Comment éprouver les esprits ?

Comment éprouver les esprits ?

« L'Esprit dit expressément que dans les derniers temps quelques-uns abandonneront la foi, pour s'attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons par l'hypocrisie de faux docteurs... ».

 

Nous nous trouvons en plein dans ces jours et nous ne pouvons pas les fuir.

Nous devons remporter la victoire tout en vivant dans la mêlée, car c'est là la volonté de Dieu à notre égard. Aussi curieux que cela paraisse, le danger aujourd'hui est plus grand pour le chrétien fervent que pour celui qui est tiède et satisfait de lui-même. Celui qui recherche les choses les meilleures de Dieu, brûle d'entendre toute personne capable de lui offrir un moyen permettant d'y accéder.

Il soupire après quelque nouvelle expérience, quelque aspect saillant de la vérité, quelque action de l'Esprit qui puisse l'élever au-dessus du niveau mortel de la médiocrité religieuse qui l'entoure et pour cette raison, il est disposé à prêter une oreille favorable à tout ce qui est nouveau et merveilleux dans la religion, surtout si cela est présenté par quelqu'un doué d'une personnalité séduisante et réputé pour sa très grande piété.

Or notre Seigneur Jésus, ce grand Berger des brebis, n'a pas abandonné son troupeau à la merci des loups. Il nous a donné les Écritures, le Saint-Esprit et un don naturel d'observation. Il s'attend à ce que nous nous appuyions constamment sur tout cela. « Examinez toutes choses, retenez ce qui est bon » dit Paul (1 Thessaloniciens 5 v. 21). « Bien-aimés, n'ajoutez pas foi à tout esprit, mais éprouvez les esprits pour savoir s'ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde » (1 Jean 4 v. 1).

« Gardez-vous des faux prophètes » dit Jésus en nous avertissant, « ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au-dedans se sont des loups ravisseurs » (Matthieu 7 v. 15). Puis il a ajouté le critère qui permettra de les éprouver : « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits ».

Il est donc clair, non seulement qu'il y aura des faux prophètes dans le monde mettant en danger nos vies chrétiennes mais qu'il sera aussi possible de les identifier, et de les connaître pour ce qu'ils sont. Et bien sûr, dès lors que nous sommes conscients de leur identité et que nous apprenons à connaître leur ruse, leur pouvoir de nous faire du mal disparaît. « En vain jette-t-on le filet devant les yeux de tout ce qui a des ailes » (Proverbes 1 v. 17).

Une méthode capable d'éprouver les esprits

Mon but est d'exposer ici une méthode capable d'éprouver les esprits et de vérifier toute notion religieuse ou morale, proposée par qui que ce soit. Et tandis que nous traitons ce sujet, nous devrions avoir à l'esprit que toutes les lubies religieuses ne sont pas l'œuvre de Satan. L'esprit humain est capable de beaucoup de méchanceté sans l'aide du diable. Certaines personnes sont réellement douées pour tout embrouiller et, en plein jour, prendront l'illusion pour la réalité, tout en ayant la Bible ouverte devant elles.

Pierre avait cela à l'esprit lorsqu'il écrivit : « Notre bien-aimé frère Paul vous l'a aussi écrit, selon la sagesse qui lui a été donnée. C'est ce qu'il fait dans toutes ses lettres, où il parle de ces choses dans lesquelles il y a des points difficiles à comprendre, dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens comme celui des autres Écritures, pour leur propre ruine » (2 Pierre 3 v. 15).

Il est peu probable que les apôtres chevronnés de la confusion lisent ce qui est écrit ici ou qu'ils en profitent beaucoup s'ils le faisaient mais il y a beaucoup de chrétiens sensés qui se sont égarés et qui ont assez d'humilité pour admettre leurs erreurs et sont prêts maintenant à revenir vers le Pasteur et le Gardien de leur âme. Ces derniers peuvent être détournés de leur mauvaise voie. Mais il y a plus important encore.

