Le secret d'un ministère fécond.2

Le secret d'un ministère fécond.2

Pareils à des officiers qui surveillent le tranchant de leur sabre et font disparaître les moindres taches de rouille, nous devons examiner de près notre intérieure qui est notre épée de combat.

II. De la vigilance à exercer sur soi-même dans l’exercice du ministère.

Y a-t-il lieu de s’étonner que l’Évangile passant par le cœur d’un homme dont la vie intérieure laisse à désirer, puisse être pollué et devenir pour ceux qui l’entendent prêcher une parole inefficace ?

1. Une première condition pour devenir pasteur, c’est d’être converti soi-même, car un proverbe rabbinique dit « qu’il faut mettre sa toilette en ordre, avant de songer à celle des autres ». Si votre vie intérieure est peu développée, la sécheresse de vos discours trahira celle de votre âme.

2. Il faut aussi une piété ferme et solide, car ayant été désigné à un poste des plus périlleux, il est tenu de posséder une mesure de force divine, qui soit en rapport avec les fonctions qu’il est appelé à remplir. Des hommes à l’esprit faible, d’une sensibilité maladive et peu équilibrés dans leur jugement, ne feront jamais de bons pasteurs. Qu’une montre marche mal, elle ne fait de tort qu’à son propriétaire, mais qu’une horloge publique marche de travers, une multitude de gens se trouveront déroutés.

Le pasteur est l’horloge de la paroisse, beaucoup de gens se règlent sur lui, il sera responsable dans une grande mesure des péchés qui en seront la conséquence. Bien loin d’être comme on le prétend un refuge contre les tentations de la vie, il nous fait courir des périls plus nombreux et plus graves que ceux de la vie ordinaire.

1. Il y en a de grossiers tels ceux de la chair, est le danger continuel que court un jeune pasteur non encore marié, au milieu d’une armée de jeunes filles, pleines d’admiration enthousiaste pour lui. Mais il y a d’autres pièges plus raffinés.

2. L’officialisme : Cette habitude de lire la Bible, de prier, d’accomplir tous les actes religieux, comme s’il s’agissait d’une fonction où notre personnalité est absente.

3. L’ennemi de nos âmes. Il est sans cesse en œuvre pour ruiner le ministère du pasteur. Quel triomphe pour lui s’il peut rendre un ministre de l’Évangile paresseux et infidèle et de le faire tomber dans quelques scandales, pour dire à l’Église « vois tes prédicateurs sacrés ».

4. Votre vie doit être ministère. On raconte qu’un acteur de l’ancienne Smyrne, lorsqu’il prononçait le mot ciel, dirigeait son doigt vers la terre ; n’est-ce pas là ce que l’on peut dire de ceux qui enseignent bien et qui agissent mal ? Ils ont beau avoir le mot « ciel » sur leur langue, ils montrent « la terre » avec leur doigt. Que Dieu nous préserve de ces Janus à double face. Qu’il nous préserve d’être des prêtres de l’Éternel devant l’autel et des serviteurs de Baal en dehors de l’enceinte du Tabernacle.

Un vrai ministre de l’Évangile ne l’est pas à certaines heures seulement, mais partout et toujours. Les hommes n’ajoutent point foi à ceux dont les paroles sont en désaccord avec leur manière de vivre et une existence mal vécue parle plus haut que la voix des prédicateurs les plus éloquents ; ce que nous sommes produit plus d’impression que ce que nous disons. Ce qui a survécu à la vie des Apôtres, ce sont leurs actes plutôt que leurs discours (lisez à cet effet les Actes des Apôtres).

Faisons aussi que nos actes survivent à nos discours et qu’au « grand jour », ils puissent être inscrits sur « le grand livre ». Ce n’est pas seulement dans les grandes choses, mais aussi dans les petites, dans les plus petits détails de notre vie, évitez les dettes, les discussions oiseuses, les familiarités déplacées, les allures brutales et extravagantes, de manquer à votre parole donnée.

