Obstacles aux réveils.15

Obstacles aux réveils.15

Le coup le plus fatal que puisse recevoir un réveil, c’est celui que lui portent ses amis en prédisant qu’il va s’arrêter. Toutes les fois donc que les amis d’un réveil prophétisent qu’il va rester stationnaire, ils devraient être repris à l’instant au nom de l’Éternel.

« Je fais un grand ouvrage, et je ne saurais descendre ; pourquoi cesserait l’ouvrage lorsque je l’aurais laissé, et que je serais descendu vers vous ? (Néhémie 6 v. 3) ». Néhémie, qui parle dans notre texte, était descendu de Babylone pour reconstruire le temple et rétablir le culte de Dieu à Jérusalem, la ville des sépulcres de ses pères. Lorsque Samballat et certains individus, ses alliés, qui s’étaient réjouis longtemps des désolations de Sion découvrirent qu’on s’occupait de reconstruire le temple et la sainte cité, ils élevèrent une grande opposition.

Samballat et les autres chefs tentèrent en diverses manières de détourner de son projet Néhémie ainsi que ses amis, et de les empêcher de continuer leur ouvrage ; ils les menacèrent et les accusèrent de se révolter contre le roi. Puis ils affirmèrent que le dessein des Israélites n’était pas religieux, mais politique, ce à quoi Néhémie donna un démenti prompt et simple : « Ce que tu dis n’est point, mais tu l’inventes de toi-même (Néhémie 6 v. 8) ».

Finalement Samballat envoya à Néhémie un message par lequel il le priait de se trouver dans les plaines d’Ono pour y discuter l’affaire à l’amiable et y régler toute difficulté ; mais son intention était de lui faire du mal. Ayant trouvé que leurs menaces n’avaient pu effrayer Néhémie, ils voulaient se servir de lui par la ruse et la fraude, et faire ainsi cesser l’ouvrage qui se poursuivait vigoureusement. Mais Néhémie répond à de perfides invitations : « Je fais un grand ouvrage, et je ne saurais descendre ; pourquoi cesserait l’ouvrage lorsque je l’aurais laissé et que je serais descendu vers vous ? »

Il s’est toujours trouvé, partout où les serviteurs de Dieu travaillaient à sa cause avec quelque probabilité de succès, que Satan cherchait au moyen de ses agents à détourner l’esprit et à anéantir les travaux de ces fidèles. C’est ce qui est arrivé dans ces deux dernières années, où d’un bout à l’autre du pays il y a eu des réveils si remarquables, grands, puissants, et très étendus. On estime qu’il n’y a pas eu moins de deux cent mille personnes converties à Dieu dans ce laps de temps. Alors le diable a fait jouer tous ses artifices, tous ses instruments pour détourner l’attention du peuple de Dieu de dessus une œuvre si importante, et pour donner un autre cours à l’énergie avec laquelle on travaillait à la grande œuvre du salut.

En parlant sur ce sujet, je me propose :

I. De montrer qu’un réveil religieux est une grande œuvre.

II. De mentionner diverses choses qui pourraient y mettre obstacle.

III. De montrer ce qu’il faut faire pour nourrir et continuer le grand réveil de nos contrées.

I. Un réveil religieux est une grande œuvre.

C’est une grande œuvre, parce que de grands intérêts y sont engagés, savoir, la gloire de Dieu, autant du moins qu’elle regarde le gouvernement de ce monde, puis le salut des âmes, deux choses qui sont d’une importance inappréciable. La portée d’une œuvre doit être estimée d’après les conséquences qui en résultent ; et les deux points que je viens d’indiquer sont d’une importance incalculable.

II. Diverses choses qui peuvent mettre obstacle à un réveil.

Quelques personnes ont dit sur ce sujet des choses bien pitoyables, en avançant que rien ne pouvait arrêter un véritable réveil. « Si votre réveil est de Dieu », ont-elles dit, « il ne saurait être entravé ; y a-t-il une créature qui puisse s’opposer à Dieu ? » Or, je le demande, est-ce là du sens commun ? Le laboureur pourrait bien aussi faire le même raisonnement, et penser qu’il n’a qu’à prendre la faucille en main et récolter son blé, parce que c’est Dieu qui fait croître le grain ! Si un réveil est l’œuvre de Dieu, la récolte l’est aussi ; mais, dans les deux, le résultat est également dépendant des moyens que l’on emploie. C’est pourquoi un réveil est sujet aux mêmes obstacles et peut recevoir des atteintes aussi graves qu’un champ de blé.

1. Un réveil s’arrêtera toutes les fois que l’Église croira qu’il va cesser.

L’Église est l’instrument que Dieu emploie à l’avancement de son œuvre ; elle doit y travailler de bon cœur, et avec une franche volonté. Le coup le plus fatal que puisse recevoir un réveil, c’est celui que lui portent ses amis en prédisant qu’il va s’arrêter. Les ennemis de l’œuvre pourraient en dire tout ce qu’ils voudraient, crier qu’elle va crouler et périr totalement ; l’œuvre ne saurait être entravée par-là, pourvu que ceux qui y sont attachés travaillent et prient avec foi.

Mais c’est une contradiction de supposer qu’ils travailleront et prieront avec foi pour cette œuvre, lorsqu’ils auraient en même temps la pensée qu’elle ne doit pas tarder à finir. Il est clair qu’elle s’arrêtera dès qu’ils perdront la foi. Toutes les fois donc que les amis d’un réveil prophétisent qu’il va rester stationnaire, ils devraient être repris à l’instant au nom de l’Éternel. Si cette idée commence à prévaloir tellement que tous vos efforts ne puissent, parvenir à la déraciner, le réveil cessera infailliblement, car je le répète, il est indispensable, pour que l’œuvre continue, que, ses amis travaillent avec foi et dans un esprit de prière, ce qui n’est pas, ne peut pas être, quand à côté de cela ils nourrissent la triste pensée qu’elle va s’arrêter.

2. Un réveil cessera toutes les fois que les chrétiens consentiront à ce qu’il cesse.

Quelquefois les chrétiens s’aperçoivent que, si l’on ne fait quelque chose qui produise un grand effet, le réveil s’arrêtera. Si cette vue les jette dans une grande détresse et les pousse à prier, et à faire de nouveaux efforts, l’œuvre ne cessera pas. Lorsque l’amour des chrétiens pour l’œuvre de Dieu et pour le salut des âmes est si grand, qu’à la moindre appréhension d’un relâchement ils sont dans l’angoisse, cette, œuvre ne discontinuera pas, parce qu’ils feront de nouveaux efforts pour la soutenir. Mais si, à la vue du danger, ils ne font pas leur possible pour le détourner, c’est preuve qu’ils consentent à ce que le réveil cesse.

Il y a de nos jours, dans tout ce pays, beaucoup de personnes qui voient les réveils se ralentir, menacer de tomber entièrement, et, qui, toutefois, ne manifestent pas grande détresse à ce sujet, et n’ont guère l’air de s’en soucier. Des églises entières se voient dans cet état, et ne se dissimulent pas ce qui arrivera bientôt si elles ne se réveillent ; et néanmoins elles sont tranquilles, à leur aise, loin de gémir devant Dieu et de le prier avec instance de répandre une nouvelle vie sur son œuvre. Il y en a même qui vont jusqu’à prédire qu’il ne tardera pas à y avoir une grande réaction, et qu’une grande disette fondra sur l’Église comme après Whitefield et Edwards. Mais leurs propres présages ne leur causent aucune frayeur ; ils y consentent ! On les dirait des trompettes du démon, envoyés pour jeter la terreur dans les rangs des élus de Dieu. (J’espère qu’ils se trompent, et que nous verrons des jours plus beaux que jamais).

3. Un réveil cessera toutes les fois que les chrétiens finiront par n’y travailler que comme des machines.

Quand leur foi est grande, que leurs cœurs sont chauds et pleins d’onction, leurs paroles puissantes ainsi que leurs prières, l’œuvre ne peut que prospérer. Mais quand leurs prières deviennent froides et languissantes, que leurs sentiments profonds s’évanouissent pour ne faire place qu’à des actes mécaniques et à des paroles qui ne viennent pas du cœur, alors le réveil est près de cesser.

4. Il cessera encore toutes les fois que les chrétiens concevront l’idée que l’œuvre pourra bien marcher sans leur secours.

Les chrétiens sont ouvriers avec Dieu, et l’œuvre ne marchera pas qu’autant qu’ils la feront marcher, et pas plus. Voilà dix-huit cents ans que Dieu s’efforce de faire travailler l’Église ; il a employé à cet effet les appels, les sollicitations, les commandements, les instances, les supplications, les encouragements ; il a toujours été disposé à lui prêter la force de son bras, à coopérer avec elle. Mais l’Église n’a pas voulu agir, elle paraît déterminée à laisser à Dieu seul le soin de convertir le monde, en disant : « S’il veut que le monde se convertisse, qu’il le fasse ». Elle devrait savoir que cela n’est pas possible.

Autant que nous pouvons le savoir, ni Dieu, ni l’homme ne pourront convertir le monde sans la coopération de l’Église. Les pécheurs ne sauraient être convertis sans qu’ils agissent eux-mêmes ; car la conversion, c’est le retour à Dieu. Ils ne sauraient l’être non plus sans les influences morales qui favoriseraient ce retour ; c’est-à-dire, sans que la vérité et la réalité des choses éternelles soient pleinement présentées à leur esprit, soit par la révélation directe, soit par les hommes. Dieu ne convertit pas le monde par une omnipotence physique ; il veut se servir pour cela de l’influence morale de l’Église.

5. L’œuvre s’arrêtera lorsque l’Église préférera ses propres intérêts à ceux du royaume de Dieu.

Je ne puis admettre, moi, que les hommes aient quelque affaire qui soit proprement à eux ; mais c’est là ce qu’ils pensent, et ils préfèrent ce qu’ils regardent comme leur propriété au travail qu’ils feraient pour le Seigneur. Ils pensent que leurs occupations temporelles ne leur laissent pas assez de temps pour entretenir un réveil ; et ils prétendent être obligés de renoncer à s’occuper de religion. Nécessairement alors toute œuvre religieuse s’arrêtera.

6. Le réveil cesse aussi quand les chrétiens commencent à s’enorgueillir de leur grand réveil.

J’entends par là ceux des chrétiens qui en auraient auparavant été les instruments. Il arrive toujours dans un réveil qu’une portion de l’Église est trop fière et trop mondaine pour prendre la moindre part à cette œuvre ; elle se tient à distance et elle attend pour voir ce qui aura lieu et comment cela finira. L’orgueil de cette portion de l’Église ne mettra aucun obstacle au réveil, car le réveil n’a jamais reposé sur elle ; il a commencé sans elle et marchera aussi sans elle.

