1. Sermons choisis

1. Sermons choisis

Chap: 1 -  Avertissement à ceux qui font profession de piété - Saint Paul nous offre le modèle accompli d’un ministre chrétien. Pasteur vigilant, il se préoccupait sans cesse du troupeau confié à ses soins. Il ne se bornait pas à prêcher l’Évangile et ne croyait pas avoir rempli tout son devoir en annonçant le salut.

« Car il y en a plusieurs qui ont une telle conduite, que je vous ai dit souvent et que je vous le dis maintenant encore en pleurant, qu’ils sont ennemis de la croix de Christ ; dont la fin sera la perdition ; qui ont leur ventre pour Dieu, qui mettent leur gloire, dans ce qui est leur confusion, et qui attachent leurs affections aux choses de la terre » (Philippiens 3 v. 18 et 19). 

Ses yeux étaient toujours ouverts sur les Églises qu’il avait fondées, suivant avec un intérêt jaloux ou leurs progrès ou leur déclin dans la foi. Lorsqu’il dut aller proclamer ailleurs l’Évangile éternel, il ne cessa point de veiller au bien-être spirituel de ces brillantes colonies chrétiennes de la Grèce et de l’Asie-Mineure, qu’il avait semées au milieu des ténèbres du paganisme, et tandis qu’il allumait de nouvelles lampes au flambeau de la vérité, il n’avait gardé de négliger celles qui brûlaient déjà. C’est ainsi que dans notre texte, il donne à la petite Église de Philippes une preuve de sa sollicitude, en lui adressant des conseils et des avertissements.

Et l’Apôtre n’était pas moins fidèle que vigilant. Lorsqu’il voyait du péché dans les Églises, il n’hésitait pas à le leur signaler. Il ne ressemblait point au plus grand nombre de nos modernes prédicateurs, qui se vantent de n’avoir jamais été personnels ou blessants, et qui mettent ainsi leur gloire dans ce qui est leur confusion.

Eussent-ils été fidèles, eussent-ils exposé sans ménagements tout le conseil de Dieu, ils auraient infailliblement, une fois ou l’autre, blessé la conscience de leurs auditeurs. Paul agissait tout différemment : il ne craignait pas d’attaquer de front les pécheurs, et non seulement il avait le courage de déclarer la vérité, mais il savait au besoin insister sur cette vérité : « Je vous l’ai dit souvent et je vous le dis maintenant encore, que plusieurs parmi vous sont ennemis de la croix de Christ ».

Mais si, d’une part, l’Apôtre était fidèle, de l’autre, il était plein de tendresse. Il aimait véritablement, comme tout ministre de Christ devrait le faire, il aimait véritablement les âmes dont il avait charge. S’il ne pouvait souffrir qu’aucun membre des Églises placées sous sa direction s’écartât de la vérité, il ne pouvait non plus les reprendre sans verser des larmes. Il ne savait pas brandir la foudre d’un œil sec, ni dénoncer les jugements de Dieu d’un ton froid et indifférent. Des pleurs jaillissaient de ses yeux, tandis que sa bouche prononçait les plus terribles menaces, et quand il censurait, son cœur battait si fort de compassion et d’amour, que ceux-là mêmes auxquels il s’adressait ne pouvaient douter de l’affection qui lui dictait ses censures : « Je vous l’ai dit souvent et je vous le dis maintenant encore en pleurant ».

Mes bien-aimés, l’avertissement solennel que Paul adressait autrefois aux Philippiens dans des paroles de mon texte, je viens vous le faire entendre aujourd’hui à vous-mêmes. Et cet avertissement, je le crains, est non moins nécessaire de nos jours que du temps de l’Apôtre, car de nos jours, comme alors, il y en a plusieurs dans les Églises dont la conduite témoigne hautement qu’ils sont ennemis de la croix de Christ. Que dis-je ? Le mal, bien loin de diminuer, me semble gagner chaque jour du terrain.

Il y a dans notre siècle un plus grand nombre de personnes qui font profession de piété que dans celui de saint Paul, mais il y a aussi plus d’hypocrites. Nos Églises, je le dis à leur honte, tolèrent dans leur sein des membres qui n’ont aucun droit à ce titre, des membres qui seraient fort bien placés dans une salle de festin ou dans tout autre lieu de dissipation et de folie, mais qui jamais ne devraient tremper leurs lèvres dans la coupe sacramentelle ou manger le pain mystique, emblème des souffrances de notre Seigneur.

