Abonder dans l’œuvre du Seigneur

Abonder dans l’œuvre du Seigneur

Paul exhorte les Corinthiens à tenir ferme l’enseignement qu’il leur a présenté, à demeurer inébranlables afin qu’ils puissent, sans aucune faiblesse, abonder toujours dans l’œuvre du Seigneur.

Besoin d’abonder dans l’œuvre du Seigneur

« La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers » (Luc 10 v. 2). Cette parole du Seigneur à ses disciples a été souvent rappelée. Il est bien vrai, en effet, qu’il y a un vaste champ d’activité, soit pour les serviteurs que le Seigneur a spécialement qualifiés pour annoncer l’Évangile, soit pour ceux qui ont à s’occuper du troupeau, enseignant, édifiant, exhortant, consolant les saints. Et il est vrai aussi qu’il y a tellement peu d’ouvriers pour accomplir tant de services variés ! Veuille le Seigneur pousser des ouvriers dans sa moisson.

1 Corinthiens 15 v. 58 nous exhorte à « abonder toujours dans l’œuvre du Seigneur ». Les Corinthiens étaient en danger de se relâcher, car de faux docteurs, venus parmi eux, leur affirmaient « qu’il n’y a pas de résurrection de morts ». En tirant les conséquences extrêmes de cette doctrine, l’apôtre montre combien elle est erronée, puis il développe le sujet de la résurrection et, pour conclure, exhorte les Corinthiens à tenir ferme l’enseignement qu’il leur a présenté, à demeurer inébranlables afin qu’ils puissent, sans aucune faiblesse, abonder toujours dans l’œuvre du Seigneur. Ils pouvaient être assurés qu’ils travaillaient en vue d’un avenir éternel, qu’un jour « l’ouvrage de chacun sera rendu manifeste »  (1 Corinthiens 3 v. 13), par conséquent, leur travail n’était pas vain dans le Seigneur, comme cela eût été le cas s’il n’y avait pas de résurrection de morts.

Besoin d’annoncer le sain enseignement.

Cette exhortation est aussi pour nous. Pour abonder toujours dans « l’œuvre du Seigneur », il est nécessaire que nous demeurions fermes et inébranlables, non seulement dans la doctrine de la résurrection, mais aussi dans tout l’enseignement des Écritures. C’est ce que l’apôtre écrit à Timothée (2 Timothé 4 v. 1 à 5) ; après avoir introduit la pensée de l’apparition du Seigneur, par conséquent du jour où « l’ouvrage de chacun sera rendu manifeste », il ajoute : « Prêche la parole, insiste en temps et hors de temps, convaincs, reprends, exhorte, avec toute longanimité et doctrine, car il y aura un temps où ils ne supporteront pas le sain enseignement ». Il fallait que Timothée maintînt la pure doctrine et présentât le sain enseignement pour pouvoir faire « l’œuvre d’un évangéliste » et « accomplir pleinement son service ». Ce sont des vérités très importantes qu’il convient de rappeler sans cesse, dans ces « temps fâcheux » où beaucoup cherchent « des docteurs selon leurs propres convoitises », détournant « leurs oreilles de la vérité » pour se tourner « vers les fables ».

Comment nier qu’il y a eu, au 19eme siècle, un puissant mouvement de l’Esprit de Dieu pour opérer une vraie séparation, séparation souvent taxée aujourd’hui d’étroitesse d’esprit, et éclairer les saints quant aux vérités essentielles qui concernent l’Église, corps de Christ ; le rassemblement autour du Seigneur, à sa table dressée sur le terrain de l’unité du corps ; la libre action de l’Esprit dans l’assemblée ; l’adoration en esprit et en vérité ; le retour du Seigneur pour enlever son Église ? Discuter l’un quelconque de ces enseignements serait méconnaître ce puissant travail de l’Esprit de Dieu. Cela pourrait plaire à ceux qui ne supportent pas « le sain enseignement », mais serait-ce « accomplir pleinement son service », serait-ce vraiment travailler à « l’œuvre du Seigneur » ?

Les caractères de ce monde sont les mêmes depuis l’origine. Sans doute se sont-ils affirmés et devient-il de plus en plus difficile de vivre le christianisme. Cela doit nous conduire, non pas à rechercher d’autres ressources, mais à nous attacher davantage encore à « ce qui est dès le commencement » ; car là, et là seulement, se trouvent les ressources nécessaires pour tous les temps.

