Le découragement

Le découragement

À quel moment du voyage le cœur du peuple se décourage-t-il en chemin ? Tout à la fin ! En route depuis trente-neuf ans, ils étaient à la veille d’atteindre enfin le pays de la promesse.

 

« Et le cœur du peuple se découragea en chemin » (Nombres 21 v. 4). La scène de Nombres 21 v. 4 à 9 a souvent illustré la présentation de l’Évangile. Le Seigneur lui-même a dit à Nicodème : « Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi il faut que le fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3 v. 14 et 15). Mais nous désirerions considérer ce récit à un autre point de vue, en faisant une application aux circonstances du croyant. Dans le livre des Nombres nous voyons le peuple d’Israël en marche et en lutte au milieu du désert. C’est le livre du désert et, à ce titre, il est rempli d’instructions pour nous, pèlerins en voyage au travers du désert de ce monde. 1 Corinthiens 10, qui fait aussi allusion à cette scène, nous rappelle que « toutes ces choses leur arrivèrent comme types et elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints ».

À quel moment du voyage le cœur du peuple se décourage-t-il en chemin ? Tout à la fin ! — En route depuis trente-neuf ans, ils étaient à la veille d’atteindre enfin le pays de la promesse. Le but si proche aurait dû être un stimulant pour eux. Tout au contraire, ils sont découragés… Pourquoi cela ? « Il n’y a pas de pain et il n’y a pas d’eau et notre âme est dégoûtée de ce pain misérable ». Sans doute, cheminer dans un désert aride sans pain et sans eau, ce serait bien décourageant, car il serait impossible d’arriver au bout du voyage. Mais Celui qui les a mis en route n’a-t-il pas fourni toutes les ressources nécessaires ? Comment les choses se sont-elles passées quand il a fallu « sortir vers le désert » ?

Au chap. 15 de l’Exode, nous voyons le peuple se mettre en chemin, après avoir traversé la mer Rouge. Tout aussitôt, l’Éternel leur donne la manne (chap. 16) et l’eau du Rocher (chapitre 17). Il pourvoit à tout — nourriture et rafraîchissement — dès les premiers pas dans le désert. Quelle saveur a cette nourriture excellente : « le goût d’un gâteau au miel » ! La douceur en est éprouvée et conduit le peuple à jouir du repos, le sabbat lui étant donné non comme un commandement de la loi — dont il n’est pas encore question — mais comme un privilège, sur le pied de la rédemption accomplie (Deutéronome 5 v. 15). Comment parler de repos à ce peuple tout au début de son voyage ? Oui, il pourra en jouir au milieu des sables brûlants du désert, s’il se nourrit chaque jour de la manne. Puis, l’eau coule du rocher qui a été frappé une fois, source de rafraîchissement toujours nouvelle.

Ces ressources ne sont-elles plus là au terme du pèlerinage ?

Elles sont les mêmes ! Elles n’ont jamais manqué et le peuple vient encore une fois de l’expérimenter à Meriba où les eaux ont coulé abondamment du rocher — bien que Moïse l’ait frappé, et par deux fois, au lieu de lui parler (Nombres 20 v. 7 à 13). Mais le peuple ne s’empare pas de ces ressources, suffisantes pour aller jusqu’au bout ; il n’en jouit plus parce qu’il n’y trouve plus la nourriture de son âme. Aussi, le cœur découragé, il parle contre Dieu et contre Moïse. Il en arrive à ce point parce qu’il a abandonné les ressources divines ou n’a pas su les apprécier à leur juste valeur. Sérieux enseignement pour tous les temps !

L’Éternel envoie alors les serpents. C’est la conséquence de leur état, mais aussi c’est pour en manifester la cause. C’est un châtiment de Dieu, agissant dans son gouvernement, mais en même temps, semble-t-il, un effet de sa grâce ; car il veut ramener les cœurs vers Lui et, pour cela, il est nécessaire que d’abord Il conduise le peuple à discerner la véritable cause des murmures et du découragement. Tout cela, c’est l’œuvre de l’ennemi, « le serpent ancien » (Apocalypse 20 v. 2), celui qui dès le commencement a conduit l’homme à douter de Dieu et de son amour. N’est-ce pas le but de toute discipline de nous amener à discerner et à juger la cause profonde de notre état, la racine du mal ? Par son moyen, dans le cœur et la conscience, un travail est produit qui conduit à dire : « Nous avons péché ». C’est le chemin de la restauration et de la bénédiction. Par la prière, le cœur se tourne ensuite vers Dieu. Dieu répondra certainement, mais comment le fera-t-Il ? Va-t-Il retirer sa main, ôter les serpents ? Non, Il pense à quelque chose de plus excellent encore. Il présente un objet aux regards de la foi et quiconque le regardera vivra. Sur celui qui le regardera l’ennemi aura perdu son pouvoir. Triomphe de la foi !

