La marche au désert.3

La marche au désert.3

Dans le livre des nombres, l’accent est mis sur la responsabilité du peuple, en marche dans le désert. Dieu a pourvu à tout ; mais comment le peuple va-t-il se comporter ?

L’incrédulité (Nombres 13 v. 1 à 4 ; 27 à 34 ; 14 v. 1 à 11, 22 à 25, 36 à 38).

Israël est arrivé à la frontière de Canaan. L’Éternel lui a promis un pays ruisselant de lait et de miel : « Regarde, dit Moïse, l’Éternel ton Dieu, a mis devant toi le pays : Monte, prends possession, comme l’Éternel le Dieu de tes pères te l’a dit ; ne crains point et ne t’effraie point  (Deutéronome 1 v. 21) ».

Mais le peuple ne l’entend pas de cette oreille. Il désire que des hommes soient envoyés afin d’examiner « pour nous » le pays, « s’il est bon ou mauvais », et si le peuple qui l’habite est « fort ou faible ». Pourquoi douter de la promesse divine ? Dieu pouvait-il donner aux siens un mauvais pays ? N’avait-il pas la puissance de combattre des ennemis forts, aussi bien que des ennemis faibles ? Le manque de foi dans la promesse divine conduit le peuple à désirer l’envoi des espions ; Dieu leur donne ce qu’ils ont voulu (Nombres 13 v. 3).

Le rapport des espions confirme ce que l’Éternel avait dit : Vraiment le pays est ruisselant de lait et de miel. Ils en montrent le fruit magnifique : « Seulement, ajoutent-ils, le peuple qui habite dans le pays est fort... Nous ne sommes pas capables de monter contre ce peuple (Nombres 13 v. 32) ». Le doute fait place à l’incrédulité. On manquait de foi dans la promesse de Dieu ; maintenant on manque de foi pour la conquête. L’incrédulité conduira à la révolte (14 v. 4), à vouloir même lapider ceux qui insistent avec foi que l’Éternel a bien la puissance de les faire entrer dans le pays (14 v. 10).

Hébreux 3 v. 19 met le doigt sur la plaie : « Nous voyons qu’ils ne purent entrer dans le repos à cause de l’incrédulité. Craignons donc que quelqu’un d’entre vous paraisse ne pas l’atteindre ; ... la parole qu’ils entendirent ne leur servit de rien, n’étant pas mêlée avec de la foi dans ceux qui l’entendirent ».

Il peut malheureusement en être ainsi aux moments décisifs de la vie. Si la foi n’est pas en activité, si la confiance en Dieu n’est pas réelle, on choisira le chemin qui nous éloigne de lui. De fait le peuple avait « méprisé  l’Éternel (14 v. 29) », « méprisé  le pays (v. 31) ». Que faisait la hauteur des murs, s’ils devaient tomber au son d’une trompette. Au moment crucial on n’a pas compté sur Dieu, on a redouté l’obstacle, on n’a pas surmonté la difficulté, on a cédé à l’ennemi. Et la vie appauvrie s’écoulera sous les conséquences de l’incrédulité... jusqu’à ce que par la grâce nous revenions à Lui, et que, la discipline ayant porté son fruit, Il opère une restauration.

Il a suffi de dix espions pour faire « fondre le cœur » du peuple. Toute l’assemblée se met à jeter des cris, à pleurer toute la nuit, à murmurer contre Moïse et Aaron, et propose enfin de s’établir un chef et de retourner en Égypte. Si ces dix hommes avaient fait un rapport de foi et de confiance en Dieu, le peuple ne se serait-il pas comporté tout autrement ?

Deux hommes qui connaissaient leur Dieu, Caleb, puis Josué, insistent : « Montons hardiment... Si l’Éternel prend plaisir en nous, il nous fera entrer dans ce pays-là et nous le donnera ». Pour l’instant ils ne recueillent que la menace de lapidation. Bien des années après, Josué deviendra le conducteur du peuple à la conquête du pays, et Caleb pourra lui-même s’emparer de l’héritage que Dieu lui accorde (Josué 14).

Dans une assemblée, dans une région, l’influence de deux ou trois hommes de foi peut être décisive en bénédiction, comme parfois il suffit de peu pour qu’une influence pernicieuse amène beaucoup de ruines. Il est facile de « décrier le pays », de décourager les chrétiens vivants, de parler des difficultés, des renoncements, de l’opposition, plus que des secours divins et des joies ; l’incrédulité de quelques-uns contamine les autres.

