Avec Dieu dans le désert.3
Quel est le résultat de la rédemption accomplie, quel est le résultat de la délivrance de la puissance de Satan ? Que nous n’arrivons pas directement en Canaan, mais que nous sommes conduits dans le désert.
Les ordonnances concernant la manne, dans l’Exode, renferment une série de détails importants, dont nous pouvons retirer plus d’un enseignement pour notre vie de foi quotidienne. Considérons donc maintenant ces instructions pratiques.
Manne et grain rôti (Exode 16 v. 15).
Si nous revenons sur la première partie du chapitre 16 et nous souvenons de ce que nous avons appris en Jean 6, nous pouvons dire en résumé : Pour nous, la manne c’est Christ comme Celui qui est venu à nous dans ce monde, pour vivre ici-bas comme homme dans l’abaissement et pour mourir ; en tant que tel, il est la nourriture des siens dans le désert. De plus, nous avons vu qu’il fallait d’abord avoir part en lui comme un Christ mort (« manger sa chair » et « boire son sang »), avant de jouir de lui comme du « pain » qui vient du ciel, avant de pouvoir puiser de la force dans sa vie merveilleuse. Mais comme « pain », il est la nourriture des siens pendant leur marche au travers du désert.
Les paroles que Moïse adresse au peuple d’Israël en Exode 16 le montrent très clairement : « C’est le pain que l’Éternel vous a donné à manger (v. 15) ». Dieu avait ouvert les portes des cieux et fait pleuvoir sur eux la manne « pour manger », et il leur avait donné « le blé des cieux (Psaume 78 v. 23 et 24) ». Dans un autre psaume nous lisons : « Il les rassasia du pain des cieux (Psaume 105 v. 40) ». Mais quand, après quarante ans de marche dans le désert, ils « entrèrent dans un pays habité (Exode 16 v. 35) », la manne cessa et ils mangèrent « du vieux blé du pays, des pains sans levain et du grain rôti (Josué 5 v. 11 ) ». Le « grain rôti » parle aussi de Christ comme nourriture pour les siens ; mais il s’agit de Christ ressuscité et élevé dans le ciel ; les saints se nourrissent de lui, le Christ glorifié, lorsque par la foi ils demeurent dans les lieux célestes (Éphésiens 2). La « manne » ne parle pas de cet aspect céleste, mais de Christ pour nous sur la terre. En revanche, le « grain rôti » est une image de Christ dans la gloire, au-delà de la mort et du jugement de Dieu.
Ce qui a été donné successivement comme nourriture aux fils d’Israël au cours de leur histoire, la manne d’abord puis le vieux blé du pays, les enfants de Dieu du temps de la grâce en disposent simultanément. Cela ne signifie pas que nous pouvons jouir au même moment de ces deux aspects du Seigneur. Dans la pratique, c’est absolument impossible. Notre connaissance est toujours fragmentaire, partielle (1 Corinthiens 13 v. 9), et nous ne pouvons pas nous occuper de plusieurs côtés à la fois.
Pourtant il est vrai que, quant à notre position, nous pouvons marcher dans les lieux célestes et être occupés d’un Christ glorifié, alors qu’en même temps nous nous trouvons, quant à nos expériences, dans le désert et avons besoin de lui comme la manne. Ce second aspect retient ici d’abord notre attention, parce que nous considérons le chemin dans le désert. Mais ce côté aussi — comme tout ce qui parle de Lui — est d’une grande beauté.
La pensée que le Seigneur Jésus a marché ici-bas et qu’il a été tenté en toutes choses comme nous, à part le péché (Hébreux 4 v. 5), n’est-elle pas propre à nous consoler ? Ne peut-il alors pas sympathiser avec nous dans nos difficultés et nos tentations ? Y a-t-il quelqu’un qui sache mieux que lui combien le chemin de la foi est difficile et plein de privations dans un monde dont Satan est le prince et le dieu ? Avec quelle tendresse il sait relever celui qui est fatigué, encourager celui qui est abattu, diriger celui qui s’interroge, apaiser les craintes de celui qui est angoissé ! Il a passé par les mêmes circonstances que nous. Ne pouvons-nous pas lui faire pleinement confiance et compter sur sa profonde compréhension ? Il connaît ce que nous ressentons et il nous dispense sa grâce selon les circonstances dans lesquelles sa sagesse nous a conduits.
Sa grâce et son amour sont illimités. Il nous aime tels que nous sommes : « … ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin », jusqu’à l’extrémité (Jean 13 v. 1) ». Il les a aimés tels qu’ils étaient dans le monde, et il nous aime de la même manière, nous qui sommes aujourd’hui dans le monde. Le Seigneur est absolument le même, autrefois quand il était ici-bas ou aujourd’hui dans le ciel. Pensée infiniment précieuse : Il n’a pas changé, malgré tout ce qu’a signifié pour lui de passer de la terre à la maison de son Père ! Cela n’a modifié en rien son amour. Et, bien-aimés, souvenons-nous-en, il n’a pas oublié les expériences qu’il a faites.
Comprenons-nous un peu ce que signifie se nourrir du Seigneur Jésus comme la « manne » ? Avons-nous déjà appris à prendre de ce « pain », quand la puissance des difficultés nous assaille fortement ou quand Il nous accorde un temps de repos ? Que notre barque vogue sur des eaux calmes ou agitées, nous avons toujours besoin de Christ, de sa grâce surabondante. « Ma grâce te suffit » — cette assurance comblera ceux qui savent ce que signifie se nourrir de lui comme la « manne ».
Manger la manne signifie cependant le considérer et jouir de lui comme Celui qui a marché sur cette terre en homme parfait : « Car considérez celui qui a enduré une telle contradiction de la part des pécheurs contre lui-même, afin que vous ne soyez pas las, étant découragés dans vos âmes (Hébreux 12 v. 3) ». Nous manquons tous plus ou moins dans la mise en pratique de cette invitation du Saint Esprit. Nous « considérons » souvent d’autres objets que Lui, des choses terrestres — et nous nous étonnons d’avoir ensuite si peu de force spirituelle, si peu de véritable joie. La vie nouvelle en nous est Christ (Colossiens 3 v. 3 et 4) ; seul Christ, sa source, peut l’alimenter.
