Action de l’Esprit de Dieu.6

Action de l’Esprit de Dieu.6

Si nous vivons en la présence de Dieu, dans le sentiment que nous ne sommes rien et qu’il suffit à tout, nous apprendrons à connaître le précieux secret d’un ministère efficace.

La petite digression que nous nous sommes permise ne sera pas sans profit, nous l’espérons ; car quoiqu’elle dise peu de chose de Job et de ses amis, ces personnes nous ont cependant fourni l’occasion de jeter un coup d’œil sur notre propre cœur et sur notre conscience. Si nous l’avons fait en sincérité, nous pourrons d’autant mieux comprendre et estimer le ministère puissant d’Élihu.

La jeunesse : ses qualités et ses défauts.

Le lecteur ne manquera pas de reconnaître la double portée de ce remarquable ministère, portée qui s’étendit aussi bien à Job qu’à ses trois amis. Comme on l’a déjà remarqué, Élihu avait patiemment écouté les arguments fournis par les deux parties. Il les avait, pour ainsi dire, écoutés jusqu’au bout, et avait laissé les interlocuteurs dire tout ce qu’ils avaient à dire. « Et Élihu avait attendu que Job eût cessé de parler, parce qu’ils étaient plus avancés en jours que lui  (Job 32 v. 4) ». C’était là bien certainement la voie de l’Esprit de Dieu. La modestie est un ornement pour les jeunes gens. Puisse-t-elle se montrer davantage au milieu de nous !

Rien ne va mieux à un jeune homme qu’un maintien calme et réservé. Lorsqu’un mérite réel se cache sous un extérieur humble et modeste, il attire les cœurs avec une force irrésistible. Par contre rien n’est plus déplaisant que la confiance en soi, la hardiesse et la présomption de tant de jeunes gens de nos jours. Ô qu’il serait désirable pour la suite qu’ils prennent à cœur les paroles d’introduction d’Élihu et qu’ils suivent son exemple !

« Et Élihu, ls de Barakeël, le Buzite, répondit et dit : Moi, je suis jeune, et vous êtes des vieillards ; c’est pourquoi je redoutais et je craignais de vous faire connaître ce que je sais. Je disais : Les jours parleront, et le grand nombre des années donnera à connaître la sagesse  (Job 32 v. 6 et 7) ». C’est l’ordre de la nature. Nous présumons que la sagesse est chez les hommes à cheveux blancs ; il est donc raisonnable et séant que les jeunes gens soient lents à parler et prompts à écouter, en présence de personnes plus âgées. On peut presque poser en fait qu’un jeune homme impétueux n’est pas conduit par l’Esprit de Dieu ; qu’il ne s’est jamais mesuré en la présence divine, et que son cœur n’a jamais été humilié devant Dieu.

Je ne doute pas que, comme ce fut le cas chez Job et ses amis, des personnes âgées ne puissent tenir des discours dépourvus de sens. Les cheveux gris et la sagesse ne vont pas toujours ensemble ; il n’est même pas rare que des personnes avancées en âge, se fondant sur le nombre de leurs années, s’arrogent une place pour laquelle elles ne sont nullement qualifiées, ni sous le rapport moral, ni sous le rapport spirituel, ni en fin sous le rapport ecclésiastique.

Tout cela est vrai, et mérite d’être pris en considération par ceux que cela concerne, mais cela n’ôte absolument rien au délicat sentiment moral qui s’exprime pleinement dans les premières paroles d’Élihu : « Je suis jeune, et vous êtes des vieillards ; c’est pourquoi je redoutais et je craignais de vous faire connaître ce que je sais ». Cela reste toujours juste. Il est toujours bienséant à un jeune homme de craindre de montrer son savoir. Soyons convaincus que quelqu’un qui a de la force morale ne montrera jamais de la précipitation à se produire ; si néanmoins il se met en avant il sera certainement écouté avec respect et attention. La modestie, jointe à la force morale, répand sur un caractère un grand attrait ; tandis que le talent le plus brillant repousse lorsqu’il s’annonce avec le ton de la confiance en soi.

Puissance et discernement par l’Esprit de Dieu.

« Toutefois », continue Élihu, « il y a un esprit qui est dans les hommes, et le souffle du Tout Puissant leur donne de l’intelligence  (v. 8) ». Un élément tout différent est introduit ici. L’Esprit de Dieu entre en scène en ce moment ; et alors, en tant qu’il peut parler par un jeune homme comme par un homme âgé, il ne s’agit plus de la question de vieillesse ou de jeunesse : « Ni par force, ni par puissance, mais par mon Esprit, dit l’Éternel des armées (Zacharie 4 v. 6) ». Retenons toujours cela qui fut vrai pour les patriarches, vrai pour les prophètes, vrai pour les apôtres ; et qui reste vrai pour nous et pour tous. Il ne s’agit pas ici de la force humaine, mais de l’Esprit éternel.