Caleb était « animé d’un autre esprit ». Il appréciait le don de Dieu, il engageait ses frères à se l’approprier. Ne voulons-nous pas montrer par notre vie, par toute notre attitude, le prix qu’a pour nous l’héritage céleste qui seul demeure ?
Après les plaintes du peuple, l’incendie ravage le camp. Après la convoitise, la corruption se répand et aboutit aux sépulcres. Marie devient lépreuse. Les dix hommes qui ont fait murmurer toute l’assemblée, en décriant le pays, meurent de plaie devant l’Éternel (14 v. 37) ; et tout le peuple qui s’est lamenté et rebellé, devra se consumer dans le désert : « Vos cadavres tomberont dans ce désert, tous ceux d’entre vous qui ont été dénombrés, vous qui avez murmuré contre moi ». Pendant quarante ans, il faudra errer dans ces solitudes désolées ; l’une après l’autre, les tombes des hommes de l’exode en jalonneront les étapes.

Répétons-le : « On ne se moque pas de Dieu ; car ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera  (Galates 6 v. 7) ».

Le peuple veut se soustraire aux conséquences de sa faute. Légèrement ils disent : « Nous voici ; nous monterons au lieu dont l’Éternel a parlé ; car nous avons péché  (14 v. 40) ». Moïse cherche à les dissuader, leur montrant qu’ils transgressent le commandement de l’Éternel, qu’il fallait se soumettre et humblement accepter les conséquences de ses inconséquences. Ils ne veulent rien entendre, et s’obstinent à monter... « ...les Amalékites et les Cananéens les taillèrent en pièces jusqu’à Horma  (v. 45) ». Il est difficile de se courber sous la discipline divine, mais n’est-ce pas la vraie preuve d’une réelle humiliation ?

L’enseignement de Kadès.

Cette étape décisive du désert n’a-t-elle pas un profond enseignement pour nous, croyants ? La Pâque et la traversée de la mer Rouge correspondent à l’expiation de nos péchés et à la délivrance de la puissance de Satan par la rédemption. La conversion, par la foi au Seigneur Jésus, nous libère de la domination de l’ennemi et du monde, et nous amène au désert dans le chemin de Dieu.

L’âme y fait l’expérience de ses soins, de sa bonté et de sa puissance, mais apprend aussi à se connaître. Toutefois la vie chrétienne ne doit pas se passer continuellement avec des hauts et des bas, des chutes et des regrets ; elle se passe aussi en Canaan, de l’autre côté du Jourdain (notre mort avec Christ), sur le terrain de la résurrection avec Lui, dans la conscience de notre pleine acceptation en Lui devant Dieu, et du fait, merveilleux mais réel pour la foi, qu’Il est en nous (Jean 14 v. 20 ; Galates 2 v. 20).

C’est l’expérience de Romains 6 à 8 ; elle nous amène à « marcher par l’Esprit », « affranchis du péché et asservis à Dieu », « mis à mort à la loi pour être un autre, à Celui qui est ressuscité d’entre les morts, afin que nous portions du fruit pour Dieu ». Cette vie de foi demande le renoncement à soi- même, le « livrez-vous vous-mêmes à Dieu comme d’entre les morts étant faits vivants  (Romains 6 v. 13) », la mise à disposition de l’être tout entier entre les mains du Seigneur. Et là, souvent, on recule, on redoute les sacrifices, et... tournant le dos au « pays », on s’en retourne au désert, perdant la bénédiction qui était à notre portée. Serons-nous des sarments qui portent beaucoup de fruit, ou de ceux qui n’en portent pas ou peu, selon que pratiquement nous réaliserons ou non ce qu’implique « demeurer en Lui  ? (Jean 15) ».

L’orgueil et la rébellion (Nombres 16 v. 1 à 15 ; 27 à 35).

L’orgueil est « la faute du diable  (1 Timothée 3 v. 6) » ; « ...Toi, tu as dit dans ton cœur : Je monterai aux cieux, j’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu... je monterai sur les hauteurs des nues, je serai semblable au Très-Haut  (Ésaïe 14 v. 13 et 14) ». L’ennemi savait très bien d’avance qu’en insufflant l’orgueil dans le cœur de Coré, il allait semer des ravages parmi le peuple.