Christ demeure la seule et parfaite réponse à tous les besoins de l’âme et du cœur. La présence du Seigneur, réalisée et savourée dans le rassemblement ; l’action de l’Esprit de Dieu qui se plaît à nous occuper de Christ et à nous conduire dans toute la vérité ; la Parole qui nourrit nos âmes de Christ et pour l’intelligence de laquelle le ministère oral ou écrit peut être utile, c’est ce que nous avons à désirer aujourd’hui comme autrefois. Nos devanciers n’ont pas eu autre chose ; ils ont trouvé là tout ce qui leur a été nécessaire, et quels hommes ils ont été « en sainte conduite et en piété » !

Présenter Christ sous ses différents caractères ; rappeler aux âmes les précieuses ressources qui sont en Lui, suffisantes pour aller jusqu’au but ; les conduire à s’en saisir pour continuer le pèlerinage au milieu du désert ; faire ressortir l’importance et la nécessité d’une stricte obéissance à la Parole, c’est cela coopérer à « l’œuvre du Seigneur ».

Des résultats positifs avec des serviteurs infidèles.

Les plus belles apparences peuvent tromper. Le fait qu’il y a eu quelques résultats manifestés dans un service n’est pas la véritable pierre de touche, comme on le croit souvent. Même du mal, Dieu peut tirer le bien. Alors que Paul était en prison, Christ était prêché « par envie », « par un esprit de contention », « par esprit de parti »  (Philippiens 1 v. 15 à 17). L’apôtre se réjouissait car, quoiqu’il en soit, l’Évangile était annoncé, mais cela ne signifie pas qu’il approuvait un service rempli dans de telles conditions. Dieu opérait, malgré l’infidélité des ouvriers, mais peut-on dire que leur travail était celui qui caractérise « l’œuvre du Seigneur » ?

Dépendance et communion avec le Seigneur et l’assemblée.

Il y a dans la maison de Dieu, a-t-on remarqué, de bons ouvriers qui font du bon ouvrage, mais aussi de vrais ouvriers qui font du mauvais ouvrage, sans parler des mauvais ouvriers qui, par leur travail, en arrivent à corrompre le temple de Dieu (1 Corinthiens 3 v. 12 à 17). Cette pensée devrait nous tenir constamment dans la crainte : « Bienheureux l’homme qui craint continuellement » (Proverbes 28 v. 14 ). Cette sainte crainte nous conduira à réaliser la dépendance nécessaire et la communion avec le Seigneur comme aussi avec les frères et l’assemblée, dépendance et communion sans lesquelles nous ne pourrons remplir un service fructueux. Dans l’histoire de l’Église sur la terre, nous voyons que l’ennemi s’est parfois servi de croyants eux-mêmes pour accomplir ses desseins, agissant souvent d’une manière très subtile, par le moyen d’ouvriers ayant beaucoup de zèle et d’activité, beaucoup d’amour pour les âmes et dont le travail n’était pas sans fruits, aveuglant ceux dont il voulait ainsi se servir.

C’est pourquoi il est tellement nécessaire de rechercher la communion avec le Seigneur et la communion avec les frères. La seconde est un contrôle de la première, s’il nous est permis de nous exprimer ainsi. Un serviteur n’est-il pas réconforté à la pensée que les assemblées prient pour qu’il soit dirigé et soutenu dans son travail, préservé de chute ? N’est-il pas heureux aussi, afin d’être gardé des pièges de l’adversaire, d’avoir les conseils des frères, spécialement de ceux qui sont âgés et expérimentés, de recevoir leurs avertissements et même, si besoin est, leur répréhension ? « Que le juste me frappe, c’est une faveur ; qu’il me reprenne, c’est une huile excellente ; ma tête ne la refusera pas »  (Ps. 141 v. 5). Bienheureux celui qui est tenu dans une telle attitude ! Mais que dire de celui qui refuserait d’écouter et voudrait servir le Seigneur dans un chemin d’indépendance, indépendance à l’égard des frères et de l’assemblée ? Il objectera peut-être : Je ne suis pas compris de mes frères, mais j’ai l’approbation secrète du Seigneur et cela me suffit. C’est une objection qui ne résiste pas à l’examen. Si Dieu permet qu’un ouvrier n’ait pas la pleine communion des frères et de l’assemblée, c’est à n’en pas douter parce qu’il y a quelque chose à juger.