Qu’ils croisent les bras et ne fassent qu’épier et critiquer ; tout cela n’empêchera pas l’œuvre d’avancer. Mais quand ceux de l’Église qui ont travaillé commencent à regarder avec complaisance au grand succès qu’ils ont eu, aux efforts et aux prières qu’ils ont faits, au zèle et au courage qu’ils ont déployé, à la grande utilité dont ils ont été, alors très probablement leur œuvre déclinera. On aura peut-être publié dans les papiers quel réveil il y a eu dans cette église, et avec quelle ardeur les membres s’en occupaient ; ceux-ci pensent alors combien ils seront haut placés dans l’estime des autres églises du pays ; l’orgueil les enfle ; ils deviennent présomptueux ; dès lors ils ne peuvent plus jouir de la présence de Dieu ; l’Esprit contristé se retire et l’œuvre s’arrête.

7. Le réveil cessera lorsque l’Église s’épuisera à force de travail.

C’est là un point sur lequel une multitude de chrétiens se trompent grandement, dans des temps de réveil. Ils sont si étourdis et ont si peu de jugement, qu’ils bouleverseront leur manière de vivre, négligeront de prendre leurs repas et de dormir aux heures convenables, et se laisseront tellement aller à l’excitation que leur corps n’y tiendra plus, s’épuisera, et les mettra dans une impossibilité absolue de continuer leur œuvre. C’est bien souvent pour avoir commis cette imprudence que ceux qui avaient travaillé à un réveil l’ont vu se ralentir, puis tomber tout à fait.

8. Un réveil cessera aussitôt que l’Église commencera à spéculer sur des doctrines abstraites, qui n’ont rien à faire avec la pratique. Si l’Église détourne son attention des choses qui regardent le salut pour étudier ou discuter des points abstraits, le réveil se trouvera nécessairement arrêté.

9. Lorsque les chrétiens commencent à faire des prosélytes de parti à parti.

Quand les Baptistes sont tellement opposés aux Presbytériens, ou les Presbytériens aux Baptistes, ou les deux aux Méthodistes, ou encore les Épiscopaux à tous les autres, qu’ils en viennent à s’efforcer de gagner les âmes à leur église, vous ne tarderez pas à voir la fin complète du réveil. Peut-être un réveil marchera-t-il pendant un certain temps, libre de toute opposition sectaire, jusqu’à ce que telle personne fasse circuler secrètement un livre destiné à faire des prosélytes : peut-être un diacre, aveuglé par son zèle, ou quelque brouillon de femme, ou encore un ministre emporté par l’ardeur du prosélytisme ne saura demeurer plus longtemps tranquille et commencera à faire l’œuvre du démon en s’efforçant de gagner des prosélytes à lui, en aigrissant ainsi les cœurs, et en contrastant le Saint-Esprit par les luttes égoïstes dont il sera l’auteur, et par la division qu’il sèmera parmi les chrétiens. Alors plus de réveil.

10. Lorsque les chrétiens refusent de donner à l’Éternel en proportion des bienfaits qu’ils en ont reçus.

C’est là une source féconde de relâchement spirituel. Dieu a ouvert les canaux des cieux à une église, et répandu la bénédiction sur elle ; alors il s’attend raisonnablement à ce qu’elle apporte les dîmes dans sa maison, et fasse de plein gré et libéralement quelque chose pour Sion ! Eh voici, ils ont refusé, ils ne se sont pas mis à l’œuvre pour avancer la cause de Christ ; et l’Esprit a été contristé, la bénédiction a été retirée, et dans quelques cas il y a une grande réaction, parce que l’Église ne voulait pas être libérale, lorsque Dieu avait été si bon. J’ai connu des églises qui, pour avoir suivi ce train, ont été évidemment frappées de stérilité. Elles avaient eu un glorieux réveil ; peut-être le lieu de la réunion avait-il besoin d’être réparé, ou le besoin se faisait sentir de quelque chose qui devait coûter quelque argent ; l’Église refuse de le faire, et pour ce seul acte d’avarice Dieu les abandonne.

11. Quand l’Église contristé le Saint-Esprit, en quelque manière que ce soit, le réveil s’arrête.

A. Quand elle ne sent pas qu’elle dépend du Saint-Esprit. Toutes les fois que les chrétiens se fortifient dans leurs propres forces, Dieu « maudit leurs bénédictions ». Dans beaucoup de cas les chrétiens pèchent contre les grâces qu’ils ont reçues, en s’élevant à la vue de leurs succès et se les attribuant à eux-mêmes au lieu d’en donner à Dieu toute la gloire. Comme il dit : « Si vous n’écoutez point et que vous ne preniez point à cœur de donner gloire à mon nom, dit l’Éternel des armées, j’enverrai sur vous la malédiction, et je maudirai vos bénédictions ; et déjà même je les ai maudites parce que vous ne les prenez point à cœur (Malachie 2 v. 2) ».

Sans aucun doute, cet esprit de vanterie a été fort répandu dans ce pays ; j’ai vu dans les journaux beaucoup de choses qui s’en ressentaient, et où l’on voyait percer des dispositions à se glorifier en soi-même du succès dont jouissait le réveil. Nous y sommes fortement enclins ; et voilà pourquoi nous devrions redoubler de vigilance, tant les troupeaux que les ministres, et nous garder de contrister le Saint-Esprit en tirant une vaine gloire des hommes.

B. L’esprit sera contristé si l’on fait trop de bruit du réveil. Quelquefois, lorsqu’un réveil ne fait que commencer, vous le verrez annoncé dans les papiers publics, ce qui très communément lui porte un coup mortel. Dans un état voisin, un réveil avait commencé. A l’instant parut une lettre du pasteur, annonçant cet événement. Je vis cette lettre, et je me dis en moi-même : « C’est la dernière lettre qui nous parlera de ce réveil ». Et la chose arriva : En peu de jours l’œuvre cessa totalement. De pareils cas ne sont pas rares. Je pourrais vous parler de plusieurs églises qui, voyant ce qu’on avait publié sur leur compte, s’élevèrent, tombèrent dans l’orgueil et ne firent plus grand-chose pour avancer le réveil.

Il en est qui, tout en prétendant ne publier des faits qu’à la louange et à la gloire de Dieu, trahissaient si fortement une disposition à s’exalter elles-mêmes, se sont mises elles-mêmes si évidemment en montre, que cela faisait un mauvais effet. Lors d’une réunion prolongée, qui se tint dans cette église, il y a dix-huit mois, on vit cinq cents personnes converties, dont un nombre considérable s’attacha à cette église, et plusieurs autres se joignirent à d’autres troupeaux.

Nous les pourrions nommer, et indiquer leur résidence. Mais il n’en fut rien dit dans les journaux. On me demandait à plusieurs reprises pourquoi nous étions si silencieux sur ce sujet : je ne pouvais répondre autre chose, sinon qu’il y avait dans les églises une si grande tendance à se glorifier, que je craignais de rien publier sur les grâces que nous avions reçues. J’avais tort peut-être.

Mais j’ai été si souvent à même de voir le mal produit par des publications prématurées, que je crus bon de me taire entièrement. Auparavant déjà, il y a quatre ans, on lut dans les journaux au sujet du réveil qui avait lieu dans cette même ville, tant de choses qui paraissaient dictées par la vaine gloire et par la présomption, que je craignais, cette dernière fois, de rien publier du tout. Ce n’est pas que je m’élève contre l’usage en lui-même de rendre compte des réveils ; mais il est de la plus haute importance de prendre garde à la manière dont on le fait. Si c’est de manière à exciter la vanité, le réveil en ressentira toujours de funestes atteintes.

C. L’Esprit est aussi contristé lorsqu’on publie ou qu’on dit des choses qui tendent à déprécier l’œuvre de Dieu. Quand on parle avec légèreté d’une œuvre bénie de Dieu, ne rendant pas à Dieu la gloire due à son nom, l’Esprit en est contristé. Si vous avez à dire quelque chose sur un réveil, donnez simplement et avec clarté les faits comme ils sont, et laissez-les passer pour ce qu’ils valent.

12. On peut s’attendre à voir cesser un réveil quand les chrétiens perdent l’amour fraternel.

Jésus-Christ ne continuera de travailler à un réveil avec son peuple qu’aussi longtemps qu’ils exerceront l’un envers l’autre l’amour fraternel. Lorsque les chrétiens sont animés de l’esprit du réveil, ils éprouvent cet amour, et vous les entendez s’appeler affectueusement du nom de frère et de sœur. Mais dès qu’ils commencent à se refroidir, ils perdent ce feu et cette ardeur d’affection qu’ils avaient l’un pour l’autre ; et ils s’abstiendront alors de se nommer frère ou sœur, ce qui ne leur paraîtra plus que ridicule ou méprisable.

Il y a des églises où l’on ne prononce pas même ces noms, mais partout où il y a réveil, ils se trouvent naturellement dans la bouche des chrétiens. Je ne sache pas qu’il y ait à cela une seule exception ; moi, du moins, je n’en connais aucune. Et du moment où ces dénominations si naturelles et si scripturaires disparaissent, l’Esprit de Dieu est contristé et se retire.

13. Un réveil tombera si les chrétiens ne sont pas fréquemment reconvertis.

J’entends par là que les chrétiens, pour conserver l’esprit d’un réveil, ont communément besoin de recevoir de fréquentes convictions, de s’humilier de nouveau avec un cœur brisé devant le Seigneur, ce qui s’appelle être reconvertis. Quand nous parlons ainsi, plusieurs n’y comprennent rien ; mais il est de fait que, dans un réveil, le cœur du chrétien est sujet à s’encroûter et à perdre le goût exquis qu’il prenait aux choses divines. La force et l’onction de ses prières vont en diminuant ; et alors il faut qu’il soit converti de nouveau, et même que cela ait lieu à de fréquents intervalles ; autrement il ne saurait demeurer dans un état favorable au réveil.

Jamais je n’ai travaillé à un réveil avec qui que ce fût, qui voulût pousser à l’œuvre et travailler continuellement, sans que ces personnes ne suivissent la marche que je viens d’indiquer et ne s’abattissent devant Dieu à compte nouveau toutes les deux ou trois semaines. Très souvent les réveils perdent leur force parce que l’Église ne s’humilie pas devant Dieu dans le sentiment de sa culpabilité et de son entière dépendance.

Il serait vivement à désirer que les ministres comprissent cela et apprissent à faire tomber l’Église aux pieds de l’Éternel, et à s’y jeter eux-mêmes. Sans cela ils verront les chrétiens devenir des machines et perdre leur ferveur et leur puissance dans la lutte avec Dieu. C’est par cette nouvelle conversion que passa l’apôtre Pierre après qu’il eut renié son Sauveur ; et c’est par cette humiliation que le Seigneur le prépara à la grande effusion de la Pentecôte.

