
9. Sermons choisis
Chap: 5 - Le péché de l’incrédulité - Un sage peut sauver une ville entière ; un juste peut délivrer des multitudes. Les croyants sont le sel de la terre : grâce à leur présence au milieu des méchants, ceux-ci sont épargnés.
Si les enfants de Dieu n’agissaient comme un préservatif sur les masses, la race humaine ne subsisterait plus. Dans la ville de Samarie, où nous transporte notre texte, il se trouvait un juste : c’était Élisée, homme de Dieu. La piété avait complètement disparu de la cour. Le roi Joram était un pécheur plongé dans les vices les plus noirs ; ses Iniquités étaient criantes et infâmes.
Il suivait le train d’Achab son père et servait publiquement les faux dieux. Comme leur monarque, les habitants de Samarie avaient été infidèles. Ils avaient abandonné
Jéhovah, et mis en oubli le saint d’Israël. L’antique devise de Jacob : « L’Éternel ton Dieu est le seul Éternel » (Deutéronome 6 v. 4), n’était plus pour eux qu’une lettre morte, et ils ployaient, un genou idolâtre devant les divinités abominables des païens. C’est pourquoi le Dieu des armées livra Israël aux mains de ses oppresseurs ; il permit que Samarie fût investie par une armée étrangère, en même temps que désolée par la plus affreuse famine, en sorte que les malédictions prononcées sur la montagne d’Hébal s’accomplirent à la lettre et que l’on vit bientôt dans les murs de Samarie la femme la plus tendre et la plus délicate, qui n’aurait point essayé de mettre la plante de son pied sur la terre par délicatesse et par mollesse, regarder d’un œil d’envie, ses propres enfants, et, rendue féroce par la faim, dévorer le fruit de ses entrailles (Comparez Deutéronome 28 v. 56 à 58 et 2 Rois 6 v. 24 à 29).
Toutefois, dans cette épouvantable conjoncture, le prophète du Très-Haut devint un instrument de salut pour la coupable cité. Il fut le sel que Dieu employa pour conserver Samarie ; il fut le libérateur de tout un peuple assiégé. À cause d’Élisée, en effet, et par son organe, Dieu promit solennellement que, dès le lendemain, les vivres, qu’on ne pouvait plus obtenir au poids de l’or, seraient vendus à vil prix aux portes mêmes de la ville. Représentez-vous, mes amis, la joie de la multitude en entendant cette prédiction sortir de la bouche du saint homme.
Chacun reconnaissait en lui un prophète de l’Éternel ; ses litres de créance étaient marquées du sceau divin ; tout ce qu’il avait prédit auparavant s’était réalisé : aussi ne pouvait-on douter que dans cette occasion encore il ne parlât au nom de Jéhovah. Sûrement les yeux du monarque durent étinceler de joie et la foule affamée dût bondir d’allégresse, à la perspective d’une si prochaine délivrance. « Dès demain, durent-ils s’écrier tous ensemble, dès demain notre faim sera assouvie ! dès demain nous serons abondamment rassasiés ! »
Mais au milieu du bonheur général, une voix fit entendre des paroles d’incrédulité. Cette voix était celle du capitaine sur qui le roi s’appuyait. Il ne nous est pas dit, remarquons le en passant, qu’un seul homme du commun peuple accueillit la prédiction d’Élisée avec méfiance ; mais un haut personnage osa le faire. C’est une chose étrange, mes chers auditeurs, mais c’est un fait incontestable, que Dieu choisit rarement les grands de ce monde ; il semble, en vérité, que l’élévation et la foi en Christ ne puissent que difficilement s’accorder. « Impossible ! » s’écria l’officier de la cour ; et à l’incrédulité unissant l’ironie, il ajouta : « Quand même l’Éternel ferait des ouvertures aux cieux, cela arriverait-il ? » Voici donc quel fut son péché : il ne crut point à la déclaration du prophète, bien que les miracles précédemment opérés par celui-ci témoignassent de la manière la plus éclatante qu’il était l’envoyé de Dieu.
Sans doute, le capitaine de Samarie avait assisté à la merveilleuse déroute de Moab ; sans doute aussi on lui avait rapporté comment Élisée avait découvert les secrets de Ben-Hadad ; comment il avait frappé d’éblouissement les soldats envoyés pour le prendre ; comment il les avait menés à leur insu jusque dans les murs de Samarie.
