Le salut par la foi.1

Le salut par la foi.1

Toutes les bénédictions que Dieu a répandues sur l'homme viennent de sa pure grâce, de sa bonté ou de sa faveur ; faveur libre, non méritée, complètement gratuite ; l'homme n'ayant aucun droit au plus petit des bienfaits du Seigneur.

Ce fut la grâce gratuite qui forma « L'Eternel Dieu forma l'homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l'homme devint un être vivant » (Genèse 2 v. 7) ; ce fut elle qui grava sur cette âme l'image de Dieu et « mit toutes choses sous ses pieds ». La même libre grâce nous donne aujourd'hui la vie, la respiration et toutes choses ; car quoi que ce soit que nous soyons, que nous ayons ou que nous fassions, rien en nous ne peut mériter la plus petite faveur des mains de Dieu. C'est toi, ô Dieu ! qui as fait toutes choses en nous. Elles sont donc autant de preuves de plus d'une miséricorde, et toute justice qui peut se trouver en l'homme est aussi un don de Dieu.

Par quel moyen l'homme pécheur expiera-t-il donc le moindre de ses péchés ?

Par ses œuvres ? Non : fussent-elles aussi nombreuses et aussi saintes que possible, elles ne sont pas à lui, elles sont à Dieu, mais en réalité elles sont toutes impures et pleines de péché, de sorte que chacune d'elles a besoin d'une nouvelle expiation. Il ne croît que des fruits mauvais sur un mauvais arbre ; or son cœur est entièrement corrompu et abominable, puisqu'il est « privé de la gloire de Dieu », de cette glorieuse justice gravée au commencement sur son âme, d'après l'image de son auguste Créateur. N'ayant ainsi rien à faire valoir, ni justice ni œuvres, sa bouche est fermée devant Dieu.

Si donc les hommes pêcheurs trouvent grâce auprès de Dieu, il y a là de la part du Seigneur grâce sur grâce ; s'il consent encore à répandre sur nous de nouvelles bénédictions, même la plus grande des bénédictions, le salut, que pouvons-nous dire à cela, sinon : « Grâces soient rendues à Dieu de son don ineffable ? » Oui, il en est ainsi : « Mais Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous » (Romains 5 v. 8). « Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu » (Éphésiens 2 v. 8). La grâce est la source du salut, la foi en est la condition.

Maintenant, afin que nous ne soyons point privés de la grâce de Dieu, il nous importe d'examiner avec soin, premièrement : quelle est la foi par laquelle nous sommes sauvés ; secondement : quel est le salut obtenu par la foi ; troisièmement : de quelle manière nous pouvons répondre à quelques objections qu'on présente contre la doctrine du salut par la foi.

Quelle est la foi par laquelle nous sommes sauvés ?

C'est la première question que nous allons examiner. Et d'abord, ce n'est pas simplement la foi du païen. Dieu exige d'un païen qu'il croie que Dieu « est, qu'il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent » (Hébreux 11 v. 6), et qu'il veut qu'on le cherche en le glorifiant comme Dieu, en lui rendant grâces pour toutes choses, et en pratiquant assidûment la vertu morale, la justice, la miséricorde et la vérité envers le prochain. Le Grec, le Romain, le Scythe même et l'Indien étaient sans excuse s'ils ne croyaient pas tout cela ; savoir, l'existence et les attributs de Dieu, un état futur de récompenses et de punitions et la nature obligatoire de la vertu. Croire ces choses, c'est avoir la foi du païen seulement.

En second lieu, ce n'est pas la foi du démon, quoique celle-ci aille beaucoup plus loin que la foi du païen, car le diable croit non seulement qu'il y a un Dieu sage et puissant, bon pour récompenser, et juste pour punir ; mais il croit aussi que Jésus est le Fils de Dieu, le Christ, le Sauveur du monde. C'est ce qu'il déclare dans ces paroles expresses : « Je sais qui tu es ; tu es le saint de Dieu » (Luc 4 v. 34). Et nous ne pouvons douter que cet esprit malheureux ne croie à toutes les paroles sorties de la bouche du Saint, et même à tout ce qui a été écrit par les hommes inspirés, à deux desquels il a été forcé de rendre ce glorieux témoignage : « Ces hommes sont des serviteurs du Dieu très-haut, et ils vous annoncent la voie du salut » (Actes 16 v. 17). Le grand ennemi de Dieu et de l'homme croit donc, et tremble en croyant que Dieu a été manifesté en chair, qu'il mettra « tous ses ennemis sous ses pieds » (Éphésiens 1 v. 22), et que « toute l'Ecriture est divinement inspirée » ; sa foi va jusque-là.