J’ai été surpris, depuis quelques années, de voir que ce mot « être brisé » fût une pierre d’achoppement pour certains ministres et pour des personnes qui faisaient profession de religion. Ces chrétiens ne voyaient pas qu’ils s’exposaient au reproche adressé à Nicodème : « Tu es un docteur en Israël, et tu ne sais pas ces choses ? (Jean 3 v. 10) ». Je soutiens que les ministres n’auront jamais de réveil, à moins qu’ils ne sachent ce que c’est que « d’être brisé ».

14. Un réveil ne saurait être continué lorsque les chrétiens ne pratiquent pas le renoncement.

Quand l’Église est favorisée d’un réveil et qu’elle commence à s’engourdir et à se complaire en elle-même, le réveil ne tardera pas à s’arrêter. Si elle ne sympathise pas avec le Fils de Dieu, qui abandonna tout pour sauver les pécheurs, si elle n’est pas résolue de jeter au loin son luxe, ses aises et de se donner tout entière à l’œuvre à laquelle elle est appelée, elle ne saurait que faire d’attendre que le Saint-Esprit soit répandu sur elle.

C’est là, sans aucun doute, une des principales causes de relâchement pour les individus. Que les chrétiens d’un réveil se gardent bien des premiers mouvements qui pourraient les porter à moins de renoncement et à se permettre l’une après l’autre des choses qui flatteraient leur amour du monde. C’est une des ruses de Satan de les exciter à se retirer de l’œuvre de Dieu pour s’engraisser, pour laisser appesantir leur cœur, pour devenir lâches, mous, mutiles et sensuels, afin que, l’Esprit se trouvant contristé, le réveil s’arrête aussitôt.

15. Faire de la controverse sur les innovations est encore une chose qui, autant qu’aucune autre, mettra obstacle à un réveil. Mais je n’ai pas besoin d’insister davantage sur ce point, en ayant fait le sujet de mon dernier discours.

16. Les réveils peuvent être arrêtés par l’opposition continue de la vieille école, combinée avec un mauvais esprit dans la nouvelle.

Si ceux qui ne font rien pour le réveil continuent leur opposition, et que ceux qui y travaillent se laissent aller à l’impatience et se livrent à un méchant esprit, le réveil cessera. Quand ceux de la vieille école publient dans les journaux des lettres contre les réveils ou contre ceux qui les font, et que ceux de la nouvelle y répliquent avec amertume, colère et contention, entamant ainsi une controverse querelleuse, le réveil cesse bientôt.

Que chacun s’occupe de son ouvrage, et ne parle ni ne prêche ni n’imprime contre l’opposition. Laissez les autres publier leurs calomnies. Pour vous, serviteurs de l’Éternel, demeurez à votre poste et y travaillez fidèlement. Les calomnies et tout ce qu’on pourra écrire ne sauraient arrêter le réveil, lorsque ceux qui y sont engagés ont à cœur leur affaire et s’en occupent sérieusement. Les faits donnent une confirmation étonnante à ce que je vous dis là.

Dans un endroit où il y avait un réveil, certains ministres firent une cabale contre le pasteur de l’Église, et conçurent le projet de le perdre. Ils le poursuivirent devant son consistoire, où il subit une espèce de procès de six semaines, au beau milieu du réveil, qui n’en continua pas moins sa marche. Ceux des membres de l’Église qui avaient l’esprit de prière s’étaient mis à l’œuvre avec tant d’ardeur, qu’elle continua sa marche triomphale pendant tout le temps que dura cette guerre.

Le pasteur se croyait forcé de laisser son troupeau pour assister à des débats ; mais il y avait là un autre ministre qui le remplaçait et qui travaillait parmi le troupeau ; les membres mêmes de l’Église n’allaient pas, en général, assister aux débats, mais ils continuaient de prier pour les âmes et de travailler à leur salut, en sorte que le réveil survécut à l’orage. En plusieurs autres endroits il s’est élevé de l’opposition dans l’Église même ; mais quelque peu d’âmes humbles sont demeurées à l’ouvrage, et le Seigneur miséricordieux a étendu son bras et fait prospérer le réveil en dépit de toute l’opposition.

Mais toutes les fois que ceux qui se trouvaient activement engagés dans un réveil s’emportaient contre l’injustice et l’opiniâtreté de l’opposition, perdaient patience, disaient que les choses ne pouvaient plus aller ainsi, et croyaient bon de répondre aux chicanes, de réfuter les calomnies, « ils descendaient alors dans les plaines d’Ono  (Néhémie 6 v. 2) », et l’ouvrage s’arrêtait.

17. Tout ce qui parvient à distraire l’esprit public met obstacle à un réveil.

Dans le cas que j’ai rapporté où le ministre avait à être examiné devant son consistoire, la raison pour laquelle le réveil ne fut pas ruiné, c’est que les hommes de prière de l’Église ne voulurent pas être distraits ni détournés de l’œuvre.

Ils ne se rendirent même pas aux débats, mais ils s’en tinrent à prier et à travailler pour les âmes, de sorte que l’attention publique demeura fixée sur le sujet dont on l’occupait, en dépit de tous les efforts du Malin.

Mais toutes les fois qu’il réussit à absorber l’attention publique sur un autre sujet quelconque, il met un terme au réveil : peu importe quel sujet que ce soit. Peut-être que, si un ange venait à descendre du ciel et à prêcher dans les rues, ce pourrait être la chose du monde la plus fatale pour un réveil, en détournant l’attention des pécheurs de dessus leurs péchés, et empêchant l’Église de continuer ses prières pour les âmes ; tous se jetteraient sur les traces de cet être glorieux pour le contempler, et peut-être le réveil cesserait.

18. Il cessera encore si l’on résiste à la réforme de la tempérance.

Le temps est venu où l’Église ne saurait plus être tenue pour innocente, si elle se tient à l’écart de cette glorieuse réforme. Il y avait un temps où ce pouvait être fait par ignorance ; où des ministres, des chrétiens, pouvaient avoir des réveils, quoiqu’il s’en trouvât parmi eux qui usassent dans l’occasion de liqueurs spiritueuses. Mais depuis qu’on a jeté du jour sur ce sujet, et qu’on a prouvé qu’il ne pouvait résulter de cette pratique que du mal, nul membre de l’Église, nul ministre, ne saurait être innocent, s’il reste neutre dans cette cause ; tous doivent se prononcer et se mettre d’un côté ou de l’autre. Ce qu’ils ne combattent pas, ils l’appuient.

Montrez-moi un ministre qui se soit opposé à la réforme de la tempérance et qui ait eu un réveil ! Montrez-m’en un qui s’en tienne maintenant éloigné, et qui ait un réveil ! Montrez-m’en un qui temporise maintenant, qui hésite à se déclarer en faveur de la tempérance, et qui ait un réveil ! Il n’en était pas ainsi auparavant. Mais à présent que le sujet a été discuté et qu’il est bien compris, nul ne peut fermer les yeux et se refuser à l’évidence de la vérité. Elles sont rougies de sang, les mains de celui qui ne combat pas pour la cause de la tempérance. Pourrait-il avoir un réveil ? (Et le temps vient qu’on en dira autant de ceux qui fument sans nécessité).

19. Un autre obstacle aux réveils, c’est quand les ministres et les Églises embrassent un principe erroné sur des questions qui concernent les droits de l’homme.

Prenez, par exemple, le sujet de l’esclavage. Il y eut un temps où ce sujet n’était pas présent à l’esprit public. Jean Newton continuait à faire la traite des noirs, même après sa conversion ; son esprit avait été tellement perverti, sa conscience si complètement cautérisée, quant à ce trafic atroce, qu’il ne pensa au grand péché qu’il commettait que quelque temps après qu’il fut devenu enfant de Dieu. S’il avait été éclairé là-dessus avant sa conversion, il n’aurait jamais pu être converti sans avoir préalablement abandonné ce péché.

Et même après sa conversion, et lorsqu’il fut convaincu du mal qu’il commettait, il ne put plus jouir de la présence de son Dieu avant d’avoir renoncé à ce péché pour toujours. C’est ainsi que sans aucun doute une foule de marchands et de maîtres d’esclaves, dans notre pays, ont été convertis quoiqu’ils participassent à cette abomination, parce que l’iniquité dont elle regorge n’apparaissait pas à leur esprit.

C’est ainsi encore que nombre de ministres et d’églises, par tout le pays, ont gardé le silence et ne sont pas élevés en témoignage contre cette exécrable abomination qui existait dans l’Église et dans le peuple. Mais on a maintenant discuté ce sujet, la Providence de Dieu l’a mis distinctement devant les yeux de tous les hommes ; et des flots de lumières ont été versés sur cette question, comme sur celle de la tempérance : on a produit des faits, établi des principes, éclairé l’esprit des hommes ; ce monstre est maintenant tiré hors de sa caverne, et on le fait voir à l’Église à laquelle on demande : « Est-ce là un péché ? »

Elle doit maintenant donner son témoignage sur ce sujet : Les chrétiens sont les témoins de l’Éternel ; ils sont tenus par serment de dire « la vérité, toute la vérité, rien que la vérité ; » il est impossible qu’ils ne se prononcent ni d’un côté, ni de l’autre. Leur silence ne saurait plus être mis sur le compte de l’ignorance ; ils ne pourraient avancer que leur attention ne s’est jamais portée sur ce sujet. Conséquemment leur silence dira virtuellement, et en tout autant de termes, qu’ils ne regardent pas l’esclavage comme un péché.

C’est là un sujet sur lequel on ne saurait se taire sans être coupable. Le moment est venu où le moindre souffle que nous apportent les brises du Sud est chargé de cris de lamentation, de douleur et de deuil. Deux millions de païens dégradés étendent dans notre propre pays des mains ensanglantées et chargées de fers, et poussent des cris de détresse en regardant à l’Église pour en obtenir du secours. L’Église dans ses efforts pour sauver le monde fermera-t-elle l’oreille à ces cris d’agonie et de désespoir ? A Dieu ne plaise ! L’Église ne saurait éluder cette question. C’est une question qui regarde et que doivent décider l’Église et la nation ; Dieu les y forcera.

C’est en vain que les Églises donneraient pour raison qu’elles craignent que cette question ne produise des troubles, des disputes, des querelles. C’est en vain qu’elles voudraient faire passer pour un acte de piété leur refus d’ouvrir l’oreille à ce cri de détresse. L’Église doit témoigner de la vérité sur ce sujet-là ; si elle ne le fait pas, elle sera parjure, et l’Esprit de Dieu la quittera. Elle est tenue par serment de rendre son témoignage ; et les ministres et les Églises qui ne le font pas pèchent, et sont de faux témoins de Dieu. Il n’est que trop vrai qu’une des causes du triste état où se trouve actuellement la religion, c’est que, dans une multitude d’églises on s’est mis du mauvais côté quant à la question de l’esclavage ; les préjugés et les intérêts l’ont emporté sur les principes ; on a craint d’appeler cette infamie par son vrai nom.

