J'ai été crucifié !

J'ai été crucifié !

C'est le témoignage de Paul, un petit joyau de théologie personnelle au milieu d'une épître qui, elle, n'est pas si magnifique parce que ses correspondants, les Galates, étaient rétrogrades. Mais dans ce verset, Paul dépose un petit diamant.

« J'ai été crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi ; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi » (Galates 2 v. 20).
Remarquez que ce court passage contient un tas de contradictions : « J'ai été crucifié ». Il y a là une contradiction. Celui qui aurait été crucifié ne serait pas là pour le dire. Ou bien il n'a pas été crucifié et il peut parler, ou bien il a été crucifié et il ne peut pas en parler

Mais voici un homme qui disait : « J'ai été crucifié » et qui pourtant l'écrivait de sa main. Personne n'a jamais dit : « J'ai été pendu », excepté naturellement s'il n'était pas dans son bon sens. Personne n'a jamais dit au docteur : « Docteur, envoyez chercher les pompes funèbres, je suis mort ». S'il n'était pas mort, il ne dirait pas qu'il est mort et s'il était mort, il ne parlerait pas au docteur. Et cependant, voici un homme qui dit : « J'ai été crucifié ». C'est une contradiction.

Mais, admettons que, par quelque miracle, un homme ait pu dire : « J'ai été crucifié », comme s'il eut parlé depuis l'autre monde à celui-ci. Alors, il se contredit en disant : « Et je vis ». S'il a été crucifié, comment pourrait-il vivre ? Le verset dit : « Je vis », et puis se contredit encore par la déclaration : « Ce n'est plus moi qui vis ».

 Plus loin, il dit : « Si je vis maintenant dans la chair » - moi qui ai été crucifié et qui vis pourtant, mais qui ne suis pas vivant – « si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est donné lui-même pour moi ».

J'ai délibérément accentué les apparentes contradictions, non que je crois qu'il y ait des contradictions fondamentales, mais parce que je veux que vous compreniez que vous ne pouvez pas lire superficiellement ce verset comme vous le faites avec la prière du Seigneur ou le Psaume 23. Je crois non seulement qu'il signifie quelque chose, mais aussi que nous pouvons le mettre en pratique et le vivre chacun dans notre vie. Paul dit : « J'ai été crucifié » et il utilise quatorze fois les pronoms personnels. Paul n'a pas peur de parler de son « moi ». « Le moi » est la somme de tout mon être.

Le christianisme reconnaît et résout le problème du « moi ». La plupart des écoles de psychologie superficielle d'aujourd'hui essaient de traiter le problème du « moi » par des tours de passe-passe. Mais le christianisme, lui, le traite en s’en débarrassant définitivement. Deux « moi » cohabitent dans chaque croyant. D'abord, il y a le « moi » naturel. C'est ce que Paul veut dire quand il écrit : « Moi, mon moi naturel, a été crucifié ». Puis, il y a un autre « moi ». C'est l'homme réel et c'est ce « moi » qui vit maintenant. J’ai été crucifié, je vis et si je vis, ce n'est pas mon « moi » qui a été crucifié, mais le Christ qui vit en moi.

Ici, la contradiction n'est qu'apparente. Ce « moi » naturel est l'objet de la juste colère de Dieu. Il est l'essence de tout ce qui est anti-Dieu et laissez-moi dire simplement que tout ce qui ne passe pas par la crucifixion et la transformation, et par une nouvelle création en Christ est anti Christ. On essaie d'arranger les choses, mais tout ce qui n'est pas avec Christ est contre Christ. « Celui qui n'est pas avec moi est contre moi et celui qui n'est pas avec moi disperse » (Luc 11 v. 23). On prêche beaucoup la tolérance de nos jours, mais le livre le plus intolérant qui soit dans le monde entier est la Bible, et le Maître le plus intolérant qui ait jamais enseigné publiquement a été le Seigneur Jésus-Christ lui-même.

Il y a une différence énorme entre être tolérant et être charitable. Jésus-Christ était si charitable que son amour embrassait le monde entier et qu'il s'est donné lui-même pour ceux qui le haïssaient. Mais il était si intolérant qu'il a dit : « Celui qui n'est pas avec moi est contre moi ». « Si vous ne croyez pas ce que je suis, vous mourrez dans vos péchés » (Jean 8 v. 21).