Oui, en vain chercherait-on à se le dissimuler, il en est plusieurs parmi nous (et si tu revenais, à la vie, ô Paul ! combien ne te sentirais-tu pas pressé de nous le dire, et quelles larmes amères ne verserais-tu pas en nous le disant !), il en est plusieurs parmi nous qui sont ennemis de la croix de Christ, et cela parce qu’ils ont leur ventre pour Dieu, qu’ils attachent leurs affections aux choses de la terre, et que leur conduite est en complet désaccord avec la sainte loi de Dieu.

Je me propose, mes frères, de rechercher avec vous la cause de la douleur extraordinaire de l’Apôtre. Je dis : douleur extraordinaire, car l’homme que mon texte nous représente comme versant des larmes, n’était pas, vous le savez, un de ces esprits faibles, d’une sensibilité maladive et toujours prêts à s’émouvoir. Je ne lis nulle part dans l’Écriture que l’Apôtre pleura sous le coup de la persécution.

Lorsque, selon l’expression du Psalmiste, l’on traçait des sillons sur son dos, lorsque les soldats romains le lacéraient de leurs verges, je ne sache pas qu’une seule larme ne soit échappée de ses yeux. Était-il jeté en prison ? Il chantait et ne gémissait pas. Mais si jamais Paul ne pleura par suite des souffrances auxquelles il s’exposait pour l’amour de Christ, il pleura, nous le voyons, en écrivant aux Philippiens. La cause de ses larmes était triple : il pleurait d’abord, à cause : du péché de certains membres de l’Église ; en second lieu, à cause des fâcheux effets de leur conduite, et enfin, à cause du sort qui les attendait.

1. D’abord, nous avons dit. 

Paul pleurait à cause du péché de ces formalistes qui, bien que faisant extérieurement partie d’une Église chrétienne, ne marchaient pas de droit pied devant Dieu, et devant les hommes. Et remarquez l’accusation qu’il porte contre eux : Ils ont leur ventre pour Dieu, écrit-il. Leur sensualité : tel est donc le premier péché que leur reproche l’Apôtre.

Il y avait, en effet, dans l’Église primitive, des gens, qui, après s’être assis à la table du Seigneur, allaient participer aux banquets des païens, et là, se livraient sans contrainte aux excès du manger et du boire. D’autres, s’abandonnant aux abominables convoitises de la chair, se plongeaient dans ces plaisirs (faussement ainsi nommés), qui non seulement perdent l’âme, mais qui infligent au corps lui-même son juste châtiment. D’autres encore, sans tomber dans d’aussi honteux débordements, se préoccupaient beaucoup plus de la parure du dehors, que de celle du dedans, de la nourriture de l’homme extérieur que de la vie de l’homme intérieur ; en sorte que tout autant que les précédents, quoique d’une autre manière, ils se faisaient un Dieu de leur ventre.

Eh bien, mes chers auditeurs, je vous le demande, ce grave reproche de l’Apôtre nous est-il moins applicable qu’à l’Église de Philippes ? Nous serait-il impossible de trouver parmi les membres de nos troupeaux des personnes qui déifient en quelque sorte leur propre chair, qui se rendent à elles-mêmes un culte idolâtre, qui s’inclinent devant la partie la plus grossière, la plus matérielle de leur être ? N’est-il pas notoire, n’est-il pas incontestable, au contraire, qu’il est des hommes faisant profession de piété qui caressent leur chair, qui flattent leurs appétits sensuels tout autant que des mondains déclarés pourraient le faire ? 

N’y en a-t-il pas qui sont amateurs des plaisirs de la table, qui se délectent dans le bien-être, dans le luxe, dans les voluptés de la vie présente ? N’y en a-t-il pas qui dépensent sans scrupule toute une fortune pour l’ornement de leur corps périssable, sans songer qu’en se parant ainsi eux-mêmes, ils déparent la cause du Sauveur qu’ils prétendent  servir ? N’y en a-t-il pas dont l’affaire de tous les instants consiste à rechercher leurs aises, et dont la chair et le sang n’ont jamais eu lieu de se plaindre, car non seulement ils en sont les esclaves, mais encore ils en font leur Dieu ?

Ah ! mes frères, il y a de grandes taches dans l’Église, il y a de grands scandales. Des brebis polluées se sont introduites dans le troupeau. De faux frères se glissent parmi nous, comme des serpents sous l’herbe, et le plus souvent, on ne les découvre que lorsqu’ils ont infligé une douloureuse blessure à la religion et occasionné un sérieux dommage à la glorieuse cause de notre Maître. Je le répète avec une profonde tristesse, mais avec une pleine conviction, il y en a plusieurs dans nos Églises (et je parle également des Églises dissidentes et de l’Église établie) (M. Spurgeon lui-même appartient à une Église dissidente) auxquels ne s’appliquent que trop bien ces sévères paroles de l’Apôtre : Ils ont leur ventre pour Dieu.

