Avec Dieu  dans le désert.1

Avec Dieu dans le désert.1

Quel est le résultat de la rédemption accomplie, quel est le résultat de la délivrance de la puissance de Satan ? Que nous n’arrivons pas directement en Canaan, mais que nous sommes conduits dans le désert.

1. Introduction

L’Ancien Testament contient une multitude d’enseignements qui nous sont donnés, en grande partie, au travers d’événements historiques. Ceux-ci se rattachent soit à des individus, soit à des nations entières. À cet égard, Israël — le peuple que Dieu s’était choisi pour lui-même — occupe une place particulière. Or, c’est précisément de l’histoire de ce peuple que nous pouvons tirer un nombre extraordinaire de leçons, et cela, à un double point de vue. D’une part, Dieu nous révèle, par ses voies envers ce peuple, ses critères moraux, qui demeurent les mêmes en tout temps ; et, d’autre part, les événements que ce peuple a connus ont une signification prophétique et symbolique.

Ce dernier aspect revêt une importance d’autant plus grande qu’il nous enseigne un principe capital : Tout dans les Saintes Écritures mène à Christ. Si nous nous en souvenons, l’étude de ces cinq livres de Moise, dans lesquels nous trouvons le début des voies de Dieu envers Israël, nous sera en bénédiction.

L’Exode commence par la description de la misère dans laquelle était plongé le peuple d’Israël en Égypte, sous l’esclavage du Pharaon. Puis nous avons la naissance de Moïse, le libérateur choisi de Dieu. Au chapitre 3, nous lisons ces paroles saisissantes prononcées par Dieu : « J’ai vu l’affliction de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu le cri qu’il a jeté à cause de ses exacteurs ; car je connais ses douleurs. Et je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens, et pour le faire monter de ce pays-là dans un pays bon et spacieux, dans un pays ruisselant de lait et de miel (v. 7 et 8) ».

Les deux divisions principales de l’Exode se trouvent indiquées par ce que Dieu veut faire pour les Israélites (v. 8) : Il était descendu pour les délivrer de la main des Égyptiens, et il voulait les faire monter de ce pays d’esclavage et les introduire dans un bon pays, abondant en bénédictions. La délivrance d’Israël de la servitude d’Égypte fait l’objet des chapitres 1 à 14. La seconde partie du livre, qui commence au chapitre 15, décrit le pèlerinage du peuple à travers le désert jusqu’au pays promis.

Dans les pages qui suivent, nous désirons nous occuper de la seconde partie, le pèlerinage du peuple d’Israël au travers du désert, et chercher, avec l’aide de Dieu, ce que nous pouvons en tirer pour nous aujourd’hui.

2. De la mer Rouge au désert.

Dix plaies ont été nécessaires avant que le Pharaon laisse enfin partir les fils d’Israël. Après avoir mangé la Pâque la dernière nuit qu’ils ont passée en Égypte, ils étaient montés de Ramsès à Succoth. Dieu les fit contourner le pays des Philistins ; il les conduisit « par le chemin du désert de la mer Rouge  (Exode 13 v. 18) » .

Si nous considérons maintenant le chapitre 14 de l’Exode, nous y trouvons un type clair de la rédemption. À peine délivré par la main puissante de Dieu de l’esclavage du Pharaon et conduit hors d’Égypte, le peuple d’Israël se trouvait placé dans une situation extrêmement critique, même dangereuse. Devant lui, la mer Rouge, derrière lui, le Pharaon et ses armées lancées à sa poursuite : Comment pouvait-il échapper à la destruction par les Égyptiens ? « Et les fils d’Israël eurent une grande peur, et crièrent à l’Éternel (v. 10) » .

Mais bien que, dans leur situation apparemment sans issue, ils n’aient pas vraiment compté sur Dieu, comme le montrent clairement les versets qui suivent, l’ange de Dieu s’est néanmoins interposé en grâce souveraine entre eux et les Égyptiens. La colonne de nuée vint « entre le camp des Égyptiens et le camp d’Israël ; et elle fut pour les uns une nuée et des ténèbres, et pour les autres elle éclairait la nuit ; et l’un n’approcha pas de l’autre de toute la nuit  (v. 20) ». Puis, par la verge de Moïse, Dieu fendit la mer devant son peuple et fit traverser les fils d’Israël à pied sec. Et lorsque les Égyptiens les poursuivirent, Dieu fit retourner les eaux de la mer sur eux et détruisit toute l’armée des Égyptiens, il n’en resta pas même un seul : « Et l’Éternel délivra en ce jour-là Israël de la main des Égyptiens, et Israël vit les Égyptiens morts sur le rivage de la mer  (v. 30) ». Quelle image merveilleuse de la rédemption que nous, enfants de Dieu, connaissons dans le Seigneur Jésus Christ aujourd’hui pendant le temps de la grâce !

Quant à la signification typique, une différence — souvent ignorée — existe entre la fête de la Pâque au chapitre 12 et le passage des fils d’Israël à travers la mer Rouge au chapitre 14. Il est vrai que les deux événements parlent en image de la mort de Christ ; mais, contrairement à ce qui est fréquemment avancé, la Pâque n’est pas le type véritable de la rédemption. À la Pâque, Dieu s’est révélé comme le Dieu de jugement, et par le sang de l’agneau pascal, il a délivré les fils d’Israël du jugement. Mais, à elle seule, la délivrance du jugement mérité n’est pas ce que l’Écriture appelle la rédemption, malgré l’importance et la nécessité extrêmes d’une telle délivrance.

