Le vrai disciple.2
Dieu veut des hommes qui soient complètement soumis au contrôle du Saint-Esprit. Ces hommes auront l’air, aux yeux des autres, d’être ivres, mais ceux qui le savent, reconnaîtront qu’Ils sont dominés par une soif de Dieu, profonde.
II. Les obstacles à surmonter pour devenir disciple
Quiconque se décide à suivre Christ peut être assuré qu’il verra s’ouvrir devant lui plus d’un chemin de traverse. Il lui sera donné de nombreuses occasions de revenir sur ses pas. Bien des voix lui offriront d’alléger quelque peu sa croix. Douze légions d’anges se tiennent prêtes à le délivrer du sentier du renoncement à soi-même et du sacrifice. Ceci est remarquablement illustré par le récit de trois candidats-disciples qui permirent à d’autres voix de prévaloir sur celle de Christ :
« Pendant qu’ils étaient en chemin, un homme lui dit : Seigneur, je te suivrai partout où tu iras. Jésus lui répondit : Les renards ont des tanières. et les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. Il dit à un autre : Suis-moi. Et il répondit : Seigneur. Permets-moi d’aller d’abord ensevelir mon père. Mais Jésus lui dit : Laisse les morts ensevelir leurs morts ; et toi, va annoncer le royaume de Dieu. Un autre dit : Je te suivrai, Seigneur. mais permets-moi d’aller prendre congé de ceux de ma maison. Jésus lui répondit : Quiconque met la main à la charrue et regarde en arrière, n’est pas propre au royaume de Dieu (Luc 9 v. 57 à 62) ».
Trois hommes dont nous ignorons le nom rencontrèrent Jésus. Une impulsion intérieure les poussa à Le suivre. Mais ils accordèrent à quelque chose d’autre la permission de venir s’interposer entre leur âme et une entière consécration à son service.
Monsieur Impulsif
Le premier de ces personnages, nous l’appellerons Monsieur Impulsif. Il s’offrit avec enthousiasme comme volontaire pour suivre le Seigneur n’importe où : « Je te suivrai partout où tu iras ! » Aucun prix ne serait trop élevé, aucune croix trop lourde, aucun sentier trop rocailleux. La réponse du Seigneur semble, au premier abord, n’avoir aucun rapport avec la proposition spontanée de Monsieur Impulsif. Jésus lui dit en effet : « Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête ! »
Dans le cas présent, la réplique du Seigneur était tout-à-fait à propos. Elle voulait dire en clair : « Tu prétends être disposé à me suivre n’importe où, mais es-tu prêt à te passer pour cela du confort matériel de l’existence ? Les renards sont mieux logés en ce monde que je ne le suis moi-même. Les oiseaux ont au moins un nid qu’ils peuvent appeler leur. Mais moi, je suis un vagabond errant dans ce monde que mes mains ont fait. Es-tu prêt à renoncer à la douceur d’un foyer pour me suivre ? Es-tu prêt à faire abandon des commodités légitimes de la vie pour me servir avec dévouement ? »
Apparemment cet homme n’y était pas disposé, car nous n’en entendrons plus parler dans l’Écriture Sainte. Son amour pour les agréments de la terre était plus grand que sa consécration à Christ.
Monsieur Temporisateur
Le deuxième de ces personnages, nous l’appellerons Monsieur Temporisateur. Il ne se porta pas volontaire comme le premier, c’est plutôt le Sauveur qui l’appela à Le suivre. Sa réponse ne fut pas un refus catégorique. Il était loin de ne porter aucun intérêt au Seigneur, mais il y avait quelque chose qu’il voulait terminer d’abord. C’est en cela qu’il a péché. Il a voulu placer ses propres affaires avant celles de Christ. Écoutez sa réponse : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord ensevelir mon père ! (Luc 9 v. 59 ) »
« Il est parfaitement légitime pour un fils de montrer du respect envers ses parents. Lorsqu’un père meurt, il est bien évident que la foi chrétienne recommande de lui faire des funérailles décentes. Mais les convenances légitimes de la vie deviennent à proprement parler un péché lorsqu’elles en arrivent à prendre le pas sur les intérêts du Seigneur Jésus. Le vrai mobile qui régissait la vie de cet homme est mis à jour par les termes mêmes de sa requête : « Seigneur … moi d’abord… … Les autres mots qu’il a prononcés n’étaient qu’un voile pour dissimuler son désir évident de se servir en priorité.