Il est la source de la grâce nécessaire à chacun de nos pas ici-bas. Certes, nous trouvons aussi en lui le parfait modèle pour notre chemin, notre conduite, nos pensées. Mais il y a plus dans la « manne » : Le Seigneur Jésus nous donne aussi la force de l’imiter dans la vie pratique, si nous demeurons en communion avec lui.
Penchons-nous donc sur les Saintes Écritures afin d’y chercher et d’y trouver Celui qui est le « pain » venu du ciel ! Avons-nous besoin de persévérance dans une situation donnée ? Le Saint Esprit placera devant notre âme Christ et ses paroles (Jean 14 v. 26 ; 16 v. 13 à 15) et, de cette manière, Christ deviendra pour nous la « manne » adaptée à ce cas. Il nous montrera comment Christ, dans des circonstances encore plus critiques, s’est attendu parfaitement à Dieu et a été exaucé. Manquons-nous de l’énergie de la foi pour pouvoir affronter les obstacles ? Nous la trouverons en considérant l’exemple du Seigneur. N’avait-il pas toujours devant lui la maison de son Dieu, la poursuite des intérêts de son Père — et il a triomphé ? Il veut ainsi être de la « manne » pour nous dans chaque détail de notre vie et nous accorder toute la grâce qui nous est nécessaire dans le moment présent.
Si nous avons parlé plusieurs fois de force en relation avec la manne, cela n’infirme en rien l’autre vérité, que la force pour l’homme intérieur ne peut pas être séparée de Christ glorifié. Mais, comme nous l’avons déjà relevé, cet aspect nous est présenté dans le « grain rôti ». La source véritable de la force se trouve uniquement dans la conscience que Celui qui a marché une fois ici-bas dans l’abaissement, a maintenant « vaincu (Apocalypse 5 v. 5) », a « obtenu une rédemption éternelle (Hébreux 9 v.12) », et « s’est assis à la droite de la majesté dans les hauts lieux (Hébreux 1 v. 3) ». Dans l’épître aux Colossiens (1 v. 11), le Saint Esprit l’exprime en ces termes : « … Fortifiés en toute force, selon la puissance de sa gloire, pour toute patience et constance, avec joie ».
Cela signifie pratiquement pour nous que quand nous pensons à Christ comme la « manne » — et il n’existe guère d’occupation plus bénie que de considérer sa vie merveilleuse —, nous pouvons en même temps nous souvenir qu’il est maintenant au-delà de la mort et qu’il a déjà atteint le but de sa course, la gloire de Dieu. Il en sera de même pour nous. Et cette connaissance fortifie l’âme du croyant. Lorsque nous contemplons le Seigneur Jésus, nous ne devrions pas trop séparer ces deux aspects de sa Personne — les distinguer certes, mais non pas les séparer. Il s’agit d’une seule et même Personne. Tel est également le cas pour les sacrifices de l’Ancien Testament. Ils nous montrent eux aussi les différents aspects du sacrifice de notre Seigneur, bien qu’il s’agisse d’une seule offrande.
Remarquons encore que nous trouvons Christ comme la « manne » particulièrement dans les évangiles. Si nous lisons avec prière cette partie merveilleuse de la parole de Dieu, si nous y recherchons le Seigneur et le contemplons, il deviendra la nourriture pour notre vie quotidienne. Mais quant à la réalisation pratique, il y a quelques points à observer, sans lesquels nous éprouverions malgré tout une perte et des déceptions. Nous les trouvons dans la suite de notre chapitre.
« Voici la parole que l’Éternel a commandée : Recueillez-en, chacun en proportion de ce qu’il peut manger, un omer par tête, selon le nombre de vos personnes ; vous en prendrez chacun pour ceux qui sont dans sa tente. Et les fils d’Israël firent ainsi, et ils recueillirent, l’un beaucoup, l’autre peu. Et ils mesurèrent à l’omer : Et celui qui avait beaucoup, n’eut pas trop ; et celui qui avait peu, n’en manqua pas ; ils avaient recueilli, chacun en proportion de ce qu’il mangeait (Exode 16 v. 16 à 18) ».
Nous ne pouvons ni ne voulons « spiritualiser » tous les détails de cet épisode. Beaucoup tient aussi du miracle dans la manière dont Dieu a donné aux Israélites ce pain du ciel. Mais une chose s’impose immédiatement à notre compréhension : les fils d’Israël devaient faire des efforts pour recueillir la manne. Quelque grande que soit la grâce de Dieu dans ses soins envers eux, ils devaient sortir et la recueillir eux-mêmes. La manne était sur la surface du désert, et pour la ramasser, il fallait qu’ils se baissent ou se mettent sur leurs genoux.
De ce point de vue, tout ne nous tombe pas non plus simplement du ciel. À la jouissance de la manne se lient nécessairement de la peine et du travail. Dieu attend que nous usions de zèle pour nous approprier les bénédictions qui nous sont destinées. Certes, toutes nos ressources sont en lui et sans sa grâce, nous n’avons rien. Mais nous devons quand même tendre vers elles et les désirer.
Une telle détermination spirituelle, une telle « vertu (2 Pierre 1 v. 5) », nous fait bien souvent défaut : « C’est pourquoi, frères, étudiez-vous d’autant plus à affermir votre appel et votre élection, car en faisant ces choses vous ne faillirez jamais (v. 10) ». L’apôtre Pierre lui-même, à un âge avancé, « s’étudiait » à leur présenter ces choses de son vivant (v. 15). Et Jude aussi usait de « toute diligence » pour écrire aux croyants « de notre commun salut ».
