Rendre un culte selon la Parole

Rendre un culte selon la Parole

Le culte se « prépare » tout le long de la semaine ; en ce sens, il ne s’improvise pas. Si les cœurs ne sont pas préparés, si les corbeilles sont à peu près vides, l’action de l’Esprit est entravée, le culte sera pauvre.

« C'est nous, qui rendons à Dieu notre culte par l'Esprit de Dieu » (Philippiens 3 v. 3). Cela ne veut pas dire que nous puissions agir avec une liberté qui laisserait de côté les enseignements donnés par les Écritures au sujet du culte. Une telle liberté ne serait pas celle des « vrais adorateurs », et le chrétien qui penserait pouvoir en user serait en grand danger d’être conduit par la chair et non par l’Esprit.

Le culte rendu par l’Esprit doit l’être aussi selon les enseignements de la Parole ; car comment la liberté de l’Esprit pourrait-elle aller de pair avec l’indépendance de Dieu ? Il peut nous arriver de nous tromper nous-mêmes, d’être persuadés que nous sommes dirigés par l’Esprit, alors qu’en fait nous présentons « un feu étranger » (Lévitique 10 v. 1). La pierre de touche, c’est la Parole : on peut douter qu’il soit rendu « par l’Esprit de Dieu », un culte qui méconnaît ce que la Parole nous dit au sujet de l’adoration, encore qu’il faille observer aussi que Dieu tient compte de l’ignorance et de la faiblesse. Dieu en tient compte, mais aussi Il se plaît à instruire et à fortifier, afin que nous puissions Lui présenter, dans la puissance de l’Esprit, un culte selon Sa pensée exprimée dans sa Parole.

Les enseignements concernant le culte nous sont donnés aussi bien dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament. Ce qui est écrit dans les livres de Moïse, par exemple, ne concerne pas Israël seulement, mais nous est aussi communiqué « pour notre instruction » (Romains 15 v. 4). Si nous n’en tenons pas compte, nous en éprouverons une perte ; plus grave encore, notre culte en souffrira, par conséquent il y aura une perte pour Dieu et cela ne peut laisser nos cœurs insensibles.

Deutéronome 26 contient de nombreux enseignements à propos de l’adoration. Les deux premiers versets du chapitre nous montrent qu’avant de se rendre au lieu choisi par l’Éternel pour y faire habiter son nom, l’Israélite avait certains devoirs à remplir : une préparation était nécessaire avant qu’il fût en état d’apporter à l’Éternel « les prémices du fruit de la terre » (Deutéronome 26 v. 2). Penserions-nous qu’elle ne l’est pas aujourd’hui, sous prétexte que nous rendons culte d’une autre manière ? Elle l’est tout autant, nous ne l’oublions sans doute que trop.

Ou peut-être serions-nous tentés de substituer à la préparation qui convient, une certaine préparation du service — recherche de cantiques à faire chanter, de portions des Écritures à présenter — qui est à proscrire entièrement, car elle n’est pas selon l’enseignement de la Parole : entre autres choses, elle méconnaît la libre action de l’Esprit dans l’assemblée.

Il est parfois manifeste, même pour un œil spirituel peu exercé, que tel sujet proposé dès le début du culte pour orienter la louange, soit par l’indication d’un cantique, soit par une action de grâces, soit par une lecture de la Parole, ou encore telle autre action dans le courant du culte, peu en harmonie avec ce qui a déjà été présenté, ne sont que le fruit d’une préparation préalable du service. Ce qui est ainsi proposé est peut-être excellent en soi, mais le fait même que cela est senti comme une discordance prouve bien que l’action exercée ne l’est pas dans la dépendance de l’Esprit de Dieu. Si l’assemblée est spirituelle toute l’assemblée en souffrira ; en tous cas, les frères et sœurs spirituels en souffriront. La préparation qui est nécessaire, c’est celle de nos cœurs ; celle-là est indispensable, si nous voulons adorer selon la pensée de Dieu, dans la puissance de l’Esprit.

Reconnaissons-le avec droiture, nous sommes venus, bien des fois peut-être, dans le lieu du rassemblement pour le culte sans aucune préparation de nos cœurs, sans même beaucoup réaliser, comme nous le devrions toujours cependant, que nous nous rendions dans la présence du Seigneur, sous le regard de Celui qui a dit : « On ne paraîtra pas à vide devant ma face » (Exode 23 v. 15). Si nous avions un sentiment plus profond de la présence du Seigneur, le recueillement et la crainte marqueraient déjà notre entrée dans le lieu où Il veut se trouver, fidèle à sa promesse, et ensuite notre tenue et tout notre service.

De la même manière que l’Israélite ne pouvait apporter « les prémices du fruit de la terre » qu’après être « entré dans le pays », nous ne pouvons adorer que si d’abord nous sommes « entrés » dans le ciel, car pour nous « le pays » est céleste. Dieu nous a « vivifiés ensemble avec le Christ... nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le christ Jésus » (Éphésiens 2 v. 5 et 6). Telle est notre position. Dans quelle mesure la réalisons-nous dans notre vie pratique ? Un chrétien peut avoir l’assurance du pardon de ses péchés, tout en ignorant sa position céleste ; comment pourrait-il apporter les fruits du pays ?