Coré, Lévite, Kehathite « s’éleva dans son esprit  (Nombres 16 v. 1) » ; non content d’être Lévite et de faire le service du tabernacle, il recherche aussi la sacrificature (v. 10). Il veut une place que Dieu ne lui a pas donnée. Dans notre chapitre, Aaron représente Christ comme sacrificateur ; en type, désirer une telle fonction, c’était vouloir prendre la place de Christ.

Dans le christianisme, tous les croyants sont sacrificateurs, mais un seul est notre souverain sacrificateur, médiateur entre les hommes et Dieu, l’homme Christ Jésus. Aucun croyant ne doit s’élever au-dessus de ses frères et prétendre être l’intermédiaire entre le peuple de Dieu et Dieu lui- même. La gravité de la faute de Coré se mesure à la rigueur du châtiment qui s’en est suivi.

Il entraîne à sa suite deux cent cinquante hommes, princes, hommes de renom. Moïse fait tous ses efforts pour lui montrer son erreur ; il parle à ceux qui s’attroupent contre lui et contre Aaron ; il va s’entretenir personnellement avec Coré (v. 8), mais rien ne sert. Moïse reçoit la grâce de remettre les choses entre les mains de Dieu et de le laisser décider, par l’épreuve de l’encens (v. 7), quel est l’homme qu’Il a choisi.

Simultanément à la révolte de Coré, révolte religieuse, se produit une rébellion « civile » de la part de Dathan, Abiram et On, Rubénites, qui s’élèvent contre l’autorité de Moïse : « Tu te fais absolument dominateur sur nous ». Moïse est ici un type de Christ, non comme sacrificateur, mais comme Seigneur. Plus hautains encore que Coré, Dathan et Abiram refusent même tout entretien avec Moïse (v. 12). Ils lui imputent l’échec de l’entrée en Canaan (v. 14), et, rejetant toute obéissance, en viennent jusqu’à narguer le peuple, installés avec leurs enfants et leurs femmes à l’entrée de leurs tentes (v. 27).

Il n’y avait plus d’autre remède que le châtiment de Dieu ; combien il fut terrible. Coré avait réuni contre Moïse et Aaron toute l’assemblée à la tente d’assignation ; à cet instant décisif, apparaît la gloire de l’Éternel. Celui-ci engage Moïse et Aaron à se séparer de toute l’assemblée qu’il va consumer ; les deux frères intercèdent avec intelligence pour le peuple : « Un seul homme péchera et tu seras courroucé contre toute l’assemblée ? », principe solennel, car si l’assemblée couvrait la rébellion de Coré, elle serait tout entière entraînée dans le jugement. À la parole de l’Éternel : « Retirez-vous d’autour de la demeure de Coré, de Dathan et d’Abiram », les Israélites obéissent. Moïse, tentant un dernier effort, se lève et va vers ces hommes rebelles. Tandis que le peuple fait un grand cercle autour de leurs demeures, soudain le « sol ouvre sa bouche et les engloutit avec tout ce qui est à eux ». Dans le sanctuaire « il sortit du feu de la part de l’Éternel et il consuma les deux cent cinquante hommes qui présentaient l’encens ».

Israël, au lieu de recevoir instruction par un tel châtiment, pas plus tard que le lendemain, se rebelle à nouveau et murmure contre Moïse et Aaron, les accusant d’avoir mis à mort le peuple de l’Éternel (v. 41). Une plaie s’ensuit. Seule l’intervention d’Aaron, sacrificateur portant l’encens, se tenant debout entre les morts et les vivants, magnifique type de Christ, arrête la plaie et épargne le reste des rebelles. Encore une fois la grâce brille, non sans que la sainteté de Dieu ait été revendiquée.

« L’orgueil va devant la ruine et l’esprit hautain devant la chute  (Proverbes 16 v. 18) ».

Pourtant, au milieu de cette scène terrible, un rayon de grâce l’éclaire : « Les fils de Coré ne moururent pas  (26 v. 12) ». Pourquoi furent-ils épargnés ? Nous l’ignorons, et ne pouvons que répéter la parole d’Abraham : « Le Juge de toute la terre ne fera-t-il pas ce qui est juste ? » Plus tard, les fils de Coré pourront composer des psaumes, qui restent à travers les âges pour la consolation et l’édification des croyants et pour la gloire de Celui dont ils peuvent dire : « Tu es plus beau que les fils des hommes, la grâce est répandue sur tes lèvres ; c’est pourquoi Dieu t’a béni à toujours  (Psaume 45 v. 2) ». Objets d’une grâce particulière, ils ont appris à connaître Celui qui en est la seule source.