Elle revêtait aussi davantage le caractère d’une protection que celui d’un salut. Au sens strict du mot, les Israélites n’étaient pas encore sauvés. Néanmoins, à la mer Rouge, Dieu les a sauvés du cruel ennemi ; là, il s’est manifesté comme leur Sauveur. Nous avons ici le véritable type de la rédemption. Les eaux qu’ils redoutaient et par lesquelles ils risquaient de tomber entre les mains du Pharaon sont devenues dans la main de Dieu le moyen de leur salut. De même, le Seigneur Jésus aussi, par la mort, a rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et a délivré tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude (Hébreux 2 v. 14 et 15).

Nous nous sommes servis à plusieurs reprises des mots « type » ou « typique » et il paraît important d’en indiquer ici la signification. Très souvent dans le Nouveau Testament il est parlé de « type » dans le sens qu’une personne et sa conduite nous sont présentées comme modèle à imiter. Telle ou telle personne doit alors nous servir d’exemple pour notre propre comportement. Le mot « type » est employé là moralement.

Mais outre cet usage, une autre signification est encore donnée en 1 Corinthiens 10 : « Or toutes ces choses leur arrivèrent comme types, et elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints  (v. 11) ». Ce verset nous indique que les événements que Dieu a fait venir sur le peuple d’Israël ont une signification typique, cachée — aux yeux d’alors. Par les divers incidents et leur ordre, Dieu nous donne aujourd’hui des enseignements concernant des grandes vérités chrétiennes, qui ne sont révélées pleinement que dans le Nouveau Testament.

Ce que nous avons dit jusqu’ici au sujet de la rédemption en donne un exemple frappant. À la mer Rouge, les fils d’Israël n’ont connu qu’une délivrance temporelle et, de plus, d’ennemis terrestres uniquement. Au sens spirituel, ils étaient eux-mêmes bien loin d’être « délivrés ». Sinon, le Seigneur Jésus n’aurait pas dû venir, des siècles plus tard, pour les sauver de leurs péchés (Matthieu 1 v. 21). L’œuvre de la rédemption n’a été accomplie qu’à la croix de Golgotha (Jean 19 v. 30 ; Hébreux 9 v. 12). Alors seulement et en lui seul, la rédemption est connue, le pardon des péchés (Éphésiens 1 v. 7 ; Colossiens 1 v. 14).

Mais la délivrance temporelle d’Israël de ses ennemis terrestres est une image merveilleuse de la délivrance que, par son œuvre, le Seigneur Jésus a accompli pour ceux qui croient en lui. Par ces images et les divers faits qui s’y rattachent, nous découvrons de nombreux traits de la vérité chrétienne, que nous ne pourrions guère apprendre de manière aussi approfondie autrement. En nous occupant, dans les pages qui suivent, de l’histoire du peuple d’Israël et de son pèlerinage à travers le désert, nous trouverons une telle abondance d’enseignements spirituels détaillés, que nous en serons surpris — et réjouis aussi, je l’espère.

Dans le désert  (Exode 15 v. 1 à 22).

Le cantique glorieux de la rédemption (Exode 15 v. 1 à 21), chanté sur l’autre rive de la mer Rouge, s’était tu : « Chantez à l’Éternel, car il s’est hautement élevé ; il a précipité dans la mer le cheval et celui qui le montait ».

Et maintenant ? Où le peuple racheté se retrouve-t-il ? Chose des plus curieuses : Dans le désert ! Était-ce là le sens de la rédemption ? N’avaient-ils pas chanté : « Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté ; tu l’as guidé par ta force jusqu’à la demeure de ta sainteté  (15 v. 13) ? » Et un peu plus tard, Dieu ne leur rappelle-t-il pas lui-même qu’il les a amenés à lui ? « Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Égypte, et comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle, et vous ai amenés à moi  (19 v. 4) ». Par la rédemption, ils étaient effectivement venus jusqu’à la demeure de sa sainteté, ils avaient été amenés à lui. Mais cela ne signifiait rien d’autre qu’ils étaient conduits en même temps dans le désert. Les fils d’Israël ne s’étaient probablement pas attendus à cela, et nous-mêmes nous montrons souvent surpris de nous retrouver comme rachetés, contre toute attente, dans le « désert ».

« Et Moise fit partir Israël de la mer Rouge, et ils sortirent vers le désert de Shur ; et ils marchèrent trois jours dans le désert, et ne trouvèrent point d’eau  (15 v. 22) ».

Nous apprenons ici une vérité essentielle, la réponse à une question très importante. Quel est le résultat de la rédemption accomplie, quel est le résultat de la délivrance de la puissance de Satan ? Que nous n’arrivons pas directement en Canaan, mais que nous sommes conduits dans le désert. Tant que les fils d’Israël séjournaient en Égypte, ils ne pouvaient pas connaître les « expériences du désert ». Et tant qu’ils n’étaient pas délivrés de la puissance du Pharaon, il n’y avait pas de combat. Comment d’ailleurs auraient-ils pu lutter contre le Pharaon ? Ils n’ont même pas essayé ; il les avait asservis et ils soupiraient sous le dur joug de l’esclavage. Ils devaient d’abord être amenés à Dieu avant de pouvoir livrer ses combats. Et il en va de même pour nous aujourd’hui. Nous n’avons aucune force pour lutter contre Satan tant que nous sommes encore ses esclaves. Il nous faut d’abord être délivrés de sa puissance avant de pouvoir le combattre. Or, le combat est une des nombreuses expériences que nous faisons dans le désert. Nous en parlerons plus en détail quand nous arriverons au chapitre 17.