Un second reproche que Paul adressait aux prétendus chrétiens de Philippes, était qu’ils attachaient leurs affections aux choses de la terre.

Mes bien-aimés, il se peut que l’accusation précédente n’ait pas atteint vos consciences ; mais, en présence, de celle-ci, il me semble bien difficile que vous puissiez trouver une échappatoire. Il y a plus : j’affirme que le mal signalé ici par l’Apôtre a envahi de nos jours la majeure partie de l’Église de Christ. Pour s’en convaincre, il suffit d’ouvrir les yeux à l’évidence.

Ainsi, par exemple, c’est une anomalie, mais c’est un fait qu’il existe aujourd’hui des chrétiens ambitieux. Le Sauveur a déclaré, il est vrai, que celui qui veut être élevé doit s’abaisser lui-même ; aussi, pensait-on autrefois que le chrétien était un homme simple, modeste, s’accommodant aux choses basses ; mais dans notre siècle, il n’en est plus ainsi.

Parmi les prétendus disciples de l’humble Galiléen, il est, au contraire, des gens qui aspirent à parvenir au premier échelon des grandeurs humaines, et dont l’unique pensée est, non de glorifier Christ, mais de se glorifier eux-mêmes à tout prix.

C’est ainsi encore… (honte à vous, ô Églises !) que nous comptons dans nos rangs des personnes qui, tout en ayant certaines apparences de piété, ne sont pas moins mondaines que les plus mondains, et qui ne savent pas plus ce qu’est l’Esprit de Christ que les plus charnels des gens du dehors.

C’est ainsi également qu’il y a des chrétiens avares. Sans doute, c’est encore un paradoxe : autant vaudrait parler, ce semble, de la souillure des séraphins ou de l’imperfection de la perfection que de l’avarice d’un disciple de Jésus ; et pourtant (j’en appelle à chacun de ceux qui m’entendent), ne rencontre-t-on pas tous les jours des soi-disant chrétiens dont les cordons de bourse ne se délient que difficilement au cri du pauvre, qui décorent leur amour de l’argent du nom de prudence, et qui, au lieu de faire servir leurs biens à l’avancement du règne de Christ, ne pensent qu’à thésauriser ! 

Je vais plus loin, et je dis que si l’on veut trouver des hommes inflexibles en affaires, avides de s’enrichir, durs envers leurs créanciers, des hommes rapaces, sordides, déloyaux, qui, à l’exemple des Pharisiens d’autrefois, ne se font pas scrupule de dévorer les maisons des veuves, je dis que si l’on veut trouver de tels hommes, c’est souvent au sein de nos Églises qu’il faut aller les chercher. Mes frères, cet aveu, je rougis de le faire, mais je le dois, car c’est la vérité.

Oui, parmi les membres les plus considérés de nos troupeaux, parmi ceux-là même qui occupent des charges ecclésiastiques au milieu de nous, vous en trouverez qui attachent leurs affections aux choses de la terre, et qui ne possèdent absolument rien de cette vie cachée avec Christ en Dieu, sans laquelle il n’existe point de vraie piété. Ai-je besoin de l’ajouter ? ces grands maux ne sont pas les fruits d’une saine religion, mais bien ceux d’un vain formalisme. Dieu en soit béni, le résidu des élus est préservé de ces funestes tendances, mais la masse des chrétiens de nom qui envahit nos Églises, en est atteinte d’une manière déplorable.

Un dernier trait par lequel l’Apôtre caractérise les faux frères de Philippes est celui-ci :

Ils mettent leur gloire dans ce qui est leur confusion. C’est bien là, en effet, une disposition naturelle au formaliste. Il tire vanité de ses péchés mêmes ; bien plus : il les appelle des vertus. Son hypocrisie est de la droiture ; son faux zèle, de la ferveur. Les subtils poisons de Satan, il les revêt de l’étiquette des salutaires remèdes de Christ. Ce qu’il nommerait vice chez les autres, il le nomme qualité chez lui-même. S’il voyait son prochain commettre la même action qu’il vient d’accomplir tout à l’heure, si la vie de celui-ci offrait l’image parfaite de la sienne propre, oh ! Comme il tonnerait contre lui ! Son empressement à s’acquitter des devoirs extérieurs de la religion est exemplaire ; il est le plus strict des sabbatistes, le plus scrupuleux des Pharisiens, le plus austère des dévots. S’agit-il de relever la moindre faiblesse dans la conduite d’autrui, nul ne le dépasse en habileté ; et tandis qu’il caresse tout à son aise son péché favori, il ne regarde les fautes de ses frères qu’à travers un verre grossissant. Quant à sa conduite à lui, elle n’est du ressort de personne.