Comment pourrait-il avoir alors la secrète approbation du Maître ? S’il n’avait rien à juger, il aurait certainement la communion des frères ; Proverbes 16 v. 7 nous le dit : « Quand les voies d’un homme plaisent à l’Éternel, il met ses ennemis mêmes en paix avec lui ». Un chemin d’indépendance n’est-ce pas, bien souvent, un chemin de volonté propre, dans lequel se manifeste l’orgueil qui est dans le cœur ? Or, « tout orgueil du cœur est en abomination à l’Éternel » et « l’orgueil va devant la ruine » (Proverbes 16 v. 5 à 18).

Certes, ce n’est pas l’assemblée qui choisit les serviteurs et les qualifie. Il y a un appel de Dieu, une action libre et souveraine de l’Esprit Saint ; mais il doit aussi y avoir l’approbation et l’identification des frères et de l’assemblée. Est-il possible d’abonder toujours dans « l’œuvre du Seigneur », si le chemin n’a pas commencé avec une telle approbation et s’il n’est pas continué avec la communion de l’assemblée ? Actes 13 v. 1à 3 et 14 v. 27 nous donnent un enseignement, qu’aucun serviteur de Dieu ne devrait perdre de vue : « L’Esprit Saint dit : Mettez-moi maintenant à part Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés. Alors, ayant jeûné et prié, et leur ayant imposé les mains, ils le laissèrent aller ». Quel beau commencement pour ceux qui vont travailler à « l’œuvre du Seigneur » ! Ensuite, après un temps de service, « ayant réuni l’assemblée, ils racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites avec eux ». Quelle joie pour tous, dans une heureuse communion, et quelle gloire pour Dieu ! Rien n’avait été fait dans l’indépendance et l’insoumission, « par esprit de parti ou par vaine gloire » (Philippiens 2 v. 3), mais dans une même pensée, dans l’humilité, et tout était pour la gloire du Seigneur au milieu de l’assemblée ! Telle est la véritable pierre de touche.

Force ou faiblesse apparentes — Grandes et petites choses.

La tendance de notre cœur, c’est de vouloir faire de grandes choses pour obtenir de grands résultats. Là encore, prenons garde aux apparences trompeuses. Nous pouvons parfois réaliser de vastes desseins, mais est-ce toujours du bon ouvrage ? Qu’en sera-t-il lorsque « l’ouvrage de chacun sera rendu manifeste » ? N’oublions pas que bois, foin et chaume seront consumés par le feu. Un ouvrier, animé de très bonnes intentions, peut vouloir accomplir une tâche qui est selon Dieu ; cela ne suffit pas. Les œuvres de Dieu doivent être faites selon la pensée de Dieu. David s’était levé et mis en marche, avec tout le peuple pour « faire monter l’arche de Dieu ». Rassembler le peuple autour de l’arche, c’était un désir pieux ; qui ne l’eût approuvé ? Le cortège se met en marche, l’arche est sur le chariot neuf, David et toute la maison d’Israël s’égayent devant l’Éternel aux sons de toutes sortes d’instruments, harpes, luths, tambourins, sistres et cymbales ! Il y a bien de quoi susciter l’enthousiasme de tous, et qui oserait critiquer ?

De celui qui voudrait le faire, on dirait sans doute qu’il s’oppose au travail de Dieu. Mais la suite du récit constitue un enseignement que nous ne saurions trop méditer ; elle nous montre que ce n’est pas avec des moyens humains que l’on peut accomplir l’œuvre de Dieu. Il y avait sans doute dans tout cela un désir selon Dieu et un grand déploiement de joie, mais il manquait une chose essentielle : L’obéissance à la Parole. 1 Samuel 6 nous parle cependant d’une circonstance où l’arche a été ramenée sur un chariot neuf, alors que le voyage s’est poursuivi jusqu’à son terme sans dommage. C’est vrai, mais c’étaient les Philistins qui avaient agi ainsi ; ils ne connaissaient pas les commandements de l’Éternel relatifs au transport de l’arche.