La ligne de démarcation dans l'alternative est si fine et si précise qu'il faut ou bien se mettre de son côté et vivre, ou bien se mettre de l'autre côté et périr. Il n'y a pas de moyen terme. Il n'y a pas d'équivoques dans l'enseignement de Jésus, pas de juste milieu. À cet égard, le Christianisme règle le problème de mon « moi » par une destruction intolérante et définitive. Dieu prononce une condamnation sévère sur lui. Il le désapprouve absolument et le rejette entièrement et dit que ce « moi », ce « moi » rebelle, ce « moi » anti-Dieu, est plein de péché et est une personnification de la révolte, de la désobéissance et de l'incrédulité. Avec ce « moi », Dieu n'a rien à faire.

Dans le cadre du Christianisme, il y a deux positions, correspondant à deux sortes de religions. L'une est que le Seigneur est venu pour m'aider, pour aider mon « moi » et me débarrasser des complexes et des excentricités qui se sont manifestés en moi, parce que ma mère m'a disputé quand j'étais petit. L'autre position est que Jésus-Christ est venu en finir avec ce « moi ». Nous ne devons pas l'éduquer ni le polir, mais plutôt y mettre fin - non le cultiver en lui donnant un amour pour Bach, Beethoven ou Léonard de Vinci, mais le faire mourir.

Dans la repentance et le renoncement à soi, et dans l'expulsion de moi-même, je tourne le dos à mon vieux moi et je refuse de faire plus longtemps route avec lui. Je déserte ses rangs et viens rallier le camp de Jésus-Christ. Et dorénavant, je marche sous la bannière de la croix. C'est ainsi que le compte du vieux « moi » est définitivement réglé. C'est ce que le baptême est censé signifier. Le baptême est un symbole, un signe extérieur, visible, de ce qui est supposé être une réalité intérieure - à savoir que le vieux moi a été répudié et détruit. « J'ai été crucifié avec Christ » - plongé dans l'eau – « et maintenant je vis » - sorti de l'eau.

Je ne crois pas que nous devions jamais essayer de concilier ces deux positions. Ou bien Jésus-Christ est venu mettre fin au « moi » pour commencer une vie nouvelle ou bien il est venu rafistoler le vieux moi. Il n'est pas venu faire les deux. Il n'agira pas d'une manière avec les uns et d'une autre manière avec les autres. Il agit de la même manière avec tous les hommes.

Toute la substance de la théologie néo-testamentaire est que le vieux « moi » est complètement dégradé. Ses valeurs sont fausses et sa sagesse est sujette à caution. En lui, il n'y a rien de bon. Mais en Jésus-Christ, il y a un nouveau « moi » - un nouvel homme en Christ. Lui seul doit vivre. Et dorénavant, nous devons nous reconnaître comme morts au péché et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ. Le « moi » naturel dresse un inventaire de ce qu'il lui faut. Il espère trouver quelque chose qui le fera échapper à la colère de Dieu et qui lui rendra Dieu propice, quelque chose qui lui permettra de faire l’œuvre de Dieu d'une manière satisfaisante et de développer au maximum tout le potentiel de sa nature.

C'est Dieu qui a fait le plan

Nous commençons tous notre existence avec un plan de construction et je suppose que très peu de gens le réalisent en entier. Nous construisons sur une petite partie du terrain et après quelques années de dur labeur, nous y ajoutons une pièce, mais le plan couvre les quatre coins du terrain.

C'est Dieu qui a fait le plan et nous, en bâtissant, nous n'arrivons jamais à le réaliser jusqu'au bout, jamais jusqu'au point de l'enrouler pour le ranger en disant : « Ouf ! J'ai érigé le dernier mur, j'ai posé la dernière étagère, j'ai mis la dernière porte sur ses gonds ». C'est que l'homme recherche en lui-même quelque chose qui le rendra capable de vivre une pleine vie humaine et une pleine vie chrétienne qui satisfasse Dieu.