Il peut pécher avec impunité ; et si son pasteur se hasardait à lui adresser quelques observations, il s’indignerait et crierait à la calomnie. Les remontrances pas plus que les avertissements ne l’atteignent. N’est-il pas un membre de l’Église ? N’en accomplit-il pas exactement les rites et les ordonnances ? Qui oserait mettre en doute sa piété ?

Oh ! mes frères, mes frères, ne vous faites, point illusion ! Beaucoup de prétendus membres de l’Église seront un jour membres de l’enfer. Beaucoup d’hommes admis dans l’une ou l’autre de nos communions chrétiennes, qui ont reçu les eaux du baptême, qui s’approchent de nos tables sacrées, qui peut-être même ont la réputation d’être vivants, n’en sont pas moins, sous le rapport spirituel, aussi morts que des cadavres dans leurs sépulcres. Il est si facile aujourd’hui de se faire passer pour un enfant de Dieu ! 

En fait de renoncement, d’amour pour Christ, de mortification de la chair, on est peu exigeant, apprenez seulement quelques cantiques, débitez quelques banalités pieuses, quelques phrases de convention, et vous en imposerez aux élus mêmes. Attachez-vous à une Église quelconque ; conduisez-vous extérieurement de telle sorte qu’on puisse vous dire respectable, et si vous ne parvenez pas à tromper les plus clairvoyants, du moins vous aurez une réputation de piété assez bien établie pour vous permettre de marcher, le cœur léger et la conscience à l’aise, dans le chemin de la perdition…

Je le sais, mes bien-aimés, je dis des choses dures, mais ce sont des choses vraies, c’est pourquoi je ne puis les taire. Mon sang bouillonne quelquefois dans mes veines, lorsque je rencontre des hommes dont la conduite me fait honte, à côté desquels j’oserais à peine m’asseoir, et qui pourtant me traitent avec assurance de « Frère ». Quoi ? ils vivent dans le péché, et ils nomment un chrétien leur frère ! Je prie Dieu de leur pardonner leur égarement ; mais je le déclare, je ne puis en aucune façon fraterniser avec eux ; je ne le veux même pas, jusqu’à ce qu’ils se conduisent d’une manière digne de leur vocation.

Assurément, tout homme qui se fait un Dieu de son ventre et qui met sa gloire dans ce qui est sa confusion, est bien coupable ; mais lorsque cet homme se drape du manteau de la religion, lorsqu’il connaît la vérité, qu’il l’enseigne même au besoin, qu’il fait ouvertement profession d’être un serviteur de Christ, combien n’est-il pas plus coupable encore !

Concevez-vous, mes frères, un crime plus épouvantable que celui de l’audacieux hypocrite qui, mentant à Dieu et à sa conscience, déclare solennellement qu’il appartient au Seigneur et que le Seigneur lui appartient, puis qui s’en va vivre comme vit le monde, marche suivant le train du présent siècle, commet les mêmes injustices, poursuit les mêmes buts, use des mêmes moyens que ceux qui ne se sont jamais réclamés du nom de Christ ? Ah ! s’il y avait dans cette assemblée quelqu’un qui dut s’avouer que ce péché est le sien, qu’il pleure, oui, qu’il pleure des larmes de sang, car l’énormité de son forfait est plus grande qu’on ne saurait dire !

2. Mais l’Apôtre pleurait. 

Comme nous venons de le voir, à cause du péché de ces hommes qui n’avaient de chrétien que le nom, il pleurait plus encore peut-être à cause des fâcheux effets de leur conduite, car il ajoute ce mot si énergique dans sa brièveté : Ils sont ennemis de la croix de Christ. Oui, tu dis vrai, ô Paul ! Sans doute, le sceptique, l’incrédule sont des ennemis de la croix de ton Maître ; le blasphémateur, le profane, le sanguinaire Hérode le sont aussi ; mais les ennemis par excellence, de cette croix sacrée, les soldats d’élite de l’armée de Satan, ce sont ces chrétiens pharisaïques, blanchis au dehors d’une couche de piété, mais remplis au dedans, de toute sorte de pourriture.