La foi, en troisième lieu, par laquelle nous sommes sauvés, dans le sens qui sera expliqué plus loin, n'est pas cette foi qu'avaient les apôtres eux-mêmes tandis que Christ était sur la terre, quoiqu'ils crussent assez fermement en lui pour « tout quitter et le suivre  » ; quoiqu'ils eussent alors le pouvoir d'opérer des miracles, de « guérir toutes sortes de maladies et toutes sortes d'infirmités » (Luc 9 v. 1) ; bien qu'ils eussent même « puissance, et autorité sur tous les démons », et, ce qui est plus encore, qu'ils fussent envoyés par leur Maître pour prêcher le royaume de Dieu.

Quelle est donc la foi par laquelle nous sommes sauvés ?

On peut répondre d'abord, en général, c'est la foi en Christ ; Christ, et Dieu par Christ en sont les objets. Ce caractère la distingue assez de la foi des païens anciens ou modernes. Et ce qui la distingue parfaitement de la foi des démons, c'est qu'elle n'est pas une simple croyance rationnelle, spéculative, un assentiment à la vérité, froid et sans vie, une série d'idées dans la tête ; mais aussi une disposition du cœur. Car ainsi parle L'Ecriture : « On croit du cœur pour obtenir la justice » (Romains 10 v. 10) ; et encore : « Si tu confesses le Seigneur Jésus de ta bouche, et que tu croies dans ton cœur que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé » (Romains 10 v. 9).

Et cette foi est différente de celle qu'avaient les apôtres eux mêmes, tandis que notre Seigneur était sur la terre, en ce qu'elle reconnaît la nécessité et la vertu propitiatoire de la mort de Jésus ainsi que l'efficacé de sa résurrection. Elle reconnaît sa mort comme l'unique moyen suffisant pour racheter l'homme de la mort éternelle, et sa résurrection comme notre restauration à la vie et à l'immortalité, puisqu'il « a été livré pour nos offenses et qu'il est ressuscité pour notre justification » (Romains 4 v. 25).

La foi chrétienne, donc, n'est pas seulement un assentiment donné à tout l'Evangile de Christ c'est aussi une pleine confiance dans le sang de Christ, un repos de l'âme sur les mérites de sa vie, de sa mort et de sa résurrection ; un recours à lui comme étant notre sacrifice expiatoire et notre vie, comme s'étant donné pour nous et comme virant en nous, et partant, c'est recevoir Christ, s'appuyer sur lui, s'unir et s'attacher à lui comme à notre « sagesse, justice, sanctification et rédemption » (1 Corinthiens 1 v. 30), en un mot, comme à notre salut.

Quel est ce salut obtenu par la foi ? C'est le second point à expliquer.

Et, avant tout, quoi que ce soit qu'implique d'ailleurs ce salut, c'est un salut présent, c'est quelque chose que l'on peut obtenir, bien plus, que possèdent actuellement sur la terre ceux qui ont la foi dont nous venons de parler. L'apôtre dit aux fidèles d'Ephèse (et en le leur disant, il le dit aux fidèles de tous les âges) : « Vous êtes sauvés par la foi », et non, vous serez sauvés, quoique cela aussi soit vrai.

Vous êtes sauvés, pour tout dire en un mot, du péché. Voilà la délivrance qui s'obtient par la foi ; c'est ce grand salut annoncé par l'ange avant que Dieu fit venir son premier-né dans le monde : « Tu lui donneras, dit-il, le nom de Jésus, car c'est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés » (Matthieu 1 v. 21). Il n'y a aucune limite ou restriction à ce salut, ni ici ni ailleurs, dans l'Écriture sainte. Il sauvera Son peuple, ou, comme il est dit dans un autre endroit : « Tous ceux qui croient eu lui », de tous leurs péchés, de leur péché originel et actuel, passé et présent ; des péchés « de la chair et de l'esprit ». Par la foi en Jésus, ils sont délivrés et de la culpabilité et de la puissance du péché.

Vous êtes sauvés, d'abord, de la culpabilité de tout péché passé. Car, d'un côté, puisque tout le monde est coupable devant Dieu et qui, s'il voulait prendre garde aux iniquités, nul homme ne subsisterait ; puisque la loi ne donne que la connaissance et nullement la délivrance du péché, de sorte que « personne ne sera, justifié devant Dieu par les œuvres de la loi » (Romains 3 v. 20) ; de l'autre côté, « la justice de Dieu qui est par la foi en Jésus-Christ a été manifestée en tous ceux qui croient (Romains 3 v. 22) », et ils sont maintenant « justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est en Jésus-Christ, que Dieu avait destiné, pour être une victime propitiatoire par la foi en son sang, afin de faire paraître sa justice par le pardon des péchés commis auparavant » (Romains 3 v. 24 et 25). Christ a enlevé « la malédiction de la loi, ayant été fait malédiction pour nous. Il a effacé l'obligation qui était contre nous, et il l'a entièrement annulée en l'attachant à la croix. Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui » croient « en Jésus-Christ ».

