La semence de l’apostasie

La semence de l’apostasie

Les gens deviennent apostats quand ils deviennent amers contre des personnes, en colère contre Dieu, et offensés par Sa façon de s’occuper d’eux.

« … ils n’ont point de racine, ils croient pour un temps, et ils succombent au moment de la tentation (Luc 8 v. 13) ».  « À quoi vous attendiez-vous ? »

Cette phrase est plus que la question d’un supposé cynique, c’est un axiome qui explique pourquoi vous êtes si frustrés et déçus par les autres. A chaque fois, c’est parce que vous attendez d’eux quelque chose que vous n’avez pas obtenu. Si nous aimions comme le Christ, nous ne nous attendrions à rien, et serions agréablement étonnés de recevoir « un peu de bonté » en retour. Mais de nos jours, cela arrive rarement.

Jésus nous a dit de plutôt nous attendre à la persécution, à l’excommunication, et aux tribulations.

Puisque les chrétiens s’attendent aujourd’hui à la bénédiction, à l’acceptation, et à la prospérité, il est facile de comprendre pourquoi ils sont si déçus quand DIEU ne répond pas à leurs attentes. En définitive, vous aurez les mêmes attentes à l’égard de Dieu que celles vous avez à l’égard des autres, LE tenant personnellement responsable de ce qu’ILS ont fait ou n’ont pas fait pour vous.

La semence de l’apostasie est plantée dans mon cœur, dans votre cœur, dans le cœur de chaque chrétien : c’est-à-dire, la perception peu réaliste et non biblique de la façon dont Dieu et les autres sont sensés se comporter avec nous.

Jésus savait ce qu’il y avait dans le cœur des hommes. Il pouvait percevoir leurs raisonnements et murmures contre Lui. C’est pourquoi Il pouvait aimer sans réserve – Il n’attendait rien en retour. Pourquoi l’aurait-Il dû ? Les gens étaient et sont, intrinsèquement et sans réserve, égocentriques, égoïstes et individualistes. C’est la nature d’Adam, et c’est notre nature. Certes les chrétiens ont maintenant une nouvelle nature, mais la plupart ne la connaissent qu’en théorie et non par expérience.

Jésus ne s’attendait pas à ce que Ses disciples Lui restent fidèles simplement parce qu’Il leur avait lavé les pieds. Sa connaissance de l’homme Lui avait donné la liberté de les aimer et de n’attendre rien en retour. Il pouvait laver les pieds des disciples tout en sachant que tous l’abandonneraient. Ce n’était pas comme s’Il s’était fâché quand ils sont partis, en se disant « après tout ce que J’ai fait pour eux ». Cela, c’est NOTRE manière de faire. Mentalement, nous gardons un registre des dettes et des créances et NOUS NOUS ATTENDONS à ce que les autres nous traitent « justement », ou qu’ils nous soutiennent, simplement parce que nous leur avons appliqué la règle d’or. Si nous étions à Sa place, notre ligne de raisonnement serait la suivante : Je puis compter sur Pierre, Jacques et Jean ; le reste, je n’en suis pas sûr; Judas me trahira probablement ; mais, si JE leur manifeste un amour inconditionnel, si je leur lave les pieds, et prie pour eux, ils se tiendront sûrement à mes côtés au moment où je souffrirai.

O chrétien, combien de fois avez-vous raisonné ainsi, faisant la somme de vos dettes et vos créances envers les autres et vous attendant à ce qu’ils vous traitent comme vous les avez traités ? Combien de fois vous êtes-vous attendus à ce que le prédicateur vous rende visite, que votre voisin soit aimable avec vous, que votre ami vous écoute, que votre mari vous aime, que votre épouse vous honore, que vos enfants vous obéissent, que vos parents vous comprennent ? À quoi vous attendiez-vous ? A être applaudi ? A être reconnu ? A être compris ? A être apprécié ?

O Prédicateur, qu’avez-vous attendu ? L’éloge des masses ? La reconnaissance universelle de votre don spécial ? Les attributs extérieurs d’un ministère réussi, avec en retour 100 fois plus de fruits succulents ? Vous êtes-vous attendu à être consulté en tant que leader incontesté, acclamé en tant qu’expert en matière de croissance de l’église, glorifié comme homme ou femme de Dieu du moment ?