On ne peut supposer non plus que la résurrection du fils de la Sunamite, ou l’histoire de cette veuve, dont l’huile, miraculeusement augmentée par l’homme de Dieu, avait suffi pour payer la dette, ne fussent parvenus à sa connaissance ; et quant à la guérison, de Naaman, elle avait certainement dû faire le sujet de tous les entretiens de la cour (2 Rois 3 ; 2 Rois 4 ; 2 Rois 5 ; 2 Rois 6).
Et cependant, en présence d’une telle accumulation d’évidence, en face de ces preuves irrécusables de la mission divine du prophète, le capitaine n’ajouta point foi à sa parole : bien plus, il la tourna en ridicule. Ce fut alors que le Seigneur, par la bouche de celui-là même qui venait de proclamer la délivrance, lui fit entendre son arrêt de condamnation :
« Tu le verras de tes yeux, mais tu n’en mangeras point ». Et la Providence, qui prend toujours soin d’accomplir la prophétie, aussi fidèlement que le papier reproduit les caractères qu’on y imprime, la Providence, disons-nous, fit mourir cet homme. Foulé aux pieds dans les rues de Samarie, il périt aux portes de la ville, ayant contemplé de ses propres yeux l’abondance promise, mais n’en ayant point profité. Les circonstances qui occasionnèrent cette mort tragique nous sont inconnues. Peut-être les manières hautaines et insultantes du malheureux exaspérèrent-elles le peuple ; peut-être voulut-il essayer d’arrêter la foule avide qui se précipitait vers les portes ; peut-être aussi fut-il renversé par un simple accident (comme on s’exprime dans le monde) ; quoi qu’il en soit, une chose demeure certaine, c’est qu’il vécut assez pour voir la prophétie justifiée par l’événement, mais non point assez pour jouir des bienfaits annoncés par cette prophétie.
Je me propose, mes chers auditeurs, d’appeler aujourd’hui votre attention sur deux points principaux : sur le péché dont le seigneur d’Israël se rendit coupable, et sur le châtiment que ce péché lui attira.
Il se peut qu’en traitant mon sujet, je ne ferai plus que rarement allusion à l’homme dont je viens de vous rappeler la saisissante histoire ; néanmoins, j’espère que son cas particulier m’aidera à mieux faire ressortir les vérités générales que je vais vous présenter. Et d’abord, disons encore une fois que le péché de cet homme fut l’incrédulité. Il n’ajouta point foi à la parole de Dieu ; il douta, soit de la véracité, soit de la puissance du Très-Haut.
En d’autres termes, il crut, ou bien que le Seigneur ne tiendrait pas sa promesse, ou bien que la chose promise était en dehors des limites du possible.
Rien n’est complexe comme l’incrédulité ; elle a plus de phases que la lune et plus de nuances que le caméléon. Suivant une croyance populaire, le diable se montrerait tantôt sous une forme et tantôt sous une autre. Ce qui est faux quant à Satan en personne, est parfaitement vrai quant à l’incrédulité, cette fille aînée de Satan. On peut dire d’elle en toute vérité que son nom est Légion, car ses formes sont plusieurs.
Tantôt l’incrédulité m’apparaît déguisée en ange de lumière ; elle se couvre du nom d’humilité et parle à peu près en ces termes : « Dieu me garde de la présomption ! Dieu me garde d’affirmer que le Seigneur me pardonne ; je suis un trop grand pécheur pour oser compter sur sa grâce ! » Souvent les chrétiens eux-mêmes se laissent prendre à cette ruse de Satan, et bénissent Dieu de voir une âme animée de si bons sentiments ; mais pour ma part, bien loin de bénir Dieu, je gémis au sujet de cette âme ; car sous ce manteau emprunté, je reconnais le démon du doute.
D’autres fois, l’incrédulité met en question la fidélité de Dieu : « Il est vrai que le Seigneur m’a aimé, se dit-on ; mais qui sait s’il ne me rejettera pas dans la suite ? Il est vrai qu’hier il m’a secouru, et je me place encore à l’ombre de ses ailes ; mais qui sait si demain il ne m’abandonnera pas ? qui sait s’il se souviendra toujours de son alliance et n’oubliera point d’avoir compassion ? »
D’autres fois encore, l’incrédulité inspire des doutes sur la puissance de Dieu. On rencontre chaque jour sur sa route de nouvelles entraves, on est enlacé dans un filet de difficultés, et on pense dans son cœur : « Sûrement le Seigneur ne saurait nous délivrer ! » On cherche alors à se débarrasser soi-même de son fardeau et parce qu’on ne peut y parvenir, on s’imagine que le bras de Dieu est aussi court que le nôtre et que sa force est aussi faible que la force humaine.