Là se trouve le secret de la puissance calme d’Élihu. Il était rempli de l’Esprit Saint ; aussi oublions-nous son jeune âge pour prêter l’oreille à ses paroles abondantes, qui ne manquent ni de poids spirituel ni de sagesse céleste. Cela nous rappelle Celui qui parlait comme ayant de l’autorité, et non pas comme les scribes. Quelle différence importante il y a entre un homme qui parle les oracles de Dieu, et un autre qui, avec volubilité n’exprime que des pensées humaines, entre celui qui, avec l’onction de l’Esprit, parle du cœur, et un autre qui, avec l’autorité humaine, parle selon l’intelligence ! Qui peut justement estimer la différence entre ces deux choses ? Personne, si ce n’est ceux qui possèdent et réalisent l’Esprit de Christ.

Mais revenons aux paroles d’Élihu : « Ce ne sont pas les grands qui sont sages, ni les anciens qui discernent ce qui est juste. C’est pourquoi je dis : Écoute-moi ; moi aussi je ferai connaître ce que je sais. Voici, j’ai attendu vos paroles, j’ai écouté vos raisonnements, jusqu’à ce que vous eussiez examiné le sujet ; je vous ai donné toute mon attention : et voici, il n’y a eu personne d’entre vous qui convainquît Job, qui répondît à ses paroles  (v. 9 à 12) ».

Remarquons particulièrement ceci : « Il n’y a eu personne d’entre vous qui convainquît Job ». C’était bien assez. Job était, à la fin de l’entretien, aussi loin d’être réfuté et convaincu qu’au commencement. Nous osons dire, en effet, que chaque nouvel argument tiré du trésor de l’expérience, de la tradition et du légalisme n’avait servi qu’à fouiller quelque nouvelle cachette de la nature non brisée et non mortifiée de Job. C’est là une grande vérité morale, qui est mise en lumière à chaque page du livre que nous avons sous les yeux.

Combien elle est instructive, la raison de tout cela ! « Afin que vous ne disiez pas : Nous avons trouvé la sagesse. Dieu le fera céder, et non pas l’homme  (v. 13) ». La chair n’est pas glorifiée dans la présence de Dieu. Elle peut se vanter en dehors de cette présence. Elle peut élever ses prétentions, se glorifier de ses ressources et de ses entreprises, aussi longtemps que Dieu n’est pas pris en considération. Cependant Dieu intervient : alors toutes les jactances, les prétentions et les illusions présomptueuses se dissipent en un clin d’œil. « Où donc est la vanterie ? Elle a été exclue ».

Oui, toute vanterie, la vanterie de Job, et celle de ses amis. Si Job avait réussi à établir ses prétentions, il se serait glorifié. Si, d’un autre côté, ses amis étaient parvenus à le réduire au silence par leurs objections, ils se seraient de même glorifiés. Mais non : « Dieu le fera céder et non pas l’homme ». Il en est ainsi, et il faut qu’il en soit ainsi toujours. Dieu sait comment briser le cœur orgueilleux, et soumettre la volonté inflexible. Il est fort inutile de s’élever ; soyons assurés que quiconque s’élève, sera, tôt ou tard, abaissé.

Le gouvernement de Dieu est ordonné de telle manière, que tout ce qui est élevé doit être abaissé dans la poussière. C’est une vérité salutaire pour nous tous, mais surtout pour la jeunesse ardente, ambitieuse. Pour vivre heureux, vivons cachés ; c’est le moyen de jouir le mieux des rayons de soleil. Cela semble un paradoxe, mais c’est clair pour la foi. Le petit sentier caché, ombreux, est sans doute le meilleur, le plus heureux et le plus sûr. Puissions-nous le suivre jusqu’à ce que nous atteignions cette scène brillante et bénie, où l’orgueil et la présomption sont des choses inconnues !

Les paroles d’Élihu ont produit un effet étonnant sur les trois amis de Job : « Ils ont été confondus, ils ne répondent plus ; les paroles leur sont ôtées. J’ai attendu, car ils ne parlaient plus, car ils se tenaient là, ils ne répondaient plus ; je répondrai, moi aussi, à mon tour ; je ferai connaître, moi aussi, ce que je sais ; car je suis plein de paroles, l’esprit qui est au-dedans de moi me presse  (v. 15 à 18) ». Il faut que la source et la force de tout ministère en tout temps soit « l’inspiration » ou le « souffle du Tout-Puissant », sinon tout est de nulle valeur.

