La vie plus profonde.3
Les dons de l’esprit sont-ils pour nous aujourd’hui ? - Il est certain que Dieu accorde encore maintenant les dons de l’Esprit à quiconque est prêt à les recevoir et dans la mesure où il remplit, même imparfaitement, ses conditions.
« En ce qui concerne les dons spirituels, frères, je ne veux pas vous laisser dans l’ignorance », écrivait Paul aux Corinthiens (1 Corinthiens 12 v. 1). Paul ne voulait certainement pas dire là quelque chose de désobligeant. Animé d’une grande charité pour ses frères en la foi, il exprimait plutôt son souci de les garder de l’ignorance ou de l’erreur au sujet d’une vérité aussi importante que celle-ci.
Pendant un certain temps, il a été évident que nous, évangéliques, nous n’avons pas su utiliser les profondes richesses de la grâce que Dieu nous a destinées. Nous avons donc souffert grandement, même tragiquement. Un des trésors bénis qui nous a manqué est le droit de posséder les dons de l’Esprit comme le Nouveau Testament l’expose, avec tant de clarté et de façon aussi complète.
Cependant, avant d’aller plus loin, je veux qu’il soit bien entendu que je n’ai jamais été d’un autre avis sur cette question. Ce que j’écris ici, je le crois depuis de nombreuses années. Aucune expérience spirituelle récente n’a modifié mes croyances, d’aucune manière. J’ai simplement rassemblé des vérités auxquelles j’ai adhéré au cours de tout mon ministère public, et que j’ai prêchées fidèlement, là où je sentais que mes auditeurs pouvaient les recevoir.
Au cours de ces dernières années, on a pu noter parmi les chrétiens trois attitudes différentes à l’égard des dons spirituels :
Premièrement, il y a ceux qui exaltent les dons de l’Esprit, au point qu’ils ne conçoivent pratiquement rien d’autre.
Deuxièmement, il y a ceux qui nient que les dons de l’Esprit sont pour l’Église, dans cette période de son histoire.
Troisièmement, il y a ceux que cette question gêne profondément et qui n’ont pas envie d’en discuter.
Plus récemment, nous avons eu connaissance d’un autre groupe, si peu nombreux qu’on peut à peine le classer. Il comprend ceux qui veulent connaître la vérité sur les dons de l’Esprit, et expérimenter tout ce que Dieu a pour eux, dans le contexte d’une foi saine néotestamentaire. C’est pour ceux-là que ce qui suit est écrit.
Qu’est-ce que la véritable Église ?
Tout problème spirituel est, au fond, théologique. Sa solution dépend de l’enseignement des Saintes-Écritures, et d’une juste compréhension de cet enseignement. Cette compréhension constitue une philosophie spirituelle, c’est-à-dire un point de vue, une situation privilégiée, d’où le paysage entier peut être embrassé d’un seul coup d’œil, chaque détail apparaissant dans sa relation particulière, avec toute autre partie de l’ensemble. Une fois que cette situation privilégiée est atteinte, nous sommes dans la position qui nous permet d’apprécier tout enseignement ou interprétation qui nous est présenté au nom de la vérité.
Une compréhension adéquate des dons de l’Esprit dans l’Église doit dépendre d’une juste conception de la nature de l’Église. Le problème des dons ne peut être séparé de cette question plus vaste. Il ne saurait être résolu par lui-même.
La véritable Église est un phénomène spirituel, apparaissant dans la société humaine, et se mélangeant à elle jusqu’à un certain point, mais différant d’elle nettement par certaines caractéristiques fondamentales. Elle est composée de personnes régénérées qui se distinguent des autres, en ce qu’elles possèdent une qualité supérieure de vie, qui leur a été communiquée au moment de leur nouvelle naissance.
Ils sont enfants de Dieu dans un sens spécifique. Toute créature ne peut prétendre à ce titre. Leur origine est divine et leur citoyenneté céleste. Ils adorent Dieu en Esprit, se réjouissent en Jésus-Christ et n’ont aucune confiance en la chair. Ils constituent une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis (1 Pierre 2 v. 9).
Ils ont épousé la cause d’un Homme, rejeté et crucifié, qui prétendait être Dieu et qui s’est engagé sur son honneur sacré à leur préparer une place dans la maison de son Père, et à revenir les chercher pour les y conduire, dans l’allégresse.