20. Une autre chose encore vient arrêter un réveil.

C’est de négliger de faire droit à ce que les missions réclament. Si les chrétiens n’éprouvent aucune sympathie pour les païens, négligent les assemblées mensuelles ; et bornent leur attention à leur propre Église, ne lisant pas même les feuilles des missions, ou enfin s’ils n’usent d’aucun autre moyen qui pourrait les instruire des besoins du monde, et s’ils rejettent la lumière que Dieu fait luire à leurs yeux, refusant de faire ce que Dieu exige qu’ils fassent pour sa cause, l’Esprit de Dieu se retirera d’eux.

21. Quand une église rejette les appels que Dieu lui adresse d’élever des jeunes gens pour le saint ministère, elle arrête ou détruit le réveil.

Voyez l’église presbytérienne ; voyez ces deux cent mille âmes converties dans l’espace de dix ans ; voyez les ressources bien suffisantes de cette église pour remplir le monde de ministres ; et cependant le ministère ne s’y accroît pas en proportion de notre population ; et si l’on ne fait quelque chose de plus pour nous fournir de ministres, nous deviendrons des païens nous-mêmes. Les églises ne font pas sentir assez fortement aux jeunes gens leur devoir d’entrer dans le saint ministère. Dieu répand son Esprit sur les églises, convertit des centaines de milliers d’âmes ; mais si les ouvriers n’entrent pas dans la moisson, à quoi pourrait-on s’attendre, si ce n’est à voir la malédiction de Dieu fondre sur ces mêmes églises, son Esprit se retirer, et le réveil parvenir à sa fin ? C’est là un sujet sur lequel nul ministre, nulle église ne saurait se taire ou rester inactif.

22. Calomnier les réveils est encore un moyen qui les fait souvent tomber.

Le grand réveil qui eut lieu aux jours du président Edwards souffrit grandement de la conduite de l’Église à cet égard. Il faut, il est vrai, s’attendre à voir les ennemis de Dieu outrager, peindre sous un mauvais jour et calomnier les réveils. Mais lorsque l’Église elle-même s’engage dans cette œuvre, que beaucoup de ses membres les plus influents aident, appuient les ennemis, en calomniant eux-mêmes et en peignant sous un faux jour une œuvre glorieuse de l’Éternel, il est naturel que l’Esprit soit contristé. On ne saurait nier que ceci n’ait été fait d’une manière étendue, affligeante et déshonorante pour le Seigneur.

On a estimé que dans une année, depuis que le réveil a commencé, cent mille âmes ont été converties à Dieu dans les États-Unis. C’est, sans aucun doute, le plus grand nombre de conversions qui ont jamais eu lieu dans une année, depuis que le monde existe. On ne pouvait pas s’attendre à ce que, dans une œuvre aussi étendue parmi les êtres humains, il n’y eût rien du tout de fautif ; il eût été déraisonnable et absurde de s’attendre à y trouver la perfection. Il s’y est mêlé du mal. Il fallait s’y attendre, et en même temps s’en préserver autant que possible. Mais je ne crois pas qu’en parcourant l’histoire entière on trouve un cas dans lequel un réveil, approchant de celui-ci en grandeur et en influence, ait été suivi de si peu de maux et de maux si peu grands.

Et cependant comment n’a-t-on pas traité cette œuvre de Dieu ? En admettant que tous les maux dont on s’est plaint soient réels, ce qui est loin d’être la vérité, ce ne seraient que des taches sur le disque d’un soleil plein de gloire ; des riens presque, en comparaison de la grandeur et de l’excellence infinie de cette œuvre. Et cependant comment cette œuvre bénie de Dieu a-t-elle été reçue et traitée par une grande portion de l’église presbytérienne ?

Lors de l’assemblée générale, et au milieu de cette grande œuvre, le grave corps qui représente l’église presbytérienne, au lieu d’établir un jour d’actions de grâces, de louer et d’exalter le Seigneur pour ses œuvres magnifiques, n’a su que faire entendre une voix de reproches et de mécontentement. D’après les extraits des discours qui y furent prononcés, il paraît que la maison retentissait de plaintes. Bien loin d’aviser aux moyens à employer pour pousser vigoureusement cette œuvre, l’attention des ministres semblait être absorbée par les quelques abus qui s’y étaient glissés incidemment, et qui, comparativement, n’étaient que des riens.

En sorte qu’après beaucoup de lamentations, ils formèrent un comité et publièrent dans les églises une « Lettre pastorale » qui tendait à éveiller des soupçons, à éteindre le zèle du peuple de Dieu et à lui faire pointilleusement regarder aux maux, au lieu de rendre gloire à Dieu pour la grandeur de sa bénédiction. Quand j’ouïs ce qui venait de se passer à cette assemblée générale, que je lus leurs discours, que je vis leur lettre pastorale, mon âme en devint malade ; un sentiment de détresse inénarrable s’empara de mon esprit, et il me sembla que Dieu allait « visiter » l’Église presbytérienne pour une conduite pareille. Et en effet, depuis lors, la gloire s’est retirée, et les réveils y sont devenus toujours moins fréquents, toujours moins puissants.

Oui, je voudrais qu’on sût partout si ces ministres, qui firent tant de plaintes dans l’assemblée générale et qui eurent part à la rédaction de la lettre pastorale, ont depuis lors été bénis pour l’avancement des réveils, si l’Esprit de Dieu a reposé sur eux et si leurs églises peuvent rendre le témoignage qu’elles ont l’onction du Saint !

23. Les difficultés ecclésiastiques tendent aussi à contrister l’Esprit et à détruire les réveils.

Telle a toujours été la politique du diable, de détourner l’attention des ministres de dessus l’œuvre de l’Éternel, pour la porter sur des disputes et sur des contestations ecclésiastiques.

Le président Edwards fut obligé de passer un long temps en disputes devant des conseils ecclésiastiques ; et de nos jours, et au milieu de ces grands réveils religieux, ces difficultés se sont multipliées à un degré honteux et alarmant. Quelques-uns des ministres les plus bénis dans l’Église ont été enlevés à leurs travaux, pour passer des jours et quelquefois des semaines entières à répondre à des accusations qui s’élevaient contre eux ou leurs collègues, et qui n’étaient jamais fondées.

Voyez Philadelphie. Oh ! Combien l’Église de Dieu, qui se trouvait dans cette ville, combien tout le pays n’a-t-il pas été troublé et affligé par des disputes interminables et honteuses. En général, les maux que ces difficultés ecclésiastiques ont produits dans l’église presbytérienne, pourraient faire pleurer la création. On eut l’effronterie, la méchanceté d’arracher le frère Beman à ses travaux, pour l’examiner devant son propre consistoire au sujet d’accusations également fausses et ridicules.

Et il semble que, depuis cette époque, une grande partie du temps de ce fidèle ouvrier a été employée à accommoder des difficultés ecclésiastiques. La même chose est arrivée pendant nombre d’années aux frères Duffield de Carliste, Barnes de Philadelphie et à d’autres éminents serviteurs de Dieu. Oh ! Ne l’allez point dire dans Gath ! Quand est-ce que des ministres et des chrétiens, qui ne font eux-mêmes que fort peu ou rien du tout, laisseront les autres tranquilles et libres de travailler pour le Seigneur ?

Ces choses dans l’église presbytérienne, ces contentions, ces querelles sont si ridicules, si iniques, si énormes qu’il doit y avoir chaque année, au moment où se réunit l’assemblée générale des jubilations dans l’enfer. Et s’il y avait des larmes dans le ciel, là encore on en répandrait sur ces misères. Chaque année l’on peut voir des ministres arrachés à leurs travaux, laissant peut-être un réveil plein d’espérances, pour se rendre à l’assemblée générale, y entendre des débats, et y être témoins de débats qui trop souvent ont nui à leurs propres âmes, endurci leurs cœurs, et dont ils sont revenus, ayant honte de leur église, et honte de demander à Dieu de répandre son Esprit sur un corps aussi disputeur.

24. Une autre chose qui peut s’opposer aux réveils, c’est la médisance, de quelque côté qu’elle vienne, et spécialement du côté de ceux qui ont pris une part active au réveil.

Il faut s’attendre à ce que les adversaires de l’œuvre veillent minutieusement aux moindres défectuosités qui pourraient se trouver dans les amis de cette œuvre, et trouvent souvent à redire à leur conduite lors même qu’elle est irréprochable. On doit s’attendre surtout à ce que les remarques malveillantes et anti-chrétiennes soient faites sur ceux qui sont les instruments les plus éminents pour l’avancement de l’œuvre. Néanmoins cette disposition à critiquer, de la part des adversaires, qu’ils soient dans l’Église ou hors de l’Église, ne saurait d’elle-même former un obstacle au réveil.

Tant que ceux qui y travaillent resteront dans l’humilité, dans l’esprit de prière, n’usant point de représailles, mais possédant leurs âmes dans la patience, tant qu’ils se garderont de se laisser aller à la distraction, aux récriminations, et de contrister l’esprit de supplication, l’œuvre prospérera, comme c’était le cas dans l’Église de ce ministre dont j’ai parlé, qui, au milieu d’un réveil, fut obligé de subir un examen de six semaines.

Le troupeau resta humilié dans la poussière, et pria, non pas tant pour son ministre, car elle l’avait laissé entre les mains de son Dieu ; mais elle plaida avec cris et avec larmes pour les pécheurs. Dieu entendit ces chrétiens, il les bénit, et l’œuvre prospéra. La médisance chez ceux qui sont opposés à l’œuvre n’est pas beaucoup à craindre ; car ils n’ont pas l’Esprit ; et rien ne dépend d’eux, parce qu’ils ne peuvent entraver la marche de l’œuvre qu’en proportion de leur faible influence personnelle. Mais les autres ont la puissance de l’Esprit de Dieu ; et l’œuvre dépend de l’esprit dont ils seront animés.

S’il est mauvais, ils consisteront le Saint-Esprit, et le mal sera sans remède ; l’œuvre cessera. Ainsi donc, quelles que soient les provocations qu’auraient reçues ceux qui travaillent à cette œuvre bénie, si cette œuvre cesse, la responsabilité en pèsera sur eux.