Oui, vous l’avez attendu, je l’ai attendu, nous avons tous attendu quelque chose des autres – et c’est ici que se trouve le problème : non pas dans ce que les autres nous ont fait, que ce soit juste ou injuste, ou ce qu’ils n’ont pas fait par négligence, manque de mémoire ou rancune. Le fond du problème, le point d’achoppement, est votre attente irréaliste que les gens se comportent envers vous de façon prévisible, pieuse, biblique, chrétienne ou affectueuse. La plupart du temps, ce n’est pas le cas.

Et cela nous dérange. Nous nous attendons à ce que les autres approuvent nos articles, notre musique, notre « parole », notre ministère, notre perspicacité, notre révélation, nos valeurs, notre position doctrinale. Et ils attendent la même chose de nous, et que Dieu vienne en aide à celui qui ne rend pas l’honneur à qui il est dû! Le « MOI » est toujours caché derrière un tel désir, il n’est donc pas surprenant que nous nous irritions quand on ne nous accorde pas l’appréciation et le respect que nous pensons mériter. Si ceux qui agissent ainsi ne sont pas chrétiens, nous haussons les épaules en disant : « que voulez-vous ? Ils ne connaissent même pas le Seigneur ».

Et puis des gens qui affirment connaître le Seigneur (certains le connaissent peut-être même vraiment) ne répondront pas non plus à nos attentes. Nous ne nous attendons pas à la compassion d’un pécheur, mais qu’en est-il lorsqu’elle fait défaut de la part des saints ? Quelle épreuve ! Nous pouvons pardonner les insultes, les offenses et les méfaits de la part des perdus et les excuser parce qu’ils ne sont pas sauvés. Mais comment faites-vous pour excuser ceux qui vous maltraitent tout en prétendant être du côté de Dieu ? Je maintiens qu’il nous est plus difficile d’aimer « les frères qui pensent comme nous ».

Puis bien évidemment, un de ces prédicateurs « bien intentionnés » vous dira que vous pouvez vous attendre à être prospère, guéri, et victorieux. L’espoir grandit, et vous le croyez. « Attendez-vous à un miracle ! » s’écrient-ils. Et la prospérité que vous avez prévue ne se matérialise pas ; la guérison « ne se manifeste pas » ; et la victoire semble s’éloigner à l’horizon, bien au-delà de votre portée.

Le temps nécessaire varie selon l’individu, mais chacun de nous faisant face à l’effet cumulatif des attentes inassouvies, rencontrera le même obstacle sur la route. Par la suite le centre de notre attention passera de ce que les autres nous ont fait, à ce que Dieu n’a pas fait pour nous. Il nous semble que Dieu intervient, rarement, sinon jamais, en notre faveur, défend notre cause, ou sollicite ce que nous voulons des autres. Juste une fois, juste UNE FOIS, nous voudrions voir le bavard frappé de mutisme. Juste une fois nous voudrions voir celui qui convoite frappé d’aveuglement, ne fût-ce que pour un temps! Pour une fois, voir ceux qui nous pointent du doigt frappés par la lèpre – alors ils nous écouteront ! Peut-être un ange descendra du ciel au milieu nos adversaires, et leur dira-t-il « vous êtes tous dans l’erreur, et cet enfant de Dieu a raison ». Il serait si facile pour Dieu d’étendre Sa main et de vous élever parmi le peuple, et de proclamer Son appui constant envers vous et Son rejet éternel envers pour eux !

Mais une démonstration aussi impressionnante de puissance ne vient pas et elle ne viendra probablement jamais. Bien des intercessions sont centrées autour de cette espérance peu réaliste que nous pouvons commander aux personnes, aux événements, aux nations, et à Dieu Lui-même par le jeûne, la prière et les larmes. Combien de fois le « moi, moi, moi » est caché derrière nos plus saintes requêtes et nos prières les plus spirituelles. Nous croyons que Dieu nous répondra d’une manière particulière, selon notre pensée limitée et notre raisonnement humain – qui est, encore, en grande partie égocentrique.

Nous adorons Dieu, et croyons qu’Il se manifestera à nous par une certaine évidence ou un sentiment réel de joie, de paix, de force ou de proximité de Sa présence. Dans un sens, cela ressemble beaucoup au chien de Pavlov, qui a appris comment appuyer sur un bouton afin d’obtenir une friandise. Est-ce cela « en esprit et en vérité »?

