vécu en ayant une conscience pure devant Dieu, ce qui, aux yeux d'un Juif, ne pouvait signifier qu'une chose : Qu'il avait observé les exigences légales de la loi. Le cri de Paul, dans son Épître aux Romains, ne s'élève pas pour recevoir de la puissance afin d'accomplir les simples clauses morales des dix commandements, mais pour recevoir la sainteté intérieure, que la loi ne pouvait pas communiquer. 

Il est temps que nous mettions de l'ordre dans les idées que nous avons au sujet de la loi. L'impuissance de la loi était triple.

1. Elle ne pouvait pas effacer les péchés passés, c'est-à-dire qu'elle ne pouvait pas justifier. 

2. Elle ne pouvait pas donner la vie à des hommes morts, c'est-à-dire qu'elle ne pouvait pas régénérer. 

3. Elle ne pouvait pas rendre bons des cœurs mauvais, c'est-à-dire elle ne pouvait pas sanctifier. 

C'est se tromper du tout au tout, que d'enseigner que l'insuffisance de la loi est attribuable à l'incapacité morale dans laquelle se trouvait l'homme, de satisfaire aux simples exigences de la loi en matière de comportement humain. S'il n'avait pas été possible d'obéir à la loi, on pourrait dire que Dieu a mis sur les épaules des hommes un fardeau moral impossible à porter et puis les a punis pour n'avoir pas été capables de faire l'impossible. Je veux croire tout ce que je trouve dans la Bible, mais je ne me sens aucunement obligé de croire à un enseignement qui est manifestement une conclusion erronée et qui constitue, de plus, un outrage à la raison humaine. 

La Bible, dans son entier, prend pour acquis la capacité d'Israël d'obéir à la loi. La condamnation est venue parce qu'Israël, bien qu'ayant cette capacité, a refusé d'obéir. 

Les Israélites n'ont pas péché par charmante faiblesse, mais par une rébellion délibérée contre la volonté de Dieu. Le refus délibéré d'obéir à Dieu, c'est là toujours la nature intérieure du péché. Cependant, des hommes essaient perpétuellement de convaincre des pécheurs, en leur disant qu'ils ont péché parce que c'était plus fort qu'eux. 

La mode qui consiste à excuser le péché, ou à chercher une justification théologique au péché, au lieu de le régler comme étant un affront à Dieu, a de terribles effets dans nos milieux chrétiens. Une recherche profonde du cœur et le fait de se détourner résolument du péché, contribueront beaucoup à ramener la puissance dans l'Église de Christ. Les gens ont besoin d'entendre à nouveau à ce sujet des sermons prononcés avec larmes, et vibrants de tendre ferveur, avant qu'un réveil puisse se manifester. 

Les contradictions observées dans les enseignements que nous avons examinés sont une autre cause de faiblesse. En règle générale, les chrétiens ne peuvent jouir d'une grande puissance à moins qu'ils ne commencent à penser de façon correcte. 

Que les méthodistes aient ou non eu raison sur tous les points qu'ils défendaient, on ne le saura jamais; mais leurs dirigeants avaient réfléchi si sérieusement et si clairement qu'il n'y avait pas de danger qu'ils fassent tourner en rond leurs fidèles. Aussi loin qu'ils pouvaient voir, il n'y avait pas de contradictions dans leur philosophie de la foi; ce qui constituait pour eux une véritable force. La même chose a été vraie pour les réveils de Finney. Dieu a utilisé Finney pour amener les gens à penser de façon correcte en matière de religion.

Toutes ses conclusions peuvent ne pas avoir été justes; mais il a supprimé les impasses doctrinales et a amené les gens à se tourner vers Dieu. Il a mis devant ses auditeurs une morale «c'est l'un ou l'autre'', de telle sorte qu'ils puissent toujours savoir où ils se trouvaient exactement. La confusion intérieure, causée par des contradictions cachées, n'existait pas dans ses prédications. Nous aurions besoin d'un autre Finney aujourd'hui !

 

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