Beaucoup de gens, c'est sûr, n'ont pas quitté le droit chemin mais désireraient connaître une règle capable de les aider à examiner toute chose et de mettre à l'épreuve la qualité de l'expérience et de l'enseignement chrétiens, alors qu'ils sont à leur contact jour après jour dans leur vie active. C'est à eux précisément que je livre ce petit secret. Il m'a permis d'examiner depuis de nombreuses années mes expériences spirituelles et mes inspirations religieuses.

En résumé, voici le test : Cette nouvelle doctrine, cette nouvelle habitude religieuse, ce nouvel aperçu de la vérité, cette nouvelle expérience spirituelle, de quelle manière ont-ils modifié mon attitude et ma relation envers Dieu, Christ, les Écritures Saintes, moi-même, les autres chrétiens, le monde et le péché. Grâce à cet examen en sept points, nous pourrons vérifier tout ce qui est religieux et nous saurons, sans l'ombre d'un doute, si cela vient de Dieu ou non. C'est à ses fruits que l'on reconnaît un arbre. Ainsi, face à toute doctrine ou expérience, il me suffit de savoir quel effet cela a sur moi. Nous saurons immédiatement si cela vient d'en-haut ou d'en-bas.

Relation avec Dieu

L'un des tests vitaux de toute expérience religieuse est le suivant. De quelle manière modifie-t-il notre relation avec Dieu, notre concept de Dieu ou notre attitude envers Lui ? Dieu, étant qui Il est, doit toujours être l'arbitre suprême de toutes choses religieuses.

L'univers a été créé afin de servir de moyen pour que tout être moral et doué d'intellect puisse y déceler les perfections du Créateur. « Je suis l'Éternel, c'est là mon nom. Et je ne donnerai pas ma gloire à un autre » (Ésaïe 42 v. 8). « Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire et l'honneur et la puissance, car tu as créé toutes choses et c'est par ta volonté qu'elles existent et qu'elles ont été créées » (Apocalypse 4 v. 11).

Il est nécessaire pour la santé et l'équilibre de l'univers qu'en toutes choses Dieu soit glorifié. « L'Éternel est grand et très digne de louanges et sa grandeur est insondable » (Psaumes 145 v. 3). Dieu n'agit que pour Sa gloire et ce qui procède de Lui doit être à son plus grand honneur. Il est vraisemblable que toute doctrine, toute expérience qui tend à Le glorifier vienne de Dieu. Par contre, toute chose voilant Sa gloire ou le faisant paraître moins merveilleux est, à coup sûr, le produit de la chair ou du diable.

Le cœur de l'homme ressemble à un instrument de musique. Le Saint-Esprit, un esprit mauvais ou l'esprit de l'homme lui-même peuvent jouer de cet instrument. Les émotions religieuses sont plus ou moins les mêmes quel que soit l'exécutant. Beaucoup de sentiments agréables peuvent naître dans l'âme, provoqués par une adoration impure et même idolâtre. Une sœur en religion, à genoux devant une image de la Vierge, dans un état d'adoration éthéré, a une expérience religieuse sincère. Elle éprouve de l'amour, de la crainte et du respect.

Ce sont des émotions dont elle peut jouir tout comme si elle adorait Dieu. On ne balaie pas d'un simple coup de manche les expériences mystiques des Hindous et des Soufis en prétendant qu'elles ne sont qu'apparence. Pas plus que nous n'avons le droit de traiter sommairement les envols des spirites et autres occultistes comme étant un produit de l'imagination. Ces personnes peuvent avoir et ont parfois d'authentiques rencontres avec quelque chose ou quelqu'un venant par-delà d'eux-mêmes. De la même façon des chrétiens sont entraînés parfois dans des expériences émotionnelles qui se situent au-delà de leur capacité de compréhension. J'en ai rencontré. Ces personnes demandaient avec empressement si oui ou non leur expérience venait de Dieu.