Mais avec cela nous avons passé sans nous en apercevoir au domaine du service. Nous pouvons donc affirmer : qu’il s’agisse de recueillir pour soi ou du service pour le Seigneur, le zèle et la dépendance sont indispensables.
Il semble que la pensée de la dépendance se trouve également exprimée dans le fait que ceux qui recueillaient devaient se pencher sur le sol. Car pouvons-nous vraiment manger de la « manne » sans nous mettre nous aussi sur nos genoux et nous tenir en prière devant Dieu ? Le zèle dans le domaine spirituel à lui seul ne suffit pas ; « la bénédiction de l’Éternel est ce qui enrichit, et il n’y ajoute aucune peine (Proverbes 10 v. 22) ». Ces deux principes dans les voies de Dieu, le zèle de l’homme et la grâce souveraine de Dieu, ne se contredisent nullement. Nous devrions toujours être conscients que nous ne pouvons rien faire par nous-mêmes. Mais outre le zèle et la dépendance, nous apprenons encore quelque chose : Certains recueillaient beaucoup, d’autres peu ; pourtant personne n’avait trop et personne n’en manquait. Ils avaient recueilli « chacun en proportion de ce qu’il mangeait ».
Il en est de même aujourd’hui. La grâce de Dieu tient compte de tous les besoins. Dieu s’occupe de chacun des siens en particulier, chacun reçoit son « omer ». Mais la « proportion de ce que chacun mange » varie et Dieu donne en fonction de cette proportion. Chers amis, quelqu’un a une fois très justement remarqué — et tel est effectivement le cas : Chacun de nous n’a de Christ que ce qu’il veut avoir à tout prix, ni plus ni moins. Nous ne saurions graver ce principe divin assez profondément dans notre cœur.
Notre appétit spirituel est variable. Il dépend entièrement des priorités que nous nous fixons, c’est-à-dire de la grandeur du besoin que nous éprouvons de Christ et, par conséquent, de la manière dont nous gérons notre vie. Si nous consacrons notre temps libre principalement aux choses de la terre, de sorte que nous trouvons à peine le temps de lire un court passage de la Bible, Dieu bénira certainement ce peu et ne permettra pas que nous mourions de faim. Si nous nous plaçons sous l’influence de sa Parole, il en résultera toujours de la bénédiction. Telle est sa grâce. Il nous fera goûter quelque chose de Christ ; mais parce que nous n’avons pas désiré beaucoup, ce sera relativement peu.
Mais d’un autre côté, combien il est honoré quand nous désirons recevoir plus de lui et de son Fils ! « Ouvre ta bouche toute grande, et je la remplirai (Psaume 81 v. 10) » ; cette affirmation est encore valable pour nous aujourd’hui. À cet égard, nous ne pouvons pas attendre trop de lui. Plus nous avons conscience de sa grâce et plus nous sentons combien nous en avons besoin, plus richement aussi il nous la dispensera dans son Fils. Il nous accordera de jouir profondément de la personne de Christ et par là fortifiera notre âme, afin que nous puissions accomplir dans ce monde ce qui répond à sa volonté.
Dans ce sens, nous pouvons aussi « éprouver » Dieu, comme autrefois son peuple terrestre a été invité à le faire en rapport avec les dîmes : « Éprouvez-moi par ce moyen, dit l’Éternel des armées, si je ne vous ouvre pas les écluses des cieux, et ne verse pas sur vous la bénédiction, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus assez de place (Malachie 3 v. 10) ». Voulons-nous avoir beaucoup de Christ ? Il nous le donnera.
« Et Moïse leur dit : Que personne n’en laisse de reste jusqu’au matin. Mais ils n’écoutèrent pas Moïse, et quelques-uns d’entre eux en laissèrent de reste jusqu’au matin ; et il s’y engendra des vers, et cela puait : et Moïse se mit en colère contre eux. Et ils en recueillaient chaque matin, chacun en proportion de ce qu’il mangeait ; et à la chaleur du soleil cela fondait (v. 19 à 21) ».
Nous trouvons ici un autre enseignement encore : Nous ne pouvons pas stocker ni accumuler la « manne ». Ce qui nous a servi de nourriture hier ne peut pas nous fortifier aujourd’hui. Cela ne veut absolument pas dire que nous ne puissions pas nous pencher une nouvelle fois sur ce qui nous a occupés la veille ! Mais nous ne pouvons pas vivre aujourd’hui également des expériences que nous avons faites hier avec Dieu et sa grâce. Nous devons nous nourrir chaque jour de Christ, dans une foi vivante. Dieu avait dit au peuple d’Israël de sortir et de recueillir « chaque jour la portion d’un jour (v. 4) ». Si nous négligeons de le faire, nous n’aurons pas de force pour la journée. La défaite sous une forme ou une autre est dès lors inévitable.
Qui d’entre nous n’a jamais commis l’erreur de penser que ce qu’il avait vécu avec le Seigneur la veille suffisait pour aujourd’hui également, le gardait et le soutenait pour la nouvelle journée aussi ? Quelle illusion ! Si telle est notre pensée, nous avons en réalité déjà perdu la dépendance du Seigneur, sans nous en être forcément rendu compte. Mais le Seigneur Jésus désire nous avoir toujours tout près de lui, et nous devons apprendre que nous avons besoin de sa grâce, de sa Personne, chaque jour, chaque heure, à tout moment de notre vie.
Dieu avait prévenu les fils d’Israël de ne pas garder de la manne recueillie jusqu’au lendemain. Malgré cet avertissement, quelques Israélites en ont conservé, et qu’en est-il résulté ? Il s’y engendra des vers et la manne commença à puer. Nous nous glorifions facilement d’expériences passées faites avec le Seigneur ! Peut-être en parlons-nous volontiers sans que nos interlocuteurs perçoivent la légère pointe de fierté qui s’y mêle. Mais aux yeux de Dieu, les « vers » sont déjà là. S’occuper de soi-même n’est en fait jamais sans danger. Même nos expériences les plus heureuses peuvent nous être en piège, si nous ne restons pas près du Seigneur et ne le considérons pas comme la source de tout. Il est clair que nous pouvons et devons nous réjouir de nos expériences et de tout ce que nous avons discerné du Seigneur Jésus et vécu avec lui, et que nous pouvons l’en glorifier. Mais nous ne trouvons pas en cela la force nécessaire pour le jour présent.
