
L'Église, l'assemblée du Dieu vivant.1
Nous allons considérer maintenant l’Église au jour de la ruine et le chemin que Dieu trace pour le croyant au milieu de cette ruine. Cet état de ruine de l’Église et d’éloignement de la Parole de Dieu était annoncé dans le Nouveau Testament.
Dans les chapitres précédents, nous avons cherché avant tout à considérer l’Église telle qu’elle a été établie par Dieu au commencement, et à apprendre de l’Écriture quelle est sa nature, quel ordre doit y régner, et comment elle doit fonctionner selon la pensée de Dieu. Nous l’avons vue dans son caractère universel et dans son aspect local, et nous avons relevé ce qui devrait caractériser une assemblée de croyants réunie selon les Écritures, localement et dans ses rapports avec les autres assemblées.
Nous avons observé ici et là combien la chrétienté s’est éloignée du modèle primitif de l’Église telle que Dieu l’a instituée au début, et nous avons fréquemment remarqué que l’Église professante sur la terre (comprenant tous ceux qui, extérieurement, se réclament du nom de Christ) est dans un état général de ruine, de décadence et de désordre. Nous allons considérer maintenant l’Église au jour de la ruine et le chemin que Dieu trace pour le croyant au milieu de cette ruine.
Cet état de ruine de l’Église et d’éloignement de la Parole de Dieu était annoncé dans le Nouveau Testament et avait déjà commencé au temps des apôtres. Il est irréparable et s’aggravera jusqu’à ce que le Seigneur enlève enfin au ciel les véritables croyants, son épouse, et qu’il vomisse de sa bouche la fausse église, et exécute le jugement sur elle (voir Matthieu 25 v. 10 à 12 ; Apocalypse 3 v. 16 ; 18 v. 1 à 10 ; 19 v. 11 à 21).
Selon l’Écriture, il n’y a pas d’espoir que l’Église retrouve sur la terre l’état premier de pureté, d’unité et de puissance spirituelle qu’elle a connu à la Pentecôte. Au contraire, elle en arrivera à un état extrême d’apostasie et d’idolâtrie, avec la grande Babylone et l’antichrist (Apocalypse 17 et 2 Thessaloniciens 2 v. 1 à 12).
Ce qui convient donc au croyant sincère et convaincu en un jour de ruine, n’est pas de chercher à ramener l’Assemblée aux jours de Pentecôte, mais de reconnaître avec tristesse et humiliation devant Dieu cette réelle condition de ruine et de misère de l’Église (à laquelle nous appartenons tous) et de combattre avec zèle pour la foi dans la sainteté et dans l’amour.
Directives de 2 Timothée 2.
Quelque grande que devienne la ruine dans l’Église, ceux qui désirent plaire au Seigneur et obéir à sa Parole ne doivent pas désespérer. Dieu, qui a permis que la décadence et le désordre commencent dans l’Église du temps des apôtres, nous a donné par eux suffisamment de lumière et de directives pour discerner son chemin au jour de la ruine.
La seconde épître aux Thessaloniciens, la seconde épître de Pierre, les trois épîtres de Jean et celle de Jude nous donnent toutes des directives et de l’aide pour le jour du déclin et de l’apostasie. Outre ces dernières, nous avons des instructions particulières et précises pour notre temps, dans la seconde épître à Timothée qui traite spécialement de cette condition de ruine et des derniers jours de l’Église. Dans cette épître, nous voyons la lumière de Dieu, qui brille dans les ténèbres et la confusion croissantes de la chrétienté, et qui montre à l’âme perplexe quel est le chemin divin au milieu de la ruine.
Dans la première épître à Timothée, nous voyons l’ordre de choses qui devrait régner dans l’Assemblée, et la manière de se conduire dans la maison de Dieu qui est l’Assemblée du Dieu vivant. La seconde épître à Timothée a été écrite quand le désordre et le mal étaient déjà entrés dans ce qui était extérieurement la maison de Dieu, et il n’y avait pas alors de puissance pour s’en occuper. Dans cette épître, l’apôtre enseigne à Timothée comment il faut marcher et ce qu’il faut faire dans un tel état de désordre, de mal et d’abandon de la Parole de Dieu.
