A.L'excitation pendant les réveils.6

A.L'excitation pendant les réveils.6

Je veux sans cesse revenir sur le sujet de l’excitation associée aux réveils spirituels.

Dans toutes les époques de l’Eglise, il y a eu des situations où des gens ont reçu des manifestations tellement claires de la vérité divine qu’ils en ont été privés de toute force physique. Cela semble avoir été le cas de Daniel. Il perdit toute vigueur et tomba face contre terre. Saul de Tarse semble également avoir été terrassé et jeté à terre par l’éclat de la gloire divine qui l’enveloppa. J’ai connu de nombreux cas où les gens perdaient toute force physique, lorsqu’ils recevaient la révélation de vérités spirituelles infiniment grandes et puissantes.

A cet égard, je ferai les remarques suivantes.

Il ne s’agit pas là des cas d’excitation critiquable dont j’ai parlé dans une précédente lettre. Dans les exemples que je viens de citer, l’intelligence ne semble pas annihilée ni rendue confuse. Elle est au contraire remplie de lumière. L’intelligence ne semble pas consciente d’une quelconque excitation inhabituelle de sa propre sensibilité. Bien au contraire, elle semble être calme.

Elle se trouve dans un état qui n’est particulier qu’en raison de la perception d’une vérité révélée avec une clarté inhabituelle. Il n’y a manifestement aucune effervescence de la sensibilité produisant des larmes, ni l’une des manifestations habituelles d’une imagination surexcitée, ni des sentiments profondément bouleversés. On ne remarque aucune exubérance de sentiments propre à distraire les pensées. L’intelligence perçoit la vérité qui lui est révélée.

S’il est vrai que le corps est privé de toute force physique, l’intelligence peut néanmoins contempler la gloire divine qui lui est manifestée. Un voile semble être ôté de l’intelligence, et la vérité est contemplée d’une manière qui ressemble beaucoup à ce qui peut se passer lorsque l’esprit quitte le corps. Il n’est donc pas étonnant qu’une telle expérience subjugue le corps.

De tels cas ont souvent été des sujets de trouble pour ceux qui en ont été témoins. Pourtant, lorsque j’ai eu l’occasion de contrôler l’histoire ultérieure de cas semblables, j’ai été persuadé, en général, qu’il s’agissait de réelles conversions. Il se peut que certaines de ces conversions soient fausses. Mais, dans tous les cas semblables que j’ai connus, il a été ensuite évident que l’amour de Dieu a été profondément déversé dans la vie de ces personnes. Leur volonté a été amenée à une réelle obéissance. Leur caractère a été véritablement transformé dans le sens le plus désirable.

Je ne me sens donc pas la liberté de critiquer ces exemples d’excitation, si l’on peut les appeler ainsi. L’excitation qu’ils peuvent traduire semble découler nécessairement des claires révélations faites à l’âme par Dieu. Une telle excitation, loin d’être tapageuse, stupide et passionnée, comme celle que j’ai décrite dans une précédente lettre, ressemble à celle qui doit exister, je suppose, chez les esprits des justes qui viennent de quitter leur corps. Je voudrais souligner ici un juste principe: nous n’avons aucunement besoin de craindre une excitation quelconque, quand elle est produite par la révélation de la vérité, et quand elle s’accorde avec un fonctionnement équilibré de l’intelligence. Mais tout ce qui va au delà de cette limite est certainement désastreux.

En général, les cas de prostration physique dont j’ai parlé semblent se produire sans qu’aucun moyen extérieur n’ait été utilisé pour les provoquer. Selon mes observations, ils se produisent lorsque l’âme est entièrement absorbée en Dieu. Dans les cas de Daniel, de Saul de Tarse, de William Tennant, et d’autres, on ne voit intervenir aucun instrument humain, aucun moyen extérieur, aucun appel passionné à l’imagination ou à la sensibilité. On est simplement en présence d’une révélation de Dieu, faite à l’âme par le Saint-Esprit.

L’excitation produite de cette manière semble être très différente de celle que produisent une prédication, une exhortation ou des prières bruyantes, faites en vociférant, ou que stimulent les appels passionnés lancés par de zélés prédicateurs, pour provoquer la crainte. Ceux-ci utilisent des méthodes et des illustrations qui provoquent l’excitation. Le système nerveux des auditeurs est mis sous une tension telle que leur sensibilité semble exacerbée. Leurs sentiments jaillissent en un flot puissant, qui submerge et noie complètement l’intelligence.

En revanche, l’excitation produite lorsque le Saint-Esprit révèle Dieu à l’âme est complètement différente de celle que je viens de décrire. Non seulement elle ne trouble pas l’exercice parfaitement clair et étendu de l’intelligence, mais elle favorise directement cet exercice. Rien n’entrave alors l’activité libre et sans contrainte de l’intelligence et de la volonté.

C’est de cette excitation-là dont nous avons besoin. C’est cette excitation que le Saint-Esprit produit toujours. Il ne s’agit pas d’une excitation produite par un effet d’entraînement. Cela n’a rien à voir avec un accès de nervosité, ni l’explosion de la sensibilité nerveuse. C’est un état de l’âme, calme, profond et sacré, produit par la compréhension des vérités claires, infiniment importantes et impressionnantes, lorsque Dieu les révèle.