En attendant, ils portent sa croix, souffrent les outrages que les hommes peuvent accumuler sur eux, à cause de son nom. Ils agissent comme ses ambassadeurs et font du bien à tous les hommes, en son nom.
Ils ont la ferme assurance qu’ils partageront son triomphe. C’est pour cette raison qu’ils veulent bien partager son rejet par une société qui ne les comprend pas. Et ils n’éprouvent aucun ressentiment, seulement de la charité et de la compassion, ainsi que l’ardent désir que tout homme vienne à la repentance et soit réconcilié avec Dieu.
Voici résumé assez clairement un aspect de l’enseignement néotestamentaire sur l’Église. Mais, il est une autre vérité plus révélatrice et plus importante pour ceux qui cherchent à se documenter sur les dons de l’Esprit : c’est que l’Église est un corps spirituel, une entité organique dont l’unité est créée par la vie qui habite en elle.
Les membres et le corps.
Chaque membre est relié à l’ensemble par une relation de vie. Comme on peut dire que l’âme de l’homme est la vie de son corps, ainsi l’Esprit qui habite dans l’Église est la vie de l’Église.
L’idée que l’Église est le corps de Christ n’est pas erronée. Ce n’est pas une simple figure de style qu’on aurait poussée trop loin. L’apôtre Paul, dans trois de ses épîtres, expose cette vérité avec une telle sobriété d’expression et une telle abondance de détails, qu’il faut écarter l’idée qu’il utilise là une figure de style occasionnelle, non destinée à être interprétée trop littéralement.
Le grand apôtre enseigne très clairement, et à maintes reprises, que le Christ est la tête de l’Église qui est son corps. Le parallèle est établi minutieusement et maintenu à travers de longs passages. Les conclusions sont tirées de la doctrine qui implique certains principes de conduite morale.
De même que le corps d’un homme normal est composé de nombreux membres et d’une tête qui les anime, de même la véritable Église est un corps composé de membres, chaque chrétien en étant un pour sa part, et d’une tête, le Christ.
L’esprit humain (ou l’intelligence de l’homme à ne pas confondre avec le Saint-Esprit), agit par les membres du corps, les utilisant pour accomplir ses desseins intelligents.
Paul parle du pied, de la main, de l’oreille, de l’œil, comme des membres du corps, chacun ayant une fonction propre, mais limitée ; mais c’est l’Esprit qui agit en eux (1 Corinthiens 12 v. 1 à 31). Dans 1 Corinthiens 12, l’enseignement que l’Église est le corps du Christ suit une liste de certains dons spirituels, en en soulignant la nécessité.
La tête où réside l’esprit ne peut accomplir son travail que lorsqu’il a à sa disposition les organes destinés à des fonctions variées. C’est l’esprit qui voit, mais il ne peut voir qu’à travers un œil. C’est l’esprit qui entend, mais il ne peut entendre sans oreille.
Et il en est de même de tous les autres membres qui sont les instruments, au moyen desquels l’esprit agit dans le monde extérieur pour réaliser ses plans.
De même que tout le travail de l’homme est accompli par l’esprit humain, de même le travail de l’Église est accompli par l’Esprit de Dieu et par lui seul. Mais pour travailler, il doit placer dans le corps des membres dotés de telles ou telles capacités, conçus précisément pour être des canaux qui permettent à l’Esprit de s’écouler vers des fins prédestinées.
Voilà, en résumé, la philosophie des dons de l’Esprit.
Combien y a-t-il de dons ?
On dit habituellement qu’il y a neuf dons de l’Esprit (sans doute parce que Paul en énumère neuf dans 1 Corinthiens 12). En réalité, Paul n’en mentionne pas moins de dix-sept : (1 Corinthiens 12 v. 4 à 11, 27 et 31 ; Romains 12 v. 3 à 8 ; Éphésiens 4 v. 7 à 11). Et ce ne sont pas de simples talents naturels, mais des dons que le Saint-Esprit a impartis au croyant, afin qu’il soit bien à sa place dans le corps du Christ. Ils sont comme des tuyaux sur un grand orgue donnant au musicien tout un éventail de possibilités, qui lui permet de produire une musique de la meilleure qualité. Mais, je le répète, ce sont plus que des talents naturels. Ce sont des dons spirituels.