Lorsque la première épître à Timothée a été écrite, l’Église était la maison de Dieu, mais lorsque la seconde l’a été, l’Église était devenue une grande maison où il y avait des vases à honneur et des vases à déshonneur. Dès lors, il fallait se purifier en se séparant de ces vases à déshonneur si on voulait être un vase à honneur, utile au Maître. Tel est le chemin indiqué par l’apôtre dans cette dernière épître à Timothée.
Cette épître traite de la grande maison avec ses vases à honneur et à déshonneur, et décrit clairement le chemin divin pour l’âme fidèle et pieuse (2 Timothée 2 v. 19 à 26). Écrite juste avant son martyre, c’est la dernière des quatorze épîtres d’inspiration divine que nous ayons de l’apôtre Paul.
Nous y trouvons, surtout dans les versets mentionnés ci-dessus, les dernières instructions de Dieu sur la vérité concernant l’Église ou la communion dans l’Assemblée, telles qu’elles nous ont été transmises par un apôtre spécialement qualifié à cet effet.
Cette portion de l’Écriture est ainsi très importante et demande notre attention particulière. Ces versets nous donnent l’instruction et les directives divines quant au chemin que le croyant doit suivre individuellement, quand l’Église est en désordre, en ruine et apostate.
Le solide fondement.
Avant de montrer au croyant qui désire suivre le chemin divin ce qu’il doit faire au mauvais jour, l’apôtre Paul parle du solide fondement de Dieu : « Toutefois le solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau : Le Seigneur connaît ceux qui sont siens, et : qu’il se retire de l’iniquité quiconque prononce le nom du Seigneur » (v. 19).
L’Église professante était en très mauvais état au temps où Paul écrivait. Les assemblées s’écartaient du chemin de la foi ; certains enseignaient de fausses doctrines et renversaient la foi d’autres personnes, c’est ce que faisaient Hyménée et Philète, dont l’apôtre parle dans les versets 17 et 18.
Il y avait de toutes parts des actions et des enseignements mauvais et cela devait aller en empirant. Mais au milieu d’une telle source de confusion et de découragement, il y a une parole pour redonner énergie et consolation : « Toutefois le solide fondement de Dieu demeure ». Devant l’apostasie qui engendre le trouble, il se tourne vers ce qui est invariable et permanent : le solide fondement de Dieu.
Ce que Dieu a établi demeure comme fondement immuable et sûr. L’homme faillit dans tout ce qui lui est confié, mais ce qui est de Dieu demeure intact, et le croyant se repose paisiblement sur ce fondement, quelque grande que devienne la ruine de ce qui professe le nom de Christ. Auparavant, Paul avait écrit aux Corinthiens : « Personne ne peut poser d’autre fondement que celui qui est posé, lequel est Jésus Christ » (1 Corinthiens 3 v. 11).
Lui, Fils éternel de Dieu et Fils de l’homme, est ce sûr fondement, ce roc sur lequel la vraie Église est bâtie et contre laquelle « les portes du hadès ne prévaudront pas » (Matthieu 16 v. 16 à 18). Christ est la pierre de fondement au sujet de laquelle Ésaïe a prophétisé : « Voici, je pose comme fondement, en Sion, une pierre, une pierre éprouvée, une précieuse pierre de coin, un sûr fondement » (Ésaïe 28 v. 16).
Ici, dans la seconde épître à Timothée, il n’est pas dit quel est le fondement. L’Esprit de Dieu a volontairement laissé un terme général. Sans aucun doute il s’agit du Christ Jésus et cela comprend aussi toutes les choses que Dieu nous a données en lui, qui sont immuables et permanentes.
Quel encouragement pour nous au jour de l’apostasie où les fondements de la foi sont minés et détruits par des hommes méchants ! « Autant il y a de promesses de Dieu, en lui est le oui, et en lui l’Amen » (2 Corinthiens 1 v. 20). Christ et ses promesses sont un sûr fondement sur lequel le croyant peut se reposer.
Parmi les nombreuses et merveilleuses bénédictions qui nous sont assurées en Christ, il y en a trois qui sont spécialement remarquables :
1. La présence constante de Christ avec les siens, dans toute sa plénitude, est entièrement suffisante : « Voici, moi je suis avec vous tous les jours, jusqu’à l’achèvement du siècle » (Matthieu 28 v. 20). « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Matthieu 18 v. 20). C’est en vérité une précieuse promesse pour le jour de la ruine.