La soif (Nombres 20 v. 2 à 5).

Nous arrivons à la fin des quarante années dans le désert. Les tribus ont erré pendant quelque trente-huit ans pour revenir enfin à Kadès (v. 1). La plupart de ceux qui sont sortis d’Égypte à l’âge de vingt ans sont morts ; une nouvelle génération les a remplacés ; sera-t-elle meilleure que ses pères ? En Égypte, ceux-ci avaient vécu sous l’oppression et dans l’ignorance ; leurs fils, au désert, ont été instruits par Moïse, ils ont reçu la loi, ils ont vu les merveilles que l’Éternel a accomplies en leur faveur ; ils ont été aussi avertis par sa discipline.

Dieu va les mettre à l’épreuve par la soif. Épreuve dure s’il en fut, qu’elle soit physique ou spirituelle. La « chair », chez les fils comme chez les pères, n’a pas changé. Le peuple conteste avec Moïse, répète : Pourquoi ? Pourquoi ? Et souhaite même avoir péri quand leurs frères sont morts devant l’Éternel.

Dans maintes portions de la Parole, Dieu permet la soif. Agar, en Genèse 21 v. 15 et 16, a vite épuisé l’eau de son outre, symbole des ressources humaines, si précaires dans le chemin de la vie. Elle pleure, l’enfant crie ; Dieu ouvre ses yeux ; au puits d’eau qu’Il lui révèle, elle se désaltère, comme auparavant à Beër-Lakhaï-Roï : Le puits du Vivant qui se révèle (Genèse 16 v. 14).

Épuisé par sa lutte contre l’ennemi, Samson crie à Dieu dans sa très grande soif (Juges 15 v. 18). L’Éternel répond en fendant le rocher creux dont sort de l’eau ; Samson peut boire à En-Hakkoré : La source de celui qui crie. Le Seigneur Jésus lui-même a connu la soif. Au puits de Sichar, lassé de la route, il demandait à boire à la femme samaritaine, lui, le créateur de toutes choses. Par-dessus tout, sur la croix, lorsque sa langue s’attachait à son palais (Psaume 22 v. 15), il a dû dire : « J’ai soif ».

Maintenant, à cause de l’œuvre de la rédemption, il répète à toute âme : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive  (Jean 7 v. 37) » ; « Celui qui croit en moi n’aura jamais soif  (Jean 6 v. 35) ».

Dieu peut permettre la soif, afin de nous amener à boire, non une fois, mais tous les jours de notre vie. Non seulement nous serons désaltérés, mais « l’eau que je lui donnerai, sera en lui une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle  (Jean 4 v. 14) » ; « des fleuves d’eau vive couleront de son ventre  (Jean 7 v. 38) ». Ainsi jaillira vers Dieu l’adoration de nos cœurs, et coulera vers nos frères la bénédiction que produit l’Esprit.

Rappelant le début de la marche au désert, Jérémie dit de la part de l’Éternel : « Je me souviens de toi, de la grâce de ta jeunesse, de l’amour de tes fiançailles, quand tu marchais après moi dans le désert, dans un pays non semé. Israël était saint à l’Éternel, les prémices de ses fruits  (Jérémie 2 v. 2) ». Les années avaient passé ; l’attachement du début avait fait place aux murmures, aux plaintes, à la révolte même : « Mon peuple n’a pas écouté ma voix, et Israël n’a pas voulu de moi... Oh ! Si mon peuple m’avait écouté !... Il les aurait nourris de la moelle du froment, et je t’aurais rassasié du miel du rocher  (Psaume 81 v. 11 à 16) ».

La route est longue. Il faut encore faire le « tour du pays d’Édom ». Est-il étonnant que le cœur du peuple s’impatiente en chemin ? Ce découragement l’amène à parler contre Dieu et contre Moïse, à dire à nouveau : Pourquoi ? Et d’ajouter, parlant de la manne : « Notre âme est dégoûtée de ce pain misérable ». Le « pain misérable » représentait pourtant Christ, pain vivant descendu du ciel ; si le cœur n’a plus d’intérêt pour Lui, il se vide, et Satan s’apprête à le remplir.