Mais, comme nous venons de le voir, la rédemption nous conduit, d’un certain point de vue, directement dans le désert. Notre salut en est-il pour autant incertain ou contestable ? Bien au contraire ! Notre cheminement au travers du désert est plutôt la preuve que nous sommes un peuple racheté. Les Israélites ne pouvaient pas faire les expériences de Mara ou d’Élim, tant qu’ils demeuraient en Égypte.

Si seulement nous en étions plus conscients ! Il est vrai que la traversée du désert entraîne une quantité d’épreuves et d’humiliations. Mais celles-ci nous montrent simplement que nous ne sommes plus en Égypte et que Dieu nous a amenés à lui. Dans sa miséricorde, il marche avec nous dans le désert et nous porte sur des ailes d’aigle, qui ne connaissent aucune défaillance. Dans les circonstances les plus adverses, il nous fait expérimenter sa bonté, sa présence et son secours — des expériences particulièrement précieuses, dont nous ne voudrions plus nous passer.

L’acquisition d’une meilleure connaissance de nous-mêmes, la réalisation de la corruption totale de notre nature sont également des conséquences inévitables de la marche à travers le désert. Dieu ne peut ni ne veut nous les épargner. Aussi nous conduit-il selon sa sagesse et son amour dans le désert. Il ne nous dirige pas à le contourner soigneusement, mais nous mène en plein milieu. Il veut nous y avoir tout pour lui ; c’est le lieu où nous apprenons à jouir pratiquement de sa grâce inexprimable. Soyons-en assurés, bien-aimés : Nous avons beaucoup à apprendre dans le désert.

Pas d’eau.

Quelle situation terrible dans la vie de traverser un désert sans ressources et de ne pas trouver d’eau ! Cela signifie une mort certaine. En fait, les trois jours pendant lesquels le peuple a marché dans le désert sans trouver d’eau parlent aussi de mort. L’expression « trois jours » revient plusieurs fois dans les Saintes Écritures, et souvent elle est en relation avec la mort ( exemple Genèse 22 v. 4 ; 40 v. 19 ; Matthieu 12 v. 40).

Eh bien ! Nous devons apprendre à appliquer la mort à tout ce que nous trouvons en nous-mêmes et dans ce monde. Dans sa grâce, Dieu nous a placés, par la mort de Christ (la « mer Rouge »), dans une position entièrement nouvelle, une position parfaite ; il nous a amenés à lui. Mais s’il nous unit à Christ dans sa mort, s’il nous voit, quant à notre position, comme morts et ressuscités avec Christ, le but de ses voies envers nous est de nous mettre pratiquement en accord avec cette nouvelle position.

Selon la doctrine de l’épître aux Romains, le croyant est mort tant au péché (chap. 6) qu’à la loi (chap. 7). Et l’épître aux Galates nous montre le troisième aspect : Nous sommes aussi morts au monde (chap. 6). Nous ne ferons aucun progrès dans notre vie de foi, si nous ne nous tenons pas véritablement pour morts au péché, si nous n’acceptons pas d’une manière pratique la mort comme étant le seul moyen par lequel nous sommes délivrés de l’activité de la chair en nous. Croyons-nous vraiment pouvoir croître intérieurement si nous portons continuellement nos regards vers le monde qui a rejeté et qui rejette Christ ?

Paul voyait la croix de Christ entre lui et le monde. Cela réglait tout pour lui. Or c’est une chose de renoncer de soi-même au monde, et c’en est une autre, plus douloureuse, quand le monde, de son côté, ne veut pas de nous. Paul les connaissait toutes deux : « Mais qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m’est crucifié, et moi au monde  (Galates 6 v. 14) ». Les fils d’Israël ont dû apprendre qu’en conséquence de leur délivrance hors d’Égypte, le monde était devenu pour eux un désert. Et telle est la leçon que nous devons aussi apprendre.

Mais que signifie en réalité considérer le monde comme un « désert » dans lequel on ne trouve « pas d’eau » ? La réponse est à la fois simple et réjouissante : Dans ce monde, comme système de Satan, il n’y a rien, absolument rien qui puisse offrir quoi que ce soit à la vie nouvelle, que nous avons reçue à la nouvelle naissance (Jean 3 v. 3 à 8). Rien dans le monde ne peut nourrir ou soutenir la vie nouvelle en nous, la vie de Christ. À cet égard, toutes les sources de ce monde sont effectivement desséchées, taries, pour le croyant.

Si nous saisissons cette vérité par le cœur, nous cesserons d’être affectés en pensant au « désert ». Nous constaterons plutôt l’exactitude de ce qui vient d’être dit : C’est une vérité qui nous réjouit. Apprenons donc que la vie nouvelle qui nous a été donnée n’est pas plus « du monde » que la source divine dont elle provient.