Nous devons être « exercés » dans notre être intérieur à nous nourrir quotidiennement de Christ comme le pain de Dieu. Et la part que Dieu nous donne aujourd’hui, il ne nous la donne pas pour que nous l’accumulions dans notre tête pour plus tard, mais afin que nous l’appliquions aujourd’hui dans la vie pratique. Les « vers » se mettent très facilement dans les connaissances amoncelées dans la tête. Dieu désire que nous mettions aussi en pratique ce que nous avons appris de Christ. Nous devrions tout au moins nous y efforcer. Sinon, la connaissance ne fait que nous enfler (1 Corinthiens 8 v. 1). Dieu ne nous permet pas d’amasser des biens spirituels pour les jours à venir. Nous deviendrions rapidement indépendants de lui ! Même la grâce si précieuse de Dieu ne peut pas être « stockée ».
Mais n’avons-nous pas aussi une instruction dans le fait que les Israélites devaient recueillir la manne de bon matin, avant que le soleil soit chaud ? Il n’est pas difficile de se représenter ce que signifie la chaleur du soleil qui faisait fondre la « manne ». Lorsque nous nous trouvons pris dans la routine de la vie quotidienne, avec ses préoccupations et ses tâches, il est en général trop tard pour s’équiper.
Tout le monde ne peut certes pas se lever de très bonne heure le matin pour se consacrer à l’étude approfondie de la parole de Dieu. Pour certains, une telle pratique est vraiment trop pénible, et assez souvent même elle dépend de la santé. Aussi plusieurs préfèrent-ils s’occuper de la Parole le soir, après les activités journalières. Restons-en là et admettons-le ! Beaucoup d’entre nous ont étudié la Parole la nuit et Dieu y a mis sa bénédiction.
Mais cela nous amène à relever deux points. Comme pour la « manne », il n’existe effectivement pas de moment plus propice que le matin pour s’occuper de Christ. Que peut-il y avoir en effet de plus béni au début d’une nouvelle journée que d’avoir ses premières pensées imprégnées par la personne de Christ alors qu’on est encore seul avec lui ? Plus tard, il faut beaucoup de force et d’énergie pour se libérer de toutes les impressions et influences du monde qui se présentent.
Telle est donc la première chose qui devrait nous occuper. Reprendre le matin consciemment le fil de l’heureuse communion qui nous est échappé la veille quand nous nous sommes endormis, est en tout cas une expérience heureuse faite par le psalmiste déjà : « Si je me réveille, je suis encore avec toi (Psaume 139 v. 18) ».
Mais, secondement, il est absolument nécessaire de manger la « manne » de bonne heure. Aucun d’entre nous ne sait ce que la journée qui s’ouvre apportera d’épreuves et de dangers. Or il s’en présentera certainement. Comment pourrions-nous commencer notre journée sans avoir été en contact avec le Seigneur Jésus et avoir été fortifiés par lui quant à notre homme intérieur ? Sous la chaleur du jour, comment voulons-nous trouver la force de discerner et de faire la volonté de Dieu dans la situation du moment ? Devons-nous nous étonner de nos fréquentes défaillances, si nous avons négligé de nous occuper de Christ — ne serait-ce même que pendant un court instant ?
Le Seigneur exauce certes les prières instantes qui s’élèvent à lui lors des luttes de la journée ; l’auteur de ces lignes l’a souvent expérimenté. Mais avoir commencé sa journée avec Christ, dans un certain recueillement, demeure quelque chose de précieux et de pratiquement indispensable. Ne nous laissons donc pas encore ravir par Satan les premières minutes matinales ! Il mettra tout en œuvre pour nous en priver peu à peu complètement. Car il sait souvent mieux que nous combien elles sont importantes pour surmonter les dangers et les difficultés de la journée.
Un sabbat consacré de repos (Exode 16 v. 22 à 31).
Le devoir des Israélites de recueillir chaque jour de bonne heure la manne ne connaissait qu’une exception. Le sabbat, ils devaient rester dans leurs tentes. Mais le sixième jour, Dieu leur donnait une double quantité, sans que ce qui était gardé pour le sabbat ne devienne puant.
« Et il arriva que, le sixième jour, ils recueillirent du pain au double, deux omers pour chacun ; et tous les principaux de l’assemblée vinrent et le rapportèrent à Moïse. Et il leur dit : C’est ici ce que l’Éternel a dit : Demain est le repos, le sabbat consacré à l’Éternel ; faites cuire ce que vous avez à cuire, et faites bouillir ce que vous avez à faire bouillir, et tout le surplus serrez-le pour vous, pour le garder jusqu’au matin. Et ils le serrèrent jusqu’au matin, comme Moïse l’avait commandé ; et cela ne pua point, et il n’y eut point de vers dedans (v. 22 à 24) ».
Il est très remarquable qu’en relation avec les instructions concernant la manne, Dieu introduise pour la première fois le sabbat comme institution que l’homme devait observer. Dans le récit de la création, nous lisons : « Et Dieu eut achevé au septième jour son œuvre qu’il fit… Et Dieu bénit le septième jour, et le sanctifia ; car en ce jour il se reposa de toute son œuvre que Dieu créa en la faisant (Genèse 2 v. 2 et 3) » ; après cela, il n’est plus rien dit du sabbat, ni au temps des patriarches ni pendant les siècles que le peuple d’Israël passa en Égypte. Mais maintenant que Dieu donnait la manne aux fils d’Israël pour le pèlerinage dans le désert, il introduit immédiatement le sabbat. Avec Son aide, nous allons essayer d’en découvrir la raison.