Apparemment, il n’avait pas compris que les mots « Seigneur ... moi d’abord... sont une absurdité et une impossibilité morales. Si Christ est Seigneur, alors Il doit passer le premier. Si c’est le « MOI. qui occupe le trône, alors Christ disparaît.
Monsieur Temporisateur avait quelque chose à faire, et il a laissé cette affaire prendre la première place. C’est donc à bon escient que Jésus lui a répondu : « Laisse les morts ensevelir leurs morts, et toi, va annoncer le royaume de Dieu.. Paroles que nous pourrions paraphraser comme ceci : « Il est des choses que ceux qui sont morts spirituellement peuvent aussi bien faire que les croyants. Mais il est des choses dans la vie que seuls les croyants peuvent faire. Prends garde de ne pas passer ta vie à faire ce qu’un inconverti pourrait faire à ta place tout aussi bien que toi. Laisse le mort spirituel ensevelir le mort physique. Mais quant à toi, que l’idéal de ta vie soit de faire avancer ma cause sur la terre ! »
Il semble que le prix à payer ait été trouvé excessif par Monsieur Temporisateur. Il disparaît alors de la scène et le silence se fait sur son destin. Si le premier candidat nous montre que le confort matériel constitue un obstacle à l’enrôlement comme disciple, le deuxième nous fait comprendre que le travail et certaines occupations ont pris le pas sur ce qui aurait été la condition même d’une existence chrétienne.
Ce n’est pas qu’il y ait quelque chose de mal à travailler pour gagner sa vie ; la volonté de Dieu, au contraire, est que l’homme travaille pour pourvoir à ses besoins et à ceux de sa famille. Mais la vie du vrai disciple de Jésus-Christ exige que le royaume de Dieu et sa justice soient placés en premier lieu ; qu’un croyant ne passe pas sa vie à faire ce qu’un irrégénéré pourrait faire tout aussi bien que lui, sinon mieux ; que l’accomplissement d’un travail soit simplement un moyen de pourvoir aux nécessités courantes, tandis que la vocation principale du chrétien demeure la prédication du royaume de Dieu.
Monsieur Sentimental
Le troisième de ces personnages, nous l’appellerons Monsieur Sentimental. Il ressemblait au premier, dans ce sens qu’il se portait volontaire pour suivre le Seigneur. Mais il ressemblait également au deuxième par l’usage qu’il fit des mêmes paroles : « Seigneur … moi d’abord… » Il dit : « Je te suivrai, Seigneur, mais permets-moi d’aller d’abord prendre congé de ceux de ma maison (Luc 9 v. 61) ».
Cette fois encore nous devons admettre qu’en soi il n’y a rien de déplacé dans cette requête. Il n’est pas contraire à la loi de Dieu de faire montre d’un affectueux intérêt envers ceux de sa parenté ou d’observer les règles du savoir-vivre en prenant congé d’eux. En quoi cet homme était-il donc répréhensible ? En ceci : Il a permis à la douceur des liens des affections naturelles de prendre une place qui n’appartient qu’à Christ.
C’est pourquoi le Seigneur Jésus lui a dit : « Quiconque met la main à la charrue, et regarde en arrière, n’est pas propre au royaume de Dieu (Luc 9 v. 62) ». En d’autres termes : « Mes disciples ne sont pas pétris de cette mollesse et de ce sentimentalisme replié sur soi-même dont tu fais preuve. Je veux des hommes prêts à renoncer à ces liens qui les tiennent attachés à leur foyer, des hommes qui ne veulent pas se laisser détourner par l’amour qu’ils portent à leur famille mais qui désirent me faire passer avant tout le reste dans leur vie ! »
Nous pouvons conclure que Monsieur Sentimental a quitté Jésus et s’est éloigné tout triste. Ses aspirations irréfléchies à être un disciple s’étaient brisées sur les écueils des liens familiaux. Peut-être était-ce la pensée de sa mère en pleurs qui allait lui dire en sanglotant « Tu vas briser mon cœur de mère si tu me quittes pour aller vers les champs de mission ». Nous ne le savons pas. Tout ce que nous savons, c’est que la Bible ne nous livre pas le nom de cet homme au cœur défaillant qui, pour s’être éloigné de Jésus, a manqué la grande affaire de sa vie et s’est fait décerner l’épithète : «... impropre au royaume de Dieu ».