« Ils ne trouvèrent point d’eau ». C’est précisément ce à quoi nous devions nous attendre ici, « dans une terre aride et altérée, sans eau  (Psaume 63 v. 1) ». Au lieu de cela, nous nous montrons souvent surpris que les sources auxquelles nous avons bu précédemment soient taries pour le nouvel homme. Pourtant, toutes les ressources terrestres ressemblent à des puits asséchés : Elles ne peuvent en aucune manière aider et soutenir l’homme intérieur, qui est créé selon Dieu (Éphésiens 4 v. 24). Cela, nous devons en fait l’apprendre par des expériences pratiques souvent amères, nous devons apprendre à marcher les « trois jours » dans le désert et à réaliser ainsi la distance que la mort a établie entre nous et le monde.

3. À Mara et à Élim.

« Et ils vinrent à Mara ; mais ils ne pouvaient boire des eaux de Mara, car elles étaient amères : c’est pourquoi son nom fut appelé Mara. Et le peuple murmura contre Moïse, disant : Que boirons-nous ? Et il cria à l’Éternel ; et l’Éternel lui enseigna un bois, et il le jeta dans les eaux, et les eaux devinrent douces  (Exode 15 v. 23 à 25) ».

Le pèlerinage du peuple d’Israël dans le désert, tel qu’il est décrit dans les chapitres 15 à 18 de l’Exode, porte un caractère tout à fait particulier. Il couvre une période inférieure à trois mois (19 v. 1). La traversée du désert a toutefois duré quarante ans, comme nous le savons. Mais cette première étape comporte ceci de particulier, quelle était entièrement placée sous le signe, le principe, de la grâce de Dieu. C’est aussi la raison pour laquelle cette courte période se termine par un beau type du Millénium (chap. 18). Nous ne considérerons cependant pas ce chapitre dans le cadre de cet ouvrage.

Comme nous l’avons déjà vu, après avoir délivré d’une manière miraculeuse les fils d’Israël de leurs ennemis, Dieu, dans sa grâce illimitée, les a conduits à travers le désert. Mais maintenant, dans chacun des chapitres 15, 16 et 17, nous trouvons des murmures de leur part, des murmures d’incrédulité, d’obstination. Voyons-nous alors aussi Dieu les reprendre ou même les punir pour cela ? Absolument pas !

Leurs murmures n’étaient-ils donc pas répréhensibles aux yeux de l’Éternel ? Oui, certainement ! Mais Dieu les portait et les supportait avec une grande grâce et une grande patience, parce que les fils d’Israël n’étaient pas sous la loi, mais sous la grâce. Tel était le véritable motif des voies pleines de patience de Dieu envers eux. Plus leurs murmures étaient violents, plus il faisait abonder sa grâce à leur égard. Cela nous rappelle malgré nous un verset de Romains 5 : « Mais là où le péché abondait, la grâce a surabondé  (v. 20) ». Parce que précisément ce principe caractérise aujourd’hui notre position, nous trouvons dans les chapitres mentionnés de nombreux enseignements qui peuvent s’appliquer directement à nous. En fait, ils nous offrent un témoignage extrêmement précieux de la grâce de Dieu — la faveur dans laquelle nous sommes aujourd’hui (Romains 5 v. 2).

Dieu ne changea de manière d’agir à l’égard des fils d’Israël que lorsqu’ils arrivèrent dans le désert de Sinaï et que, « devant la montagne », ils se placèrent volontairement sous la loi (Exode 19) : Il les jugea dès lors, eux et leurs transgressions, selon la justice de son gouvernement. Ils s’étaient mis sous la loi, ils avaient pensé pouvoir faire « tout ce que l’Éternel a dit ». Dieu s’est alors vu contraint de juger immédiatement toute transgression et toute révolte de leur part selon les exigences de la loi et de Sa sainteté. Voilà ce qui a caractérisé la seconde grande étape de la traversée du désert, d’environ quarante ans. Il est cependant manifeste — et à la gloire de Dieu également — que la loi n’a pas régné sans mélange, mais que la grâce divine est aussi toujours intervenue.

La leçon de Mara.

Dieu fit marcher les fils d’Israël trois jours dans le désert sans qu’ils trouvent d’eau. Et quand ils arrivèrent finalement à Mara et en ont enfin découvert, elle était si amère qu’ils ne pouvaient pas la boire. Pourquoi donc ? Dieu prenait-il plaisir à les tourmenter ? Telle est toujours la pensée que Satan cherche à nous suggérer, quand Dieu permet que nous soyons assaillis par des tentations. Non, « ce n’est pas volontiers qu’il afflige et contriste les fils des hommes  (Lamentations 3 v. 33) ». La leçon que les Israélites devaient apprendre alors et que nous avons à apprendre aujourd’hui est celle-ci : Qu’ici-bas, nous dépendons de Dieu pour chaque goutte d’eau.

Il n’y a absolument rien en nous à quoi nous puissions nous fier. Qu’il s’agisse du service, du combat ou de la marche, nous ne disposons d’aucune ressource en nous-mêmes. Combien nous avons de peine à l’apprendre ! Qu’il nous est difficile de réaliser que nous sommes absolument sans force et impuissants ! Dieu se sert de telles mises à l’épreuve dans le désert pour nous enlever toute confiance en nous-mêmes. Nous devons nous en remettre totalement à lui. Existe-t-il quelque chose de meilleur dans ce monde que de dépendre entièrement de lui ?