2. La demeure permanente du Saint-Esprit dans le croyant lui est assurée : « Moi je prierai le Père et il vous donnera un autre consolateur, pour être avec vous éternellement… il demeure avec vous et… il sera en vous » (Jean 14 v. 16 et 17).
3. La Parole de Dieu est là pour nous : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point » (Matthieu 24 v. 35).
Quel encouragement et quel soutien le croyant trouve, au jour de la ruine, dans la présence constante du Fils de Dieu, de l’Esprit de Dieu, et de la Parole de Dieu. De la même manière, le résidu juif était encouragé aux jours d’Aggée : « Je suis avec vous, dit l’Éternel des armées. La parole selon laquelle j’ai fait alliance avec vous, lorsque vous sortîtes d’Égypte, et mon Esprit, demeurent au milieu de vous ; ne craignez pas » (Aggée 2 v. 4 et 5).
Le sceau.
Apposé au solide fondement de Dieu, se trouve un sceau avec un côté divin et un côté humain : « ayant ce sceau : le Seigneur connaît ceux qui sont siens ». C’est le côté divin. Parmi la confusion et la misère de la chrétienté, le Seigneur voit et connaît chaque personne qui a une relation vivante avec lui et qui lui appartient véritablement.
Nous ne connaissons pas tous les croyants, même dans un lieu précis ; le Seigneur, lui, les connaît. Cette connaissance qu’il a est une ressource sur laquelle nous pouvons toujours compter dans la ruine présente de l’Église. La marche de certains chrétiens de nom est telle qu’on ne peut pas savoir si ce qu’ils affichent correspond à quelque chose de réel. De telles personnes sont à laisser au Seigneur, qui connaît les siens et manifestera au temps convenable ceux qui lui appartiennent réellement et ceux qui ne lui appartiennent pas.
D’autre part, les vrais croyants qui sont fidèles au Seigneur sont souvent mal compris, calomniés et persécutés par le monde ou par des gens mondains qui se disent chrétiens, parce qu’ils ne suivent pas le monde et l’église professante dans leur conduite déréglée.
La position ecclésiastique de quelqu’un peut être jugée et calomniée ; il peut être seul, objet du mépris de la communauté chrétienne. Le Seigneur connaît chacun des siens, chacune de ses circonstances : cette certitude est un réel encouragement et un puissant soutien. Lui nous comprend, quand d’autres peuvent douter de nous.
Mais il y a un autre côté au sceau de Dieu, le côté de la responsabilité de l’homme : « Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur » (2 Timothée 2 v. 19). Quiconque prononce le nom du Seigneur, et affirme être chrétien, est sous l’obligation de suivre Christ dans la voie de la justice et de se retirer de toute iniquité. Si quelqu’un confesse le nom du Seigneur, il doit marcher en accord avec ce saint nom et ne pas l’associer à quelque iniquité ou quelque injustice que ce soit. Comme Seigneur, Christ exige l’obéissance et la soumission à son autorité.
La séparation du mal est toujours soulignée tout au long de la Bible. Elle est spécialement mise en avant au jour de la ruine comme une nécessité primordiale pour l’âme pieuse. En faisant ainsi, on donne une preuve visible de l’activité de la nature divine qui a en horreur le mal, aime le bien et désire obéir au Seigneur et l’honorer : « Cessez de mal faire ; apprenez à bien faire » (Ésaïe 1 v. 16 et 17). C’est toujours l’ordre de Dieu. La première étape est de se séparer du mal ; ensuite Dieu enseignera sa volonté et montrera l’étape suivante.
Tout ce qui n’est pas soumis à toute la volonté de Dieu est iniquité. C’est peut-être un point particulier, ou un système religieux, qui sera pour quelqu’un l’iniquité dont il doit se séparer. Quelquefois l’iniquité semble très agréable au cœur humain, mais si quelque chose est en opposition avec la volonté révélée de Dieu et contraire à sa parole, c’est le mal et on doit s’en séparer.
La grande maison.