En Résumé
Voici donc les trois principaux obstacles qui se dressent sur la voie de celui qui veut devenir un véritable disciple. Trois hommes qui n’étaient pas prêts à aller jusqu’au bout avec le Seigneur Jésus-Christ s’y sont heurtés.
• Monsieur Impulsif : L’amour du confort.
• Monsieur Temporisateur : Les affaires, le travail d’abord.
• Monsieur Sentimental : Priorité aux liens d’affection familiale.
Le Seigneur continue à faire appel, comme Il l’a toujours fait, à des hommes et à des femmes résolus à Le suivre héroïquement dans la voie du sacrifice. Les chemins qui s’en écartent se présentent d’eux-mêmes à nous et des voix se font entendre « Pense à toi ! Ne t’expose pas ! ». Rares sont ceux qui sont prêts à répondre :
J’ai tout quitté pour te suivre ;
Ô Jésus, j’ai pris ma croix,
À Toi pour mourir et vivre :
Pour toujours j’ai fait mon choix !
La pauvreté, la souffrance,
L’abandon et le mépris,
J’ai tout accepté d’avance :
Mon bonheur est à ce prix.
Que le monde me délaisse :
Jésus est là, c’est assez !
Qu’on m’insulte, qu’on me blesse ;
Mon Maître aussi fut blessé !
Sous mes pieds, orgueil tenace,
Oripeaux, gloires d’un jour !
Il me reste, à votre place.
Dieu, son ciel et son amour !
Contre la haine et l’outrage,
Je m’abrite dans ton cœur.
Là, je puise le courage,
Là, je suis plus que vainqueur !
Ah ! Que rien ne me ravisse
Ta présence et ton Esprit !
Très doux est le sacrifice
Pour qui t’aime, ô Jésus-Christ !
H. F. Lyte, traduit par R. Saillens
III. Les disciples sont des intendants
Lisez Luc 16 v. 1 à 13
C’est aux disciples que la parabole de l’économe infidèle a été racontée. Le Seigneur y expose des principes valables pour ses disciples de tous les temps. En effet, les disciples de Christ sont essentiellement des intendants à qui a été confié le soin de ce qui Lui appartient et de ses intérêts sur la terre. Cette parabole est hérissée de difficultés. Elle semble faire l’éloge de la malhonnêteté et de la perversité. Mais lorsqu’elle est bien comprise, elle donne des conseils de la plus haute importance.
Voici l’histoire en bref : Un riche propriétaire engagea un employé pour gérer ses affaires Au bout de quelque temps, cet homme apprit que son employé était en train de dilapider sa fortune. Il ordonna alors qu’un relevé des comptes lui soit fourni et avertit l’employé de son intention de le renvoyer. Cet intendant comprit alors que ses perspectives d’avenir étaient bien sombres. Il était trop âgé pour gagner sa vie en travaillant de ses mains et ne pouvait se résoudre à mendier. Il en aurait eu honte. Il suivit alors une méthode qui allait lui permettre de se faire des amis pour l’avenir.
Il se rendit donc vers l’un des débiteurs de son employeur et lui dit : « Qu’est-ce que vous devez au maître ? — Trois mille cinq cents litres d’huile — C’est bien : Vous en paierez la moitié et je m’arrangerai pour le reste ». Il continua sa tournée et passa chez un autre débiteur et lui demanda : « Et vous, que devez-vous au maître ? — Trois cents quintaux de blé ! — Très bien, vous en paierez deux cents, et le reste, j’en fais mon affaire ! »
Ce qui nous choque plus encore que les procédés de l’intendant dans cette histoire, c’est le commentaire qui lui fait suite : « Le maître loua l’économe infidèle de ce qu’il avait agi prudemment. Car les enfants de ce siècle sont plus prudents à l’égard de leurs semblables que ne le sont les enfants de lumière (verset 8) ».
