La bénédiction de la Pentecôte.3
Qu'est-ce qui rendait les disciples capables de servir comme de récipients de ces dons célestes ou de temples du Dieu trois fois saint ? La réponse à cette question nous aidera à savoir ce que nous avons à faire nous-mêmes.
C'est d'en haut qu'est venu la plénitude du Saint-Esprit.
« Si vous m'aimez, gardez mes commandements. Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous, l'Esprit de vérité » (Jean 14 v. 15 à 17). La nature d'un arbre ou de n'importe quel être vivant correspond nécessairement à celle de la semence qui l'a produit ; elle ne saurait changer. Ainsi l'Eglise de Christ doit toujours en revenir à ce don de l'Esprit qu'elle a reçu le jour de sa naissance, comme étant la norme de sa vie et de toute sa croissance. Il nous faut considérer les premiers disciples comme nos précurseurs et nos modèles.
Or, qu'est-ce qui les rendait capables de servir comme de récipients de ces dons célestes ou de temples du Dieu trois fois saint ? La réponse à cette question nous aidera à savoir ce que nous avons à faire nous-mêmes pour être remplis du Saint-Esprit.
1. Avant tout, ils étaient profondément attachés au Seigneur Jésus.
Le Fils de Dieu est venu dans le monde établir une synthèse entre la nature divine et la nature humaine, de façon à permettre à la vie divine de pénétrer la vie humaine. Lorsqu'il eut accompli cette œuvre dans sa propre personne par son obéissance, par sa mort et par sa résurrection, il fut élevé jusqu'au trône de Dieu, afin de pouvoir de là communiquer à ses disciples et à son Eglise sa puissance spirituelle, en les faisant jouir de la présence souveraine de Dieu venant demeurer en eux.
Il est écrit que « l'Esprit n'était pas encore, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié » (Jean 7 v. 39). Ce ne fut qu'après sa glorification que le Saint-Esprit, en tant que l'Esprit divin uni à l'humanité, put être donné aux hommes. Ainsi à la Pentecôte, ce fut l'Esprit de Jésus glorifié qui de la Tête descendit dans le corps et dans chacun de ses membres.
Il va sans dire que, puisque c'est en Jésus qu'habite la plénitude de l'Esprit, la première condition pour y avoir part est une communion personnelle avec notre Sauveur. C'est à cela que tendaient les étroites relations de Jésus avec ses disciples pendant tout son ministère ici-bas. Il voulait les amener à se sentir un avec lui, à s'identifier autant que possible avec lui.
Il se dégage de là une leçon bien simple, mais importante. On voit des croyants pleins de zèle, ardemment désireux d'être saints, se consumer en vains efforts. Ils semblent n'avoir pas compris la promesse du Père. Ce qui leur manque, c'est cette communion intime avec Jésus, l'ami suprême, le maître bien-aimé, qui était si frappante chez les premiers disciples. On ne peut espérer la plénitude de l’Esprit tant que le cœur n’est pas occupé tout entier du Seigneur Jésus.
2. Ils avaient tout quitté pour Jésus.
« Rien pour rien ». Vérité profonde : un cadeau qui m'oblige envers celui qui me l'a donné me coûte peut-être plus même qu'il ne vaut. Les paraboles de la perle de grand prix et du trésor caché nous enseignent que nous ne pouvons entrer en possession du royaume de Dieu qu'au prix de tout ce que nous avons. Et Jésus revient constamment sur cette nécessité de renoncer à tout pour le suivre. Les deux mondes entre lesquels nous nous mouvons sont si opposés l'un à l'autre, et celui dans lequel nous devons vivre, du fait de notre nature, exerce sur nous une telle influence qu'il est souvent nécessaire de nous en retirer par un sacrifice total. C'est ainsi que Jésus apprenait à ses disciples à désirer de tout leur cœur le don céleste promis.
Pour nous détacher du monde, le Seigneur n'a rien précisé concernant ce à quoi il faut renoncer ; il dit à tout sans entrer dans des détails. Il s'est borné à dire et à redire qu'on ne peut réellement progresser sans sacrifice, sans séparation et abandon décidés du monde. Nous sommes tellement imprégnés de l'esprit de ce monde que nous ne nous en apercevons même pas, oubliant ou ignorant que nous ne pouvons être remplis de l'Esprit tant que nous nous cherchons nous-mêmes.
Apprenons des premiers disciples qu'on ne peut être rempli de l'Esprit céleste qu'à la condition de rompre avec les enfants du monde et avec les chrétiens mondains. Il nous faut être disposés à adopter un genre de vie différent de celui de tout le monde, comme représentants du ciel, puisque nous avons reçu l'Esprit du Roi des cieux.
3. Ils en avaient fini avec toute confiance en eux-mêmes ou en l'homme.
Nous avons deux grands ennemis par lesquels le diable nous tente, le monde et notre « moi » ; et ce dernier est le plus dangereux, et de beaucoup. On peut être bien avancé dans le détachement du monde alors qu'on vit encore entièrement de sa vie propre. Ainsi, au moment où Pierre, par exemple, pouvait dire : « Nous avons tout quitté pour te suivre » (Matthieu 19 v. 27), combien il était encore plein de lui-même.