Dieu doit parfois nous montrer ce qui est dans notre cœur pour nous amener à discerner alors aussi ce qu’il y a dans son cœur pour nous. Nous faisons souvent la même expérience que les Israélites à Mara. Après trois jours de marche sans trouver d’eau, ils crurent avoir atteint enfin l’objet de leurs désirs et, dans l’indépendance de Dieu, ils étendirent leurs mains pour se servir. Et quand ensuite ils eurent ces eaux à leur disposition, ils durent constater qu’elles étaient amères. Qui d’entre nous n’a pas déjà essayé d’obtenir une chose ou une autre indépendamment de Dieu ? Mais combien les résultats d’actions de propre volonté sont amers, combien les circonstances aussi sont amères, quand nous les traversons sans Dieu !

« Et le peuple murmura contre Moïse, disant : Que boirons-nous ? » Ce qui était dans leurs cœurs : L’incrédulité, se manifeste ici, et cet état devait leur être révélé. Quelques jours seulement s’étaient écoulés depuis qu’ils avaient chanté avec des cœurs débordant de joie pour louer et célébrer leur Rédempteur. Maintenant, le cantique de la délivrance s’était subitement arrêté sur leurs lèvres et ils murmuraient contre Moïse. Était-il imaginable que Dieu les ait délivrés en leur faisant traverser la mer Rouge pour les laisser mourir de soif dans le désert ? Pourrait-il jamais abandonner les objets de son amour ? S’agissait-il d’un manque d’amour de sa part si maintenant les eaux de Mara aussi s’avéraient amères ?

Nous pouvons retenir ici deux leçons, quand nous avons à traverser des circonstances semblables. La première est que les eaux amères de Mara ne révèlent pas ce qui est dans le cœur de Dieu. Ce cœur a été manifesté à un tout autre endroit et d’une manière complètement différente ; à la croix de Golgotha et dans la rédemption. C’est ce dont parle le « bois » que l’Éternel enseigna à Moïse et qui, jeté dans les eaux amères, les rendit douces. Dieu ne nous conduit pas à « Mara » pour nous faire douter de son amour.

À la croix de Christ, il a établi le constat complet de son amour envers nous (Romains 5 v. 8), de sorte que la seule réponse que nous pouvons apporter quand nous sommes à « Mara » est que nous avons quelque chose à apprendre. Et qu’avons-nous toujours à apprendre ? Que nous dépendons totalement de Dieu pour chaque goutte d’eau, pour tout ce qui rafraîchit notre âme. Mais en elles-mêmes les circonstances éprouvantes ne sont pas le miroir du cœur de Dieu. Toutefois, si nous introduisons la croix de Christ comme expression suprême de l’amour et de la victoire de Dieu dans nos circonstances, elles perdent leur amertume. Nous serons ainsi gardés de douter de l’amour de Dieu dans les épreuves.

Mais ensuite nous devons aussi apprendre à appliquer la mort à la chair. Dieu s’est servi de ce qui signifiait la mort (les eaux amères de Mara) pour la vie. Après avoir été guéri de sa grave maladie, Ézéchias a exprimé cette vérité en ces termes : « Seigneur, par ces choses on vit, et en toutes ces choses est la vie de mon esprit  (Ésaïe 38 v. 16) ». Le Nouveau Testament la rend ainsi : « Si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez  (Romains 8 v. 13) ».

Si nous apportons de cette manière aussi la croix de Christ dans l’amertume des eaux de Mara, acceptant les épreuves comme moyen pour être délivrés de l’activité de la chair et, par là, comme moyen pour être bénis, les eaux amères deviendront douces. Nous serons même capables de nous glorifier dans les tribulations (Romains 5 v. 3), parce qu’au travers de ce qui nous paraît si amer, le rafraîchissement et la guérison sont obtenus. L’énigme de Samson se vérifie à nouveau : « De celui qui mange est sorti le manger, et du fort est sortie la douceur  (Juges 14 v. 14) ». Je crois que nous pouvons lier les deux pensées au « bois », à la croix de Christ.

L’obéissance  (Exode 15 v. 25 et 26).

Nous trouvons ensuite un principe extrêmement important, qui s’appliquait aux croyants de l’Ancien Testament et qui conserve toute sa validité pour ceux du Nouveau Testament aussi : La bénédiction de Dieu dépend de l’obéissance des rachetés et, de ce fait, de leur marche : « Là il lui donna un statut et une ordonnance, et là il l’éprouva, et dit : Si tu écoutes attentivement la voix de l’Éternel, ton Dieu, et si tu fais ce qui est droit à ses yeux, et si tu prêtes l’oreille à ses commandements, et si tu gardes tous ses statuts, je ne mettrai sur toi aucune des maladies que j’ai mises sur l’Égypte, car je suis l’Éternel qui te guérit  (v. 25 et 26) ».

Dieu les préserverait des maladies de l’Égypte s’ils écoutaient attentivement la voix de l’Éternel, leur Dieu et faisaient ce qui lui plaisait. Ne pensons pas que cela concerne uniquement le peuple terrestre de Dieu sous la loi ! En effet, d’une part, comme nous l’avons vu, Israël n’était à cette époque pas encore sous la loi. Et d’autre part, ce principe se retrouve partout dans les Saintes Écritures, dans le Nouveau Testament y compris : Les paroles du Seigneur en Jean 14, par exemple, en sont aussi l’expression : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui  (v. 23) ». À part le fait que l’obéissance est le vrai test de l’amour, nous apprenons ici que l’amour du Père diffère selon son gouvernement envers ses enfants et qu’il dépend de la mesure de leur obéissance.