Et l’un des faits les plus alarmants, dans ce sujet, c’est que dans beaucoup de cas ceux qui ont été employés à l’avancement de l’œuvre paraissent avoir perdu le Saint-Esprit au bout de quelque temps. Ils se sont laissés détourner par l’opposition, se disant qu’il ne la fallait pas soutenir plus longtemps, qu’il fallait se montrer, et répliquer dans les journaux à ce qui était avancé contre eux.

Une chose qui devrait être connue et universellement comprise, c’est que toutes les fois que ceux qui sont attachés à un réveil et qui y travaillent s’arrêteront à se défendre, se laisseront aller à des querelles de journaux, et répliqueront à ceux qui écrivent contre eux, l’Esprit de prière se retirera complètement et l’œuvre s’arrêtera. Rien n’est plus nuisible à un réveil (et cela s’est toujours vu) que lorsque ses promoteurs prêtent l’oreille à l’opposition, et s’arrêtent à y répondre. Cela s’est trouvé vrai aux jours du président Edwards, comme le pourront dire ceux de vous qui connaissent son livre sur les Réveils.

III. Ce qu’il faut faire pour nourrir et continuer le grand réveil de nos contrées.

Je vais maintenant mentionner différentes choses qui doivent se faire pour continuer le grand et glorieux réveil qui a lieu depuis dix ans.

1. Il devrait y avoir une grande et profonde contrition chez les ministres.

Oui, nous, mes frères, nous devons nous humilier devant Dieu. N’allons pas croire qu’il nous suffise d’appeler les hommes à la repentance. Nous devons nous repentir, nous, nous devons donner les premiers l’exemple du repentir, et appeler ensuite les églises à nous suivre.

Ceux-là surtout ont grand besoin de repentance qui ont été les promoteurs de l’opposition, et qui ont jeté les premiers sentiments de défiance sur les réveils ; lors même que quelques ministres ont borné leur opposition aux réveils de leur propre congrégation.

Ils ont fait naître dans leur troupeau des soupçons qui y ont arrêté l’œuvre. Ils feraient bien de considérer sérieusement les remarques du président Edwards sur ce sujet : « Les ministres auraient beau prêcher la saine doctrine et travailler avec plus d’ardeur et de peine que jamais à leur œuvre particulière, s’ils montrent en un temps de réveil à leurs troupeaux qu’ils ne sont pas attachés à cette œuvre-là, qu’au contraire ils ne savent trop qu’en dire et qu’ils s’en méfient même, il est certain qu’ils feront beaucoup plus de mal que de bien. Car la réputation seule d’une œuvre de Dieu, si grande et si extraordinaire, si l’on permettait à ces troupeaux de croire que c’est en effet une œuvre de Dieu, et l’exemple des autres villes qui se réveillent, joint à telle prédication qu’ils pourraient entendre dans l’occasion, aurait certainement une influence plus considérable sur leur esprit, et les réveillerait plus fortement que tous les travaux de leurs propres ministres. Mais l’opinion de leur pasteur, si elle est défavorable, leur donnera de la méfiance sur l’œuvre dont ils entendent parler au-dehors ; cette méfiance détruira sur leurs esprits le pouvoir de cette main de Dieu qui, sans cela, apparaît si visiblement dans un réveil ; elle tendra encore à leur donner des soupçons sur tout autre mouvement de la même nature qui pourrait se manifester parmi eux-mêmes, et dont ils se méfieront alors comme d’un mal devenu épidémique dans le pays ; ce qui n’aboutira après tout à rien moins qu’à jeter de la défiance sur toute religion vitale, et à exciter les hommes contre elle partout où elle apparaîtra.

Oui, si nous, ministres, nous regardons cette œuvre avec défaveur, nous éloignerons les brebis du pâturage au lieu de les nourrir comme des bergers fidèles ; et alors il serait infiniment préférable que dans un temps de réveil nos troupeaux n’eussent aucun pasteur. D’autres, ne se bornant pas à leur troupeau pour résister au réveil, ont eu recours à une plus grande publicité. Il y en a qui ont écrit dans les journaux : quelques personnages de haut rang dans l’Église ont fait circuler des lettres qui ne furent jamais livrées à l’impression : on eût dit que par tout le pays on s’était fait un système d’écrire des lettres destinées à créer de la méfiance et à faire concevoir des soupçons sur les réveils. C’est là, pour le fond, ce qui avait déjà lieu aux jours du président Edwards ; voici ce qu’il en dit dans son ouvrage sur les Réveils ».

Le plus grand soin devrait être mis à ce que la presse ne fût en rien contraire aux intérêts de cette œuvre. Nous voyons au livre des Juges (Juges 5 v. 14) que, lorsque Dieu combattait contre Sisera pour délivrer son Église opprimée, ceux qui maniaient la plume du scribe vinrent en aide à l’Éternel dans cette affaire. Quels que soient les hommes d’Israël qu’on puisse entendre par là, comme ces paroles ont été inspirées par le Saint-Esprit, qui avait une vue claire et parfaite de tout ce qui devait arriver dans ce monde, et qui dans ce cantique avait principalement en vue le grand événement de la délivrance de l’Église aux derniers jours, dont la délivrance d’Israël était un type, il ne serait pas invraisemblable qu’elles se rapportassent aux écrivains, aux auteurs qui doivent plus tard combattre le royaume de Satan avec la plume.

Ceux donc qui publient des brochures pour nuire à cette œuvre, et qui tendent directement ou indirectement à faire naître des soupçons sur elle ou à décourager ceux qui y travaillent, feraient bien d’examiner sérieusement si le réveil n’est pas en effet une œuvre de Dieu, et si, dans le cas où c’en serait une, ils ne doivent pas s’attendre à voir Dieu s’avancer comme un feu, pour consumer tout ce qui s’oppose à son passage, pour brûler leurs ouvrages, et s’il n’est pas à craindre que les mêmes flammes qui dévoreront leurs écrits ne consument en même temps leurs auteurs.

Tous ces hommes donc doivent se repentir. Dieu ne leur pardonnera jamais, ne mettra jamais sa bénédiction sur leur prédication, ne leur accordera jamais l’honneur de travailler eux-mêmes à un réveil jusqu’à ce qu’ils se repentent. C’est ce devoir que le président Edwards recommandait avec la plus vive instance aux ministres de son temps. Sans aucun doute, aujourd’hui, comme alors, il y a eu des fautes commises dans les deux partis ; c’est pourquoi il faut qu’il y ait profonde repentance des deux côtés et confessions mutuelles.

« Nous devons des deux côtés (dit encore Edwards) faire ample confession de nos péchés, car, sans aucun doute, grandes et nombreuses sont les fautes qui ont été commises en querelles, en disputes, et par le mélange de lumières et de ténèbres qui a eu lieu dernièrement. Je sais qu’on aurait de la peine à trouver un devoir plus contraire à nos dispositions corrompues et qui contrarie davantage l’orgueil de l’homme que l’humiliation, ; mais il faut le remplir. La repentance est d’une obligation toute particulière, quand le royaume des cieux est proche, quand nous l’attendons spécialement, ou que nous désirons sa venue ; cela est évident par la prédication de Jean-Baptiste.

Et quand le Seigneur nous appelle avec force à nous repentir, il nous appelle aussi à donner des manifestations de notre repentance. Je suis convaincu que ceux qui se sont ouvertement opposés au réveil, ou qui en ont parlé avec légèreté, ne pourront être nets aux yeux de l’Éternel, qu’après avoir confessé publiquement leur faute, surtout si ce sont des ministres. Si en quelque manière que ce soit, directement ou indirectement, ils ont combattu cette œuvre, si dans l’accomplissement de leurs devoirs publics ou dans leurs conversations particulières ils se sont conduits de manière à indisposer les esprits contre cette œuvre ; que plus tard ils soient convaincus de la bonté et de la divinité (le ce qu’ils combattaient, ils ne doivent en aucune façon pallier leur délit, ni s’excuser en prétendant qu’ils ont toujours pensé de la sorte et que leur opposition n’avait en vue que telle ou telle imprudence ; il faut qu’ils manifestent ouvertement leur conviction, et jettent le blâme sur leur conduite passée ; car c’est contre Christ qu’ils se sont élevés en parlant légèrement de cette œuvre, et en lui nuisant dans l’esprit d’autrui ; bien plus, c’est contre le Saint-Esprit. Et lors même qu’ils l’auraient fait par ignorance et dans leur incrédulité, du moment où ils voient à qui ils s’opposaient, Dieu exige d’eux qu’ils le confessent publiquement ».

D’un autre côté, si ceux qui ont travaillé avec zèle à L’avancement de cette œuvre se sont, en aucune des manières ci-dessus mentionnées, écartés du bon chemin, et ont par quelque transgression fait tort à autrui, ou violé l’ordre et la bienséance, et nui par là même aux intérêts de la religion, ils doivent, eux aussi, le confesser publiquement, s’humilier, et préparer le chemin du peuple de Dieu en enlevant les pierres qu’ils y ont placées. Ceux qui par leur transgression publique ont mis une grande pierre d’achoppement sur le chemin d’autrui, doivent l’enlever par une repentance publique.

Il y a de nos jours des ministres qui semblent avoir passé la plus grande partie de leur temps à agir, à parler, à écrire de manière à jeter de la défaveur et des soupçons sur les réveils. Je le dis, non par malveillance, mais par fidélité ; et je voudrais en ce moment les voir tous devant moi pour le leur dire avec la même liberté. Je ne puis douter que leurs églises, comme le disait si bien le président Edwards, ne se trouvassent mieux de n’avoir aucun ministre du tout que de voir ces hommes à leur tête, à moins qu’ils ne se repentent et ne regagnent la bénédiction de Dieu.

2. Les églises qui se sont opposées aux réveils doivent pareillement s’humilier et se repentir, autrement Dieu ne sera pas avec elles.

Regardez-les maintenant. Ont-elles un réveil quelconque ? Est-ce que le Saint-Esprit est descendu sur elles pour les agrandir et les édifier ? Il y a dans cette ville une église dont les directeurs ont publié dans les journaux ce qu’ils appellent « Acte et Témoignage », destiné à éveiller des soupçons déraisonnables et sans fondement sur beaucoup de ministres qui avaient travaillé avec fruit aux réveils. Dans quel état se trouve cette église ? A-t-elle eu un réveil ?

Loin de là ; le rapport officiel de l’assemblée générale nous la montre diminuée en un an de vingt-sept pour cent, et toute église pareille continuera à perdre ses membres l’un après l’autre en dépit de tout ce qu’elle pourrait faire pour éviter cette honte, à moins qu’elle ne se repente et ne revienne ainsi à un réveil. Elle afficherait une puissante piété et une grande jalousie pour la gloire de Dieu, que Dieu ne croirait pas à sa sincérité ; et il manifesterait son déplaisir en ne répandant pas son Saint-Esprit. Oh ! Si ma voix pouvait se faire entendre à ces églises, à ces ministres qui ont calomnié les réveils, je leur crierais que, pour leur part, ils ont couvert l’Église d’un linceul et que la malédiction de Dieu pèse déjà sur eux, et restera jusqu’à ce qu’ils se repentent. Dieu a déjà envoyé « la maigreur sur leurs âmes », et beaucoup d’entre eux ne le savent que trop !