Mais aussi, il peut avoir connaissance de la position dans laquelle la grâce de Dieu l’a établi sans pour autant en jouir et la réaliser effectivement. Tout ce qui est du domaine dans lequel il exerce son activité journalière l’occupe à un point tel, qu’il oublie durant six jours de la semaine, qu’il est déjà en Christ, assis dans les lieux célestes. Il ne pourra pas plus apporter les fruits du pays que s’il était dans l’ignorance de sa position.

Nous serions parfois tentés de croire qu’après avoir été six jours dans l’oubli de notre position céleste, nous pouvons ensuite, le premier jour de la semaine, entrer dans les lieux saints et adorer dans toute la puissance de l’Esprit. Irions-nous jusqu’à supposer que, du moment que nous avons « une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints » (Hébreux 10 v. 19), nous pouvons en user quel que soit notre état spirituel et moral ? Si nous n’avons vécu dans la semaine que pour nous et pour les choses terrestres, si nos cœurs ne sont pas préparés pour la louange, si nous n’avons pas rempli nos corbeilles parce que nous n’avons ni possédé ni habité le pays, serons-nous en état de profiter de la liberté qui nous est donnée d’entrer dans les lieux saints pour y rendre un culte « par l’Esprit de Dieu » ?

Le jugement de nous-mêmes est toujours nécessaire pour que nous puissions nous approcher de Dieu. « Que chacun s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe » (1 Corinthiens 11 v. 28). Réalisons-le avec sérieux afin que nous puissions participer à la cène et user de la pleine liberté que nous avons d’entrer dans les lieux saints pour adorer. Mais, si nous le faisons après six jours durant lesquels nous n’avons guère joui de notre position céleste parce que nous n’avons pas réalisé, pratiquement, ce que comporte la traversée du Jourdain — en figure, la fin de l’homme dans la chair et notre association avec un Christ mort et ressuscité — nécessaire pour « entrer dans le pays », nos corbeilles seront vides ou à peu près. Nous pourrons bien participer à la fraction du pain, mais nous n’apporterons pas les fruits que nous aurions pu recueillir si, un jour après l’autre, nous avions « possédé et habité le pays ».

Pour rendre à Dieu un vrai culte, cette préparation est nécessaire après être « entré dans le pays », il faut le « posséder » et y « habiter ». En d’autres termes : établi dans la position céleste, il convient de la réaliser pratiquement, jouissant effectivement du ciel tandis que nous traversons la terre. C’est seulement ainsi que nous pourrons « prendre des prémices de tous les fruits », les « mettre dans une corbeille », avant d’aller au lieu que Dieu a choisi pour y faire habiter son nom. « Chercher les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ; penser aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre » (Colossiens 3 v. 1 et 2), c’est ce qui doit caractériser la vie du croyant, chaque jour, s’il veut pouvoir réaliser le service et le privilège des « vrais adorateurs ».

Le culte se « prépare » ainsi tout le long de la semaine ; en ce sens, il ne s’improvise pas. Si les cœurs ne sont pas préparés, si les corbeilles sont à peu près vides, l’action de l’Esprit est entravée, le culte est pauvre et c’est souvent le « feu étranger » (Lévitique 10 v. 1) qui est présenté. N’en prenons pas notre parti, essayant de trouver de faciles excuses dans l’état de faiblesse qui nous caractérise, individuellement et comme témoignage collectif ; qu’au contraire, cela exerce nos cœurs devant Dieu et nous conduise à réaliser pratiquement l’état spirituel et moral sans lequel nous ne pouvons adorer comme il convient !

Les fruits disposés dans la corbeille, l’Israélite se rendait au lieu choisi par l’Éternel pour y faire habiter son nom et venait « vers le sacrificateur ». Nous avons « un grand sacrificateur établi sur la maison de Dieu » (Hébreux 10 v. 21), et nous sommes exhortés à nous « approcher » parce que nous avons : et la « pleine liberté pour entrer dans les lieux saints » et le « grand sacrificateur établi sur la maison de Dieu ». C’est « par Lui » que nous pouvons sans cesse offrir « à Dieu un sacrifice de louanges » (Hébreux 13 v. 15), car nous sommes des adorateurs pour Dieu : Christ « nous a lavés de nos péchés dans son sang » et a fait de nous « des sacrificateurs pour son Dieu et Père » (Apocalypse 1 v. 5 et 6).

C’est Dieu qui veut être adoré, « le Père qui cherche de vrais adorateurs », capables de l’adorer « en esprit en en vérité » (Jean 4 v. 23 et 24). Et lorsque le Seigneur se tient au milieu de ceux qu’Il n’a pas honte d’appeler frères, c’est pour réaliser ce que le Psalmiste écrivait par l’esprit prophétique : « J’annoncerai ton nom à mes frères, je te louerai au milieu de la congrégation » (Psaume 22 v. 22 ; cf. Hébreux 2 v. 11 et 12). Christ est donc au milieu de ses rachetés, Il loue le Père et, nous le révélant, nous invite à le louer avec Lui. Il entonne la louange dans l’Assemblée et nous avons communion avec Lui dans cette louange qui monte vers Dieu, son Père et notre Père.