Nous ne pourrons jamais assez insister sur ce principe. Le Père vient à ceux qui sont obéissants, il fait sa demeure chez eux. Il s’agit ici de la jouissance de la proximité de Dieu, et non pas simplement de l’habitation du Saint Esprit dans le croyant. Nous craignons que de nombreux enfants de Dieu ne jouissent guère de leurs bénédictions. Une marche négligente, indépendante en est pratiquement toujours la raison. On ne recherche pas la volonté de Dieu ; on fait plutôt ce qui paraît bon à ses propres yeux. Est-il étonnant que le cœur se refroidisse, qu’il devienne superficiel et indifférent ? Un tel état ne permet pas de jouir de l’amour du Père, ni de faire l’expérience que le Seigneur Jésus se révèle au cœur (v. 21).

Les bénédictions spirituelles appartiennent certes à tous les rachetés (Éphésiens 1 v. 3), mais seuls en jouissent ceux qui étudient avec zèle la parole de Dieu, pour y trouver les pensées de Dieu et les mettre ensuite en pratique. À cet égard, rien n’égale une marche dans l’obéissance à la parole de Dieu. Toutes les bénédictions et la joie que nous avons perdues par notre indépendance et notre désobéissance seront un jour pleinement révélées devant le tribunal de Christ.

Les fils d’Israël en tout cas prenaient maintenant conscience qu’ils avaient affaire à Dieu. Il leur faisait connaître sa volonté par des commandements et des statuts. Et du fait qu’ils n’avaient plus à faire au Pharaon mais au Dieu vivant, ils ont appris à connaître Dieu sous un nouveau caractère : comme l’Éternel qui les guérissait. Il est vrai que Dieu les a éprouvés et il nous éprouve. Il sait ce qu’il y a dans nos cœurs, alors que nous l’ignorons souvent. Aussi nous met-il à l’épreuve. Mais il le fait par amour, pour se révéler comme le Seigneur qui nous guérit.

Rafraîchissement et protection  (Exode 15 v. 27).

« Puis ils vinrent à Élim, où il y avait douze fontaines d’eau et soixante-dix palmiers ; et ils campèrent là, auprès des eaux  (v. 27) ». Ce n’est certes pas sans raison qu’il est parlé d’abord de la bénédiction résultant de l’obéissance et ensuite seulement d’Élim avec ses fontaines et ses palmiers. Après toutes leurs épreuves, les fils d’Israël ont trouvé là un plein rafraîchissement et une parfaite protection.

Le Berger d’Israël qui « mène Joseph comme un troupeau  (Psaume 80 v. 1) », qui paît son troupeau comme un berger (Ésaïe 40 v. 11), leur faisait éprouver maintenant ses compassions. Et ce que le prophète Ésaïe dit dans un autre passage à Son sujet s’est vérifié : « Car celui qui a compassion d’eux les conduira et les mènera à des sources d’eau  (Ésaïe 49 v. 10) ».

Il nous conduit aussi continuellement à des sources surabondantes de rafraîchissement, qu’il s’agisse de notre marche personnelle ou collective. Que notre Seigneur est bon ! Nous avons déjà fait des expériences avec lui dans le désert et nous pouvons dire avec hardiesse : « L’Éternel est mon berger : Je ne manquerai de rien  (Psaume 23 v. 1) ». Seul un cœur qui se confie entièrement en Lui, qui regarde à Lui et non pas aux circonstances du désert, peut s’exprimer ainsi.

Les nombres « douze » et « soixante-dix » sont deux symboles différents de la perfection. Ils figurent ici d’une part un rafraîchissement parfait, « douze fontaines d’eau », et d’autre part une protection parfaite, « soixante-dix palmiers ». Il est alors remarquable qu’en relation avec l’envoi de ses disciples, le Seigneur Jésus se serve de ces deux nombres. Il envoie une fois les douze (Luc 9 v. 1 et 2) et, dans le chapitre suivant, les soixante-dix (Luc 10 v. 1).

Dans les deux cas, il voulait, par leur moyen, faire parvenir au peuple les bénédictions qui lui étaient destinées. Ainsi, les douze fontaines d’eau et les soixante-dix palmiers à Élim semblent également indiquer certains instruments que Dieu a appelés et qu’il emploie pour la bénédiction et la consolation des siens. N’avons-nous pas déjà souvent expérimenté un de ces « Élim » alors que nous étions réunis au nom du Seigneur Jésus et qu’il nous a dispensé sa bénédiction par ses serviteurs, qu’il nous a donné la « nourriture au temps convenable  (Matthieu 24 v. 45) » ?

Mais remarquons l’ordre : « Mara » précède « Élim » ! Les fleuves de rafraîchissement d’« Élim » ne peuvent se déverser librement que lorsque nous avons appris à « Mara » ce que signifie se tenir pour morts au péché et se confier en Dieu plutôt qu’en la chair. Il est vrai que nous n’aurons jamais terminé d’apprendre ces choses tant que nous serons sur la terre. Mais, quant au principe, nous devrions toutefois en avoir fait l’expérience et nous efforcer de rester dans une telle attitude. Alors le Seigneur, plein de grâce, nous sera en aide dans toute notre imperfection, et veillera à ce que nous ne manquions de rien. Mais sans la foi, nous ne pouvons pas suivre le chemin de la foi, et la chair n’est pas la foi.