« Or dans une grande maison, il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais aussi de bois et de terre ; et les uns à honneur, les autres à déshonneur » (v. 20). L’apôtre utilise ici la figure d’une grande maison, avec ses divers vases à honneur et à déshonneur. C’est une image de ce que la chrétienté devenait lorsque Paul a écrit cette épître. Elle ne pouvait plus désormais être définie comme « la maison de Dieu… l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité », comme elle l’était quand la première épître de Paul à Timothée avait été écrite (ch. 3 v. 15).
À ce moment-là, l’Église présentait la vérité devant le monde, comme une colonne, mais maintenant, certaines personnes enseignaient en son sein des fausses doctrines ; des incrédules s’étaient introduits, et il y avait beaucoup de confusion, de mélange et de mal dans ce qui professait être la maison de Dieu. Ce qui prétendait être la maison de Dieu devenait rapidement semblable à ce qui se trouve parmi les hommes : une grande maison avec des vases mélangés. Elle n’avait plus ce sceau divin exclusif qui faisait d’elle la maison de Dieu, caractérisée par la sainteté et la justice.
Elle avait perdu son caractère de sainteté et de vérité. Tel était l’état de l’Église professante à la fin de la vie de Paul, et cet état de choses a continué et s’est beaucoup aggravé depuis, de telle sorte que la chrétienté est, aujourd’hui plus que jamais, une grande maison avec des vases mélangés, les uns à honneur et les autres à déshonneur.
Les vases d’or et d’argent sont des vases propres au service de la maison de Dieu. Nébucadnetsar avait autrefois emporté les vases d’or et d’argent du temple à Jérusalem et les avait transportés à Babylone (Daniel 5 v. 2 et 3).
Il ne devait pas y avoir de vases de bois et de terre dans la maison de Dieu. En Romains 9 v. 21 à 23, nous apprenons que les vases à déshonneur sont des « vases de colère tout préparés pour la destruction », et que les vases à honneur sont des « vases de miséricorde qu’il a préparés d’avance pour la gloire ». Ainsi, d’une manière générale, les vases d’or et d’argent représenteraient les vrais chrétiens ; ils doivent être des vases à honneur, « vases de miséricorde », alors que les vases de bois et de terre symboliseraient ceux qui, dans la chrétienté, sont inconvertis, « vases à déshonneur promis à la colère ».
Cependant, un vase d’or à honneur peut être utilisé « à déshonneur », comme l’a fait Belshatsar, quand il a utilisé les vases sacrés du temple lors de son festin idolâtre. De la même manière, dans la grande maison de la chrétienté, où les vases représentent des personnes, un vrai croyant peut faire quelque chose qui déshonore le Seigneur, ou être associé à des vases à déshonneur, devenant ainsi un vase à déshonneur. Le Seigneur ne peut pas approuver le service de quelqu’un qui s’associe avec le mal ; par conséquent se séparer des vases à déshonneur est une condition pour être un vase à honneur (v. 21).
Tel est ainsi le tableau divin de la chrétienté, avec son mélange impur de sauvés et de perdus, de vrais et de faux croyants. C’est son état au jour de la ruine. L’ensemble de ce qui se donne le nom de chrétien est vu comme une grande maison avec des vases mélangés.
Tout chrétien en fait partie, et ceci quelle que soit la droiture de son cœur et de ses motifs envers le Seigneur, car la grande maison renferme tous ceux qui se donnent le nom de chrétiens. Mais le croyant sincère et fidèle est appelé à se purifier personnellement de tous les vases à déshonneur dans la maison, bien qu’il ne puisse jamais sortir de la maison elle-même.
Se purifier.
« Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci (en se séparant d’eux), il sera un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour toute bonne œuvre » (v. 21). Quand la chrétienté ne répond plus au caractère divin de l’Assemblée telle que Dieu l’a formée, il y a un appel pressant à la fidélité et à la responsabilité individuelles à se séparer de tout ce qui est contraire à l’honneur de Christ. C’est à chaque individu que l’appel est adressé ici de se purifier des vases à déshonneur en se séparant d’eux.
Quelqu’un veut-il être un vase à honneur et utile au Maître ? Qu’il se sépare, pour ne pas se souiller, de ce qui est faux, corrompu et contraire à la Parole de Dieu.