Nous lisons et étudions la Bible, croyant que Dieu nous accordera une révélation dans Sa Parole, que nous pourrons grandir en connaissance et maturité spirituelle en tant que chrétien. Ou bien, prédicateur, vous espérez voir sortir votre sermon du dimanche du texte qui est là devant vous. Mais viendra un temps où, comme Watchman Nee le dit, la Bible apparaîtra devant vous comme un roc massif dont vous ne pouvez tirer aucune nourriture. Que faire alors ?

Que faisons-nous quand Il ne répond pas comme nous l’espérions ? Que faire alors, O Chrétien ? Que ferez-vous ? Que croirez-vous ? Peut-être direz-vous comme l’épouse de Job, Maudis Dieu et meurt ! Pourquoi rester intègre plus longtemps ? Ne meure pas simplement, mais MAUDIS DIEU d’abord, puis vas-y, meure ! Tu as de la colère au-dedans de toi, n’est-ce pas ? Tu as de l’amertume dans ton cœur, n’est-ce pas ? Dieu t’a béni par le passé, mais aujourd’hui tu es maudit ! Dieu t’a fait prospérer par le passé, mais aujourd’hui tu es en faillite! Dieu t’a guéri par le passé, mais aujourd’hui la chair pend sur tes os ! Tu es un gâchis infect. Tu es sans valeur, un perdant, un moins que rien. Voilà le résultat de ta vie de foi ! Voilà comment Dieu traite finalement tous Ses enfants, en les envoyant sur une croix cruelle et en les crucifiant dessus, nus devant tous, sans défense face à la mafia religieuse, impuissants devant le diable ! Tu t’es trompé quelque part, Job. Tu as mal compris Dieu. Tu as failli quelque part le long du chemin. Renonce Job. Maudis Dieu et meure !

N’est-ce pas intéressant ? Quand Dieu agit conformément à nos attentes, le réveil vient, la mutation est obtenue, le cancer est guéri, le mariage est reconstitué, l’orage passe à côté de nous – dans ce cas, nous ne protestons pas de ce que nous sommes indignes, et ne discutons pas la décision de Dieu de nous bénir. À moins que l’on se trouve en présence d’une manifestation peu commune de la grâce, nous en accordons à peine le crédit à Dieu. Mais que Dieu tarde à agir, ou « nous fait défaut pour nous donner ce qu’on attend, et observez avec quelle rapidité notre attitude se retourne contre Lui !

Les gens sont-ils votre problème ? Non. Dieu est-il votre problème ? Non ! VOUS êtes votre problème, et votre attente vous conduira à votre chute. C’est sûr, vous pouvez attendre de grandes choses de Dieu – mais définissez ce que vous voulez dire par grand. Ne pensez pas que les grandes choses sont nécessairement agréables, plaisantes, faciles. Je vous dis simplement que vous pouvez vous attendre à l’opposé. Puisque vous et moi sommes nés avec une nature Adamique, qui nous rend en soi égoïstes, têtus et avides, Dieu doit nous conduire le long d’un chemin d’abnégation, abandonnant ce que nous « aimons » en faveur de la conformité à l’image de Son Fils, qui est tout sauf égocentrique.

Ainsi quand nous regardons Job, nous voyons qu’il était juste mais ignorant. Tout ce qu’il connaissait était la bénédiction, la prospérité, et vivre sans soucis. Oui, il est beau de vivre sans soucis. Tout ce qu’il touchait était béni ; il était protégé contre l’échec. Job a-t-il adoré Dieu pour ces bénédictions ? Vous pouvez en être certain ! Et comme la plupart, il pensait que la bénédiction était le résultat de sa propre justice et de son service. Mais Satan a su démontrer que la bénédiction et la protection était la chose même qui maintenait Job aussi fidèle.

Par conséquent l’épreuve de Job est valide, cruciale, et un creuset par lequel chaque chrétien sera purgé, tamisé, et jugé. A quelle fin ? Elle se résume dans les mots de Job lui-même alors qu’il approchait de la fin de son épreuve : « j’avais entendu parler de Toi, mais maintenant mon œil T’a vu (Job 42 v. 5) ». MAIS MAINTENANT ! MAIS MAINTENANT ! MAIS MAINTENANT ! Avant il avait entendu parler de Lui, mais maintenant il Le voit, et tombe à la terre. Avant il L’adorait ayant entendu, maintenant il adore après avoir vu et connu. Je vous affirme que Dieu l’a établi pour une telle connaissance expérimentale en permettant qu’il soit soumis aux assauts du diable, à la rudesse de son environnement, aux malentendus de ses amis, à la perte de sa famille et de ses possessions matérielles, et à son infirmité physique. Je vous affirme que si quelqu’un désire prendre la croix et suivre le Christ, ce type d’épreuve est la seule espérance réaliste à laquelle Son disciple peut s’attendre.