Bien souvent, il ne faut pas avoir beaucoup de discernement pour faire la différence entre l’effervescence émotionnelle, produite par des appels bruyants et excitants, et un mouvement de l’âme, calme, profond, bien que parfois accablant, produit par l’Esprit de Dieu quand Il révèle Jésus à l’âme. J’ai souvent craint que l’on confonde ces différentes sortes d’excitations. Il ne faut ni les rejeter et les dénoncer toutes ensemble, ni les accepter et les défendre en même temps. Il me semble d’une extrême importance que nous puissions, pour ces deux types d’excitation, bien distinguer les choses qui diffèrent.

Lorsque je suis témoin de cas d’excitation extraordinaire, j’ai appris à m’informer, avec autant de calme et d’affection que je le peux, de la nature des vérités reçues par l’intelligence à ce moment précis. Si une personne ainsi visitée peut volontiers et spontanément m’expliquer les raisons de son excitation, je peux alors juger de la nature de cette excitation. Si son excitation est réellement produite par une claire révélation donnée par le Saint-Esprit, concernant le caractère de Dieu ou les grandes vérités de Son gouvernement, alors son intelligence sera remplie de ces vérités. Cette personne sera prête à en parler spontanément, si elle en est physiquement capable. Je peux alors voir que la vérité est perçue d’une manière remarquablement claire. Une telle personne possède une grande facilité à communiquer son expérience, s’il lui est encore possible de parler. D’une manière générale, je n’ai aucune crainte de ce type d’excitation.

Mais si je vois que l’attention de la personne est entièrement préoccupée par ses sentiments et ses émotions, et qu’elle ne peut me donner aucune raison intelligible pour expliquer son état, je n’ai que très peu de confiance en son expérience. J’ai souvent été témoin de cas où l’excitation était très grande, presque irrésistible.

Après enquête, les personnes concernées ne pouvaient donner aucune explication intelligente des vérités que leur intelligence aurait pu percevoir. Leur âme semblait avoir été remuée jusqu’en ses tréfonds. Mais ce n’était pas en raison d’une claire révélation de la vérité. Ce n’était pas parce que Dieu S’était manifesté à leur âme. Leur intelligence ne semblait pas fonctionner d’une manière normale. J’ai appris à me méfier de ce type d’excitation. Je n’accorde aucune, ou presque aucune confiance, aux conversions obtenues dans de telles circonstances. J’ai observé que les personnes ayant éprouvé ces excitations finissent, après quelque temps, par tomber dans l’orgueil. Elles ont été emportées par une tempête d’excitation émotionnelle et sans intelligence.

Pour illustrer mon propos, j’aimerais relater un événement dont j’ai été moi-même témoin. J’assistais à une convention d’été dans l’Etat de NewYork. Cette convention avait commencé deux ou trois jours avant mon arrivée. J’ai écouté les prédicateurs et suivi les réunions pendant la plus grande partie de la journée. Il n’y avait que très peu d’excitation, et même aucune excitation visible. Après plusieurs sermons, et beaucoup d’exhortations, de prières et de chants, j’ai remarqué que les responsables se concertaient à voix basse pendant un moment, comme s’ils étaient en profonde délibération.

Ensuite, l’un d’entre eux, un homme d’une corpulence athlétique et d’une voix de stentor, descendit de l’estrade, et se fraya un chemin au milieu d’un groupe de femmes qui étaient assises devant l’estrade. Il commença alors à frapper des mains, et à crier à pleins poumons : « La puissance ! La puissance ! La puissance ». Très vite une autre voix se joignit à la sienne, puis d’autres, jusqu’à ce que tout le monde se mette à frapper des mains et à crier, au milieu des hurlements poussés par les femmes. Le résultat fut que, très vite, plusieurs personnes tombèrent à terre.

Quelqu’un proclama que c’était la puissance de Dieu qui se manifestait du ciel. Après avoir conduit cette excitation jusqu’à un extraordinaire paroxysme, le prédicateur qui en avait été à l’origine, ainsi que ceux de ses collègues qui s’étaient joints à lui, se retirèrent au milieu de la confusion générale. Ils avaient réussi, comme ils le prétendaient, à faire descendre la puissance de Dieu sur l’assemblée. Ils étaient manifestement très satisfaits du résultat obtenu.

J’ai souvent pensé à cette scène, comme à d’autres scènes similaires. Je considère ces méthodes que comme des manœuvres calculées pour provoquer tout autre chose qu’un vrai réveil spirituel. Dans le déclenchement de cette excitation, aucune parole de vérité n’a été prononcée, aucune prière ni exhortation n’a été faite. Il n’y a rien eu d’autre que les vociférations d’un homme qui criait : « La puissance! La puissance! La puissance ». en s’accompagnant d’un claquement de mains presque assourdissant. Je crois qu’il s’agit là d’un cas exceptionnel, et qu’il n’y a probablement que peu de cas aussi critiquables. Mais il se produit souvent dans les réveils des choses qui déclenchent une excitation à peine plus intelligente que celle que je viens de décrire. On y fait de tels appels à l’imagination et à la sensibilité que l’on met complètement de côté l’action de l’intelligence.

Dans la mesure où l’on déploie de semblables efforts pour produire des réveils, on aboutit sans aucun doute à des effets complètement désastreux, qu’il faut absolument décourager.

 

Arthur KatzUn message de Charles Finney
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