Mais si ces diverses formes d’incrédulité sont dangereuses au plus haut degré, puisqu’elles retiennent tant d’âmes loin de Jésus, et qu’elles les portent à douter de sa puissance ou de son amour, que dire de cette incrédulité hideuse, avouée, révoltante entre toutes, qui, marchant le front haut et sous ses véritables couleurs, blasphème contre Dieu et nie effrontément son existence ? Le déisme, le scepticisme et l’athéisme : tels sont les fruits arrivés à maturité de l’arbre empoisonné du doute ; tels sont les plus terribles éruptions du volcan de l’incrédulité.
Oui, l’on peut dire véritablement qu’elle a atteint sa parfaite stature, qu’elle est parvenue à son apogée, cette incrédulité qui, jetant tout masque et mettant de côté tout déguisement, parcourt insolemment la terre en poussant ce cri de révolte : Il n’y a point de Dieu ! Qui, levant le bras contre Jéhovah, essaie d’ébranler le trône de la divinité, et dans son inconcevable folie, semble n’aspirer à rien moins qu’à faire la loi à Dieu lui-même. Toutefois, mes amis, remarquez-le bien, que l’incrédulité se manifeste sous des formes plus ou moins grossières, plus ou moins adoucies, sa nature n’en demeure pas moins la même : la sève est une, quoique les branches soient variées à l’infini.
Il est dans le monde certaines gens bien étranges, pour dire le moins, qui soutiennent que l’incrédulité n’est pas un péché. Et ce qu’il y a de plus inexplicable, c’est que des personnes, dont les croyances religieuses sont d’ailleurs fort saines, tombent dans cette erreur. Je connais un jeune homme qui entra un jour dans une réunion d’amis et de ministres de l’Évangile, au moment où l’on discutait très sérieusement cette question : « Est-ce un péché de la part de l’homme que de ne pas croire à l’Évangile ? » Étonné au plus haut degré, le jeune homme prit la parole et dit : « Messieurs, suis-je oui ou non en présence de chrétiens ? Croyez-vous à la Bible ou n’y croyez-vous pas ? »
« Il va sans dire que nous sommes chrétiens ! » répondirent tout d’une voix les assistants. « Alors ! » reprit le jeune homme, « pourquoi ces discussions ? L’Écriture ne dit-elle pas expressément que le monde sera convaincu de péché, parce qu’il n’aura pas cru en Christ ? Et ne dénonce-t-elle pas la condamnation à tout pécheur qui refuse de croire au Fils de Dieu ? »
Ce raisonnement, mes frères, ne vous paraît-il pas aussi simple que concluant ? Quant à moi, je l’avoue, je ne puis comprendre que des hommes qui prétendent avoir du respect pour la Parole inspirée n’acceptent pas implicitement ce qu’elle enseigne.
Je ne puis comprendre que sous prétexte de faire accorder la vérité avec je ne sais quelles données de la raison humaine, on ait la hardiesse de s’inscrire en faux contre les déclarations divines. La vérité est une forte tour qui n’a pas besoin d’être étayée par l’erreur.
La Parole de Dieu saura bien rester debout, malgré les attaques de ses ennemis et sans les sophismes de ses prétendus amis. Puis donc que l’Écriture déclare en propres termes que voici la cause de la condamnation. C’est que la lumière est venue dans : le monde et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière ; puisque j’y lis des paroles telles que celles-ci :
Celui qui ne croit point est déjà condamné, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu ; je ne crains pas d’affirmer de la manière la plus positive, avec la Parole de mon Maître, que l’incrédulité est un péché.