On ne peut en même temps être associé avec ceux qui déshonorent Christ, renient sa déité ou sa parfaite humanité, retiennent telle autre mauvaise doctrine, ou tolèrent le mal dans la pratique, et en même temps, chercher à honorer le Seigneur dans sa marche personnelle et être un vase sanctifié pour le service du Maître.
Aucun croyant ne peut vraiment servir le Seigneur en étant en relation avec le mal ou en restant associé à un système religieux ou une congrégation qui tolère le mal ou accepte des incrédules. Il faut être un vase pur avant d’être utile au Seigneur, et la condition nécessaire pour être un vase sanctifié, utile, prêt pour le service du Maître, est nettement énoncée ici comme étant la séparation des vases à déshonneur.
Si une assemblée refuse de se purifier du mal qui est au milieu d’elle, comme cela est commandé en 1 Corinthiens 5, le croyant fidèle, après avoir suffisamment averti et usé de patience, doit se purifier en s’en allant.
On ne peut avoir communion avec le mal et être un vase pur. « Un peu de levain fait lever la pâte tout entière ». « Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur ». C’est lorsqu’on est séparé du mal qu’on comprend ce qu’est la sainteté de Dieu, ce que sont ses droits sur nous, et combien sa nature est incompatible avec le mal.
Bien sûr, ceux qui cherchent à obéir à l’ordre divin de se séparer des vases à déshonneur, de l’iniquité, et de tout ce qui est contraire à la Parole de Dieu, sont souvent critiqués et condamnés. Comme il en était au jour d’Ésaïe, il en est ainsi maintenant : « la vérité a trébuché sur la place publique… et la vérité fait défaut, et celui qui se retire du mal devient une proie » (Ésaïe 59 v. 14 et 15).
Une séparation pour Dieu coûte beaucoup, mais elle enrichit aussi beaucoup. La douleur de la séparation et l’opprobre qui s’y rattache doivent être supportés si on veut plaire au Seigneur avant tout, et être un vase prêt pour le service du Maître. Ensuite, on doit apprendre qu’« écouter est meilleur que sacrifice, prêter l’oreille meilleur que la graisse des béliers » (1 Samuel 15 v. 22).
L’âme obéissante éprouvera pour elle-même de riches bénédictions et une force nouvelle. Certains peut-être insisteront sur l’unité de l’Assemblée et voudront tolérer le mal sous prétexte de ne pas briser cette unité et de ne pas causer de division, mais de telles pensées sont condamnées et rejetées par les paroles péremptoires de l’apôtre : « Qu’il se purifie de ceux-ci ».
Quand la faillite et le mal se sont installés à l’intérieur de l’Église, il est à craindre que le désir d’une unité extérieure, persuade même le croyant fidèle d’accepter le mal et de marcher en communion avec lui, plutôt que de rompre cette unité. Mais 2 Timothée 2 v. 21 établit le principe de la fidélité individuelle, et de la responsabilité individuelle de se séparer du mal, et place ce principe au-dessus de toute autre considération.
L’unité ne doit jamais être recherchée aux dépens de la vérité ou de la justice, car cela est contraire à la nature même de Dieu qui est lumière. Au jour de la ruine, la Parole insiste sur la séparation du mal plus que sur l’unité extérieure.
Quelques-uns enseignent et soutiennent qu’on doit rester dans une église ou une assemblée (même si les choses ne sont pas en ordre ou sont contraires à la Parole de Dieu), en essayant de faire là tout le bien possible pour améliorer la situation, ou en prenant position là comme témoin pour le Seigneur.
Selon l’Écriture que nous avons considérée, il devrait être évident à nos lecteurs combien cet enseignement est erroné et contraire aux directives divines. On ne peut être un vase sanctifié, utile au Maître et préparé pour toute bonne œuvre que si l’on est séparé des vases à déshonneur. On peut être alors dans la main du Seigneur pour la bénédiction des âmes. On doit être d’abord sorti du marécage avant de pouvoir aider celui qui y est.
Dans les jours mauvais où Jérémie vivait, Dieu lui a dit : « Si tu te retournes, je te ramènerai, tu te tiendras devant moi ; et si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil, tu seras comme ma bouche. Qu’ils reviennent vers toi, mais toi, ne retourne pas vers eux » (Jérémie 15 v. 19).