3. Ceux-là aussi doivent se repentir qui ont travaillé à l’avancement de l’œuvre.

Quels que soient leurs torts, petits ou grands, ils doivent les réparer, s’ils veulent revoir des réveils comme aux jours d’autrefois. S’ils ont manifesté un mauvais esprit, s’ils se sont irrités de l’opposition, s’ils ont eu de l’aigreur ou confondu le zèle amer avec la fidélité chrétienne, ils doivent s’en repentir. Ceux qui s’opposent à un réveil ne l’arrêteront jamais, à moins que ceux qui y travaillent n’y mettent eux-mêmes un mauvais esprit. Nous devons donc nous humilier de tout ce que nous pourrions avoir dit de médisant, d’orgueilleux, d’arrogant ou de dur. Notre premier devoir est de nous repentir ; ce n’est pas maintenant le moment de nous justifier. Que chacun se repente de ses propres péchés et ne recherche personne de plus blâmable que soi.

4. Il faut que l’Église se place par rapport à la politique sur un bon terrain.

N’allez pas croire que je veuille vous prêcher un sermon politique ou vous demander de former en politique un parti chrétien, Non. Mais le temps est venu où les chrétiens doivent voter dans ce qui regarde la politique pour les hommes honnêtes ; autrement l’Éternel les maudira. Ils doivent eux-mêmes être des personnes honnêtes, et au lieu de voter pour un homme, parce qu’il est de leur parti, ils doivent rechercher s’il est droit, sincère et digne de confiance ; ils doivent montrer au monde que l’Église ne veut maintenir en place aucun homme connu pour escroc, adultère, violateur du dimanche ou joueur.

Telle est la propagation des nouvelles et la facilité des communications de notre pays que chaque homme est à même de savoir à qui il donne son vote ; s’il ne le donne qu’à des hommes droits, loyaux, le pays sera bien forcé d’avoir des gouverneurs honnêtes ; et tous les partis se verront à la fin dans l’obligation de ne présenter à la candidature que des hommes sincères. C’est là un sujet dans lequel les chrétiens se sont rendus excessivement coupables ; mais le temps est venu où ils doivent agir différemment, s’ils ne veulent voir le Seigneur leur retirer son Esprit.

Il en est de cette question comme de celle de la tempérance, comme de celle de l’esclavage ; l’Église doit s’y conduire avec droiture, ou le pays tombera en ruine. Dans un pays comme le nôtre, la politique fait partie de la religion ; et les chrétiens doivent remplir leurs devoirs envers le pays comme une portion de leurs devoirs envers Dieu. Il semble quelquefois que les fondements de la nation commencent à devenir vermoulus ; et les chrétiens agissent comme s’ils croyaient que Dieu a les yeux fermés sur ce qu’ils font en politique. Mais, je vous le dis : Dieu le voit ; et il bénira ou maudira cette nation, selon, qu’elle prendra un bon ou un mauvais parti dans cette affaire.

5. Les églises doivent prendre une position convenable dans la question de l’esclavage.

(Ce que Finney disait de l’esclavage aux États-Unis s’applique si bien à d’autres sujets que nous aurions garde de le supprimer. Éditeur. ). J’entends ici quelqu’un demander quelle est cette position convenable. Je vais d’abord établir quelques unes des choses qu’il faut éviter dans cette question.

A. En tout premier lieu, gardez-vous d’y apporter un mauvais esprit. Rien ne peut nuire davantage à la religion et aux esclaves eux-mêmes, que des controverses pleines d’aigreur de la part des chrétiens sur ce sujet ; elles en doivent être soigneusement écartées. Ceux qui font commerce d’esclaves, pourront faire des efforts pour se justifier, comme ceux qui vendent des liqueurs, et s’irriter contre ceux qui serrent de près leur conscience, en les sommant d’abandonner leurs péchés. Ces orgueilleux qui, tout en professant encore le christianisme, regardent comme une honte, comme un vice d’avoir une peau noire, pourront être aveuglés par leurs préjugés, au point de fermer les oreilles et de s’irriter contre ceux qui les pressent sur ce sujet. Mais, je le répète, le sujet de l’esclavage est un sujet sur lequel les chrétiens, les hommes de prière, ne doivent et ne peuvent différer.

B. Une autre chose à éviter dans cette question, c’est de demeurer neutre. Les chrétiens ne sauraient pas plus demeurer neutres sur ce sujet, depuis qu’on l’a discuté, qu’ils ne pourraient l’être sur celui de la sanctification du dimanche. Le maintien de l’esclavage est un grave péché national. C’est un péché de l’Église. Les églises, par leur silence et par la permission qu’elles donnent aux marchands d’esclaves d’appartenir à leur communion, montrent qu’elles y consentent.

Toutes les dénominations ont été plus ou moins coupables, quoique les quakers s’en soient lavé les mains depuis quelques années. En vain les églises prétendraient-elles n’y trouver qu’un mal politique ; je le répète, c’est le péché de l’Église, et toutes les dénominations y ont donné leur consentement ; elles ont virtuellement déclaré qu’il était légitime ; le fait seul que les églises voient tranquillement rester dans leur sein des marchands d’esclaves, exprime de la manière la plus forte et la plus publique qu’elles ne regardent pas la chose comme un péché.

Il est donc absurde au plus haut degré pour l’Église de prétendre se placer sur un terrain neutre. Le fait est qu’elle ne saurait s’y maintenir en aucune façon. En tolérant dans sa communion les marchands d’esclaves, elle justifie cette pratique. Un ennemi de Dieu pourrait tout aussi bien dire qu’il n’est ni un saint, ni un pécheur, qu’il va prendre un terrain neutre, et prier le Seigneur et le diable, parce qu’il ne sait lequel des deux sera le plus populaire.

C. Des deux côtés, il faudrait prendre bien garde d’éviter un esprit de médisance. C’est un sujet sur lequel il y a eu parmi les chrétiens, et y aura peut-être encore pendant quelque temps, une différence d’opinion quant à la meilleure méthode de poser la question ; des deux côtés, il faudrait y mettre le plus grand support et la plus grande charité. Un esprit accusateur, ne cherchant qu’à anéantir les raisons d’autrui est anti-chrétien, contriste le Saint-Esprit, tue le réveil et nuit également à l’Église et aux esclaves eux-mêmes.

En second lieu, je mentionnerai plusieurs choses que l’Église, à mon jugement, est formellement tenue de faire à ce sujet.

A. Les chrétiens de toute dénomination devraient déposer sur ce point tout préjugé, et chercher par eux-mêmes, et sans aucun délai, à s’éclairer sur ce qui le concerne. Il y en a une multitude qui ont poussé le préjugé jusqu’à refuser de lire et d’écouter ce qui pouvait les éclairer là-dessus. Mais, dans un tel état d’esprit, les chrétiens ne peuvent pas prier. Je défie qu’on trouve l’esprit de prière chez celui qui est trop prévenu pour examiner le devoir dont je parle ou quelque autre. Si la lumière n’avait pas paru sur ce sujet, les chrétiens pourraient posséder l’esprit de prière tout en restant dans l’obscurité sur cette question.

Mais dès qu’ils refusent de venir à la lumière, ils ne peuvent prier. Maintenant je vous interpelle, vous tous qui êtes ici présents, et qui, par suite de préventions, n’avez pas examiné ce sujet, avez-vous l’esprit de prière ?... Là où des ministres, des chrétiens, des églises entières résistent à la vérité sur ce point, maintenant si clairement et si abondamment présenté à la conscience des hommes, je ne crois pas qu’ils aient ou puissent jamais avoir de réveil religieux.

B. Des écrits contenant une discussion modérée et judicieuse de ce sujet, des développements de faits à la connaissance du public seraient une bonne chose à faire circuler en paix, mais avec profusion ; et l’Église entière les devrait examiner avec un esprit de prière. Je n’entends pas qu’elle s’occupe de cette question au point de ne plus travailler au salut des âmes qui sont dans son sein ; je ne veux pas dire non plus qu’il faille faire sur ce sujet des mouvements prématurés pour étourdir et troubler l’Église. Ce que j’entends, c’est que des hommes de prière agissent judicieusement ; et que, dès qu’il y aura eu dans la communauté des informations suffisantes, les églises prennent, avec douceur mais avec fermeté, un parti franc sur ce sujet, et expriment, à la face de la nation et du monde entier, l’horreur qu’elles ont de ce péché.

L’excitation anti-maçonnique (1), qui eut lieu il n’y a que peu d’années, causa un tel ravage dans les églises, et aliéna tellement l’esprit des ministres et des troupeaux, l’introduction de ce sujet particulier fut suivie de si violentes commotions, que beaucoup d’excellents ministres, entièrement opposés à l’esclavage, craignirent une agitation semblable s’ils introduisaient cette dernière question devant leurs troupeaux. Ils ne croyaient pas ces troupeaux assez religieux pour pouvoir considérer ce sujet avec calme et dans l’esprit de la religion. Pareille chose est à craindre, je ne l’ignore pas ; mais néanmoins il faut présenter ce sujet aux églises ; seulement il faut y apporter de la, discrétion et beaucoup de prières.

(1) Un franc-maçon de l’État de New-York, qui avait publié les secrets de la société, fut assassiné peu de temps après. On crut généralement que c’étaient, des francs-maçons qui avaient commis ce meurtre. De là une telle agitation, surtout parmi les baptistes, qu’on fit de la chose une question d’admission à la Cène ou d’excommunication, suivant qu’une personne renonçait ou non à la franc-maçonnerie. Plusieurs troupeaux se divisèrent ; d’autres se dispersèrent ; et la fermentation dura plusieurs années. (Éditeur).

Alors il n’y aura guère d’églises qui aient eu des réveils, ou qui les voient s’approcher, qui refusent de recevoir la vérité sur ce point.

Notre église, plus peut-être qu’aucune autre, a fait une expérience bien sérieuse des troubles que peut engendrer cette question. Elle était composée de chrétiens jeunes et pour la plupart inexpérimentés ; et en mon absence une foule de circonstances ont contribué à jeter chez eux du trouble, de la confusion et de l’aigreur. Mais autant que je connais ses sentiments actuels, je ne sache pas que sur ce sujet il y règne plus aucune irritation.