Les deux citations de la Genèse et de l’Exode qui précèdent montrent sans équivoque que le sabbat ne désigne pas notre dimanche, mais le septième jour de la semaine. Le dimanche est le premier jour de la semaine, la « journée dominicale » (ou du Seigneur) (Apocalypse 1 v. 10). Et parce qu’il s’agit du jour de la résurrection de notre Seigneur, il symbolise en quelque sorte le christianisme et est caractéristique de la nouvelle création de Dieu (2 Corinthien 5 v. 17 ; Colossiens 1 v. 18 ; Apocalypse 3 v. 14). Le sabbat a une autre signification. En contraste avec le premier jour de la semaine, il ne marque pas le commencement d’une chose nouvelle, mais indique la fin de quelque chose, en l’occurrence de l’œuvre de Dieu. Dieu s’est reposé au septième jour de toute son œuvre de création. Ainsi, le sabbat est une image du repos, du repos éternel de Dieu, mais une image du repos à la suite du travail.
En figure, nous voyons ici un peuple racheté, auquel Dieu donne le pain du ciel pour le voyage jusqu’au pays promis. Mais en même temps, il lui donne aussi le sabbat (remarquons l’expression au verset 29 : « Voyez que l’Éternel vous a donné le sabbat… »). Le sabbat était un don de Dieu au même titre que le pain du ciel. Le désir du cœur de Dieu était de faire participer son peuple racheté à son propre repos. Grâce merveilleuse : Par le fait qu’ils devaient recueillir le double le sixième jour et se reposer le septième jour (comp. v. 30 : « Et le peuple se reposa le septième jour »), il leur rappelle que le pèlerinage aurait une fin et qu’ils entreraient une fois dans son repos ! Ils n’auraient alors plus besoin de sortir dans le désert pour recueillir la manne. Les expériences du désert seraient terminées pour toujours.
Mais avant de considérer ce que cela signifie pratiquement pour nous, relevons encore un point : Le repos de Dieu dont il est question en Genèse 2 a été brusquement interrompu par l’entrée du péché dans le monde. Dieu voulait introduire l’homme dans son repos, mais l’homme n’en a pas voulu et a désobéi aux commandements divins. Nous trouvons la même chose dans le récit d’Exode 16 qui nous occupe : « Et il arriva, le septième jour, que quelques-uns du peuple sortirent pour en recueillir, et ils n’en trouvèrent point. Et l’Éternel dit à Moïse : Jusques à quand refuserez-vous de garder mes commandements et mes lois ? (v. 27 et 28) ».
Le péché de l’homme a violé le repos de Dieu, il l’a interrompu. En effet, comment Dieu pourrait-il se reposer, quand le péché est entré dans le monde qu’il a créé « bon » ? Malgré le péché, il n’a pas renoncé et ne renonce pas à son plan d’introduire l’homme dans son propre repos. Sans se laisser arrêter, il poursuit le dessein de son cœur. Aussi a-t-il envoyé au temps convenable dans le monde Celui dont parlait la manne — son Fils unique. Comme le pain qui descend du ciel, il donnerait la vie au monde (Jean 6 v. 33).
À cet égard, il est remarquable que dans les évangiles, chaque fois que le Seigneur Jésus est mentionné en relation avec le sabbat, il l’a violé. Du moins, c’est ainsi que les hommes qualifiaient son comportement. Un de ces jours de sabbat, après avoir guéri un malade, le Seigneur répondit aux Juifs indignés : « Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille (Jean 5 v. 17) ». Tel est le véritable motif pour lequel le Sauveur guérissait souvent des malades précisément le jour du sabbat. Il indiquait par là que le sabbat du repos de Dieu a été violé par le péché de l’homme et que, par conséquent, afin d’assurer néanmoins ce repos à l’homme pécheur, une œuvre était nécessaire — l’œuvre de la rédemption.
Dans le Nouveau Testament, nous trouvons la pensée du repos de Dieu dans les chapitres 3 et 4 de l’épître aux Hébreux. Lorsqu’il y est dit : « Car nous qui avons cru, nous entrons dans le repos (Hébreux 4 v. 3) », il s’agit du repos éternel de Dieu, encore futur, et non pas du repos de la conscience dont le Seigneur Jésus parle en Matthieu 11 v. 28. Ce repos de Dieu n’est donc pas encore atteint, mais maintenant déjà il appartient aux croyants. Ils y entrent par la foi, ils sont convaincus qu’il sera aussi leur part un jour. Au chapitre 4 des Hébreux, l’expression du verset 9 : « Il reste donc un repos sabbatique pour le peuple de Dieu » montre clairement qu’il s’agit là de cet aspect futur du repos de Dieu. Il ressort également de ce passage qu’Israël, à cause de son incrédulité, n’a pas pu entrer dans ce repos.
En mettant en parallèle une fois encore ce que nous trouvons en Exode 16 et en Hébreux 4 concernant le repos sabbatique, nous discernons la ligne merveilleuse de la grâce de Dieu et celle de ses voies envers nous. Aujourd’hui, nous sommes encore dans le « désert », mais Dieu nous fortifie par la vraie « manne » et affermit par elle notre foi au milieu de circonstances difficiles. En même temps, il dirige nos regards vers le repos qui reste, dont nous jouirons pour toujours avec lui quand toutes les difficultés et les luttes, les peines et le travail auront pris fin. Christ en est le garant.
Le règne millénaire apportera dans une certaine mesure ce repos au peuple d’Israël, et toute la terre jouira du repos et de la paix sous la domination de Christ. Mais, au sens propre, le repos sabbatique de Dieu ne sera atteint que dans l’état éternel (Apocalypse 21 v. 1 à 8), quand Dieu sera tout en tous (1 Corinthiens 15 v. 28). Ce sera un repos définitif pour Dieu et tous les rachetés de tous les temps — un repos que plus rien ne pourra troubler. Dieu se reposera en ce qui réjouit son cœur et tous ceux qui ont été achetés pour Dieu par le sang de l’Agneau auront part à ce repos éternel.