Et de bonne foi, est-il besoin de longs arguments pour démontrer cette vérité ? Ne se prouve-t-elle pas d’elle-même à tout esprit rationnel et sans préventions ? Quoi ! N’est-ce point une chose énorme, qu’une créature ose mettre en doute la Parole de Celui qui la forma ? N’est-ce point un crime et une insulte à la Divinité, que moi, misérable atome, grain de poussière perdu dans l’immensité, je donne le démenti au Tout-Puissant ? N’est-ce point le comble de l’arrogance et de l’orgueil, qu’un enfant d’Adam dise en son cœur : « Dieu ! je doute de ta grâce, je doute de ton amour, je doute de ta puissance ! »
Oh ! Mes chers auditeurs, croyez-moi ; quand même il vous serait possible d’amalgamer, pour ainsi dire, les plus honteux forfaits, quand même vous prendriez le meurtre, le blasphème, la convoitise, l’adultère, la fornication, en un mot, tout ce qu’il y a de plus vil, de plus immonde, de plus révoltant sûr la terre, et que de tous ces crimes réunis vous pussiez ne faire qu’un seul crime monstrueux, cette masse hideuse de corruption et de souillure le céderait encore au péché de l’incrédulité. Sans contredit, c’est le péché-roi ; c’est la quintessence de tout ce qui est mal, le principe et le venin de tout vice, la lie de toute méchanceté, le chef-d’œuvre de Satan.
Permettez-moi d’entrer dans quelques développements.
Et d’abord, observez que l’incrédulité peut être appelée, à juste titre, la mère de tous les autres péchés. En effet, il n’est pas de crime qu’elle ne puisse enfanter. C’est à elle que doit être imputée en grande partie la chute de nos premiers parents. Quoi ! demande le Tentateur à Eve, Dieu aurait-il dit : « Vous ne mangerez point de tout arbre du jardin ? » Il insinue habilement un doute dans son âme. « Est-il bien certain qu’une telle défense vous ait été faite ? » semble-t-il lui dire. L’incrédulité fut comme la partie le talus affilé de la lame meurtrière que Satan introduisit dans le cœur d’Eve ; ce fut elle qui ouvrit passage à la curiosité, à la convoitise et à toutes sortes de mauvaises pensées. Et depuis le jour à jamais lamentable où le péché entra dans le monde, et par le péché la mort, qui pourrait dire les iniquités sans nombre auxquelles l’incrédulité a donné naissance ? Tout incrédule est capable de commettre le plus noir des crimes qui ait jamais souillé la terre.
L’incrédulité, mes frères ? C’est elle qui endurcit le cœur de Pharaon, elle qui déchaîna la langue blasphématrice de Rabshaqeh, elle qui devint déicide et crucifia le Roi de gloire ! Et n’est-ce pas l’incrédulité qui chaque jour encore aiguise le couteau du suicide, prépare la coupe empoisonnée, conduit à la potence des milliers de criminels, et fait descendre dans une tombe ignominieuse le pécheur audacieux qui s’élance à la rencontre de son Juge, les mains encore teintes de sang ? Dites-moi qu’un homme est incrédule ; assurez-moi qu’il méprise la Parole de Dieu, qu’il n’ajoute foi ni à ses promesses ni à ses menaces ; et ces prémisses posées, je ne craindrai pas de conclure qu’à moins qu’une puissance préventive extraordinaire ne soit exercée sur cet homme, il se rendra coupable un jour ou l’autre des excès les plus honteux.
L’incrédulité est le Béelzébub des péchés ; comme le prince des démons, elle ne marche jamais seule, mais quand elle pénètre dans un cœur, elle y entraîne toujours à sa suite un long cortège de mauvais esprits. En elle sont renfermés le germe de tous les vices, la semence de toute iniquité ; en un mot, il n’est rien d’odieux, de vil, de dégradant au monde, qui ne soit comme sous-entendu dans ce seul mot : l’incrédulité.
Et c’est ici le lieu de dire que l’incrédulité qui se glisse par moments dans le cœur de l’enfant de Dieu, est absolument de la même nature que celle de l’inconverti. Sans doute, ses conséquences finales seront bien différentes, car l’incrédulité du chrétien lui sera pardonnée… que dis-je ?
Elle lui est déjà pardonnée ! elle a été mise, avec toutes ses transgressions, sur la tête de Celui dont le bouc émissaire était le type ; par conséquent, elle a été expiée et effacée à tout jamais. Néanmoins, je le répète, quant à sa nature, elle ne diffère en rien de toute autre incrédulité. Je dis plus : s’il peut exister un péché plus odieux encore que l’incrédulité du mondain, assurément ce doit être l’incrédulité de l’enfant de Dieu. Qu’un racheté doute de la Parole de son Maître, que celui qui a reçu des témoignages sans nombre de son amour, des gages réitérés de sa miséricorde, éprouve de la défiance envers son Père céleste, oh ! n’est-ce pas là, je le demande, une iniquité à nulle autre pareille ?