Être remplis de l’Esprit de Dieu.

N’oublions pourtant pas que, depuis que Christ est monté au ciel et s’est assis à la droite de Dieu en vertu d’une rédemption accomplie, un grand changement est survenu. Tout est changé depuis la mort, la résurrection et l’ascension de Christ, ainsi que depuis la présence du Saint Esprit sur la terre et son habitation en chaque croyant et dans l’Église entière, comme corps de Christ. Nous ne devons pas juger Élihu à ce point de vue-là.

L’habitation du Saint Esprit dans le croyant était encore une chose inconnue. Mais son principe a vigueur en tout temps. Celui qui veut parler avec force et efficace doit pouvoir dire dans une certaine mesure : « Je suis plein de paroles, l’esprit qui est au-dedans de moi me presse. Voici, mon ventre est comme un vin qui n’a pas été ouvert ; il éclate comme des outres neuves. Je parlerai et je respirerai ; j’ouvrirai mes lèvres, et je répondrai  (v. 18 à 20) ». Il faut ordinairement qu’il en soit ainsi, chez ceux qui veulent atteindre le cœur et la conscience de leurs semblables.

Élihu possédait le germe de ce qui, quinze siècles plus tard par l’envoi du Saint Esprit, devait parvenir à une pleine oraison et à maturité. Il savait que, pour parler d’une manière décidée, incisive et puissante, il faut être animé du « souffle du Tout-Puissant ». Il avait écouté à satiété le verbiage des anciens, qui avaient tiré quelques vérités incontestables de leur expérience ou de la pauvre provision des traditions humaines. Presque épuisé par tout ce qu’il venait d’entendre, il se lève avec la force de l’Esprit pour se tourner vers ses auditeurs, comme quelqu’un qui a, sur ses lèvres, les oracles de Dieu.

Voici le grand secret de la force et du succès de tout vrai ministère : « Si quelqu’un parle, qu’il le fasse comme oracle de Dieu (1 Pierre 4 v. 11 », dit Pierre. Ce n’est pas seulement que quelqu’un parle d’après l’Écriture, comme aussi c’est essentiellement nécessaire. Quelqu’un peut parler durant des heures, sans prononcer un mot qui soit anti-scripturaire, et cependant on n’a peut-être pas découvert en lui une trace d’oracles de Dieu.

Ceci est particulièrement important et remarquable pour tous ceux qui sont appelés à prendre la parole au milieu du peuple de Dieu. Je puis présenter clairement des vérités détachées ; mais c’est tout autre chose d’être un canal pour communiquer les pensées du cœur de Dieu aux âmes des siens. Cette dernière opération est le vrai ministère ; car celui qui parle de cette manière touchera si bien les cœurs et les consciences de ses auditeurs, que ceux-ci seront tentés de croire que leurs sentiments intimes ont été dévoilés à celui qui parle.

L’orateur amènera la conscience de l’auditeur si pleinement dans la lumière de la présence de Dieu, que les replis les plus cachés de son cœur seront mis à nu, et les racines intérieures atteintes. Voilà un vrai ministère. Tout autre est sans force, sans valeur et sans fruit. Rien n’est plus fatigant que de devoir prêter l’oreille aux paroles d’un homme qui, réduit à ses pauvres ressources à lui, nous apporte, pour ainsi dire, des vérités réchauffées et des pensées empruntées, comme on ferait d’une marchandise à la foire. Peut-être a-t-il parlé selon l’Écriture, mais il n’a rien dit comme oracle de Dieu.

Nous pouvons, en ceci, tirer une importante leçon de la manière d’agir d’Élihu. Si nous vivons en la présence de Dieu, dans le sentiment que nous ne sommes rien et qu’il suffit à tout, nous apprendrons à connaître le précieux secret d’un ministère efficace. Nous saurons alors nous appuyer sur Dieu seul, pour être, dans un bon sens, indépendants des hommes ; nous comprendrons la signification et la force des paroles suivantes d’Élihu : « Je ne ferai pas acception de personnes, et je ne flatterai aucun homme ; car je ne sais pas flatter : celui qui m’a fait m’emporterait bientôt  (v. 21 et 22) ».

 

Arthur KatzUn message de Charles H.Mackintosh
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