Le Seigneur nous a bénis, son Esprit a distillé sur nous comme une rosée rafraîchissante ; et depuis, mon retour, chaque mois a vu un nombre considérable de personnes se joindre à notre communion. Sans doute il se trouve dans cette église des personnes qui diffèrent plus ou moins de vues sur quelques points particuliers de ce sujet ; mais je puis le dire librement, je ne vois pas la moindre différence entre nous quant aux sentiments. Dès le, commencement, et avant mon voyage à l’étranger, nous avons pris, dans la question de l’esclavage, la même position que dans celle de la tempérance.

Nous avons exclu du milieu de nous ceux qui faisaient la traite des noirs, et tous ceux qui y prenaient, quelque part. Il y en a, hors de cette église, qui ont blâmé ce procédé comme injuste et peu charitable ; je ne voudrais nullement donner mon avis, ni l’exemple de cette église, comme une règle de conduite pour les autres ministres et les autres églises ; mais je suis persuadé dans ma conscience que le temps n’est pas bien éloigné auquel les églises seront unanimes à exprimer l’horreur qu’elles ont de ce péché. Si je ne donne pas à l’esclavage un nom doux et chrétien ; si je l’appelle par son nom, un péché, alors je suis à la fois conséquent et consciencieux, en disant que ceux qui persévèrent dans ce péché, ceux qui le commettent ne peuvent être propres à être reçus dans la communion chrétienne.

Je ne veux nullement dire que les ministres et les membres de l’Église qui ont des esclaves soient tous des hypocrites, et ne soient chrétiens que de nom. Mais voici ce que je dis : c’est que tant qu’ils resteront dans cette attitude, la cause de Christ et celle de l’humanité demandent qu’ils ne soient pas reconnus comme chrétiens, à moins que nous ne voulions participer aux péchés d’autrui.

Il n’y a pas plus d’inconséquence à exclure les maîtres d’esclaves, parce qu’ils appartiennent à l’église presbytérienne, qu’il n’y en a à repousser ceux qui vendent ou boivent des liqueurs ; car il ne manque pas de marchands de liqueurs qui appartiennent à cette église.

Je crois, et sans être prophète, on verra cependant que je suis fondé à croire, que le temps est venu où le réveil des États-Unis ne continuera pas, et se relâchera au contraire, si l’Église ne prend pas sur ce sujet le seul bon parti qu’elle ait à prendre. L’Église doit être le témoin de Dieu. Or le fait est que l’esclavage est très éminemment le péché de l’Église, puisque, en tenant des esclaves, les ministres et ceux qui portent le nom de chrétiens, de quelque dénomination qu’ils soient, sanctionnent cette abomination aux yeux des impies. Qui ne sait que pour ce qui regarde la tempérance, tout ivrogne de ce pays se retranchera derrière tel diacre qui vend du rhum et tel ministre qui boit des liqueurs ?

L’objection la plus commune, le refuge des buveurs, intempérants ou modérés, c’est que ceux qui font profession de christianisme leur en donnent eux-mêmes l’exemple. Voilà ce qui nous fait un devoir pressant et impérieux d’exclure de la communion ceux qui font commerce de spiritueux et qui s’adonnent au rhum. Que les églises de toute dénomination se prononcent sur la tempérance, ferment leurs portes à tous ceux qui ont directement ou indirectement à faire avec cette abomination meurtrière, et la cause de la tempérance triomphera ; et en peu d’années ce trafic aura disparu. Or il en est de même pour l’esclavage.

C’est principalement l’Église qui entretient ce péché. Un témoignage unanime de sa part sur ce sujet liquiderait la question.

Que les chrétiens de toute dénomination se prononcent avec douceur mais avec fermeté ; qu’ils purifient leurs communions ; qu’ils lavent leurs mains ; que sur la tête et sur le front de cette grande abomination ils écrivent PÉCHÉ !... et dans trois ans l’opinion publique aurait tout entraîné, et il n’y aurait plus dans ce pays d’esclave dans les fers ni de cruel despote pour l’en menacer.

On dira encore que, dans beaucoup d’églises, ce sujet ne pourrait être introduit sans créer de la confusion et des haines. Cela se peut. Il en a été ainsi pour la tempérance, et même pour les réveils. On s’est opposé aux écoles du Dimanche, aux travaux missionnaires, à toutes les choses de ce genre ; elles ont toutes produit des divisions. Mais est-ce là une raison suffisante pour exclure ces sujets ? Et les églises qui les ont écartés pour éviter des contentions ont-elles donc eu des réveils ?

Chacun sait que non. Mais celles-là en ont eu qui ne se sont pas laissé effrayer par l’opposition de quelques individus, ou quelquefois d’un grand nombre, et qui se sont nettement et fermement prononcées. Là où l’un de ces importants sujets est introduit avec prières, soigneusement, charitablement, où l’on attache à chaque chose son importance relative, s’il y a des personnes qui résistent et qui sèment le trouble et la confusion, alors que le blâme retombe sur elles. Il y a des hommes qui sont d’avance disposés à chercher chicane sur des sujets pareils et toujours prêts à crier : « N’introduisez pas ces choses dans l’Église, elles ne sont bonnes qu’à soulever l’opposition ! » Et lorsque le ministre et ceux de son troupeau qui ont l’esprit de prière, croient de leur devoir d’examiner publiquement ces questions, ces hommes causent eux-mêmes des troubles, puis ils disent : « Vous voyez bien ; ne vous l’avais-je pas prédit ? Voyez ce que vous avez fait en introduisant ces sujets ! Vous allez déchirer l’Église. » Et ils en jettent la faute sur les questions mêmes quand ils font, eux, tout ce qu’ils peuvent pour semer la division.

En toute église on pourra trouver quelques-unes de ces personnes ; et ni les écoles du Dimanche, ni les missions, ni les réveils, ni l’abolition de l’esclavage, ni rien qui honore Dieu ou puisse faire du bien aux hommes ne pourra être proposé sans que ces âmes vigilantes ne s’en trouvent offensées.

Néanmoins toutes ces choses ont été introduites l’une après l’autre, dans telle église avec plus, dans telle autre avec moins d’opposition, dans telle autre peut-être sans opposition du tout. Or, aussi vrai que Dieu est le Dieu de l’Église, aussi certainement que le monde doit être converti, le sujet de l’esclavage doit être examiné par l’Église et flétri par elle du nom de péché. Il vaudrait infiniment mieux qu’il n’y eût point d’Église au monde que d’y en avoir une qui restât neutre, ou qui rendît un faux témoignage sur un sujet si important que celui de l’esclavage, surtout depuis qu’il a été discuté, et que par la nature même du cas il est impossible que l’Église ne se décide pas d’un côté ou de l’autre.

Si vous me demandez : « Qu’y a-t-il à faire ? Ce sujet devra-t-il absorber toutes nos conversations et nous faire oublier celui beaucoup plus important, du salut des âmes ? » Je répondrai que non. Que chaque église exprime nettement son avis sur ce sujet, et. reste ensuite tranquille. Autant que j’en puis juger, nous sommes ici d’une parfaite tranquillité sur ce point. Nous avons émis notre opinion, fermé nos portes aux maîtres d’esclaves, et nous nous occupons maintenant d’autre chose. Je ne connais personne parmi nous qui ait sur ce sujet des sentiments erronés ; et si dans quelques endroits on en a fait le sujet unique de toutes les conversations, je suppose que cela est dû, dans la plupart des cas, à l’opposition persévérante et obstinée d’un petit nombre d’individus qui refusaient, quant à eux-mêmes, d’en entendre parler.

6. Si l’Église désire avancer les réveils, elle doit sanctifier le dimanche.

On le viole beaucoup dans ce pays ; les négociants le violent ; les voyageurs le violent ; le gouvernement le viole. Il n’y a pas longtemps qu’on essaya, dans la partie occidentale de cet État, d’établir et de soutenir une ligne de bateaux et de voitures publiques qui observerait le dimanche. Mais il se trouva que l’ Église ne voulait pas appuyer cette entreprise. Il y eut beaucoup de personnes, entre ceux mêmes qui prétendaient pourtant avoir de la religion, qui refusèrent de prendre des voitures et de faire transporter leurs marchandises dans des bateaux qui ne fonctionneraient pas le dimanche.

Un temps était où les chrétiens pétitionnaient avec ardeur auprès du Congrès pour obtenir que le service des postes fût suspendu ce jour-là ; mais maintenant ils semblent en avoir honte. Toutefois, il est certain que, si l’on ne fait promptement quelque chose pour que l’Église garde le jour du dimanche, ce jour deviendra nul ; et non-seulement nous verrons nos diligences rouler pendant ce saint jour et l’hôtel des postes rester ouvert, mais peu à peu nous verrons tenir publiquement nos cours de justice et de législation. Or, que pourra faire une église, que pourra faire un pays sans sabbat ?

7. En général, l’Église doit prendre en main toute question de moralité pratique à mesure qu’elle se présente.

Il se trouve dans l’Église de ces personnes qui se tiennent à l’écart des sujets de réforme morale, et qui sont aussi effrayées d’entendre parler en chaire contre la dissolution, que si elles y voyaient entrer des démons Mais encore une fois, l’Église ne peut rester neutre sur ces sujets. Dans la providence de Dieu il est temps de les discuter ; on en a montré les maux ; un appel a été fait pour la réforme ; et comment les hommes se réforment-ils, si ce n’est par la vérité ? Et qui présentera la vérité, sinon l’Église et les ministres ? Loin de nous donc, l’idée que les chrétiens pourraient demeurer neutres, et en même temps jouir de l’approbation et de la bénédiction de Dieu !

Dans tous les cas de ce genre, le ministre qui se tait est rangé parmi ceux du parti ennemi.

Chacun sait qu’il en est ainsi dans un réveil. Il n’est pas nécessaire qu’une personne s’acharne contre l’œuvre ; pourvu seulement qu’elle se taise et prenne le parti du silence, les ennemis du réveil la regarderont connue étant de leur côté. Il n’est pas besoin, dans la question de la tempérance, d’attaquer en ricanant « la société de l’eau froide » pour être bien avec les ivrognes et les buveurs modérés ; buvez seulement du vin pour votre plaisir, et vous êtes bien sûrs de voir les ivrognes vous compter dans leur parti. Celui qui refuse, son adhésion à la cause de la tempérance, est naturellement, regardé comme un ami par le parti opposé. Voilà des sujets sur lesquels, à mesure qu’ils se présentent, l’Église et les ministres doivent se prononcer et tenir bon, s’ils désirent voir le Seigneur les bénir par des réveils. Ils doivent rejeter de leur communion tous les membres qui, méprisant la lumière répandue sur eux, continuent à vivre dans quelque péché signalé, et, en particulier, à boire ou à vendre des liqueurs spiritueuses.