Et chez le chrétien non moins que chez le mondain, le manque de foi est la racine de toute sorte de mal. Lorsque je serai parfait dans la foi, je serai parfait à tout autre égard.
J’obéirais toujours aux préceptes de Dieu si je croyais toujours à ses promesses. Je pèche, parce que ma foi est faible. Que je sois pauvre, accablé de soucis, dénué de tout, si je puis avec confiance élever mes mains en haut et dire : L’Éternel pourvoira, on ne me verra jamais recourir à des moyens iniques pour améliorer ma position ; mais si, au contraire, je n’ajoute point foi aux promesses divines, qu’arrivera-t-il ? Peut-être déroberai-je, ou commettrai-je une action déloyale pour échapper aux poursuites de mes créanciers, ou me plongerai-je dans des habitudes d’intempérance pour noyer mes anxiétés.
Ôtez-moi la foi, et mon être moral n’a plus de frein : or, comment maîtriser sans frein ni mors un coursier indocile ? Tel que la fable nous représente le char du soleil conduit par Phaéton, tels serions-nous sans la foi : errant à l’aventure et courant droit à notre perte. Il est donc vrai de dire que l’incrédulité est la mère de tous les vices ; c’est le péché par excellence, car il porte dans son sein tous les autres.
Mais ce n’est pas tout. Non seulement l’incrédulité enfante le péché, mais encore elle le nourrit et l’entretient. Vous êtes-vous jamais demandé, mes chers auditeurs, comment il se fait que les hommes continuent à vivre selon que leur cœur les mène, tout en entendant gronder à leurs oreilles les tonnerres de Sinaï ? Comment se fait-il, par exemple, que lorsqu’un Boanergès (c’est-à-dire fils du tonnerre, Marc 3 v. 17), soutenu par la grâce de Dieu, élève la voix et crie du haut de la chaire de vérité :
Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites dans le livre de la loi pour les faire (Galates 3 v. 10 et Deutéronome 27 v. 26). Comment, dis-je, se fait-il que le pécheur écoute sans trembler les terribles menaces de la justice divine, qu’il reste dans son endurcissement et ne change rien à ses mauvaises voies ? Je vais vous le dire, mes amis ; c’est tout simplement parce que l’incrédulité est au fond de son cœur ; c’est elle qui empêche les menaces de Dieu d’avoir aucune prise sur son âme. Lorsque, nos sapeurs et nos mineurs étaient à l’œuvre devant Sébastopol, ils n’auraient pu, vous le comprenez tous, travailler à découvert en face des remparts de la ville ; aussi, que faisaient-ils ? Ils avaient soin tout d’abord d’élever des retranchements derrière lesquels ils pouvaient défier le feu de l’ennemi et poursuivre sans danger leurs travaux souterrains. Il en est de même de l’inconverti. Son retranchement, à lui, c’est l’incrédulité. Satan lui donne cet abri, afin que les traits de la loi n’atteignent point sa conscience.
Ah ! pécheur, qui aujourd’hui t’enveloppes dans une superbe indifférence, si jamais le Saint-Esprit daigne renverser ton incrédulité, s’il s’adresse enfin à toi avec une démonstration d’esprit et de puissance, avec quelle force la Parole de Dieu saisira alors ton âme ! Du jour où les hommes seraient fermement persuadés que la loi est sainte et que le commandement est saint, juste et bon, qui pourrait assigner des bornes à la puissance de l’Écriture sur leurs cœurs ? Ils se croiraient constamment suspendus au-dessus de l’enfer, ils prendraient au sérieux les menaces divines.