4. Christ, la nourriture des siens.

Au chapitre 16 de l’Exode, nous trouvons dans la manne une image remarquable du Seigneur Jésus comme la nourriture des siens. Nous désirons, à l’aide de ce chapitre, nous occuper de ce thème béni, un thème qui concerne tout croyant et est absolument « vital ». Sans nourriture, on dépérit. Pour l’âme, il en va de même que pour le corps. Qu’on soit engagé depuis longtemps dans le chemin de la foi ou qu’on soit converti depuis peu de temps seulement, il est important pour tout enfant de Dieu de se nourrir suffisamment et de prendre la bonne nourriture au bon moment. Notre chapitre contient à cet égard aussi une multitude d’indications pratiques qui rendent son étude très profitable. Mais considérons d’abord les circonstances dans lesquelles les fils d’Israël se trouvaient alors et leur comportement dans celles-ci ! Nous pourrons en tirer plus d’une leçon pour notre vie.

Les premiers versets du chapitre mentionnent de nouveaux murmures des fils d’Israël dans le désert. Dans ce court intervalle, ils avaient déjà fait quelques expériences. Ils avaient marché trois jours dans le désert de Shur sans trouver d’eau et lorsqu’ils étaient arrivés à Mara et en avaient découvert, ils n’avaient pas pu boire ces eaux parce qu’elles étaient amères. À la suite de leurs murmures, Dieu, dans sa grâce, avait enseigné à son serviteur Moïse un bois qui, jeté dans les eaux, les rendit douces. À Élim, ils avaient de nouveau expérimenté la riche sollicitude de Dieu et ils avaient trouvé du rafraîchissement et une protection contre les rayons brûlants du soleil.

Mais ils ne pouvaient pas rester dans ce lieu de bénédiction, car ils étaient en chemin pour le pays promis. Aussi lisons-nous : « Et ils partirent d’Élim, toute l’assemblée des fils d’Israël, et vinrent au désert de Sin, qui est entre Élim et Sinaï, le quinzième jour du second mois après leur sortie du pays d’Égypte  (Exode 16 v. 1) ».

Comme les fils d’Israël, nous sommes en « marche ». Notre but, il est vrai, est la patrie céleste. Mais nous aussi ne l’atteignons qu’après la traversée du « désert ». De même qu’aux Israélites, Dieu nous accorde continuellement, dans sa bonté, des moments et des périodes où, retirés du monde et sans être inquiétés par lui, sous l’opération du Saint Esprit, nous trouvons du rafraîchissement pour l’esprit et l’âme par la parole de Dieu. C’est ce qu’évoquaient les « fontaines d’eau ».

Mais ensuite, il s’agit de repartir et de continuer. Nous resterions souvent volontiers plus longtemps à « Élim », nous voudrions bien « retenir » les moments de bénédiction particulière. Mais les pensées de Dieu sont différentes. Il désire que nous mettions en pratique dans la vie de chaque jour ce que nous avons appris dans sa communion. Les heures passées à s’occuper de sa Parole sont particulièrement bénies et nécessaires, mais elles sont suivies de temps d’épreuve. Nous n’apprenons que dans la pratique de la vie journalière combien les choses que nous avons saisies dans notre cœur sont vraies.

Lorsque les trois disciples étaient avec le Seigneur Jésus sur la sainte montagne, ils auraient eux aussi préféré rester là : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici  (Matthieu 17 v. 4) ». La proposition de Pierre de faire trois tentes venait de cette appréciation, juste en soi. Sans nous attarder maintenant davantage sur la faute qu’il commettait, notons que pour les disciples, ce n’était pas non plus le temps de demeurer dans cette sphère de gloire plus longtemps.

Cette expérience devait servir à fortifier leur foi pendant qu’ils avançaient sur le chemin de disciples et de renoncement à soi (16 v. 24 et suiv.). Mais ensuite, ils ont dû, eux aussi, redescendre de la montagne pour faire d’autres expériences dans la vallée de la mise à l’épreuve humaine. Si nous ne pouvons pas non plus rester à « Élim » ou sur la « montagne de la transfiguration », nous pouvons néanmoins poursuivre notre chemin avec le Seigneur, dans l’heureuse conscience de ce que nous avons vu et vécu là, et cela en vaut la peine.

En relation avec le verset 1, remarquons encore qu’en quittant leur campement près de la mer Rouge (Nombres 33 v. 10), les fils d’Israël sont arrivés d’abord dans le désert de Sin ; et ici, il est ajouté : « ...qui est entre Élim et Sinaï ». Cette mention semble bien être faite pour marquer une période précise dans le pèlerinage du peuple d’Israël. Même si celle-ci n’a connu que la durée relativement courte de trois mois, les Israélites ont néanmoins expérimenté la grâce de Dieu d’une manière particulière pendant ce temps. Des murmures fréquents de leur part, comme nous allons le voir de nouveau bientôt, un grand support et une patience infinie du côté de Dieu, voilà ce qui a caractérisé cette étape significative de leur voyage.