Le fait que, dans la prévoyance de Dieu en vue du septième jour, les fils d’Israël recueillaient une double quantité la veille, signifie-t-il pour nous que nous jouirons de Christ comme la « manne » dans l’éternité aussi ? Considérons cette question en relation avec le dernier paragraphe de ce chapitre.
La manne dans la cruche (Exode 16 v. 32 à 34).
« Et Moïse dit : Voici la parole que l’Éternel a commandée : Qu’on en remplisse un omer pour le garder pour vos générations, afin qu’elles voient le pain que je vous ai fait manger dans le désert, lorsque je vous ai fait sortir du pays d’Égypte. Et Moïse dit à Aaron : Prends une cruche, et mets-y plein un omer de manne, et pose-la devant l’Éternel, pour la garder pour vos générations. Comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse, Aaron la posa devant le témoignage pour être gardée (v. 32 à 34) ».
Si nous nous souvenons que le sabbat parle en image du repos sabbatique éternel de Dieu et de celui de son peuple, ces versets nous enseignent que nous serons occupés de Christ comme la « manne » dans l’éternité aussi. Il est clair que nous ne devrons alors plus « recueillir » péniblement la « manne », mais nous n’aurons pas oublié les expériences faites avec lui pendant notre pèlerinage. Au contraire, là-haut seulement nous pourrons comprendre dans toute sa plénitude la grâce dont nous avons été les objets sur la terre, et cela tournera à la gloire éternelle de Dieu.
Il existera donc, dans une certaine mesure, une relation entre ce que nous avons vécu avec Christ sur la terre, et ce dont nous pourrons jouir de lui comme la « manne » au ciel. Ce qui était recueilli le sixième jour constituait en partie la nourriture du septième jour. Cette seule pensée ne devrait-elle pas nous stimuler à « recueillir » ici-bas déjà autant que possible de Christ, non pas seulement un omer, mais deux ? Lorsque le moment du repos éternel sera arrivé pour nous, nous retrouverons là-haut ce que nous aurons acquis de Christ ici-bas. Cela nous réjouira et nous rafraîchira durant toute l’éternité.
Mais une autre pensée semble encore se rattacher à la manne conservée dans la cruche. La promesse du Seigneur au vainqueur à Pergame fait manifestement allusion à celle-ci : « À celui qui vaincra, je lui donnerai de la manne cachée (Apocalypse 2 v. 17) ». Que faut-il entendre par « la manne cachée » ?
Par le verset 4 de Hébreux 9, nous apprenons que dans l’arche de l’alliance, en plus de la verge d’Aaron et des deux tables de la loi, il y avait « la cruche d’or qui renfermait la manne ». Elle est même mentionnée en premier. Or depuis le pèlerinage d’Israël dans le désert, cette cruche avec la manne était restée cachée aux yeux du peuple de Dieu pendant des siècles. Elle se trouvait dans l’arche, et nous savons que personne n’osait soulever le propitiatoire qui fermait l’arche. Ainsi Dieu seul voyait la manne dans l’arche. Les hommes n’y avaient pas accès : elle demeurait cachée à leurs regards.
Il en était de même lorsque le Seigneur Jésus marchait ici-bas comme l’homme humble et obéissant. Seul l’œil du Père pouvait discerner toutes les perfections de la vie de Jésus, et seul Dieu pouvait les apprécier parfaitement. Qui d’entre nous est capable de percevoir ou de comprendre, même quelque peu, tous les détails de la vie du Seigneur rapportés dans les quatre évangiles ? Et n’est-il pas remarquable que Jean termine celui qu’il a rédigé par ces paroles : « Et il y a aussi plusieurs autres choses que Jésus a faites, lesquelles, si elles étaient écrites une à une, je ne pense pas que le monde même pût contenir les livres qui seraient écrits ».
L’écrivain enthousiasmé se serait-il laissé emporter par son élan poétique ? Absolument pas ! Nous apprenons au contraire que, selon la sagesse de Dieu, seule une petite partie de ce que le Seigneur Jésus a fait sur la terre nous a été communiquée. Nous ne parvenons déjà pas aujourd’hui à épuiser et à sonder ce qui nous a été rapporté ! Mais que sera-ce, bien-aimés, quand dans la gloire du ciel et en communion avec le Père nous pourrons contempler ce que Lui a toujours vu et apprécié : Les perfections infinies de la vie de son Fils ici-bas !
5. Contestation et combats (Exode 17).
En Exode 16, les cailles et la manne ont été la manifestation pleine de grâce de la sollicitude de Dieu pour répondre aux besoins de son peuple pendant la période de son pèlerinage ; nous voyons ensuite, au chapitre 17, le peuple poursuivre sa marche. De nouvelles difficultés et épreuves surgissent. Pourtant, il est remarquable que l’avant-dernier verset du chapitre 16, nous amène pratiquement à la fin des quarante ans de la traversée du désert : « Et les fils d’Israël mangèrent la manne quarante ans, jusqu’à ce qu’ils entrèrent dans un pays habité ; ils mangèrent la manne jusqu’à leur arrivée à la frontière du pays de Canaan (Exode 16 v. 35) ».
La manne, ce « pain des cieux », ce « blé des cieux (Psaume 105 v. 40 ; 78 v. 24) », était si excellente qu’elle a parfaitement suffi à la conservation du peuple pendant la longue période de quarante ans : « Et tu leur donnas ton bon Esprit pour les rendre intelligents, et tu ne refusas pas ta manne à leur bouche, et tu leur donnas de l’eau pour leur soif. Et tu les entretins quarante ans dans le désert : ils ne manquèrent de rien ; leurs vêtements ne s’usèrent point, et leurs pieds n’enflèrent point (Néhémie 9 v. 20 et 21) ».