Jérémie jouissait de la Parole de Dieu dans son cœur et disait : « Je ne me suis pas assis dans l’assemblée des moqueurs, ni ne me suis égayé ; à cause de ta main, je me suis assis solitaire » (Jérémie 15 v. 16 et 17). Ainsi Dieu pouvait se servir de lui pour séparer des âmes précieuses de l’état de mal en Israël et l’assimiler à sa bouche pour annoncer sa Parole. Mais il ne devait pas retourner vers ce dont il s’était séparé : « Qu’ils reviennent vers toi ».
2 Corinthiens 6 v. 14 à 18 présente avec force un autre commandement. « Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules ; car quelle participation y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres ?… C’est pourquoi sortez du milieu d’eux, et soyez séparés, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et moi, je vous recevrai ; et je vous serai pour Père, et vous, vous me serez pour fils et pour filles, dit le Seigneur, le Tout-Puissant ».
Que chaque lecteur prenne garde à ces paroles d’exhortation et d’encouragement pour marcher fidèlement pour Christ au milieu du mal de la chrétienté.
Conduite personnelle.
« Fuis les convoitises de la jeunesse, et poursuis la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur » (2 Timothée 2 v. 22). Nous avons vu d’après les versets précédents qu’il est nécessaire de se séparer des vases à déshonneur dans la grande maison de la chrétienté si on veut être un vase sanctifié et préparé pour toute bonne œuvre.
Maintenant l’apôtre nous met en garde contre le danger qu’il y a à être personnellement préoccupé du mal qui nous entoure et de la nécessité de s’en séparer. Le croyant est ici exhorté au sujet de sa conduite personnelle et des grâces qu’il doit rechercher en tant que vase mis à part. Nous n’avons pas seulement à être occupés du côté négatif de la séparation du mal, mais nous devons penser au côté positif : poursuivre la justice, la foi, l’amour, la paix avec les autres croyants ayant la même pensée.
En se séparant du mal ecclésiastique dans l’Église, il est de la plus haute importance que le croyant prenne garde à sa propre conduite, et veille à marcher selon la justice et selon le modèle que nous avons en Christ. Il est inutile de reconnaître ce qui est mal et de s’en séparer si on est défaillant dans sa conduite personnelle.
Celle-ci est vue de tous, et ceux qui sont enlacés dans l’iniquité et dont on s’est séparé sauront bien vite la juger comme étant « non chrétienne ». C’est pourquoi l’apôtre exhorte ici vivement Timothée, et chaque croyant qui veut être fidèle, à se garder de ce qui pourrait entraver ou rendre sans valeur le témoignage rendu en se séparant du mal.
On doit fuir les convoitises de la jeunesse. Non seulement les convoitises mondaines et charnelles doivent être évitées, mais on doit fuir les convoitises caractéristiques de la jeunesse, telles que la confiance en soi, la légèreté, l’impatience, l’impétuosité, l’indépendance, l’étalage de la connaissance et la tendance à être raisonneur.
Toutes ces choses, si naturelles à la jeunesse, peuvent apparaître chez un croyant plus âgé et entacher son témoignage. Un « vase à honneur » ne doit pas être caractérisé par ces convoitises typiques de la jeunesse dans sa vanité. Il doit fuir toute tendance à s’abandonner à ces convoitises de jeunesse et éviter tout ce qui pourrait révéler l’absence d’un esprit sobre, doux et humble qui caractérise celui qui marche avec Dieu.
Le croyant qui s'est séparé doit poursuivre la justice, la foi, l’amour et la paix. Chacun doit marcher dans la justice pratique en poursuivant ce qui est juste et convenable devant Dieu et les hommes et en agissant en conséquence. Nous devons remarquer que la justice est citée en premier, ensuite la foi, puis l'amour et en dernier la paix.
La justice est la première chose à considérer, non pas l’amour et la paix. Si l’amour et la paix passent en premier, la vérité risque d’être compromise et la justice sacrifiée. Le mal risque d’être toléré sous le couvert de l’amour et avec le désir de la paix. Nous devons poursuivre l’amour et la paix, mais nous ne pouvons avoir la paix aux dépens de la justice, c'est pourquoi nous devons poursuivre la justice d’abord et avant tout. Il ne peut y avoir de paix en présence du mal et des ennemis de Christ.