Comment devons-nous entendre cette approbation apparente de pratiques malhonnêtes ? Une chose est certaine : Ni ce propriétaire ni notre Seigneur n’ont recommandé de tels agissements. En effet, c’est avant tout à cause de ces façons de faire que cet homme a perdu sa place. Aucun homme censé, du reste, ne pourrait les tolérer. Quel que soit l’enseignement de cette parabole, elle ne peut en aucun cas servir à justifier la malversation. La seule chose pour laquelle l’intendant infidèle pouvait être cité en exemple est d’avoir songé à assurer son avenir. Il s’est arrangé pour avoir des amis même lorsqu’il aurait perdu son poste. Il a agi en vue du futur et non du présent ; voilà la clé de la parabole.
Les gens du monde s’efforcent de se constituer des réserves pour l’avenir. Le seul avenir auquel ils pensent c’est la vieillesse, les années de leur retraite. En conséquence, ils travaillent avec ardeur pour s’assurer une situation confortable lorsque les forces viendront à leur manquer. Ils ne négligent rien dans leur recherche de la sécurité matérielle. À cet égard, les inconvertis sont plus sages que les chrétiens. Cependant, pour bien le comprendre, nous devons d’abord savoir que, pour le chrétien, son avenir n’est pas sur la terre, mais dans le ciel. C’est le point crucial. L’avenir, pour un non-croyant, c’est le temps qui se situe entre le moment présent et la tombe. L’avenir, pour un enfant de Dieu, c’est l’éternité avec Christ.
La parabole nous apprend donc que les irrégénérés sont plus intelligents et industrieux dans la préparation de leur avenir sur terre que ne le sont les chrétiens dans la préparation du leur dans les cieux.
C’est sur ce fond que se détache l’application pratique de la leçon que nous donne le Seigneur Jésus : « Et moi, je vous dis : Faites-vous des amis avec les richesses injustes, pour qu’ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels, quand elles viendront à vous manquer (Luc 16 v. 9) ». Ces richesses injustes ou, comme le dit le texte grec, ce « Mammon de l’injustice », c’est l’argent ou les autres richesses matérielles.
Nous pouvons les utiliser pour gagner des âmes à Christ. Ceux qui ont été gagnés grâce à notre argent sont appelés ici des « amis ». Un jour viendra où, soit par la mort, soit par notre enlèvement lorsque Christ apparaîtra dans le ciel, ces biens terrestres nous seront ôtés. Nos amis, ceux qui auront été gagnés par l’utilisation intelligente de nos biens, constitueront une sorte de comité de bienvenue pour nous recevoir dans les demeures éternelles.
C’est ainsi que des intendants intelligents agissent pour assurer leur avenir — non pas en passant leur vie à la recherche d’une sécurité terrestre trompeuse, mais dans un effort passionné pour être environnés dans le ciel d’amis qui auront été gagnés à Christ par leur argent. Argent converti en Bibles, Nouveaux Testaments, portions des Écritures, traités et autres écrits évangéliques.
Argent utilisé pour faire vivre des missionnaires et autres serviteurs de Dieu. Argent ayant servi à financer des émissions à la radio et d’autres manifestations dignes de chrétiens. En bref, de l’argent qui aura été utilisé pour répandre la connaissance de l’Évangile par tous les moyens : « La seule façon de s’amasser des trésors dans le ciel c’est d’investir son argent dans quelque chose qui doit aller au ciel ! »
Lorsqu’un chrétien voit que ses biens matériels peuvent servir au salut des âmes, il perd l’amour qu’il avait pour eux. Le luxe, la richesse et la splendeur qui s’étalent le rendent malade. Il aspire à voir ce « Mammon d’injustice », ces richesses injustes converties par l’alchimie divine en adorateurs de l’Agneau aux siècles des siècles. Il est fasciné par la possibilité qui lui est donnée de faire, parmi les hommes, une œuvre qui contribuera à la gloire de Dieu dans l’éternité et qui apportera une bénédiction éternelle à ceux-là même qui en auront été l’objet.