L’Éternel va les châtier et leur faire sentir la méchanceté de l’ennemi agissant par la chair : Des serpents brûlants les mordent et les tourmentent. Il veut les amener à dire, pour la première fois en toute sincérité : « Nous avons péché ».

Peut-être y a-t-il des chrétiens qui ne se sont jamais découragés ? Dans l’Ancien Testament, Caleb en est un exemple ; au cours d’une longue carrière, il a « pleinement suivi l’Éternel ». On peut être lassé de la route, le Seigneur Jésus l’a été. On peut être abattu, l’apôtre Paul le relève (2 Corinthiens 4 v. 9). Mais le découragement va plus loin : La cause en est surtout le manque de foi, qui est un péché ; il répond à un état intérieur qui a perdu de vue « Celui qui est invisible ». On est prêt à abandonner, à dire ; à quoi bon ? devant la contradiction extérieure, les déceptions, la monotonie du chemin.

Que faire ? « Si tu perds courage au jour de la détresse, ta force est mince  (Proverbes 24 v. 10) ». Même sous la discipline du Père, selon Hébreux 12 v. 5, on peut perdre courage. On sait que la « joie de l’Éternel est votre force  (Néhémie 8 v. 10) », mais cette joie on l’a comme perdue. Il reste un seul, un grand, un merveilleux remède : « Considérez Celui qui a enduré une telle contradiction de la part des pécheurs contre lui-même, afin que vous ne soyez pas las, étant découragés dans vos âmes  (Hébreux 12 v. 3) ». De Moïse il pouvait être dit : « Il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible  (Hébreux 11 v. 27) ». « Considérer Celui qui a enduré »... pas n’est besoin de commentaires, mais d’un long regard, d’une profonde méditation.

Alors on pourra juger le péché d’avoir manqué de foi et de confiance, de s’être laissé abattre par les circonstances ou l’opposition ; on apprendra à voir la main du Père dans l’adversité qui nous a oppressés, et s’abandonnant « aux bras éternels » on recevra la grâce d’une foi fortifiée. Celui qui a passé par de telles expériences peut alors « redresser les mains lassées et les genoux défaillants  (Hébreux 12 v. 12) », comme Paul le faisait sur le navire en détresse (Actes 27) ; ou les frères de Rome à l’égard de Paul lui-même, lorsque prisonnier fatigué et las de la route, il approchait de cette ville qu’il avait tant désiré voir : « Les frères... vinrent au-devant de nous... et Paul, les voyant, rendit grâces à Dieu et prit courage ».

La fornication (Nombres 25.1-5 ; Apocalypse 2.14)
Sombre page de la Parole de Dieu, écrite pourtant pour nous servir d’avertissement ; dans ce domaine plus que dans tout autre, importe l’exhortation : « Que celui qui croit être debout, prenne garde qu’il ne tombe ». Ne disons jamais : « Cela ne m’arrivera pas ». Il y faut toute la puissance de Dieu, et aussi la vigilance, pour ne pas s’engager légèrement dans des circonstances sans issue.

Israël était arrivé à l’ultime étape du voyage ; il habitait en Sittim, d’où, avec Josué, il allait s’ébranler pour traverser le Jourdain. Malgré toutes les chutes et les errements de la route, Satan n’avait pu le détruire, ni amener Dieu à devoir le juger entièrement. La malédiction que Balaam voulait proférer pour une récompense, avait été changée en bénédiction. Que pouvait, à l’instigation de l’ennemi, imaginer ce méchant homme pour perdre le peuple de Dieu et mériter le salaire convoité ? « Balaam enseignait à Balak à jeter une pierre d’achoppement devant les fils d’Israël, pour qu’ils mangeassent des choses sacrifiées aux idoles et qu’ils commissent la fornication  (Apocalypse 2 v. 14) ». Nombres 25 ne mentionne même pas le prophète, mais dans l’ombre il machinait son piège. N’oublions pas qu’aujourd’hui l’ennemi n’a pas changé.

« Le peuple commença... » Quel fut ce début ? Ils acceptèrent l’invitation des jeunes filles de Moab à participer à leurs festins, à sortir avec elles ; « et le peuple mangea, et se prosterna devant leurs dieux. Et Israël s’attacha à Baal-Peor ». L’invitation initiale paraissait bien agréable, mais le chemin est vite descendu vers l’abîme.