Nombreux sont ceux qui, rapidement, ont souligné le fait que Job avait été plus béni à la fin qu’au début. Mais si notre objectif est d’être doublement béni en endurant de telles afflictions, nous passons à coté de l’objectif du test, et nous ne faisons que démontrer la propension de l’homme à être centré sur lui-même, même dans les situations les plus difficiles.

Je vous écris à vous, O chrétiens, qui êtes si remplis d’attentes sur ce que devrait être la vie spirituelle, vous qui êtes si sûrs de connaître Dieu, si certains de comprendre Sa Parole ! Avez-vous vu Dieu ? Ou adorez-vous ce que vous avez entendu, vous soumettant à une force invisible dans les nuages, attendant une certaine bénédiction, un sentiment, une voix ou un don? Où serez-vous, quand il n’y aura plus aucune « assurance bénie » en vous, quand votre échec en tant que chrétien apparaîtra de façon évidente, quand la « paix comme un fleuve » aura quitté votre chemin ?

J’écris à celui qui est sur la pente glissante de l’apostasie, prêt à renoncer à sa foi (pas ouvertement bien sûr, mais intérieurement) parce qu’il a entretenu un rêve, une attente, un souhait ou une espérance irréaliste, selon laquelle, après TOUT ce par quoi il est passé, sans aucun doute Dieu le bénira, le récompensera ou lui répondra ! Prenez garde ! Il est plus probable que Dieu veuille savoir si vous L’adorez pour Ses dons ou pour Lui-même ; et comme naturellement vous savez qu’IL le sait, c’est donc à VOUS qu’il appartient de le savoir.

Le Seigneur le savait, et Pierre pensait le savoir, mais au chant du coq, Pierre a reconnu qu’il ne le savait pas, et nous savons qu’il ne le savait pas non plus. Ceux qui pensent le savoir, ne le savent pas, pas encore. Peut-être avez-vous besoin de la fosse aux lions pour être face à face avec Dieu, d’une fournaise ardente pour rencontrer le quatrième Homme. Peut-être avez-vous besoin d’une croix de bois avec des échardes au lieu d’une croix plaqué or.

Combien il est facile et grandiose de parler de martyr et de mourir pour le Christ. N’importe qui peut MOURIR pour lui : MAIS QUI VIVRA POUR LUI ? L’épreuve n’est pas dans la mort, mais dans la vie; pas dans un acte final de sacrifice, mais dans un million de petites obéissances chaque jour! Oui! Si vous ne pouvez pas, si vous ne voulez pas prendre la croix et mourir à ce qui est mondain et à la monotonie de la vie quotidienne, au ICI et MAINTENANT, vous n’êtes pas aptes à mourir de la mort des martyrs dans l’obscurité inconnue de quelque persécution future.

Les gens ne se détournent pas de leur foi et ne deviennent pas apostats une fois menacés par la mort. Ils tombent quand ils deviennent amers contre des personnes, en colère contre Dieu, et offensés par Sa façon de s’occuper d’eux. Ce n’est pas une décision soudaine à laquelle vous êtes confrontés, mais une chose invisible qui prend racine dans votre être intérieur et qui, petit à petit, empoisonne votre âme. C’est certainement un danger clair et actuel, et c’est en vous maintenant, peut-être sous une forme inerte et embryonnaire, peut-être comme une vraie désillusion et colère contre Dieu, mais c’est LÀ, attendant que vous succombiez, se nourrissant de vos attentes.

Approchons-nous de Dieu, et demandons à être réduits à Christ.

Acceptons ce qu’Il considère salutaire pour nous, que cela réponde ou non à notre attente. Sachez qu’avant que le coq ne chante trois fois, vous pouvez maudire et jurer que vous ne connaissez pas cet Homme. Bienheureux celui qui ne trouve aucune occasion de chute en Lui. Aimez les autres, mais n’attendez rien d’eux. Appréciez Dieu, aimez-Le, obéissez-Lui : soyez contents et satisfaits avec cela.

 

Arthur KatzUn message de Chip Brogden - © TheSchoolOfChrist.Org - connaitrechrist.net
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