Pour lui, les diamants, les perles et les rubis, les comptes en banque, les polices d’assurance, les hôtels, les bateaux de plaisance et les voitures de luxe ne sont que des « Mammon d’injustice ». S’ils sont utilisés pour la satisfaction du « MOI», ils vont se dissiper en fumée, mais s’ils sont mis à la disposition de Christ, ils vont rapporter de riches dividendes dans l’éternité.
La façon dont nous nous comportons vis-à-vis des biens matériels, la mesure dans laquelle nous nous y attachons, est un test qui permet de déterminer notre caractère. Le Seigneur le fait bien ressortir lorsqu’Il dit, au verset 10 de ce chapitre 16 : « Celui qui est fidèle dans les moindres choses l'est aussi dans les grandes, et celui qui est injuste dans les moindres choses l'est aussi dans les grandes. Si donc vous n'avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui vous confiera les véritables ? (Luc 16 v. 10 et 11) ».
Les « moindres choses » dont il est ici question, ce sont les biens matériels. Ceux qui sont fidèles, ce sont ceux qui font usage de ces biens à la gloire de Dieu et pour la bénédiction de leurs frères en Adam. Ceux qui sont injustes, ce sont ceux qui les utilisent pour leur confort, leur plaisir égoïste et le luxe. Si l’on ne peut faire confiance à un homme dans les petites choses (biens matériels) comment pourrait-on lui confier de grandes choses (l’intendance de biens spirituels) ? Si un homme est malhonnête en ce qui concerne le « Mammon de l’injustice », comment croire qu’il pourrait être un fidèle « serviteur de Christ, un dispensateur des mystères de Dieu ? (1 Corinthiens 4 v. 1) ».
Le Sauveur fait donc un pas de plus dans son argumentation lorsqu’il dit : « Si donc vous n’avez pas été fidèles dans les richesses injustes qui vous confiera les véritables ? (verset 11) ».
Les trésors de la terre ne sont pas de vraies richesses, leur valeur est limitée et temporelle. Les trésors spirituels, eux, sont les vraies richesses, leur valeur ne peut pas être estimée et ne baissera jamais. Si un homme n’est pas fidèle dans sa façon de gérer les biens matériels, il ne peut s’attendre à ce que Dieu le fasse prospérer spirituellement ni ne lui confie des trésors dans le ciel.
Le Seigneur poursuit son propos en lui donnant une nouvelle dimension : « Et si vous n’avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous ? (verset 12) ». Les biens matériels, en fait, ne nous appartiennent pas, ils appartiennent à Dieu. Tout ce que nous déclarons posséder est un dépôt sacré dont Dieu nous a constitués intendants. Tout ce que nous pouvons appeler nôtre, en vérité, c’est le fruit de nos études et des services que nous avons rendus ici-bas, et dans l’au-delà les récompenses de notre gérance fidèle.
Si nous n’avons pas fait preuve de fidélité en dispensant ce qui appartient à Dieu, nous ne pouvons espérer pénétrer dans l’intelligence des vérités profondes de la Parole de Dieu en cette vie ni nous attendre à être récompensés dans le siècle à venir.
Le Seigneur résume l’enseignement de cette parabole et le porte à son point culminant lorsqu’Il dit : « Nul serviteur ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon (verset 13) ».
L’obéissance ne peut accepter le partage. Un disciple ne peut vivre à la fois pour deux mondes. Un serviteur aime, ou bien Dieu, ou bien Mammon. S’il aime Mammon, il hait Dieu. Or, faites-y bien attention, ceci a été écrit à l’intention des disciples et non des inconvertis !
IV. Le zèle
On pardonnera volontiers à un disciple de n’avoir pas une grande envergure intellectuelle. On lui pardonnera également de ne pas avoir la capacité d’accomplir des performances physiques. Mais un disciple qui n’a pas un grand zèle est sans excuse. Si son cœur n’est pas enflammé par une passion dévorante pour le Sauveur, il est en situation de culpabilité.