Alors, il n’y aurait plus dans la maison de prière, ni indifférents, ni dormeurs, ni auditeurs inattentifs ; alors, après avoir écouté la Parole, on n’oublierait pas aussitôt quel on est. Oui, je dis ceci avec une pleine conviction, sans l’incrédulité, pas un seul de traits lancés par les redoutables batteries de la loi ne manquerait son but, grand serait le nombre de ceux qui seraient tués par l’Éternel ! (Ésaïe 66 v. 16)
De même, comment se fait-il que les hommes puissent entendre les douces, les touchantes invitations de la croix du Calvaire, sans venir à Christ ? Comment se fait-il que lorsque les prédicateurs de l’Évangile essaient de vous retracer les souffrances inexprimables de Jésus, lorsqu’ils vous parlent de sa passion et de son agonie, et qu’ils terminent par vous dire à tous de la part de Dieu :
Il y a encore de la place ; venez, car tout est prêt, dites, mes chers auditeurs, comment se fait-il, que vos cœurs ne soient pas brisés au-dedans de vous ? Pourquoi ne vous écriez-vous pas en vous frappant la poitrine : « Ô Christ, ta charité profonde touche, pénètre notre cœur ; tu meurs pour les péchés du monde, toi seul es notre Dieu Sauveur ? »
Et pourtant, il me semble que la scène du Calvaire est assez émouvante pour attendrir le marbre le plus dur ! Il me semble que le lugubre drame de Golgotha ferait pleurer les pierres mêmes, et devrait arracher des larmes de pénitence et d’amour au misérable le plus endurci ! Mais voici : nous vous disons et nous vous redisons ces choses ; et où sont-ils ceux qui s’en affligent ? où sont-ils ceux qui pleurent ? Ô humiliante insensibilité du cœur de l’homme ! les rocs eux-mêmes se fendirent en voyant mourir Jésus ; et vous, qui chaque jour le contemplez, pour ainsi dire, crucifié de nouveau sous vos yeux, vous assistez à ce spectacle avec autant d’insouciance que s’il ne vous concernait en rien !
Oh ! vous tous passants, regardez et voyez ; cela ne vous touche-t-il point que Jésus soit mort ? « Non, cela ne nous touche point ! » semblez-vous répondre pour la plupart. Pourquoi en est-il ainsi, mes amis ? Ah ! C’est parce qu’entre vous et la croix de mon Sauveur, il y a des pensées d’incrédulité. Si le voile épais du doute ne vous dérobait pas la figure divine de Jésus, ses regards d’amour fondraient la glace de vos cœurs. Mais l’incrédulité neutralise, en quelque ; sorte, la puissance de l’Évangile ; elle l’empêche d’agir sur l’âme ; et ce n’est que lorsque le Saint-Esprit a chassé cette incrédulité, ce n’est que lorsqu’il a porté un coup mortel au scepticisme naturel au cœur humain, que le pécheur peut s’approcher de Jésus et mettre en lui sa confiance.
Une troisième considération bien propre à nous faire comprendre combien l’incrédulité est odieuse, c’est qu’elle rend incapable de toute bonne œuvre. Ces paroles de l’Apôtre : « Tout ce qui n'est pas le produit d'une conviction est péché » (Romains 14 v. 23), sont vraies dans plus d’un sens. À Dieu ne plaise que je ne déprécie jamais la moralité ! À Dieu ne plaise que je ne parle jamais de la probité, de la tempérance ou de toute autre vertu humaine, autrement qu’avec éloges et respect ! Mais après avoir rendu à ces choses un légitime hommage, savez-vous ce que j’ajouterai ? Le voici.
Toutes les vertus purement humaines, vous dirai-je, sont semblables à ces petits coquillages qui servent de monnaie dans certaines parties de l’Indoustan. Ils ont cours parmi les Indiens, mais en Europe, ils sont sans valeur. De même, les vertus humaines peuvent passer comme monnaie courante ici-bas, mais là-haut, elles n’ont pas cours.
Si vous n’avez quelque chose de plus excellent que votre propre excellence, vous n’entrerez jamais au ciel. Sans doute, si je devais passer ma vie au milieu des peuplades indiennes dont je viens de parler, je m’accommoderais fort bien des coquillages ; mais si je dois me trouver un jour en pays civilisé, une autre monnaie m’est nécessaire. Ainsi, la probité, la tempérance et autres choses semblables sont très bonnes pour la terre, et plus vous les posséderez, mieux cela vaudra. Toutes les choses qui sont justes, pures, aimables et de bonne réputation, je vous exhorte, mes frères, à les rechercher et à les pratiquer ; mais en même temps, je vous le déclare, il vous faut plus que cela pour entrer au ciel.
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