Plus tard, au cours des quelque quarante ans pendant lesquels ils ont erré dans le désert, combien de fois n’ont-ils pas dû se souvenir de ces jours bénis, alors qu’ils étaient sous la grâce de Dieu seulement et que Dieu était intervenu pour eux ! Mais ont-ils jamais pris conscience qu’ensuite, dans le Sinaï, ils ont commis une de leurs fautes les plus fatales ? Là, se confiant en leur propre capacité, ils se sont placés volontairement sous la loi de Dieu (19 v. 8). Et alors, un tournant décisif s’est produit dans les voies de Dieu envers eux.

Cela s’est manifesté notamment en ce que Dieu les punissait désormais sérieusement lorsqu’ils murmuraient contre lui. Pensons seulement à Nombres 11, où il est parlé, comme dans notre chapitre, de la manne et des cailles. Malgré de nombreuses ressemblances, il s’agit pourtant d’une autre circonstance, qui a eu lieu environ une année plus tard. En Exode 16, les fils d’Israël ont murmuré avant que la loi soit donnée, et Dieu leur a dispensé sans restriction le soir les cailles et le matin la manne. Mais en Nombres 11, ils pleurèrent, après le don de la loi, et la colère de Dieu s’embrasa contre eux et l’Éternel les frappa d’un fort grand coup (v. 10 et 33).

Des murmures contre Dieu (Exode 16 v. 1 à 3).

« Et ils partirent d’Élim, toute l’assemblée des fils d’Israël, et vinrent au désert de Sin, qui est entre Élim et Sinaï, le quinzième jour du second mois après leur sortie du pays d’Égypte. Et toute l’assemblée des fils d’Israël murmura contre Moïse et contre Aaron, dans le désert. Et les fils d’Israël leur dirent : Ah ! que ne sommes-nous morts par la main de l’Éternel dans le pays d’Égypte, quand nous étions assis auprès des pots de chair, quand nous mangions du pain à satiété ! Car vous nous avez fait sortir dans ce désert pour faire mourir de faim toute cette congrégation  (v. 1 à 3) ».

Toute l’assemblée des fils d’Israël murmure de nouveau. Mentionnés à plusieurs reprises dans ce court passage (v. 2, 7, 8, 9, 12), leurs murmures ne s’élèvent cette fois-ci qu’en apparence contre Moïse et Aaron. En réalité, ils s’adressent à Dieu lui-même : « Vos murmures ne sont pas contre nous, mais contre l’Éternel » ; « … parce que l’Éternel a entendu vos murmures que vous avez proférés contre lui  (v. 8) ». La pensée solennelle que tout péché est dirigé en premier lieu contre Dieu lui-même devrait nous faire réfléchir. David l’avait compris. Bien qu’il ait péché très gravement contre Urie, il se tourne pourtant vers Dieu pour confesser : « Contre toi, contre toi seul, j’ai péché  (Psaume 51 v. 4) ».

Mais il est aussi grave de s’élever contre des serviteurs de Dieu. En le faisant, on s’en prend au Seigneur lui-même. Il considère l’attaque comme dirigée contre lui. Le Seigneur a dit à ses disciples : « Celui qui vous écoute, m’écoute ; et celui qui vous rejette, me rejette ; et celui qui me rejette, rejette celui qui m’a envoyé  (Luc 10 v. 16) ». C’est un principe général : Dieu lie son message aux messagers qui l’annoncent. Si ses messagers sont rejetés, son message et, par conséquent, lui-même, le sont aussi.

Encore un mot sur la signification des murmures. Murmurer exprime le mécontentement du cœur à l’égard de ce que Dieu fait. Le désert représente toujours quelque chose d’exerçant pour la chair, parce quelle n’est absolument pas en mesure de faire confiance à Dieu. Si nous sommes dans un état charnel, les murmures contre Dieu jaillissent tout naturellement. Nous pouvons avoir expérimenté les bontés de Dieu de mille façons ; et pourtant il suffit dune seule circonstance qui ne plaise pas à la chair en nous, pour que le manque de foi se manifeste aussitôt en ce que nous trouvons quelque chose à redire aux voies de Dieu à notre égard.

En fin de compte, nous mettons par là en doute l’amour et la sagesse de notre Dieu en ce qui nous concerne. Satan attise vigoureusement de telles pensées d’incrédulité en nous. Elles sont alors les « dards enflammés du méchant », par lesquels il cherche à ébranler notre confiance en Dieu et en son amour (Éphésiens 6 v. 16). Seul le « bouclier de la foi » pourra les repousser.

Sommes-nous conscients que toutes nos plaintes et nos gémissements de mécontentement ne font que manifester notre manque de confiance en Dieu et notre ingratitude ? Cela ne devrait-il pas nous amener à penser que, dans notre cas aussi, Dieu prend parfaitement connaissance des murmures, qu’il les « entend » ?

Bien que le Seigneur Jésus n’ait pas été physiquement présent quand Thomas a exprimé des paroles d’incrédulité, il les a pourtant entendues et il a dû réprimander son disciple : « Ne sois pas incrédule, mais croyant  (Jean 20 v. 27) ». Est-ce que tous les murmures concernant les voies de Dieu à notre égard ne mourraient pas sur nos lèvres, si nous étions plus reconnaissants de toutes les bontés que Dieu a déjà manifestées envers nous ? « Remercier préserve de vaciller » dit avec justesse un vieux proverbe.

 

Arthur KatzUn message de Christian Briem
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