Le chapitre 17 de l’Exode nous ramène aux premiers jours et semaines du pèlerinage. Le Saint Esprit place deux sujets devant nos cœurs dans ce passage : la contestation des fils d’Israël à Rephidim et leur combat contre Amalek. Ces deux épisodes ont beaucoup à nous apprendre pour notre marche dans ce monde. Avant d’arriver à Rephidim, les Israélites avaient campé à Dophka et à Alush (Nombres 33 v. 12 et 13). Mais au commandement de l’Éternel, ils étaient partis du désert de Sin.
Et ils campèrent à Rephidim ; et il n’y avait point d’eau à boire pour le peuple. Et le peuple contesta avec Moïse, et ils dirent : Donnez-nous de l’eau pour que nous buvions. Et Moïse leur dit : Pourquoi contestez-vous avec moi ? Pourquoi tentez-vous l’Éternel ? Et là, le peuple eut soif d’eau ; et le peuple murmura contre Moïse, et dit : Pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte, pour nous faire mourir de soif, moi, et mes enfants, et mon bétail ? » (v. 1-3).
De nouveau le peuple murmure. « Génération ingrate, têtue ! » est-on tenté de dire. Mais ne voyons-nous pas notre propre image dans le comportement incrédule des fils d’Israël ? N’avons-nous pas bien souvent fait, comme eux, l’expérience des soins miséricordieux de notre Dieu ? Ne nous a-t-il pas aussi prouvé à de nombreuses reprises sa fidélité et son amour, et réconfortés par la « manne » céleste ? Au milieu des expériences humiliantes du « désert », notre Dieu plein d’amour ne nous a-t-il pas déjà maintes fois rafraîchis et réjouis par les fleuves débordants de sa grâce ? N’avions-nous pas appris à chanter et à dire : « L’Éternel est mon berger : je ne manquerai de rien » ? En tout cas, nous l’avions cru.
Mais ensuite, Dieu a permis une nouvelle mise à l’épreuve. Une circonstance imprévue a surgi, qui a exercé notre foi d’une manière semblable ou nouvelle. Et quel a été le résultat ? Lui avons-nous fait confiance, sachant qu’il ferait encore toute chose bien ? Ou le vieux cœur d’incrédulité avec tous ses doutes concernant la bonté de Dieu s’est-il immédiatement manifesté ? Dieu sait, chers amis, et nous savons, ce qui est souvent arrivé : Nous nous sommes conduits exactement comme le peuple d’Israël autrefois.
Dieu avait en fait donné à ce peuple toutes les raisons de lui faire confiance. Avec une puissance et une grâce merveilleuses, il les avait délivrés de la servitude d’Égypte et les avait amenés « à lui (Exode 19 v. 4) ». Et n’avaient-ils pas expérimenté, tant dans le désert de Shur (chap. 15) que dans celui de Sin (chap. 16), la grâce avec laquelle l’Éternel avait répondu à leurs besoins et leur avait donné de l’eau, de la chair et du pain en abondance ? Et maintenant qu’ils partaient du désert de Sin, et qu’à Rephidim ils ne trouvaient de nouveau pas d’eau à boire pour le peuple — que se passa-t-il ? Est-ce que tout ce que Dieu avait fait pour eux était oublié ? Une prière est-elle montée sur leurs lèvres pour demander à leur Rédempteur du secours dans leur détresse ? Ah ! non, ils contestèrent plutôt avec Moïse et tentèrent l’Éternel. Si nous ne connaissions pas nos propres cœurs trompeurs, la conduite des fils d’Israël nous ferait branler la tête.
Nous avons déjà relevé, au chapitre 16 (v. 7 et 8), que les murmures des Israélites contre Moïse s’adressaient en fait à Dieu lui-même. Aussi Moïse dit-il ici au peuple : « Pourquoi contestez-vous avec moi ? Pourquoi tentez-vous l’Éternel ? » Puisque Dieu leur avait donné ce conducteur, contester avec lui signifiait tenter l’Éternel.
Combien il est nécessaire que nous nous en souvenions ! Nous parlons souvent avec tant de légèreté contre les serviteurs du Seigneur, qu’il nous a donnés pour notre bénédiction (Éphésiens 4 v. 11 à 13). Sommes-nous conscients, que nous nous en prenons alors directement à Lui ? La plupart du temps, nous ne connaissons pas les faits et leur contexte, ni si ce que nous entendons est véridique. Malgré cela nous osons porter un jugement sur l’un ou l’autre des serviteurs du Seigneur. Ils sont évidemment eux aussi loin d’être infaillibles et peuvent même tomber dans maints excès, même dans de graves péchés. Mais gardons-nous de transformer en généralité un cas particulier, inhabituel et rare ! Cela manifesterait une mauvaise disposition de notre part.
Revenons-en aux murmures des fils d’Israël contre Dieu : La méfiance à l’égard de Dieu représente un véritable péché. Il ne s’agit pas seulement d’une sorte de « faute légère » dans laquelle nous pourrions bien tomber aussi une fois. Nous réalisons tous certainement trop peu la gravité du péché que nous commettons quand nous témoignons de la méfiance envers notre Dieu et Père, quand nous nous demandons s’il nous aidera dans nos difficultés et satisfera nos besoins dans le chemin au travers de ce monde. Par la rédemption, il nous a introduits dans ce « désert » et il s’est chargé de nous y conduire. Et même si nous, ses enfants, devions suivre un chemin de volonté propre, il ne nous abandonnera pas. Il nous disciplinera certainement, mais il ne nous laissera pas ni ne nous abandonnera. Se demander avec doute s’il est « pour nous » ou non signifie le tenter, et c’est un péché.