Le grand critère est ; en quoi cela a-t-il affecté mes rapports avec le Dieu et le Père de notre Seigneur Jésus-Christ ? Si cette nouvelle manière de voir la vérité, cette nouvelle rencontre avec des choses spirituelles, a augmenté mon amour envers Dieu, si cela a rendu Dieu plus glorieux à mes yeux et que cela L'a amené à paraître plus merveilleux qu'avant, alors je peux conclure que je ne me suis pas égaré dans les voies de l'erreur, agréables, mais dangereuses et défendues.

Attitude envers le Seigneur Jésus-Christ

Voici le critère suivant ; en quoi cette nouvelle expérience a-t-elle modifié mon attitude envers le Seigneur Jésus-Christ ? Quelle que soit la place que la religion actuelle puisse donner au Christ, Dieu lui donne la place suprême sur la terre et dans les cieux. « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis toute mon affection », dit la voix de Dieu venant du ciel en désignant notre Seigneur Jésus. Pierre rempli du Saint-Esprit déclara : « Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié » (Actes 2 v. 36). Jésus a dit de Lui-même : « Je suis le chemin, la vérité et la vie, nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14 v. 6).

Et Pierre, dit encore de Lui : « Il n'y a de salut en aucun autre, car il n'y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Actes 4 v. 12). L'épître aux Hébreux dans sa totalité est consacrée à l'idée que Christ est au-dessus de tous les autres. On le montre comme étant au-dessus d'Aaron et de Moïse, les anges même sont appelés à se prosterner devant lui et à l'adorer. Paul dit qu'Il est l'image du Dieu invisible, que la plénitude de la divinité habite corporellement en lui, et qu'en toutes choses Il doit avoir la première place.

Mais le temps me manque pour parler de la gloire que Lui ont attribué les prophètes, les patriarches, les apôtres, les saints, les anciens, les psalmistes, les rois et les séraphins. « Il a été fait pour nous sagesse et justice, sanctification et rédemption » (1 Corinthiens 1 v. 30). Il est notre espérance, notre vie, notre tout, maintenant et à jamais.

Tout ceci étant vrai, il est évident qu'Il doit être au centre de toute doctrine saine, de toute pratique acceptable et de toute expérience chrétienne authentique. Tout ce qui tend à Le rendre inférieur à ce que Dieu déclare qu'Il est, est une tromperie pure et simple qu'il faut rejeter, quelque agréable et satisfaisante qu'elle puisse paraître sur le moment.

Qu'il existe un Christianisme sans Christ peut paraître contradictoire. Pourtant ce phénomène existe réellement de nos jours. Beaucoup de ce qui est fait au nom du Christ est un reniement de Christ parce que conçu par la chair, comportant des méthodes charnelles et poursuivant des fins charnelles. De temps en temps on fait mention de Christ de la même façon, et pour la même raison, que le ferait un homme politique intéressé, en parlant de démocratie et de patriotisme, afin d'ériger une façade respectable pour des activités charnelles, et d'induire en erreur des auditeurs crédules. Mais on est pris au piège en ce que Christ n'est pas au centre. Il n'est pas tout en tous.

Et puis, je le répète. Il y a des expériences psychiques qui passionnent la personne en recherche, et l'amènent à croire qu'elle a effectivement rencontré le Seigneur, et qu'elle est au septième ciel. Mais on découvre plus tard la nature réelle du phénomène lorsque « la face du Christ » commence à s'estomper de la conscience de la victime, et que celle-ci en vient à dépendre de plus en plus d'effets émotionnels pour se convaincre de sa spiritualité.

Par contre, si la nouvelle expérience tend à rendre Christ indispensable, si elle détourne notre attention de nos sentiments pour la fixer sur Christ, nous sommes sur la bonne voie. Tout ce qui rend Christ précieux à notre cœur vient à coup sûr de Dieu.

Attitude à l'égard de la Parole de Dieu

Un autre critère révélateur de la solidité de mon expérience religieuse est de savoir en quoi elle modifie mon attitude à l'égard des Saintes Écritures.