Les dons naturels rendent un homme capable d’œuvrer au plan de la nature ; mais, au moyen du corps du Christ, Dieu accomplit une œuvre éternelle au-dessus et au-delà du domaine de la nature déchue, ce qui nécessite une action surnaturelle. L’homme naturel peut accomplir un travail religieux sans les dons de l’Esprit, et il peut le faire d’une manière satisfaisante et intelligente. Mais l’œuvre destinée à l’éternité ne peut être accomplie que par l’Esprit éternel.
Une œuvre n’est éternelle que si elle est faite par l’Esprit au moyen des dons qu’il a lui-même implantés dans l’âme des rachetés.
Pendant une génération, certains docteurs évangéliques nous ont dit que les dons de l’Esprit ont cessé à la mort des apôtres, ou à l’achèvement du Nouveau Testament. Il s’agit là, bien entendu, d’une doctrine qui ne s’appuie pas sur la moindre parcelle d’autorité biblique. Ses défenseurs doivent accepter l’entière responsabilité de trafiquer ainsi la Parole de Dieu.
Le résultat de cet enseignement erroné est que les personnes spirituellement douées, sont d’une rareté inquiétante parmi nous. Alors que nous avons tant besoin de conducteurs ayant du discernement, par exemple, ils nous font défaut et nous sommes contraints de nous rabattre sur les techniques du monde.
Nous vivons des temps qui réclament impérieusement des hommes doués de sens prophétique et non des enquêteurs, des statisticiens et des animateurs de débats. Nous avons besoin d’hommes possédant le don de connaissance, et non pas seulement des érudits.
Nous pourrions ainsi nous acheminer nous-mêmes vers le moment tragique, où Dieu nous mettra de côté en tant que soi-disant évangéliques, et où il suscitera un autre grand mouvement, qui conservera le Christianisme néotestamentaire sur la terre. Ne dites pas : « Nous sommes enfants d’Abraham. De ces pierres, Dieu peut susciter des enfants à Abraham » (Matthieu 3 v. 9).
La vérité en la matière, c’est que les Écritures contiennent clairement l’impératif de posséder les dons de l’Esprit. Paul nous presse de rechercher les dons spirituels, d’y aspirer. (1 Corinthiens 12 v. 31 ; 14 v. 1). Cela n’apparaît jamais comme quelque chose de facultatif, mais comme un mandat scripturaire pour ceux qui ont été remplis de l’Esprit.
Mais, je dois ajouter un mot d’avertissement.
Les différents dons spirituels ne sont pas de valeurs égales, comme Paul l’explique si soigneusement. Certains frères ont exalté exagérément un don sur les dix-sept. Parmi ces frères, il s’est trouvé et il se trouve encore beaucoup d’âmes pieuses, mais, en général, le résultat moral de cet enseignement n’a pas été bon.
Dans la pratique, il en est résulté beaucoup de démonstrations sans retenue, une tendance à dépendre plus des expériences que du Christ, et souvent un manque d’aptitude à distinguer les œuvres de la chair des opérations de l’Esprit.
Ceux qui nient que les dons sont encore pour nous aujourd’hui et ceux qui font d’un don une « idole », ont également tort, et nous souffrons tous de la conséquence de leur erreur.
Aujourd’hui, il n’y a aucune raison pour que nous demeurions plus longtemps dans le doute. Nous avons le droit d’attendre de notre Seigneur, qu’il accorde à son Église, les dons spirituels qu’il ne nous a, en fait, jamais retirés, mais qui nous font défaut uniquement à cause de notre erreur ou de notre incrédulité.
Il est certain que Dieu accorde encore maintenant les dons de l’Esprit à quiconque est prêt à les recevoir et dans la mesure où il remplit, même imparfaitement, ses conditions. Autrement, le flambeau de la vérité vacillerait et mourrait. Toutefois, il est évident que nous devons voir encore ce que Dieu ferait pour son Église, si nous nous jetions tous à ses pieds, avec la Bible ouverte, en nous écriant : « Je suis la servante du Seigneur ; qu'il me soit fait selon ta parole ! » (Luc 1 v. 38).