Alors le peuple peut se remettre en route. Nous le voyons aller, dans les versets qui suivent, d’étape en étape, de victoire en victoire. Il n’est plus question maintenant de découragement et de murmures : Israël chante un cantique ! C’est la joie et l’allégresse. « Monte, puits ! » (Nombres 21 v. 18) : une source précieuse de rafraîchissement est là pour ceux qui ont considéré l’objet placé devant eux !

Quelle illustration des choses qui nous concernent !

Nous aussi, nous sommes arrivés au terme du voyage, tout à la veille d’entrer dans la Canaan céleste. N’est-il pas vrai que, si près du but, nous sommes souvent découragés ? N’est-il pas vrai qu’il y a tant de choses qui nous conduisent ainsi à murmurer, dans les temps actuels surtout ? Et cela, parce que nous perdons de vue que les ressources de notre Dieu pour le temps du pèlerinage demeurent les mêmes jusqu’à la fin : la manne — type de Celui qui a dit : « Moi je suis le pain de vie. Celui qui vient à Moi n’aura jamais faim ; et celui qui croit en Moi n’aura jamais soif » (Jean 6 v. 35) — et l’eau du rocher, type du Saint Esprit.

Christ n’est plus la nourriture qui rassasie nos âmes, le Saint Esprit n’est plus cette « fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle », puissance intérieure qui nous rafraîchit et nous conduit à exprimer adoration et reconnaissance. Sans doute, nul n’oserait parler de « pain misérable », mais n’arrive-t-il pas que notre vie pratique traduise ce que taisent nos lèvres ? Pas de pain, pas d’eau ! Pas de repos non plus. Nous n’en jouissons pas, non parce que nous sommes dans un monde agité et inquiet, mais parce que nous ne nous nourrissons pas de Christ chaque jour. Ce sont alors le découragement et les murmures, car les deux vont généralement de pair. Tel est le résultat du travail de l’ennemi qui a voilé à nos yeux la personne adorable de Celui en qui nous avons tout, qui a entravé en nous la libre action du Saint Esprit.

Notre Dieu nous aime trop pour nous laisser dans cet état. Il permet alors l’épreuve qui nous conduira à discerner l’activité de l’adversaire. Mais surtout Il la dispense pour nous ramener à Lui en nous présentant Christ comme tout à nouveau. Le chemin du recouvrement c’est quand, dans l’humiliation et le jugement de nous-mêmes, nous pouvons dire : « Nous avons péché ». Peut-être Dieu n’éloignera-t-Il pas ce qu’Il a dû envoyer en discipline — et puis l’ennemi, le serpent ancien, sera toujours là. Mais Il présentera un objet, une Personne aux regards de notre foi.

Pas de pain ? Contemplez Christ, nourrissez-vous de Lui. Quiconque le regardera vivra. « Celui qui mangera ce pain vivra éternellement » (Jean 6 v. 58). C’est le pain qui donne la vie et qui en est aussi l’aliment chez tous ceux qui la possèdent.

Pas d’eau ? Voyez Celui qui a été frappé à la croix. « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à Moi et qu’il boive. Celui qui croit en Moi, selon ce qu’a dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre (Or il disait cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croyaient en lui ; car l’Esprit n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié) » (Jean 7 v. 37 à 39).

Découragés ? « Courons avec patience la course qui est devant nous, fixant les yeux sur Jésus, le Chef et le consommateur de la foi, lequel, à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et est assis à la droite du trône de Dieu. Car considérez Celui qui a enduré une telle contradiction de la part des pécheurs contre lui-même, afin que vous ne soyez pas las, étant découragés dans vos âmes » (Hébreux 12 v. 1 à 3).

Nous pourrons alors reprendre la route pour les derniers pas du voyage. Si près d’arriver, il y aura pourtant encore des luttes et des combats, mais la victoire est assurée pour la foi. C’est une foi triomphante ! Murmures et découragement feront place à l’allégresse et à la joie. Le cantique s’élèvera, au milieu du désert aride : « Monte, puits ! » Et nos âmes désaltérées jouiront de Celui qui sera notre bonheur pour l’éternité.

Amen

 

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