Cette nouvelle expérience religieuse, cette nouvelle optique de la vérité jaillissent-elles de la Parole de Dieu elle-même ou sont-elles le résultat de quelque stimulant étranger à la Bible ? Des chrétiens au cœur tendre sont souvent victimes de fortes pressions psychologiques, résultat intentionnel ou inconscient d'un témoignage personnel, ou encore d'un récit pittoresque raconté par un prédicateur fervent à la voix tranchante de prophète, mais n'ayant pas vérifié son histoire avec les faits, ni examiné la justesse de sa conclusion à la lumière de la Parole de Dieu.

C'est pourquoi on devrait se méfier de tout ce qui prend son origine en dehors des Saintes Écritures jusqu'à ce que l'on puisse prouver que c'est en accord avec elles. Si l'on peut démontrer que c'est contraire à la Parole de la vérité révélée, aucun chrétien véritable ne l'acceptera comme venant de Dieu. Quelque grande que soit la satisfaction émotionnelle, il n'est aucune expérience qui puisse être considérée comme authentique à moins qu'elle ne s'appuie sur l'autorité d'un chapitre ou d'un verset des Écritures. « À la loi et au témoignage » (Ésaïe 8 v. 20) doit toujours être la preuve dernière.

Tout ce qui est nouveau ou singulier devrait également être examiné avec beaucoup de prudence jusqu'à ce qu'on puisse apporter la preuve scripturaire de sa validité. Depuis plus d'un demi-siècle un bon nombre de conceptions non-scripturaires ont été accueillies par les chrétiens. On a prétendu qu'elles étaient parmi les vérités devant être révélées dans les derniers temps. Pour sûr, disent les défenseurs de cette théorie des révélations des derniers temps. Augustin n'en savait rien pas plus que Luther, John Knox et Wesley ; Finney et Spurgeon n'avaient pas compris cela ; mais maintenant une plus grande lumière a été donnée au peuple de Dieu, et nous qui vivons dans les temps de la fin nous bénéficions d'une révélation plus complète. Nous ne devrions pas contester cette nouvelle doctrine, ni nous dérober à cette expérience plus profonde. Le Seigneur est en train de préparer son épouse pour le festin des Noces de l'Agneau. Nous devrions tous nous abandonner à ce nouveau mouvement de l'Esprit. C'est du moins ce que l'on nous dit.

La vérité est que la Bible ne nous enseigne pas que dans les derniers temps il y aura des nouvelles lumières et des expériences spirituelles avancées. Elle enseigne exactement le contraire. Rien dans le livre de Daniel ni dans les épîtres néo-testamentaires ne peut être déformé jusqu'au point de défendre l'idée que nous qui vivons à la fin de l'ère chrétienne nous jouirions d'une lumière inconnue au commencement des temps. Méfiez-vous de tout homme qui prétend être plus sage que les apôtres et plus saint que les martyrs de l'Église primitive. Le meilleur moyen d'agir avec cette personne est de s'en séparer. Vous ne pouvez pas l'aider et elle ne peut à coup sûr pas vous aider.

En admettant cependant que les Écritures peuvent ne pas être toujours claires et qu'il y a des différences d'interprétation parmi les hommes tous également sincères, ce test apportera la preuve dont toute manifestation religieuse a besoin, c'est-à-dire en quoi cela affecte-t-il mon amour et mon appréciation de la Parole de Dieu ?

Bien que la vraie puissance ne réside pas dans la lettre du texte mais dans l'Esprit qui l'a inspiré, nous ne devrions jamais sous-estimer la valeur de la lettre. Le texte de la vérité a le même rapport avec la vérité que le rayon de miel avec le miel. L'un sert de contenant à l'autre. Mais l'analogie s'arrête là. Car on peut retirer le miel de son rayon de miel, mais l'Esprit de vérité ne peut et ne doit agir indépendamment de la lettre des Écritures Saintes. Pour cette raison, une connaissance grandissante du Saint-Esprit sera toujours accompagnée d'un plus grand amour pour la Bible.