Gardons-nous, dans le service, de vouloir imiter ceux qui n’ont pas les mêmes responsabilités parce qu’ils n’ont pas les mêmes lumières ! Un même acte accompli par les Philistins et par David conduit à deux résultats complètement différents parce que les Philistins et David, ayant des lumières différentes, avaient des responsabilités différentes. Si David, connaissant les ordonnances de l’Éternel, a voulu agir à la manière des Philistins, il a fait l’expérience de ce à quoi aboutit la marche dans le chemin de la désobéissance, même quand le but poursuivi est selon Dieu.

Mais peut-être David a-t-il pensé plutôt à Nombres 7 qu’à 1 Samuel 6 ? Moise n’avait-il pas donné deux chariots et quatre bœufs aux fils de Guershom, quatre chariots et huit bœufs aux fils de Merari, ces six chariots et douze bœufs devant être employés « au service de la tente d’assignation » ? Oui, mais il n’en avait pas donné aux fils de Kehath, « car le service du lieu saint leur appartenait : ils portaient sur l’épaule » (Nombres 7 v. 1 à 9). Ne cherchons-nous pas parfois dans un passage des Écritures la justification de notre conduite, alors qu’elle n’y est pas et que même, bien souvent, ce passage nous condamne, si nous l’examinons attentivement ?

Les bœufs ont bronché, Uzza a étendu sa main pour saisir l’arche et la colère de l’Éternel s’est embrasée contre lui. Une brèche a été faite. Et David « fut irrité » et « eut peur de l’Éternel en ce jour-là ». Tel est le résultat d’un travail accompli avec des moyens qui ne sont pas selon Dieu. Pour ramener l’arche, il faudra tout d’abord que David comprenne que les plus belles apparences ne peuvent conduire à l’accomplissement de l’œuvre de Dieu, si les moyens employés sont ceux de l’homme. C’est dans l’obéissance à la Parole qu’il convient d’agir :

Seuls les Lévites pouvaient porter l’arche. Il avait semblé peut-être que des moyens nouveaux permettraient d’obtenir plus vite le résultat désiré, mais la douloureuse expérience faite à Pérets-Uzza ramenait le cœur du roi au chemin de l’obéissance. En apparence, les bœufs et le chariot neuf, c’était beaucoup mieux pour transporter l’arche. Oui, mais « Dieu aida les Lévites qui portaient l’arche de l’alliance de l’Éternel » (1 Chroniques 15 v. 26), tandis qu’il n’était pas possible qu’Il aidât les bœufs traînant le chariot neuf (2 Samuel 6 ; 1 Chroniques 13 v. 15). Sur quoi comptons-nous pour accomplir notre service : sur tout ce que nous avons préparé, qui nous paraît tellement mieux que l’apparente faiblesse des moyens de Dieu, ou sur Dieu en qui seul est la force et qui « aidera » ceux qui obéissent à sa Parole ?

L’œuvre, c’est « l’œuvre du Seigneur », la sienne, et « si l’Éternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent y travaillent en vain ; si l’Éternel ne garde la ville, celui qui la garde veille en vain » (Psaume 127 v. 1). Quel enseignement pour nous, si nous voulons, soit travailler à la construction de la maison (1 Corinthiens 3 v. 9 et 10) dans le si beau service de l’évangélisation, soit « garder la ville », veiller à ce que l’ennemi ne vienne pas détourner les cœurs du Christ !

Tout cela n’est-il pas profondément instructif ?

Que de choses, entreprises certes avec d’excellentes intentions et le désir de travailler à « l’œuvre du Seigneur », qui font cependant penser aux bœufs et au chariot de David ! Tout est si beau en apparence et la joie est grande, mais qu’en sera-t-il du résultat ? L’œuvre du Seigneur ne peut s’accomplir que dans l’obéissance à la Parole, avec les seuls moyens au sujet desquels elle nous enseigne.

Ne méprisons pas « le jour des petites choses ». Remplissons notre tâche humblement dans l’obéissance à la Parole, dans la dépendance du Seigneur, recherchant sa communion et la communion de l’Assemblée. C’est le seul chemin où Dieu nous « aidera » et dans lequel notre service pourra être riche en résultats réels. Alors, l’ouvrage de chacun « demeurera » dans le jour où le feu l’éprouvera. Quelle grâce de pouvoir servir ainsi : Mais quelle perte si nous avons travaillé selon nos propres pensées, si notre ouvrage est consumé ! (1 Corinthiens 3 v. 12 à 15).

Amen

 

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