Quand l'homme regarde dans son propre cœur, qu'y trouve-t-il, en fait ? Il trouve qu'il n'est rien, qu'il n'a rien et qu'il ne peut rien. La différence entre l'homme instruit et l'homme qui ne l'est pas est que l'homme instruit sait qu'il y a des choses qu'il ne sait pas. L'oracle déclara que Socrate était l'homme le plus sage de la Grèce et Socrate expliqua que l'oracle a pu le dire parce qu'il était le seul homme, en Grèce, qui savait qu'il ne savait rien.

Ainsi, le « moi », votre « moi » naturel, dira : « Attention, je suis Suédois ». Bien sûr, c'est une réaction normale. Ou bien : « Je suis italien ». C'est bien, mais votre réaction est aussi normale. Moi, je suis un mélange d'anglais et d'allemand, et je réagis de la même façon. Nous sommes tous les mêmes, indépendamment de nos particularismes raciaux, que nous venions d'Afrique, de l'Inde ou de tout autre pays. Et moi-même, je ne sais rien, je ne peux rien faire.

Mais le nouveau « moi » prend le contrôle de ma vie. Qu'est-ce que le nouveau « moi » possède ? Ah ! Mes amis, le nouveau « moi », la nouvelle personne possède le Christ et dit : « Ce n'est plus la vieille personne, l'ignorante, celle qui ne sait rien, ne fait rien, n'est rien. Elle est morte quand j'ai cru en Christ ».
Maintenant, c'est un nouvel homme en Christ Jésus, le Seigneur. Et maintenant, je n'ai pas honte ni peur de dire « moi », parce que quand je dis « moi », je ne veux pas parler de ma propre personne, mais du Christ qui vit en moi. Je veux dire le nouvel homme en Christ. Colossiens 1 v. 27 dit : « Christ en nous, l'espérance de la gloire ». Dans Éphésiens 1 v. 6 : « Dieu m'a accordé une grâce en Jésus-Christ » ; dans Colossiens 2 v. 10 : « J'ai tout pleinement en Christ » ; dans la première épître aux Corinthiens 1 v. 30, Paul écrit que « Jésus-Christ a été fait pour nous sagesse, justice, sanctification et rédemption ».

Ainsi, Jésus-Christ est ce qu'il nous faut. Il a ce qu'il nous faut. Il sait ce que nous avons besoin de savoir, ce qu'il peut faire en nous, produisant en nous ce qui est agréable à ses yeux.

Vous dites : « Cela m'exclut entièrement. Alors, où est mon ambition ? Où est ma réputation ? Où est ma renommée ? Que vais-je y gagner ? » Vous gagnez le Christ et la gloire, et l'efficacité, et le monde à venir et les esprits des justes parvenus à la perfection ; le Christ et l'alliance éternelle et les myriades qui forment les chœurs des anges et l'assemblée des premiers-nés, et la nouvelle Jérusalem ; et auparavant, vous avez le privilège de servir les hommes ici-bas. Voilà ce que vous y gagnez ».

Mais l'amour de Dieu est trop sage pour vous laisser vous pavaner et vous vanter et cultiver votre égoïsme et nourrir votre « moi ». Le Christ travaille en nous jusqu'à ce que sa stature soit devenue parfaite en nous.
Quel grand christianisme est le nôtre, à nous évangéliques, aujourd'hui, mais quelle bande de gens indignes nous sommes - osant nous lever pour prêcher à des auditeurs intelligents que l'essence et le but suprême du Christ est de sauver les hommes de l'enfer.

Le but essentiel de Dieu en sauvant les hommes n'est pas de les arracher à l'enfer, mais de les recréer à l'image du Christ, de les rendre comme Dieu. Et Dieu n'en aura jamais fini avec nous avant le jour où nous le verrons face à face et où son nom sera sur nos fronts. Nous serons comme lui, comme il est.
Quel Christianisme bon marché, galvaudé, mercantile est celui qui dit : « J'étais endetté, mais Jésus est venu payer ma dette » ! C'est bien ce qu'il a fait, mais pourquoi insister là-dessus ? « J'allais en enfer, et Jésus m'a arrêté et m'a sauvé ». Il l'a fait, mais ce n'est pas la chose importante à souligner.