Après tout, les chrétiens ne sont-ils pas ceux qui marchent sur les traces de Celui qui a dit : « Le zèle de ta maison me dévore ? (Jean 2 v. 17) ». Leur Sauveur était consumé par la passion de Dieu et de ses intérêts. Il n’y a pas de place dans sa suite pour des cœurs partagés. Le Seigneur Jésus vivait dans un état de tension spirituelle. C’est ce qui ressort de ces paroles : « Il est un baptême dont je dois être baptisé et combien Il me tarde qu’il soit accompli (Luc 12 v. 50) », ou encore de cette phrase qu’Il a prononcée : « Il faut que je fasse, tandis qu’il est jour, les œuvres de celui qui m’a envoyé. La nuit vient où personne ne peut travailler (Jean 9 v. 41) ».
Le zèle de Jean-Baptiste fut reconnu publiquement par le Seigneur lorsqu’il dit de lui : « Jean était la lampe qui brûle et qui luit (Jean 5 v. 35) ». L’Apôtre Paul était un homme zélé. Quelqu’un a essayé d’exprimer la ferveur de sa vie dans cette esquisse : « C’est un homme qui ne se soucie pas de se faire des amis ; qui n’espère ni ne désire les biens de ce monde, qui n’ a pas d’appréhension de souffrir la perte de quelque chose de terrestre, qui ne tremble pas pour sa vie, qui ne craint pas la mort. C’est un homme qui ne représente ni un rang social, ni un pays, ni une condition. Il est l’homme d’une seule idée — l’Évangile de Christ, l’homme d’un seul objectif — la gloire de Dieu.
Un fou, et acceptant d’être tenu comme tel pour Christ. Qu’on l’appelle enthousiaste, fanatique, discoureur ou tout ce que le monde peut imaginer pour le qualifier, il n’en reste pas moins impossible à décrire. Si l’on fait de lui un artisan, un chef de famille, un citoyen, un riche, un mondain, un savant, ou même tout simplement un homme comme tout le monde, s’en est fait de son personnage. Il faut qu’il parle, sinon il mourrait et même s’il devait le payer de sa vie, il parlerait. Il n’a pas de repos, mais il va par terre et par mer, escalade les montagnes et traverse les déserts. Il crie à pleine voix et ne ménage personne ni ne se laisse influencer.
Dans les prisons, il élève la voix et, même au sein des tempêtes sur l’océan, il ne se tait point. Devant d’augustes assemblées et des rois sur leur trône, il rend témoignage à la vérité. Rien ne peut étouffer sa voix sinon la mort, et même à l’article de la mort, avant que l’épée ne lui sépare la tête du corps, il parle, il prie, il témoigne, confesse, exhorte, combat et enfin bénit la foule cruelle ».
D’autres hommes de Dieu ont manifesté ce même désir ardent de plaire à Dieu, C.T. Studd a écrit un jour : « Certains ne voudraient habiter qu’à l’ombre d’un clocher. Pour moi, j’ouvrirais volontiers une auberge pour rescapés aux portes de l’enfer ».
Et, incidemment, ce fut un article dû à la plume d’un athée qui poussa Studd à une entière consécration à Christ. Voici ce texte :
« Si je croyais fermement, comme des millions de personnes prétendent le faire, que la connaissance et la pratique de la religion en cette vie a une influence sur notre destinée dans l’au-delà, alors la religion serait tout pour moi. Je regarderais les plaisirs de la terre comme des ordures, les soucis de la terre comme des folies, et les pensées aussi bien que les sentiments terrestres comme de la vanité.
La religion ferait l’objet de ma première pensée au réveil et serait la dernière image que je conserverais avant de sombrer dans l’inconscience du sommeil. Je ne travaillerais plus que pour cette cause. Le seul lendemain dont je me soucierais serait l’Éternité. J’estimerais qu’une seule âme gagnée pour le ciel vaut bien une vie de souffrance. La crainte des conséquences en cette vie ne pourrait jamais ni arrêter ma main, ni sceller mes lèvres.
La terre, avec ses joies et ses peines, n’aurait aucune place en mes pensées. Je m’efforcerais de n’avoir en vue que l’Éternité et les âmes immortelles qui m’environnent promises bientôt à être éternellement heureuses ou éternellement misérables. Je m’en irais par le monde prêchant à temps et à contretemps et mon texte serait que servirait-il a un homme de gagner le monde entier s’il perdait son âme ? »
John Wesley était aussi un homme zélé. Il disait :
« Donnez-moi cent hommes qui aiment Dieu de tout leur cœur et n’ont peur de rien sinon du péché, et je bouleverserai le monde ».