8. Il faut faire plus qu’on n’a fait jusqu’ici pour toutes les entreprises de bienfaisance chrétienne.

Il faut faire beaucoup plus d’efforts pour la cause des missions, de l’éducation, de la Bible, en un mot pour toute entreprise religieuse ; autrement l’Église déplaira à Dieu. Voyez donc. Pensez aux grâces que nous avons reçues, aux richesses et à la prospérité de l’Église. Avons-nous donné à l’Éternel selon les bienfaits que nous en avons reçus, au point de montrer que l’Église est généreuse et disposée à donner son argent et à travailler pour Dieu ?

Loin de là ! Avons-nous multiplié nos moyens, agrandi nos plans en proportion que l’Église s’est accrue ? Dieu est-il satisfait, a-t-il lieu d’être satisfait de ce qui a été accompli ? Hélas ! Dans un réveil comme celui qu’ont eu les églises d’Amérique ces dix dernières années, nous devrions avoir fait dix fois plus de sacrifices et d’efforts pour les missions, pour la Bible, pour les traités, pour les églises indépendantes, pour tout ce qui tend à favoriser les progrès de la religion et à sauver les âmes. Si nos églises ne veillent pas là-dessus, ne travaillent pas sur une échelle plus grande, elles peuvent compter que le réveil cessera aux États-Unis.

9. Si les chrétiens des États-Unis désirent voir les réveils s’étendre avec puissance jusqu’à ce que le monde entier soit converti, ils doivent se mettre tous à l’œuvre, et ne rien écrire ni publier qui puisse faire concevoir des soupçons ou naître de la jalousie sur les réveils.

Si l’Église entière, comme un seul corps, avait, il y a dix ans, poursuivi cette œuvre, comme l’ont fait un petit nombre d’individus que je pourrais nommer, il n’y aurait pas, à l’heure qu’il est, un seul pécheur impénitent dans le pays, et le règne de Dieu serait déjà établi pleinement dans les États-Unis. Au lieu de demeurer tranquilles ou d’écrire des lettres contre nous, que les ministres qui nous croient dans l’erreur endossent le harnais et aillent en avant pour nous montrer un chemin plus excellent, et qu’ils nous enseignent, par leur exemple, à faire mieux.

Je ne nie pas que nous n’ayons eu nos erreurs et commis quelques imprudences dans les réveils ; mais l’attaque et le mépris sont-ils donc les seuls moyens d’y remédier et de nous corriger ? Ce n’est pas ainsi que Paul s’y prenait. Il corrigea ses frères en leur disant avec bonté qu’il allait leur montrer un chemin plus excellent. Que nos frères se mettent donc à l’œuvre et aillent en avant. Que de toutes leurs chaires on entende crier : « A l’ouvrage ».

Qu’ils marchent là où l’Éternel ira avec eux et manifestera la force de son bras. Je m’associerai volontiers à eux. Mais qu’ils marchent en effet ; que les États-Unis se convertissent à Dieu et que les questions secondaires disparaissent. Sinon, si les réveils cessent dans ce pays, les ministres et les églises seront responsables de la perte de toutes les âmes qui tomberont en enfer par les conséquences de cette conduite. L’œuvre ne doit pas s’arrêter. Si l’Église veut faire tout son devoir, le règne de Dieu pourra venir sur ce pays avant trois ans. Mais si l’on persiste à écrire des lettres pour semer les soupçons et les jalousies par tout le pays, si les deux tiers de l’Église sont dans un recul permanent et ne s’occupent qu’à critiquer les réveils, la malédiction de Dieu tombera sur cette nation avant qu’il soit peu.

Remarques additionnelles.

1° Il est grandement temps que les chrétiens et les ministres sondent leur cœur, ou, pour parler avec l’Écriture, qu’il y ait de grandes considérations dans leurs cœurs. Mes frères ! Ce n’est pas le moment de résister à la vérité ni de s’offenser de ce que la vérité est prêchée franchement. Ce n’est pas le moment de récriminer ni de contester, mais nous devons sonder nos cœurs et nous humilier devant Dieu.

2° Nous devons nous repentir et renoncer à nos péchés, corriger nos voies et nos actions, autrement le réveil cessera. Il faut absolument que nos difficultés ecclésiastiques cessent et que toutes les nuances qui ne portent que sur des choses secondaires disparaissent, pour que nous puissions travailler en commun aux intérêts du christianisme. Sinon, les réveils finiront chez nous, et le sang de millions d’âmes perdues sera trouvé dans les pans de notre robe.

3° Si l’Église faisait tout son devoir, elle compléterait bientôt le triomphe de la religion dans le monde. Mais si l’on entretient la guerre, si l’on poursuit toujours le même système d’espionnage, d’insinuations perfides et de dénonciations, non-seulement les réveils seront arrivés à leur terme, mais les millions d’âmes qui tomberont en enfer avant que l’Église ait terminé le combat s’élèveront en jugement contre ceux qui auront soulevé et entretenu cette terrible contention.

4° Ceux qui ont fait circuler des rapports et courir des bruits calomnieux sur les réveils doivent se repentir. On a beaucoup parlé d’hérésie, d’hommes qui niaient l’influence de l’Esprit, et l’on a dit là-dessus des choses qui étaient sans aucun fondement. Ceux qui ont semé ces faux rapports, comme ceux qui les ont inventés doivent se repentir et prier Dieu de leur pardonner.

5° Nous voyons la tendance constante qu’il y a chez les chrétiens au relâchement et au naufrage quant à la foi, et cela s’est montré chez tous les convertis, dans tous les réveils. Voyez, par exemple, le réveil aux jours du président Edwards : L'œuvre avança au point que l’on compta trente mille convertis ; niais alors un grand nombre de chrétiens et de ministres écrivirent de part et d’autre des pamphlets animés d’un si mauvais esprit, que le réveil cessa. Ceux qui s’étaient opposés à l’œuvre devinrent obstinés et violents ; ceux qui y avaient travaillé perdirent leur douceur, s’aigrirent, et finalement tombèrent dans les maux dont on les avait auparavant faussement accusés.

Et maintenant que ferons-nous ? Cette grande et glorieuse œuvre de Dieu semble pencher vers un déclin. Mais le réveil n’est pas mort, Dieu en soit béni ! Non, il n’est pas mort ! Nous entendons de toutes parts que les chrétiens lisent ce qui s’est écrit sur ce sujet et qu’ils s’informent de ce qu’il en est. Il y a maintenant en quelques endroits de puissants réveils. Que ferons-nous donc pour lever l’étendard, pour remuer la nation entière et convertir ce grand peuple au Seigneur ? Nous devons faire ce qui est lien. Nous devons être animés d’un meilleur esprit que jusqu’à ce jour, nous devons nous humilier dans la poussière, nous devons agir avec union et travailler de tout notre cœur à cette grande œuvre. Alors Dieu nous bénira et l’œuvre prospérera.

Quelle est la condition de notre nation ? Sans aucun doute, Dieu tient suspendue sur la tête de ses chefs la verge de la guerre. Avant d’exercer ses jugements, il attend, pour voir si l’Église fera ce qui est juste. La nation a encouru sa disgrâce, parce que l’Église s’est indignement conduite à l’égard des réveils. Et maintenant, supposé que la guerre éclate, que deviendront nos réveils ? Avec quelle promptitude la guerre ne détruirait-elle pas l’œuvre de Dieu ? L’esprit guerrier est tout autre chose que l’esprit des réveils. Qui fera droit aux réclamations de la religion quand l’esprit public sera absorbé par la guerre ?

Ne voyez-vous pas qu’elle est imminente pour toute la nation ? Dieu brandit sur nos têtes son épée flamboyante. L’Église se repentira-elle ? car c’est l’Église que Dieu a principalement en vue. Comment éviterons-nous la malédiction de la guerre ? Uniquement par une réforme dans l’Église. C’est en vain que nous nous tournerions vers les diplomates pour qu’ils éloignassent de nous ce fléau ; ils pencheraient eux-mêmes peut-être généralement pour la guerre, ou bien ce qu’ils feraient pour l’éviter n’aboutirait probablement qu’à nous y précipiter plus rapidement. Où chercher du secours si l’Église ne veut pas sentir, ne veut pas se réveiller, ne veut pas agir ? Si absolument l’Église ne veut pas bouger, si elle ne veut pas trembler à la vue des justes jugements de Dieu suspendus sur nos têtes, nous sommes certainement sur le point d’être maudits, en tant que nation.

6° Quoi que l’on fasse, il faut le faire promptement. Le moment est critique. Si nous n’avançons pas, nous reculons nécessairement. Les choses ne peuvent rester au point où elles en sont. Si l’Église ne s’éveille pas, si nous n’avons pas un réveil plus puissant que celui que nous avons eu, nous ne tarderons pas à n’en avoir plus du tout. Nous avons eu un réveil si grand, que les esprits ne s’intéressent plus à des réveils plus petits. Nous devons agir tous, chacun individuellement. Faites votre propre devoir. Vous êtes responsables ; repentez-vous sur le champ. N’attendez pas à une autre année. Dieu seul sait quel sera l’état de ces églises si les choses continuent ainsi pendant une autre année, sans un grand et général l’éveil religieux.

7° Il n’est pas rare, quand tout va de travers dans l’Église, de voir chaque individu en jeter la faute sur l’Église et sur ses frères, sans se reconnaître lui-même coupable, pour sa part. Ne perdez pas votre temps à critiquer cet être impalpable, abstrait, que l’on appelle « l’Église ». Comme membre du corps de Christ, que chacun de vous agisse et agisse bien, s’humilie dans la poussière et ne profère jamais de paroles orgueilleuses ni médisantes.

Allez en avant ! Qui voudrait laisser un tel travail pour écrire de mauvaises brochures, pour descendre dans la vallée d’Ono et s’y épuiser en vains efforts, pour calmer de misérables disputes ? Pensons à notre œuvre et la poursuivons, puis abandonnons le soin du reste au Seigneur. Faisons notre devoir, et laissons l’issue à Dieu.

 

Arthur KatzUn message de Charles Finney
© Reproduction gratuite autorisée en indiquant l'auteur et la source bible-foi.com.

Afficher le formulaire de commentaire

➲ Articles à découvrir...

 

Trafic Web  


Abonnement à notre lettre de nouvelles !

Désabonnement à tout moment !

« Vous avez simplement accepté le salut et vous avez remercié Dieu. Le salut et la sanctification reposent exactement sur la même base. Vous recevez la délivrance du péché de la même manière que vous recevez le pardon des péchés.... »

- Watchman Nee

➲ NOUVEAUX EBOOKS

Collection "Les Anciens Sentiers"
PDF Révisés

2 Décembre 2024
22 Novembre 2024
22 Novembre 2024
21 Novembre 2024
21 Novembre 2024
21 Novembre 2024
20 Novembre 2024