Avec la justice, il faut aussi poursuivre la foi. Cela maintient le croyant en communion avec Dieu et dans sa dépendance ; le cœur est soutenu dans un sentier de justice et de séparation du mal. La foi maintient Dieu devant l’âme et empêche de considérer les choses du point de vue des ressources et des raisonnements purement humains.
La foi est nécessaire pour tenir ferme dans le chemin de la justice. Moïse « tint ferme, comme voyant celui qui est invisible » (Hébreux 11 v. 27).
Sans la foi et l’amour, notre poursuite de la justice deviendra probablement une attitude froide et légaliste avec un penchant vers le pharisaïsme. C’est pourquoi la foi et l’amour doivent être liés à la justice. La foi précède l’amour dans le verset qui est devant nous, car le regard doit être fixé sur Dieu, la source de l’amour, pour qu’il y ait un véritable amour chrétien en activité. La justice et la foi doivent diriger l’amour. Il ne peut pas y avoir de véritable amour sans obéissance. Le véritable amour pour Christ et pour les âmes conduira à marcher dans la justice et dans la foi.
Quand la foi est active, Dieu sera devant l’âme, son amour remplira le cœur, et la marche sera caractérisée par l’amour divin. Ceci est fondamental pour le « vase à honneur ». Il doit poursuivre l’amour et manifester l’amour de Christ dans toutes ses relations.
Le résultat de la poursuite de la justice, de la foi et de l’amour sera alors la paix, la paix sur une base juste. Le croyant séparé ne doit pas insister sur sa propre volonté et provoquer des contestations, mais poursuivre « les choses qui tendent à la paix ». « S’il est possible, autant que cela dépend de vous, vivant en paix avec tous les hommes » (Romains 14 v. 19 ; 12 v. 18). Une personne contestataire, provocatrice, est un déshonneur pour Christ et elle manifeste qu’elle ne poursuit pas la justice, la foi, l’amour et la paix.
Les versets 23 à 25 ajoutent d’autres traits qui devraient marquer dans sa conduite personnelle un « vase à honneur », sanctifié. Il doit éviter les questions folles et insensées qui engendrent la contestation et il ne doit contester avec personne, mais être « doux envers tous, propre à enseigner, ayant du support ; enseignant avec douceur les opposants ».
Les disputes et les contestations sur la vérité ou sur les questions folles sont inutiles et sans profit. La vérité divine devrait être énoncée avec clarté et grâce et enseignée avec toute patience, douceur, humilité, même aux opposants ; mais le serviteur du Seigneur ne doit pas contester avec ceux qui résistent à la vérité.
Telles sont les directives pour la conduite personnelle des croyants qui cherchent à plaire au Seigneur et à être des vases à honneur sanctifiés et utiles au milieu de la ruine de la grande maison qu’est devenue la chrétienté. Que le Seigneur nous donne la grâce de revêtir ces caractères.
Avec qui s’associer.
En revenant au verset 22, nous remarquons que le croyant qui s’est séparé ne doit pas seulement poursuivre la justice, la foi, l’amour et la paix de façon individuelle, mais « avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur ». Il est encouragé à poursuivre ces choses dans la compagnie et la communion de ceux qui font de même et invoquent le Seigneur d’un cœur pur.
Le croyant fidèle se trouvera ainsi associé à d’autres chrétiens dans ce chemin où il se sépare des vases à déshonneur. Divinement formé à apprécier la communion des croyants, il est réjoui à la perspective d’avoir communion avec d’autres chrétiens dans le chemin nouveau où la fidélité à Dieu et à sa Parole l’a appelé.
Il ne faut pas craindre l’isolement qui peut résulter de la séparation du mal, mais un croyant ne devrait pas non plus choisir de rester seul. Dieu travaillera dans d’autres cœurs pour les conduire à se séparer aussi de l’iniquité et à poursuivre la justice, la foi, l’amour et la paix en invoquant le Seigneur d’un cœur pur. Nous sommes appelés à marcher dans la communion chrétienne avec ceux qui font ainsi. Voilà le chemin et le cercle de communion qui sont selon la pensée de Dieu pour le croyant sincère et convaincu au jour de la ruine.