Jim Elliot, martyr en Équateur, était une torche enflammée pour Christ. Un jour, comme il méditait sur les paroles : « Il fait de ses serviteurs une flamme de feu (Hébreux 1 v. 7) », il écrivit dans son journal :
« Suis-je inflammable ? Ô Dieu, délivre-moi de la terrible amiante des « choses autres ». Sature-moi de l’huile de l’Esprit pour que je puisse flamber. Mais une flamme, c’est passager, elle a souvent la vie courte. Peux-tu supporter cette pensée, mon âme — une vie courte ? En moi habite l’Esprit de Celui-là qui a eu une vie bien courte, que le zèle de la maison de Dieu dévorait. Fais de moi ton combustible, Flamme de Dieu ».
Ces derniers mots sont repris d’un poème fervent d’Amy Carmichael. Il n’est pas étonnant que Jim Elliot s’en soit inspiré :
« De la prière qui demande à être
À l’abri des tempêtes qui s’abattent sur Toi,
De craindre — alors que je devais m’offrir,
De trembler — alors qu’Il faudrait m’élancer
De se choyer, garde, ô Capitaine
Ton soldat qui voudrait T’imiter,
De l’amour subtil des choses amollissantes,
Des choix faciles, des agréments
Puisque l’esprit n’en est ni fortifié
Ni conduit au Crucifié,
De tout ce qui obscurcit ton Calvaire
Agneau de Dieu, délivre-moi.
Accorde-moi l’amour qui ouvre le chemin,
La foi que rien ne peut épouvanter,
L’espérance que les déceptions ne peuvent fatiguer,
La Passion qui brûle comme le feu.
Ne me laisse pas cendre devenir,
Fais de moi ton combustible,
Flamme de Dieu ! »
Le malheur de l’Église du vingtième siècle, c’est que l’on trouve plus de zèle parmi les communistes et les adeptes des autres religions que chez les chrétiens. En 1903, un homme soutenu par dix-sept compagnons lança une attaque dans le monde. Il s’appelait Lénine. En 1918, ils étaient devenus quarante mille, et avec ces quarante mille, il réussit à faire passer sous sa domination les cent soixante millions d’habitants de la Russie. Depuis, le mouvement a continué et, à l’heure actuelle, il contrôle plus d’un tiers de la population du globe. Si opposé que l’on puisse être aux principes des Communistes, on ne peut, pour autant, s’empêcher d’admirer leur zèle.
Beaucoup de chrétiens ont éprouvé un sentiment de culpabilité lorsque Billy Graham donna lecture de la lettre suivante écrite par un étudiant d’un collège universitaire qui s’était converti au communisme à Mexico. L’objet de cette lettre était de faire comprendre à sa fiancée pourquoi il se sentait obligé de rompre avec elle :
« Nous, communistes, connaissons un pourcentage de pertes très élevé. Nous sommes ceux-là que l’on fusille, pend, lynche, passe au goudron, enduit de plumes, emprisonne, calomnie, ridiculise, destitue de leurs emplois et a qui l’on rend la vie impossible de mille et une manières. Nous vivons dans la pauvreté. Nous destinons au parti tous les centimes que nous gagnons au-delà de ce qui nous est absolument nécessaire pour subsister. Nous n’avons pas de temps, ni d’argent à consacrer à des spectacles, à des concerts, à des dîners, à de belles villas et à des voitures de luxe.
On dit que nous sommes fanatiques. On a raison, nous le sommes. Notre vie est dominée par une seule grande vision : LE TRIOMPHE DU COMMUNISME MONDIAL. Nous avons une philosophie de la vie que tout l’or du monde ne pourrait acheter. Nous avons une cause pour laquelle nous combattons, un but précis dans la vie. Nous subordonnons notre personne insignifiante à un grand mouvement de l’humanité et si notre existence semble difficile, si notre moi profond semble devoir souffrir à cause de notre soumission au parti, nous sommes pourtant amplement récompensés par la pensée que chacun de nous, pour sa petite part, contribue à l’avènement de quelque chose de nouveau, de vrai et de meilleur pour le genre humain. Il n’y a qu’une chose qui compte pour moi dans la vie, c’est la cause du communisme.
