L’Esprit agit avec puissance
« L’Esprit de Dieu agit dans mon cœur avec puissance » - En 1859, un grand réveil spirituel éclata en Irlande. Deux ans auparavant, le Saint-Esprit avait soufflé avec puissance sur l’Amérique.
Dans toutes les grandes villes, on se mit à organiser des réunions de prière auxquelles se pressaient des milliers de personnes. De grandes foules imploraient le Seigneur ; l’Esprit de Dieu agissait avec puissance, et on a estimé depuis que chaque mois, cinquante mille âmes s’étaient converties. Lorsque les chrétiens d’Angleterre entendirent parler du réveil de 1857 aux États-Unis et de celui de 1859 en Irlande, ils se sentirent poussés à prier, et bientôt, le feu du réveil commença à embraser leur pays. À Londres, d’immenses auditoires vinrent écouter les prédications de Charles Spurgeon, et à chaque réunion de nombreuses personnes reçurent Jésus-Christ comme leur Sauveur et Seigneur.
Au pays de Galles, Christmas Evans entreprit une campagne d’évangélisation qui fut merveilleusement bénie. Ceux qui s’y convertissaient débordaient d’allégresse à un point tel qu’il leur arrivait de danser de joie pendant les réunions. Evans ne fit rien pour les retenir, si bien que des multitudes de pécheurs cherchèrent à recevoir Jésus-Christ dans leur cœur, pour être remplis, eux aussi, de cette « joie inexprimable ». À la même époque, dans toute la Grande-Bretagne, de nombreux membres des Églises Méthodistes connurent un renouveau dans leur vie spirituelle. L’un de leurs évangélistes, William Booth, fut employé par le Seigneur d’une manière particulière. En 1859, il quitta l’Église Méthodiste afin de se consacrer exclusivement à l’évangélisation, et le Seigneur le conduisit jusqu’à la sordide banlieue-est de Londres, où il exerça son ministère. C’est là que les pires mécréants furent transformés et qu’ils devinrent des soldats du Christ qui prêchèrent l’Évangile dans toute l’Angleterre. Par la suite, Booth fonda l’Armée du Salut.
Smith Wiggelsworth est né à cette époque, en 1859. Il raconte sa conversion au cœur d’une enfance difficile.
« Mon père était très pauvre, et il s’échinait à longueur de journée pour gagner quelques sous qui lui permettaient de nous faire vivre, ma mère, mes deux frères, ma sœur et moi. J’ai commencé à travailler dès l’âge de six ans : il s’agissait d’arracher et de nettoyer des betteraves, et je me souviens encore du triste état de mes petites mains après ces longues journées de labeur.
Lorsque j’eus sept ans, je partis travailler dans une filature de laine avec mon frère aîné. Mon père obtint un emploi de tisserand dans la même entreprise. À partir de ce moment-là, notre situation s’améliora et nos repas furent plus copieux.
Ma mère était une habile couturière ; elle faisait elle-même tous nos vêtements à partir de vieux habits qu’on lui donnait. Je portais le plus souvent un manteau dont les manches étaient beaucoup trop grandes pour moi, ce qui était très agréable par temps froid ! Je n’oublierai jamais les matins glacés d’hiver où je devais me lever à cinq heures, avaler un morceau sur le pouce, et franchir en hâte les trois kilomètres qui me séparaient de la filature. Nous devions travailler douze heures par jour, de six heures du matin à six heures du soir, et je disais souvent à mon père : « Que le temps est long ! ». Je me souviens encore des larmes qui brillaient dans ses yeux tandis qu’il me répondait : « Et pourtant, tu vois, le soir finit toujours par arriver ». Parfois, il me semblait qu’un mois entier s’écoulait, tant la journée de travail me paraissait interminable.
Soif de Dieu.
Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours eu soif de Dieu. Pourtant, ni mon père ni ma mère ne le connaissaient ; mais moi, je ne cessais de soupirer après lui. Souvent je m’agenouillais en plein champ et je lui demandais de m’aider.
Un jour, tandis que je me rendais à mon travail, un terrible orage éclata. Pendant une demi-heure, il me sembla que j’étais entouré de feu, tant le tonnerre m’assourdissait et les éclairs m’aveuglaient. Dans mon cœur, je me mis à supplier Dieu de me protéger, et il m’inonda de sa bienfaisante présence. Pendant tout le trajet, le ciel fut criblé d’éclairs et je fus trempé jusqu’aux os, mais il n’y avait plus aucune crainte dans mon cœur, car je me sentais protégé par la puissante main de Dieu.
Conversion à l’âge de huit ans.
Ma grand-mère était une méthodiste de la vieille école, et elle m’emmena avec elle aux réunions. J’avais huit ans lorsqu’on organisa une campagne de réveil dans son église. Je me souviens qu’un certain dimanche matin à sept heures, des gens tout simples se mirent à danser autour du grand poêle qui trônait au centre de l’église, en frappant des mains et en chantant : « Oh l’Agneau ! l’Agneau sanglant, l’Agneau du Calvaire, l’Agneau qui fut immolé, mais qui est ressuscité, et qui intercède pour moi ! ».
Tandis que je frappais des mains et que je chantais avec eux, je compris tout à coup ce que c’était que la nouvelle naissance. Je me mis à contempler l’Agneau du Calvaire. Je crus qu’il m’avait aimé au point de donner sa vie pour moi. J’eus la certitude absolue d’avoir reçu la vie éternelle et d’être né de nouveau. Je réalisai que Dieu désire si ardemment que nous venions à lui qu’il nous a laissé la condition la plus simple qui puisse être : « Crois seulement ».