Il peut n’y avoir ici ou là que deux ou trois personnes qui répondent à ces traits moraux. S’il en est ainsi, il ne faut pas les mépriser, mais les reconnaître comme ceux à qui le Seigneur a mis pareillement à cœur le désir de connaître sa volonté et l’énergie pour la faire. C’est avec ceux-là que je dois marcher en heureuse communion. Le grand nombre est important pour un esprit mondain, mais il ne doit pas influencer celui qui veut être fidèle à Christ.
Le Seigneur savait d’avance quelles seraient les circonstances de la chrétienté aux jours sombres et mauvais, et dans sa grâce il a donné des ressources. C’est pourquoi il a promis : « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Matthieu 18 v. 20).
Il savait que cela en arriverait là, qu’il pourrait y avoir ici ou là seulement deux ou trois croyants qui voudraient rechercher son approbation et obéir à sa Parole, aussi, dans sa tendresse et dans son amour, a-t-il promis sa présence à ces deux ou trois qui se rassemblent à son seul nom. Quel réconfort et quelle bénédiction trouvons-nous là ! Que pourrait-on désirer de plus ?
Nous désirerions souligner ici que se trouver seul sans la compagnie et la communion d’autres croyants n’est pas le chemin de Dieu pour un chrétien, à quelque époque que ce soit. Il n’est pas question de transiger avec le mal, mais on ne doit pas non plus rester seul et refuser de s’identifier avec d’autres croyants.
2 Timothée 2 v. 22 nous le dit clairement. La volonté de Dieu est que nous poursuivions « la justice, la foi, l’amour, la paix avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur ». On ne trouvera peut-être autour de soi personne avec qui on pourra se réunir selon les Écritures, mais te Seigneur fera certainement trouver des croyants pas trop éloignés avec qui on sera libre d’avoir communion.
Quelques-uns pourraient en conclure que les conditions sont devenues si mauvaises dans l’Église qu’il ne reste aucune compagnie de croyants avec qui ils peuvent avoir librement communion, etc., et en conséquence, ils restent seuls et à l’écart de tout. Ceci est contraire à l’Écriture et dénote un esprit d’orgueil qui se considère supérieur à tous et à tout.
Quand Élie a cru qu’il était le seul à ternir ferme pour Dieu, il a dû apprendre qu’il y avait sept mille hommes qui n’avaient pas fléchi les genoux devant Baal (1 Rois 19 v. 14 à 18). Dieu s’est toujours maintenu tout au long des âges un résidu de croyants fidèles comme témoignage pour lui-même.
Ainsi, en tant que croyant séparé, on doit avoir communion avec ceux qui sont caractérisés par la poursuite de la justice, de la foi, de l’amour et de la paix, et par le maintien d’une pureté de cœur collective.
C’est avec cette compagnie que le croyant sincère doit marcher. Ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur sont ceux qui sont clairement manifestés tels par les caractères ci-dessus : nous ne connaissons le cœur que par la vie pratique.
On a écrit au sujet de ce verset : « Ce qui est dans la pensée de l’Esprit de Dieu ici, c’est une pureté collective ; c’est-à-dire une pureté qui caractérise tout l’ensemble. Ceux qui sont ainsi rassemblés sont ceux qui se réunissent sur la base de la Parole dans le dévouement et l’affection pour le Seigneur Jésus-Christ.
Ils cherchent à garder son nom, sa vérité, son honneur, à l’écart de tout ce qui serait inconvenant à son égard. C’est, je crois, ce dont parle l’apôtre quand il écrit : « Ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur » ; pureté de cœur, intégrité de cœur et consécration personnelle à Christ, sont les signes caractéristiques de la compagnie que je dois rechercher quand je me suis séparé ! » (W.T. Turpin)
Lorsqu’on a trouvé une assemblée ainsi réunie selon les Écritures, on doit maintenir cette position avec patience, douceur et humilité commue cela est énoncé dans les versets 23 à 25 dont nous avons parlé auparavant en relation avec « la conduite personnelle ».
En vérité, nous avons des directives suffisantes et encourageantes en 2 Timothée 2 pour discerner le chemin de Dieu au jour de la ruine. Que le lecteur et l’auteur soient trouvés dans ce chemin jusqu’au retour du Seigneur.