C’est tout à la fois ma vie, mon travail, ma religion, mon passe-temps, ma bien-aimée, ma femme, ma nourriture et mon breuvage. J’y travaille tout le jour et j’en rêve la nuit. Son emprise sur moi, loin de diminuer, augmente avec le temps. C’est pourquoi je ne puis m’engager dans une amitié, une affaire de cœur, ou même une simple conversation sans la mettre en relation avec cette force qui tout à la fois conduit et oriente ma vie. J’évalue les gens, les livres, les idées et les actes d’après l’effet qu’ils ont sur la cause du communisme et leur attitude à son égard. J’ai déjà été mis en prison pour mes idées et, si c’était nécessaire, je suis prêt à faire face à un peloton d’exécution ! ».
Si des communistes peuvent être aussi totalement dévoués à leur cause, combien plus les chrétiens devraient-ils se donner eux-mêmes joyeusement dans un acte d’amour à leur Seigneur glorieux !
« Si l’on est disposé à accorder quelque créance à la foi chrétienne, il faut dès lors y croire héroïquement » — Findlay.
« Si Dieu a réellement fait en Christ quelque chose dont le salut du monde dépende, et s’Il l’a fait connaître, alors il est du devoir du chrétien d’être intolérant à l’égard de tout ce qui aurait pour effet d’en faire abstraction, de le nier ou d’en détourner le sens » — James Denney
Dieu veut des hommes qui soient complètement soumis au contrôle du Saint-Esprit. Ces hommes auront l’air, aux yeux des autres, d’être ivres, mais ceux qui le savent, reconnaîtront qu’Ils sont dominés par « une soif de Dieu, profonde, lancinante, inextinguible ».
Que tout candidat-disciple prenne à cœur la nécessité d’avoir du zèle dans sa vie. Qu’il aspire à ressembler à la description donnée par l’évêque Ryle :
« Un homme zélé dans la religion est avant tout l’homme d’une seule chose. Ce n’est pas assez dire qu’il soit sérieux, sincère, droit, persévérant, entier, fervent d’esprit. Il ne voit qu’une chose, il ne s’occupe que d’une chose, il ne vit que pour une chose, il est entièrement absorbé par cette chose, et cette seule chose c’est de plaire à Dieu. Qu’il vive ou qu’il meure, qu’il soit en bonne santé ou dans la maladie — qu’il soit riche ou qu’il soit pauvre — qu’il reçoive l’approbation des hommes ou leurs outrages — qu’il soit considéré comme sage ou comme fou — qu’il soit honoré ou blâmé — de tout ceci l’homme zélé ne se soucie guère.
Il ne brûle que pour une chose et cette seule chose c’est plaire à Dieu et contribuer à sa gloire. S’il est lui même consumé à force de brûler, il n’en a cure — il s’en réjouit. Il sent que, tout comme une lampe, il est fait pour brûler, et s’il se consume en brûlant, il ne fait qu’accomplir l’œuvre que Dieu avait en vue pour lui. Un tel homme trouvera toujours une sphère dans laquelle son zèle pourra se déployer.
Il ne peut ni prêcher, ni travailler. ni donner de l’argent, il pleurera, soupirera et priera. Oui, même s’il n’était qu’un malheureux, perpétuellement couché sur son lit de maladie, il freinerait puissamment par son intercession, la course des roues du péché. S’il ne pouvait combattre dans la plaine avec Josué, il s’associerait au travail de Moïse, Aaron et Hur sur la colline (Exode 17 v. 9 à 13).
S’il était dans l’impossibilité même de participer à l’œuvre de cette façon-là, il n’accorderait aucun repos au Seigneur jusqu’à ce que du secours parte d’ailleurs et que l’œuvre soit quand-même accomplie. Voilà, ce que j’appelle avoir du « Zèle » dans la religion ».
Un message de William Mac Donald
© Reproduction gratuite autorisée en indiquant l'auteur et la source bible-foi.com.