Attitude du pasteur dans ses relations avec ceux du monde :

1. Il faut qu’il se montre simple, naturel et sans prétention, en évitant les allures sacerdotales.

2. Le pasteur ne doit jamais oublier, même aux heures de récréation, qu’il est un ministre de l’Évangile. Il lui est permis de détendre la corde, afin de pouvoir reprendre toute son élasticité, mais il ne doit jamais la briser ; il y a sans doute une manière de rester sans rien faire et qui est un excellent remède pour les cerveaux fatigués, un repos de cette espèce-là, ne mérite pas plus le nom de perverse que le sommeil réparateur de la nuit, mais même à ce moment-là, il doit être prêt à faire quelque bien si l’occasion se présente.

3. Il doit être un homme éminemment sociable, son influence doit être ce que le sel est pour les aliments, pénétrer dans la société et lui donner de la saveur. Si Jésus-Christ ne s’est pas refusé à prendre part à des réjouissances multiples et à s’asseoir à la table des pécheurs, de quel droit nous tiendrons-nous à l’écart des manifestations légitimes de la société humaine ? Le pasteur est un homme avec lequel on aimerait s’entretenir de longues heures.

Les enfants se sentent attirés vers lui comme les mouches vers un pot de miel ; il a une bonne parole à adresser à chaque membre de la famille, aux grands comme aux jeunes gens, aux jeunes filles, aux fillettes, aux garçonnets. On ne peut s’imaginer le bien que peut produire un sourire bienveillant, un propos empreint de cordialité et de bonne grâce. Pour être pasteur, il faut avoir des entrailles capables de s’émouvoir, un cœur chaud et aimant, dont le contact nous réchauffe comme la flamme de votre foyer.

4. Il faut aussi être gai et de bonne humeur, car autant la légèreté d’esprit et la frivolité sont condamnables, autant une gaîté d’aloi est propre à attirer les âmes vers l’Évangile. Cela vaut mieux en tout cas, que l’attitude de ces moines qui lorsqu’ils se rencontraient se disaient les uns aux autres : « frères, il nous faudra mourir un jour ».

5. Ce qu’il faut éviter :

a) N’accaparez pas la conversation. Les pasteurs ne doivent pas oublier que ceux avec lesquels ils causent, n’aiment pas à recevoir perpétuellement de conseils et sont aisés de pouvoir mettre leur mot dans la conversation et aiment à ce qu’on les écoute avec patience ; c’est un moyen de gagner leur, confiance et d’exercer par la suite, une influence salutaire.

b) Ne soyez pas non plus muets, comme figés, lorsque vous vous trouvez dans la société des gens du monde, donnez à la conversation un tour utile ; vous avez à cet égard une responsabilité personnelle. Saisissez au vol les occasions qui se présentent et sans en avoir l’air, conduisez-les dans une bonne voie, en élevant tout bas votre cœur vers Dieu pour lui demander son aide.

c) Ne pas se faire inviter fréquemment chez les riches de ce monde sous prétexte de gagner leur confiance et de devenir l’hôte habituel des soirées et des amusements mondains. Comment peut-on se plonger dans cette atmosphère de mondanité, lorsqu’il y a tout près de soi, des malades, des pauvres qui réclament vos soins. Sacrifier l’étude à la vie de salon, c’est une attitude coupable et aussi, c’est dresser un guet-apens aux riches de votre entourage

d) Le pasteur doit apporter aux discussions un ton aimable, en évitant la violence du langage et l’irritation, car ces choses sont signe non de force mais de faiblesse. Il doit exposer sa manière de voir nettement, mais il doit aussi laisser aux autres d’exposer la leur. Il doit avoir des principes bien arrêtés et il doit être prêt à les défendre dans n’importe quel milieu.
e) Nous devons bien décidés à ne jamais aller là où notre Seigneur ne peut venir avec nous.

f) Éviter de faire dire de nous que nous sommes un personnage charmant. Occupés sans cesse à rendre la vie douce et agréable à ceux qui nous entourent, sans leur causer jamais le moindre sentiment de malaise, quelque mondaine et peu sérieuse que soit leur manière de vivre.

g) Ce qui est coupable pour un pasteur, c’est de fréquenter les gens du monde et de prendre part à leurs amusements, alors qu’on devrait mener deuil sur leur conduite et leur adresser de salutaires avertissements. Mais si nous savons éviter ce piège, nous pouvons en causant avec eux leur faire beaucoup de bien.

 

Arthur KatzUn message de Charles Spurgeon
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