Prenons garde aux invitations du monde. Dina, fille de Jacob, croyait ne faire qu’une visite de politesse aux filles de Sichem (Genèse 34) ; bien vite elle a entraîné dans le malheur, et celui aux yeux duquel elle avait plu, toute sa ville, et sa propre famille.

La colère de l’Éternel s’embrase contre Israël. Les chefs du peuple doivent être pendus devant Lui. Les juges doivent tuer leurs hommes qui se sont attachés à Baal-Peor. Phinées transperce la femme impure et le prince de Siméon qui avait outragé le peuple. Ceux qui moururent de la plaie furent vingt-quatre mille. Plus d’alliance avec Madian, mais la guerre (v. 17 et chap. 31).

La tribu de Siméon (25 v. 14), décimée, se verra réduite, au deuxième dénombrement (26 v. 14), à vingt-deux mille deux cents hommes contre cinquante-neuf mille trois cents à Sinaï, avec la lourde conséquence que « à ceux qui sont peu nombreux tu diminueras l’héritage  (26 v. 54) ». Si nous pensons à la « couronne », à la récompense promise dans le ciel à ceux qui sont fidèles, un tel exemple garde toute sa solennité.

Dirons-nous qu’aujourd’hui les choses ont changé, que les relations entre jeunes gens et jeunes filles ne sont plus les mêmes, qu’il faut bien faire comme les autres ? Éphésiens 5 v. 5 et 6 est catégorique à ce sujet : « Que personne ne vous séduise par de vaines paroles (en vous faisant croire que ces procédés ne sont pas si graves) ; car à cause de ces choses, la colère de Dieu vient sur les fils de la désobéissance ». Même sous la grâce, la sainteté de Dieu n’a pas varié ; ce qui touche à la transmission de la vie, tout en étant parfaitement naturel à sa place, garde son caractère sacré.

Proverbes 5 v. 3 à 14 ; 6 v. 24 à 35 et 7, nous donnent dans ce domaine des avertissements qu’il importe de retenir. Ce n’est pas en vain que la Parole met en garde le jeune homme contre « l’étrangère ». Pour commencer, tout est miel, tout est doux, mais « la fin est amère comme l’absinthe ». L’ennemi est habile ; là où il n’a pas réussi à détourner le cœur du Seigneur par l’orgueil ou le découragement, là où l’on a veillé aux murmures, aux plaintes ou à la médisance, il sait encore quel moyen employer. C’est pourquoi : « Éloigne ta voie d’auprès d’elle, ne t’approche point de l’entrée de sa maison ». L’ expérience qui a paru si anodine un soir de désœuvrement, peut entraîner bien plus loin qu’on ne le croyait à première vue. Ensuite c’est l’esclavage. On l’a vu souvent : Les biens servent à rassasier des étrangers (5 v. 10) ; le corps atteint par la maladie « se consume  (v. 11) » ; que de regrets amers de n’avoir « pas écouté la voix de ceux qui instruisaient », et d’être entré « dans toutes sortes de mal au milieu de l’assemblée  (v. 12 à 14) ».

Quel beau contraste nous offrent les versets 15 à 19 de Proverbes 5. Car Dieu veut la joie des siens. Heureux celui qui peut fonder un foyer avec celle qu’il a reçue de la main du Seigneur et pour laquelle il a été gardé pur.

Le récit que la Parole a voulu nous conserver des fils de Ruben et de Gad est un tableau d’un des dangers les plus actuels qui menacent nos familles. Ces tribus possédaient des troupeaux en grandes quantités ; ils constatent que le pays de Galaad est favorable pour les troupeaux ; pourquoi ne pas s’y installer ? D’ailleurs l’Éternel n’avait-il pas frappé ce pays devant l’assemblée d’Israël ? Et de conclure, sans Le consulter : « Que ce pays soit donné en possession à tes serviteurs ; ne nous fais pas passer le Jourdain  (32 v. 5) ».

Quelles furent les conséquences d’un tel choix ? Gad et Ruben risquaient de décourager les fils d’Israël de passer dans le pays que l’Éternel leur avait donné (v. 7). Cela devenait un danger pour tout le peuple (v. 15). Ils entraînent la demi-tribu de Manassé. Lorsque les hommes des deux tribus et demie, en âge de porter les armes, s’engagent à participer à la conquête, ils doivent installer leurs familles en Galaad et en rester séparés pendant des années : « Nos petits-enfants, nos femmes, nos troupeaux et toutes nos bêtes seront là dans les villes de Galaad ; et tes serviteurs, tous équipés pour l’armée, passeront devant l’Éternel pour aller à la guerre ».