Guérison de la timidité.
Cette expérience était si profonde qu’à partir de ce jour-là, jamais je n’ai douté un seul instant de mon salut. Mais j’avais un problème : je ne savais pas m’exprimer. Je réfléchissais beaucoup, mais je ne savais pas trouver les mots, je tenais ça de ma mère. Elle ne savait pas s’exprimer et j’étais exactement comme elle.
Cela ne m’empêchait pas d’aimer les réunions, surtout celles où chacun pouvait rendre témoignage. Souvent, je me levais pour parler, mais au moment de prendre la parole, je restais bouche bée, incapable d’exprimer les sentiments dont mon cœur était rempli. Je finissais toujours par fondre en larmes. Mais, un jour que je n’oublierai jamais, trois hommes âgés que je connaissais très bien, s’approchèrent de moi tandis que je pleurais, incapable de parler. Ils m’imposèrent les mains, et aussitôt l’Esprit du Seigneur vint sur moi et je fus délivré de ma timidité maladive. Non seulement je croyais, mais aussi je pouvais parler.
Dès ma conversion, je devins un gagneur d’âmes, et la première personne que j’amenais à Christ fut ma chère maman. Quand j’eus neuf ans, on estima que j’étais assez grand pour travailler à plein temps à la filature. Comme l’école n’était pas obligatoire en ce temps-là, je ne reçus malheureusement aucune instruction.
Notre père tenait à ce que tous ses enfants aillent à l’Église Épiscopale. Il n’avait pas le moindre désir de s’y rendre lui-même, mais il s’entendait bien avec le pasteur, parce qu’ils fréquentaient tous deux le même « pub » où ils buvaient de la bière ensemble. Mon frère et moi nous faisions partie de la chorale de l’Église, et bien que je n’aie jamais appris à lire, je ne tardais pas à savoir par cœur l’air et les paroles des chants. À l’âge de douze ans, presque tous les garçons de la chorale étaient confirmés par l’évêque. Quant à moi, je n’avais que neuf ans lorsque l’évêque m’imposa les mains. Jamais je n’ai oublié cet instant béni, qui me rappelle irrésistiblement celui où je reçus le baptême du Saint-Esprit, quarante ans plus tard. Mon corps tout entier me paraissait rempli de la présence de Dieu, et cette sensation dura des jours et des jours. Après le service de confirmation, tous les autres garçons se disputaient et échangeaient des insultes, et j’étais très surpris que leur expérience soit si différente de la mienne.
Des ouvriers dans la moisson.
L’année de mes treize ans, toute notre famille vint s’installer à Bradford. Là, je pus me rendre à l’Église Méthodiste, ce qui me permis de faire des progrès dans la foi. J’avais une grande soif spirituelle. J’étais rempli du zèle ardent de voir des âmes venir au Seigneur. Pendant cette période, je cherchais par tous les moyens possibles à entrer en contact avec des jeunes gens pour leur parler du salut.
Je voulais partager avec eux ma joie débordante, mais la plupart d’entre eux n’avaient pas la moindre envie de m’écouter, ce qui me laissait perplexe. Je suppose que je devais manquer de tact.
L’Armée du Salut ouvrit un poste à Bradford l’année de mes seize ans. J’appréciais beaucoup la compagnie des salutistes, que je trouvais particulièrement sérieux. Cette année-là, j’eus à cœur de jeûner et de prier pour le salut des âmes, et chaque semaine un grand nombre de pécheurs donnèrent leur cœur à Christ. Je fus baptisé d’eau l’année de mes dix-sept ans.
Remplis du feu de Dieu.
Je continuais à aller aux réunions de l’Armée du Salut, parce qu’il me semblait, à l’époque, que cette communauté était la plus fervente de toutes. Nous passions des nuits entières en prière. L’Esprit Saint soufflait alors avec une puissance telle que beaucoup de gens tombaient à genoux, parfois pendant vingt-quatre heures d’affilée. En ce temps-là, nous disions qu’ils avaient été baptisés du Saint-Esprit. Ces premiers salutistes étaient remplis du feu de Dieu, ce qui transparaissait dans leur témoignage et dans leur vie tout entière. Nous nous unissions dans la prière pour réclamer par la foi cinquante ou cent âmes chaque semaine, et nous savions que nous serions exaucés. Hélas ! Lorsque les chrétiens s’unissent aujourd’hui, c’est plus souvent pour participer à des manifestations qui plaisent à leur chair que pour gagner des âmes.
Quand j’eus vingt ans, je partis pour Liverpool et l’Esprit de Dieu agit dans mon cœur avec puissance. Je désirais ardemment secourir les enfants. Je pris l’habitude de rassembler chaque semaine une foule de garçons et de filles pieds-nus, déguenillés et affamés. Je gagnais bien ma vie, mais tout mon argent me servait à acheter de la nourriture pour ces petits. Nous nous réunissions dans les hangars des docks, et là, quelles réunions bénies nous avions ! Des centaines de jeunes âmes furent sauvées. Avec l’un de mes amis, je me mis à visiter les hôpitaux et les bateaux. Dieu me donna un amour ardent pour les pauvres. Je pris l’habitude de travailler d’arrache-pied et de dépenser tout ce que je gagnais pour eux, sans rien garder pour moi. Chaque dimanche, je consacrais toute ma journée à jeûner et à prier, et beaucoup d’âmes parvinrent au salut dans les réunions pour les enfants, dans les hôpitaux, dans les bateaux et à l’Armée du Salut. Ce furent vraiment des temps bénis, des temps de réveil.
Extrait de « Smith Wiggelsworth, apôtre de la foi », éditions Viens et vois
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