Lorsque le Seigneur Jésus fut tenté par le diable dans le désert, le tentateur voulut l’amener à s’exposer à un risque, pour voir si Dieu était vraiment aussi bon qu’il disait l’être. « Mets donc une fois sa parole à l’épreuve, et jette-toi du faîte du temple en bas pour vérifier s’il tiendra aussi sa promesse dans un tel cas ! » Si le Seigneur l’avait écouté — ce qui était impossible —, la véracité et la bonté de Dieu auraient été mises en doute. Aussi répond-il également par un « Il est encore écrit : Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu (Matt. 4 v. 7) ». N’ayons jamais la pensée de soumettre en quelque sorte la fidélité de Dieu à un test, pour voir s’il exécute ce qu’il a dit ! Nous le tenterions.
Toutefois, tenter Dieu peut revêtir une autre forme : Qu’on n’éprouve pas seulement la véracité de Dieu et celle de sa Parole en général, mais qu’on mette en question cette vérité particulière : est-il encore au milieu de son peuple ou non ? Nous trouvons cela au verset 7, qui termine la première section de notre chapitre : « Et il appela le nom du lieu Massa et Meriba, à cause de la contestation des fils d’Israël, et parce qu’ils avaient tenté l’Éternel, en disant : L’Éternel est-il au milieu de nous, ou n’y est-il pas ? (v. 7) ».
Le péché particulier des fils d’Israël a été de prendre ce nouveau manque d’eau comme prétexte pour demander si Dieu était vraiment encore au milieu d’eux. Leur effronterie avait ceci d’effroyable, qu’ils mettaient purement et simplement en doute la présence de Dieu au milieu d’eux : « L’Éternel est-il au milieu de nous, ou n’y est-il pas ? »
Paroles téméraires ! Depuis leur sortie d’Égypte, Dieu ne les avait-il pas conduits d’une main sûre à travers le désert, le jour par une colonne de nuée et la nuit par une colonne de feu ? Les aurait-il abandonnés maintenant ? Mais leurs paroles obstinées correspondaient d’une manière humiliante à leur conduite. Car s’ils avaient retenu par la foi la vérité que Dieu demeurait au milieu d’eux, ils ne se seraient jamais laissé entraîner à de tels murmures et contestations contre lui.
Nous est-il difficile de reconnaître dans l’attitude inconvenante des fils d’Israël la racine de nombreuses, sinon de toutes les défaillances qui surgissent parmi le peuple de Dieu aujourd’hui ? Sommes-nous par exemple vraiment encore pleinement persuadés que le Seigneur Jésus est au milieu de ceux qui sont assemblés à son nom (Matthieu 18 v. 20) ? Nous ne voulons pas examiner ici la condition nécessaire pour être assemblés à son nom. Nous l’avons fait en détail ailleurs. Mais quand nous professons l’être, demandons-nous si nous sommes encore convaincus de la présence personnelle du Seigneur Jésus dans nos réunions. Si par infidélité et incrédulité nous n’avons plus cette conviction, nous avons perdu l’essentiel : Le vrai centre. La porte est alors grande ouverte à toute forme de désordre, de péché même.
Dans l’histoire du début de l’Église, lorsque pour la première fois du péché s’est manifesté dans l’Assemblée de Dieu (Actes 5), Ananias et Sapphira avaient aussi perdu la conscience de la présence de Dieu dans le rassemblement. Ils avaient mis de côté une partie du produit de la vente et n’avaient déposé que l’autre aux pieds des apôtres, laissant entendre qu’il s’agissait de la somme complète. C’était une tromperie. Mais ils avaient menti non pas aux apôtres, ni aux croyants, mais au Saint Esprit et, donc, à Dieu. Voilà ce qui rend leur péché si grave.
Ils avaient complètement oublié que Dieu était venu sur la terre dans la personne du Saint Esprit et qu’il habitait maintenant ici-bas dans sa maison. Ananias n’a pas tenu compte de sa sainte présence dans l’assemblée. En règle générale, l’origine de tous nos manquements réside dans le fait que nous ne percevons plus ce que Dieu a établi dans sa grâce comme des réalités. Les mettre en doute ou simplement les perdre peu à peu de vue, parce que pour nous d’autres choses sont plus importantes, nous place sur un chemin qui ne peut que descendre. Aussi permettez-moi de formuler ma question différemment : Croyons-nous vraiment que Dieu habite dans son Assemblée (1 Corinthiens 3 v. 9 à 16), et aussi dans le corps de chaque croyant individuellement (1 Corinthiens 6 v. 17 à 19) ? Des changements profonds ne se produiraient-ils pas dans notre comportement, si nous étions véritablement convaincus de ces réalités ?
Ananias et Sapphira avaient tenté l’Esprit du Seigneur (Actes 5 v. 9) ; ils avaient éprouvé Dieu pour voir jusqu’où ils pouvaient aller ; ils avaient en quelque sorte mis Dieu au défi : « L’Éternel est-il au milieu de nous, ou n’y est-il pas ? » Un tel non-respect, une telle mise en question de la présence de Dieu dans son Assemblée caractérisent aussi notre époque d’une manière alarmante.
Toutefois, nous ne voulons pas terminer cette partie concernant le fait de tenter Dieu sans avoir encore une fois attiré l’attention sur la patience et la bonté merveilleuses de Dieu. Cela nous amène d’ailleurs au passage qui suit.
Lorsque les Lévites évoquent les jours passés, dans la prière qu’ils adressent à leur Dieu au temps de Néhémie (Néhémie 9), ils rappellent eux aussi un épisode particulièrement sombre de l’histoire du peuple rebelle. Ils louent le « Dieu de pardons » et reconnaissent : « Mais toi, tu es un Dieu de pardons, faisant grâce, et miséricordieux, lent à la colère, et grand en bonté, et tu ne les as point abandonnés. Même quand ils se firent un veau de fonte, et dirent : C’est ici ton dieu qui t’a fait monter d’Égypte, — et qu’ils te firent de grands outrages, toi, dans tes grandes compassions, tu ne les abandonnas point dans le désert (v. 17 à 19) ».
Retenons fermement par la foi, bien-aimés, que Dieu ne nous abandonnera jamais pendant la traversée du désert, quelles que soient les difficultés par lesquelles il nous fait passer !
Un message de Christian Briem
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