Ainsi seuls les pères traversent le Jourdain et vivent la conquête. Ils combattent aux côtés de leurs frères et vont jusqu’au bout de ce qui leur incombe (Josué 22 v. 3). Mais l’ennemi a réussi à séparer les familles. Les femmes, les enfants, les jeunes, restés en Galaad, n’ont jamais traversé le Jourdain avec l’arche, et n’ont pas vécu les péripéties de la victoire. Bien installés en deçà de la frontière, ils jouissent des bénédictions de la providence divine et c’est tout.

Qu’en est-il aujourd’hui ? N’y a-t-il pas deux sortes de christianisme ? L’un « partiel » apprécie les soins de Dieu, son support, son secours, sa bénédiction terrestre, correspondant à la vie au désert, ou même en Galaad. On est heureux d’être sauvé, d’éprouver les bienfaits d’en haut, mais on ne s’est jamais livré à Dieu « comme d’entre les morts étant faits vivants  (Romains 6 et 12) » ; on ignore la portée de l’exhortation de Jésus : « Cherchez premièrement le royaume de Dieu ».

La vraie vie chrétienne implique ce que figurent le Jourdain et le pays. Saisir par la foi notre mort et notre résurrection avec Christ, cette vie nouvelle, vie en abondance, qui ne peut être vécue que par la foi, en s’emparant des bénédictions spirituelles données de Dieu. Il y aura combats, exercices, mais l’on apprendra, étant ressuscité avec Christ, à chercher les choses qui sont en haut, à penser aux choses qui sont en haut. On saura qu’on a dans les cieux un héritage incorruptible, immarcescible, conservé pour nous. On pourra aller au sanctuaire, là où est l’arche, et adorer.

En Josué 22, vient le moment tragique et décisif. Les pères ont combattu et conquis aux côtés de leurs frères. Vont-ils maintenant rejoindre leurs familles en Galaad : « d’auprès des fils d’Israël, de Silo, qui est dans le pays de Canaan, pour aller dans le pays de leur possession  ? (Josué 22 v. 9) ». Ou bien feront-ils venir en Canaan leurs familles jusqu’ici installées en Galaad, selon l’exhortation de Phinées : « Passez dans le pays qui est la possession de l’Éternel, où est le tabernacle de l’Éternel, et ayez votre possession au milieu de nous  (v. 19) ? » Comme cela arrive trop souvent, ce ne sont pas les pères, pourtant plus « spirituels », qui ont prévalu sur la famille ; la famille a prévalu sur les pères !

Ceux-ci retournent en Galaad. Mais ils sentent très bien le danger qui menace leurs enfants. Ils dressent au bord du Jourdain un autel de grande apparence, non pour offrir des sacrifices, mais pour montrer qu’ils conservent les formes du culte de l’Éternel (v. 26 et 27). On n’abandonne pas complètement la Parole ; on la lit encore, on rend grâces à table, on fréquentera occasionnellement le culte ; mais le cœur n’y est plus ; la vitalité s’affaiblit. Une ou deux générations passent, et que reste-t-il ?

Il nous est impossible de donner la vie éternelle à nos enfants, c’est l’œuvre de Dieu ; mais nous pouvons être des obstacles à ce travail divin, par notre attitude, par notre recherche des choses du monde, par notre manque de cœur pour le Seigneur. Les enfants savent très bien voir si les parents « apprécient le pays ».

Quant aux jeunes, qu’ils s’en souviennent : Ce n’est pas d’avoir été élevés dans un foyer chrétien qui les fera « traverser le Jourdain ». Chacun doit en prendre la décision pour lui-même, sous le regard du Seigneur, en suivant l’arche à travers le fleuve de la mort. S’il n’y a pas un renouveau spirituel pour chaque membre de chaque génération, il ne reste bientôt plus que tradition et formes qui s’effacent.