Dès leur vocation, le Seigneur avait demandé à ses disciples d'abandonner leurs biens terrestres pour le suivre. Mais il ne tarda pas à leur apprendre aussi qu'ils ne seront dignes de recevoir sa vie que s'ils perdent la leur et se renient eux-mêmes ; qu'ils doivent même agir comme s'ils haïssaient père et mère, et jusqu'à leur propre vie, si c'est nécessaire. L'amour du « moi » était un obstacle plus difficile à vaincre que l'amour du monde ou que les affections de la famille. La vie propre est la vie naturelle du pécheur. Il n'y échappe que par la mort, la mort à soi-même, première condition de la vie nouvelle qui émane de Dieu.
Tandis que le renoncement au monde commença pour les disciples dès leur vocation, ce n'est qu'à la croix qu'eut lieu leur mort à eux-mêmes, lorsqu'ils virent s'effondrer toutes leurs espérances terrestres, avec toute leur confiance en eux-mêmes. Cet effondrement même, en brisant leur cœur, allait être le point de départ, de leur mort à eux-mêmes, nécessaire pour qu'ils pussent recevoir une chose toute nouvelle, une vie divine implantée dans le tréfonds de leur âme par l'Esprit de Jésus glorifié.
Ah ! si nous comprenions mieux que rien ne nous entrave comme de chercher en nous ou autour de nous quelque point d'appui secourable ! Tandis que, pour nous amener à une entière consécration et pour nous mettre en possession du don céleste, il n'y a pas de chemin plus sûr que celui qui passe par l'absolue désespérance de nous-mêmes et de tout appui humain.
4. Ils reçurent et serrèrent dans leurs cœurs la promesse que le Seigneur Jésus leur donnerait l'Esprit.
On se rappelle cette promesse solennelle de la dernière soirée dans la chambre haute : le consolateur qu'il leur enverrait du ciel leur vaudrait mieux encore que la présence corporelle de leur maître. Ce serait le plein accomplissement de la rédemption qu'il voulait opérer, puisqu’ainsi la vie divine demeurerait en eux, lui-même avec le Père. Le miracle inouï, le mystère des siècles deviendrait leur partage. Ils sauraient de façon certaine qu'ils seraient en lui et lui en eux. Et cette promesse fut encore le sujet de ses dernières paroles au moment de son ascension.
Sans doute, les disciples n'avaient qu'une idée bien vague de ce qu'elle signifiait. Mais ils ne s'y cramponnaient pas moins ; ou plutôt la promesse les étreignait, et ils ne pouvaient s’en défaire. Ils n'avaient plus qu'une pensée : quelque chose nous a été promis par le Seigneur, quelque chose qui nous rendra participants de sa puissance céleste et de sa gloire ; et nous sommes sûrs de n'être pas déçus. Ce que ce serait et ce qu'ils éprouveraient, ils n'auraient su le dire. Il leur suffisait d'avoir la parole du maître : à lui d'en faire une réalité bénie en eux.
Voilà précisément les dispositions qu'il nous faut avoir. La promesse est pour nous comme pour eux : « Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive jailliront de son sein » (Jean 7 v. 38). Nous n'avons comme eux qu'à nous en emparer, prêts à tout, pour en obtenir l'accomplissement.
5. Ils attendirent, en comptant sur le Père, que la promesse s'accomplit, jusqu'à ce qu'ils fussent remplis du Saint-Esprit.
Les dix jours d'attente se passèrent « continuellement dans le temple », où ils « louaient et bénissaient Dieu », « persévérant d'un commun accord dans la prière ». Ce n'est point assez d'essayer de renforcer notre désir et de ne pas laisser faiblir notre confiance. L'important est de nous maintenir en étroite communion avec Dieu, puisque c'est de lui que doit nous venir le don attendu, produit merveilleux de sa toute-puissance et de son amour. Ce que nous attendons, ce n'est pas moins que la présence personnelle et constante en nous de Dieu le Saint-Esprit. C'est à Dieu lui-même de nous l'accorder.
Quand un homme donne à quelqu'un un morceau de pain ou une pièce de monnaie, il n'a plus à s'en occuper après. Il n'en est pas de même du don de l'Esprit : Dieu est dans l'Esprit, comme il était en Christ. La communication de l'Esprit est l'acte le plus personnel de la Divinité : c'est Dieu se donnant lui-même à nous. C'est dans la communion la plus intime avec Dieu que nous pouvons le recevoir.
Plus nous nous pénétrerons de cette vérité, plus nous sentirons vivement le néant de nos propres efforts pour obtenir cette bénédiction. Ils ne peuvent aboutir qu'à l'aveu le plus confus de notre impuissance absolue. Il ne nous restera que la pure grâce de Dieu et sa toute-puissance pour nous conférer cette faveur suprême. Gardons seulement la paisible assurance que le Père est désireux de nous l'accorder, qu'il ne nous fera pas attendre un instant de plus que ce ne sera nécessaire, et que jamais une âme qui persévère à attendre dans une attitude d'humble dépendance et de renoncement à soi ne sera déçue dans son espoir d'être remplie de la gloire de Dieu.
Un message de Andrew Murray
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