Ne pouvons-nous donc penser que, d’une manière générale, au début du culte, les premières notes de louange devraient être à l’adresse du Père ? « Et le sacrificateur prendra la corbeille de ta main, et la posera devant l’autel de l’Éternel, ton Dieu » (Deutéronome 26 v. 4). Nous rendons culte « par l’Esprit de Dieu » et les directions de l’Esprit sont manifestes dans le fait que les louanges sont en accord avec les pensées qui se dégagent de l’Écriture. Pour louer Dieu, nous sommes associés par l’Esprit à Christ Lui-même, mais aussi, nous Lui présentons la personne de son Bien-aimé, ses gloires, la perfection de son œuvre et pourrions-nous alors ne pas faire monter vers notre Sauveur et Seigneur nos louanges et nos adorations, spécialement lorsque nous participons au mémorial qu’Il a institué : « le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain » (1 Corinthiens 11 v. 23) ? Nous souvenant de Lui, nous nous adressons à Lui pour Lui exprimer la reconnaissance de nos cœurs et Lui présenter les hommages dont Il est justement digne.

L’Israélite prenait ensuite la parole afin de rappeler d’où il avait été tiré — ce que nous pouvons faire aussi, pour ce qui nous concerne, en reprenant les expressions d’Éphésiens 2 : « Et vous, lorsque vous étiez morts dans vos fautes et dans vos péchés dans lesquels vous avez marché autrefois, selon le train de ce monde, selon le chef de l’autorité de l’air, de l’esprit qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance ; parmi lesquels, nous aussi, nous avons tous conversé autrefois dans les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et des pensées ; et nous étions par nature des enfants de colère, comme aussi les autres » (v. 1 à 3) — et célébrer la délivrance dont il avait été l’objet, illustration de celle, plus merveilleuse encore, qui a été opérée en notre faveur : « Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont Il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec le Christ, (vous êtes sauvés par la grâce), et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le christ Jésus, afin qu’il montrât dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le christ Jésus » (Éphésiens 2 v. 4 à 7). Ensuite, l’adorateur pouvait dire la part qui était maintenant la sienne, exaltant ainsi la bonté de Dieu : « Il nous a fait entrer dans ce lieu-ci, et nous a donné ce pays, pays ruisselant de lait et de miel » (Deutéronome 26 v. 9).

Tout est de Lui ! C’est Lui qui a entendu leur cri et vu leur humiliation quand ils étaient en Égypte, qui les en a fait sortir, qui les a fait entrer en Canaan et qui leur a donné le pays. Combien Il est digne d’être loué ! Aujourd’hui, nous bénissons Celui qui a fait pour nous de plus grandes choses encore : « Béni soit le Dieu et Père de notre seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Éphésiens 1 v. 3 et suivants).

Et si l’Israélite apportait quelque chose, ce n’était pas ce qui venait de lui mais le fruit de la terre que Dieu lui avait donnée (Deutéronome 26 v. 10). Ce qui venait de Dieu retournait à Dieu ! Pouvons-nous Lui présenter, qu’Il puisse agréer, autre chose que ce qu’Il nous a Lui-même donné ? Il nous a fait don de son Fils et c’est cette personne excellente de son Bien-aimé que nous Lui présentons comme un parfum de bonne odeur.

 « Et tu te prosterneras devant l’Éternel, ton Dieu. Et tu te réjouiras » (Deutéronome 26 v. 10 et 11). L’Israélite n’avait plus rien à ajouter, il ne pouvait que se prosterner... C’est sans doute la note la plus élevée de la louange, l’extase muette d’un adorateur qui a répondu à la pensée de Dieu dans le culte qu’il a offert et dont la joie remplit le cœur. Ce n’est pas pour se réjouir que l’Israélite venait au lieu choisi par l’Éternel pour y faire habiter son nom, mais cela lui était accordé parce qu’il était venu et avait témoigné sa reconnaissance de la manière qui lui était demandée.

Il pouvait ainsi goûter pleinement la joie de la communion. De même aujourd’hui, ce n’est pas dans le but exprès de nous réjouir que nous venons dans le rassemblement, le premier jour de la semaine, mais nos cœurs éprouveront toujours une joie inexprimable si nous rendons culte par l’Esprit de Dieu, selon la pensée de Dieu. Désirons qu’il en soit ainsi, avant tout, pour que Dieu reçoive des siens le tribut de louanges dont Il est éternellement digne !

Que le chant de louange à la gloire du Père

S’élève de nos cœurs, par son amour ravis,

Et que l’hymne éternel, commencé sur la terre,

Exalte, glorifie, et le Père et le Fils !

 Amen

 

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