3. Les ressources au désert.

La grande ressource au désert, comme partout d’ailleurs, n’est-elle pas de s’approcher de Dieu ? « Pour moi, m’approcher de Dieu est mon bien  (Psaume 73 v. 28) », disait Asaph, après la terrible épreuve qu’il avait traversée. Cette pensée nous amènera à considérer successivement la prière, la foi, la sacrificature, et les sacrifices au désert. Mais, ressource suprême, Dieu vient aussi à nous, avec ses bénédictions, ses interventions, sa grâce. Ceci formera la fin de nos entretiens.

La prière.

En Hébreux 4, la prière est, après la Parole et la sacrificature de Christ, la troisième ressource donnée à celui qui est en route vers le repos : « Approchons-nous avec confiance du trône de la grâce, afin que nous recevions miséricorde, et que nous trouvions grâce pour avoir du secours au moment opportun  (v. 16) ». Dans les Nombres, elle est essentiellement le fait de Moïse. Il avait avec Dieu une communion merveilleuse ; l’Éternel pouvait dire : « Je parle avec lui, bouche à bouche  (Nombres 12 v. 8) » ; Il s’entretenait avec lui « comme un homme parle avec son ami ».

Un verset nous donne le secret de cette intimité : « Quand Moïse entrait dans la tente d’assignation pour parler avec Lui, il entendait la voix qui lui parlait de dessus le propitiatoire, qui était sur l’arche du témoignage, d’entre les deux chérubins ; et il Lui parlait  (7 v. 89) ». Pensons à Moïse dans la tension continuelle que lui causaient les murmures et les récriminations du peuple, sans parler des devoirs de sa charge, sous lesquels, plus d’une fois, il a soupiré. Voilà que, laissant tout ce qui pesait sur lui, le brouhaha qui l’entourait, la poussière du désert, il pénétrait dans l’ombre du sanctuaire pour parler avec son Dieu. Il « entrait dans le silence », et premièrement écoutait la Voix qui lui parlait de dessus le propitiatoire ; ensuite, mais seulement ensuite, il Lui parlait. Communion bienheureuse de l’âme avec son Dieu, dont le Seigneur Jésus nous a donné le parfait modèle, lorsque se levant longtemps avant le jour, il s’en allait seul à l’écart, ou le soir, solitaire, montait sur la montagne pour prier.

Privilège qui est nôtre aujourd’hui, car nous pouvons chaque jour, en particulier chaque matin, rechercher la présence du Seigneur, écouter sa voix dans sa Parole, et lui dire tout ce que nous avons sur le cœur. La lecture en famille est une chose précieuse et nécessaire, mais rien ne peut remplacer la communion individuelle, journalière, aux pieds de Jésus ; le croyant qui la néglige ne prospérera pas dans sa vie spirituelle et offrira d’autant plus le flanc à l’ennemi.

Tout le long de la course au désert, nous voyons Moïse prier. À Tabhéra, il prie, et l’incendie s’arrête. Pour sa sœur Marie, qui l’a si gravement offensé, il supplie : Ô Dieu, je te prie, guéris-la, je te prie ; après sept jours de discipline, Marie est recueillie. À Kadès, il intercède pour Israël et obtient le pardon de l’Éternel (14 v. 13 à 20). Lors de la rébellion de Coré, il intercède à nouveau, non pour Coré, Dathan et Abiram, mais pour le peuple de l’Éternel qui lui tient si à cœur (16 v. 22). Quand les serpents brûlants mordaient le peuple, à nouveau Moïse prie pour eux (21 v. 7).

Plus d’une fois il tombe sur sa face (14 v. 5 ; 16 v. 4 à 46 ; 20 v. 6), exprimant par là qu’il se rejetait entièrement sur Dieu. Il demande Sa pensée lorsqu’il l’ignore, à propos des personnes impures pour la Pâque (9 v. 28), ou quant aux filles de Tselophkad (27 v. 5). Enfin, quand l’âge est là, et le moment venu de déposer la charge, il prie l’Éternel d’établir sur son peuple « un homme qui sorte devant eux et entre devant eux... et que l’assemblée de l’Éternel ne soit pas comme un troupeau qui n’a pas de berger  (27 v. 16 et 17) ».

S’il est le seul dans les Nombres à prier, combien son intercession fidèle a été en bénédiction à son peuple. Nous ne voyons pas Aaron prier (sauf avec Moïse 16 v. 22), malgré la charge importante dont il était revêtu.

Ne voulons-nous pas entrer plus souvent dans le sanctuaire, écouter la Voix, et Lui parler ?

 

Arthur KatzUn message de Georges André
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