Les Écritures sont en page imprimée ce que Christ est en personne. La Parole inspirée ressemble à un portrait fidèle de Christ. Mais une fois de plus l'image manque de force. En effet, Christ est dépeint dans la Bible comme aucune personne ne peut l'être dans un simple portrait, car la Bible est un livre d'idées saintes, et la Parole éternelle du Père peut résider et réside réellement dans la pensée qu'Il a Lui-même inspirée. Les pensées sont des choses et les pensées des Saintes Écritures constituent un temple où Dieu demeure.

En conclusion, nous pouvons dire tout naturellement que celui qui aime véritablement Dieu aime aussi Sa parole. Tout ce qui nous vient du Dieu de la Parole augmentera notre amour pour la Parole de Dieu. Ceci en est une conséquence logique, mais nous en avons la confirmation par un témoignage qui est bien plus digne de foi que la logique, à savoir le témoignage concordant de la grande nuée des témoins, morts et vivants. Ceux-ci déclarent d'une seule voix que leur amour pour les Écritures grandit au fur et à mesure que leur foi augmente et que leur obéissance devient plus conséquente et joyeuse.

Si la nouvelle doctrine, l'influence de ce nouveau maître, la nouvelle expérience émotionnelle remplissent mon cœur d'une plus grande avidité pour méditer la Parole de Dieu jour et nuit, j'ai tout lieu de croire que Dieu a parlé à mon cœur et que mon expérience est authentique. Par contre, si mon amour pour la Parole de Dieu a baissé un tant soit peu, si mon ardeur à manger et à boire de la Parole inspirée a diminué ne serait-ce que d'un pouce, je devrai admettre humblement que j'ai manqué quelque part le signal de Dieu et revenir en arrière en toute honnêteté, jusqu'à ce que je retrouve à nouveau le bon chemin.

Effets sur la nature égocentrique

De plus, nous pouvons vérifier la qualité de notre expérience religieuse grâce à ses effets sur notre nature égocentrique.

Le Saint-Esprit et la personnalité humaine déchue sont diamétralement opposés : « Car la chair a des désirs contraires à ceux de l'Esprit et l'Esprit en a de contraires à ceux de la chair ; ils sont opposés entre eux, afin que vous ne fassiez point ce que vous voudriez » (Galates 5 v. 17). « Ceux en effet qui vivent selon la chair s'affectionnent aux choses de la chair, tandis que ceux qui vivent selon l'Esprit s'affectionnent aux choses de l'Esprit. Car l'affection de la chair est inimitié contre Dieu, parce qu'elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et qu'elle ne le peut même pas » (Romains 8 v. 5 à 7).

Avant que l'Esprit de Dieu puisse œuvrer de façon constructive dans notre cœur, Il est obligé de condamner et de faire mourir la « chair » en nous, en d'autres termes, I'Esprit doit avoir notre plein consentement pour mettre à la place de notre moi naturel, la personne du Christ. Ce remplacement est expliqué avec soin dans les chapitres 6, 7 et 8 de l'épître aux Romains. Quand le chrétien en quête est passé par l'expérience de crucifixion décrite aux chapitres 6 et 7, il pénètre dans les vastes régions de liberté du chapitre 8. Ici le « moi » est détrôné et Christ est mis sur le trône pour toujours.

A la lumière de ce qui vient d'être dit, il n'est pas difficile de voir pourquoi l'attitude du chrétien vis-à-vis de sa nature égocentrique est à ce point un excellent test pour vérifier ses expériences religieuses. La plupart des grands hommes connus par la profondeur de leur vie, tels que Fénelon, Molinos, Jean de la Croix, Madame Guyon, et bien d'autres encore, ont mis le monde en garde contre les expériences pseudo-religieuses qui donnent beaucoup de satisfaction charnelle mais nourrissent la « chair » et gonflent le cœur d'amour-propre.

Voici une bonne règle : Si cette expérience m'a rendu plus humble, m'a rendu plus petit et sans valeur à mes propres yeux, elle vient de Dieu ; mais si elle a fait naître en moi un sentiment d'autosatisfaction, elle est fausse et devrait être rejetée comme venant du moi ou du diable. Rien de ce qui vient de Dieu ne pourra nourrir mon orgueil ou ma vanité. Si je suis tenté d'être content de moi-même et de me sentir supérieur parce que j'ai eu une expérience spirituelle plus avancée, je devrais me mettre immédiatement à genoux et me repentir de toute cette affaire. Je suis tombé entre les mains de l'ennemi.