Oh ! il me semble qu’à l’exemple de l’Apôtre, tout enfant de Dieu devrait verser des larmes brûlantes, à la pensée que les plus rudes coups portés à l’Évangile lui viennent de ceux-là mêmes qui s’en disent les disciples. Il me semble qu’il devrait éprouver une douleur à nulle autre pareille en voyant Jésus blessé chaque jour par ceux qui prétendent être à lui. Regardez ! Voici : mon Sauveur qui s’avance, les pieds et les mains ensanglantés…

  • « Oh ! mon Jésus, mon Jésus ! Qui a fait couler de nouveau ton sang ? Que signifient ces blessures ? Pourquoi as-tu l’air si triste ? »
  • « J’ai été blessé, répond-il, et où penses-tu que j’aie reçu le coup ?
  • « Sûrement, Seigneur ; tu as été blessé dans la maison d’intempérance ou de débauche, tu as été blessé au banc des moqueurs ou dans l’assemblée des impies ! »
  • « Non, dit Jésus ; j’ai été blessé dans la maison de mes amis (Zacharie 8 v. 6) ; ces plaies m’ont été faites par des hommes qui portent mon nom, s’assoient à ma table et parlent mon langage.

 Ce sont eux qui m’ont percé, qui m’ont crucifié de nouveau, qui m’ont livré à l’ignominie… … »

Percer Christ, le livrer à l’ignominie tout en faisant profession d’être à lui ! ne semble-t-il pas, mes chers auditeurs, qu’un péché si odieux ne devrait pas exister ? Toutefois ; hélas, il est plus commun qu’on ne pense.

L’histoire rapporte que César, expirant sous les coups de ses meurtriers ne perdit son empire sur lui-même que lorsqu’il vit son ami Brutus s’avancer pour le frapper à son tour. « Et toi, Brutus ! » s’écria-t-il alors, et se couvrant la tête de son manteau, il pleura. De même, mes frères, si Christ apparaissait au milieu de cette assemblée, ne pourrait-il pas dire à plusieurs d’entre vous, en se voilant la face de tristesse, ou plutôt en faisant éclater sa juste indignation : « Et toi, qui t’es introduit dans mon Église, et toi qui te dis mon disciple, me frappes-tu aussi ? »

Si je dois être vaincu dans la bataille, que ce soient mes opposants qui me vainquent, mais que du moins mes alliés ne me trahissent pas. Si la citadelle que je suis prêt à défendre jusqu’à mon dernier soupir doit être prise, que l’ennemi y entre en marchant sur mon cadavre, mais encore une fois, que mes amis ne me trahissent pas. Ah ! si le soldat qui combat à mon côté me vendait à mes adversaires, mon cœur serait deux fois   brisé ; il le serait d’abord par la défaite, et ensuite par la trahison.

Lors des guerres religieuses, que nos frères d’Helvétie eurent à soutenir pour le maintien de leurs libertés, une poignée de protestants défendaient vaillamment un défilé contre un corps d’armée considérable. Quoiqu’ils eussent vu leurs frères, leurs amis, tomber à leurs côtés, quoiqu’eux-mêmes fussent épuisés de fatigue et prêts à défaillir, ils n’en continuaient pas moins à combattre, avec une intrépidité héroïque. Mais soudain, un cri se fait entendre, un cri perçant, un cri terrible ! L’ennemi gravit une éminence, et va envelopper la petite bande des réformés. À cette vue, leur chef frémit d’indignation ; il grince des dents, il frappe du pied, car il a compris qu’un traître, qu’un lâche protestant a dû vendre ses frères à leurs implacables ennemis.

Se tournant alors vers ses gens : « En avant ! » s’écrie-t-il, du ton d’un homme qui n’espère plus. Et comme des lions qui fondent sur leur proie, ces braves s’élancent au-devant de leurs ennemis, prêts maintenant à mourir, puisqu’un des leurs les a trahis ! »

Mes frères, c’est un sentiment de cette nature qui s’empare du courageux soldat de la croix, quand il voit un de ses compagnons de service déshonorer le drapeau de son divin Chef et trahir sa sainte cause. Pour ma part, je n’hésite pas à le dire, ce que je crains, ce ne sont pas les ennemis déclarés, ce sont les faux amis. Qu’il y ait mille démons hors de l’Église plutôt qu’un seul dans son sein ! Ne nous inquiétons pas des attaques de ceux du dehors ; mais prenons garde, oh ! prenons garde à ces loups ravissants qui viennent à nous en habits de brebis. C’est contre eux que les ministres de la Parole doivent dénoncer avec une sainte colère les terribles jugements de Dieu ; c’est sur eux qu’ils doivent verser les plus amères de leurs larmes, car ils sont les plus dangereux ennemis de la croix de Christ.

Mais précisons davantage et indiquons sommairement quelques-uns des fâcheux effets qui résultent de la présence des formalistes dans l’Église.

 

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