Et étant délivrés de la culpabilité, ils le sont aussi de la crainte ; non de la crainte filiale d'offenser Dieu, mais de toute crainte servile, et qui cause de la peine ; de la crainte de la punition méritée, de la colère de Dieu, qu'ils ne considèrent plus comme un maître sévère, mais comme un père indulgent. Ils n'ont point « reçu un esprit de servitude, mais l'esprit d'adoption, par lequel ils crient : Abba ! Père ! » (Romains 8 v. 15) ; c'est ce même Esprit qui rend témoignage à leur esprit qu'ils sont enfants de Dieu. Ils sont aussi délivrés de la crainte, mais non de la possibilité de perdre la grâce, et d'être privés des grandes et précieuses promesses de Dieu. Ainsi ils ont « la paix avec Dieu par Notre-Seigneur Jésus-Christ ». Ils se réjouissent « dans l'espérance de la gloire de Dieu. L'amour de Dieu est répandu dans leurs cœurs par le Saint-Esprit qui leur a été donné » (Romains 5 v. 5 ) ; et par là ils sont persuadés (persuasion qui n'a pas en tous temps une égale force, et qui peut-être même n'existe pas toujours), ils sont persuadés, dis-je, « que ni la mort ni la vie, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les choses élevées, ni les choses basses, ni aucune autre créature, ne les pourra séparer de l'amour que Dieu leur a montré en Jésus-Christ Notre-Seigneur » (Romains 8 v. 38 et 39).

De plus, par cette foi ils sont délivrés de la puissance du péché, aussi bien que de sa culpabilité. C'est ce que déclare l'apôtre : « Vous savez que Jésus-Christ a paru pour ôter nos péchés, et qu'il n'y a point de péché en lui. Quiconque demeure en lui ne pèche point. Mes petits enfants, que personne ne vous séduise, celui qui fait le péché est du diable. Quiconque croit est né de Dieu ; et celui qui est né de Dieu ne fait point le parce que la semence de Dieu demeure en lui ; et il ne peut pécher parce qu'il est né de Dieu » (1 Jean 3 v. 5 à 9). Et encore : « Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche point ; mais celui qui est né de Dieu se conserve soi-même, et le malin ne le touche point » (1 Jean 5 v. 18).

Celui qui, par la foi, est né de Dieu, ne pèche point.

1. Il ne commet pas de péché habituel ; car tout péché d'habitude est un péché dominant ; mais le péché ne peut régner chez un homme qui croit.

2. Il ne commet point de péché volontaire ; car sa volonté, aussi longtemps qu'il demeure dans la foi, est entièrement opposée à tout péché et l'abhorre comme un poison mortel.

3. Il ne pèche par aucun désir coupable ; car il désire sans cesse de faire la volonté sainte et parfaite de Dieu, et par sa grâce il étouffe, dès son apparition, toute tendance à des désirs mauvais.

4. Il ne pèche point par infirmité, soit en parole, soit en acte, soit en pensée, car ses infirmités n'ont pas le consentement de sa volonté, condition sans laquelle elles ne sont pas à proprement parler des péchés.

Ainsi, « celui qui est né de Dieu ne commet point le péché » (1 Jean 3 v. 9) ; et quoiqu'il ne puisse point dire qu'il n'a pas péché, néanmoins « il ne pèche point » actuellement.

C'est là le salut reçu par la foi même dans ce monde ; c'est, ce qui est souvent exprimé par le mot de justification, la délivrance du péché et de ses conséquences. La justification prise dans le sens le plus large comprend la délivrance de la culpabilité et de la peine du péché, par le sacrifice de Christ actuellement appliqué à l'âme du pécheur qui croit maintenant en Lui, et la délivrance de l'empire du péché par Christ qui est formé dans son cœur, de telle manière que celui qui est ainsi justifié, ou sauvé par la foi, est vraiment né de nouveau.

Il est né de nouveau de l'Esprit, né à une vie nouvelle « cachée avec Christ en Dieu ». Et comme un enfant nouveau-né, il reçoit avec joie « le lait pur de la parole » et il « croît par son moyen », dans la force de l'Eternel son Dieu ; il va de foi en foi, de grâce en grâce, jusqu'à ce qu'enfin, il atteigne « à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ » (Éphésiens 4 v. 13).

 

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