Relation avec nos frères, avec l'Église

Notre relation avec nos frères en Jésus-Christ et notre attitude envers eux est un autre test sûr de toute expérience religieuse. Parfois, après une expérience spirituelle remarquable, un chrétien sérieux s'éloignera des autres croyants et nourrira un esprit critique. Il peut être réellement convaincu que son expérience est plus valable, qu'il est maintenant dans un état de grâce avancé et que le « peuple ordinaire » de l'église qu'il fréquente n'est qu'une foule hétéroclite et lui seul un vrai fils d'Israël. Il peut s'efforcer d'être patient avec ces mondains religieux, mais son doux langage et son sourire condescendant révèlent ce qu'il pense réellement d'eux et de lui-même. C'est un état d'esprit d'autant plus dangereux qu'il peut se justifier lui-même par les faits.

Ce frère a eu une expérience remarquable ; il a reçu quelque lumière merveilleuse concernant les Écritures ; il a pénétré dans un pays joyeux et resté inconnu jusqu'à présent. Et il se peut que ceux qu'il connaît et qui professent être chrétiens soient effectivement mondains, tristes et sans enthousiasme spirituel. L'erreur n'est pas qu'il se soit trompé dans les faits mais que sa réaction aux faits vienne de la chair. Sa nouvelle spiritualité l'a rendu moins charitable.

Lady Julian nous relate dans son vieil anglais comment la vraie grâce chrétienne affecte notre attitude envers les autres. « Par-dessus toutes choses, la contemplation et l'adoration du Créateur font que l'âme semble plus petite à ses propres yeux, et la remplissent plutôt d'une crainte révérencielle et une vraie humilité avec beaucoup de charité pour ses semblables en Christ ». Toute expérience religieuse qui n'arrive pas à approfondir notre amour pour nos frères en Jésus-Christ peut être rayé de la liste d'expériences valables, sans peur de se tromper.

Pour l'apôtre Jean, I'amour que nous témoignons aux autres chrétiens est un signe de foi authentique. « Petits enfants, n'aimons pas en paroles et avec la langue, mais en action et avec vérité, et nous rassurerons nos cœurs devant lui » (1 Jean 3 v. 18). Et il dit encore : « Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres car l'amour est de Dieu et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est amour » (1 Jean 4 v. 7).

Alors que nous grandissons en grâce nous grandissons aussi en amour pour tout le peuple de Dieu. « Quiconque aime celui qui l'a engendré aime aussi celui qui est né de lui » (1 Jean 5 v. 1). Cela veut dire simplement que si nous aimons Dieu nous aimerons ses enfants. Toute expérience chrétienne authentique augmentera notre amour pour les autres chrétiens.

C'est pourquoi nous concluons que tout ce qui tend à séparer notre personne ou notre cœur des autres frères en Jésus-Christ ne vient pas de Dieu, mais de la chair ou du diable. Et par contre, tout ce qui nous fait aimer les enfants de Dieu vient sans aucun doute de Dieu. « À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres » (Jean 13 v. 35).

Attitude envers le monde

Un autre test probant pour connaître l'origine de notre expérience religieuse est d'observer comment elle modifie notre relation envers le monde et notre attitude envers lui.

Par « monde » je ne pense pas bien sûr au merveilleux ordre de la nature que Dieu a créé afin que l'humanité en jouisse. Je ne pense pas non plus au monde des hommes perdus dans le sens où l'entendait notre Seigneur lorsqu'il a dit « Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais ait la vie éternelle. Dieu, en effet, n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu'iI juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jean 3 v. 16 et 17).

Il est certain que toute influence véritable de Dieu dans notre âme approfondira notre appréciation des beautés de la nature et intensifiera notre amour pour les perdus. Mais je fais allusion ici à quelque chose d'autre.