Sur quoi devons-nous insister ? Sur le fait que Dieu m'a sauvé pour me rendre semblable à son fils. Lorsqu’il m'a saisi dans ma course effrénée vers l'enfer et m'a fait faire demi-tour, lorsqu'il m'a renouvelé, a mis fin au vieux « moi » et a créé en moi un homme nouveau, son but était de reproduire en moi la beauté de son Fils. Et aucun chrétien n'est où il doit être avant que la beauté du Fils de Dieu n'ait été reproduite dans sa vie chrétienne.

C'est nécessairement une question de degré. Il n'y a certainement jamais un moment où l'on peut regarder à son cœur et dire : « Ça y est, maintenant je vois le travail achevé. Le Seigneur a signé la peinture. Le profil, la belle image est terminée. Je vois Jésus en moi ».

Personne ne dira cela - personne - même s'il était comme le Christ, charitable, plein d'amour, de paix, de grâce, de miséricorde, de bonté et de foi. Il ne s'en doutera pas et il demandera aux gens de prier pour lui. Il lira sa Bible avec larmes et dira : « Oh Dieu ! Je veux être comme ton Fils ». Dieu sait qu'il a quelque ressemblance avec son Fils et son entourage aussi le sait, ainsi que les anges, je suppose, mais lui, il ne le sait pas. L'humilité ne regarde jamais à l'intérieur de soi. L'humilité regarde toujours à l'extérieur.

Maintenant, voici l'opération pratique : « Il faut qu'il croisse et que je diminue » (Jean 3 v. 30). Toujours davantage du Christ et toujours moins de moi. Voici la souffrance de la croix pour moi. J'étais crucifié avec le Christ et maintenant Dieu veut que cette crucifixion soit une réalité. Cette réalité se produit par degrés - paix et puissance et efficacité augmentent dans la mesure où ce n'est plus moi, mais le Christ qui vit en moi. Qui l'emportera ? Moi ou le Christ ? Sera-ce ma justice ? Non, la justice du Christ. Sera-ce mon honneur et ma louange ? Non, l'honneur et la louange du Christ. Sera-ce mon choix ? Non, le choix du Christ. Mes plans ? Non, les plans du Christ. Nous n'entendons plus cela que dans les cantiques. Nous chantons de belles paroles, mais nous ne les mettons pas en pratique.

Il faut que cette riche vérité objective devienne une expérience subjective, sinon le Christianisme est une farce, une illusion. Quand c'est moi au lieu du Christ, c'est une horreur ! Un des plus beaux versets de la Bible se trouve dans le psaume 90 : « Que la grâce du Seigneur soit sur nous ! » L'auteur anonyme de la « Théologie germanique » dit que rien ne brûle en enfer que « je, moi, mon, mien ». Voilà le carburant de l'enfer. Comme c'est affreux, indiciblement affreux ! Comme Néron était affreux ! Comme il est laid cet homme qui tue, le gangster. Vous dites : « Je ne suis pas un Néron, je ne suis pas un assassin ». Non. Mais la Bible dit : « Que celui qui est souillé se souille encore » (Apocalypse 22 v. 11).

La culture, l'éducation, la civilisation moderne empêchent le monde d'aller en enfer plus vite qu'il ne le ferait autrement. Mais nous portons tous en nous le germe de la destruction. Il n'y a pas de péché commis dont nous n'ayons la semence en nous. Que Dieu enlève le sel de la préservation et nous pourrirons du jour au lendemain. Comme le « moi » est laid et comme le Seigneur notre Dieu est beau !

Aldous Huxley a dit (évidemment, je ne le cite pas comme un auteur évangélique, mais il a dit quelque chose que j'ai apprécié) : « Que mon règne disparaisse » est le corollaire nécessaire de : « Que ton règne vienne ! » Et cependant, nous osons prier chaque dimanche : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite ! » Pourquoi prions-nous ?

Son royaume ne peut jamais venir avant que le mien ne s'en aille. Quand je ne serai plus roi de ma vie, alors Il en deviendra le Roi

« J'ai été crucifié avec Christ », dit le cher apôtre : « Et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, mais Christ qui vit en moi. Et si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est donné lui-même pour moi ».

Nous ne devons pas seulement nous contenter de citer ces mots. Ils doivent devenir vivante réalité. Voulez-vous que Dieu fasse quelque chose pour vous, de sorte que ce ne soit plus vous qui viviez, mais le Christ qui vive en vous ?

 

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