Laissons un apôtre parler à notre place : « Car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la vie, ne vient point du Père mais vient du monde. Et le monde passe, et sa convoitise aussi, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (1 Jean 2 v. 16).

C'est de ce monde-là que nous devons examiner les esprits, ce monde des jouissances charnelles, des plaisirs sans Dieu, de la poursuite des richesses terrestres, de la renommée et de la satisfaction coupable. Il se passe de Jésus-Christ en suivant le conseil du méchant (Psaumes 1 v. 1), et est animé par le Prince de la puissance de l'air, de l'esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion (Éphésiens 2 v. 2). Sa rébellion contre Dieu est une forme de piété, sans puissance, qui passe pour être vivante, mais qui est morte (Apocalypse 3 v. 1). En résumé, c'est la société des hommes inconvertis gambadant sur le chemin qui mène à l'enfer, exactement le contraire de la véritable Église de Dieu qui est une société d'âmes régénérées marchant sans frivolité mais joyeusement vers le ciel.

Toute œuvre de Dieu authentique dans nos cœurs tend à nous rendre mal à l'aise en compagnie du monde. « N'aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu'un aime le monde, I ‘amour du Père n'est point en lui » (1 Jean 2 v. 15). « Ne vous mettez pas avec les idolâtres sous un joug étranger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l'iniquité ? Ou qu'y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? » (2 Corinthiens 6 v. 14). On peut affirmer sans équivoque que tout esprit qui tolère un compromis avec le monde est un faux esprit. Tout mouvement religieux qui imite le monde dans l'une de ses manifestations trahit la croix de Jésus-Christ et est du côté du diable et ceci malgré tous les « ronronnements » des dirigeants qui parlent « d'accepter Christ » ou « de laisser Dieu diriger vos affaires ».

Attitude envers le péché

Voici enfin le dernier test d'authenticité de toute expérience chrétienne: en quoi modifie-t-elle notre attitude envers le péché ?

L'action de la grâce dans le cœur d'un croyant détournera ce cœur du péché et le tournera vers la sainteté. « Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. Elle nous enseigne à renoncer à l'impiété et aux convoitises mondaines, et à vivre dans le siècle présent selon la sagesse, la justice et la piété, en attendant la bienheureuse espérance et la manifestation de la gloire du grand Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ » (Tite 2 v. 11 à 13).

Je ne vois pas comment cela pourrait être plus clair. C'est la même grâce de Dieu qui sauve l'homme et l'instruit dans son cœur ; son enseignement est à la fois positif et négatif. Négatif en ce qu'elle nous enseigne à renoncer à l'impiété et aux convoitises mondaines. Positif en ce qu'elle nous enseigne à vivre dans le siècle présent selon la sagesse, la justice et la piété (Tite 2 v. 12).

L'homme au cœur droit ne verra là aucune difficulté. Il lui suffit de vérifier sa propre inclinaison pour se rendre compte s'il voit le péché dans sa vie avec un œil plus ou moins sévère depuis que l'œuvre de grâce est supposée avoir agi en lui. Tout ce qui affaiblit sa haine envers le péché peut immédiatement être reconnu comme infidèle aux Écritures, au Sauveur et à sa propre âme. Tout ce qui rend la sainteté plus attrayante et le péché plus intolérable peut être considéré comme authentique : « Car tu n'es point un Dieu qui prenne plaisir au mal, le méchant n'a pas sa demeure auprès de toi. Les insensés ne subsistent pas devant tes yeux. Tu hais tous ceux qui commettent l'iniquité » (Psaumes 5 v. 5).

Jésus nous avertit « qu'il s'élèvera de faux christs et de faux prophètes. Ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s'il était possible, même les élus » (Matthieu 24 v. 24). Ces paroles décrivent trop bien nos jours pour que nous n'y voyions qu'une coïncidence.

J'ai mis par écrit ces tests dans l'espoir que les « élus » puissent en bénéficier. La suite est entre les mains de Dieu.

 

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